Il y a quelques jours, nous évoquions les chances du Caesar MkII de KNDS France, au sujet de la compétition lancée par la Marine finlandaise, pour remplacer ses batteries côtières K-53 TK de 155 mm.
En effet, les besoins exprimés par l’appel d’offres finlandais, ainsi que la géographie spécifique des côtes du pays, faisaient du Caesar MkII, un candidat probablement privilégié, pour conférer aux forces navales du pays, une capacité de défense côtière renouvelée et adaptée à l’évolution de la menace, notamment en mer Baltique, le long des 1100 km de côtes finlandaises.
Visiblement, nous avions vu juste. En effet, selon le site spécialisé zbiam.pl polonais, des sources internes finlandaises auraient indiqué que le Caesar MkII était bien l’option privilégiée par la Marine finlandaise, pour remplacer ses batteries côtières.
Le Caesar MkII, solution privilégiée par la Marine Finlandaise pour remplacer ses batteries côtières K-53 TK
Selon les informations obtenues par le site, ce serait donc bien le Caesar français, dans sa version Mk2, qui serait l’option principale pour la Marine finlandaise. Celle-ci exigeait, en effet, un système d’artillerie alliant une grande mobilité, des délais de mise en batterie et de départ très réduits, et une portée accrue vis-à-vis de 40 km du K-53 TK, qui atteint tout de même 40 km avec des obus à propulsion additionnée.

Le Caesar MkII de KNDS, qui entrera bientôt en production pour les armées françaises, belges et lituaniennes, coche efficacement l’ensemble de ces cases. Avec son nouveau moteur de 460 cv, contre 215 cv pour le Mk1, le MkII conserve, et même étend, la grande mobilité constatée et démontrée de son ascendant, y compris au combat, même si le système atteint désormais 24 tonnes sur la balance, six tonnes de plus que le Mk1.
Une nouvelle version du radar de vélocité Weibel, une nouvelle centrale inertielle Geonyx de Safran et une pompe hydraulique plus puissante, lui conféreront, en outre, une célérité accrue de mise en batterie et de tir, en application de la tactique Shoot and Scout, largement employée, avec succès, par les Caesar MkI des forces ukrainiennes depuis deux ans.
Avec le même système d’artillerie que le Mk1, le MkII conservera la portée de 40 km avec des obus non propulsés, et de 55 km, par exemple, avec l’obus Katana développé par KNDS.
Enfin, la sécurité des Caesar MkII a été largement améliorée, avec l’ajout de deux portes à l’arrière, une protection Stanag 4569 de niveau 2 de la cabine, une protection renforcée contre les mines et IED, et un détecteur brouilleur pour protéger le véhicule des drones et munitions rôdeuses.
L’argument du prix plaide en faveur du Caesar MkII de KNDS France
Toutefois, le principal argument du Caesar Mk2, dans la compétition finlandaise, est incontestablement son prix. En effet, comme relevé par le site polonais, un Caesar MkII a un prix unitaire public de 6 m$, soit deux fois moins cher que l’Archer Mk2 suédois, et trois fois moins cher que RCH-155 allemand.

En réalité, seul l’Atmos 2000 israélien, qui repose sur les mêmes arbitrages que le Caesar, est en mesure de s’aligner sur les tarifs pratiqués par KNDS. Or, pour la Marine finlandaise, le prix est un argument crucial.
Celle-ci prévoit, en effet, d’acquérir de 12 à 20 systèmes, avec une option sur six systèmes supplémentaires. Ces batteries devront assurer la sureté de plus de 1100 km de cotes finlandaises. Avec une portée de 50 km avec obus à propulsion additionnée, un minimum de 22 systèmes est donc nécessaire, et ce, sans la moindre marge de manœuvre, en cas d’avarie, ou simplement de maintenance.
De fait, on peut effectivement s’attendre à ce que la Marine finlandaise plaide pour acquérir les 26 systèmes évoqués, option comprise, soit un peu plus de 150 m$ pour le Caesar Mk2 (hors systèmes complémentaires et formations), contre 300 m$ pour l’Archer Mk2 suédois.
Or, avec un budget défense de 6,6 Md$ en 2024, dont 1,4 Md$ consacrés aux acquisitions d’équipements, un surcout de 150 m$ représente, effectivement, un obstacle difficile à franchir pour Helsinki, même lorsqu’il s’agit du voisin et allié suédois. L’autre hypothèse, la commande de seulement 12 à 15 systèmes, pour respecter une enveloppe globale identique, engendrerait encore davantage de contraintes, opérationelles cette fois.

À cet argument massue de KNDS, s’ajoutent deux arguments, non évoqués, et pourtant probablement aussi sensibles. En effet, avec une production de 6 systèmes Caesar par mois, et la promesse d’atteindre 12 systèmes par mois en 2025, KNDS est en mesure de livrer très rapidement les Caesar finlandais, en dépit de son carnet de commande déjà bien rempli.
En outre, le Caesar a déjà un parc installé particulièrement large, y compris en Europe, et a enregistré, ces dernières semaines, plusieurs nouveaux succès, garantissant sa pérennité, notamment au travers d’un club utilisateur organisé par KNDS sur le modèle du Leoben du Leopard 2.
Enfin, Le Caesar MkII est, comme l’Archer et le RCH-155, mais contrairement à l’Atmos israélien, d’origine européenne. Or, comme le montre l’exemple récent de la Slovénie, il semble que l’origine européenne des équipements de défense, longtemps négligée par les armées européennes, prenne dorénavant une importance croissante, aux yeux des décideurs civils comme militaires.
Les forces terrestres finlandaises, aussi, veulent se doter de canons portés
Un nouveau succès commercial européen, et une nouvelle commande d’une vingtaine de Caesar MkII, pour la Marine finlandaise, auront certainement de quoi satisfaire KNDS France. Pourtant, le marché finlandais pourrait être bien plus large que ne l’est le seul remplacement des batteries côtières du pays.

En effet, les forces terrestres du pays ont fait savoir qu’elles entendaient s’équiper, dans un avenir proche, d’un système d’artillerie sur roues, en complément des 96 canons automoteurs chenillés K9 Thunder commandés auprès de la Corée du Sud.
Or, celles-ci alignent, aujourd’hui, près de 700 canons et obusiers tractés de 155, 152 et 122 mm. Comme l’a noté le Général James Rainey, chef du Commandement des contrats à terme de l’armée américaine, il y a quelques mois, « Nous avons assisté à la fin de l’efficacité de l’artillerie tractée », prenant en référence la vulnérabilité constatée des pièces d’artillerie tractée lors du conflit ukrainien.
Nul doute que l’état-major finlandais aura, lui aussi, pris conscience des avancées constatées en matière de tir de contrebatterie, et surtout de la menace que font peser les drones de reconnaissance et les munitions rôdeuses, sur ces équipements et leurs servants.
C’est donc, certainement, un marché de plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de systèmes d’artillerie sur camion, qui pourraient être acquis par l’Armée de terre finlandaise, dans les mois ou années à venir.

Bien évidemment, le fait d’être déjà implanté dans le pays, par l’intermédiaire des batteries côtières de la Marine, constituerait un atout de taille pour KNDS, même si, pour cette compétition, l’Armée finlandaise considéra, sans doute, le système proposant un canon de 155 mm 155K98 sur un véhicule 8×8 Sisu, en cours de conception par l’industriel local Patria.
Reste que, là encore, le Caesar Mk2 bénéficiera assurément d’un prix d’acquisition beaucoup plus avantageux que ce système lourd finlandais, alors que cet argument sera encore plus déterminant, concernant une quantité aussi importante, par ailleurs indispensable pour protéger les 1350 km de frontières russo-finlandaise, avec une nécessité de densité de feu bien supérieure à celle requise pour protéger les côtes.
Le marché mondial de l’artillerie lourde en hausse de 10 % dans les 8 ans à venir
L’actualité particulièrement riche autour du Caesar, MkI comme MKII, ces dernières semaines, s’inscrit dans une hausse sensible des investissements en matière de systèmes d’artillerie en Europe, et dans le Monde.
En effet, une nouvelle étude publiée par Market Forecast, prévoit une hausse de 10 % du marché global des systèmes d’artillerie de type canons et obusiers, d’ici à 2032, pour un volume total estimé, pour les 8 années à venir, de 72 Md$, dont 28 Md$, presque 39 %, pour le seul marché européen.
Nul doute qu’avec ses performances, sa mobilité, son parc installé et à venir, ainsi que son prix en faisant une alternative à l’artillerie tractée, le Caesar de KNDS France, a le potentiel pour se tailler la part du lion de ce marché, même si, avec le K9 sud-coréen, le RCH-155 allemand, l’Atmos 2000 israélien, ou encore l’Archer suédois, la compétition promet d’être féroce.
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