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Pourquoi l’Allemagne va-t-elle dépenser 4 Md€ pour rien avec le système antimissile Arrow 3 israélien ?

En mars 2022, le site allemand Bild révélait que les autorités du pays s’intéressaient au système anti-missile balistique Arrow 3 de l’israélien IAI, dans le cadre du renforcement rapide des capacités défensives permit par le Zeitenwende, une enveloppe exceptionnelle de 100 Md€ dédiée au renforcement de la Bundeswehr annoncée le 27 février 2022, 4 jours après le début de l’offensive russe contre l’Ukraine.

Quelques mois plus tard, à la fin du mois d’aout, le chancelier allemand Olaf Scholz présenta, à l’occasion du discours donné à Prague, l’initiative European Skyshield, rassemblant 14 nations européennes, et visant à créer une défense anti-aérienne et anti-missile commune sur la base de 3 systèmes d’armes : l’Iris-T SLM allemand, le Patriot PAC-3 américain ainsi que l’Arrow 3 israélien.

Les négociations avec l’israélien IAI, mais également l’Américain Boeing qui contribua de manière importante à la conception de l’Arrow 3, ont été menées tambours battants depuis, Berlin ayant révélé mi-juin 2023 le prochain versement d’une avance de 560 m€ sur les 4.3 Md€ que coutera l’acquisition de ce système, présenté comme le bouclier anti-missile ultime susceptible de protéger de la menace russe l’Allemagne, mais également les membres de European Skyshield.

Le système Arrow 3 a été conçu pour contenir la menace des MRBM iraniens comme le Shahab-3 ici en photo, ou le Ghadr-110.
Le système Arrow 3 a été conçu pour contenir la menace des MRBM iraniens comme le Shahab-3 ici en photo, ou le Ghadr-110.

Les performances et capacités du système antimissile Arrow 3

Conçu pour répondre à la menace des missiles balistiques de moyenne portée et de portée intermédiaire iraniens, le système israléien est capable d’intercepter des vecteurs en trajectoire balistiques dans le domaine exo-atmosphériques, soit au-delà de 100 km d’altitude.

Un spécialisé pour contrer les missiles MRBM et IRBM iraniens

Ses capacités sont de fait parfaitement adaptées pour faire face aux missiles balistiques de moyenne portée MRBM (Médium Range Ballistic Missile) Ghadr-110 iraniens d’une portée de 2000 km avec un apogée de 150 km, ainsi que pour contenir, en phase descendante, les missiles Shahab-5 de portée intermédiaire IRBM (Intermediate Range Ballistic Missile) d’une portée annoncée de 4000 km avec un apogée à 400 km.

Toutefois, la Russie de dispose d’aucun système balistique de ce type à ce jour. En effet, contrainte comme les Etats-Unis par le traité INF qui interdisait la conception et la mise en œuvre de missiles d’une portée allant de 500 à 5.500 km, les forces russes ne disposent à ce jour que de systèmes situés à ces deux extrémités.

Mais inutile contre les missiles russes SRBM et ICBM

Il s’agit d’une part des missiles balistiques intercontinentaux ICBM (inter-Continental Ballistic Missile) comme le Yars ou le Sarmat, et de missiles SLBM (Sea Launched Ballistic Missile) lancés de sous-marins comme le Bulava, tous ayant une portée supérieure à 10.000 km et une trajectoire impossible à contenir par l’Arrow 3, et de l’autre des missiles à courte portée SRBM (Short-Range ballistic Missile) Iskander M et de sa version aéroportée Kinzhal.

Iskander-M
Le système Iskander-M a une portée de 500 km et une trajectoire semi-balistique lui permettant d’évoluer à une altitude entre 50 et 60 km trop basse pour l’Arrow 3

Or, même si le Kinzhal à une portée annoncée de 1000 km lorsque lancé d’un MIG-31K, et 2000 km d’un Tu-22M3M, il suit la même trajectoire semi-balistique que son cousin l’Iskander M d’une portée de 500 km, avec une altitude de croisière évoluant entre 50 et 60 km, c’est-à-dire au-dessus du plafond d’interception du Patriot PAC-3 ou de l’Aster Block1NT (35 km), mais sous le plancher d’interception des systèmes exo-atmosphériques et end-atmophériques hauts comme le THAAD, le SM-3, et l’Arrow 3.

Notons à ce titre que les interceptions réussies par des missiles Patriot PAC-3 de missiles Kinzhal tirés contre Kyiv, furent rendues possibles, car les missiles étaient alors en trajectoire plongeante et les batteries à proximité de la cible visée.

L’équation difficile de la protection antibalistique en Europe

Dans ce contexte, il convient de garder à l’esprit qu’il existe plus de 400 villes de plus de 100.000 habitants en Europe, alors que moins d’une cinquantaine de batteries Patriot PAC-3 et SAMP/T Mamba capables de s’y opposer sont en service sur le vieux continent.

Si le système israélien n’est pas adapté pour répondre à la menace balistique russe, peut-être le sera-t-il concernant des systèmes en développement ? Là encore, rien n’est garanti, bien au contraire. D’une part, rien n’indique à ce jour que Moscou ait entrepris de développer une gamme de missiles MRBM et/ou IRBM complémentaires à sa gamme existante, les autorités russes semblant plutôt donner la préférence au développement de systèmes hypersoniques.

RS-28 Sarmat avec planeur hypersonique Avangard
La Russie dispose de la technologie des planeurs hypersoniques comme l’Avangard qui équipera le RS-28 SARMAT

Surtout, même dans cette hypothèse, il est plus que probable que les éventuels nouveaux vecteurs russes seront, eux aussi, dotés de planeurs hypersoniques pour contrer les systèmes anti-missiles existants, comme c’est le cas du SARMAT qui sera équipé du planeur hypersonique Avangard.

Or, la solution vendue par Israël n’est pas adaptée pour contrer ce type de menace, raison pour laquelle Jérusalem a lancé le développement de l’Arrow 4 censé précisément être en mesure de s’opposer aux évolutions des moyens balistiques iraniens dans les années à venir.

Berlin est d’ailleurs parfaitement conscient de cette limite, puisque engagé dans les 3 programmes européens destinés à contrer la menace hypersonique, notamment le programme TWISTER visant à détecter et à poursuivre les vecteurs hypersoniques, missiles comme planeurs, et le missile intercepteur Aquilae de MBDA présenté à l’occasion du salon du Bourget 2023.

Un investissement pour soutenir l’initiative Sky Shield allemande

On comprend, dès lors, tous les paradoxes qui entourent la décision de Berlin d’acquérir le système israélien, celui-ci n’apportant aucune plus-value de protection ni pour l’Allemagne, ni pour ses alliés de l’initiative Sky Shield, tout en consommant des ressources qui auraient pu être bien plus efficacement employées .

Elle aurait ainsi pu monter à bord du programme Aster afin de développer avec la France et l’Italie l’Aster 2 dont le plafond de 70 km répond parfaitement à la menace des Iskander et Kinzhal russes, tout en étendant la fenêtre d’interception contre les autres menaces.

Mig-31K missile Kinzhal
Bien que doté d’une portée de 1000 km le classant potentiellement comme un MRBM, le Kinzhal suit la même trajectoire semi-balistique que l’Iskander-M dont il est dérivé.

Reste à voir désormais comment Berlin va pouvoir justifier sa décision de dépenser 4,3 Md€ pour acquérir un système ne répondant à aucun besoin existant ou prévisible, alors que ce constat ne manquera pas d’émerger dans la presse allemande dans les semaines ou mois à venir, et qu’en dépit du Zeitenwende, la Bundeswehr manque encore de crédit pour finaliser sa modernisation après 30 années de budgets insuffisants et de contraintes légales souvent absurdes et contre-productives.

Le missile MBDA Scalp / Storm Shadow pose d’immenses problèmes à la défense antiaérienne russe

Depuis sa mise en service à bord des chasseurs bombardiers Su-24 ukrainiens modifiés à cet effet, le missile de croisière aéroporté franco-britannique SCALP / Storm Shadow du missilier européen MBDA, semble se montrer des plus efficaces pour frapper les sites logistiques et les infrastructures russes, du moins si l’on en croit les communiqués ukrainiens.

À l’inverse, la communication russe, de son côté, répète presque méthodiquement qu’elle parvient à abattre ces missiles, souvent de manière bien peu convaincante, car à en croire ses communiqués, la défense antiaérienne russe aurait déjà abattu plus d’une centaine de ces missiles, sans qu’aucune preuve n’ait vraiment été portée pour accréditer ce score.

De fait, selon que l’on est plus sensible à la communication russe ou ukrainienne, la perception peut radicalement être différente concernant l’efficacité de ce missile de croisière pourtant conçu pour déjouer les défenses anti-aériennes adverses.

Ces vidéos montrant le Storm Shadow défier avec succès la défense antiaérienne russe

Mais, des vidéos publiées sur les réseaux sociaux russes ces derniers jours pourraient bien donner le fin mot de cette histoire, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il serait largement en faveur d’une grande efficacité du missile européen.

Cette vidéo montre un Pastis S1 tenter sans succès d’intercepter un SCALP à l’aide de deux missiles anti-aériens

Il y a quelques jours déjà, une première vidéo avait montré un système Pantsir S1 tenant d’intercepter sans succès le missile de croisière européen à l’aide de ses missiles, ce en dépit d’un accrochage infrarouge.

De toute évidence, si l’infrarouge était effectivement parvenu à repérer et à suivre le missile, la furtivité de ce dernier était suffisante pour rendre le radar de guidage des missiles 95YA6-2/M d’une portée de 20 km inopérant.

Une vidéo encore plus édifiante, repérée par le site The War Zone, est apparue ce week-end. Celle-ci montre, en effet, un missile Scalp / Storm Shadow venir détruire un site très décemment protégé par la DCA russe.

7 missiles lancés sans succès contre un MBDA SCALP

Sur cette vidéo, on observe et entend le départ de pas moins de sept missiles anti-aériens pour tenter d’intercepter sans succès le missile de croisière qui vient frapper sa cible en fin de la séquence, à quelques encablures de la caméra.

Il est impossible d’identifier les systèmes anti-aériens mis en œuvre par les forces russes, mais on peut sans difficultés aucunes identifier la silhouette du missile avant l’impact, alors que la boule de feu montre que la charge militaire a bien été déclenchée contre ce qui semble être un site logistique.

Sur cette vidéo, on dénombre pas moins de 7 départs pour tenter d’intercepter le Storm Shadow

La communication russe mise en défaut

De toute évidence, dans cette vidéo, on constate que le Storm Shadow pose non seulement de très sérieux problèmes à la défense anti-aérienne à courte portée russe, celle que l’on observe tenter d’intercepter le missile, mais également à la défense à moyenne et longue portée, ne serait-ce que du fait que le missile est parvenu jusqu’à sa cible.

Cet épisode, qui démontre sans le moindre doute l’efficacité du Storm Shadow face aux défenses anti-aériennes modernes, permet aussi de mettre en perspective les annonces faites par la Russie en 2018 lors de l’opération Hamilton lorsque les Rafale de l’Armée de l’Air et les frégates de Marine Nationale détruisirent un site syrien de production d’armes chimiques, alors que la communication syrienne et russe revendiquaient la destruction de la presque totalité des vecteurs.

Quoi qu’il en soit, ces vidéos tendent à mettre explicitement en doute les annonces russes dans ce domaine. Reste que ni la Royal Air Force, ni l’Armée de l’Air ne dispose d’un important stock de ces missiles, alors que tout porte à croire que la demande ukrainienne sera soutenue et étalée sur de nombreux mois, voire plusieurs années.

Su-24
Les Storm Shadow sont mis en œuvre à partir de Su-24 ukrainiens modifiés à cet effet.

Sauf à venir sévèrement vider les stocks de munition au-delà du raisonnable en France et en Grande-Bretagne, il peut être de fait nécessaire de reprendre la production de ces missiles à court terme, de sorte à maintenir un flux garanti vis-à-vis de l’Ukraine.

On notera au passage que ce qui est vrai pour les missiles Storm Shadow et scalp, l’est également dans d’autres domaines, notamment concernant les chars et les blindés lourds, qui, d’une manière ou d’une autre, risquent de venir à manquer dans les mois à venir face aux pertes ukrainiennes, dans que les capacités de production en Europe puissent les compenser.

L’espagnol Navantia présente son nouveau destroyer lourd SMART 8000 aux lignes futuristes

Le groupe naval espagnol Navantia a présenté le futur destroyer lourd SMART 8000 qui remplacera les destroyers anti-aériens Álvara de Bazan au sein de la Marine Espagnole lors de la prochaine décennie.

Il n’y a de cela que quelques années, la majorité des flottes européennes et mondiales visait à developper des navires de combat de surface, corvettes, frégates et destroyers, plus compacts que la génération précédente, de sorte à en réduire les couts de construction mais également de mise en oeuvre, avec un objectif évident de redire le format des équipages.

Depuis quelques temps, en revanche, tout indique que les amirautés ont donné un grand coup de barre en direction de bâtiments de surface plus imposant. Le phénomène a prit naissance dans le Pacifique, avec les destroyers lourds Type 055 chinois, Kongo et dérivés japonais et Sejon le grand sud-coréens, tous proches ou dépassant les 10.000 tonnes, contre 5000 ou 6000 tonnes, voire beaucoup moins, pour les navires qu’ils remplacent.

C’est désormais au tour des européens de s’engager sur cette trajectoire. D’abord avec les futurs destroyers lourds DDX italiens qui doivent dépasser les 10.000 tonnes contre 5.500 tonnes pour les destroyers anti-aériens Durand de la Penne qu’ils remplaceront à la fin de la décennie.

L’Allemagne, la Turquie et la Grande-Bretagne, ont annoncé elles aussi le développement de grand destroyers venant flirter avec les 10.000 tonnes, avec respectivement les frégates F127, les destroyers TF-2000 et les destroyers anti-aériens Type 83.

Maquette du destroyer lourd SMART 8000 – remarquez la passerelle secondaire pour la plate-forme arrière et les sabords de mise à la mer

Il en ira de même de l’Espagne semble-t-il. En effet, le groupe naval espagnol Navantia a présenté le destroyer lourd SMART 8000, un concept ancré dans la série de navires de combat de surface de nouvelle génération SMART, que l’industriel entend bien voir sélectionner par la Marine Espagnole dans les années à venir pour venir remplacer les destroyers anti-aériens Álvara de Bazan de 6400 tonnes entrés en service entre 2002 et 2012, et qui devront donc être remplacés au cours de la prochaine décennie.

Le navire de 170 mètres et de 10.000 tonnes, se caractérise par ses lignes très épurées optimisées pour une furtivité renforcée, même les systèmes de lancement verticaux et le canon semblant pouvoir être masqués au besoin de sorte à supprimer toute aspérité, son étrave inversée inspirée des frégates FDI françaises et par une très grande plate-forme aviation représentant à elle seule un tiers du navire.

Mais les réelles innovations concernant le SMART 8000 sont à rechercher sous cet aspect déjà futuriste. Ainsi le bâtiment sera très automatisé, de sorte à réduire son équipage à seulement 120 personnels, alors qu’il disposera d’une grande capacité d’adaptation selon le principe des modules de mission, permettant d’embarquer à bord du navire les capacités requises par la mission au besoin.

Le destroyer lourd SMART 8000 est issu de la famille de navires de combat de surface futuristes SMART
La série SMART de Navantia portera sur des navires allant de 2000 à 10.000 tonnes, partageant un ADN commun notamment en terme de systèmes embarqués, de performances et de modularité

Le navire s’appuiera en outre sur une propulsion électrique intégrée, de sorte à lui donner la puissance moteur et électrique nécessaire à la mise en oeuvre des systèmes fixes et modulaires, ainsi que des armes à énergie dirigée et le canon électrique pour lequel le bâtiment est conçu.

Enfin, l’ensemble du navire est conçu pour faire un large usage de systèmes déportés autonomes, qu’il s’agisse de drones aériens, ceci expliquant l’immense plate-forme aérienne disposant de sa propre passerelle, de drones de surface ou sous-marins, avec des dispositifs de mise à la mer et de récupération à l’arrière et sur les cotés par l’intermédiaire de sabords.

Navantia prévoit également de profondément faire évoluer ses propres infrastructures industrielles pour s’adapter à la production de ces bâtiments de nouvelle génération, en s’appuyant conceptuellement mais également industriellement à la technologie des jumeaux numériques, déjà mis en oeuvre pour la future classe de frégate F110.

Samrt 4000 flight deck Flotte de surface | Armes Laser et énergie dirigée | Canon électrique Railgun
gros plan sur la plate-forme aviation et les sabord de mise à la mer du SMART 4000. Remarquez la catapulte de drone et les modules de mission

Si tant est que la Marine espagnole s’engage dans cette voie, et il y a toutes les raisons de penser qu’elle le fera effectivement, cette nouvelle classe de navire aura de nombreux atours à faire valoir sur la scène internationale, conférant à Navantia une attractivité encore davantage renforcée sur un marché export de plus en plus concurrentiel. Les autres acteurs européens sont désormais prévenus.

Rafale M, Scorpène, SNA ..: Les spéculations vont bon train dans la presse indienne au sujet de la visite officielle du PM Modi en France

La pression monte au sein de la presse indienne autour de la prochaine visite officielle du PM indien Narendra Modi en France à l’occasion des célébrations du 14 Juillet, auxquelles plusieurs Rafale indien participeront dans le cadre du défilé militaire aérien.

Comme nous nous en étions déjà fait l’écho, cette visite pourrait être, selon elle, l’occasion d’annoncer la commande de 26 avions de combat Rafale M (Marine) pour armer le nouveau porte-avions INS Vikrant en lieu et place des Mig-29 actuellement en service.

Il s’agirait d’une formidable réussite par le chasseur français et son concepteur, l’avionneur Dassault Aviation, qui dépasserait par la même le seuil des 300 appareils commandés à l’export, ainsi qu’une grande première, s’agissant du premier chasseur embarqué français de l’histoire jamais exporté (les Super Etendard argentins étant basés à terre).

Mais d’autres négociations seraient en cours, toutes aussi spectaculaires. Ainsi, selon un article du site India narrative, la visite officielle de Narendra Modi serait également l’occasion pour l’Inde et la la France d’annoncer la commande de 3 sous-marins Scorpene supplémentaires, ainsi que la participation de la France au sein du programme de sous-marins nucléaires d’attaque indiens, qui doit porter sur 8 navires.

Rafale Su 30MKI Flotte de surface | Armes Laser et énergie dirigée | Canon électrique Railgun

Bien que pour l’heure non-corroborée de manière officielle, l’hypothèse soulevée par l’auteur de l’article est loin d’être fantaisiste. En effet, même si tout indique que dans le contexte actuel, le Type 214 de l’allemand TKMS sera le vainqueur de la compétition P75i à laquelle Naval Group ne pouvait participer, il faudra plusieurs années avant que la production effective des nouveaux submersibles débutent aux chantiers Mazagon.

Or, avec la fin de production du dernier Scorpene du précédent programme P75, ces chantiers vont entrer dans une période d’inactivité industrielle qu’une commande de 3 Scorpene supplémentaires pourrait effectivement et efficacement combler, tout en renforçant les capacités sous-marine indienne.

Au delà de ces considérations liées à l’exploitation de l’outil industriel, Naval Group avait, il y a quelques mois, lié sa participation au programme de SNA indien, pour apporter certaines technologies clés comme le Pumpjet qui équipe les SNA Suffren mais également les SNLE Triomphant, et qui accroit sensiblement la discrétion des navires à grande vitesse en limitant les phénomènes de cavitation.

C’est également un des points qui, selon l’article du Indian Narrative, devrait être annoncé lors de cette visite officielle. Ainsi, au delà des Rafale M de plus en plus proches de l’iNS Vikrant, l’annonce d’un très important programme portant conjointement sur la construction de 3 Scorpène supplémentaires, qui pourraient pour l’occasion être directement équipé du système AIP développé par l’agence de l’armement indienne DRDO, et l’implication de Naval Group dans le programme de sous-marins nucléaires d’attaque indien, sur un modèle proche de celui mis en oeuvre au Brésil, qui pourrait être annoncé le 14 juillet.

LINS Kalvari premier Scorpene de la marine indienne Flotte de surface | Armes Laser et énergie dirigée | Canon électrique Railgun

Un troisième sujet pourrait d’inviter sur la table des négociations entre Narendra Modi et Emmanuel Macron à cette date. En effet, selon le site HindustanTimes, le motoriste français Safran serait engagé dans des négociations avec la DRDO, dans le but de co-developper un nouveau turboréacteur pour armer les chasseurs de nouvelle génération indiens AMCA (Advanced Multirole Combat Aircraft) destiné à remplacer les Su-30MKI, ainsi que le futur chasseur embarqué indien Twin Engine Deck Based Fighter (TEDBF).

Selon l’article, les discussions porteraient sur la conception d’un nouveau réacteur développant 110 KN, entièrement libre de technologies américaines (ITAR Free) et produit en Inde, dans un effort conjoint d’une dizaine d’années avec un transfert de technologies intégral.

Bien que discrètes, les négociations autour de ce sujet seraient avancées, le directeur du DRDO, Dr Samir V Kamat, ayant notamment rendu visite au centre de R&D de Safran en marge du salon du Bourget 2023.

Ce troisième volet de négociation est particulièrement interessant, puisqu’il permettrait également à Safran de compléter sa gamme avec un turboréacteur comparable au F414 américain dé génération intermédiaire entre le M88 et le turboréacteur triple-flux qui équipera le programme NGAD, permettant à l’industrie française et indienne de developper, au besoin, un chasseur monomoteur performant, mais également d’accroitre les performances du Rafale au besoin, même si celui-ci devrait probablement être profondément redessiné pour accueillir le nouveau réacteur et pour ré-équilibrer le centrage de l’appareil, ce qui donnerait naissance à un Super Rafale également abordé sur ce site.

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Quoiqu’il en soit, on comprend, au travers de la presse indienne, que New Delhi envisage cette visite officielle à Paris avec de grandes ambitions, pour renforcer le partenariat stratégique liant les deux pays, peut-être de sorte à disposer d’une porte de sortie non exclusivement américaine à une certaine prise de distance d’avec la Russie.

On ne peut, désormais, qu’espérer que les événements en France ne viendront pas reporter, annuler ou gâcher la visite de Narendra Modi pour le 14 juillet, et que les nombreux espoirs qu’elle fait naitre en France comme en Inde, seront récompensées par des annonces ambitieuses.

Avec le NGAD, les avionneurs américains refont-ils le coup du F-19 Stealth Fighter

Depuis le lancement du programme NGAD, les avionneurs américains multiplient les publications de visuels montrant des appareils aux formes similaires, soi-disant pour répondre aux exigences opérationnelles à venir. Dans le même temps, alors qu’un démonstrateur aurait déjà volé il y a plusieurs années, aucun cliché réel de l’aéronef n’a été diffusé. Avant de prendre pour argent comptant l’aspect diffusé par le Pentagone, il convient de se rappeler qu’il y a 40 ans de cela, une campagne de désinformation très efficace avait été orchestrée autour du F-19, un appareil qui n’a jamais existé.

Au début des années 80, alors que Lockheed-Martin développait en grand secret le F-117 Nighthawk, les spécialistes du contre-espionnage américain entreprirent l’une des campagnes de désinformation les plus efficaces de la décennie, en partie masquée, il est vrai, par l’extraordinaire succès d’une autre campagne concomitante de ce type, le projet Guerre des Étoilés.

L’extraordinaire campagne de désinformation autour du F-19

En effet, alors qu’il devenait de plus en plus difficile de masquer les vols d’essais du F-117, ceux-ci commencèrent à distiller à la presse spécialisée des bribes d’informations sur un nouvel appareil conçu pour la furtivité.

Pour donner de la crédibilité à ces informations, ils décidèrent de nommer l’appareil F-19. Jusqu’ici, les chasseurs américains avaient tous connu une numération croissante, alors que le récent F-20 Tigershark venait d’être baptisé en 1982, et que le nouveau F-18 avait, lui aussi, été baptisé quelques années plus tôt. Mais aucun F-19, ni sous la forme d’appareil opérationnel, ni de prototype, ne fut jamais présenté.

De fait, pour les spécialistes du sujet, l’hypothèse du développement de l’aéronef était crédible, d’autant qu’il fallait alors remplacer les A7 Corsair II de l’US Air Force, tout comme celle du développement d’un appareil furtif alors que les travaux de conception du B2 Spirit étaient davantage documentés dans le public.

le programme NGAD tente-t-il de désinformer les adversaires comme ce fut le cas avec le F-19 ?
Le F-19 tel qu’imaginé à la fin des années 80 – Dans le roman « Tempête Rouge », il est affublé du surnom « Frisbee » par ses courbes soi-disant conçues pour la furtivité.

Faute de ne pouvoir le nier, les spécialistes américains de l’information entreprirent donc de construire un faisceau de preuves autour de cet appareil fictif, le F-19, de sorte à ne pas inspirer les chercheurs soviétiques. Celui-ci fut présenté comme un appareil tout en rondeurs supposées être la clé de sa furtivité, alors que l’hypothèse pouvait paraitre crédible en observant le B2.

Le F-19 dans la presse, les romans et les jeux vidéos

De fait, le F-19 devint presque un véritable appareil dans l’esprit des fanas d’aviation, l’appareil faisant plusieurs fois l’objet d’articles documentés dans les magazines spécialisés américains et occidentaux, et même de jeu vidéo et d’une apparition dans le pourtant très documenté « Tempête rouge » de Tom Clancy et Larry Bond. Il figurait même dans le référentiel initial de la première édition de la célèbre simulation Harpoon.

L’opération a semble-t-il été un succès, alors que les Soviétiques n’ont jamais annoncé de percées significatives dans le domaine de la furtivité jusqu’au-delà du début des années 90 et la présentation officielle du F-177A Nighthawk lors de la guerre du Golfe.

Les similarités entre F-19 et NGAD de l’US Air Force

Or, il se pourrait bien qu’une stratégie similaire soit à l’œuvre concernant les deux futurs programmes de chasseurs de l’US Air Force et de l’US Navy, tous deux désignés Next-Generation Air Dominance, ou NGAD.

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Le décollage du Darkstar dans Top Gun Maverick – la maquette conçue par LM avait, selon certaines sources, entrainé des recherches de la part d’avionneurs chinois lorsqu’ils observèrent l’appareil sur des clichés satellites.

En effet, bien que les deux programmes soient développés dans le plus grand secret, plusieurs visuels ont été diffusés de-ci de-là par les principaux avionneurs américains, plus précisément Lockheed-Martin, Northrop-Grumman et Boeing-McDonnel-Douglas.

Or, tous ces modèles reposent sur une approche semblable, à savoir, là encore, un appareil aux lignes très futuristes, avec ou sans empennage arrière, avec une aile portante intégrée proche de l’aile volante, laissant supposer une grande furtivité.

Un modèle proche de cette forme est même apparu dans le blockbuster Top Gun : Maverick, censé représenter un appareil capable d’atteindre et de maintenir une vitesse hypersonique de mach 10.

La patte du département Skunk Work de Lockheed-Martin

Quant au célèbre département de Lockheed-Martin baptisé Skunk Work, à l’origine du F117 mais également du SR71 ou du U2, il a, lui aussi, publié, à l’occasion de ses 80 ans, une silhouette de toutes évidences, inspirée de cette architecture, immédiatement, remarquée par la presse spécialisée outre atlantique.

Dans le même temps, d’autres programmes d’avion de combat de 6ᵉ génération sont en cours de conception, notamment en Europe avec le SCAF rassemblant la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Belgique, et avec le programme Global Combat Air Programme (GCAP) qui rassemble la Grande-Bretagne, l’Italie et le Japon.

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Comme le NGF du programme SCAF, le Tempest du programme GCAP a une architecture radicalement différente de celle décrite par les visuels des avionneurs américains dans le cadre des programmes NGAD

Le Next-Generation Air Dominance face aux autres avions de 6eme génération

Or, ni le SCAF, ni le GCAP, pas davantage que les concepts publiés en Russie et en Chine à ce sujet, ne semblent s’inspirer de cette architecture présentée par les avionneurs américains, bien au contraire. Pourtant, ces appareils devront évoluer dans le même environnement, effectuer les mêmes missions, faire face aux mêmes menaces et répondre aux mêmes contraintes aérodynamiques et électromagnétiques que les appareils américains.

Il n’y a par ailleurs aucune raison de penser que les ingénieurs de chez Dassault Aviation ou BAe n’aient pas conscience des enjeux entourant le développement de ces appareils, ni accès à des technologies radicalement moins évoluées que leurs homologues américains, justifiant d’approches similaires entre européens et totalement différentes outre atlantique.

De fait, on peut raisonnablement douter de la pertinence des visuels diffusés par les avionneurs, l’Air Force et la Navy américains. Non pas qu’ils soient cependant nécessairement faux ou éloignés de la réalité des travaux en cours, mais il convient de conserver une certaine retenue quant à leur interprétation.

FH 97 Drone CASC e1633094705820 Flotte de surface | Armes Laser et énergie dirigée | Canon électrique Railgun
Présenté en octobre 2021, le drone chinois FH-97 est de toute évidence très inspiré du XQ-98A Valkyrie de l’Américain Kratos, employé depuis à peine quelques mois alors par le programme Skyborg de l’US Air Force

Dans ces conditions, alors que la Chine a démontré, ces derniers mois, ses capacités pour réagir rapidement et developper des systèmes de toutes évidences très inspirés de projets de recherche américains, on peut anticiper qu’une nouvelle fois, les spécialistes du contre renseignement US aient mis en œuvre une opération visant à mobiliser une partie des chercheurs chinois dans des projets de recherche en impasse, et ainsi conserver l’avantage technologique sur lequel le rapport de force entre les deux superpuissances sera en partie basé dans les années à venir.

L’Union Européenne met en place un puissant outil pour l’acquisition d’équipements de défense européens … ou presque

Cela a de quoi laisser perplexe. En effet, le Conseil de l’Union Européenne et le Parlement Européen sont parvenu à un accord pour la mise en oeuvre d’un outil qui devrait considérablement accroitre la préférence européenne en matière d’acquisition d’équipements de défense par les états membres, tout en améliorant la standardisation des armées, un objectif de longue date pour l’UE.

Concrètement, le nouveau dispositif permettra le remboursement partiel des couts d’acquisition d’équipements de défense par les armées des états membres, pour peu que ces acquisitions respectent un certain nombre de règles.

En premier lieu, il est indispensable que les équipements acquis le soient par au moins 3 pays membres ou associés (Islande, Lichtenstein et Norvège), par une procédure de marché publique européenne. D’autre part, et de manière prévisibles, les équipements de défense acquis doivent être produits en Europe, par des sociétés européennes.

Le respect de ces conditions doit permettre aux acquéreurs de se faire rembourser jusqu’à 15% du montant de la commande par état participant de sorte à encadrer les éventuelles dérives qui pourraient intervenir, avec des participations fantômes en soutien d’un état allié.

L'Union Européenne soutien l'acquisition d'équipements de défense européens

Le texte doit encore être avalisé par l’ensemble des états membres pour entrer en vigueur, mais il s’agit, de prime abord, d’un puissant outil qui pourrait permettre de renforcer la préférence européenne dans les programmes d’acquisitions des armées, et donc de renforcer la Base Industrielle Technologique de Défense (BITD) européenne.

Malheureusement, comme souvent, le diable se cache dans les détails, et notamment la définition de ce qui peut être qualifié d’équipements produits en Europe, et donc éligible à l’aide financière proposée.

En effet, cette définition est particulièrement souple, laissant par exemple parfaitement la possibilité à des montages industriels de type ‘Euro-X’ de se faire financer. Ainsi, une joint-ventre comme Euro-Spike, qui produit en Allemagne, des missiles antichars israéliens, au sein d’une entreprise détenue à 80% par des actifs européens, répond parfaitement aux contraintes mises en place.

Il en ira probablement de même pour ce qui concernera les chars K2PL polonais de conception sud-coréenne, ou le futur système d’artillerie à longue portée de la Bundeswehr, quel que soit le vainqueur sélectionné entre le PULS israélien présent épar KMW et l’Himars américain proposé par Rheinmetall.

Le dispositif européen pourrait offrir une plus grande attractivité des équipements européens face à certains de leurs concurrents
Le dispositif européen pourrait offrir une plus grande attractivité des équipements européens face à certains de leurs concurrents

Etonnamment, tout indique que le F-35 américain ne puisse être éligible à ce type de financement. Il est vrai que l’appareil de Lockheed-Martin n’en a probablement plus besoin, s’étant déjà imposé dans toutes les forces aériennes européennes pouvant se le permettre budgétairement parlant qui ne sont ni français, ni suédois.

Une clause pourrait toutefois rendre beaucoup plus difficile ce type de montage. En effet, la 3ème condition d’éligibilité indique que « Les États membres ne peuvent se procurer que des produits qui ne sont soumis à aucune restriction de la part d’un pays tiers non associé limitant leur capacité à les utiliser« .

En d’autres termes, les systèmes d’arme pouvant être soumis à un arbitrage quelconque de la part d’un pays non membre ou associé, ne devraient pas être éligibles au dispositif. Or, comme l’a montré la guerre en Ukraine, la stratégie de réexportation de pays comme Israel, la Suisse et même les Etats-Unis, peut profondément diverger de celle des pays européens, ce qui, fondamentalement, constitue de fait une restriction de la part d’un pays tiers non associé limitant leur capacité à les utiliser.

Reste à voir à quel point cet outil sera effectivement employé pour soutenir l’industrie de défense ainsi que l’autonomie stratégique européennes, ou s’il sera dévoyé par des montages alambiqués permettant l’acquisition de matériels militaires extra-européens, ce qui irait à l’opposé de l’objectif recherché. Seul l’avenir répondra effectivement à cette question.

La production annuelle de destroyers en Chine pourrait encore croitre dans les années à venir

En 2022, les forces navales de l’Armée Populaire de Libération ont admis au service 3 destroyers anti-aériens Type 052DL de 7500 tonnes, ainsi que 3 destroyers lourds Type 055 de 11.000 tonnes. Sur cette même année, l’US Navy, pour sa part, n’a admis au service qu’un unique destroyer, l’USS Frank E. Petersen Jr, un navire de 9.400 tonnes de la classe Arleigh Burke Flight IIA.

Les navires chinois ont été fabriqués par deux chantiers navals, l’un à Dalian, l’autre à Jiangnan, qui lancent chaque année depuis 2020 entre 5 et 8 nouveaux destroyers de ces deux classes, soit un rythme soutenu supérieur à la production cumulée des chantiers navals américains, japonais, sud-coréens et australiens, ceci expliquant l’inquiétude bien palpable du Pentagone et de ses alliés quant à la montée en puissance de la flotte chinoise.

Mais les choses pourraient bien devenir encore plus difficiles pour les planificateurs occidentaux. En effet, un cliché publié sur les réseaux sociaux chinois et relayé sur twitter, montre qu’un second chantier naval, situé à Dalian, aurait, lui aussi, entamé la construction d’un destroyer, probablement un nouveau Type 055.

Nouveaux destroyers produits dans une troisième chantier naval chinois
Ce cliché localisé dans la zone Dagushan de Dalian, montre qu’un troisième chantier naval chinois produit désormais des destroyers. La construction d’au moins deux nouvelles unités de cette classe a été observée récemment

Cette découverte laisse naturellement penser, si elle venait à être corroborée par d’autres mises en chantier sur ce site, que les forces navales chinoises pourraient encore accroitre, dans les années à venir, la production annuelle de nouveaux destroyers, tant pour remplacer les navires les plus anciens encore en service que pour étendre la flotte.

Il convient de pondérer toutefois cette conclusion. En effet, l’observation satellite du chantier naval de Dalian, montre que celui-ci a mobilisé une grande partie de ses moyens productifs pour accélérer la fabrication de nouveaux méthaniers, et ainsi répondre à la très forte demande mondiale dans ce domaine, amplifiée depuis le début de la guerre en Ukraine.

Pour autant, cette observation montre que ce troisième chantier naval est désormais prêt à produire de grandes unités de surface combattantes, offrant à la marine chinoise une plus importante souplesse dans la gestion de ses cadences de livraison, sans venir handicaper la production d’autres bâtiments, y compris commerciaux.

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La production annuelle de destroyers anti-aériens Type 052DL, version allongée du Type 052D capable d’accueillir le nouvel hélicoptère Z-20, reste très soutenue, autour de 3 à 4 nouveaux navires par an

Cette capacité confère également à la Chine un atout de taille dans le domaine politique. Non seulement Pékin sera en mesure de proposer à ses partenaires internationaux la livraison de destroyers sur des délais réduits (même si la Chine n’a jamais exporté à ce jour de Type 052D ou de Type 055), mais elle disposera surtout d’un potentiel de croissance industriel très significatif et réactif, si les tensions internationales venaient à encore se dégrader.

Loin d’être anecdotique, cette découverte montre donc que la transition industrielle entamée il y a une vingtaine d’années en Chine, pour moderniser et renforcer son outil productif Défense, n’est probablement pas achevée.

En conséquence, les projections en matière de montée en puissance actuellement employées pour évaluer l’évolution du rapport de force dans le Pacifique, pourrait bien être excessivement optimiste, si tant est que Pékin parvienne à surmonter les difficultés rencontrées récemment dans les domaines du recrutement et de la formation de ses équipages.

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La production du nouveau chasseur embarqué J-35 pourrait bientôt débuter, selon certains échos sur les RS chinois

On notera, à ce titre, que d’autres échos, difficiles à confirmer toutefois du fait de l’opacité renforcée entretenue par Pékin sur le sujet, font état d’une augmentation sensible de la production industrielle d’avions de combat, et notamment des J-20 de 5ᵉ génération, qui serait passée d’une vingtaine à plus de soixante voire plus d’exemplaires assemblés chaque année.

En outre, certaines informations semblent également indiquer que la production de série du nouveau chasseur embarqué de 5ᵉ génération, pour l’heure toujours désigné J-35 faute de référence officielle, pourrait prochainement débuter. Au total, entre la production d’appareils de 4ᵉ génération J-10C, J-15 et J-16 d’une part, et de 5ᵉ génération J-20 et J-35, dans de nombreuses variantes, devrait probablement dépasser les 160, voire 200 nouveaux chasseurs par an, là encore très supérieure à celle des Etats-Unis dans ce domaine.

Taïwan ne pourra résister plus de 90 jours à une attaque chinoise sans l’intervention des Etats-Unis, selon la RAND

Une éventuelle attaque chinoise contre Taïwan a fait l’objet de nombreuses études et simulations ces dernières années, même au Congrès américain. Il s’agissait toutefois systématiquement d’étudier les enjeux d’une intervention américaine dans une telle hypothèse, de sorte à mettre en évidence les moyens nécessaires pour parvenir à s’imposer face à l’Armée Populaire de Libération, mais également pour en évaluer les couts en hommes comme en matériels.

Le Think Tank américain Rand a entrepris d’étudier ce scénario sous un autre hypothèse, de toute évidence inspirée de la posture suivie par les Etats-Unis et les Européens à l’agression russe contre l’Ukraine.

En effet, aucun des pays membres de l’OTAN, pas davantage que d’autres, n’est militairement intervenu pour protéger les Ukrainiens de l’assaut russe, se limitant à un soutien, il est vrai croissant, en matière d’armement, d’entrainement, de renseignements et d’accueil des réfugiés, ainsi que par des sanctions économiques et politiques contre Moscou.

Pour la Rand, il était donc utile d’étudier un éventuel conflit sino-taïwanais selon cette hypothèse, pour déterminer les conditions nécessaires pour que les armées taïwanaises, comme leurs homologues ukrainiennes, puissent éventuellement contenir une agression armée chinoise.

L'intervention des forces américaines est indispensable pour contenir une attaque chinoise contre l'ile, selon la RAND
L’intervention des forces américaines est indispensable pour espérer une attaque chinoise contre l’ile, selon la RAND

Les conclusions de ce rapport sont toutefois loin d’être optimistes. En effet, selon le think tank, Taïwan ne pourrait pas résister à une attaque chinoise plus de 90 jours, dans le meilleur des cas, et ce même si les armées du pays étaient mieux équipées et mieux entrainées.

De fait, sans une réelle intervention militaire américaine, Taïwan tomberait nécessairement et relativement rapidement aux mains de Pékin, ce qui risque fort de convaincre les autorités chinoises d’intervenir à la moindre indication de faiblesse dans la détermination US à protéger son allié.

Pour arriver à cette conclusion, les auteurs du rapport ont étudié la résilience taïwanaise dans de nombreux domaines, bien au-delà du militaire et des forces armées du pays, notamment dans les aspects sociaux et politiques.

Là encore, on y voit sans le moindre doute l’influence des enseignements de la guerre en Ukraine, au sujet de laquelle la détermination des Ukrainiens et l’unité dont a fait preuve l’ensemble de la population, ont joué un rôle clé dans la résistance du pays face à l’agression russe.

Pour les auteurs, si le leadership politique et la cohésion sociale taïwanaise semblent aujourd’hui robustes, de réels doutes émergent dès lors qu’un important stress viendrait déstabiliser le pays, pouvant altérer non seulement la détermination de la population et des autorités politiques, mais également la combativité des forces.

Une attaque chinoise contre Taïwan est envisagée par les Etats-Unis
L’Armée Populaire de Libération multiplie les grands exercices aéro-amphibies depuis quelques années, autant pour acquérir des savoir-faire que pour faire croitre le sentiment d’inquiétude dans la population taïwanaise, comme le fait remarquer le rapport de la RAND.

Il s’agit, d’ailleurs, du principal sujet d’inquiétude, et donc d’amélioration, pointé par ce rapport, qui appelle à sensiblement renforcer ces différents aspects qui, en retour, renforceraient considérablement le caractère dissuasif des forces armées taïwanaises face à l’APL.

Le renforcement des forces armées taïwanaises, par de meilleurs équipements également plus nombreux, mais surtout par un meilleur entrainement, ainsi qu’une cohésion et une combativité renforcée, sont également identifiés comme indispensables pour amener Pékin à considérer que les bénéfices espérés d’une intervention militaire contre Taïwan, ne compenseraient pas les risques sociaux dans le pays liés aux lourdes pertes que l’APL subiraient dans une telle hypothèse.

On note au passage que la plupart des analystes, avant l’attaque russe contre son voisin, faisaient le même constat vis-à-vis de la Russie, et estimaient précisément que Moscou n’attaquerait pas l’Ukraine précisément pour éviter les troubles intérieurs, politiques et sociaux en réponse aux lourdes pertes probables.

Or, on sait désormais qu’il n’en a rien été. Non seulement les pertes russes avaient été considérablement sous-estimées par le Kremlin, l’amenant à déclencher l’offensive, mais ces pertes catastrophiques n’ont, à ce jour tout du moins, nullement menacé le régime de Vladimir Poutine.

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De toute évidence, le rapport de la Rand a pris de nombreuses références dans la guerre qui se déroule en Ukraine depuis 18 mois maintenant

Quels que soient les axes d’amélioration préconisés par le rapport de la Rand, celui-ci estime que Pékin aura, de manière certaine et indiscutable, à un moment donné le potentiel militaire suffisant pour estimer qu’une intervention contre Taïwan permettrait une victoire relativement rapide de l’APL, en moins de 90 jours, sauf dans l’hypothèse d’une intervention militaire directe des Etats-Unis contre l’armée chinoise.

En d’autres termes, il est inconcevable, dans le cas de Taïwan, d’espérer appliquer la même stratégie que celle entreprise en Ukraine, en se limitant à un soutien matériel, à des sanctions contre la Chine et ses dirigeants, et éventuellement à l’accueil de réfugiés.

Et il est, par conséquent, indispensable au Pentagone de travailler directement sur cette hypothèse de manière parfaitement visible et perceptible, pour espérer préserver le statuquo.

De manière indirecte, ce rapport montre également le caractère exceptionnel de la résistance ukrainienne face à l’agression russe, le pays, pourtant jugé instable et corrompu par beaucoup, parvenant à soutenir militairement parlant la comparaison, et même parfois de prendre l’avantage, face à une armée puissante et bien équipée, et ce, sans la moindre intervention militaire occidentale.

Il est probable que bien peu de pays, y compris en Europe, auraient été capables d’une démonstration de force et d’unité comparable dans une telle situation.

VMax, IXV .. : La France aura bientôt toutes les briques d’un Système Orbital de Bombardement Fractionné

Alors que l’ONERA et ArianeGroup ont testé pour la première fois le planeur hypersonique VMAX, la France détient désormais toutes les briques pour développer l’arme de dissuasion ultime : le système de bombardement orbital fractionné.

Il y a quelques semaines, un article publié par le Bulletin of the Atomic Scientists, attira l’attention au-delà du lectorat traditionnel de Thebulletin.org. Celui-ci montrait en effet que la Chine disposait dorénavant de l’ensemble des briques technologiques pour concevoir un système orbital de bombardement fractionné de nouvelle génération, susceptible de profondément bouleverser l’équilibre des rapports de force nucléaires dans le monde.

Concrètement, les ingénieurs chinois ont simultanément fait la démonstration de leur capacité à mettre en œuvre un SOBF traditionnel, lors d’un essai qui s’est déroulé en 2021, ainsi que de la technologie des planeurs hypersoniques, déjà en service à bord du missile DF-17.

L’association de ces deux technologies doit permettre à la Chine de bénéficier des atouts du SOBF, à savoir la possibilité de frapper n’importe quelle cible sur la planète avec des délais de moins de 10 minutes très inférieur à celui des systèmes balistiques intercontinentaux actuels, tout en corrigeant la faiblesse du SOBF, à savoir son manque de précision, grâce à la technologie des planeurs hypersoniques.

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Le missile hypersonique DF17 et son planeur hypersonique ont été présentés pour la première au public en 2019

Non seulement la mise en œuvre conjointe de ces technologies diminueraient considérablement les temps de réaction de l’adversaire, rendant caduques les procédures actuelles de riposte sur laquelle est construite l’efficacité de la dissuasion, mais elle permettrait d’éviter les systèmes de détection balistique actuellement en service, ce qui en ferait une arme de première frappe des plus redoutables, susceptible de prendre de cours le principe de destruction mutuelle assurée sur laquelle la paix fut maintenue pendant la Guerre Froide.

Pour répondre à cette menace stratégique émergente, seules trois options peuvent être envisagées. La première, et la plus improbable dans les présentes circonstances, s’appuierait sur un accord international interdisant à la Chine, aux Etats-Unis et probablement à la Russie, de développer ce type d’armement, comme ce fut le cas, par exemple, lors de la signature de l’accord INF interdisant aux Etats-Unis et à l’Union Soviétique, puis à la Russie, le développement ou la possession de missiles d’une portée de 500 à 5.500 km .

Cet accord, comme tous les accords stratégiques de la Guerre Froide, ne fut rendu possible qu’après que les deux camps se sont faits très peur lors de la crise des Euromissiles entre 1982 et 1985. Comme lors de la crise de Cuba qui ouvrit la porte aux traités SALT, le monde avait alors frôlé la guerre nucléaire, amenant Washington et Moscou à la Table des négociations.

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La crise des Euromissiles résultait du déploiement de missiles balistiques de moyenne portée SS-20 soviétiques en Allemagne de l’Est, ce à quoi les Etats-Unis répondirent par le déploiement de missiles similaires, le Pershing 2

Aujourd’hui, rien n’indique que Pékin puisse répondre favorablement à de tels pourparlers avec Washington. La Chine considère en effet que sa puissance stratégique est très inférieure à celles des Etats-Unis ou de la Russie. En tant que tel, il est légitime pour le pays de combler ce retard en développant de nouveaux systèmes pour assurer sa propre sécurité, sans s’interdire de développer des systèmes bien plus performants susceptibles de bousculer les équilibres instables mondiaux.

La seconde hypothèse consiste à concevoir un bouclier susceptible de détecter la menace, et de la contenir. Cette stratégie est poursuivie par les Etats-Unis, qui vont déployer une nouvelle capacité de détection spatiale adaptée à ce type de menace, et notamment à la détection de vecteurs hypersoniques et de vecteurs spatiaux, alors que dans le même temps, la conception d’un missile susceptible d’intercepter une arme hypersonique est également engagée.

On notera que cette stratégie est aussi appliquée en Europe, avec le programme européen Twister destiné à détecter et suivre les menaces spatiales et hypersoniques, alors que deux initiatives concurrentes sont en cours pour développer un intercepteur capable de contrer ce type de menace.

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Le programme Aquila de MBDA fut dévoilé lors du salon du Bourget 2023. Il doit permettre de concevoir un missile capable d’intercepter des armes hypersoniques, y compris des planeurs.

La troisième option est identique à celle qui permit d’éviter la confrontation durant la guerre froide, à savoir de disposer des mêmes aptitudes de celles de l’adversaire. Dans ce domaine, les Etats-Unis disposent déjà d’un certaine avance, notamment dans le domaine des avions spatiaux avec le programme X-37 de la Nasa, qui est parvenu à rester en orbite contrôlée pendant 908 jours du 17 mai 2020 au 12 novembre 2022.

Les Etats-Unis ont également acquis un important savoir-faire dans le domaine technologique des planeurs hypersoniques, avec le programme Long-Range Hypersonic Weapon (LRHW) de l’US Navy qui doit permettre, dans les mois à venir, d’équiper les destroyers de la classe Zumwalt, mais aussi les futurs sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Virginia Block V, d’un missile balistique de portée intermédiaire (3000 km) équipé d’un planeur hypersonique Common-Hypersonic Glide Body (C-HGB).

De fait, si Pékin venait effectivement à entreprendre le développement d’un Système Orbital de Bombardement Fractionné à planeur hypersonique, il ne fait aucun doute que les Etats-Unis seront, eux aussi, en mesure de faire de même à relativement court terme, car disposant déjà de l’ensemble des briques technologiques critiques pour cela, tout comme la Russie d’ailleurs, qui maitrise, elle aussi, les 3 capacités nécessaires pour y parvenir, à savoir l’avion spatial, le lanceur, le planeur hypersonique et bien évidement, la tête nucléaire miniaturisée pouvant prendre place à bord de ce dernier.

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Mais un quatrième acteur pourrait s’inviter dans cette course aux armements nucléaires 2.0. En effet, la France, elle aussi, dispose des compétences requises dans ces 4 domaines, depuis que le planeur hypersonique VMAX a fait la preuve éclatante de son efficacité il y a de cela quelques jours.

Bien évidement, la France dispose déjà d’un important savoir faire dans le domaine des lanceurs, grâce à sa participation majeure dans le programme européen Ariane, mais aussi par son expérience dans le domaine des missiles balistiques avec les SLBM M1, M45 et M51.

De même, le pays maitrise la technologie des têtes nucléaires miniaturisées, que ce soit à bord de véhicules individuels de rentrée armant ses missiles balistiques stratégiques, mais aussi ses missiles nucléaires semi-stratégiques (ASMP/A) et tactiques (Pluton, Hades).

Quant à la technologie de l’avion spatial, Thales en a fait la démonstration avec le démonstrateur IXV (Intermediate eXperimental Vehicle) lorsque le 11 février 2015, l’appareil, préalablement lancé par une fusée Vega, parvint à effectuer une rentrée atmosphérique, l’amenant d’une altitude de 420 km et d’une vitesse de Mach 22, à une vitesse inférieure à Mach 2 dans les couches basses de l’atmosphère.

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Récupération de l’avion spatial IXV lors de son vol de février 2015

De fait, aujourd’hui, la France n’est qu’à quelques encablures de pouvoir entreprendre la conception d’un SOBF armé d’un planeur hypersonique, pour se maintenir dans la course des nations stratégiques mondiales. Il est toutefois probable, et très certainement souhaitable, que Paris n’entreprenne pas, pour l’instant, l’assemblage de ces briques technologiques, au risque d’être à l’origine de la nouvelle course aux armements stratégiques.

Cependant, tout indique que les ingénieurs et industriels français sont désormais prêts, au besoin, pour s’élancer dans cette compétition mondiale, si la situation internationale venait à l’exiger. Notons que dans ce domaine, la France est non seulement le seul pays de l’Union Européenne à pourvoir y prétendre, mais il est également probable qu’elle soit seule en Europe dans ce domaine, la Grande-Bretagne étant, pour sa part, dans l’impossibilité de s’y engager à court ou moyen terme, n’ayant entrepris aucun programme à ce jour pour se doter des briques technologiques nécessaires, en dehors des têtes nucléaires miniaturisées.

Le Pentagone annonce une nouvelle interruption des livraisons de F-35 dans les mois à venir

Face aux difficultés rencontrées par LM autour de la mise à jour TR-3, le Pentagone a annoncé la future suspension des livraisons de F-35 dans les mois à venir, avec une possible extension jusqu’en 2024.

Si les chaînes d’assemblage de Lockheed-Martin concernant les 3 versions du chasseur F-35 n’ont jamais cessé de produire, et fabriquent aujourd’hui neuf nouveaux appareils chaque mois, le Pentagone a déjà, à plusieurs reprises, suspendu la livraison de ces appareils, pour des problèmes de conformités ou pour donner le temps à certaines enquêtes d’aller à leur terme.

C’est ainsi qu’en décembre dernier, la livraison des chasseurs américains fut interrompue pendant près de 3 mois, après qu’un F-35B de l’US Marines Corps a connu une défaillance moteur lors d’une procédure d’atterrissage vertical, le pilote étant fort heureusement parvenu à s’éjecter avant l’impact.

Quelques mois plus tôt, en septembre 2022, la livraison avait également été suspendue pendant plusieurs semaines après que la Defense Contract Management Agency a mis en évidence que la turbine de l’appareil employait des éléments construits avec un alliage importé de Chine.

En 2018, la livraison fut également interrompue pendant deux mois, cette fois au sujet d’un désaccord entre le Pentagone et Lockheed-Martin au sujet de la responsabilité des problèmes de corrosion observés sur certains appareils, et donc du paiement des 120 m$ de frais de réparation et de modification requis pour résoudre le problème.

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En décembre dernier, un F-35B de l’US Marines Corps s’est écrasé lors d’une procédure d’atterrissage vertical suite à une perte de puissance ayant engendré la suspension des livraisons de l’appareil pendant 3 mois

Ce sera également le cas dans les semaines à venir, mais cette fois pour un relais qui dépassera largement les interruptions de quelques semaines précédentes. En effet, Le Pentagone a Informé LM qu’il cesserait de prendre livraison des nouveaux F-35 dans les semaines à venir, tant que la capacité de combat initiale de la nouvelle version TR-3 qui commencera à être livrée en aout, n’aura pas été validée.

Or, selon LM, cette validation n’interviendra qu’en fin d’années, au mois de décembre plus précisément, engendrant une interruption de livraison de plus de 4 mois, et obligeant l’avionneur à stocker jusqu’à 45 appareils dans l’attente du feu vert du Pentagone.

Mais selon d’autres sources, le calendrier visé par Lockheed est excessivement optimiste, et une échéance à avril 2024 semble plus probable, amenant le parc d’avions en attente de livraison au-delà de 80 appareils.

Il s’agit, pour le Pentagone, de faire pression sur l’avionneur pour que ce dernier accélère le rythme des évolutions, alors que la version TR-3, indispensable pour atteindre le nouveau standard Block 4 présenté comme le premier standard pleinement opérationnel du chasseur, et qui devrait entrer en service en 2024, est désormais reporté à 2029.

la suspension des livraisons de F-35 pourrait concerner plus d'une centaine d'appareils
LM produit chaque mois 9 F-35 de différentes versions alors que la production de série n’a pas encore débuté

La Technology Refresh 3 ou TR-3, qui consiste en une mise à jour maternelle préparant l’arrivée du Block 4 qui lui sera purement logiciel, a, elle aussi, connu d’importants retards, puisqu’elle sera livrée cet été et non l’été dernier comme initialement planifié.

On peut se demander aujourd’hui, si le chasseur américain, pourtant pilier en devenir de l’ensemble de la puissance aérienne occidentale pour les décennies à venir, n’a pas atteint un stade d’instabilité technologique tellement important que les efforts colossaux (et très onéreux) déployés par les ingénieurs américains pour résoudre les difficultés et défaillances rencontrées, seraient toutefois insuffisants pour permettre au programme de sortir de cette même situation instable, engendrant un glissement permanent des échéances et des couts sans jamais atteindre l’objectif désiré ?

Selon le constructeur américain, une grande partie de cette « perception de (sur-place) » donnée par le programme F-35, serait liée à de nouvelles demandes formulées par les armées US et étrangères, nécessitant des adaptations importantes et donc des délais supplémentaires.

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L’échéance pour atteindre la pleine capacité opérationnelle pour le F-35 a glissé de 8 ans sur les 10 dernières années, donnant l’impression que le programme effectue sur sur-place en dépit des efforts humains et budgétaires considérables consentis.

Toutefois, là encore, on peut s’interroger, sur la base de cette déclaration, sur l’efficacité constatée de l’appareil, amenant les forces armées à demander des modifications pour en faciliter ou simplement permettre l’utilisation, ou, d’un autre point de vue, sur l’efficacité des procédures de retours d’expérience, qui viendrait entraver le bon déroulement de mises à jour pourtant stratégiques, comme celle permettant d’atteindre la pleine capacité opérationnelle ?

Reste à voir, désormais, combien de temps durera effectivement cette suspension de livraison, à quel point ces délais vont en engendrer d’autres, et quelles seront les conséquences sur les forces armées de ces délais successifs, peut-être accompagnés de surcouts directs ou induits, alors que les tensions internationales ne cessent de croitre ?