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En 2030 la Marine Chinoise surpassera l’US Navy sur le théâtre Indo-Pacifique

Depuis le début de la décennie 2010, la Marine Chinoise a entrepris de developper une flotte de haute mer puissante et moderne, capable, à terme, de contester à l’US Navy la suprématie sur les mers de la zone indo-pacifique. Cet effort porte aussi bien sur les équipements, avec la montée en puissance de l’industrie navale militaire chinoise capable aujourd’hui de produire l’ensemble des bâtiments formant une flotte de haute mer à un rythme soutenu, que sur les équipages, avec un plan de formation des personnels très méthodique et remarquablement appliqué pour une croissance coordonnée des moyens et des savoir-faire.

Dans cet article, nous étudierons les principales classes de bâtiments qui formeront la flotte hauturière chinoise à l’horizon 2030, de sorte à pouvoir en évaluer les performances, et le niveau de menace qu’elle pourrait, le cas échéant, représenter pour les pays comme pour la navigation et l’exploitation des ressources dans la zone indo-pacifique.

Porte-avions

Le premier porte-avions de la Marine chinoise, le Liaoning, n’est entré en service qu’en 2015, et était en fait un ancien porte-avions soviétique non achevé, acheté auprés d’un chantier ukrainien. En 2030, elle devrait disposer de 5 à 6 porte-avions, de 3 classes différentes

Le Porte avions Liaoning avec des J15 et un Z8 sur le pont Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le porte-avions Type 001 Liaoning servira probablement comme navire d’instruction en 2030
  • 2 porte-avions Type 001/A, le Liaoning et son sister-ship Type 001A actuellement en essais, jaugent 70.000 tonnes en charge pour 315 mètres de longueur, et peuvent emporter respectivement 24 et 36 avions de combat J-15. Ils sont de type STOBAR, disposant d’un tremplin pour le décollage et de brins d’arrêt pour l’appontage des aéronefs, mais pas de catapultes, ce qui handicape les navires dans l’emploi d’aéronefs de veille aérienne, ainsi que l’autonomie des appareils.
  • 2 porte-avions Type 003, en cours de construction simultanément dans les chantiers navals de Dalian et de Jiangnan, jaugeront probablement entre 85 et 90.000 tonnes, et seront cette fois, dotés de catapultes électromagnétiques. Ils pourront mettre en oeuvre un groupe aérien d’une quarantaine d’appareils, incluant des J15, des J15D de guerre électronique, des avions de surveillance aérienne KJ-600, des hélicoptères, et un nouveau chasseur furtif, dérivé du FC-31 Gyrfalcon ou du J-20, ce dernier semblant avoir les faveurs de l’Etat-Major. Les 2 portes-avions, dotés d’une propulsion conventionnelle, entreront en service entre 2022 et 2025.
  • 1 à 2 porte-avions Type 004, version allongée des Type 003, jaugeant plus de 100.000 tonnes, et pouvant emporter de 60 à 80 appareils. Il seront propulsés cette fois par des réacteurs nucléaires, comme les PAN américains et français. Selon toute probabilité, la construction du premier exemplaire de cette classe devrait intervenir à partir de 2023, pour une entrée en service en 2028 ou 2029, alors que la seconde unité entrera en service en 2030 ou 2031.

En 2030, en toute hypothèse, la Marine chinoise disposera donc de 5 à 6 porte-avions dont 3 à 4 serontçà équipés de catapultes, en faisant la plus importante force aéronavale du théâtre indo-Pacifique. On ignore pour l’heure quel format final est visé par les autorités chinoises en matière de porte-avions, mais en se basant sur une utilisation optimisée de l’outil de production dont elle dispose, et une durée de vie des bâtiments de 30 ans, ce nombre s’établit autour de 12 unités, soit le même nombre de navires qu’envisagé par l’US Navy. Ce nombre correspond également à la volonté du dirigeant chinois Xi Jinping de faire jeu égal avec les Etats-Unis d’ici 2050.

Navires d’assaut

Jusqu’en 2007, date d’entrée en service du premier navire d’assaut Type 071, le Kunlun Shan, la Marine Chinoise ne disposait, en matière de navire d’assaut, que d’une vingtaine de transport de chars modernes, ou LST, n’ayant que de faibles capacités hauturières. Le LPD Type 071 constituait, à ce titre, un immense progrès dans les capacités opérationnelles de projection de forces de la Marine chinoise . En 2030, la Marine chinoise disposera des unités suivantes :

LPD type 071 de la marine chinoise Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Les LPD Type 071 constituent le premier échelon de la force de projection longue distance de la Marine Chinoise
  • 8 navires d’assaut Type 071 jaugeants 25.000 tonnes. Ces bâtiments peuvent transporter 600 marines et leur équipements roulants, pour les débarquer à l’aide de 4 aéroglisseurs d’assaut type 726, et de 4 hélicoptères Z-8, version locale du Super Frelon français
  • au moins 6 porte-hélicoptères d’assaut Type 075, mais plus probablement 9 unités, aux vues des besoins de l’état-major de la marine vis à vis de ce type de navires jaugeant 40.000 tonnes en charge, et capable de mettre en oeuvre 28 hélicoptères de différents type, ainsi que des aéroglisseurs d’assaut. Il devrait pouvoir transporter un régiment de marines complet, avec équipements roulants, soit 1200 hommes. Une version allongée, identifiée Type 075A, serait à l’étude.
  • 30 transports de chars d’assaut Type 072II/III/A jaugeant entre 4100 et 4800 tonnes, construits entre 1992 et 2016, capables de débarquer 250 hommes et 10 chars de combat.

Une fois encore, la marine chinoise devrait disposer, en 2030, d’une capacité de projection de force comparable à celle de l’US Navy dans la zone indo-pacifique. Il s’agit, quoiqu’il en soit, d’une force très suffisante pour mener un assaut naval d’envergure, avec une capacité de projection hauturière de 2 divisions de marines. A noter que parallèlement, la Marine Chinoise a annoncé qu’elle porterait le format de son corps de Marine de 2 brigades pour 12.000 hommes actuellement, à 8 brigades pour 40.000 hommes, au cours de la prochaine décennie, un format très proche de celui de l’US Marines Corps, fort de 3 divisions d’actives et une de réserve, pour 46.000 hommes.

Croiseurs et destroyers

Le flotte de surface combattante de l’Armée populaire de libération a, elle aussi, considérablement évoluée depuis le début des années 2000. De quelques destroyers Sovremeniye acquis auprés de la Russie, elle dispose désormais d’une flotte d’une trentaine de croiseurs et destroyers, qui se renforce de 4 à 5 navires supplémentaires chaque année. Selon les projections éclairées que nous pouvons faire tenant compte des moyens et des rythmes de production mis en oeuvre depuis plus de 10 ans par les chantiers navals chinois, la flotte de croiseurs et de destroyers chinois en 2030 devrait avoir le format suivant:

Type 055 croiseur Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Les croiseurs Type 055 sont, à ce jour, les navires de surface les plus puissants de l’arsenal chinois
  • 10 à 14 croiseurs Type 055, dont 6 Type 055A. Ce navire, classé « destroyer lourd » par la nomenclature chinoise, jauge 12.000 tonnes, et emporte pas moins de 112 silos de lancement verticaux pour différents types de missiles. C’est l’un des plus puissants navires de combat du théâtre Pacifique aujourd’hui, faisant jeu égal avec les croiseurs Ticonderoga de l’US Navy. Il emporte le très puissant radar de veille H/LJG-356B AESA, et dispose d’une importante capacité d’évolution grâce aux 4 turbines à gaz QC-280 produisant une puissance totale de 112 MW. A l’issu des 8 Type 055 planifiés, dont 2 sont en service, une nouvelle classe Type 055A est probable, equipée cette fois d’armes énergétiques, et notamment du futur Rail Gun Chinois. Ces navires doivent entrer en service à partir de 2025.
  • 30 à 35 Destroyers Type 052D, dont 13 sont déjà en service ou en test, et 11 en cours de construction. Jaugeant 7500 tonnes pour 157 m de long, ces destroyers emportent 64 VLS, un radar AESA 346-A, et un système de combat proche du système Aegis américain. Ils assurent ainsi l’escorte des bâtiments majeurs de la Marine chinoise, comme les porte-avions, et les navires d’assaut. Les derniers bâtiments de la classe semblent plus longs, et pourraient recevoir un nouveau patronyme, comme Type 052E.
  • 10 destroyers Type 052/A/B, modernisés car plus anciens, pour répondre aux exigences technologiques et se rapprocher du standard posé par le 52D.

La Marine Chinoise aura, en 2030, autant de croiseurs et de destroyers en service que l’US Navy n’en dispose sur sa façade Pacifique. Mais là ou seuls 20% des navires américains auront moins de 15 ans, seuls 35% des navires chinois auront plus de cet âge.

Frégates

Type 054A fregate Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Les 30 frégates Type 054A offrent à la Marine chinoise une importante capacité de lutte anti-sous-marine

Les frégates Type 054 constituent, et constitueront encore en 2030, le fer de lance de la lutte anti-sous-marine chinoise. La classe Type 054A, dont la première unité est entrée en service en 2007, est représentative de la transformation profonde de la Marine Chinoise depuis 15 ans, et de l’effort produit pour s’imposer rapidement sur son théâtre. En 2030, la flotte de frégates chinoises devrait s’articuler comme suit :

  • 20 frégates Type 054B, dérivée des Type 054A, et dont la production a d’ores et déjà débuté. Les caractéristiques de ce navire sont confidentielles, mais l’on sait qu’il aura une propulsion hybride électrique, et des performances améliorées vis-à-vis des type 054A.
  • 30 frégates Type 054A, construites entre 2005 et 2018, formant la colonne vertébrale de cette flotte ASM. Ces navires de 4000 tonnes et de 135 m de long emportent 32 silos verticaux, un canon de 76mm, ainsi que 2 tubes lance torpilles ASM triples, ainsi qu’un hélicoptère ASM. Les Type 054A disposent en outre d’un sonar à profondeur variable H/SJG-206 et d’un radar Type 382.
  • 12 frégates Type 054 et Type 053 modernisées pour se rapprocher du standard A

La soixantaine de frégates chinoises dépassera largement le nombre de frégates de l’US Navy, qui ne pourra compter que sur 20 FFG/X, il est vrais probablement plus lourdes, et plus performantes, mais devant être partagées entre les différents théâtres navals américains. Ces navires procureront une capacité d’escorte ASM hauturière très importante à la flotte de Pékin.

Navires de soutien

L’augmentation de la capacité hauturière de la Marine chinoise s’accompagne de l’augmentation du nombre de navires de soutien. Il est toutefois très difficile d’obtenir des informations fiables sur la planification dans ce domaine, et l’on ne peut qu’extrapoler sur les productions précédentes. Selon toute vraisemblance, la Marine chinoise disposera, en 2030 des navires de soutien suivants :

Type 901 APL Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le pétroliers ravitailleurs rapides Type 901 sont conçus pour accompagner les porte-avions de la Marine Chinoise
  • 6 à 8 navires de soutien rapides, comme le nouveau Type 901 entré en service en 2016 pour accompagner le Liaoning, et dont une seconde unité est entrée en service en 2017. Ce navire de 45.000 tonnes dispose du même groupe propulsif que les croiseurs Type 055, lui permettant d’atteindre les 25 noeuds, et de pouvoir accompagner les groupes aéronavals.
  • 12 à 16 navires de soutien Type 903A, jaugeant 23.400 tonnes en charge, et disposant d’une large autonomie de 10.000 miles à 14 noeuds, adaptés pour accompagner les forces d’action navales de surface, ou les groupes amphibies.
  • 10 à 12 navires de soutien polyvalents, comme les type 904A de 10.500 tonnes, soutenant les activités moins intenses de la marine.

On le voit, la Marine chinoise se dote progressivement, et de façon très logique, d’une flotte logistique adaptée au format de sa flotte de surface. En revanche, rien ne laisse envisager la constitution d’une flotte logistique comparable au Sea Lift Command de l’US Navy. Mais la flotte de commerce chinoise est à ce point importante, et controlée par l’Etat, qu’elle peut, dans les faits, se passer d’une telle composante.

Conclusion

En 2030, la Marine chinoise ne sera pas en mesure de se comparer à la Marine américaine dans son ensemble. En revanche, elle proposera un niveau de défis très élevé sur l’ensemble du théâtre indo-pacifique, que les Etats-Unis ne pourront relever qu’avec l’aide de leurs alliés, comme le Japon, l’Australie ou la Corée du Sud. En se rapprochant des côtes chinoises, l’entrée en scène des flottes de corvettes et de navires lance-missile chinois, toutes deux très conséquentes, rendra très difficile à l’US Navy, même renforcée de ses alliés, de prendre le dessus sur son adversaire.

En outre, la puissance aéronavale et amphibie chinoise lui permettra de s’emparer par la force, si besoin, de territoires stratégiques, pour étendre son contrôle et ses capacités d’interdiction. Le sort de l’ile de Taiwan semble, dès lors et dès à présent, hors des mains de Washington, comme de la communauté internationale occidentale. Une chose est certaine, Pékin ne construit pas une marine aussi puissante pour participer à des missions anti-pirateries, ni pour simplement escorter ses navires de commerce le long de la route de la soie ..

Le second porte-avions chinois pourra emporter 36 avions de combat J-15

Selon les chaines publiques chinoises, relayées par le site d’état Global News, le second porte-avions de la Marine Chinoise, identifié alternativement comme Type 001A et Type 002, est en mesure de mettre en oeuvre une flotte de 36 chasseurs polyvalent embarqués lourds J-15, un appareil très inspiré du Su33 russe.

Cette capacité d’emport représente une augmentation de 50% vis-à-vis de son prédécesseur, le Liaoning, identifié comme Type 001, qui ne peut en mettre en oeuvre que 24. Bien que le Type 001A, qui n’a toujours pas reçu de nom de baptême, et qui termine ses tests en mer, soit conçu sur la même coque que le Lioaning, les chantiers navals chinois ont profité de cette construction entièrement locale pour apporter des aménagement du pont d’envol, des infrastructures et des hangars, pour augmenter sensiblement l’espace disponible, et donc la capacité opérationnelle du bâtiment.

Selon les déclarations des officiels chinois, il est nécessaire de disposer d’une quarantaine d’appareils de combat pour assurer la supériorité aérienne d’une zone d’engagement, et le Type001A pourra, dès lors, y parvenir. Ces déclarations sont évidemment très doctrinales, et nul doute que les marines françaises ou britanniques ne partagent pas cette vision. Toutefois, elle nous indique que le Liaoning n’est pas destiné à être employé comme une arme de projection, alors que le Type 001A, et le nouveau porte-avions CATOBAR en cours de construction dans les chantiers chinois, qui sera selon toute vraisemblance plus imposant que les Type 001, seront eux destinés à cette mission. Le Liaoning est donc de plus en plus considéré comme un bâtiment destiné à la formation et à l’aguerrissement des personnels, et notamment des pilotes de l’aéronavale chinoise. Ainsi, depuis son entrée en service, il a déjà permis de former et de macaroner 10 promotions de pilotes embarqués, soit entre 100 et 150 pilotes qualifiés. En outre, plusieurs sessions de qualification tout-temps et de nuit ont déjà été menées à son bord. La Marine chinoise a donc ses « hiboux », le surnom donné aux pilotes de chasse embarquée français ayant la qualification d’appontage de nuit.

chinese aircraft carrier liaoning Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le Liaoning permet à la Chine d’acquérir rapidement des compétences importantes dans le domaine de l’engagement aéronaval

A noter que rien ne permet, aujourd’hui, de certifier que la Marine Chinoise disposerait effectivement de ces 36 J-15 qu’elle pourrait embarquer sur le Type 001A, et encore moins des 64 à 88 qui seraient nécessaires pour maintenir une capacité de projection de 24 à 36 appareils permanente. En effet, pour l’heure, il semble qu’à peine plus d’une vingtaine de J-15 auraient été construits depuis 2013, dont 2 exemplaires ont été détruits lors de crashs. Il est toutefois possible, et même probable, que la production de J-15 soit accélérée avec l’entrée en service opérationnelle du second porte-avions chinois, et la qualification de davantage de pilotes.

Il n’aura fallut que 2 ans et demi aux chantiers navals chinois pour construire le porte-avions Type 001A, et la construction du Type 003 est déjà bien avancée. Il est probable que sa mise à l’eau interviendra en début d’année 2020, pour une entrée en service actif en 2022. Si ce rythme est maintenu, et rien n’indique qu’il ne le sera pas, la Marine chinoise disposera donc de 3 à 4 porte-avions dotés de catapultes opérationnels, dont probablement 2 à propulsion nucléaire, ainsi que de 2 porte-avions Type 001/A en 2030, égalant de fait les capacités d’engagement de l’US Navy dans la zone indo-pacifique. On comprend l’empressement des japonais et des coréens pour disposer de porte-aéronefs capables de mettre en oeuvre des F35B, afin de maintenir un rapport de force favorable face à la Chine.

La protection contre les drones et les roquettes devient une nécessité à court terme

L’US Army vient d’officialiser une commande de 2 systèmes de protection israélien Iron Dome pour assurer la protection rapprochée de ses infrastructures contre les drones, roquettes, obus de mortier et d’artillerie, et les missiles de croisière. Il ne s’agit pas, comme on pourrait le penser de prime abord, d’une acquisition visant à renforcer les capacités d’engagement des forces sur un théâtre de haute intensité, mais de palier à une défaillance à court terme, sur des théâtres jusqu’ici considérés comme dépourvus de menace aérienne.

Car depuis quelques mois, le nombre d’attaques utilisant des drones suicide a augmenté en flèche, que ce soit contre les aéroports du sud de l’Arabie saoudite, ou la semaine dernière, lors d’une attaque coordonnée de 6 drones contre la base aérienne russe de Hmeimim, déjouée par la Défense anti-aérienne protégeant la base. Au total, plus d’une vingtaine d’attaques majeures employant des drones ont été recensées sur le premier semestre 2019, dépassant désormais le cadre du seul Moyen-Orient, comme l’attaque par drone suicide le 4 aout 2018 contre le président vénézuélien E.Maduro lors d’un défilé militaire, blessant 7 miliaires et un civil.

Pantsir S2 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le système Pantsir S2 russe est conçu pour assurer la protection rapprochée des infrastructures contre les menaces DRAM (Drone Roquette Artillery Missile)

Il ne faudra guère de temps pour que cette menace ne se généralise, et viennent directement toucher les forces françaises et européennes déployées en Opex, notamment dans le cadre de l’opération Chammal en Afrique Sud-Saharienne. Or, les armées françaises, comme européennes, ne sont pas équipées pour faire face à ce type de menace, tant du point de vu de la détection que de l’engagement des cibles. En effet, La Défense anti-aérienne des forces françaises est décomposée en une défense de théâtre, assurée par le système SAMP/T Mamba équipé de missiles Aster 15/30, et les différents équipements employant le missile Mistral. Il n’existe pas de système autonome assurant la surveillance et l’engagement des menaces proches, a l’instar du Pantsir, du Tunguska, ou du TOR M1/2, qui protègent ensemble la base aérienne russe d’Hmeimim. Si la Mamba est très efficace contre les aéronefs et les missiles de croisière, il n’est pas conçu pour éliminer les roquettes ou les drones. Qui plus est, en l’état des informations publiques divulguées, aucun système n’est déployé en Opex. Quand au Mistral, il ne dispose pas de systèmes de surveillance, rendant ses capacités d’engagement contre ce type de cible sont limitées, et son guidage infrarouge le rende peu performant face aux drones, et inutile face aux obus et aux roquettes.

HEL FTV Dynetcs Lockheed 100 KWh Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Les Etats-Unis parient sur le laser à haute énergie pour assurer la protection rapprochée des infrastructures et des forces contre les menaces DRAM

Le besoin de renforcement des capacités de combat sur théâtre haute intensité est évidemment nécessaire, bien que trop souvent négligé en Europe, notamment dans la LPM 2019-2025 française. Mais en l’absence d’une prise de conscience très rapide des autorités politiques et militaires, et d’une réponse toute aussi rapide pour déployer des solutions pouvant effectivement assurer la protection des sites en Opex, le risque de voir se reproduire un événement dramatique, à l’image de l’embuscade de la vallée d’Uzbin en Afghanistan en 2008, augmente rapidement avec le temps.

Cette problématique n’est d’ailleurs pas appelée à s’atténuer. Avec la radicalisation des tensions internationales entre grandes nations militaires, les risques de voir un pays alimenter en équipements technologiques des forces qui, jusqu’ici, en étaient dépourvues, va croitre dans des délais courts, faisant disparaitre la notion de conflit de basse intensité, à l’image de la majorité des conflits dans les années 70 et 80, rendant inutilisables un certain nombre d’équipements aujourd’hui en service, mais impropres à l’emploi face à une force disposant d’équipements modernes et lourds.

L’US Navy peine à définir son planning de fabrication des unités navales de surface

Comme beaucoup de forces armées occidentales, l’US Navy a vu son format sensiblement s’éroder durant les années 2000 et 2010, et peine aujourd’hui à le rééquilibrer avec les capacités de production effectives de l’industrie navale américaine. Ainsi, le format définitif équilibrant les nouveaux Large Surface Combatant, qui remplaceront les croiseurs Ticonderoga puis les destroyers Arleigh Burkes de première génération, les destroyers A.Burkes Flight III, les nouvelles frégates du programme FFG/X, et les LCS, fait encore l’objet d’âpres discussion au Pentagone, à la Maison Blanche, et au Capitole.

En effet, l’US Navy a dû reporter à plusieurs reprises le remplacement des croiseurs anti-aériens Ticonderoga, qui assurent la protection des porte-avions et grandes unités amphibies. Le programme Large Surface Combatant, qui doit prendre le relais, est toujours en phase de conception, et il semble que la construction de la première unité ne démarrera pas avant 2025, ce qui amènera les Ticonderoga à plus de 40 ans de navigation intensive. Or, ce type de bâtiments, capable de mettre en oeuvre un radar de grande puissance (et donc de grande dimension), et un nombre important de missiles de différents type, est indispensable à la stratégie navale US présente et à venir. Bien que les destroyers A.Burkes, dans leur dernier standard Flight III, gagneront encore en puissance, ils ne peuvent rivaliser avec les LSC.

Ticonderoga croiseur Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Les croiseurs Ticonderoga atteignent leur limite d’âge et doivent être remplacés par le programme LSC

Dans le même temps, nombreux sont ceux, au Pentagone, à remettre en question la prédominance des destroyers dans l’arsenal de haute mer de l’US Navy. Le programme FFG/X permettra certainement d’étendre les performances ASM des groupes navals et des Task Forces américains, mais leur nombre réduit (20 unités), ne permettra pas de désengager les destroyers des missions de moyenne intensité, pour lesquels ils sont surdimensionnés. Enfin, bien que certains s’évertuent encore à défendre les LCS, la confiance de l’US Navy dans ces navires n’est que très limitée. Alors que 14 bâtiments sont déjà en service, et que la pression opérationnelle est immense sur les unités de surface, un seul LCS est actuellement déployé outre-mer, à Singapour.

On le voit, les arbitrages sont loins d’être clairs quand au format futur de la flotte de surface de l’US Navy. A ces questionnements opérationnels, s’ajoutent des problèmes industriels, avec d’importants efforts consentis par le Pentagone pour renforcer la flotte logistique, remplacer les premiers porte-avions Nimitz, et étendre la flotte de sous-marins nucléaires de nouvelle génération. Mais pour l’heure, entre la fin du programme A.Burke Flight III en 2022, et le début du programme LSC, l’US Navy risque de se retrouver avec un déficit de nouvelles grandes unités de surface combattantes pendant 6 à 7 ans, période durant laquelle les seuls navires à entrer en service seront les FFG/X. L’Etat-Major évalue donc aujourd’hui la possibilité de produire un nouveau Batch de A.Burke, déjà la classe de navire produite sur la plus longue période de l’histoire moderne, tout en tentant d’entamer la construction des LSC dès 2023.

FREMM Italie Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
La FREMM de FIncantieri fait partie des finalistes du programme FFG/X

La fébrilité évidente de l’US Navy dans sa planification est renforcée par la grande maitrise apparente de la montée en puissance de la Marine Chinoise, qui maintient un plan de production de 2 croiseurs Type 055, 3 destroyers Type 052D, 4 frégates Type 054A/B, et 6 corvettes Type 056 chaque année. A ce rythme, la marine de l’Armée populaire de Liberation aura rattrapé en format l’US Navy dans moins d’une vingtaine d’années, un temps extrêmement court à l’échelle de la planification navale stratégique.

L’Iran annonce renforcer sa défense anti-aérienne avec un « nouveau » radar basse fréquence

Les autorités iraniennes ont annoncé la mise en service de leur « nouveau » radar Falaq, un radar de détection et d’acquisition des cibles aériennes évoluant entre le niveau de la mer, et une altitude de 120 km, à une portée maximum de 400 km. L’entrée en service de ce radar a donné lieu à une cérémonie à laquelle participèrent le général Khatam ol-Anbiya commandant l’armée iranienne, et le brigadier général de l’armée de l’air Alireza Sabahi Fard. Ce système collaborera avec le nouveau système de défense anti-aérien Bavar 373, qui est entré en service opérationnel il y a quelques mois, capable d’engager des cibles aériennes distantes de 300 km.

Le radar Falaq n’a, en fait, rien de nouveau. Il s’agit d’un radar Gamma-DE cédé par la Russie à la république Islamique d’Iran dans les années 90. Faute d’entretien et de pièces de rechange, le radar n’était plus en service depuis plusieurs années, mais les ingénieurs iraniens seraient parvenus à le remettre en état, sans avoir recours (tout du mois officiellement) à l’aide de la Russie. Il s’agit d’un radar utilisant une longueur d’ondes appartenant à la plage UHF, le classifiant dans les radars à basse fréquence. De fait, il bénéficie des spécificités de ces longueurs d’ondes, et notamment leur efficacité supérieure aux radars traditionnels face aux appareils furtifs, en raison de phénomènes de raisonnance augmentant la réflexivité radar des appareils.

Bavar 373 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Batterie de tir du système Bavar-373 iranien

La présence de ce nouveau radar Falaq et des systèmes Bavar-373 et S-300 permet à l’Iran de disposer de capacités d’engagement à longue distance proches du déni d’accès. Cependant, toutes ces technologies sont connues depuis prés de 2 décennies par les forces occidentales et israéliennes, qui en connaissent les performances, les fréquences, et qui, souvent, disposent de moyens de brouillage adaptés. Quoi qu’il en soit, la multiplicité des systèmes de défense anti-aérienne iranienne, à l’instar de la défense multi-couches russe ou chinoise, représenterait un adversaire non négligeable pour n’importe quelle force aérienne, fut-elle américaine.

La France pourrait prendre la tête d’une initiative navale européenne dans le Golfe Persique

Selon Deborah Haynes de Sky News, les autorités françaises auraient, depuis le début de la crise de tankers dans le Golfe Persique, de fédérer les nations européennes pour mettre en oeuvre une initiative navale européenne visant à sécuriser le trafic maritime dans la région. Ainsi, des consultations bilatérales auraient été menées par le ministère des affaires étrangères avec les chancelleries européennes, de sorte à pouvoir organiser une force navale indépendante de la coalition américaine présente dans le Golfe Persique, et ce avant même l’appel lancé il y a 3 semaines par Jeremy Hunt, alors ministre des affaires étrangères britanniques. Selon la journaliste, il est possible que des annonces soient faites en ce sens lors des rencontres du G7 à Biarritz du 24 au 26 aout 2019.

Cette information expliquerait la discrétion des européens sur la question depuis le début de la crise. Une initiative purement européenne, qui plus est menée par la France, permettrait en effet de se dissocier de la coalition américaine visant à mettre, selon les mots du président Trump, une pression maximale sur l’Iran, pour céder aux exigences de Washington. Dans les faits, ceci dit, il s’est exactement passé l’inverse, et les positions de Téhéran se sont au contraire radicalisées depuis le renforcement américain.

Mais si Paris et la majorités des capitales européennes soutiennent l’accord de 2015 avec l’Iran, cela n’obère pas le problème de moyen dont disposent les marines du vieux continent, pour déployer une force navale dans la durée, dans une environnement qui risque, à tout moment, de s’embraser. Pas question en effet d’envoyer des bâtiments n’ayant pas de réelles capacités défensives dans le Golfe, ou servi par des équipages n’ayant pas l’experience de ce type de missions à risque. Or, c’est précisément ce qui fait aujourd’hui défaut en Europe, d’autant que plusieurs marines alimentent déjà d’autres théâtres, en Méditerranée orientale, en Mer du Nord ou en Baltique.

Ceci dit, si Paris parvenait à mettre sur pied une telle opération, avec des moyens suffisants pour durer si nécessaire, cela constituerait un pas important de l’Europe vers l’idée d’Autonomie Stratégique, chère à la France.

L’Inde accroît sa coopération maritime avec la Birmanie

Le 29 juillet dernier, l’Inde et la Birmanie (Myanmar) ont signé un accord de coopération militaire, dans le but d’accroitre leur défense commune. Le général Min Aung Hlaing, chef de la Défense birmane, a notamment rencontré l’amiral Karambir Singh, qui dirige les forces navales indiennes.

En effet, la coopération maritime entre les deux pays a été l’un des principaux axes de développement de l’accord. New Dehli et Naypyidaw (la capitale de la Birmanie) ont ainsi exprimé leur volonté de développer une surveillance maritime commune de la région du Golfe du Bengale, de travailler de concert à la création d’infrastructures maritimes, ou encore de renforcer leur coopération de Défense.

Au cours de ces rencontres, il a de même été conclu que l’Inde fournira à la Birmanie son premier sous-marin : un submersible de classe Kilo, fabriqué par l’URSS et acheté par l’Inde dans les années 1980. Une fois rénové, le sous-marin sera livré à la Birmanie au cours de l’année 2019 et servira de bâtiment-école afin de former de futurs sous-mariniers, avec l’objectif de se procurer par la suite des bâtiments plus modernes afin de constituer une flotte. Le paiement du navire sera effectué par Naypyidaw à l’aide d’un crédit spécial proposé par l’Inde afin de permettre à la Birmanie de moderniser son armée. En effet, l’Inde cherche à se rapprocher de la Birmanie, afin d’y contrebalancer la présence de la Chine (New Dehli est l’un de ses principaux fournisseurs d’armes, avec la Chine, la Russie et Israël).

Myanmar JF 17 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Les forces aériennes du Myanmar ont déjà perçu 6 des 16 JF-17 sino-pakistanais commandés

Faisant la jonction entre l’Asie du sud et l’Asie du sud-est, la Birmanie se trouve au cœur d’une lutte d’influence entre l’Inde et la Chine ; plus spécifiquement l’Arakan (ou État de Rakhine), situé sur la côte birmane. Pour la Chine, l’Arakan est stratégique au plus haut point : elle y fait transiter, via les pipelines du port de Kyaukphyu, le pétrole du Golfe Persique directement vers la région chinoise du Yunnan, sans avoir ainsi à le faire passer par le détroit de Malacca. Logiquement, la région de l’Arakan fait donc partie intégrante du futur « collier de perle » chinois.

L’Inde appréhende, elle aussi, la région comme un centre névralgique de la géopolitique locale. La côte arakanaise constitue l’une des principales interfaces du Golfe du Bengale ; aussi, y développer son influence est vital pour l’Inde afin d’éviter une trop forte présence de la Chine. L’intégration de la côte birmane et du Bangladesh dans un espace économique fort est ainsi primordial pour New Delhi. C’est pourquoi l’Inde mise beaucoup sur le projet Kaladan, qui a pour ambition de relier Sittwe, la capitale de l’Arakan, à l’Etat du Mizoram (situé dans les territoires excentrés du nord-est de l’Inde), mais aussi à Calcutta et Chennai, les principaux ports de sa côte orientale.

pipelines du port de Kyaukphyu Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le port de Kyaukphyu accueille les pipelines alimentant la région du Yunnan en Chine Populaire

L’enjeu est donc triple pour New Delhi : contrer l’influence croissante de la Chine dans la région, disposer d’un espace intégré constituant une porte d’entrée (et de surveillance) vers le détroit de Malacca et, enfin, désenclaver ses Etats du nord-est (constitués de l’Arunachal Pradesh, de l’Assam, du Manipur, du Meghalaya, du Mizoram, du Nagaland et du Tripura). Traversés par des vagues de violence dans les années 70-80, les territoires du nord-est restent historiquement et culturellement rétifs à une intégration à l’Inde, dont le rattachement a été imposé par le colon britannique, puis par le nouveau pouvoir central indien. Les tensions restent vivaces puisque, en 2015, des indépendantistes nagas (l’ethnie principale du Nagaland, répartie aussi dans les autres Etats du nord-est et en Birmanie) avait lancé une série d’attaques contre des forces de sécurité indiennes.

Un nord-est enclavé et en stagnation économique pourrait ainsi constituer un potentiel levier d’influence pour une Chine déjà présente en Birmanie et au Bangladesh. D’où l’urgence pour New Delhi d’accélérer l’intégration économique, sécuritaire et maritime du Golfe du Bengale.

Robin Terrasse – Analyste Route de la Soie

Les véhicules blindés russes de nouvelle génération entrent en service en 2020

A l’issue de la guerre d’Afghanistan, de la première guerre du Golfe, et de la guerre de Tchétchénie, les blindés russes avaient perdus beaucoup de leur prestige sur la scène militaire internationale. Conscient des limites des modèles existants, les autorités du pays entamèrent, à partir des années 2010, la conception d’une nouvelle génération de blindés devant reprendre l’ascendant sur les productions occidentales, comme le firent les blindés russes de l’après-guerre et durant la première moitié de la guerre froide. Quels sont ces nouveaux équipements, et que peut-on en dire en l’état des connaissances que nous en avons ?

Le char de combat T-14 Armata

Héritier des travaux autour du T-95 des années 90, le programme de char de combat T-14 Armata, comme ceux de la plate-forme de véhicule de combat Armata, fut officiellement lancé en 2013, et les premiers prototypes du char de combat T-14 et du véhicule de combat d’Infanterie lourd T-15 ont été présentés au public lors de la parade militaire du 9 Mai 2015. En bien des points, le T-14 est un concentré de retours d’experience des forces russes. Très automatisé, il ne requiert qu’un équipage de 3 personnes prenant place dans une capsule de contrôle et de survie isolée du reste du char, notamment du carburant et des munitions, augmentant grandement les chances de survie en cas de destruction du blindé. La tourelle est entièrement robotisée et indépendante, et munie d’un canon de 125 mm aux performances accrues et capable, selon l’industriel Uralvagonzavod, de percer avec ses obus flèches, tous les blindés occidentaux existants jusqu’à 3000 m.

Gros plan APS Afghanit Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Gros plan sur les systèmes de protection actifs du système Afghanit du T-14 Armata

Le T-14 dispose d’un ensemble de capteurs et d’effecteurs procurant au char et à l’équipage la meilleur perception possible de son environnement. Ainsi, il est équipés de nombreux détecteurs optiques, infra-rouges, laser et radar AESA, offrant une connaissance situationnelle très étendue et précise, permettant de détecter toutes les menaces auquel le char peut faire face, et pouvant suivre simultanément jusqu’45 cibles terrestres et aériennes. La protection du blindé a été particulièrement soignée, grâce à un blindage composite protégé par un blindage réactif modulaire Malakhite, et l’APS[efn_note]Active Protection System[/efn_note] Afghanit, ainsi que par des jupes et grilles de protection, qui restent encore très efficaces contre les roquettes à charge creuse. Le système de protection actif Afghanit est conçu pour leurrer et éventuellement, intercepter les menaces avant qu’elles n »atteignent le blindé. Selon le constructeur, la solution de blindage du T-14 permet de repousser toutes les menaces existantes, allant de l’obus à haute vélocité au missile anti-char, même en trajectoire plongeante.

La mobilité du char est largement améliorée, grâce à un moteur diesel 12 cylindres de 1500 Cv pour 48 tonnes, là ou un T-72 ne dispose que d’un moteur de 1230 cv pour une masse de 46,5 tonnes. Il dispose évidemment d’équipements de communication évolués, et d’un drone aérien filoguidé pour des missions de reconnaissance jusqu’à 300m. Enfin, la maintenance du char a été optimisée, le remplacement du bloc moteur ne nécessitant qu’une heure, là ou il en faut 8 pour le T90.

T14 Armata inside 1 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
La capsule de controle et de survie de l’équipage du T-14 disposent d’une interface digitale intégrale

Evidemment, ces performances ont un prix. Ainsi, le T-14 est donné pour avoir un cout de production de l’ordre de 3,5 à 4 m$, là ou le T90M ne dépasse pas les 2 à 2,5 m$, et la modernisation d’un T80 ou T72 reste inférieure à 1m$. Ce prix, et l’avantage numérique déjà important dont disposent les forces russes aujourd’hui vis-à-vis des forces blindées de l’OTAN présentes en Europe, expliquent le faible nombre de chars commandés à ce jour. Pour l’heure, seuls 100 T14 et T15 ont été officiellement commandés, et seront livrés d’ici 2021 aux forces russes pour entamer les tests opérationnels. Après quoi, il est probable que la production de T-14 s’établira entre 30 et 50 unités par an. Reste que, en l’état, et selon toutes probabilités, le T-14 est aujourd’hui un char sensiblement supérieur à ses homologues occidentaux comme l’Abrams M1A2, le Leopard 2A7, ou le Leclerc français.

Le Véhicule de Combat d’Infanterie lourd T-15 Armata

Pour accompagner le char de combat T-14, il est apparut à l’Etat-Major russe qu’il était nécessaire de disposer d’un véhicule de combat d’infanterie lourd, capable d’évoluer dans le même environnement très contesté que le nouveau MBT[efn_note]Main Battle tank[/efn_note]. C’est ainsi que le VCI[efn_note]Véhicule de Combat d’Infanterie[/efn_note] lourd T-15 fut conçu concomitamment au T-14, sur la base de la même plate-forme Armata, et comme ce dernier, il fut présenté publiquement lors de la parade du 9 Mai 2019.

Le T-15 partage évidemment de très nombreuses caractéristiques avec le T-14, comme son système de protection composite, Malakhite et Afghanit, et l’emploi d’une tourelle automatisée, la tourelle Epoch, équipée d’un canon de 30 mm, d’une mitrailleuse de 7,62mm, et de deux tourelles lance-missiles anti-chars double Kornet-EM. Une version plus lourde de cette tourelle, équipée d’un canon de 57mm, et de missiles anti-chars longue portée Ataka, serait en cours d’évaluation par les forces russes. Contrairement au T-14, et pour des raisons évidentes, le moteur 12 Cylindres de 1500 Cv du T-15 a été déplacé à l’avant du blindé. Il peut ainsi emporter 9 soldats en arme au plus prêt du combat, ses 3 hommes d’équipage étant, comme pour le T-14, dans la capsule de controle.

T15 Armata avec tourelle Epoch Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
T-15 Armata avec tourelle Epoch robotisée

Les armées occidentales ne disposent d’aucun blindé comparable au T-15. Seul le programme Next Generation Combat Vehicle de l’US Army semble envisager un VCI de ce type, sans que ses caractéristiques finales n’aient pour l’heure été dévoilées. Il est possible également que le programme MGCS franco-allemand donne naissance à un véhicule de combat d’infanterie, mais cela n’interviendra pas avant 2035 ou 2040.

Le Véhicule de Combat d’Infanterie Kurganet-25

Si le programme Armata est destiné à être la plate-forme lourde des forces blindées russes, le programme Kurganet 25 sera lui le programme des blindés moyens, destiné à remplacer les véhicules de combat d’infanterie et de transport de troupe blindé chenillés dans les unités mécanisées. D’une masse de 25 tonnes et mis en oeuvre par un équipage de 3 hommes, le Kurganet-25 peut transporter 9 soldats en arme, et dispose dans sa forme de combat d’infanterie, de la même tourelle Epoch que le T-15. Son moteur est cependant sensiblement moins puissant, ne développant que 800 Cv, reste très suffisant pour les 28 tonnes en charge du blindé, et ses dispositifs de détection et de protection sont plus sommaires que ceux de la famille Armata, bien qu’il dispose lui aussi d’un système de protection actif.

Kurganets 25 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le Kurganet-25 en configuration combat d’infanterie avec tourelle Epoch

Le Kurganet-25 est décliné en plusieurs versions, au delà de la version de combat d’infanterie, d’une version transport de troupe ne disposant que d’une mitrailleuse automatique de 12,7 mm, ou une version de soutien de blindés. Une version anti-aérienne, et une version « chasseur de char », equipée d’un canon de 125 mm, seraient également en cour de developpement. Les premiers Kurganet-25 doivent entrer en service dans les forces russes cette année, et sont destinés à devenir la colonne vertébrale de ses unités mécanisées.

Le Blindé d’Engagement de l’Infanterie BMPT Terminator 3

Le BMPT Terminator est, en quelque sorte, une nouvelle catégorie de véhicule blindé de combat. Conçu à partir de 2000, il est l’héritier des difficultés rencontrées par les colonnes mécanisées soviétiques en Afghanistan, et surtout par les pertes très sévères des forces blindées russes lors de la bataille de Grozny pendant la première guerre de Tchétchénie. Ce blindé est destiné à accompagner les chars de combat, en apportant un soutien face aux blindés légers et unités d’infanterie qui peuvent être rencontrées. Dans un format classique, un BMTP doit accompagner 2 chars de combat, mais ce format passe à 2 BMTP pour 1 char de combat en milieux urbain.

le BMTP Terminator 2 lors du defile du 9 Mai 2018 1 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le BMTP Terminator 2 lors de la parade du 9 Mai 2018

Les BMTP Terminator 1 et 2, dont aucun exemplaire n’est officiellement entré en service dans les armées russes, emportent, sur un châssis de T72, 2 canons 2S45 de 30mm, 2 lance-missile doubles pour missiles antichars 2M120 Ataka d’une portée de 10 km, et une mitrailleuse 7,62mm. Le Terminator 3 sera, lui, monté sur un châssis de T90, puis probablement Armata. Il emportera une tourelle entièrement automatisée équipée d’un canon de 57mm à haute cadence de tir alimenté par plusieurs types de munition (pénétrateur, fragmentation, thermobarique, anti-aérien avec fusée de proximité..), de lanceurs associant missiles Ataka et missiles anti-aériens, et d’une mitrailleuse indépendante de 7,62mm. Il disposera également d’un système de protection actif, comme l’ensemble des blindés modernes russes, et d’un blindage composite sur-protégé par un blindage actif modulaire.

Le Terminator 2 a été testé en Syrie avec des résultats prometteurs. A l’issue de ces tests, 10 unités ont été commandées en 2018 par les armées russes, qui entamèrent également le developpement du Terminator 3, plus adapté aux besoins haute intensité anticipés par Moscou.

Le Véhicule de Transport de troupes blindés VPK-7829 Bumerang

Le VPK-7829 Bumerang est le pendant du Kurganet-25, mais destiné à remplacer les véhicules blindés à roue en service dans les forces russes, comme le BTR-80. D’une masse de 25 tonnes, et propulsé par un moteur de 750 cv, le Bumerang a des caractéristiques proches de celles du Kurganet-25. Comme lui, il est décliné en plusieurs versions, dont un version de transport de troupe équipée d’une tourelle de 7,62mm téléopérée, et une version de combat d’infanterie, équipée de la même tourelle Epoch que son cousin.

VPK 7829 Bumerang IFV Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
VPK-7829 Bumerang en version combat d’infanterie, avec la même tourelle Epoch équipée d’un canon de 30 mm, de 4 missiles Kornet-EM, et d’une mitrailleuse 7,62 mm

Comme les T14, T15 et Kurganet, le Bumerang a été présenté au public le 9 mai 2015. Il dispose comme tous les nouveaux blindés russes, d’un système de protection évolué, intégrant des éléments de protection actifs, et peut transporter 7 à 8 hommes en arme. Sa configuration 8×8 le rend très agile, mais ses performances tout-terrain sont évidemment légèrement en deçà de celles des T15 et Kurganet-25 chenillés.

La Canon auto-moteur 2S35 Koalitsya-SV

Comme tous les blindés présentés ici, le canon automoteur 2S35 Koalitsya-SV a été présenté lors de la parade de 2015. Ce blindé de plus de 50 tonnes est muni d’un canon de 152mm 2A88 d’une portée de 40 km avec des obus classiques, et de 80 km avec des obus à propulsion additionnelle. Grâce a son système de chargement automatique, il est donné pour atteindre une cadence de tir de plus de 15 projectiles par minute, et adapterait, si besoin, la charge de poudre aux besoins du tir. Il emporterait plus de 60 obus et le chargement des munitions ne nécessiterait qu’une procédure de 15 minutes à partir du véhicule de rechargement qui l’accompagne. Le Koalitsya-SV est également très automatisé, et l’ensemble des actions de l’équipage sont effectuées à partir du module de commande. Enfin, il dispose d’une tourelle télécommandée de 12,7 mm pour son autodéfense, mais ne semble pas emporter de systèmes de protection actifs, contrairement aux autres blindés de sa génération.

2S35 Koalitsya SV Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
2S35 Koalitsya-SV sur châssis T-90 lors de la parade de 2015

Le 2S35 est destiné à remplacer les canons automoteurs 2S19 Msta dans les régiments d’artillerie blindée des forces russes, et un minimum de 400 unités doivent être construites. Chenillé et propulsé par un moteur diesel de 1000 cv, il dispose d’une mobilité importante dans sa version actuelle, montée sur un châssis de T90, pour un blindé de ce type. Mais il est probable que très rapidement, à l’instar du BMTP Terminator 3, le Koalitsya-SV passe sur un châssis Armata, avec un moteur plus puissant, et une meilleure capacité d’autodéfense.

Conclusion

Si aujourd’hui les forces russes continuent de percevoir chaque année plusieurs centaines blindés modernisés de génération plus ancienne, comme les T72B3M, la nouvelle génération qui arrivent semble plus que prometteuse. Tous ces blindés ont été conçus avec une vision globale de leur utilisation opérationnelle, et avec, fait rare dans les blindés russes, un important effort de standardisation des équipements pour une maintenance simplifiée. En outre, les ingénieurs russes ont consenti à un recours plus important aux nouvelles technologies, quitte à faire monter le prix unitaire des blindés.

Au final, cette nouvelle génération, qui entrera en service opérationnelle dans les toutes prochaines années, impressionne par sa cohérence, et par les arbitrages globaux retenus pour la protection des personnels, l’automatisation, et la mobilité. Il apparait toutefois que, si ces véhicules apporteront une incontestable plus-value sur des théâtres comme la Syrie, ils sont avant tout conçus pour emporter la décision sur des théâtres de haute intensité, nécessitant des blindés chenillés, comme en Europe du nord, et Europe centrale.

De fait, en 2030, les forces russes disposeront simultanément d’unités d’élite équipées de blindés de nouvelle génération potentiellement supérieures à leurs homologues occidentales, et de nombreuses unités de ligne équipées de materiels modernisés disponibles en grande quantité, capables d’exploiter les percées réalisées pour emporter la décision. Si les armées russes disposeront de moins de 500 T14 Armata en 2030, elles auront également au moins 2500 T72B3M, 2000 T80BVM et 500 T90M. Les 3 principales armées européennes (France, grande-Bretagne et Allemagne), n’aligneront, elles, que 650 chars de combat modernisés Leclerc, Leopard 2 et Challenger 2. Des chiffres qui interrogent sur la stratégie défensive européenne actuelle …

À la veille d’une nouvelle course aux armements stratégiques ?

Dans le contexte actuel de réarmement massif des principales puissances mondiales, les déclarations du Conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton, sont attentivement analysées en Russie. Ce proche collaborateur du Président Donald Trump est en effet connu comme une des personnes les plus influentes au sein de la Maison Blanche. Partisan d’une ligne politique intransigeante sur la scène internationale, ce politicien est également l’une des figures clés derrière la sortie des États Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en mai 2018.

Lors du G20 de Tokyo le 27 juin 2019 la presse russe a accueilli avec inquiétude la déclaration du « néoconservateur » au sujet du traité New Start de réduction des armes stratégiques (2010), le responsable américain le qualifiant de « vicié ». Opposant de longue date aux traités de contrôle des armements souscrits par les États Unis, le politicien précise que selon lui New Start a peu de chances d’être reconduit au-delà de sa date d’expiration en 2021[efn_note]Болтон сомневается в продлении договора о наступательных вооружениях, consulté le 7 août 2019.[/efn_note]. Cette intervention peu anodine, au vu de la décision des États-Unis de sortir du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI, 1987) le 2 août 2019, est une démonstration supplémentaire d’un changement d’époque. La nouvelle ère multipolaire se matérialisant, entre autres, par la liquidation des accords de contrôle des armements stratégiques souscrits pendant et peu après la fin de la Guerre froide.

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Des traités de contrôle des armements stratégiques affaiblis par une accumulation de rancunes

Ces développements sont d’autant plus complexes à interpréter que les postures médiatiques des Américains et des Russes sont largement malhonnêtes et que la tendance actuelle a pour origine des évènements plus anciens. Ainsi, la sortie unilatérale en 2001 des États-Unis du traité antimissile balistique (ABM, 1972), sous prétexte de la nécessité de se défendre contre des États tels que la Corée du Nord ou l’Iran, a créé un malaise sensible du côté russe. Le Président Poutine ayant ordonné en réaction le développement de nouveaux vecteurs capables de surpasser le système de défense balistique américain afin de rétablir l’équilibre de la dissuasion[efn_note]Russia’s Nuclear Weapons Buildup Is Aimed at Beating U.S. Missile Defenses | The National Interest, consulté le 8 août 2019.[/efn_note].

La signature du traité SORT de désarmement stratégique en 2002 a cependant permis de sauver les apparences pendant quelque temps, même si les spécialistes des armements stratégiques ont souligné l’absence de mécanisme de vérification de l’implémentation des objectifs de l’accord. Quoi qu’il en soit, la réduction du nombre de têtes nucléaires déployées à une fourchette comprise entre 2200 et 1700 a été réalisée. En revanche la façon d’y parvenir a suscité des tensions, les Américains pouvant du fait des spécificités techniques de leurs lanceurs réduire le nombre de modules contenants les ogives sans altérer substantiellement le nombre de vecteurs. Cette particularité permet aux États-Unis de multiplier très rapidement le nombre de têtes nucléaires déployées en complétant les modules sur leurs lanceurs, comme par exemple sur le missile balistique intercontinental (MBI) « Minutmen III » ou encore sur le MSBS « Trident II D5 ». La Russie dispose également d’un « potentiel de retour » surtout concentré dans les missiles mer-sol balistiques stratégiques (MSBS). Ce potentiel est cependant bien plus faible ce qui a contraint Moscou à détruire des vecteurs afin de respecter les traités Start, puis à investir dans de nouveaux lanceurs de remplacement, ce qui constitue un résultat assez paradoxal pour un accord de désarmement[efn_note]Сокращениедоговора: какоебудущееждетсоглашениеоСНВ| Статьи| Известия, consulté le 10 août 2019.[/efn_note].

Depuis son annonce le projet américain d’installer leur système antibalistique en Europe impacte négativement les relations entre les deux pays[efn_note]« La saga du bouclier antimissile de l’OTAN », Le Monde.fr, p.[/efn_note], la guerre de Géorgie en 2008 n’aidant pas à une meilleure compréhension mutuelle. Pour autant, sous la présidence Obama et Medvedev les deux parties parviennent à un relatif compromis ce qui s’illustre par la conclusion en 2010 du traité New Start prévoyant de limiter à 700 le nombre de lanceurs nucléaires stratégiques déployés et à 1 550 le nombre de têtes nucléaires déployées sur ces lanceurs. 

Le répit est néanmoins de courte durée, la révolution en Ukraine, que les Russes expliquent commodément par la politique de « regime change » instiguée par Washington, vient mettre un terme au « reset » voulu par Obama. À l’annexion russe de la Crimée et à l’invasion du Donbass suivent les sanctions américaines et l’intervention de Moscou en Syrie. La dégradation des relations bilatérales finit par se traduire en 2017 par des violations réciproques des engagements pris dans le cadre du traité ciel ouvert, les Russes limitant la possibilité pour les Américains de survoler l’enclave de Kaliningrad ce à quoi Washington répond en interdisant aux avions russes l’accès à l’Alaska et à Hawaï[[efn_note]Ciel ouvert : Moscou limite l’accès des avions US, consulté le 10 août 2019.[/efn_note][efn_note]Trump signe un projet de loi sur la défense suspendant le financement du Traité Ciel ouvert, consulté le 10 août 2019.[/efn_note] .

9M729 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Missile 9M729 « Novator » pouvant emporter des charges nucléaires et conventionnelles dont la portée serait comprise entre 500 et 5.500 km, ce qui est interdit par le traité FNI

Aujourd’hui, malgré les apparences et les accusations médiatiques réciproques, la sortie des États-Unis du FNI ne démontre pas que la Russie y était particulièrement attachée, les officiels Russes reconnaissant que ce traité ne leur convenait plus depuis des années, notamment à la suite du lancement du projet d’installation du système antibalistique américain en Europe[efn_note]РСМД :: Россия — США: на пороге новой гонки ядерных вооружений, consulté le 7 août 2019[/efn_note]. Du côté américain l’argument de la violation par la Russie du traité FNI par le biais du déploiement des missiles de croisière 9М729[efn_note]« Washington et Moscou sortent du traité FNI sur les missiles nucléaires intermédiaires »,Le Monde.fr, p[/efn_note], bien que probablement fondé, n’est qu’une des raisons de la sortie de l’accord. 

Derrière des accusations mutuelles, il est possible d’entrevoir les multiples paramètres conduisant à l’abandon des mécanismes de contrôle. Tout d’abord, les anciens traités sont le fruit d’une situation géopolitique et technologique révolue, ils ne répondent plus aux aspirations des deux puissances nucléaires historiques et surtout ne sont pas adaptés à un monde multipolaire. À la vue de cette nouvelle donne, certains commentateurs russes affirment que l’avenir du New Start est compromis[efn_note]Без повестки, consulté le 10 août 2019[/efn_note], même si un certain espoir subsiste si les grandes puissances nucléaires parviennent à le transformer. 

New Start : un traité de contrôle des armements stratégiques dépassé

Les évolutions technologiques et les rancunes réciproques se sont traduites par la violation des accords à plus ou moins grande échelle et par le développement de systèmes d’armes que ces traités ne régulent pas. 

C’est précisément l’option qui fut retenue par le gouvernement russe et qui a donnée lieu en 2018 à la présentation d’armements dits de « rupture » par le Président. En effet, face à la contrainte budgétaire d’un État dont le PIB se situe entre celui de l’Espagne et de l’Italie[efn_note]Russie – PIB ($ US courant) | Statistiques, consulté le 10 août 2019.[/efn_note], Moscou a privilégié des investissements dans des matériels leur permettant de surpasser l’ennemie sans dépenser des montants faramineux, notamment, en recyclant des programmes soviétiques. 

Dans le domaine des vecteurs, la rupture est provoquée par des armements tels que le système hypersonique « Avangard », le MBI « Sarmat », la torpille/drone sous-marin à propulsion nucléaire « Poséidon », le missile aéroporté hypersonique « Kinjal », le MSBS « Boulava », ou encore le missile « Kalibr ». D’après les sources russes, ces nouvelles armes seraient capables de déjouer n’importe quel système antibalistique existant, rendant ainsi caduque la protection antibalistique de l’OTAN et des États-Unis[efn_note]Герман Иоилев, Россия готовится к ядерной войне, consulté le 10 août 2019[/efn_note]. Il est à noter que certains commentateurs doutent de la faisabilité technique des vecteurs les plus extravagants comme le missile à propulsion nucléaire présentés par le chef d’État russe. 

VictoryDayParade2018 22 2 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le Kinjal est un missile aérobalistique air-sol hypersonique à haute précision d’une portée déclarée de 2000 km.

Du côté des armements nucléaires russes, ce sont les ogives à faible puissance qui sont la source des préoccupations des Occidentaux. Selon les Américaines, Moscou dispose d’environ 2000 ogives tactiques d’une très grande variété[12][efn_note]« Nuclear Posture Review: Final Repport 2018.pdf »[/efn_note] pouvant être délivrées notamment avec les nouveaux vecteurs de rupture tels que l’Iskander, le « Kinjal » ou le « Kalibr ». Le caractère non stratégique de ces ogives inquiète d’autant plus qu’il est difficile d’identifier avec certitude dans quelles circonstances la Russie pourrait employer ces charges, ce qui efface les limites entre les différents types d’armes nucléaires et pourrait provoquer une escalade. L’ancien Secrétaire à la Défense des États-Unis, John Mattis, affirmait même en 2018 que la distinction entre armes nucléaires stratégiques et non stratégiques serait un « non-sens »[efn_note]Проблематактическогоядерногооружия: договоровнетипоканебудет, consulté le 10 août 2019.[/efn_note]. Le développement par la Russie de nombreuses armes nucléaires tactiques violant les Initiatives nucléaires présidentielles (1991) doit néanmoins être mis en perspective avec la possession par les Américains de charges nucléaires réglables, d’avions multirôles et de missiles de croisière lancés depuis la mer[efn_note]Facon Isabelle et Tertrais Bruno, « Les armes nucléaires « tactiques » et la sécurité de l’Europe », p. 64.[/efn_note] dont les possibilités brouillent la distinction entre tactique et stratégique[efn_note]Alexis Baconnet, « Nuclear Posture Review 2018 La dissuasion nucléaire en dormition ? »[/efn_note].

Enfin, il est à noter également que sur le plan des armements conventionnels, les Russes ont adopté une posture pragmatique qui leur a permis d’effectuer un réarmement d’ampleur à moindre coût. Conscients de l’impossibilité de produire des matériels hautement sophistiqués en grande quantité, du fait de leurs coûts élevés, les décideurs moscovites ont choisi de moderniser massivement des modèles anciens tout en reprenant le développement des programmes soviétiques les plus prometteurs. En pratique cela se traduit notamment par une modernisation à grande échelle de chars T72B3M et T80BVM tout en démarrant la production à plus petite échelle des chars de combat «T14 Armata ». Est également à noter l’effort entrepris dans le domaine du déni d’accès par la conception des systèmes antiaériens S400 et du S500, ses derniers pouvant aussi être utilisés comme des armes antibalistiques. La même logique est observable avec l’introduction progressive des Su-57 tout en maintenant une fabrication importante d’avions de génération antérieure mais modernisés, comme le Su35s ou le Su34[efn_note]« The Military Balance 2018 »[/efn_note]. 

La réaction américaine : une nouvelle course aux armements

Face au réarmement massif de la Russie aussi bien sur le plan nucléaire que conventionnel, mais également en réaction à la croissance rapide de la puissance militaire de la Chine, les États-Unis ont adopté en 2018 une nouvelle Nuclear posture review[efn_note]« Nuclear Posture Review: Final Repport 2018.pdf »,op. cit.[/efn_note]. Ce document de doctrine, reflétant la vision géopolitique en matière d’armement stratégique de l’administration Trump, annonce la volonté des États-Unis de développer des capacités semblables à celle des Russes et la modernisation de la totalité des moyens composant la triade nucléaire. Estimé à environ 500 milliards de dollars sur une période de 10 ans allant de 2019 à 2028[efn_note]« Projected Costs of U.S. Nuclear Forces, 2019 to 2028 », 2019p. 12.[/efn_note], ce plan ambitieux vise également à contrebalancer la croissance des moyens nucléaires de la Chine. Bien que constituant une rupture, les nouveaux armements russes ne peuvent à eux seuls inverser l’équilibre stratégique globale face aux États-Unis, ils posent en revanche un grave problème sécuritaire pour l’Europe. En effet, selon la majorité des observateurs le comportement américain est bien plus conditionné par sa rivalité avec Pékin que par la peur d’être surpassé militairement par la Russie. 

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Le Terminal High Altitude Area Defense est un système de missiles antibalistiques américain, en service depuis 2008

La problématique du monde multipolaire : le facteur chinois

Car en matière de communication malhonnête sur son arsenal nucléaire et ses armements stratégiques Pékin n’est pas en reste par rapport aux deux grandes puissances nucléaires historiques. Les Chinois ont décidé d’exploiter leur retard pour en faire une force dans le champ médiatique. Plus précisément, tout en maintenant une doctrine d’emploi des armes nucléaires purement défensive[efn_note]« 8 éléments clefs du nouveau livre blanc sur la défense chinoise – Meta-Defense.fr ».[/efn_note], la Chine s’est lancée dans un vaste programme de modernisation dont l’opacité est quasi-totale[efn_note]Schneider Mark B., Why You Should Fear China’s Nuclear Weapons, consulté le 10 août 2019.[/efn_note]. Or, si l’arsenal nucléaire stratégique chinois est relativement petit (environ 300 ogives), ses stocks de plutonium et d’uranium en 2011 mettent en lumière des capacités de production très importantes, lui permettant de créer au moins 600 têtes nucléaires[efn_note]Zajec Olivier, Combien de têtes nucléaires en Chine ?, consulté le 10 août 2019[/efn_note]. La communication chinoise se contente de minimiser la portée de son programme d’armements stratégiques en soulignant constamment que son arsenal est très loin de ceux des États-Unis et de la Russie. En pratique Pékin s’est déjà dotée de nouveaux MBI mobiles, de MBI (DF-31 et DF-31A) lancés depuis des silos ainsi que de MSBS[efn_note]Missile Stratégique Balistique lancés de Sous-marins[/efn_note] (JL-2). Pékin a également déployé le DF-26, un missile balistique à portée intermédiaire (IRBM) capable d’emporter des charges nucléaires et de viser aussi bien des cibles terrestres que navales même mobiles avec une grande précision. En parallèle, a été initié le développement du bombardier stratégique H-20 pouvant transporter des charges nucléaires ce qui conférera aux Chinois, à l’instar des russes et américains, une triade nucléaire complète. Les scientifiques chinois travaillent également à la création de projectiles hypersoniques tels que le DF-17, pendant de l’Avangard russe, ce dernier devant être opérationnel d’ici à 2020. Enfin, tout comme la Russie, l’Empire du Milieu critique avec assiduité le programme antibalistique américain, et tout comme la Russie il mène un accroissement intensif de ses propres moyens dans ce domaine[efn_note]Schneider Mark B., « Why You Should Fear China’s Nuclear Weapons », op. cit.[/efn_note].

La priorité des Chinois est cependant la fabrication d’armes nucléaires tactiques de nouvelle génération afin de doter leurs vecteurs de capacités de destruction plus substantielles. D’après l’article de The Hill, afin d’accroître ses capacités dans ce domaine, Pékin aurait mené cinq fois plus de tests nucléaires que les États-Unis entre 2014 et 2017[efn_note]Lejeune Tristan, China pushing new generation of nuclear weapons: report, consulté le 10 août 2019[/efn_note].

La croissance de la puissance militaire chinoise complexifie ainsi la donne en transformant un système de contrôle des armements stratégiques bipartite en un système tripartite. Cette évolution impliquant de facto un potentiel déséquilibre des forces en cas d’une alliance entre deux États contre le troisième[efn_note]JrAndrew F. Krepinevich, « The Eroding Balance of Terror », p.[/efn_note]. Il est à souligné que la croissance rapide de l’économie indienne[efn_note]« L’Inde, une superpuissance… en puissance » », Le Monde.fr, p.[/efn_note], ainsi que sa rivalité avec le Pakistan et dans une moindre mesure la Chine, ne facilitera pas le contrôle des armements stratégiques au fur et à mesure de l’essor de la puissance militaire indienne. 

Vers un monde sans traités de contrôle des armements stratégiques

Ces évolutions posent un problème mortel pour les traités de contrôle des armements stratégiques. Tout d’abord, les différends Russo-Américains démontrent le besoin d’un dialogue honnête et volontaire sur ce sujet. Cependant, le facteur chinois vient déstabiliser davantage un système déjà à bout de souffle. L’ascension progressive de puissances telles que l’Inde ou le Pakistan, et dans une moindre mesure de l’Iran ou de la Corée du Nord, soulève encore plus la nécessité d’une remise à plat de la réglementation internationale en matière d’armements stratégiques entre Washington, Pékin et Moscou. 

Or, aucune des parties ne semble décidée à l’heure actuelle à faire preuve de retenue. La Chine a exploité habilement les tensions entre Washington, Pyongyang, Téhéran et Moscou afin d’initier la création d’un arsenal d’armes stratégiques et tactiques à la hauteur de ses ambitions et ne semble pas prête à s’asseoir à la table des négociations pour en discuter. 

En Russie les médias proches du Kremlin soulignent le statut retrouvé de Moscou sur la scène internationale en appuyant leur opinion par la volonté de Donald Trump d’entamer des pourparlers afin de mettre en place un nouvel accord sur les armements stratégiques[efn_note]СигналРоссии: СШАхотятновыйдоговоровооружениях,  consulté le 10 août 2019[/efn_note]. La presse moins alignée ainsi que certains experts expriment quant à eux leur inquiétude. Ils soulignent que la Russie ne peut pas se permettre une course aux armements au vu de la faiblesse de son économie, des difficultés structurelles et financières de son complexe militaro-industriel, mais aussi du fait des problèmes rencontrés dans le cadre du remplacement des produits hautement technologiques importés jusque-là d’ occident[efn_note]АлександрГольц: Напорогегонкивооружений| Советповнешнейиобороннойполитике, consulté le 10 août 2019[/efn_note]. Les déclarations des officiels russes reflètent d’ailleurs ce paradoxe entre propagande et vision plus réaliste de la situation. Vladimir Poutine oscille ainsi entre des propos offensifs, notamment à la veille du G20 lorsqu’il affirme que la Russie peut se passer d’une reconduction du traité New Start[efn_note]ПутинпредложилнепродлеватьдоговорСНВ-3, consulté le 11 août 2019.[/efn_note], et des prises de position plus prudentes après sa rencontre avec le Président Donald Trump. Il évoque en effet à cette occasion le danger d’un monde sans mécanisme de contrôle et de régulation des armements stratégiques[efn_note]ПутиноценилперспективыпродленияСНВ-3, l, consulté le 11 août 2019[/efn_note].

2017 12 30 DF 17 premiere arme a planeur hypersonique au monde 06 Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Planeur hypersonique chinois DF-17

Enfin, les États-Unis souhaitent, quant à eux, conserver leur position internationale privilégiée à tout prix et sont visiblement prêts à s’engager dans une nouvelle course aux armements à défaut d’obtenir un accord avec la Russie et la Chine.  Par ailleurs, la nécessité de développer des vecteurs à portée intermédiaire hypersoniques est manifestement une priorité pour Washington afin de contenir ses rivaux régionaux et globaux. Ainsi, les décideurs de la Maison-Blanche ne voient pas d’intérêt à reconduire des traités qui de facto ne régulent plus les aspects principaux relatifs aux armements stratégiques et surtout qui ne s’imposent pas à la Chine.

Quoi qu’il en soit, la relative quiétude des capitales européennes est tout simplement surprenante. Certes, la France a initié une reconstitution de ses capacités militaires avec la LPM 2019-2025. Sur un budget total de 37 milliards d’euros alloués à la dissuasion, des investissements substantiels seront réservés pour le renouvellement des deux composantes, océanique et aéroportée, de la dissuasion nucléaire[efn_note]Projet de Loi de programmation militaire 2019-2025 : « Une LPM de renouveau », consulté le 11 août 2019.[/efn_note]. Pour autant, face à la dégradation du contexte sécuritaire global, ces fonds semblent dérisoires, ce qui pose la question d’une éventuelle réponse européenne à ces défis. La prise de conscience indispensable à une telle initiative collective est néanmoins loin d’être acquise au vu de la décision de Berlin d’annuler la trajectoire financière visant à porter le budget de la défense à 2% du PIB allemand. 

Ainsi, la problématique de la reconduction du traité New Start en 2021, bien qu’importante, ne peut plus être envisagée sans inclure les nouveaux vecteurs et les armes nucléaires tactiques. Une reconduction temporaire du traité de 5 ans, comme prévu dans les textes, pourrait accorder un répit salvateur d’autant plus que de nouvelles administrations seront probablement en place à Moscou et à Washington en 2026.  L’inclusion d’autres puissances nucléaires dans les négociations apparait également comme indispensable afin d’éviter une course aux armements tout azimut. Or, c’est précisément vers cet avenir peu enviable que nous semblons nous diriger. 


Oleg Lypko – Analyste Russie et CEI

En 3 ans, l’US Army est passée de 10 à 25 brigades prêtes au combat

En 2013, l’US Army était au plus mal. Suite aux engagements en Afghanistan et en Irak, aux déploiements dans plus de 15 pays sur le globe, et aux coupes dans ses budgets et dans son format, il ne lui restait plus que 3 brigades de combat considérées comme étant aptes au combat, sur 42 brigades dans l’organigramme. L’intervention russe en Crimée et dans le Donbass et le désengagement progressif des 2 théâtres d’engagement permirent de stabiliser l’hémorragie, et en 2016, elle avait récupère 10 brigades sur 38 prêtes au combat. Depuis, sous le commandement du général Milley, et face à la dégradation rapide de la situation internationale, ce nombre a rapidement progressé pour atteindre les 25 Brigades de combat opérationnelles et prêtes à l’engagement, sur les 31 brigades de combat qui composent l’US Army aujourd’hui, soit 14 brigades d’infanterie, 10 brigades blindées, et 7 brigades Stryker.

Parallèlement, l’armée américaine s’est engagée dans le programme Big 6, héritier du fameux Big 5 des années 70. Le programme Big 5 était constitué du char de combat Abrams, du véhicule de combat d’infanterie Bradley, des hélicoptères Apache et Black Hawk, et du systeme Patriot. Ces équipements, à l’instar de la génération F14/15/16/18 et A10 pour les avions de combat, des destroyers A. Burkes, porte-avions Nimitz et sous-marins Los Angeles pour l’US Navy, ont permis aux forces américaines de s’imposer dans les défis technologiques militaires pendant plus de 35 ans. Le programme Big 6 représente la prochaine évolution globale des capacités technologiques de l’US Army en matière d’engagement de haute intensité, et ambitionne d’apporter les mêmes ruptures technologiques que celles qui émergèrent avec le Big 5. Le Big 6 se compose des programmes suivants :

  • Artillerie : Le programme Long Range Precision Fire, doit permettre à l’US Army de bénéficier d’un appui feu en l’absence de supériorité aérienne, et se compose de systèmes d’artillerie à portée étendue, et de systèmes de roquettes guidées et de missiles tactiques pouvant atteindre des cibles à plus de 2000 km avec une précision décamétrique.
  • Blindés : Le programme Next Generation Combat Vehicle, doit remplacer les véhicules de combat d’infanterie Bradley. Il est composé de véhicules blindés pilotés et non pilotés, couvrant les fonctions des véhicules de combat d’infanterie et d’engagement de l’infanterie.
  • Hélicoptères : Le programme Futur Vertical Lift doit remplacer l’ensemble des hélicoptères en parc dans l’US Army, du CH47 Chinook à l’AH-64 Apache en passant par les MH60 Black Hawk et les OH-58 Kiowa. Le programme est divisé en 4 sous-programmes, dont deux sont d’ores-et-déjà en phase de conception, pour le remplacement des hélicoptères de manoeuvre et des hélicoptères de reconnaissance armée.
  • Réseaux et communication : le programme Network est destiné à developper un réseau multicouche à haute résilience, permettant de maintenir des capacités de communication et d’échange des unités de l’US Army entres elles, comme avec les unités alliées, même dans des environnements électromagnétiques très constestés. Le programme couvre également les problématiques de navigation et de positionnement.
  • Défense anti-aérienne : le programme Air&Missiles Défense doit redonner à l’US Army une capacité de protection globale contre les attaques aériennes, les drones, les missiles de croisières ou tactiques, les roquettes et les obus d’artillerie et de mortier. Ce programme intègre le developpement de systèmes mobile de protection M-SHORAD, ainsi que des systèmes laser, et micro-ondes. Pour la protection longue portée, le programme s’appuie sur des versions améliorées du Patriot et du THAAD
  • Infanterie : le programme Soldier Lethality est destiné à améliorer la formation des personnels, notamment de l’infanterie, tout en fournissant des équipements de nouvelle génération pour améliorer leur efficacité au combat, comme des armes légères de 6,8 mm, des équipements de visé intelligent, des protections balistiques plus efficaces.
SB1 Defiant a rotor contrarotatif Budgets des armées et effort de Défense | Constructions Navales militaires | Flotte d'assaut
Le SB>1 Defiant de Sikorsky participe au programme Futur Vertical Lift pour le remplacement des MH-60 black Hawk

Là ou, pendant plus de 20 ans, les programmes majeurs américains étaient caractérisés par des exigences aussi démesurées que leurs budgets et leurs délais, le programme Big 6 constitue un modèle de developpement rapide des capacités de combat haute intensité des forces américaines. La majorité des programmes ont des plannings visant l’entrée en service des équipements à partir de 2025, et une capacité opérationnelle complète atteinte dès 2030. Ils sont en outre pilotés selon une approche agile, raccourcissant les cycles de décision, permettant de faire évoluer les cahiers des charges de façon souple et efficace, dans les respects des objectifs opérationnels définis.

Que ce soit en matière de préparation opérationnelle comme d’évolutions technologiques, l’US Army a redéfini ces dernières années des objectifs et un planning qui se rapproche de ceux qu’appliquent la Chine et la Russie, avec une montée en puissance devant atteindre sa pleine efficacité opérationnelle entre 2030 et 2035. Les pays européens envisagent des dates d’entrée en service ultérieures pour leurs programmes majeurs, 2035 pour le programme MGCS et Tempest, 2040 pour le SCAF. On peut s’interroger sur les effets probables résultants du décalage de ces programmes déterminant pour les capacités défensives et opérationnelles des nations européennes, avec ceux des 3 plus grandes puissances militaires mondiales.