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Rafale, FDI Belh@rra : les dossiers accélèrent entre Paris et Athènes

De toute évidence, le président Français, Emmanuel Macron, et son homologue grec, le premier ministre Kyriakos Mitsotakis, ont décidé d’aller vite et loin en matière de coopération militaire et industrielle entre la France et la Grèce, pour barrer la route à la Turquie en Méditerranée orientale. En effet, selon la presse grecque, citant des sources officielles concomitantes, les deux hommes doivent se rencontrer le 10 septembre pour signer un accord de Défense, mais également, si les délais sont respectés, la signature de la commande d’un escadron d’avions Rafale, ainsi que, potentiellement, la commande des deux frégates FDI Belh@rra, qui jusqu’ici étaient à l’arrêt.

En effet, les deux chefs d’Etat ont visiblement décidé de piloter directement ces dossiers qui ont pris une dimension stratégique pour les deux pays. Coté grec, c’est l’effervescence, car il est nécessaire d’obtenir l’aval de l’ensemble des ministères concernés par de telles acquisitions, ainsi que du parlement, dans un délais extrêmement court. Les rencontres avec les officiels français du ministère de La Défense et de la DGA, ainsi qu’avec les industriels concernés par le dossier, se multiplient ces derniers jours, de sorte à être en mesure de présenter dans les temps aux instances étatiques un dossier complet pour validation dans ce qui serait, selon la presse grecque spécialisée, le plus important effort en faveur de la Défense et des capacités de dissuasion de la Grèce depuis 1974.

Atelier Rafale Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
Certaines sources laissent entendre que les 10 appareils neufs acquis potentiellement par la Grèce puissent être prélevé sur le parc des appareils destinés à l’Egypte pour en accélérer les délais.

Coté français, le président Emmanuel Macron aurait pris en charge le dossier, notamment concernant les aspects budgétaires, permettant, semble-t-il, de trouver des accords fermes avec Athènes. Ainsi, les 18 ou 20 Rafale acquis par la Grèce seraient vendus autour de 1 milliard d’euro, soit un prix particulièrement bas, même en tenant compte des 8 appareils d’occasion cédés gratuitement par la France. On peut déduire de cette enveloppe que l’ensemble de la formation des navigants et des équipes au sol grecques sera faites par l’Armée de l’Air et éventuellement l’Aéronautique navale déployées sur place en Grèce en application du traité de Défense, de sorte à permettre l’entrée en service rapide de l’escadron grec. Les informations concernant l’éventuel retour des Belh@rra dans les négociations franco-grecques, si elles étaient attendues, restent très parcellaires. Toutefois, on peut s’attendre à ce que, comme dans le cas des Rafale, l’intervention présidentielle dans le dossier ait permis de re-ventiler les coûts de developpement concernant les demandes spécifiques de la Grèce, de sorte à en baisser le prix à un niveau acceptable pour Athènes.

Comme nous l’avions déjà abordé lors d’un précédent article faisant référence aux Rafale d’occasion vers la Grèce, la baisse du prix final, qu’il s’agisse du contrat Rafale comme des 2 frégates Belh@rra, n’implique nullement des contraintes sur le budget de l’Etat français, ni des contribuables. Ce sujet avait été traité en profondeur en 2018 lors de l’étude portant sur l’application du modèle « Socle Défense » à la Grèce, étude qui résultait d’une collaboration avec la commission électorale Défense du parti Nouvelle Démocratie. En effet, les recettes fiscales et sociales (qui s’appliquent directement au budget de l’Etat qui compense les déficits sociaux chaque année) liées à l’exécution du ou des contrats d’exportation, compenseraint largement la participation de l’Etat, qu’elle soit directe, ou comme ici, induite par le don d’appareils d’occasion de l’Armée de l’Air qui seront remplacés par des appareils neufs par l’extension des commandes à venir.

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Les retours budgétaires globaux pour l’Etat dans l’exécution d’une commande d’équipements de défense à l’exportation excèdent le montant même de la commande, selon l’analyse faite par la doctrine « Défense à Valorisation Positive »

Quoiqu’il en soit, la coopération militaire et industrielle qui, semble-t-il, se met en place à l’initiative des deux chefs d’Etat, est unique dans l’histoire récente européenne, qui plus est en période de fortes tensions comme celles auxquelles la Grèce fait face aujourd’hui. S’il est probable que certaines chancelleries verront d’un très mauvais œil cette initiative bilatérale, et surtout ses conséquences potentielles sur les relations entre l’Union européenne et Ankara, il est également possible que d’autres pays, les plus exposés comme les pays Baltes, la Finlande ou les pays bordant la Mer Noire, ainsi qu’une certaine partie de l’opinion publique européenne, y voient la réponse attendue en matière de réassurance et de dissuasion. Même si la France ne dispose, dans les faits, que de moyens conventionnels limités, la détermination dont fait preuve le chef de l’Etat pour venir aux cotés de son allié grec, pourrait en effet modifier la perception des européens concernant l’offre française d’extension de la dissuasion française vers ses alliés. De quoi redonner, même en dehors des institutions européennes, des couleurs à l’idée d’une défense européenne allant au delà de la coopération industrielle et de l’arbitrage OTAN, tel que portée, sans grand succès jusqu’ici, par Paris.

Su-57 et T-14 Armata sont disponibles à l’exportation, mais l’Armée russe est prioritaire

La communication concernant l’industrie de Défense russe est souvent faite de redites et de subtiles mises à jour, permettant de recycler une information eu lui donnant du volume. Ce fut le cas à l’occasion du salon Army 2020, durant lequel les autorités russes ont annoncé officiellement que le nouvel avion de combat Su-57 et le char de combat T-14 Armata étaient tous deux désormais proposés à l’exportation aux clients de l’industrie défense russe, même si des discussions ont déjà été engagées avec certains partenaires concernant ces deux materiels. En revanche, qu’il s’agisse du nouveau blindé ou de l’avion furtif de 5ème génération, Moscou a clairement précisé que la priorité était donné aux livraisons aux forces armées russes, et que les livraisons à l’exportation ne pourraient intervenir qu’au delà du plan de charge actuellement défini.

Cette déclaration, qui peut sembler superfétatoire, n’est toutefois pas anodine. En effet, elle permet de marquer, de manière claire, la confiance des autorités comme des armées russes dans le potentiel opérationnel de ces nouveaux équipements, au point qu’elles restent toutes deux « intransigeantes » dans le respect des calendriers de livraison définis. Il s’agit également d’envoyer un message aux industriels quand à la priorisation des livraisons, sans toutefois les empêcher de prendre des commandes à l’exportation, bien plus rémunératrices que les commandes d’état. Cela permet enfin de rassurer les militaires russes, qui, en effet, attendent selon toute vraisemblance l’entrée en service de ces nouveaux équipements, non seulement pour profiter de leurs potentiels opérationnels étendus, mais pour définir et expérimenter les tactiques et doctrines que ces nouveaux materiels autorisent.

T14 armata manoeuvre 2 Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
Equipé d’une capsule de survie accueillant l’équipage, d’une tourelle automatique, et d’un blindage actif Afghanit, le T14 est incontestablement aujourd’hui le char de combat le plus évolué du moment

Selon divers déclarations plus ou moins officielles publiées ces derniers mois, Moscou aurait en effet reçu plusieurs demandes d’exportation de la part des clients traditionnels de son industrie de Défense, pour ces équipements. Ainsi, le Su-57E (E pour Export), intéresserait l’Algérie, et pourrait également se voir commander par la Chine, voir par la Turquie. En outre, Moscou entend bien tenter de relancer la coopération avec New Delhi pour concevoir le nouvel appareil de combat lourd indien, après l’échec du programme FGFA dont le premier Ministre Narendra Modi s’est retiré en 2017. Le T14 Armata a lui aussi semble-t-il suscité un grand intérêt de la part de certains clients, en premier lieu desquels l’Egypte, même si celle-ci s’est pour l’heure tournée vers une production locale de T-90M, mais également l’Inde, la Chine ainsi que plusieurs partenaires de la region indo-pacifique.

En dépit des menaces de sanctions américaines, les exportations représentent 45% des recettes de l’industrie de défense russe, soit en 2019, 13 Md$ sur un volume global de 30 Md$. En revanche, le prix des équipements diffère grandement entre le marché intérieur et l’exportation. Ainsi, un Su-35 atteint les 60 m$ à l’exportation, alors qu’il ne dépasse pas les 28 m$ pour les forces aériennes russes. En d’autres terme, un équipement exporté finance, à lui seul, la construction d’un équipement à destination des armées russes. Pour y parvenir, car il n’est pas donné à tous les pays de pouvoir rester compétitif en multipliant par deux le prix de ses équipements à l’exportation, Moscou s’appuie sur une main d’oeuvre très qualifiée mais plus faiblement rémunérée vis-à-vis de leurs homologues européens ou américains, ainsi que sur le niveau historiquement bas du rouble, alors que dans le même temps, la Russie a sensiblement réduit sa dépendance aux importations occidentales. Ceci explique, en partie, comment un pays dont le PIB n’excède pas les 1.800 Md$, parvient à financer chaque année la construction de 40 avions de combat, de 300 blindés et de 3 ou 4 unités navales majeures, frégates, corvettes et sous-marins, soit le triple de ce que finance la France avec un PIB 30% plus élevé.

Batterie du systeme S400 mise en oeuvre par les forces russes composee de 2 lanceurs et dun radar Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
Moscou entend bien renouveler, avec le T14 Armata et le Su-57E, le coup de maitre réalisé avec le S-400, en imposant ses systèmes même vis-à-vis d’alliés proches des Etats-Unis

En outre, le T-14 comme le Su-57E disposent, aujourd’hui, d’un avantage concurrentiel majeur sur leurs homologues occidentaux ou asiatiques. En effet, exception faite du F35 réservé aux alliés proches des Etats-Unis, le Su-57 est le seul appareil classé « 5ème génération » à être proposé sur le marché international, d’autant que si l’appareil sera sensiblement moins « furtif » que le Lighting 2, il le surpassera dans de nombreux domaines, qu’il s’agisse de vitesse, de manœuvrabilité, de capacité d’emport ou de rayon d’action. Le T-14, quand à lui, est aujourd’hui incontestablement le char de combat existant le plus évolué, disposant de nombreuses innovations lui conférant une supériorité opérationnelle probable sur ses homologues, même européens. Or, l’industrie russe n’a jamais, ces 30 dernières années, était en situation de proposer des équipements offrant un tel avantage technologique et opérationnel à son utilisateur, et ce quelque soit l’adversaire désigné, hormis dans le domaine des systèmes anti-aériens.

De fait, il est probable que Moscou cherchera, de manière très active, à promouvoir la vente de ces deux fers de lance de l’Industrie de Défense, sans attendre que les contrats d’état soient exécutés, et de prendre de vitesse une éventuelle réponse américaine, européenne et chinoise, en sécurisant une part significative du marché dans ces deux domaines. Les autorités russes firent de même il y a quelques années en proposant le S-400 à l’exportation peu de temps après son entré en service au sein des forces armées du pays, et ce malgré son caractère sensible. Cela permit à Moscou de signer plusieurs contrats majeurs avec la Chine, l’Inde, le Biélorussie, l’Algérie et, de manière plus surprenante, l’Arabie saoudite et surtout la Turquie, pourtant membre de l’OTAN. Nul doute que les autorités russes apprécieraient de renouveler la performance avec le T14 Armata et le Su-57E.

Pékin considère que les Etats-Unis ont franchi la ligne rouge à Taïwan

Les tensions entre Washington et Pékin ont franchi, ces derniers jours, un nouveau seuil critique, si l’on en croit la presse d’état chinoise. En effet, selon des informations publiées par le Think Tank South China Sea Strategic Situation Probing Initiative (SCSPI), basé à Pékin, un avion de reconnaissance EP-3E de l’US Navy aurait en effet décollé d’une base aérienne située sur l’ile de Taiwan, pour ensuite retourner au Japon, sa mission effectuée. Or, le déploiement de moyens militaires, et notamment de moyens militaires lourds, sur l’ile de Taïwan est considéré comme une ligne rouge infranchissable par les autorités chinoises, au point qu’elles ont fait savoir, par l’intermédiaire d’experts militaires interrogés par la presse officielle chinoise, qu’elles considéraient désormais que les Etats-Unis cherchaient sciemment à provoquer une réponse armée de la part de Pékin, constituant de fait un casus belli, et une guerre entre les deux super-puissances.

L’hypothèse d’un affrontement armé entre la Chine et les Etats-Unis devient chaque jour plus proéminente, aussi bien à Washington qu’à Pékin. Citant Song Zhongping, un expert militaire chinois, le site d’état en langue anglaise globaltimes.cn explique que, contrairement à ce qu’ont affirmé les autorités de Taiwan ce lundi, l’APL disposait aujourd’hui des moyens nécessaires pour s’emparer militairement de l’ile, et que la résistance des forces taïwanaises ne représentait pas un obstacle notable pour la puissance militaire chinoise. En outre, désormais, les forces armées chinoises anticiperaient, de manière très sérieuses, la possibilité d’une intervention militaire américaine pour soutenir Taïwan, que ce soit à partir des bases japonaises de l’US Air Force, ou des porte-avions de l’US Navy.

EP 3E Aries break USN Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
L’US Navy dispose encore de 5 avions de reconnaissance électronique EP-3E, qui seront prochainement remplacés par des drones MALE

Dans les deux cas, selon l’expert, les forces américaines s’exposeraient à de « sérieuses déconvenues » et seraient ciblées par les armes balistiques à moyenne portée dont dispose l’APL, comme le missile DF-21D d’une portée de 1.500 km, et le missile DF-26 d’une portée de 4.000 km, tous deux présentés comme hypersoniques (ou supersoniques élevés), et capables de cibler aussi bien des cibles terrestres que des grandes unités navales, comme les porte-avions, les navires d’assaut ou les petroliers-ravitalleurs.

En outre, si un conflit opposant Etats-Unis et Chine Populaire devait éclater, Pékin a déjà annoncé que les alliés des premiers seraient immédiatement ciblés, même s’ils ne participaient pas directement à l’affrontement armé, citant parmi les cibles désignées par l’APL, le Japon, la Corée du Sud et même l’Inde. De fait, Il semble établit désormais que les autorités chinoises se préparent non seulement à affronter les Etats-Unis autour de Taiwan et de la Mer de Chine, mais bien de à soumettre une partie significative du continent asiatique, de sorte à priver Washington de tous ses alliés et ses bases stratégiques en Asie, une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle appliquée par Tokyo entre 1936 et juin 1942, lors de la bataille de Midway.

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Avec deux porte-avions, 25 destroyers et 30 frégates modernes en service, la flotte hauturière chinoise n’est pas encore en mesure d’affronter l’US Navy au delà d’un périmètre couvert par l’aviation chinoise basée à terre. En 2030, il en sera tout autrement.

Reste que, pour l’heure, l’Armée Populaire de Libération n’a pas les moyens suffisants pour soumettre l’Asie autre que par la menace, ce qui explique que les autorités chinoises s’en tiennent à des menaces, et ne cèdent pas aux « provocations américaines ». En effet, sa flotte de haute mer, indispensable pour s’imposer sur ce théâtre, n’a pas encore atteint une masse critique suffisante pour être en mesure de défier l’US Navy et ses alliés japonais et sud-Coréens, ce qui contraindrait Pékin à limiter ses engagements dans le périmètre couvert par ses forces aériennes basées à terre. Mais pour les états à proximité, la menace est belle et bien de plus en plus pressante. En effet, la Corée du Sud reste sous la menace directe de Pyongyang, allié indéfectible de Pékin, l’Inde est menacée aussi bien dans la région du Ladakh par l’APL qu’au Cachemire par le Pakistan, Taiwan est à portée d’une opération aéro-amphibie sous couverture des forces aériennes chinoises, et le Japon est à portée des missiles balistiques et missiles de croisière chinois.

Il ne resterait, alors, aux Etats-Unis que l’Australie, et éventuellement la Nouvelle Calédonie française, comme point d’appui dans le Pacifique occidental, les deux iles étant à la limite de la portée des bombardiers stratégiques de Pékin. A ce titre, comme durant la seconde Guerre Mondiale, le territoire ultra-marin français représenterait une position stratégique idéale pour la Chine, qu’il s’agisse d’isoler l’Australie de son allié américain, ou pour repousser l’US Navy au delà de la ligne de changement de date qui divise l’océan Pacifique. La cible serait d’autant plus tentante que pour défendre l’ile, les armées françaises ne disposent sur place que d’un régiment d’infanterie de Marine, d’une frégate de surveillance aux capacités opérationnelles limitées, et une flotte d’aéronefs restreintes, destinées aux opérations de transport sanitaire et de reconnaissance, et ne disposant d’aucune capacité offensive ou défensive.

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L’Armée de l’Air française veut être en mesure de déployer en 24 heures une vingtaine de chasseurs et leurs appareils de soutien A330 MRTT et Awacs en Nouvelle Calédonie, pour renforcer les capacités défensives de l’ile.

C’est la raison pour laquelle l’Armée de l’Air veut être en mesure, dès 2023, de projeter en 24 heures sur place un escadron de 20 avions de chasse, les appareils de soutien (Awacs, ravitailleurs) et la chaine logistique requise. La Marine, en revanche, n’a pour l’heure aucun plan visant à y déployer, de manière permanente, un ou plusieurs navires disposant de capacités opérationnelles étendues, comme une frégate Aquitaine ou une FDI. En cas de crise, il faudrait en effet plus d’une vingtaine de jour à une frégate quittant Brest, Lorient ou Toulon pour rejoindre Nouméa. Quoi qu’il en soit, et en dépit d’un faux sentiment de sécurité venant de métropole, l’intensification des tensions entre Washington et Pékin touche bel et bien directement la France, son intégrité territoriale, et le million de ressortissants nationaux vivant dans la zone indo-pacifique, dont presque 300.000 en Nouvelle-Calédonie.

L’industrie Défense US s’organise pour étendre la fabrication de prototypes

Le groupement qui rassemble, aux Etats-Unis, les industries de Défense du pays, le National Armaments Consortium, a annoncé, en partenariat avec le Ordnance Technology Consortium du Département de La Défense et l’Army Contracting Command de l’US Army, le lancement d’une initiative destinée à accélérer et étendre la conversion sous forme de prototypes des travaux de recherche en matière de Défense.

Concrètement, le NAC entend jouer le rôle d’organisme centralisateur pour faciliter et accélérer le financement des projets et la conception de prototype, de sorte à alléger aussi bien la charge pour ses membres sollicitant des financements du Departement de La Défense, que pour le DoD lui même, allégeant en grande partie la procédure idoine. Cette initiative répond à l’augmentation rapide du nombre de projets pilotés par ou pour le DoD, qui atteint 650 projets actifs aujourd’hui, et s’enrichi de 150 nouveaux projets chaque année, et qu’avec la réorganisation de La Défense américaine, le NAC anticipe l’émergence d’une vague de 350 nouveaux dossiers et de prés de 1.400 nouveaux livres blancs.

Arquus factory Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
Si l’occident maitrise parfaitement le pilotage de la R&D et des phases industrielles des projets de défense, la conception de prototypes est un maillon faible entrainant une grande déperdition d’énergie et de savoir-faire dans la branche.

La conception de prototypes est, traditionnellement, le maillon faible des bases industrielles et technologiques Défense occidentales, et notamment européennes. Si elles excellent dans les phases amont de recherche et developpement, et dans les phases avales de process industriels, elles voient également une grande partie des initiatives s’évaporer entre les deux, lors de la phase de conception de prototypes, souvent ignorée par les instances de financement. Dans ce domaine, Eric Trappier, PdG de Dassault Aviation et président du GIFAS, le groupement des industriels français de l’aéronautique et du spatial, avait tenté, en marge de la campagne présidentielle de 2017, de faire valoir l’intérêt industriel et opérationnel pour le pays si le ministère de La Défense modifiait ses procédures pour, justement, accroitre le nombre de conversion sous forme de prototypes. Mais le chiffrage financier qui accompagnait ce projet, de l’ordre de 25 Md€/an soit 10 Md€ de plus que les dépenses d’équipement et de R&D du ministère en 2017, condamna son exécution.

Nouveau regain de tension entre la Chine et l’Inde dans l’Himalaya

La situation s’est tendue une nouvelle fois entre les forces chinoises et indiennes dans la région himalayenne du Ladakh, au niveau de la zone de démarcation valant frontière de fait entre les deux pays. Selon un communiqué publié par le ministère indien de La Défense, les forces chinoises auraient entamé, dans la nuit du 19 au 30 aout 2020, de manière unilatérale un déplacement de forces le long de la rive sud du lac Pangong Tso, brisant le statu-quo mis en place suite aux affrontements entre militaires des deux pays en mai dernier. Les forces armées indiennes ont immédiatement pris, elles aussi, position pour renforcer leurs capacités défensives et prévenir toute tentative d’agression de la part de la Chine. Pour l’heure, aucun communiqué n’a été publié par les autorités chinoises à ce sujet.

Le 10 Mai 2020, suite à un déplacement similaire de militaires chinois de l’APL vers la zone de démarcation, un affrontement « non armé » entre soldats des deux pays se solda par la mort d’une vingtaine de militaires indiens, et d’au moins autant de militaires chinois. Suite à cela, les autorités des deux pays annoncèrent un retour au statu-quo établi en 1962 lors de la guerre sino-indienne, le long de la ligne de démarcation faisant aujourd’hui office de frontière entre les deux pays, bien que chacun d’eux ait des revendications territoriales antagonistes. Depuis, et en dépit des annonces de bonne volonté apparente faites de part et d’autre, les deux camps ont sensiblement renforcé leurs moyens militaires déployés dans la région, transformant le plateau himalayen du Ladakh en une des zones les plus densément militarisées au monde.

122mm wheeled howitzer china Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
Pékin a déployé un nouveau système d’artillerie autotracté sur roue de 122mm le long de la ligne de démarcation entre l’Inde et la Chine

Les fortes tensions qui existent aujourd’hui entre Pékin et New Delhi ont plusieurs origines, et plusieurs théâtres. Ainsi, Pékin revendique une grande partie du plateau himalayen du Ladakh comme un territoire historiquement chinois, raison pour laquelle les forces chinoises pénétrèrent en territoire indien en 1962, et ne furent arrêtés que par l’intervention de Moscou en faveur de son allié indien. New Delhi s’inquiète également de l’augmentation de la présence militaire chinoise dans le Golfe du Bengale, et du soutien de plus en plus présent de la Chine auprés du Bangladesh ainsi que de la Thaïlande et du Myanmar. Enfin, Pékin s’est considérablement rapproché, aussi bien militairement qu’économiquement et diplomatiquement, du Pakistan, adversaire de l’Inde depuis l’indépendance, apportant un soutien militaire soutenu et fournissant désormais l’immense majorité des équipements de défense à Islamabad.

Surtout, les autorités chinoises sont conscientes que l’Inde est le seul pays asiatique capable de rivaliser, économiquement et surtout démographiquement, avec elle, constituant de fait, une menace à moyen terme qu’elles jugent dangereuses, voir inacceptables, d’autant que New Delhi montre de plus en plus de signes d’un rapprochement vers l’occident et notamment les Etats-Unis. Dès lors, Pékin souhaite non seulement limiter le developpement économique et militaire de l’Inde, mais veut également de briser le rapprochement indo-américain, en tentant de ramener New Delhi à une posture non alignée. Il est vrais que si, depuis son indépendance, l’Inde faisait traditionnellement l’acquisition de materiels de Défense en partie auprés de la Russie, en partie auprés des Européens, plus spécifiquement du Royaume-Unis et de la France, les Etats-Unis sont devenus, en quelques années, un partenaire stratégique dans les contrats d’armement indiens, s’imposant dans le domaine de la Patrouille Maritime avec le P8 Poseidon, dans le domaine des hélicoptères de combat avec l’Apache AH64, ou encore des obusiers légers avec le M777. Surtout, Washington est désormais fortement implanté dans les compétitions visant à remplacer les avions Mig27 et jaguar indiens, ainsi que pour équiper les porte-avions de sa marine.

P8 de la Marine Indienne Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
P8 Poseidon de la Marine Indienne

Même si aucun accord de Défense ne lie officiellement l’Inde et les Etats-Unis, Pékin a tout même inclus le New Delhi parmi les cibles qui seraient visées par l’APL si un conflit devait éclater entre les Etats-Unis et la Chine. Une situation qui, à ce titre, met désormais Moscou dans une situation des plus inconfortables, l’Inde étant le client le plus important et stratégique de son industrie de Défense, et Pékin étant au coeur de la stratégie eurasiatique du président Poutine. Quoiqu’il en soit, les ambitions territoriales et politiques chinoises apparaissent, de manière évidente, de plus en plus au grand jour, au grand damn des nombreux occidentaux qui faisaient de Pékin le parangon du multilateralisme et un champion de la non agression. Il apparait désormais que Pékin, au même titre que Moscou, Ankara, mais également que Washington, est prêt à recourir à la force militaire lorsque le besoin s’en fait sentir, qu’il soit intérieur comme extérieur. Il est de fait naturel que les trajectoires suivies par ces 4 pays viennent aujourd’hui à se télescoper, créant les tensions et les crises auxquelles nous assistons, aussi bien en Asie qu’en Méditerranée.

En 3 ans, la Chine a produit 3 fois plus de destroyers que les Etats-unis et leurs alliés du théâtre Pacifique

L’industrie navale militaire chinoise a lancé, dimanche 31 aout 2020, simultanément le 8ème destroyer lourd Type 55 et le 25ème destroyer Type 52D, deux des principales unités de surface combattantes de la Marine de l’Armée Populaire de Libération. Au delà du lancement simultané de plus de 20.000 tonnes de destroyer, la production des navires de combat chinois atteint désormais un rythme que le monde n’avait plus connu depuis la seconde guerre mondiale. En effet, depuis le mois de juin 2017, lancement du premier destroyer Type 055 de sa classe, l’industrie navale militaire chinoise a lancé pas moins de 21 destroyers et destroyers lourds, 8 Type 055 et 13 Type 052D, un nombre de navires de ce type qui n’avait jamais été atteint depuis les lancements de 28 croiseurs légers et croiseurs lourds par les chantiers navals américains entre 1943 et 1945.

Longs de 180m pour un deplacement estimé supérieur à 11.000 tonnes, les destroyers lourds Type 055 sont parmi les plus puissantes unités de surface combattantes existantes, mettant en oeuvre pas moins de 112 cellules de lancement verticales pouvant accueillir des missiles anti-aériens à longue portée HHQ-9 et à moyenne portée HHQ-16, ainsi que des missiles anti-navires YJ-18A et des missiles de croisières CJ-10. Il dispose en outre d’un radar AESA à face plane de dernière génération Type 346B, en faisant un navire équivalent aux croiseurs Ticonderoga américains. Le destroyer Type 052D affiche une longueur de 157 m pour 7500 tonnes de jauge. Il dispose de 64 cellules de lancement vertical pouvant accueillir les mêmes missiles que le Type 055, ainsi que d’un radar AESA à face plane Type 346A moins puissant que celui du Type 055. Depuis la 19ème unité, les Type 052D ont vu leur coque allongée afin d’accueillir un nouveau radar de veille aérienne basse fréquence, ainsi que la capacité à mettre en oeuvre le nouvel hélicoptère naval Z-20. En tout état de cause, ni le Type 55, ni le type 052D n’affichent de défaut rédhibitoire ou de capacités inférieures à leurs homologues occidentaux.

Type 052DL Zibo Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
Les destroyers Type 052D disposent d’une coque allongée à partir de la 19ème unité, permettant notamment de recevoir un nouveau radar et d’accueillir l’hélicoptère naval Z-20.

Dans le même temps, les chantiers navales américains n’auront, eux, lancé que 5 destroyers Arleigh Burke, alors que parmi les alliés du Théâtre pacifique des Etats-Unis, seul le Japon a lancé deux nouveaux destroyers, en l’occurence les deux destroyers Aegis de la classe Maya. A ce rythme, en tenant compte du retrait des destroyers obsolètes de la marine chinoise, de l’existant et de la production des industries américaines, japonaises, sud-coréennes et australiennes, et du retrait ou la prorogation des unités existantes, l’APL aura rattrapé, sur le plan quantitatif, la force navale de haute mer alliée d’ici 2030. A cette date, si 70% des 90 destroyers chinois auront moins de 10 ans, seules 30 % des unités alliés auront moins de 15 ans, alors que 40% d’entre elles auront plus de 25 ans. En outre, Pékin n’a que peu d’intérêts à déployer ses forces en Atlantique ou en Méditerranée, alors que les Etats-Unis y sont contraints, sauf à laisser l’Europe faire face, seule, à la pression de la marine russe sur ce théâtre, marine russe qui, rappelons le, dispose également d’une flotte Pacifique basée à Vladivostok.

Toutefois, il est possible que Pékin ne maintienne pas le rythme actuel dans les années à venir. En effet, l’augmentation des capacités de production de destroyers était en partie liée à la fin de la construction des 30 frégates type 054A qui arment désormais la Marine chinoise. Or, il est annoncé que prochainement sera lancé la production d’une nouvelle classe de frégate, identifiée Type 054B, un modèle considérablement amélioré vis-à-vis des modèles A, disposant entre autre d’une propulsion intégrée électrique, et d’un armement renforcé. Mais même avec le transfert d’une partie des capacités de production vers les frégates type 054B, le rythme de production de l’industrie navale chinoise restera très élevé, selon toute probabilité. Il serait en effet très surprenant que Pékin renonce à employer son outil productif dimensionné à grand frais pour permettre à la Chine de prendre l’ascendant sur les mers vis-à-vis des Etats-unis et de leurs alliés.

Type 54B possible maquette Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
La construction de frégates Type 054B devrait être lancée prochainement, ce qui pourrait diminuer la production de destroyers Type 052D et Type 055

Dès lors, il est probable que le format recherché par Pékin en matière de destroyers et croiseurs équivaut au format que représentera l’US Navy, les forces navales japonaises d’auto-défense, la Marine sud-coréenne ainsi que la Royal Australian Navy, à l’horizon 2035, soit une centaine de navires. Selon toute vraisemblance, c’est à cette échéance que Pékin envisage de prendre l’avantage numérique absolu sur le théâtre pacifique, aussi bien dans le domaine des unités de surface combattantes que des sous-marins, des navires d’assaut et des aéronefs. La seule catégorie au sujet de laquelle le doute persiste reste celle des porte-aéronefs, étant peu probable que Pékin parvienne à mettre en service, d’ici 2035, un nombre équivalent à celui de l’US Navy et de ses alliés de navires de ce type, d’autant que le Japon et la Corée du Sud ont annoncé des programmes de porte-aéronefs ces derniers mois.

Reste que l’effort de production de Pékin est inédit depuis la seconde guerre mondiale, et n’a été dépassé dans l’histoire que par l’économie de guerre américaine. Même l’Union Soviétique, à l’époque de l’amiral Gorshov, ne déploya pas un tel effort pour tenter de rattraper l’US Navy et les marines européennes, en pleine guerre froide. Il est vrais que, contrairement aux Etats-Unis, la Chine dépend beaucoup du transit maritime pour son approvisionnement en Matière Première, et notamment en hydrocarbures, indispensables pour soutenir la croissance économique du pays. Mais les moyens apparaissent, incontestablement, disproportionnés vis-à-vis des seuls besoins de sécurisation des lignes maritimes et des approvisionnements du pays. Tout comme il sont disproportionnés pour « faire jeu égal » avec la puissance militaire américaine d’ici 2049, comme l’avait annoncé le président Xi Jinping.

Type 055 croiseur Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
Les caractéristiques affichées par le Type 055 permettrait de la classer dans la catégorie des croiseurs et non des destroyers. Mais le terme « croiseur » n’existe pas dans la nomenclature chinoise.

En tout état de cause, la Chine construit, à marche forcée, un outil militaire capable de s’imposer dans le Pacifique et l’Océan Indien, d’ici 2030 ou, au plus tard, 2035, dans un effort qui s’apparente bien davantage au réarmement de l’Allemagne à partir de 1936, qu’à celui d’un pays cherchant la parité militaire sur le long terme avec les Etats-Unis. Dans l’histoire chinoise, la constitution rapide d’une grande armée a toujours été le prélude à des guerres d’invasion, celles là même qui façonnèrent l’état chinois que nous connaissons aujourd’hui. Et si les Etats-Unis et leurs alliés sont l’adversaire désigné, d’autres pays concurrents, comme l’Inde du point de vue démographique, le Vietnam du point de vue idéologique, ou encore la Russie qui détient terres et matières premières en abondance, pourraient également être visés par les ambitions chinoises dans les prochaines années.

La France pourrait céder 18 Rafale dont 8 d’occasion à la Grèce

Nous le savons, la presse grecque n’est pas avare de déclarations spectaculaires, qui parfois manquent de matérialité. Mais l’information publiée ce jour par le site pagenews.gr, si elle est tout aussi spectaculaire, a le mérite d’être en cohérence avec les évolutions géostratégiques en cours en Méditerranée orientale. Selon le site, le président français Emmanuel Macron et le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, auraient trouvé un accord pour que la France fournisse à Athènes 10 Rafale neufs dans le dernier standard F3R, ainsi que 8 Rafale d’un standard plus ancien (non spécifié, probablement F2 ou F3), ces derniers appareils étant prélevés sur les appareils actuellement en service dans les forces aériennes françaises pour être donnés, et non vendus, à la Grèce.

L’objectif de cette décision serait évidemment de fournir aux forces aériennes grecques une première capacité sur des délais courts basée sur le Rafale, capables notamment de mettre en oeuvre des armes stand-off comme le missile de croisière Scalp EG, tout en disposant d’un important rayon d’action, et d’une électronique très modernes, y compris le système d’auto protection SPECTRA. Il s’agirait également de marquer sans le moindre doute les positions de la France aux cotés de la Grèce dans la crise en cours en Méditerranée orientale, face à la Turquie. En outre, cela donnerait une excellente raison à Paris pour déployer en Grèce un nombre plus important d’avions Rafale et de moyens logistiques, et de mener des vols nombreux et répéter au dessus de la Mer Egée, puisqu’il s’agira de former les équipages grecs.

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Le Rafale dispose d’une vaste panoplie d’armements Air-Sol et Air-Surface, et notamment de plusieurs systèmes d’armes Stand-off pour engager des cibles à distance de sécurité, adaptés à l’élimination de systèmes sol-air de déni d’accès

D’un point de vu économique, la décision aurait également beaucoup de sens. En effet, Les recettes budgétaires pour la France émanant de la commande de 10 appareils neufs permettront à Paris de financer le remplacement des 8 appareils prélevés sur le stock des forces aériennes françaises, d’autant que les appareils auraient du être modernisés prochainement, ce qui aurait entrainé une indisponibilité et un surcout sensible. En tout état de cause, si le Ministère des Armées augmente effectivement la commande en cours sur la LPM de 8 appareils, l’empreinte budgétaire mais également opérationnelle de l’opération serait plus que réduite, pour ne pas dire nulle.

Rappelons également que le prochain standard F4 sera divisé en 2 sous-standards, à savoir le standard F4.1 destiné aux appareils construits antérieurement, et le standard F4.2 destinés aux appareils construits postérieurement au standard, appareils qui seront susceptibles d’évoluer vers les standards « SCAF » à venir F5 et F6. De fait, placer des appareils d’occasions pour les remplacer par des appareils neufs au nouveau standard peut s’avérer une opération bénéfique pour les forces aériennes françaises, tout comme pour l’industrie aéronautique nationale, qui augmente la base d’appareils installés à maintenir en condition de vol et à faire évoluer.

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La présidentialisation des relations militaires franco-grecques pourraient sortir de l’ornière les négociations autour du programme FDI

Au delà du contrat Rafale, le geste de la France en faveur d’Athènes pourrait bien redonner des couleurs au programme portant sur l’acquisition de 2 frégates FDI, aujourd’hui dans l’impasse. Il est en effet probable que le président Macron, s’il s’est emparé du dossier Rafale, pourrait faire de même avec ce programme, stratégique aussi bien pour la Grèce que pour la Marine Nationale, qui pourrait recevoir des navires bien mieux armés s’il venait à être exécuté. Il suffirait, pour sortir de l’impasse, d’appliquer la même grille d’analyse économique employée ici pour proposer une offre bien plus en adéquation avec les capacités budgétaires d’Athènes, en déduisant de l’enveloppe une partie des recettes de l’Etat liées à l’exécution du contrat.

Si l’information était confirmée par Paris, cela indiquerait surtout un changement de paradigme profond de la France, aussi bien dans le domaine de sa posture politique sur sa scène internationale, que dans le domaine du soutien étatique aux exportations d’équipements de Défense, en se positionnant sur un pied d’égalité avec les Etats-Unis, la Russie ou la Chine dans ce domaine. C’est enfin une profonde marque d’indépendance de Paris vis-à-vis de Berlin, qui reste très hostile aux démarches du président Macron pour soutenir Athènes et Nicosie face aux coups de boutoir du président Erdogan, mais également vis-à-vis de l’OTAN, affectée d’une atonie extraordinaire depuis quelques semaines. Il s’agirait, dès lors, d’un retour marqué et assumé vers une posture extrêmement Gaulliste de la France dans le domaine de la politique extérieure.

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Le premier Ministre grec Kyriakos Mitsotakis et le président Emmanuel Macron avancent de concert dans cette crise depuis plusieurs mois

Reste à voir, désormais, et au delà de la confirmation éventuelle de l’information, les réactions des différents acteurs de cette crise. S’il est clair que la Turquie restera probablement sur ses postures alliants menaces et invectives, les réactions des capitales et des instances européennes, notamment de Berlin, risquent en effet d’être moins policées qu’à l’accoutumée. Quand à Washington, il semble de plus en plus clair que le sujet n’intéresse pas l’administration en place, pas davantage que l’opposition démocrate qui ne s’est guère davantage emparée du sujet. Selon toute vraisemblance, dans ce dossier, les Etats-Unis vont s’en remettre à leur sacro-sainte posture de neutralité et d’embargo réciproque en cas de conflit entre deux pays alliés.

Pékin déploie des systèmes anti-aériens face à l’Inde à Doklam

Alors qu’officiellement, Pékin et New Delhi sont toujours engagés dans un processus de normalisation et de désengagement le long de la ligne de démarcation valant frontière entre les deux pays dans la région du Ladakh, les deux camps multiplient les initiatives pour renforcer leurs positions défensives respectives. Ainsi, de récents clichés satellites publiés sur Twitter par le spécialiste défense defestra, montrent que l’Armée Populaire de Libération aurait entrepris la construction d’infrastructures destinées à accueillir des systèmes anti-aériens à proximité de Doklam, à la jonction entre l’Inde, la Chine et le Bhoutan, zone qui avait été l’objet de tensions entre les deux pays alors que la Chine construisait une route jugée stratégique par l’Inde, traversant le Bhoutan neutre.

Selon les clichés publiés, les infrastructures sont dimensionnées pour accueillir des systèmes anti-aériens lourds de déni d’accès. L’Armée Populaire de Libération met en oeuvre 4 systèmes de ce type, les systèmes S-300 et S-400 acquis auprés de Moscou, le système HQ-16 dérivé du système Buk russe, et le système HQ-9, donné pour être équivalent aux S300/400. A l’instar des systèmes russes, les systèmes chinois sont employés dans une défense multicouche, associant des systèmes à longue portée HQ-9, des systèmes à moyenne portée HQ-16, et des systèmes à courte portée HQ-17 (dérivé du TOR M1 russe) ou HQ-7 (dérivé du Crotale français), de sorte à palier l’ensemble des scénarios d’attaque aérienne.

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Le HQ-17 chinois est dérivé su système TOR M1 russe.

New Delhi avait également déployé des capacités de défense anti-aérienne limitées dans la zone suite à l’affrontement meurtrier qui a eu lieu entre les forces indiennes et chinoises à Doklam en juin 2020. Mais il s’est agi de systèmes mobiles légers Spyder (Israel) et OSA (SA-8 Gecko), ainsi que de systèmes Akash, un système anti-aérien à moyenne portée de fabrication locale qui remplace progressivement les SA-6 Gainful indiens. Bien qu’en pleine modernisation, la défense anti-aérienne et anti-missile indienne reste aujourd’hui très en deçà des capacités chinoises, dont la transition générationelle vers des systèmes modernes a été opérée 10 années plus tôt qu’en Inde. Raison pour laquelle, malgré les importants investissements pour se doter de systèmes modernes de facture locale comme les systèmes Barak-8 et QR-SAM, New Delhi a dû commander en 2018, 5 régiments de systèmes S400 auprés de Moscou, en dépit du fait que Pékin avait fait de même 3 ans auparavant.

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Entré en service à la fin des années 2010, le système à moyenne portée indien Akash remplace les SA-6 Gainful en service dans l’armée indienne

Quoiqu’il en soit, le déploiement d’infrastructures destinées à accueillir des systèmes anti-aériens de Déni d’accès montre bien que Pékin n’a nullement renoncé à ses ambitions dans l’Himalaya, et que les tensions qui se répètent dans la zone ces dernières années n’ont donc rien de conjoncturelles ou d’incidents isolés. D’ailleurs, l’APL se dote aujourd’hui d’une puissante capacité mécanisée apte à intervenir en milieu montagneux, qu’il s’agisse des chars légers des canons automoteurs sur roues. Comme c’est déjà le cas pour faire face à la puissance aéronavale américaine, Pékin n’hésite pas à developper des équipements spécialisés pour prendre l’avantage sur un adversaire donné, en l’occurence l’Inde dans les montagnes himalayennes. Il est donc très probable que le plateau du Ladakh feront encore, dans un futur proche, l’actualité sur la scène internationale.

Les Etats-Unis vont-ils pousser Pékin à la faute en Mer de Chine ?

Si vous lisez régulièrement Meta-Defense, vous savez à quel point les tensions entre Washington et Pékin sont critiques, notamment autour de Taïwan et de la Mer de Chine. Si la Chine multiplie les opérations militaires autour de l’ile de Taïwan, la menace d’un recours à une intervention militaire pour ramener la province dans le giron de la République Populaire de Chine étant de plus en plus souvent brandie, ce sont les Etats-Unis qui, selon les autorités chinoises, intensifient leurs provocations en Mer de Chine en faisant naviguer de manière très régulière des navires de l’US Navy à proximité des iles unilatéralement intégrées au territoire chinois. AU point que l’on peut se demander si Washington ne chercherait pas, aujourd’hui, à engendrer une riposte chinoise créant un casus belli entre les deux super-puissances militaires et économiques.

Ainsi, le 27 aout, le destroyer américain USS Mustin s’est approché des iles Xisha, dans les Paracel, sur lesquelles l’Armée Populaire de Libération a construit une base aéronavale, le navires de l’US Navy se réclamant du droit international de la mer, Washington n’ayant pas reconnu l’annexion de fait de la Mer de Chine par Pékin, au détriment de ses nombreux voisins. L’Armée Populaire de Libération a alors dépêché des moyens navals et aériens pour amener le destroyer à changer de cap, sans succès. Quelques jours plus tôt, le groupe aéronaval du porte-avions nucléaire USS Ronald Regan effectuait pour sa part des manoeuvres navales et aéronavales dans le sud de la Mer de Chine, ce à quoi Pékin répliqua le lendemain par un tir de 4 missiles balistiques anti-navires DF-21D et DF-26 qui, afin de démontrer que les navires américains étaient bien dans le rayon d’action de ces missiles.

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La Chine a procédé au tir de plusieurs missiles balistiques DF-26 et DF-21D en Mer de Chine suite aux exercices du groupe aéronaval de l’USS Ronald Reagan dans la zone

Les moyens aériens de l’US Air Force et de l’US Navy sont également mis à contribution, des appareils de renseignement électroniques et de patrouille maritime évoluant très régulièrement à proximité des iles militarisées chinoises comme des exercices navals de Pékin. Mardi 25 aout, un avion espion U-2 aurait franchit les limites de la No-Fly Zone imposée par Pékin lors d’exercices à tir réel de missiles anti-navires, ajoutant à la tension déjà extrême dans la région, alors que des bombardiers stratégiques furtifs B-2 auraient été redéployés sur l’ile de Guam. Par la voix du porte-parole du ministère de La Défense chinois, Wu Qian, Pékin a une nouvelle fois haussé le ton, de manière très explicite cette fois, faisant porter sur Washington la responsabilité d’un futur éventuel « accident » si les Etats-Unis persistaient dans cette stratégie.

Et, le fait est, un gouvernement autoritaire comme le gouvernement chinois, ne peut longtemps accepter les provocations étrangères sans réagir, au risque de perdre en crédibilité aussi bien sur la scène internationale que nationale. Un paramètre que le Pentagone connait parfaitement, tant il en a usé par le passé, en provoquant par exemple les réactions du Colonel Kadhafi dans le Golfe de Syrte, ce qui couta par deux fois deux avions Su-22 aux forces aériennes libyennes. Toutefois, provoquer le régime libyen était une chose, provoquer Pékin en est une autre. On peut donc s’interroger sur les objectifs réellement recherchés par les Etats-Unis dans ce bras de fer qui s’approche dangereusement du cadre conflictuel ?

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Le 19 Aout 1981, deux F14 Tomcat du VF-41 du porte-avions USS Nimitz abattirent 2 Su-22 libyens au dessus du Golfe de Syrte. En 1989, un engagement similaire eu lieu au même endroit, avec le même bilan.

La réponse est peut-être a trouver dans les simulations qu’ont mené l’US Marines Corps et l’US Navy ces derniers jours pour évaluer les conséquences d’une confrontation sino-américaine aujourd’hui, et dans le futur. En effet, selon les déclarations faites à ce sujet par le major général Tracy King du Marines Corps, et par le contre-amiral Paul Schlise de l’US Navy, la Chine sera prochainement en capacité de mobiliser, ponctuellement, des forces navales et aériennes égales voir supérieures aux forces alliées, offrant une grande souplesse d’opération à Pékin pour mener ses opérations en cas de conflit. En revanche, aujourd’hui, les capacités militaires chinoises reposent encore avant tout autour des capacités de déni d’accès mises en place notamment en Mer de Chine et le long des côtes chinoises. Or, ces moyens sont simultanément complexes à maintenir et opérer, et très onéreux. Surtout, ils sont statiques, ce qui, selon les officiers généraux américains, offrirait des alternatives opérationnelles pour les contourner, ou les éliminer.

En revanche, l’avantage actuel des Etats-Unis et de leurs alliés n’est que transitoire, eu égard à la vitesse à laquelle les chantiers navals chinois et les usines aéronautiques du pays produisent de nouvelles unités, souvent très performantes, comme les destroyers Type 052D et les destroyers lourds Type 055. En outre, alors que la Marine Chinoise ne dispose, aujourd’hui encore, que de moyens de projection de puissance limités, avec seulement 6 navires d’assaut LPD Type 071 et deux porte-avions Type 001/A en service, le rapport de force aura beaucoup évolué d’ici une décennie, avec l’arrivée des nouveaux porte-hélicoptères d’assaut Type 075, équivalent chinois des LHA de la classe America, et surtout des nouveaux porte-avions Type 003, dotés de catapultes et jaugeant plus de 80.000 tonnes. Dans le même temps, l’US Navy ne parvient pas à définir une stratégie viable pour augmenter le nombre de navires de surface à 355 unités comme l’exigeait le Président Trump, alors que celle-ci peine aujourd’hui à maintenir une force au dessus de la barre des 290 unités.

Type 055 Nanchang Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
Le destroyer lourd Type 055 Nanchang, première unité de sa classe éponyme, est aujourd’hui une des plus puissantes unités navales de surface sillonnant les océans, parfaitement à niveau vis-à-vis des destroyers Arleigh Burke de l’US Navy.

Il est dès lors possible que Washington, jugeant l’hypothèse d’un conflit avec Pékin très probable, ait fait le choix de provoquer la confrontation afin de profiter de l’avantage qui est encore le sien, d’autant que, dans le même temps, ses alliés japonais, sud-coréens et australiens, lui fournissent un avantage numérique non négligeable sur la flotte chinoise. Une stratégie qui ne serait probablement pas pour déplaire au président Trump qui, à la traine dans les sondages d’intention de vote pour les élections présidentielles de novembre, pourrait être tenté par l’Union Nationale dont ont toujours fait preuve les Etats-Unis en cas de conflit. Dans une telle hypothèse, il est évident que Washington ne chercherait pas à entamer les hostilité, l’Amérique comme l’occident dans son ensemble, se rassemblant bien plus efficacement en cas d’agression subie. Rappelons que ce sont dans des circonstances similaires que l’administration Johnson entra dans le conflit vietnamien après l’incident du Golfe du Tonkin en 1964.

Reste que Pékin n’est ni Tripoli, ni Hanoï, et qu’un conflit entre les Etats-Unis et la Chine aurait des conséquences d’une intensité oubliée depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Pourtant, les deux protagonistes américains et chinois semblent aujourd’hui déterminés à s’enfermer dans une dynamique de conflit n’offrant que très peu d’alternatives. Qu’il s’agisse du Président XI Jinping qui refuse obstinément de relâcher la pression militaire sur Taïwan pour forcer l’unification territoriale chinoise, et qui refuse tout compromis concernant la Mer de Chine, et le Président Trump qui a fait du choc avec Pékin un de ses principaux thèmes de campagne, ajoutant que le candidat Démocrate Joe Biden allait « livrer les Etats-Unis à Pékin », aucun des deux dirigeants ne semble prêt à faire marche arrière pour éviter la confrontation.

donald trump xi jinping china trade war Actualités Défense | Alliances militaires | Aviation de chasse
La question reste posée : les présidents chinois et américains auront-ils la sagesse nécessaire pour éviter qu’un conflit ne dégénère entre les Etats-Unis et la Chine ?

Jusqu’ici, les craintes de voir un conflit entre grandes puissances nucléaires dégénérer avaient toujours fini par amener les protagonistes à faire marche arrière, fussent-ils très déterminés, comme Nikita Kroutchev et JF Kennedy en 1962, ou Ronald Reagan et Mickael Gorbatchev en 1986 (une fois que ce dernier ait remplacé Youri Andropov inflexible sur le sujet des euromissiles). On ne peut qu’espérer que si la situation venait effectivement à se détériorer, le président Xi Jinping et son homologue américain, qu’il s’agisse de Donald Trump ou de Joe Biden, seront faire preuve de la même clairvoyance de dernière minute.

Saab présente ses atours pour soutenir sa campagne médiatique en Finlande

Le constructeur aéronautique Saab n’a visiblement pas hésité à mettre les moyens pour soutenir sa campagne de communication autour de la participation de son Gripen E/F accompagné du GlobalEye dans la compétition organisée par Helsinki pour remplacer les F18 finlandais. En effet, le groupe suédois a dépêché un JAS 39 Gripen ainsi qu’un avion de veille aérienne GlobalEye au salon aéronautique de Kauhava qui se déroule ce week-end prés de la ville de Vaasa, sur les bords du golfe de Botnie.

La compétition HX finlandaise est effectivement une des dernières dans laquelle le constructeur suédois peut espérer placer son nouvel appareil, acquis à ce jour par la Flygvapnet, l’Armée de l’Air Suédoise, et l’Armée de l’Air brésilienne. L’avion a en effet été éliminé de la compétition Suisse, alors que ses chances en Indonésie comme en Inde sont jugées, de façon générale, très faibles face aux autres compétiteurs. En revanche, en Finlande, le JAS 39 jouit d’une excellente image, notamment dans la presse l’opinion publique, faute d’avoir complètement convaincu lors des tests effectués par l’Armée de l’Air finlandaise.

Il faut dire que contrairement aux européens, et notamment à la France, la Suède ne néglige pas le poids de l’opinion publique dans les processus d’acquisition d’équipements de Défense, et multiplie les actions de séduction concernant ses produits, mais également de dénigrement concernant les équipements concurrents. L’agressivité de la communication suédoise a, à plusieurs reprises, été mise en cause, notamment en Australie dans le cadre du programme SEA1000 remporté par Naval Group, au dépend du Suédois Kockum. Les soupçons concernant la campagne de désinformation autour du contrat Rafale indien ont également mis en cause Stockholm, sans que la participation de la Suède n’ai put être mise en évidence.