dimanche, décembre 7, 2025
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En s’imposant sur le nouveau radar du Typhoon, l’espagnol Indra renforce sa position dans le programme SCAF

Selon un communiqué de la société d’avionique embarquée espagnole Indra, cette dernière se serait vue accordée une position de co-developpeur, avec l’Allemand Hensoldt, concernant le nouveau radar Captor-E à antenne électronique active qui équipera les nouvelles versions du chasseur Eurofighter Typhoon, ainsi que les versions modernisées. Cette annonce permettra à l’entreprise espagnole de co-developper et co-produire les 130 radars commandés dans le cadre de la modernisation des 130 Eurofighter germano-espagnole prévue sur la décennie, mais également d’équiper les quelques 110 nouveaux appareils annoncés comme prochainement commandés par la Luftwaffe pour le remplacement d’une partie de ses Tornado et de ses Typhoon de la Tranche I (90 appareils), et l’Armée de l’Air espagnol pour le remplacement de ses F18 (20 appareils)

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Concepteur et fabricant du radar AESA RBE2 qui équipe le Rafale, Thales risque de perdre un avantage compétitif important dans le cadre du programme SCAF

Cette annonce permet également à Indra, désigné par Madrid comme référent industriel dans le programme SCAF au détriment d’Airbus DS (Casa), de renforcer sa position au sein du programme européen. De nombreuses voix s’étaient en effet élevées lorsque l’Espagne avait réclamé, pour sa participation au programme SCAF, le pilotage de la composante Guerre électronique du programme, arguant du manque d’experience de la société espagnole dans les domaines des radars et des systèmes de contre-détection. Le français Thales, notamment, qui a conçu le système SPECTRA qui protège le Rafale, pouvait s’appuyer sur une expertise bien plus remarquable. Mais avec cet accord germano-espagnol autour du programme Eurofighter, les arguments du français risquent forts d’être inaudibles.

Dans le cadre du programme SCAF, la France et Dassault Aviation ont été désignés pour superviser le programme NGF d’avion de combat de nouvelle génération et l’Allemand Airbus DS pour superviser la composante Système de systèmes. Dernier arrivé, l’espagnol Indra a souhaité se voir attribuer le pilotage de la composante guerre électronique, jusqu’ici supervisée par l’Allemand Hensoldt, déjà en charge du radar du NGF, et le français Thales. La conséquence directe de cette répartition implique que le Français Thales, qui dispose d’un savoir faire reconnu mondialement dans le domaine des radars embarqués (RBE2 Rafale, RDY mirage 2000..) et systèmes de protection (SPECTRA Rafale), risque fort de perdre une partie importante de son avantage compétitif dans ces domaines.

Exercices d’invasion, déploiement de bombardiers : La Chine fait monter la pression sur Taïwan et les Etats-Unis

Il ne se passe désormais guère plus qu’un ou deux jours entre les annonces de nouvelles provocations ou de nouvelles mesures de coercition entre les Etats-Unis et la Chine. A peine le secrétaire à la Santé américain, Alex Azar, eut-il quitté Taipei après sa visite que les autorités chinoises ont déclenché une série d’exercices et de manoeuvres pour faire une nouvelle fois monter d’un cran la pression sur Taiwan et sur l’allié américain. La réponse américano-taiwanaise n’a elle non plus, guère tardée.

Au lendemain de la visite de l’officiel américain pour assurer les autorités de Taiwan du soutien de Washington, Pékin a lancé un exercice d’une grande ampleur rassemblant de nombreux moyens navals, amphibies et aériens, dans la passe de Taiwan, obligeant La Défense aérienne taïwanaise à intervenir. L’exercice, qui comportait notamment des phases de tir réel, avait en outre un libellé bien spécifique dans les médias chinois, puisqu’il a été présenté comme  » un exercice anti-sécessionniste », afin de rappeler que, pour Pékin, la République de Chine, sur l’ile de Taiwan, n’est autre qu’un mouvement sécessionniste destiné à réintégrer la République Populaire de Chine.

H6J bomber Actualités Défense | Allemagne | Aviation de chasse
Le bombardier H6J peut emporter jusqu’à 6 missiles anti-navires supersoniques à longue portée

Dans le même temps, et pour faire bonne mesure, les forces stratégiques chinoises ont déployé, pour la première fois, des bombardiers stratégiques H-6J sur la base aérienne construite sur l’ile de Yongxing , dans l’archipel des Paracels en Mer de Chine méridionale. Version très modernisé du bombardier stratégique T-16 soviétique, le H-6J dispose d’une électronique moderne et d’un rayon d’action de prés de 6000 km. Subsonique et non furtif, il peut toutefois emporter des missiles anti-navires balistiques à longue portée, représentant une menace potentielle sérieuse pour les unités navales majeures comme les porte-avions de l’US Navy.

De son coté, Taipei présentait son budget défense pour l’année 2021, avec une hausse prévue de 12%, soit 42 Md$ taïwanais, ou 1,4 Md$ américain d’augmentation. Les autorités du pays ont, en outre, indiqué qu’elles allaient procéder à l’acquisition auprés des Etat-Unis de missiles de croisière afin de renforcer les défense côtière du pays, ainsi que de mines sous-marines, afin de miner les abords des zones de débarquement potentiellement exploitables par la flotte d’assaut chinoise.

la corvette taiwanaise Tuo Jiang Actualités Défense | Allemagne | Aviation de chasse
Les corvettes taïwanaises sont conçues pour la lutte anti-surface et le déploiement de mines navales

Comme toujours, la presse anglophone chinoise n’a guère brillé dans l’analyse de la situation, en arguant que la marine chinoise maitrisait parfaitement la guerre des mines, et qu’ils suffisait à Pékin de mener un assaut par hélicoptère pour éviter les mines navales. La réalité est évidement plus complexe. En effet, les navires sensés éliminer les mines navales, un processus long et dangereux, représenteraient des cibles parfaites pour les défenses côtières adverses, raison pour laquelle le déminage s’effectue en règle général dans une zone entièrement sous contrôle allié, ce qui ne serait évidemment pas le cas s’il s’agissait d’ouvrir un corridor naval vers les plages taïwanaises. En outre, si l’assaut héliporté est évidemment envisageable, il ne peut constituer une réelle alternative à une force de débarquement amphibie, qui elle dispose notamment de blindés et d’un ravitaillement bien plus soutenu.

En revanche, il est vrais que Taiwan, en mouillant des champs de mines autour de l’ile, va de plus en plus prendre le statut de bastion face à la Chine continental, et l’important trafic maritime commercial qui y circule sera nécessairement impacté, même si, naturellement, les armées du pays ménageront des corridors d’accès et de libre navigation pour la flotte commerciale (puisque seules les zones de débarquement potentiel sont à protéger). Or, le pays repose en grande partie sur ce trafic commercial pour son activité économique.

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L’entrée en service prochaine des deux porte-hélicoptères d’assaut chinois de 40.000 tonnes Type 075 augmentera significativement les capacités d’assaut amphibie de la marine de Pékin

Il n’en demeure pas moins que chaque déclaration et prise de position aujourd’hui, aussi bien de la part des autorités chinoises qu’américaines ou taïwanaises, éloigne un peu plus irrémédiablement les chances d’une désescalade dans ce dossier. Quand aux annonces nombreuses et répétées concernant les avancées technologiques en matière d’équipement de Défense, l’augmentation des cadences de production, des budgets ainsi que de la préparation opérationnelle des forces, montrent, sans le moindre doute, que ces 3 pays se préparent désormais activement à une confrontation armée potentielle, avec une possible, et même probable, contagion sur l’ensemble de la région.

Et bien que les Etats-Unis conservent encore aujourd’hui, et pour au moins la décennie à venir, l’avantage militaire global sur Pékin, Washington devra, si une telle hypothèse venait à malheureusement se réaliser, employer tous ses moyens pour conserver cet avantage aussi prés de la Chine. De fait, les (nombreux) européens qui construisent encore leurs hypothèses de défense sur la certitude d’un soutien américain massif et rapide risquent fort, à court terme, de déchanter et de se retrouver sans solution pour prévenir des actions hostiles éventuelles.

La Finlande veut augmenter son budget Défense de 54% en 2021

Afin de répondre à la première tranche de financement du programme HX destiné à remplacer sa flotte de F-18, le ministère de La Défense finlandais a présenté le 13 aout 2020 son budget prévisionnel pour 2021, affichant une croissance de 1,7 Md€ pour atteindre les 4,87 Md€, soit une hausse de 54% avec le budget 2020. En dehors des crédits destinés au programme HX, la hausse du budget s’élève à 0,7%. Helsinki, qui jusqu’ici ne dépensait que 1,4% de son PIB dans La Défense, va donc, en une seule année, dépasser le seuil des 2%. Mais n’étant pas membre de l’OTAN, ce paramètre n’a guère qu’un aspect informatif.

Pour le programme HX, le gouvernement finlandais a provisionné une enveloppe globale de 10 Md€, portant sur l’acquisition des appareils, des pièces, des équipements de maintenance, des munitions et des infrastructures nécessaires pour la mise en oeuvre de la soixantaine de nouveaux aéronefs. Le nombre exact d’appareil n’est pas spécifié par la Finlande, qui souhaite acquérir non pas un parc aérien, mais une capacité aérienne, laissant aux constructeurs la responsabilité de dimensionner leur offre pour répondre strictement aux attentes fermes d’Helsinki. En outre, l’acquisition de capacités globales permet d’éliminer les manipulations de prix faciaux permettant de présenter un appareil accessible à l’achat, mais particulièrement onéreux à exploiter, ou affichant une disponibilité insuffisante, voir les deux dans certains cas.

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Malgré des performances jugées insuffisantes lors des tests, le JAS39 Gripen E/F reste le favori des médias concernant le programme HX

38% du budget hors programme HX, soit 974 millions d’Euro, seront consacrés à la modernisation et la maintenance des équipements, avec plusieurs contrats d’acquisition prévus pour augmenter, notamment, le stock de munitions disponibles aux armées finnoises. Enfin, le ministère de La Défense prévoit l’augmentation du budget consacré au financement de sa cellule de crise à 59 m€, permettant au petit pays scandinave de disposer d’un service fort de 400 personnels pour intervenir en zone de crise, notamment humanitaire.

Les montants annoncés peuvent paraitre modestes, mais la Finlande est un état de seulement 5,8 millions d’habitants, et son PIB ne dépasse pas les 285 m$. Il est en fait remarquable qu’un si petit pays parvienne à financer l’acquisition et le fonctionnement d’une force aérienne de 60 avions de combat modernes, et à y consacrer 10 Md€. Au prorata de la population et du PIB, la France aurait du acquérir non pas les 225 Rafale prévus (dont 156 livrés aujourd’hui), mais presque 500 appareils.

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le programme de corvettes lourdes Pohjanmaa constituera un immense bon capacitaire pour la marine finnoise

Traditionnellement neutre, Helsinki a depuis la fin de la seconde guerre mondiale, acquis ses équipements de défense alternativement en occident et en union soviétique. L’Armée de terre finnoise forte de 3500 militaires de carrières et 20.000 conscrits, dispose de 200 chars de combat Leopard 2, de 200 véhicules de combat d’infanterie, de 1000 transports de troupe blindés, ainsi que d’une centaine de systèmes d’artillerie autotracté et de lance-roquettes multiples. la Marine finlandaise, qui jusqu’ici ne disposait que de 8 patrouilleurs lance-missiles, a commandé dans le cadre du programme Squadron 2030 la construction de 4 corvettes lourdes Pohjanmaa, jaugeant 3.900 tonnes et lourdement armées. La force aérienne aligne, pour sa part, une soixantaine de F18 C et D, ainsi qu’une trentaine d’avion d’entrainement et d’attaque BAe Hawk.

La Japon lance un partenariat public-privé pour soutenir et accroitre ses exportations de Défense

Constitutionnellement, le Japon ne peut exporter d’armes, raison pour laquelle l’industrie nippone de l’armement est restée essentiellement cantonnée dans des productions nationales. Mais l’évolution rapide de la situation géostratégique en Asie, et les conséquences qui en résultent en matière d’investissement pour le budget nippon, ont amené les autorités du pays à réviser ce dogme stricte, et de se mettre en quête de marchés à l’exportation pour certaines productions nationales.

Ainsi, Tokyo vient d’annoncer la création d’une structure sous forme de partenariat Public-Privé en coopération avec le secteur privée de l’armement, pour promouvoir et étendre les exportations d’équipements de Défense « non létaux » vers des pays proches comme l’Indonésie, l’Inde, la Malaisie ou encore le Vietnam. C’est dans ce cadre que le contrat d’exportation et de financement de 6 patrouilleurs à destination des gardes cotes vietnamien a été mis en oeuvre. Si Tokyo s’interdit d’exporter des équipements létaux de manière directe, il semble que rien n’empêchera les entreprises de défense japonaise de participer à la conception et le fabrication de tels équipements par l’industrie locale du client.

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Dérivé du F16, le F2 japonais n’a jamais été exporté en dépit de ses caractéristiques évoluées

Il faut dire que les autorités nippones savent faire preuve de la flexibilité nécessaire dans l’interprétation des contraintes constitutionnelles lorsque les circonstances, ou les enjeux l’imposent. Ainsi, le pays n’hésita pas à participer à l’appel d’offre australien portant sur la conception et la fabrication locale de 12 sous-marins d’attaque à propulsion conventionnelle en proposant le modèle Soruy en service dans la Marine nippone, compétition finalement remportée par le français DCNS / Naval Group avec le Shortfin Barracuda en 2016. Ce même modèle est d’ailleurs proposé une nouvelle fois dans le cadre de la compétition P75i indienne portant sur la fabrication de 6 sous-marins à propulsion anaérobie. De même, Tokyo proposa à Paris et Berlin l’acquisition de son avion de patrouille maritime Kawasaki P1 en 2018, proposition finalement rejeté par les européens au profit d’une solution locale.

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Le Japon a déjà proposé ses sous-marins de la classe Soryu à l’Australie en 2016, et à l’Inde en 2019 dans le cadre du programme P75i

L’arrivée du Japon sur la scène internationale du marché de l’armement va encore accroitre les tensions déjà fortes qui le caractérise, avec l’arrivée de nouveaux acteurs très agressifs comme la Turquie, Israël ou la Corée du Sud, et surtout avec la montée en puissance de l’offre chinoise sur la scène de l’armement internationale, faisant peser une grande pression sur les industries européennes.

La Russie va exporter 64 avions Su-35 vers l’Egypte et un second client entre 2020 et 2024

Depuis l’indiscrétion du magazine russe Kommersant concernant le contrat de vente de Su-35 à l’Egypte, indiscrétion qui aura amené le journaliste à son origine en détention pour « trahison » à Moscou, personne n’était en mesure de quantifier le nombre d’appareils vendus au Caire. Il faut dire que les pressions américaines dans ce dossier, et la menace de représailles en application de la législation CATSAA, invitait à la plus grande discrétion, aussi bien pour les autorités égyptiennes que russes. Mais une video publiée à l’occasion d’une présentation industrielle du consortium industriel aéronautique OAK (United Aircraft Corporation en anglais), permet désormais d’en savoir plus sur ce dossier.

C’est le bloggueur @Strike_Flanker, auteur de l’excellent site www.redsamovar.com qui fait référence en matière d’armement russe (et de trains, mais c’est une autre histoire), qui a publié la photo qui a vendu la mèche concernant ce contrat. On y apprend en effet, que la Russie prévoit de livrer 22 appareils au Caire en 2020, suivis de 8 appareils en 2021, soit une flotte de 30 Su-35, deux escadrons. Notons que des Su-35 arborant la livrée égyptienne, mais sans cocarde, avaient déjà été observés il y a quelques semaines en Russie. Le montant de la commande reste toutefois confidentiel, toujours pour protéger Le Caire de mesures de rétorsion américaines.

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L’image issue d’une video repérée par @Strike-Flanker révèle les informations jusqu’ici âprement protégée par Moscou

Le tableau photographié montre également qu’un second client, inconnu jusqu’à présent, a passé commande de 34 Su-35, les aéronefs devant être livrés en 2022 (12 appareils), 2023 (14 appareils) et 2024 (8 appareils). Le volume présenté exclut l’Indonésie, qui n’a commandé, mais non confirmé, que 11 appareils. Deux hypothèses sont privilégiées ici, l’Algérie qui avait depuis longtemps signifié son intention de renforcer sa force aérienne, et surtout la Chine, qui passerait ainsi une seconde commande pour mettre en oeuvre 58 Su-35, simplifiant et optimisant la maintenance de la flotte. Il est vrais que Pékin s’était montré particulièrement satisfait des performances des 24 Su-35 acquis en 2017, l’appareil s’étant notamment illustré par son autonomie. Le tableau donne enfin des indications sur la production de Su-35s a destinations des forces aériennes russes elles-mêmes, qui vont recevoir 48 appareils entre 2020 et 2024, confirmant le volume d’une quarantaine d’appareils commandés d’ici la fin d’année par Moscou.

Ultime version de la série des Flanker russes, dérivés du Su-27, le Su-35s en est également le plus performant. Imposant, le monoplace russe mesure presque 22 mètres de long pour 15 mètres d’envergure, et affiche une masse maximum au décollage de prés de 35 tonnes, soit a peine moins que le F15E américain. Propulsé par deux énormes réacteurs Saturn AL-31F1 développant 8,5 tonnes de poussée sèche, et plus de 14 tonnes de poussée avec post-combustion, le Su-35s atteint Mach 2,25 en haute altitude, et Mach 1,15 à basse altitude. Son rayon d’action de combat dépasse les 1600 km, 30% de plus que le F35A américain.

Su35s base syrie Actualités Défense | Allemagne | Aviation de chasse
La Russie a déployé des Su-35s sur la base aérienne syrienne de Hmeimim dès les premiers jours du déploiement russe dans le pays en 2015 pour soutenir le régime du président Bashar Al-Assad.

L’avion russe dispose d’une électronique embarquée moderne, avec un radar PESA Irbis-E réputé très performant, un IRST (infra-Red Search and Track) OLS-35, et un système s’auto-protection L-175M Khybini-M. Il peut mettre en oeuvre une vaste panoplie d’armements Air-Air allant du missile à courte portée R-73 au missile à moyenne portée R-77, et le missile à longue portée R-27. Il est prévu de l’équiper du missile à très longue portée R-47M. L’appareil peut également mettre en oeuvre des missiles air-sol Kh-25 ou 3M-15 Kalibr, des missiles anti-navires (Kh-35, Kh-31..) et des missiles anti-radiation (Kh-25MP, Kh-31P..) ainsi que plusieurs types de bombes guidées et lisses.

La France montre l’exemple et déploie 2 navires de combat en Méditerranée orientale pour soutenir la Grèce

Comme nous nous en sommes déjà fait l’écho depuis le début de la semaine, la tension ne cesse de croitre entre la Turquie et le couple greco-chypriote alors que le navire d’exploration minière turc Orus Reis, escorté de frégates et de corvettes de la marine turque, se dirige vers le plateau continental chypriote pour y mener des investigations en vue de trouver des gisements gaziers. Pour s’opposer à la flottille turque, l’Armée de l’air et la Marine hellénique ont été mises en état d’alerte renforcée, et une flottille de navires de guerre grecques s’est positionnée pour stopper la progression turque. La situation est de fait explosive entre Ankara et Athènes, au point qu’à la demande la Grèce, une réunion exceptionnelle des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne aura lieu demain vendredi.

Mais pour le président Macron, qui avait déjà à plusieurs reprises signifié à Athènes comme à Nicosie le soutien de Paris dans ce dossier, il était visiblement urgent d’agir pour montrer la détermination française au président Erdogan, ainsi que pour montrer l’exemple de ce qui est attendu des européens dans cette crise. Le président français a donc ordonné le déploiement de 2 navires de la Marine Nationale, le Porte-hélicoptères d’assaut Tonnerre, et la frégate légère furtive La Fayette, de mener des exercices avec la Marine Hellénique en Méditerranée orientale, de sorte à marquer de manière incontestable le soutien français à Athènes face à la Turquie, alors que des informations non confirmées font déjà état d’un abordage (collision) entre une frégate turque et une frégate grecque hiers.

En outre, les deux avions Rafale déployés initialement sur une base chypriote pour mener des exercices avec la garde nationale du pays, sont redéployés en Crete. Toutefois, il n’est plus question, cette fois, d’exercices avec des forces alliées, mais bien de surveiller au plus prêt les agissements turcs, un changement qui peut paraitre subtil, mais qui, diplomatiquement, constitue un changement radical de posture de la part de la France. Toutefois, Paris dose la pression mise sur le président Erdogan, probablement dans l’attente de décisions européennes qui interviendraient lors de la réunion exceptionnelle de demain.

En effet, la Marine Nationale, si elle a déployé un Capital Ship, le porte-hélicoptères Tonnerre, et une frégate légère, n’a cependant dépêché aucun moyen potentiellement offensif, comme une frégate de défense aérienne de la classe Forbin capable de neutraliser l’espace aérien dans un rayon de 150 km, ou une frégate FREMM, équipée de missiles de croisière MdCN. De même, la flotte de Rafale déployée reste purement symbolique, même si en matière de renseignement électronique, ces avions auront probablement fort à faire. Il s’agit donc pour Paris de se montrer significativement présent, sans pour autant se montrer ouvertement menaçant envers Ankara, et laisser ainsi la porte-ouverte à des négociations diplomatiques potentielles.

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La frégate de Défense Aérienne Forbin de la Marine nationale emporte 48 missiles anti-aérien Aster 15 et Aster 30, capables de créer un déni d’accès dans un rayon de 150 km

La décision de l’Elysée a également pour but de peser sur l’implication des européens dans ce dossier, afin de provoquer une réaction forte et déterminée de l’Union et de ses membres, et tenter de mettre fin à la fuite en avant du président Erdogan qui, confronté à une grave crise économique dans son pays, a visiblement fait le pari de la confrontation extérieure pour conserver le soutien de son électorat. Rappelons en effet qu’en seulement quelques mois, Ankara s’est retrouvée engagée dans, outre le conflit syrien, le conflit libyen, dans les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, dans une confrontation économique et diplomatique intense avec Washington au sujet des S-400 acquis auprés de Moscou, et dans une confrontation imminente avec plusieurs pays européens, par ailleurs alliés du pays au sein de l’OTAN. Il y a quelques jours, c’est une attaque par drone sur le sol irakien ayant couté la vie à deux officiers irakiens qui a mis le feu aux poudres entre Ankara et Bagdad.

Si la détermination turque ne venait pas à faiblir, et que les risques d’un conflit sur le sol de l’Union européenne venaient à se préciser, il ne fait aucun doute que la Grèce demandera l’assistance de ses partenaires européens, en invoquant l’article 42-7 du traité de l’Union.

Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. Cela n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres.

Article 42.7 du traité de l’Union européenne

Dans ces conditions, et eu égard aux spécificités propres du territoire grecque et chypriote, les européens devront, pour être en mesure de dissuader efficacement Ankara, déployer des moyens importants dans la zone, que ce soit sur l’ile de Chypre, sur les iles grecques du littoral turc comme Lesbos, en Crete ainsi qu’en Thrace. Toutefois, si l’Europe venait à faire défaut, il est plus que probable que Paris, et probablement d’autres pays européens qui agiraient de manière coordonnées, renforceraient significativement les capacités défensives de leurs deux alliés, en déployant des moyens bien plus conséquents qu’aujourd’hui, et surtout bien plus « offensif ». Comme nous l’avions déjà abordé, Athènes, avec 12 sous-marins, 13 frégates et 230 avions de combat, n’a pas l’avantage du nombre face à Ankara, qui aligne 16 frégates, 10 corvettes, 12 sous-marins et 280 avions de chasse. En outre, les forces helléniques souffrent d’un manque de crédits pour la modernisation et la maintenance de ses équipements, entrainant une indisponibilité importante des équipements.

TCG Burgazada F 513 Ada corvette Actualités Défense | Allemagne | Aviation de chasse
La Marine Turque a perçu 4 corvettes de la classe Ada ces dernières années

Reste à espérer désormais que les autorités turques prendront la mesure de la détermination d’Athènes, de Nicosie, de Paris et, nous le verrons demain, potentiellement des alliés européens. L’homme fort d’Ankara aurait fort à perdre s’il décidait d’une confrontation avec les européens, d’autant qu’en dehors du Qatar et du Pakistan, le pays manque d’alliés solides dans la région, alors que ses relations avec Moscou sont désormais plus qu’indécises, même si Vladimir Poutine ne manquera certainement pas d’opportunisme dans ce dossier. En outre, Ankara risque de voir ses adversaires, l’Egypte et les Emirats Arabes Unis en Libye, l’Arménie dans le Caucase, et même la Syrie et les Kurdes sur son flanc sud, profiter de l’affaiblissement relatif des dispositifs militaires turcs, alors que les armées turques seraient dans l’incapacité de soutenir conjointement tous ces fronts, et que la crise économique fait rage dans le pays.

Même l’OTAN et le président Trump, jusqu’ici agissant plutôt en faveur d’une plus grande « tolérance » vis-à-vis des revendications turques, semblent aujourd’hui suivre un profil bas. Il est vrais que le Congrès américain a dévoilé, hiers, l’existence d’un accord entre Démocrates et Républicains des deux chambres qui, depuis deux ans, a bloqué toutes les exportations majeurs d’équipements de Défense américains vers le pays, empêchant notamment la modernisation des F16 de l’Armée de l’Air turque, et la fourniture de turbines pour les hélicoptères T129 Atak vendus au Pakistan. Mais il ne faut pas oublier que le président Erdogan a déjà, par le passé, su trouver des alternatives surprenantes pour soutenir sa politique. Quoiqu’il en soit, les prochains jours seront déterminants …

Le Departement de La Défense américain défini un schéma directeur pour les armes à énergie dirigée

Selon le Pentagon, les armes à énergie dirigée, comme les laser à haute énergie et les armes à micro-ondes, sont appelées à devenir, dans les années à venir, prépondérantes aussi bien à bord des navires de guerre, que des blindés et même des aéronefs. Au delà des écueils technologiques qui restent à franchir, notamment en matière de production énergétique, le Département de La Défense a pris l’initiative de confier à un des vétérans des programmes de laser embarqués de l’US Navy, Christopher Behre, la rédaction d’un schéma directeur technique, qui servira de cadre à l’ensemble des développements de ces systèmes d’armes dans les armées américaines, mais également de leurs composants.

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Le schéma directeur des systèmes d’arme à énergie dirigée proposé par le Pentagon

L’objectif initial annoncé par le DoD n’est pas de créer un cadre strict et normé qui, s’il favorisera évidement la normalisation, découragerait l’innovation dans ce domaine. Il s’agit, au contraire, de présenter un schéma global identifiant les composants majeurs de ces systèmes ainsi que les flux (information, énergie etc..) les reliants dans une architecture ouverte et modulaire. Il sera ainsi possible, selon Thomas Karr, qui pilote les projets d’armes à énergie dirigée au sein du Pentagone, d’optimiser les développements en mutualisant des couts entre les projets réutilisant des composants existants, tout en laissant la bride suffisamment lâche pour que les ingénieurs puissent proposer des innovations majeures voir structurelles. L’architecture globale présentée n’est pas définitive, et comme tout projet de ce type, elle repose sur une révision permanente avec gestion de la compatibilité ascendante. Mais elle est suffisamment cadrée pour permettre, selon son concepteur, d’envisager une perversion d’ici le début de l’année 2021.

A l’instar du developpement d’armes hypersoniques, les 3 armées américaines sont impliquées dans le developpement de systèmes à énergie dirigée aujourd’hui. Pour l’US Army, il s’agit des programmes Indirect Fire Protection Capability – High Energy laser ou IFPC-HEL visant un concevoir un laser antimissile de 300 kw, et le programme DE-SHORAD visant à équiper un véhicule blindé d’un laser à haute énergie pour assurer les missions de protection rapprochée mobile contre les drones, missiles et aéronefs. L’US Air Force a lancé le programme SHIELD visant à équiper les aéronefs d’un laser antimissile d’autodéfense, ainsi que le programme THOR, un générateur de micro-ondes directionnel destiné à éliminer les essaims de drones. L’US Navy, pour sa part, a entamé le déploiement de son système HELIOS, un laser de 60 Kw destiné à éliminer les drones, et travaille activement à des laser de 500 Kw et même 1 Mw pour assurer La Défense anti-missiles de ses navires.

Malgré l’accord de retrait, la Chine et l’Inde renforcent leurs positions dans l’Himalaya

Les bruits de bottes commencent à devenir assourdissant en cette année 2020, tant les crises régionales et internationales prennent rapidement de l’ampleur, et que se dessine des conflits armés potentiellement majeurs. Et si les tensions sino-indiennes sur les plateaux himalayens du Ladakh ne défraient pas les chroniques des médias européens, elles n’en représentent pas moins les prémisses d’un conflit entre les deux plus grandes nations mondiales du point de vu démographique, par ailleurs toutes deux disposant d’armes nucléaires. Une telle confrontation aurait, sans le moindre doute, des conséquences incalculables sur l’économie mondiale … Evidemment, face à la reprise de la coupe d’europe de football ….

Si les hauts plateaux himalayens sont depuis la fin des années 60 une zone de tension entre New Delhi et Pékin, ceci étant lié à des désaccords sur la ligne de démarcation valant frontière entre les deux pays, la confrontation prit un tournant tragique le 16 juin 2020, lorsque des éléments des forces armées indiennes et chinoises engagèrent un combat « au corps à corps  » (comprendre sans armes à feu), qui se soldera par 20 morts cotés indiens, et un nombre indéterminé de victimes cotés chinois (35 morts selon le renseignement américain), constituant le premier affrontement meurtrier entre les deux pays en 45 ans. Depuis, et en dépit des annonces de retraits des deux cotés, chaque pays a sensiblement renforcé ses moyens militaires dans la zone.

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Le déploiement d’hélicoptères de combat lourds AH-64 Apache sur le théâtre des plateaux himalayens marque incontestablement la montée en puissance du dispositif défensif indien dans la zone.

La composition exacte de ces renforcements restent naturellement confidentielle, mais plusieurs communiqués, une fois mis bout-à-bout, donnent l’ampleur de la manoeuvre et des concentrations de forces rassemblées sur ce théâtre aussi bien par Pékin que par New Delhi. Ainsi, coté indien, plusieurs informations publiées firent états du déploiement de moyens aériens significatifs dans la zone, en l’occurence des chasseurs Mig-29 de l’aéronavale indienne, des avions P8 Poseidon de patrouille maritime et disposant d’une large panoplie d’équipements d’écoute électronique, mais également d’hélicoptères LCH et surtout des Apache AH-64 de facture américaine, réputés particulièrement redoutables dans les missions anti-chars.

Coté chinois, le déploiement des moyens aériens reste en grande partie confidentiel, même si des survols satellites permirent d’observer le déploiement de chasseurs légers J-10 et de chasseurs bombardiers JH-7 à proximité de la zone. En revanche, Pékin communique plus volontiers sur le déploiement de ses nouveaux équipements terrestres, qu’il s’agisse de canons automoteurs sur roue de 155mm et de 122mm (illustration principale), de nouveaux missiles antichars très longue portée HJ-10, ou encore du nouveau char léger type 15 (VT5 pour la version export) ces materiels étant présentés comme parfaitement adaptés pour un engagement intense sur les plateaux tibétains. Communications qui firent mouches, puisque les autorités indiennes ont récemment annoncé vouloir se doter rapidement d’un char léger capable de s’opposer au Type 15 chinois.

Type 15 light tank china Actualités Défense | Allemagne | Aviation de chasse
Le char léger chinois Type 15 représente un très bon équilibre entre mobilité, protection et puissance de feu, particulièrement pour les terrains très difficiles inaccessibles aux chars lourds Type 99A

Reste que les deux pays semblent déterminés à ne rien céder, et que contrairement aux incidents du plateau du Doklam en 2017, les deux pays ne parviennent pas à faire effectivement baisser la tension, si tant est qu’ils en aient effectivement l’intention. Dans les faits, l’antagonisme sino-indien semble s’accroitre un peu plus chaque jour, comme l’ont montré les nombreux articles de la presses anglophone de Pékin faisant des comparaisons très hasardeuses entre le J-20 chinois et les nouveaux Rafale indiens. Antagonisme qui ne se limite d’ailleurs pas aux plateaux himalayens, puisque les marines des deux pays se disputent la suprématie du Golfe du Bengal, et de la route maritime reliant l’Asie au canal de Suez. Parmi les différentes zones de tension dans le monde, que ce soit en Méditerranée, au Levant, dans le Caucase, en Afrique du Nord, dans le Golfe persique, en Amérique du Sud ou en Mer de Chine, le conflit latent entre la Chine et l’Inde est probablement celui qui présente un des plus importants risques à l’échelle mondiale.

Les forces navales et aériennes grecques en alerte renforcée face à la Turquie

La nouvelle incursion d’une flottille turque dans les eaux chypriotes pour accompagner le navire de recherche Orus Reis a amené les autorités grecques à mettre leurs forces navales et aériennes en état d’alerte renforcée. La confrontation entre les deux pays s’approche à grand pas, alors qu’Athènes entend bien empêcher le navire d’exploration minière turc, escorté par au moins 5 bâtiments militaires, d’effectuer les relevés permettant de déterminer la présence d’hydrocarbures dans le sous-sol maritime chypriote. A la demande du ministre grec des affaires étrangères, Nikos Dendias, une réunion exceptionnelle des ministres européens des affaires étrangères aura lieu ce vendredi à ce sujet.

Mardi 11 aout, alors que la flottille turque composée du navire d’exploration minière Orus Reis et de 5 à 6 frégates d’escorte de la Marine Turque approchait des eaux chypriotes avec pour objectif de mener des explorations minières entre Chypre, la Crête et la Grèce, la Marine Hellénique a mis en alerte renforcée sa flotte, afin de venir lui barrer la route. Dans le même temps, les forces aériennes grecques firent de même, anticipant un possible soutien de l’aviation turque si les deux flottes venaient à se rapprocher. La mer Egée fait l’objet depuis quelques jours d’un grand nombre de survol de drones et d’avions de reconnaissance, créant un niveau de tension rarement atteint ces deux dernières décennies entre Athènes et Ankara. Dans ce contexte, l’Armée de l’Air française a dépêché deux Rafale sur la base aériennes chypriote Andreas Papandreous, officiellement dans le cadre de manoeuvre avec la garde nationale du pays membre de l’Union européenne.

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L’Orus Reis et sa flottille d’escorte se dirigeant vers le nord de Chypre

C’est d’ailleurs vers cette même Union européenne, et non vers l’OTAN, que les autorités grecques recherchent aujourd’hui le soutien dont elles ont besoin pour faire face à la détermination du président Erdogan. A l’instar des revendications chinoises en mer de Chine, la Turquie revendique des droits d’exploitation dans la zone d’exploitation exclusive chypriote sur des bases plus que contestables, raison pour laquelle Ankara tente de montrer les muscles dans un passage en force très risqué. Or, avec d’une part la Turquie elle aussi membre de l’OTAN, et d’autre part l’attitude conciliante du président américain vis-à-vis de son homologue turc, le premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis, n’a guère d’autres choix que de se tourner vers les européens pour faire pression sur Ankara et éviter la confrontation, si tant est que cela soit possible.

grece Actualités Défense | Allemagne | Aviation de chasse
La Défense des iles grecques de la mer Egée, ici en bleu, s’avère être casse tête permanent pour l’Etat major hellénique, d’autant que beaucoup d’entre elles sont bien plus proches des cotes turques que des cotes de la Grèce continetale

Car, sur le papier, Athènes n’a guère l’avantage face à Ankara du point de vu militaire, situation d’autant plus marquée aujourd’hui que la Turquie a en 20 ans multipliés ses dépenses en matière de Défense par 3, alors que la Grèce, sous tutelle germano-européenne suite à la crise de 2011, a vu les siennes être divisées par deux. La conséquence immédiate, au delà d’un budget militaire turc quatre fois plus important que celui de la Grèce en 2020, est un rapport de force sensiblement favorable à la Turquie, même si les forces helléniques ont jusqu’ici réussi à se montrer plus que convaincantes face à leurs homologues turques. Si un conflit venait à éclater entre la Turquie et le couple greco-chypriote, ce dernier ne pourra soutenir la confrontation dans la durée sans le soutien de ses alliés et partenaires européens.

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L’Armée de l’Air française a déployé sur place deux avions Rafale ainsi qu’un avion ravitailleurs C130J Hercule.

Cette crise représente, de fait, non seulement un risque majeur pour Athènes et Nicosie, mais également pour la cohésion, et la cohérence de l’Union européenne. Et si l’UE venait à ne pas répondre massivement, militairement, et avec une grande détermination, pour soutenir ses deux membres, l’ensemble des discours passés, présents et à venir, sur les valeurs européennes, sur le rôle fédérateur de l’Union, et sur la cohésion des pays membres, perdraient irrémédiablement toute leur portée, pour ne pas dire leur substance, ramenant l’Union Européenne au statut d’union douanière et de marché commun, 40 années auparavant. C’est peut-être dans les prochains jours que l’UE entrera dans l’histoire du vieux continent, ou en sortira par la petite porte. Quand à l’OTAN …

La Russie va commander une quarantaine de Su-35s supplémentaires en 2020

Après avoir annoncé la commande de 76 chasseurs de nouvelle génération Su-57 passée en 2019, puis celle de plus d’une cinquantaine (entre 48 et 76 selon les sources) de chasseurs bombardiers tactiques Su-34, c’est au tour du chasseur polyvalent Su-35s d’être commandé par les forces aériennes russes. Selon le site tvzvesda.ru dédié aux forces armées russes, le ministre de La Défense russe, Serguei Shoigou, a en effet annoncé la commande, d’ici la fin d’année, de nouveaux Su-35s, pour un montant de 70 Md de roubles, soit un peu moins de 1 Md$. Ce montant indique que la commande portera sur une quarantaine de nouveaux appareils, venant s’ajouter à la centaine d’appareils de ce modèle déjà en service dans les forces aériennes russes.

Selon toute probabilité, le rythme de production du Su-35s étant depuis plusieurs années fixe autour d’une dizaine d’aéronefs par an, cette commande sera donc exécutée sur la GPV 2019-2027, l’équivalent russe d’une loi de programmation militaire décennale, comme pour les Su-57 et les Su-34 préalablement cités. En 2028, les forces aériennes russes disposeront donc de près de 400 chasseurs très modernes Su-57 (76), Su-35s (138) et chasseurs bombardiers Su-34 (180), auxquels viendront s’ajouter les quelques 160 Su-30SM qui sont progressivement modernisés au standard SM2, très proche de celui du Su-35s, et un nombre encore indéterminé de drones de combat furtifs lourds S70 Okhotnik-B, l’appareil devant entrer en service à partir de 2024 et progressivement remplacer la flotte de Mig-29 encore en service. Le remplacement de la centaine d’intercepteurs Mig-31 encore en service n’interviendra, lui, qu’au delà de la GPV en cours, probablement au début des année 2030, si d’ici-là le programme PAK-DP n’est pas annulé, pour des raisons budgétaires.

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Vue d’artiste du PAK DP ou Mig41

Car, en effet, la question du coût et de la soutenabilité de l’effort de Défense de Moscou se pose plus que jamais, entre la crise économique liée à la pandémie de Covid19, la Russie étant l’un des pays ayant eu le plus grand nombre de cas détectés avec plus de 900.000 tests positifs annoncés et 15.000 morts, selon les chiffres officiels. Mais c’est surtout le prix des produits pétroliers qui plombe aujourd’hui les recettes budgétaires de la Russie. Avec un baril de pétrole brut à 44 $, et après une chute ayant atteint le plus bas historique de 20 $ cette année, les recettes fiscales du pays se sont en effet effondrées, et ne peuvent être compensées par la bonne tenue des exportations de son industrie de défense. Ces deux événements sont par ailleurs intervenus alors que le pays sortait à peine de 5 années de crises sévères conséquences des sanctions occidentales liées à l’annexion de la Crimée en 2014, et la timide reprise économique qui semblait se profiler a de fait été balayée, faisant place à une nouvelle récession sévère.

Dans ces conditions, et alors que le PIB du pays n’excèdera pas les 1.700 Md$ en 2020, soit 25% de moins que le PIB français et à peine plus que celui de l’Espagne, les annonces successives de programmes d’armements, que ce soit dans le domaine des armements terrestres (Série Armata, Kurganet 25..), des navires de combat (porte-hélicoptères d’assaut, frégates Super Gorshkov, sous-marins nucléaires Borei et Yasen), des systèmes aériens (Su-57, drone Okhotnik-B, Su-35s…) ainsi que des systèmes stratégiques (SLBM Bulava, ICBM Sarmat, planeur hypersonique Avangard..), si elles sont conformes à la programmation définie dans la GPV-2019-2027, risquent fort de mettre à mal l’économie déjà très fragilisée du pays.

Le SNLE de la classe Borei de la Marine Russe met en oeuvre 16 missiles Boulava Actualités Défense | Allemagne | Aviation de chasse
La Russie a prévu la construction de 12 SNLE de la classe Borei-A pour assurer les missions de dissuasion, 3 fois plus que les 4 SNLE de la France ou de la Grande-Bretagne

Mais l’industrie de défense russe jouit d’un statut privilégié dans le paysage économique et industriel russe. Avec plus d’un million de collaborateurs, elle constitue la principale source de devises étrangères du pays, en dehors des hydrocarbures. Surtout, les salaires en Russie étant relativement bas, Moscou a mis en place un système permettant de compenser par les exportations les déficits liés aux acquisitions nationales. Ainsi, un Su-57 sera facturé à peine plus de 31 m$ à la fédération de Russie, alors qu’il dépassera sans le moindre doute les 60 m$ à l’exportation, ce qui reste un tarif très attractif sur la scène internationale pour un tel appareil, aidé en cela par un rouble qui a perdu plus de la moitié de sa valeur vis-à-vis du dollar ou de l’euro depuis 2014. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que Washington ait concentré ses sanctions dans ce domaine contre la Russie, via la législation CAATSA.

De fait, la comparaison stricte des budgets militaires entre la Russie et ses homologues occidentaux, sur la base d’une simple conversion des monnaies, est loin de refléter la réalité de la puissance militaire en devenir de la Russie, de sa capacité à moderniser et accroitre ses forces armées, ainsi que de la soutenabilité de l’effort de Défense pour Moscou, et ce d’autant que l’industrie de Défense, comme les armées, constitue un des piliers électoral sur lequel le président V.Poutine et son partie Russie Uni a construit son succès.

V.Poutine et Xi Jinping 1 Actualités Défense | Allemagne | Aviation de chasse
Le partenariat stratégique qui lie aujourd’hui Moscou et Pékin va immanquablement évoluer vers une suprématie chinoise, faisant perdre à la Russie son statut de Super-Puissance

Mais à l’instar de la France et de la Grande-Bretagne dans les années 50 et 60, la Russie est aujourd’hui irrémédiablement condamnée à se voir distancer dans le course aux armements par les deux géants économiques américains et chinois, et si son arsenal nucléaire donnera un temps l’illusion à Moscou de faire jeu égal avec Washington et Pékin, les réalités économiques, démographiques et stratégiques auront vite fait de ramener le Kremlin à de plus justes considérations. Dans ces conditions, on peut se demander si, d’un point de vue purement objectif, l’avenir d’une Russie puissante et autonome, ne se joue pas davantage en Europe que dans l’actuel rapprochement à l’asymétrie croissante avec Pékin ?