[Actu] La poussée vectorielle du J-36 en dit long sur la doctrine aérienne chinoise à venir

Les nouvelles images confirmant la présence apparente de buses à poussée vectorielle bidimensionnelle (2D‑TVC) sur le second prototype du J-36 actent une rupture de conception. Au‑delà d’un simple ajustement de tuyères, tout indique un arbitrage doctrinal assumé : échanger une partie de la furtivité arrière contre du contrôle, de l’endurance et de l’emport, au service d’un « chasseur lourd » destiné à l’escorte longue portée, à la frappe et au commandement dans des architectures pilotées et non pilotées.

Sur fond d’itération industrielle rapide et de montée en gamme des armements, cette orientation s’inscrit dans une logique de supériorité aérienne en Asie‑Pacifique et rebat les cartes de la projection de puissance et des réponses alliées.

Au‑delà de la maquette, J‑36 tri‑réacteur et essais de Lop Nur accélèrent la montée en puissance

À l’échelle des démonstrateurs récents, le J‑36 chinois se distingue d’emblée par une cellule très volumineuse et une motorisation à trois réacteurs, observés sur une base d’essais isolée, en plein développement. Des clichés satellitaires comme des vues depuis le sol situent ces appareils sur un site reculé, à proximité du Lop Nur, doté d’une piste de dimensions exceptionnelles et de nouveaux hangars. Selon The War Zone, deux plateformes distinctes, le J‑36 et le J‑XDS, y ont été repérées. Cela éclaire à la fois la taille imposante du J‑36 et le rôle désormais central de cette base dans l’écosystème d’essais chinois. Le signal envoyé est explicite : volume, puissance et itérations rapides figurent au cœur du cahier des charges.

La chronologie des apparitions vient renforcer cette impression de cadence soutenue. Un premier J‑36 est apparu il y a onze mois, rapidement suivi par un second fuselage, visiblement remanié. Comme l’a relevé The Aviationist, la publication de ces images à environ 10–11 mois d’intervalle suggère davantage une exploration parallèle de configurations, qu’une progression linéaire vers un standard définitif. Ce choix d’itérer vite, avec des architectures sensiblement différentes, traduit une stratégie d’apprentissage par prototypes, destinée à accélérer la maturation des options techniques, des systèmes embarqués et des chaînes logistiques qui vont avec.

J-50 6 G fighter Shenyang
Le J-50 (ou J-XDS) est un appareil bimoteur beaucoup plus compact que le J-36

Les évolutions visibles concernent, d’ailleurs, des éléments structurants. Les entrées d’air sans déviation (DSI) semblent avoir été redessinées, tandis que le train principal, passé d’une configuration en tandem à une disposition parallèle, pourrait dégager du volume interne au profit des réservoirs et des soutes. Associée à une architecture tri‑moteur, cette approche privilégie l’allonge, la charge utile et la capacité d’intégration de systèmes, plutôt que la seule réduction de la traînée. Ce faisceau d’indices renvoie à un profil de mission de longue endurance et de forte capacité d’emport, cohérent avec un rôle de plateforme de supériorité aérienne lourde et de coordination.

Le programme, cependant, ne se développe pas isolément. Autour du J‑36, se dessine toute une galaxie de capacités — J‑XDS, J‑50, drones de combat et HALE (haute altitude et longue endurance), aéronefs d’alerte avancée et de contrôle (AEW&C) comme le KJ‑3000 — qui compose une chaîne capteur‑effector en réseau. Comme le souligne 19FortyFive, l’objectif d’ensemble vise l’intégration et la portée plus que la seule furtivité sectorielle. Dans ce contexte, l’expansion des infrastructures d’essais et l’acceptation de concepts exigeants sur le plan moteur et maintenance deviennent des choix assumés, au service d’une montée en gamme rapide. 

Les nouvelles vues entérinent les buses 2D‑TVC du J‑36 et un choix qui évoque le F‑22

La dernière série d’images, montrant l’appareil par l’arrière et par le dessous (en illustration principale), confirme visuellement une configuration à trois buses à poussée vectorielle bidimensionnelle (2D‑TVC). Publiées par The War Zone, elles révèlent un « three‑pack » de tuyères à géométrie plane, rappelant des solutions déjà connues, et valident l’hypothèse d’un contrôle de poussée sur les trois moteurs. Cette confirmation renforce la perception d’une rupture technologique majeure par rapport au premier prototype.

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2 Commentaires

  1. D’habitude, il y a l’idée d’aller chercher les hautes incidences avec la poussée vectorielle, mais ici, la prise d’air dorsale écarte cette possibilité, de même que la doctrine – combat BVR à très longue distance. Du coup, je penche comme vous pour une experimentation visant à déterminer quelle est la meilleure méthode de contrôle pour une configuration d’aile volante à haute altitude. Je suis assez certain que pour des raisons de coût, de poids, de maintenance, de production … les chinois seraient ravis de s’en passer dans le modèle final.

    Je ne suis aussi pas encore totalement convaincu que le J-36 soit destiné à aller en production. Cette configuration 3 moteurs est quand même très inhabituelle, et elle signale sans doute une limite aux capacités des motoristes chinois.

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