mardi, mars 19, 2024

Et la Grande-Bretagne perd son industrie de construction de blindés

La Grande-Bretagne a été le premier pays à mettre en œuvre un char d’assaut au combat, le 15 septembre 1916, durant la bataille de la Somme. Le Mk1 n’était pas une réussite, et la majorité des blindés engagés furent détruits ou tombèrent en panne.

Mais ils ouvrirent la voie à ce qui allait devenir une arme majeure présente sur l’ensemble des champs de bataille depuis. Si les Matilda et les Cromwell ne brillèrent pas pendant la Seconde Guerre mondiale face à leurs homologues allemands, le Sherman Firefly, modifié par les Britanniques et doté d’un canon long de 76 mm, fut lui très apprécié pour sa capacité à percer les Panther et les Tigres teutons.

Le meilleur char produit par l’industrie outre-manche fut, sans conteste, le Centurion. Conçu à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, ce char de 51 tonnes était bien blindé, doté d’un canon puissant de 90 puis 105 mm, et était remarquablement fiable.

Il fut notamment le fer de lance des forces israéliennes qui utilisèrent des versions modifiées du Centurion face aux T55 et T62 arabes pendant la guerre des six jours et celle du Yom Kippour, avant d’être remplacé par les premiers Merkava de facture locale.

Centurion de larmee israelienne pendant la guerre des 6 jours Analyses Défense | Chars de combat MBT | Consolidation industrielle Défense
Char Centurion israélien lors de la guerre des 6 jours

Ce furent également les Britanniques qui inventèrent le blindage composite Chobham dans les années 60, qui équipa le char Challenger (1), en faisant un des chars les mieux protégés des années 80, avec le M1 Abrams américain, lui aussi équipé de ce type de blindage.

Le Chobham et ses dérivés, furent au cœur de la nouvelle génération de chars de combat occidentaux, comme le Leopard 2 allemand, ou le Leclerc Français, donnant ces formes anguleuses caractéristiques, car le blindage composite ne permettait pas de créer des formes complexes, ou courbes.

Les britanniques développèrent, eux, le char Challenger II, toujours équipé de ce blindage, mais dont les performances étaient (et son toujours), jugées inférieures à celles de ses concurrents européens et américains.

Malgré cette antériorité historique extraordinaire, la branche « véhicules blindés » du britannique BAe, vient d’intégrer une Joint-Venture créée avec l’Allemand Rheinmetall, le co-concepteur du Leopard II, avec une position minoritaire, faisant perdre à la Grande-Bretagne la main sur son industrie de construction de blindés.

Cette Joint-Venture est organisée autour de la commande de prés de 500 véhicules de combat d’infanterie Boxer du constructeur allemand par la British Army, elle même faisant suite à celle de 589 blindés Ajax de l’américain General Dynamics, également construit en partie par Rheinmetall, deux contrats passés au détriment des offres locales de BAe.

Boxer british army Analyses Défense | Chars de combat MBT | Consolidation industrielle Défense
Le choix des autorités britanniques en faveur du Boxer de Rheinmetall et au détriment du CV90 de BAe signa probablement la fin de l’indépendance britannique en matière de construction de blindés

Ce naufrage industriel et historique est avant tout la conséquence d’un manque flagrant d’anticipation des autorités politiques britanniques qui, embourbées dans les conflits afghans et irakiens, ne parvinrent par à anticiper le besoin d’évolution de leur parc blindé, et donc de dégager les crédits nécessaires aux études amont, celles-là même qui permirent, 40 ans plus tôt, de concevoir le blindage Chobham et le Challenger 1, et de devoir se tourner vers des solutions étrangères, affaiblissant rapidement leur propre industrie.

Une leçon à tirer pour la France, dont les ambitions européennes idéalisées pourraient bien mener son industrie de Défense sur la même pente que l’industrie des blindées britanniques …

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