[Analyse] Rafale de guerre électronique : pourquoi Paris et New Delhi ont une fenêtre unique en 2025 ?

L’Indian Air Force (IAF) a relancé en 2025 le développement d’un aéronef dédié à la guerre électronique et aux missions SEAD, après l’abandon du « Desi Growler ». Les informations disponibles décrivent un recentrage pragmatique vers des briques devenues matures, depuis l’UEWS jusqu’à un High‑Power Jammer ayant revendiqué des perturbations radar au-delà de 300 km lors d’essais récents. Le choix de la plateforme, partagé entre Su‑30MKI et Tejas Mk2, s’impose désormais comme l’arbitrage cardinal, en raison des contraintes d’emports, de puissance électrique et d’intégration structurelle, dans un contexte budgétaire exigeant.

Ainsi, la logique d’ensemble conduit à examiner simultanément les compromis techniques, les limites opérationnelles dans un environnement IADS dense, et surtout, la fenêtre d’opportunité qu’offrirait une coopération franco‑indienne centrée sur un Rafale de guerre électronique interconnecté à des UCAV Loyal Wingman. Cette trajectoire répondrait aux besoins pressants de l’IAF tout en apportant à la France une capacité manquante, avec un potentiel de partage des coûts, d’accélération capacitaire et de retombées export difficilement égalables par d’autres options.

Rafale de guerre électronique franco‑indien, un pivot stratégique réalisable dès le standard F5

Dès lors que l’on considère l’ampleur des besoins en guerre électronique, la conception conjointe d’une version GE/SEAD du Rafale F5 offre une réponse structurante. En capitalisant sur des briques déjà identifiées en Europe, l’option d’un Rafale dédié à la guerre électronique s’inscrit dans une logique de mutualisation technique et industrielle avec le standard F5. La proximité des architectures de mission, la montée en puissance des capacités de traitement et la perspective d’une production électrique accrue ouvrent la voie à l’emport de pods de brouillage puissants et à l’emploi de missiles antiradar, pour une escorte électronique crédible en zone contestée.

Par ailleurs, une coopération structurée avec New Delhi réduirait significativement l’effort financier national et sécuriserait un volume initial d’intégration et d’industrialisation, tout en alignant la proposition avec les priorités de l’IAF. La démonstration récente de l’IAF pendant l’opération Sindoor a servi d’électrochoc doctrinal et capacitaire, confirmant que la supériorité aérienne restait atteignable face à une défense multicouche, dès lors que la kill‑chain et la composante SEAD sont correctement structurées. Un Rafale GE franco‑indien placerait l’ensemble sur une trajectoire stratégique lisible et exportable.

Futur missile antiradar RJ10 français
Le futur missile antiradar français sera dérivé du missile RJ10 (au premier plan), développé par MBDA dans le cadre du programme FMC/FMaN franco-britannique

Surtout, l’intégration native avec le drone de combat et les Remote Carrier du F5 créerait une kill‑chain distribuée, dissociant la production d’effets des plateformes pilotées. Les concepts d’emploi décrits autour du F5, du futur missile antiradar RJ10 et des UCAV Loyal Wingman confèrent au dispositif une élasticité tactique élevée, ce que résume l’approche de « quarterback » à distance déjà documentée pour le F5, au travers de la kill‑chain étendue via drones de combat. Cette interopérabilité réduit l’exposition des équipages tout en maximisant l’effet SEAD.

Enfin, la complémentarité technologique est au rendez‑vous. Les savoir‑faire français en ESM/ECM avec SPECTRA et en frappe antiradar via le RJ10 rencontrent les briques indiennes UEWS et HPJ, qui ont franchi des jalons significatifs. Ainsi, le partage de tâches semble naturel entre conception de sous‑systèmes, intégration et essais. Le général Jérôme Bellanger a indiqué que le futur missile antiradar s’inscrivait dans la doctrine d’emploi du Rafale F5 et dans la création d’une kill‑chain étendue via drones de combat, lors d’un entretien relayé par la presse nationale et analysé par Meta‑Défense. 

Choisir la plateforme pour la SEAD, l’équilibre entre emport, puissance électrique et discrétion

En l’état, le Su‑30MKI concentre des atouts d’emport et de puissance d’intégration qui en font un candidat crédible à l’escorte électronique. Comme le rapporte le site Defence.in, l’avion offre de nombreux points d’emport et un potentiel d’antennes conformes, utiles aux pods EW haute puissance. L’adossement au programme Super Sukhoi et à l’arrivée d’un radar GaN AESA indigène renforce l’argument d’une plateforme lourde, envisagée historiquement comme pivot d’un dispositif de standoff jamming, au profit des packages de pénétration.

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