dimanche, décembre 7, 2025
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La Russie prévoit l’exportation de 13 Md$ d’équipements de Défense en 2020

A l’occasion du salon Army 2020, qui se tient présentement à proximité de Moscou, le CEO de la société Rosoboronexport en charge des contrats d’exportation d’armement russes, Alexander Mikheyev, a annoncé qu’il s’attendait à un volume de livraison à l’exportation de 13 Md$ en 2020, en dépit de la crise sanitaire du Covid19. En outre, le carnet de commande global des exportations de défense russes serait stable à hauteur de 50 Md$, confortant Moscou au second rang des pays exportant des équipements de Défense après les Etats-Unis.

T90MS Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Le char T90M a été un des produits phares des exportations russes en 2020

Ce volume est conforme avec les prévisions annoncées en 2019 pour l’année 2020, bien avant la crise Covid19. En 2019, les exportations russes d’équipements de Défense plafonnèrent à 13,5 Md$, un volume jugé très satisfaisant par Moscou malgré la mise en oeuvre des sanctions américaines liées à la législation CAATSA. Mais en dépit des menaces américaines, plusieurs pays, comme l’Inde (S400, T90M, Su30MKI, Mig 29) et l’Egypte (Su35, T90) ont accepté de défier Washington dans ce domaine ; à juste titre puisque, dans le cas de New Delhi, les Etats-Unis n’ont mis en oeuvre aucune sanction par crainte de perdre les juteux marchés indiens.

Dans le même temps, le rouble s’est déprécié sur les 12 derniers mois de 10% contre le dollar, et de 15% contre l’Euro, compensant très largement l’inflation de 4,5% prévue en 2020 par Moscou. En tenant compte des exportations et des commandes domestiques, le complexe militaro-industriel Russie produit chaque année pour 35 à 40 Md$ d’équipements et de service, faisant jeu égal avec la Chine, mais loin derrière les 300 Md$ américains.

L’Iran négocierait l’acquisition de systèmes anti-aériens S400, Tor M2 et Pantsir S2 auprés de la Russie

La politique étrangère de Donald Trump se retourne-t-elle contre lui ? C’est ce que l’on peut penser alors que la proposition américaine de prolonger l’embargo sur la vente d’armes à l’Iran a été rejeté par l’immense majorité du conseil de sécurité des nations unis la semaine dernière, y compris par les alliés français et britanniques. Rappelons que cet embargo était lié à la poursuite du programme nucléaire militaire de Téhéran, ainsi qu’aux accords de Vienne, dont les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 sur décision du président Trump. De fait, l’Iran sera en mesure d’acquérir des systèmes d’armes à partir du 18 octobre de cette année, sauf revirement exceptionnel et peu probable, lié à l’utilisation de la procédure « snapback » par Washington, une forme de droit de véto inversé, interdisant de sortir d’une décision.

TOR M2 Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Outre les S400 et les Pantsir S2, Téhéran s’intéresse également au système anti-aérien à courte portée Tor M2, qui s’est montré très efficace, selon Moscou, en Syrie dans La Défense de la base aérienne de Hmeimim

Quoiqu’il en soit, Téhéran semble déterminé à rapidement renforcer sa défense anti-aérienne, puisqu’à l’occasion du salon Army 2020 qui se tient en ce moment à coté de Moscou, un officiel de la société d’exportation russe Rosoboronexport aurait indiqué que le pays était en négociation avec Moscou pour acquérir 4 batteries S-400 ainsi qu’une quarantaine de systèmes Tor M2 et Pantsir S2 de défense aérienne à courte portée. En outre, si les autorités iraniennes négocient effectivement l’acquisition de systèmes aussi sensibles que le S400 avec Moscou, il est plus que probable que d’autres systèmes tout aussi sensibles, comme des chasseurs Su30SM ou Su35s, voir des chars T90M, pourraient suivre, les armées iraniennes ayant un cruel besoin de moderniser leurs équipements.

Su30SM decollage Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Téhéran a, à plusieurs reprises, fait part de son intérêt pour le Su30SM russe afin de remplacer ses F4 Phantom II.

Il est également probable que si Téhéran négocie effectivement avec Moscou l’acquisition de nouveaux systèmes d’armes modernes, il en soit de même auprés de Pékin, qui est également en mesure de proposer des systèmes militaires à fort potentiel, comme les corvettes Type 056, les frégates Type 054, les sous-marins Type 039 ou encore les avions de combat J10. La Chine s’est, en effet, toujours tenue aux cotés de l’Iran, notamment durant les périodes d’embargo, tant sur le volet économique, Pékin étant particulièrement intéressé par les ressources naturelles de Téhéran, que du point de vu militaire. Ainsi, en 2017, les deux pays participèrent à un exercice militaire conjoint avec la Russie en mer d’Oman et dans l’Océan Indien. En outre, plusieurs avancées technologiques iraniennes récentes, dans le domaine des missiles balistiques ou des radars, sont très probablement liées à des transferts de technologiques en provenance de Chine et de Russie.

Type 054A fregate Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Les frégates Type 054A chinoises représentent, sans le moindre doute, une acquisition de choix pour la marine iranienne

Or, si l’Iran venait effectivement à acquérir ces systèmes modernes, le pays pourrait alors s’appuyer son poids démographique, 82 millions d’habitants avec un âge médian à peine au dessus de 30 ans, pour prendre une position largement dominante au Moyen-orient, d’autant que Téhéran a lié des alliances fortes avec l’Irak (40 millions d’habitants) et la Syrie (17 millions d’habitants). On comprend, dans ces conditions, ce qui amena les autorités des Emirats Arabes Unis à normaliser leurs relations avec Israël, avec, à la clé, l’accord du premier ministre israélien (sans en référer à son état-major) pour que les Etats-Unis puissent céder à Abu Dabi des avions F35 et des drones à long rayon d’action, comme le Global Hawk. Une chose est certaine, si l’annonce relayée aujourd’hui par le site defenseworld.net s’avérait confirmée, il faudra s’attendre à une augmentation sensible et rapide des programmes d’acquisition d’armement au Moyen-Orient.

La Turquie humilie l’OTAN et D. Trump en commandant un second régiment de S-400 russes

En mars de cette année, l’OTAN, par la voix de son secretaire général Jens Stoltenberg, appelait les européens à plus de « flexibilités » vis-à-vis de la Turquie, suivant en cela James Jeffrey, haut représentant des Etats-Unis pour la Syrie, qui demandait aux européens de venir soutenir Ankara dans son opération dans le nord de Syrie en déployant des batteries de missiles Patriot pour protéger le territoire turc. Peu de temps avant, le président Trump avait fait montre d’une entente appuyée avec son homologue turc, R.T Erdogan, à l’occasion du sommet de l’OTAN de Londres en décembre 2019. Difficile, dans ces conditions, d’imaginer l’humiliation infligée par le président turc aux deux hommes, alors qu’Ankara vient d’officialiser une commande pour un second régiment de systèmes anti-aériens S-400 acquis auprés de Moscou à l’occasion du salon Army-2020.

Car si le président Trump avait exclut Ankara du programme F-35 à l’été 2019 lors des premières livraisons de S-400 à la Turquie, ce dernier avait toutefois fait le parie d’un retour rapide du pays dans le rang, notamment en proposant de nombreuses portes de sortie au président Erdogan, comme la vente de systèmes Patriot et divers options, plus ou moins réalistes, concernant les S400 réceptionnés. En outre, le président américain n’a déclenché aucune des mesures à sa disposition pour sanctionner économiquement Ankara de cette acquisition, faisant, à ce titre, perdre beaucoup de crédit et d’efficacité à la législation CAATSA, au grand damn du Congrès américain, beaucoup plus enclins à des mesures de rétorsions sévères.

erdogan trump Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Rencontre officielle à Washington entre le président Erdogan et le président Trump le 13 novembre 2019. (AP Photo/ Evan Vucci)

Si la menace d’une seconde commande de S-400 était régulièrement agitée par R.T Erdogan dès lors que les discussions et les concessions de l’OTAN ou des Européens n’allaient pas dans le sens qu’il souhaitait, cette annonce prend incontestablement par surprise les chancelleries, tout comme l’Alliance Atlantique elle-même, et arrive probablement au pire moment, entamant encore davantage le bilan international d’un Président Américain en difficulté dans les sondages pour les élections de novembre, et affaiblissant le poids politique de l’OTAN notamment en Europe, du fait des reculades systématiques de l’alliance face aux exigences et provocations de « l’allié turc ».

Reste à s’interroger sur les motivations profondes ayant amené le président Erdogan à prendre cette décision. Et si les hypothèses ne manquent pas, aucune d’elle n’est rassurante. En effet, que ce soit pour renforcer ses capacités aériennes face à un éventuel adversaire « non russe », puisque l’on imagine bien que les appareils russes sont en mesures de brouiller et d’éviter leurs propres systèmes, qu’il s’agisse de se rapprocher encore de Moscou comme alternative aux Etats-Unis et à l’OTAN, ou qu’il s’agisse de faire imploser l’OTAN, celle-ci n’ayant pas, dans ses statuts, la possibilité d’exclure un membre, aucune d’elle n’est favorable à l’occident, et en particulier à l’Europe.

S400 Turquie livraison 1 Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
L’arrivée des premiers systèmes S400 en Turquie avait provoqué l’exclusion du pays du programme F35, mais aucune autre sanction n’a été prise depuis par Washington.

Dans ces conditions, et nonobstant la réaction américaine à venir, il apparait que les positions prônées par l’Allemagne et A. Merkel pour une attitude « mesurée » vis-à-vis d’Ankara ont de très faibles chances de porter leurs fruits. Si le président turc est prêt à subir l’ire d’un président américain humilié, il n’a probablement que faire des gros yeux de la chancelière allemande. En revanche, la posture choisie par le président français, pourtant largement décriée notamment par l’Allemagne ces derniers jours, semble s’avérer incontestablement non seulement la meilleure face aux revendications croissantes du président turc, mais également la seule à pouvoir, potentiellement, s’avérer efficace. Il faut dire que la France a gardé en mémoire les conséquences d’avoir cédé aux coups de boutoir d’une politique expansionniste agressive, comme à la fin des années 30.

Il faudra attendre, désormais, les réactions de chacun des acteurs de cet épisode, et notamment la réponse qu’apportera par Washington. Il ne serait pas étonnant que, si le bureau oval venait à prendre rapidement les mesures adéquates contre Ankara, d’autres annonces interviendraient à l’occasion du salon russe Army 2020, comme l’acquisition de chasseurs russes pour remplacer les F4 encore en service dans les forces aériennes turques, mais aussi de systèmes plus offensifs, comme des missiles de croisières, des missiles balistiques, et, pourquoi pas, des systèmes hypersoniques, ainsi que l’implication plus profonde de l’industrie aéronautique russe dans le programme T-FX. Il est vrais, ceci dit, que les relations entre Moscou et Ankara ressemble de plus en plus à celle entre Berlin et Moscou dans les années 30 ….

La Grèce serait en discussion avec Londres pour des frégates Type 23 de la Royal Navy

La Marine hellénique souffre d’un manque cruel de frégates et de corvettes lourdes pour être en mesure de faire face à la montée en puissance planifiée de la Marine Turque, sur un théâtre aussi complexe que la Mer Egée. C’est la raison pour laquelle, en dépit de ses capacités budgétaires limitées, Athènes cherche, depuis plusieurs années, à acquérir de nouveaux navires, qu’ils soient neufs ou d’occasion. Il y a un mois, les autorités grecques et israéliennes ont annoncé la création d’une joint-venture en vue de construire la nouvelle classe de corvettes Themistocles, basées sur le modèle Sa’ar 72, du groupe israélien Israel Shipyards. Mais ces navires de 800 tonnes, s’ils répondent aux besoins en matière de lutte anti-surface de la Marine Hellénique, n’ont aucune capacité anti-sous-marine, ni anti-aérienne au delà de l’auto-défense. Il est donc indispensable pour Athènes de renforcer sa flotte dans ces deux domaines, nécessitant des navires plus imposants, et donc plus chers.

Les autorités grecques et françaises sont en négociation depuis plusieurs années à ce sujet, initialement autour des frégates FREMM, puis du modèle FDI. La Grèce avait même signé une lettre d’intention en ce sens, et la configuration finale retenue offrait d’importantes capacités aussi bien en matière de lutte anti-aérienne avec 24 missiles Aster 30, de lutte anti-sous-marine avec la suite sonar CAPTAS, et de projection de force, avec 8 missiles de croisières MdCN, en plus des traditionnels 8 missiles anti-navires MM40 Block IIIc Exocet. Mais les négociations entre Paris et Athènes sont, semble-t-il, aujourd’hui dans une impasse, la France ne parvenant pas à proposer une solution de financement adaptée à la Grèce, et le prix global de l’opération d’acquisition des 2 frégates ayant largement augmenté suite aux demandes grecs, pour atteindre désormais les 2,5 Md€, bien au delà des capacités budgétaires du pays.

FDI grecque Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Les frégates FDI françaises constituent incontestablement le modèle le plus adapté aux besoins présent et à venir de la Marine Hellénique. Mais l’offre française semble incompatible avec la réalité des finances grecques.

Si les Etats-Unis ont déployé des trésors de persuasion pour tenter d’amener Athènes à reconsidérer l’offre de Lockheed-martin concernant des frégates dérivées du modèle LCS freedom, il semblerait désormais que ce soit la Grande-Bretagne qui serait sur le point d’apporter la solution tant attendue par la Marine Hellénique. En effet, selon le site Navalanalyses.com citant des sources proches du ministère de La Défense grec, Londres serait prêt à céder des frégates Type 23 à la Marine Hellénique, sans qu’aucune information sur le nombre, la configuration, le calendrier ou le prix n’ait été divulguée.

La Royal Navy dispose aujourd’hui de 13 frégates Type 23 en service, 3 unités ayant été cédées d’occasion au Chili entre 2006 et 2008. Les navires sont entrés en service entre 1991 (HMS Argyll) et 2002 (HMS St Alban), et forment aujourd’hui la colonne vertébrale de la flotte de surface de la Royal Navy avec les 6 destroyers antiaériens Type 46. Ils doivent être remplacés dans les années à venir par les 8 frégates Type 26 et les 5 frégates Type 31, qui entreront en service entre 2023 et 2029. Longues de 133 m pour un deplacement de 4.900 tonnes, les frégates Type 23 disposent d’importantes capacités anti-navires et anti-sous-marines, notamment grâce à son hélicoptère embarqué et une suite sonar modernisée, et d’importantes capacités s’auto-défense anti-aérienne avec 32 missiles Sea-Wolf, actuellement remplacés par les missiles CAAM du système Sea Ceptor de MBDA.

Sea Ceptor CAAM Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Le HMS Argyll fut la première frégate Type 23 de la Royal Navy a recevoir le système Sea Ceptor en remplacement du système Sea Wolf en 2017.

Reste que ce n’est pas la première fois qu’Athènes laisse entendre être en négociation avec d’autres états pour acquérir des navires d’occasion. Ce fut le cas en 2018 au sujet des frégates Adélaide australiennes, puis en 2019 au sujet de destroyers Burke et même de croiseur Ticonderoga de l’US Navy. Il est donc difficile de préjuger de la matérialité de cette annonce, et ce d’autant que la Royal Navy n’est, aujourd’hui, guère en mesure de se séparer de ne serait-ce que d’une seule de ses frégates, sans créer d’importantes tensions capacitaires. En outre, les remplaçantes des Type 23 potentiellement cédées à la Marine Hellénique n’entreront pas en service avant 2023 pour le HMS Glasgow, première unité de Type 26, et 2025 ou 2026 pour la première unité Type 31. Dans le même temps, le British Defense Committee avait estimé, l’année dernière, que le format à 19 frégates actuel de la Royal Navy, maintenu dans les prévisions britanniques avec 6 Type 46, 8 Type 26 et 5 Type 31, était trop restreint, et qu’il manquait « au moins » 5 frégates anti-sous-marines pour répondre à la pression opérationnelle en devenir.

On peut dès lors se demander si cette annonce, si elle déclenche naturellement l’enthousiasme à Athènes, n’est pas quelque peu anticipée, comme ce fut le cas lorsque le milieu défense grec et la presse spécialisée du pays se persuadèrent que l’US Navy allait accepter de céder des destroyers Arleigh Burke à la Marine Hellénique, chose que le Pentagone s’empressa de démentir, lui aussi étant aujourd’hui « à court » de bâtiments de surface combattants. Il est vrais, toutefois, que la Grande-Bretagne intègre, depuis plusieurs décennies, la valorisation de ses navires sur le marché de l’occasion comme une pratique normale, permettant de maintenir une flotte de premier rang moderne et d’augmenter le parc des nations utilisant des technologies navales britanniques. Mais contrairement aux années 80 et 90, la Royal Navy fait désormais face à une tension capacitaire très importante à moyen terme, alors que tout indique que les besoins, eux, vont croitre sur la même période.

turkey ada class corvette Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Les corvettes turques de la classe Ada sont les premiers représentants du programme MILGEM qui prévoit la construction de frégates et de destroyers.

S’il faut donc se montrer prudent vis-à-vis de cette annonce, il n’en demeure pas moins vrais qu’Athènes fait face à un manque cruel de solution pour augmenter le tonnage et les capacités opérationnelles de sa flotte de surface. et ce d’autant qu’Ankara a déjà réceptionné ses 4 corvettes de la classe Ada, et a entamé les travaux de la première frégate de la classe Istanbul, première unité de Type-100, dont 4 exemplaires seront construits. A terme, la Marine turque devrait disposer de 4 corvettes Ada, 4 frégates légères Istanbul, et 4 destroyers anti-aériens TF-2000, même si les travaux concernant cette dernière classe semble pour l’heure à l’arrêt. Aujourd’hui, la marine hellénique, qui aligne 10 sous-marins et 13 frégates, reste numériquement inférieure à la Marine Turque, qui dispose de 12 sous-marins, 16 frégates et 10 corvettes. Si Paris se montre un allié fiable d’Athènes face à la Turquie en déployant avions de combat et frégate en Méditerranée Orientale, il est plus que probable qu’Athènes attende aujourd’hui avant tout des solutions acceptables et réalistes pour renforcer sa propre force navale.

La Russie développerait son propre drone de type Loyal Wingman

Le groupe aéronautique Kronstadt russe a révélé concevoir un drone de combat de type Loyal Wingman au profit des forces aériennes russes. Désigné par le nom Grom (tonnerre), le drone aurait une masse maximale au décollage de 7 tonnes, et pourrait emporter 2 tonnes de chargement. Ses dimensions, avec une longueur de 13,8 m, une envergure de 10 mètres, et une hauteur de 3,8 mètres, place l’appareil dans la catégorie du projet australien Loyal Wingman basé sur le Boeing AirPower Teaming System ou ATS, long de 12 mètres, là ou le XQ-58A Valkyrie de l’américain Kratos ne dépasse pas les 9 mètres.

Pour l’heure, aucune information n’a été communiquée au delà de celle présentée plus haut. On ne connait notamment pas le calendrier du programme, ni même son commanditaire. Il faut donc se montrer prudent quand à ce type d’annonces, dont l’industrie russe est souvent friande, mais qui parfois (souvent) manquent de matérialité. Rappelons qu’en revanche, les forces aériennes russes développent avec Sukhoi le drone de combat lourd S70 Okhotnik-B, un appareil furtif affichant une masse maximale au décollage de 20 tonnes, qui doit entrer en service à partir de 2025. On peut se demander si la Russie a véritablement les moyens de developper simultanément autant de programmes, aux cotés du Su-57, de la famille T14 Armata et des sous-marins Husky.

Les Suisses majoritairement en faveur de l’acquisition de nouveaux avions de chasse

Le 27 septembre 2020, les électeurs suisses sont invités à s’exprimer, dans le cadre du plan AIR2030, sur l’acquisition d’une flotte d’avions de combat afin de remplacer les F18 et les F5 actuellement en service dans les forces aériennes helvétiques, pour un investissement de 6 Md€. Selon un sondage effectué par l’institut gfs.bern pour SRF, 58% des personnes interrogées sont favorables à cette acquisition, ce qui représente, à n’en point douter, un soulagement pour les militaires su pays.

En effet, en 2014, une votation s’était exprimée à 52% contre la poursuite du processus d’acquisition portant sur 22 JAS-39 Gripen auprés du constructeur Suédois Saab, afin de remplacer les F5 Tiger en fin de potentiel dans le pays. En outre, certains partis politiques ont clairement pris le parti de s’opposer au remplacement des chasseurs helvétiques, certains étant totalement opposés à l’idée d’acquérir de nouveaux appareils, d’autres proposant des solutions pour le moins surprenantes, comme l’acquisition d’avions d’entraînement et d’attaque italiens M346 en lieu et place de véritables avions de combat. Cette dernière solution, proposée par le Parti socialiste suisse, s’est basée sur une étude plus que contestable émanant d’un cabinet américain, visiblement très loin de son domaine d’expertise.

Aermacchi M 346 Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
L’avion d’entrainement et d’attaque italien M-346 de Leonardo ne manque pas de qualités, mais n’est pas adapté aux besoins des forces aériennes helvétiques

Rappelons que la Suisse est, depuis 1847, un pays neutre, et qu’en tant que tel, ses forces armées doivent être en mesure d’assurer la protection de son territoire et de ses ressortissants de manière autonome, sans alliés. De fait, les forces aériennes helvétiques doivent assurer toutes les missions d’une force aérienne, allant de la police du ciel au missions de soutien, et ce dans un environnement très restreint et très complexe, en raison du relief montagneux du pays. Ainsi, il ne faut guère plus de 15 minutes à un avion de ligne voyageant à vitesse de croisière à haute altitude pour atteindre le centre du pays, et 25 minutes pour le traverser dans sa plus grande largeur, ce qui naturellement nécessite, pour les avions en charge des missions de police du ciel, des performances bien supérieures à celle d’un avion d’entraînement et d’attaque subsonique comme le M346.

Au delà de l’opportunisme politique de ces quelques partis politiques, espérant probablement profiter de la dynamique de 2014 pour accroitre leur légitimité électorale, le nombre important d’électeurs se déclarant favorables au remplacement des F18 et F5 suisses, indique que l’opinion publique du pays a largement évolué dans sa perception du risque géopolitique actuel et à venir. Il n’est en effet pas certain que la même question posée en 2014 ou 2015 aurait eu un tel soutien. Car avec une population 8 fois inférieure à la France, la Suisse prévoit de se doter d’une force aérienne sensiblement égale au cinquième de celle de son voisin, pourtant le pays disposant de la plus importante force aérienne de l’Union européenne. C’est donc loin d’être un effort négligeable pour le pays, même si le PIB suisse par habitant est le double de celui de la France.

Rafale Francais et F35A Americain au point dattente Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Le Rafale français se retrouve une nouvelle fois confronté au F35A dans la compétition suisse. Mais il dispose désormais d’un standard F4 lui donnant l’avantage sur l’appareil américain.

Le programme d’acquisition des nouveaux appareils, une fois validé (ou non) par les électeurs, sélectionnera l’offre la plus en adéquation qui lui aura été transmise par les 4 concurrents, l’allemand Eurofighter avec le Typhoon, les américains Boeing et Lockheed-Martin avec respectivement le F/A 18 E/F Super Hornet et le F35A Lightning 2, et le français Dassault Aviation avec le Rafale. Les premiers appareils sont attendus en 2025 dans les escadrons suisses. Parallèlement, une compétition oppose le système anti-aérien SAMP/T Mamba au Patriot américain dans le domaine de La Défense aérienne. En septembre 2019, le système Skyview de Thales a été choisi pour la modernisation du système de surveillance aérienne du pays.

Et puisque c’est le week-end, voici une petite video d’un humour désopilant sur les forces aériennes suisses

Les Su-30MKI indiens vont être équipés de missiles air-air MICA français

Selon le site newindianexpress.com, l’Indian Air Force aurait effectué une campagne de test avec tirs réels contre des cibles aériennes du missile air-air MICA à partir d’un de ses chasseurs lourds Sukhoi Su-30MKI, concomitamment aux tests du nouveau missile russe R-77. Suite à ces essais, l’IAF a annoncé que le missile français équiperait bientôt, outre les avions Rafale et Mirage 2000 i, ses Su-30MKI, afin de renforcer les capacités d’interception et de combat aérien du chasseur formant aujourd’hui la colonne vertébrale de la puissance aérienne indienne. La volonté de l’état-major indien d’équiper un avion d’origine russe d’un missile européens n’est pas nouvelle, puisque la question était posée dès 2016, lorsque l’Inde fit l’acquisition de presque 500 missiles MICA auprés de MBDA pour équiper ses mirage 2000 modernisés, et qu’en février 2019, l’IAF avait annoncé équiper ses même Su-30MKI avec le missile Air-Air à courte portée britannique ASRAAM du même missilier européen MBDA.

Mais c’est probablement l’engagement aérien de Balakot au dessus du Kashemir qui amena l’IAF a accélérer son programme pour équiper ses Su-30 du missile français. En effet, le 26 février 2019, une vingtaine de chasseurs pakistanais furent opposés à une dizaine d’appareils indiens, dans ce qui restera le plus important combat aérien de ces 20 dernières années, se soldant par la perte d’un F16D coté pakistanais et d’un Mig21 Bison coté indien. Durant cet engagement, deux mirage 2000 modernisés, équipés chacun de 6 missiles MICA, firent face à 4 JF-17 pakistanais escortant 4 mirage V et 4 mirage III, et parvinrent à forcer leurs adversaires à tirer leurs missiles air-sol au delà de leur portée maximale, et à faire demi-tours, grâce aux capacités d’engagements du missile couplées au radar RDY 2 du mirage 2000 dans un combat au delà de la portée visuelle (BVR). Dans le même temps, une paire de Su-30MKI fit de même face à 4 F16C et 4 F16D, sans pour autant réussir à obtenir de solutions de tir suffisamment valides avec leurs AA-12 ‘Adder’ (RVV-AE), mais en forçant les F16C à tirer leurs AIM-120 C5 à la distance d’engagement maximum, avec des chances extrêmement faibles de toucher leur cible.

mirage 2000 6 mica Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Dans sa configuration de supériorité aérienne, le Mirage 2000-5 comme le 2000 i indien emporte 4 MICA à guidage radar et 2 MICA à guidage infrarouge, ainsi que deux ou trois bidons supplémentaires selon le besoin.

Il faut dire que, si le missile MICA de MBDA est moins connu sur la place publique que l’AIM 120 AMRAAM ou que le R-77 russe, il est toutefois un des meilleurs missiles Air-Air du moment, toute nation confondue. Malgré une portée maximum de 80 km inférieure à celle de ses concurrents américains ou russe, le missile français affiche, grâce à son extrême agilité, la plus importante « No Escape Zone », c’est à distance la distance à laquelle la cible n’a plus de chance d’éviter le missile par la manoeuvre, à 60 km pour la version à guidage radar du MICA. En outre, il offre une très grande flexibilité, avec deux autodirecteurs interchangeables sur le même corps de missile, l’un a guidage inertiel et radar actif, l’autre à guidage inertiel et guidage infrarouge, ce dernier permettant notamment d’engager un appareil sans se révéler par l’usage du radar, que ce soit grâce à l’utilisation d’un IRST, ou en couplant le guidage du missile à des informations en provenance d’un avion de type Awacs .

De fait, couplé au missile européen METEOR spécialisé dans les interception à très grande distance, le MICA constitue un système d’arme remarquable pour l’IAF pour s’assurer de la supériorité aérienne face au Pakistan et face à la Chine. Rappelons que la Chine ne possède pas de MICA ni de METEOR, alors qu’elle dispose de R77 ou de R73, et en connait donc parfaitement le comportement. En outre, une nouvelle version du missile, le MICA NG, est en cours de developpement par MBDA dans le cadre du standard F4 du Rafale. Le nouveau missile offrira des performances accrues et une meilleure résistance aux contre-mesures et au brouillage, de sorte à rester au sommet de la hiérarchie des missiles air-air de moyenne portée pour de nombreuses années.

Rafale Su 30MKI Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Su-30MKI, Rafale et Mirage 2000 vont tous 3 être en mesure de mettre en oeuvre le missile MICA

En multipliant les plate-formes capables d’emporter le missile, l’IAF renforce sa résilience en cas de conflit, de sorte à employer au mieux son stock de munitions, ainsi que sa chaine logistique. Reste que les 500 missiles MICA actuellement en stock dans les inventaires de l’IAF représentent un volume à peine suffisant pour la cinquantaine de mirage 2000 i encore en service en cas d’engagement, et que l’on peut, dès lors, s’attendre à une nouvelle commande de ce missile, peut-être dans sa version NG, dans les années à venir, afin d’efficacement profiter de l’opportunité offerte par la flotte de Su-30MKI forte de 270 appareils. Les investissements réalisés par MBDA en Inde dans le cadre des obligations d’offset liées à la commande de 36 avions Rafale pourraient bien dès lors, s’avérer très pertinents au delà d’une éventuelle commande d’avions français.

La constellation de satellites de l’US Army sera opérationnelle entre 2025 et 2027

A l’occasion d’un Webinar organisé par la DARPA, le général de brigade Rob Collins commandant le bureau exécutif du programme Command, Control, Communication-Tactical, désigné par l’acronyme PEO C3T, a indiqué que la constellation de satellites en orbite moyenne et basse de l’US Army sera opérationnelle entre les années 2025 et 2027. Ce programme prévoit, à ‘l’instar du programme Blackjack de la DARPA, de doter l’US Army d’un nombre important de satellites pour mettre en oeuvre la stratégie info-centrée d’engagement coopératif et multi-domaines en cours de developpement au Pentagone, et notamment de protéger les accès aux systèmes de reconnaissance et de communication indispensables à cette doctrine.

WGS Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie

L’utilisation d’une constellation de satellites en orbite moyenne et basse permet de réduire significativement les risques de dénie de signal, que ce soit par le brouillage ou par la destruction des relais de communication. Il est en effet beaucoup plus difficile de détruire un satellite, fut-il en orbite basse, qu’un drone ou un aéronef, même évoluant à très haute altitude. En outre, l’évolution en orbite basse permet de diminuer les temps de latence liés au temps de transit des messages, ainsi que d’employer des terminaux de connexion bien moins puissants, donc plus compacts et plus discrets, que pour des échanges avec des satellites en orbite haute ou géosynchrone.

L’US Army prévoir également d’employer la technologie 5G pour enrichir son réseau d’information, mais comme l’indique le général Collins, l’environnement spécifique des opérations militaires terrestres rend l’utilisation de cette technologie moins performante que dans d’autres domaines.

Face à l’absence d’un plan de relance global, les industriels britanniques s’impatientent et pressent Londres d’agir

Deux mois après l’appel lancé par Paul Everitt – directeur de l’association ADS représentant les industries de l’aérospatiale et de la défense du Royaume-Uni – aux autorités gouvernementales pour réclamer « des mesures urgentes » et similaires à celles prises par les gouvernements français et allemand à l’endroit de leurs BITD respectives, c’est désormais au tour de la Confédération des syndicats de la construction navale et de l’ingénierie (CSEU) de hausser le ton face au mutisme de l’exécutif britannique.

Regroupant pas moins de 100.000 travailleurs industriels et manufacturiers dans les secteurs de l’aérospatiale, de la construction navale, de la défense et du transport – dont certains évoluant au sein de grands noms de l’industrie de défense nationale à l’instar de BAE Systems, Rolls-Royce ou bien encore Babcock – la CSEU fait montre d’une inquiétude certaine sur leurs devenirs face à l’absence d’un plan de soutien global de la filière : 13.000 emplois hautement qualifiés seraient directement menacés, eux-mêmes pouvant potentiellement entraîner dans leurs sillages la destruction de 20.000 emplois émaillant le tissu industriel sous-jacent.

La Confédération en appelle ainsi les autorités à ne pas négliger les programmes capacitaires en cours – au nombre de 9 – et jugés critiques pour consolider autant que faire se peut la résilience de la BITD britannique face aux conséquences de la crise actuelle. Sur ces 9 programmes, 6 font partie intégrante du plan d’équipement actuel mais ont d’ores-et-déjà été mis en veilleuse ou ne devraient faire l’objet d’une commande publique qu’à l’horizon 2025. Pourtant, ces programmes revêtent une dimension éminemment stratégique – si ce n’est critique pour la sécurité nationale – puisqu’outre la mise à niveau du radar AESA des Eurofighter Typhoon ou bien encore l’avancement de la deuxième phase du programme Tempest, on y trouve notamment le programme Fleet Solid Support Ship (FSS), jugé essentiel au déploiement et à l’approvisionnement des groupes aéronavales en mer, outils de souveraineté et de diplomatie à part entière. Ainsi, de ces programmes, le CSEU en appelle à accélérer le processus d’acquisition dans l’optique de soutenir un écosystème terriblement dépendant d’un grand export, lui-même sensiblement fragilisé par la crise actuelle du Covid-19.

FILE PHOTO A member of staff works in the cockpit of an aircraft on the Eurofighter Typhoon production line at BAE systems Warton plant near Preston Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
L’acquisition de 24 à 36 nouveaux Typhoon par le MoD coûterait entre 2.5 à 3 milliards de livres sterling sur une période de trois à cinq ans. Toutefois, c’est le F-35 de l’américain Lockheed Martin qui semble avoir pris la relève du Typhoon aussi bien sur le plan industriel que dans les esprits de la Royal Air Force.

Enfin, le CSEU demande également à ce que les 3 programmes suivants soient étendus : (1) l’acquisition de 24 à 36 nouveaux chasseurs Eurofighter Typhoon de la tranche 3B/4 pour remplacer ceux de la tranche 1 ; (2) l’achat de 8 à 10 nouveaux hélicoptères Merlin Mk2 de lutte anti-sous-marine ; (3) et enfin l’acquisition de nouvelles variantes du véhicule de transport blindé Boxer. La Confédération fonde cette demande sur le potentiel danger qui guetterait l’économie de défense britannique à savoir que les « les futurs budgets de la défense soient réaffectés, que les commandes existantes se tarissent et que davantage d’emplois soient mis en danger (…) il est donc logique de mettre en route des projets existants plutôt que de réinventer la roue ».

Bien que près de 82 milliards de livres sterling aient d’ores-et-déjà été injectés dans l’économie britannique via un plan de relance global, l’industrie de défense nationale peine à obtenir des subventions gouvernementales indispensables à la pérennisation d’un pan de son tissu industriel. Quand bien même plusieurs études jugées sérieuses tendent à étayer les effets positifs sous-tendus par les dépenses de défense sur l’économie globale d’un État – à l’instar de celles menées par Trevor Taylor et John Louth en 2012 ou bien encore par le programme Socle Défense via sa doctrine dite de « Défense à Valorisation Positive » – il paraît surprenant que dans le cadre de son plan d’investissement stratégique visant à stimuler l’économie nationale, le Trésor britannique ait omis de considérer l’importance des dépenses de défense, allant même jusqu’à suggérer qu’elles ne constituaient pas un investissement indispensable à la relance économique de l’île. Plus surprenant encore, le Ministère de la Défense britannique (MoD) lui-même a fait montre de ses ambitions limitées : alors qu’il lui a été demandé en juin 2020 par le Trésor de proposer des investissements stratégiques potentiels, celui-ci a suggéré un montant d’investissement avoisinant les 300 millions de livres sterling, une somme dérisoire au regard des mesures prises par les gouvernements français et allemand mais aussi et surtout, de l’ambition affichée par le gouvernement britannique dans le cadre du plan de relance national.

boxer order main Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Le Royaume-Uni a signé un accord de 2.8 milliards de livre sterling en novembre dernier pour l’acquisition de quatre variantes du véhicule de combat blindé Boxer, pour un total de 500 unités commandées. (RSBL) s’occupera de la production et de l’assemblage du véhicule sur le sol britannique. Dans l’optique de soutenir davantage la BITD britannique, le CSEU préconise l’accélération des livraisons débutant initialement en 2023 mais également l’acquisition d’unités supplémentaires pour un montant de 1.5 à 2 milliards de livres sterling pour une période allant de 8 à 10 ans.

Dans leur étude commune, Taylor et Louth démontraient que pour un contrat d’un montant de 1 million de livres sterling conclu par le MoD avec un industriel national, une partie de la valeur – à hauteur de 36% – était susceptible d’être reversée au gouvernement. L’impôt sur les sociétés et celui sur les personnes physiques, la sécurité sociale ou bien encore la TVA constitueraient en effet autant d’instruments puissants pour retenir les fonds sous le contrôle du Trésor britannique, qui plus est dans un système se voulant de facto en circuit fermé entre le gouvernement et l’industrie de défense. Comment dès lors justifier une telle posture du gouvernement britannique, peu encline à investir davantage dans une économie de défense revêtant pourtant, au-delà des atouts d’ordre purement stratégiques et opérationnels, une dimension indéniablement économique ?

Plusieurs éléments de réponse émergent néanmoins, au premier chef desquels l’étroitesse des ambitions du MoD qui ne sauraient être interprétées, puis comprises, qu’au regard du virage amorcé par les autorités publiques à l’endroit des dépenses de défense du Royaume depuis les années 1980. D’après Peter Roberts, directeur des sciences militaires au Royal United Services Institute (RUSI), perdure depuis 40 ans une philosophie, un modèle idéalisé d’une armée « équilibrée », se voulant de fait incarnée par une systématisation de la réduction des effectifs militaires au profit de lointains gains d’efficacité. Cette approche aurait vraisemblablement fini par forger un « écosystème qui n’a jamais envisagé d’augmenter les dépenses ce qui a eu un impact sur les comportements et les actions des militaires, des civils et des dirigeants ». Pourtant, ces derniers, bien qu’ils n’en aient peut-être pas encore pris pleinement la mesure, doivent faire face à un dilemme dont le dénouement pourrait les conduire dans un jeu à somme nulle si les mauvaises décisions venaient à être prises: maintenir un niveau d’investissement insuffisant au risque de sacrifier des savoir-faire critiques ou faire fi d’une conception des forces armées étriquée au profit d’une politique capacitaire courageuse – car dépourvue de gains politiques sur le court-terme – qui n’en serait pas moins bénéfique pour l’économie et la puissance globale du Royaume-Uni.

Les 5 critères qui font du Rafale le favori en Inde

L’arrivée des 5 premiers avions de combat Rafale sur la base indienne d’Ambala à la fin du mois de juillet provoqua un emballement médiatique aussi bien Inde que dans le monde, offrant au chasseur français une aura bienvenue pour se confronter aux autres appareils européens, américains et russes, dans les compétitions indiennes qui se profilent. Rappelons que l’avion de Dassault Aviation est présent dans la compétition MMRCA 2 portant sur 114 appareils face au Typhoon et JAS 39 Gripen E/F européens, au Mig35 et probablement au Su-35 russes, et au F16V (identifié F21 dans cette compétition) et F15EX américains, ainsi que dans la compétition portant sur 57 appareils pour la Marine indienne, opposé au F/A 18E/F Super Hornet américain.

En outre, de nombreuses informations laissent entendre que, face à la pression opérationnelle chinoise et pakistanaise, New Delhi pourrait bien commander une seconde tranche de 36 Rafale, à livrer entre la fin des livraisons des 36 premiers appareils, et le début des livraisons du programme MMRCA 2. Au total, ce sont donc 207 appareils qui pourraient être commandés par les autorités indiennes, représentant un volume total de 243 appareils, soit plus que les 225 Rafale prévus pour les armées françaises. Pour y parvenir, la Team Rafale s’appuie sur 5 critères clés qui font de son appareil le favori des compétitions indiennes !

1- Le Volet Opérationnel

Le Rafale est un avion de combat, il est naturel que le premier critère à prendre en considération soit le volet opérationnel. Dans ce domaine, l’avion français dispose de très nombreux atouts sur ses concurrents internationaux :

Shri Rajnath Singh defense minister india Rafale Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Rajnath Singh, le ministre indien de La Défense, lors de la cérémonie de livraison du premier Rafale indien à Merignac en octobre 2019
  • un avion véritablement omnirôle : le contrat MMRCA 2 vise avant tout à remplacer les Jaguar et Mig 27 indiens, des appareils d’attaque, domaine dans lequel le Rafale présente des performances supérieures à l’ensemble des autres appareils, qu’il s’agisse de frappes profondes, de soutien aérien rapproché et de suppression des défenses, et ce, tout en conservant des capacités air-air avancées, notamment à longue distance
  • un avion de frappe nucléaire : le Rafale indien est capable d’emporter les armes nucléaires indiennes, et dispose des protections nécessaires pour résister à l’impulsion électro-magnétique générée par une explosion nucléaire
  • une formation et une maintenance simplifiée : l’Indian Air Force dispose déjà des capacités permettant de former pilotes et équipes techniques, ainsi que de maintenir une flotte de 150 avions Rafale, en application du contrat initial de 36 avions signé en 2017.
  • un avion évolutif : Contrairement à la majorité de ses concurrents, le Rafale n’en est qu’à la moitié de son cycle technologique. Le standard F4 infocentré est déjà en developpement, alors que les standard F5 et F6 seront directement intégrés au programme SCAF, permettant d’interagir notamment avec les drones Remote Carrier.
  • un avion disponible : conçu pour opérer à partir de porte-avions, le Rafale offre une disponibilité opérationnelle exceptionnelle. En outre, la montée en puissance d’escadrons supplémentaires serait largement réduite de par l’existant.

L’Etat-Major de l’Indian Air Force a, à de nombreuses reprises, appelé à augmenter la flotte de Rafale, notamment pour répondre à la baisse du nombre de ses escadrons d’attaque. Quand à la Marine, elle bénéficierait naturellement d’une réelle synergie avec l’armée de l’air si elle venait à utiliser les mêmes appareils, notamment en matière de formation et de maintenance, à l’instar des synergies entre l’Armée de l’Air et la Marine Nationale en France.

2- Le Volet Industriel

Le volet industriel, et notamment les relations difficiles entre Dassault aviation et HAL, furent à l’origine de l’annulation du programme MMRCA. Mais aujourd’hui, la Team Rafale s’est mise en ordre de bataille pour répondre à l’ensemble des attentes indiennes dans ce domaine :

Atelier Rafale 1 Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
La Team Rafale a investi l’essentiel des ses obligations d’offset pour developper un outil industriel indien performant prêt à répondre aux attentes du « Made in India » du premier ministre Narendra Modi
  • L’experience du « Made in India » : Dassault Aviation, comme Safran, Thales et MBDA, ont tous profité des clauses d’offsets, obligeants les industriels français à investir 50% de leurs recettes issues du premier contrat dans l’industrie indienne, pour developper leur empreinte locale et les partenariats requis, y compris avec HAL
  • un « Made in India » étendu : à l’instar de Naval Group et Thales au sujet du programme de sous-marins P75, la Team Rafale a surtout mis en place un vaste réseau de sous-traitance permettant d’accroitre la part du « made in India » dans le contrat MMRCA 2 et le contrat aéronaval, avec des transferts industriels ventilés à la clé, et une garantie qualitative optimale.
  • de véritables transferts de technologies : L’Inde devenant potentiellement le premier client en volume de la Team Rafale, les transferts de technologie, et l’intégration des besoins indiens dans l’évolution de l’appareil, seront assurés dans la durée.

En sélectionnant le Rafale, l’Inde aura l’assurance, à l’issu des contrats, de disposer non seulement des compétences industrielles pour concevoir et construire un nouvel avion de combat, seule ou en coopération, mais de disposer de la base industrielle nécessaire pour mener en toute autonomie cette tache.

3- Le Volet Budgétaire

Le critère budgétaire est probablement un des critères les plus percutants pour soutenir les offres Rafale en Inde. En effet, à l’issue du premier contrat e 36 appareils, l’Inde dispose d’un appareil adapté à ses besoins ainsi qu’à ses munitions, des infrastructures nécessaires pour assurer la mise en oeuvre et la maintenance d’une flotte de 150 appareils, ainsi que de personnels techniques et volants formés, capables à leur tour de former d’autres personnels. L’ensemble des ces critères représentaient une enveloppe d’environs 3 Md$ sur le contrat initial, montant qui sera de fait économisé sur le ou les contrats ultérieurs.

Rafale x guard Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Les Rafale Indiens ont subi de nombreuses modifications pour répondre aux exigences opérationnelles indiennes

En appliquant ce montant aux 114 appareils du contrat MMRCA 2, ce sont donc 26,3 m$ qui seraient économisés par appareil pour les finances publiques indiennes, soit 25 à 40% du prix des appareils en compétition proposés en condition Fly Away. En outre, ce montant serait presque doublé si l’on ajoutait les investissements MMRCA 2 aux investissements aéronavals, soit 5 Md$ pour 171 appareils, faisant baisser la facture de 29,2 m$ par appareil.

4- Le Volet Technologique

Le Rafale et son offre technologique reposent sur deux arguments technologiques clés, à savoir sa dimension ITAR Free et l’intégration du Rafale au programme SCAF franco-allemand. ITAR Free signifie que l’avion français est formé de composants technologiques n’entrant pas dans le cadre de la législation américaine ITAR, pouvant être exploitée par Washington pour empêcher des exportations ou des évolutions ultérieures potentiellement gênantes pour les Etats-Unis et surtout pour leur industrie de Défense, le Rafale étant le seul appareil de combat occidental respectant ce critère du fait de son utilisation dans le cadre de la dissuasion française.

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Les Remote Carriers étendront, dans les années 2030, les capacités opérationnels des Rafale, leurs conférant des capacités dites de « 6ème génération« 

L’intégration du Rafale, mais également du Typhoon, au programme SCAF, offre une visibilité à long terme à New Delhi quand aux évolutions technologiques nombreuses et répétées à venir pour l’avion français, pour intégrer les technologies qui seront développées dans le cadre de ce programme. C’est notamment le cas de la coopération entre le Rafale et les drones de combat Remote Carriers qui, à partir du début des années 2030, permettront d’effectuer des missions de suppression des défenses ou d’interdiction, tout en préservant la sécurité de l’appareil piloté. Les transferts de technologies liés au programme SCAF permettront aux forces aériennes Indiennes de maintenir leur avantage technologique régional pendant de nombreuses années.

5- Le Volet Politique

Enfin, le Rafale offre des atouts politiques non négligeables aux dirigeants indiens. En effet, l’acquisition de l’avion français ne porterait pas la même dimension symbolique que l’acquisition d’appareils américains, notamment vis-à-vis de Pékin. En outre, Paris est beaucoup moins lié au régime chinois que Moscou, tout en ayant une politique internationale beaucoup plus claire et volontaire que celle de l’Allemagne ou que la Suède. En d’autres termes, en cas de conflit, Paris se tiendra aux cotés de New Delhi.

PM Modi Macron Paris Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
La France considère l’Inde comme un de ses partenaires privilégiés sur la scène internationale

Le choix du Rafale revêt également une dimension en matière de politique intérieure. En effet, l’appareil jouit déjà d’un réel engouement populaire, alors que l’implication forte du réseau de sous-traitance indien permettra de faire de l’avion le plus « Indien » des appareils en service dans ces forces armées, exception faite du Tejas. En outre, cet aspect garantit un retour économique et budgétaire optimal pour les finances publiques indiennes, contribuant au bilan de bonne gestion des autorités en place.

Conclusion

On le voit, le Rafale ne manque pas d’arguments objectifs et forts pour s’imposer dans les compétitions en cours en Inde. Certes, rien n’est jamais certain à New Delhi, et l’on a vu il y a deux ans que l’opinion publique indienne peut rapidement basculer, surtout lorsqu’elle est manipulée par des concurrents cherchants à nuire à l’image de l’avion français. Mais dans les circonstances actuelles, avec les tensions qui ne cessent de croitre aux frontières du pays, le gouvernement Indien ne pourra plus se permettre les atermoiements qui furent les siens dans les années passées. Car alors que certains politiciens indiens s’attachent avant tout à améliorer leur image publique, l’APL et l’Armée de l’Air Pakistanaise s’emploient, elles, à renforcer et moderniser rapidement leurs forces.

mirage2000H modernise Actualités Défense | Exportations d'armes | Fédération de Russie
Les mirage 2000 H/TH indiens ont à plusieurs reprises montré leurs performances opérationnelles, notamment face au Pakistan.

Et si les quelques 270 Su-30MKI, la cinquantaine de mirage-2000, la quarantaine de Mig-29 et les 36 Rafale à venir peuvent encore tenir à distance Chinois et Pakistanais pour quelques années, le retrait des Mig 27, et celui à venir des Jaguar et des Mig 21, réduiront considérablement les capacités indiennes à faire face simultanément sur deux fronts. Et s’opposer à des forces aériennes modernes employant un nombre croissant de JF17, J-10, J-15, J-16 et des J-20 ne sera plus possible d’ici quelques années. Faute de décisions rapides, cohérentes et volontaires, l’Inde mettra sa propre sécurité en jeu, dans un paysage géostratégique en évolution très rapide.