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L’avenir du porte-avions ne doit pas être menacé par une analyse des risques erronée

Dans un article publié aujourd’hui, Laurent Lagneau titre « Les armes hypersoniques rendent-elles le porte-avions obsolètes« , un argument largement avancé par l’US Air Force, comme par beaucoup de hauts gradés de l’Armée de l’Air française, pour mettre fins aux investissements vers ces puissants navires. La démonstration, qu’elle soit faite par un sénateur américain, ou un général d’aviation, est toujours la même : face aux armes hypersoniques, le porte-avions est vulnérable, et peu couler. En tant qu’un ancien marin, qui plus est pilote de l’aéronautique navale, il semble naturel que mon analyse du sujet diverge des conclusions radicales du sénateur Angus King.

En premier lieu, il est évident que les armes anti-navires hypersoniques, comme le futur Tzirkon russe, feront peser une menace réelle sur l’ensemble des navires militaires, et plus particulièrement sur les Capital Ships que sont les porte-avions, les bâtiments logistiques, les unités de renseignement, et les navires d’assaut. Mais pas plus que l’apparition du missile anti-aérien n’a éliminé l’intérêt des forces armées pour l’aviation, l’existence d’une menace n’élimine pas l’intérêt du porte-avions, qui reste, dans bien des cas, une solution offrant des options uniques pour la projection de puissance. En outre, la menace créée par les nouveaux missiles, et pas uniquement les missiles hypersoniques, touche l’ensemble du spectre militaire de l’OTAN. Raisonner ainsi viendrait à supprimer les postes de commandement, les noeuds ferroviaires, les bases aériennes, autant de cibles de choix, qui plus est immobiles, pour le Kinjhal, le Novator ou le DF-26.

DF26 missile Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Le missile balistique DF-26 est présenté comme étant capable de viser un navire majeur comme un porte-avions

En revanche, il semble acquis que, désormais, les porte-avions, comme l’ensemble des navires constituant un groupe de combat, seront appelés à évoluer à des distances bien supérieures de leurs cibles que ce ne fut le cas précédemment, du moins tant que la menace des missiles anti-navires ne sera pas éliminée. Durant l’intervention en Libye, le BPC français naviguait juste sous l’horizon, de sorte à rester indétectable aux radars et guetteurs libyens, soit à une cinquantaine de kilomètre des cotes libyennes. Dans le futur, es bâtiments devront évidemment naviguer à des distances bien supérieures, derrière un rideau défensif empêchant toute localisation par drones, sous-marins, aéronefs ou même barques de pêcheurs. De fait, les aéronefs embarqués devront disposer d’un rayon d’action supérieur, ainsi que de capacités d’accompagnement et de soutien, en matière de ravitaillement comme de moyens de détection avancés.

Mais c’est avant tout les doctrines d’utilisation du porte-avions qui sont appelées à évoluer, du fait de l’apparition de ces systèmes anti-navires performants. Jusqu’ici, le porte-avions, comme l’ensemble de l’arme aérienne, était considéré comme une arme de première frappe, celle qui ‘ »entrait en premier » sur le territoire adverse. Or, dans le domaine anti-aérien également, les progrès réalisés en matière de système défensif ont profondément modifié les paradigmes. Plus question désormais d’envoyer des appareils en première frappe sans avoir précédemment éliminé les défenses anti-aériennes adverses. Or, les missiles de croisière, à qui revenaient traditionnellement cette mission, sont désormais aussi vulnérables que les aéronefs aux systèmes modernes, réduisant leur efficacité potentielle face à un adversaire lourdement armé. Quand à la solution reposant sur l’utilisation d’avions furtifs, elle semble de plus en plus compromise avec l’entrée en service de radars à basse fréquence ou passif, peu sensibles à la furtivité des avions de 5ème génération comme le F22 ou du F35.

Lanceurs du systeme S400 des forces de defense anti aeriennes russes Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Le système S400 représente une menace très sérieuse pour la puissance aérienne de l’OTAN

Dès lors, ce n’est pas le porte-avions en tant que navire qui semble menacé, mais bien la stratégie aérienne dans son ensemble. L’OTAN en est d’ailleurs parfaitement consciente, puisqu’elle considère depuis peu, qu’elle pourrait ne pas être en mesure d’atteindre la suprématie aérienne durant les premiers jours d’un conflit face à la Russie, le cas échéant. Que ce soit pour protéger les portes-avions, les bases aériennes, et les aéronefs eux-même, il devient dès lors nécessaire de developper de nouveaux systèmes capables de frapper les batteries anti-aériennes, anti-navires et les sites de lancement de missiles balistiques, de sorte à permettre le déploiement de la puissance aérienne occidentale qui, rappelons le, constitue aujourd’hui l’essentiel de sa puissance de feu, tout en développant des systèmes pour protéger les sites et navires stratégiques contre la nouvelle menace. Ce qui, d’ailleurs, n’a pas échappé au président russe, qui a lancé il y a quelques mois le developpement de systèmes pour contrer les armes hypersoniques.

Une des solutions, déjà abordée sur Meta-Défense, serait de construire à nouveau des bâtiments de ligne capables de porter le feu chez l’adversaire tout en assurant sa propre défense, avec de nombreux moyens pour éliminer les menaces adverses. En d’autres termes, des croiseurs. Emportant de un grand nombre missiles de différents types, équipés de systèmes de défense à énergie dirigée ainsi que de Rail Guns, conçu pour encaisser les coups et disposant de puissants systèmes de guerre électronique et cyber, le croiseur pourrait représenter le parfait complément du porte-avions, en effectuant, avec les sous-marins, la première frappe nécessaire pour permettre la mise en oeuvre de la puissance aérienne. A ce titre, les Type 055 chinois, avec leurs 112 VLS et leur capacité de production énergétique de 130 MW, sont conçus pour emporter, dès que disponible, le Rail Gun en cours de developpement, et les systèmes de protection laser à haute énergie. Ils constitueront alors simultanément d’excellents escorteurs pour les porte-avions et LHD chinois, et un outil de suppression des défenses redoutable.

Type 055 Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Les croiseurs chinois Type 055 constituent une excellente plate-forme pour intégrer les systèmes d’arme énergétiques comme les laser à haute énergie et le Rail Gun

La question de savoir si tel ou tel missile rendrait le porte-avions obsolète est évidemment éminemment politique, et résulte avant tout d’une guerre de périmètre que se livrent souvent les armées, arcboutées sur leurs prérogatives et leurs budgets. Le prix du porte-avions ne change rien à l’affaire, et pas plus que le Milan et le Sagger n’ont signé l’arrêt de mort des chars de combat, ou que le SA2 n’a signé la mise au rebut des bombardiers, le Tzirkon ou le DF26 ne doivent certainement être présentés comme des armes miracles pour argumenter de l’élimination des porte-avions. En revanche, les évolutions technologiques en cours doivent entrainer une adaptation des doctrines d’emploi, comme des moyens et des plans de developpement, pour retrouver rapidement la capacité à exploiter à nouveau la puissance aérienne de façon étendue, qu’elle soit, ou non, mise en oeuvre à partir d’un porte-avion. C’est évidemment plus difficile que de jeter l’opprobre sur un type de bâtiment …

Le missile balistique renait-il de ses cendres ?

Durant la guerre froide, le missile balistique, qu’il soit ou non muni d’ogives nucléaires, était considéré comme une unité de référence pour déterminer la puissance militaire d’un pays. Il n’existait, à cette époque, aucun système capable d’intercepter efficacement ce type d’engins, dont la simple possession faisait dès lors peser une menace existentielle sur l’ensemble des Etats entrant dans le rayon d’action du missile. C’est pour cette raison que deux des principales crises de cette période, la crise de Cuba en 1962, et celle des Euromissiles en 1983, résultaient de déploiement de ces engins à proximité des frontières des états.

Avec l’entrée en service, à la fin des années 80, de systèmes anti-aériens de nouvelle génération, comme le Patriot Américain, cette menace s’étiola rapidement, car le systématisme qu’elle engendrait disparaissait avec le déploiement des batteries anti-missiles américaines. C’est ainsi que, lors de la première guerre du Golfe, le simple déploiement de batteries de missiles Patriot suffit à retenir Tel-Aviv de riposter aux attaques par missiles Scud venant d’Irak. Dans les années post guerre froide, les systèmes anti-missiles se perfectionnèrent, et étendirent leurs capacités d’interception, face à des missiles de portée plus importante. C’est ainsi qu’apparurent aux Etats-Unis le THAAD, et les nouvelles versions du Patriot, ainsi que les missiles SM3 puis SM6 du système embarqué AEGIS. Ensembles, ces systèmes étaient capables de neutraliser une grande partie des missiles de courte et moyenne portée qui pouvaient être lancés contre les Etats-Unis, ses forces, et ses alliés. En outre, les Etats-Unis déployèrent un nombre très important de missiles de croisière Tomahawk sur leurs plate-formes navales et sous-marines, de sorte à pouvoir, si besoin, éliminer les lanceurs dans une première frappe, ainsi que les systèmes anti-aériens, libérant les espaces nécessaires au déploiement de sa puissance aérienne. Le missile balistique de courte et moyenne portée semblait bien, à ce moment, condamné à rejoindre les rangs des systèmes d’arme rendus obsolètes par le progrès technologique.

Tir dun missile par le systeme anti missiles balistiques americain THAAD Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Le Système THAAD a longtemps été considéré comme la parade aux missiles balistiques à courte et moyenne portée

Mais comme souvent, les certitudes et le statu quo ont favorisé l’émergence de nouvelles technologies destinées à supplanter ces défenses. C’est ainsi qu’apparut le missile russe 9M723K1, plus connu sous le nom Iskander, ou SS-N-26 Stone pour l’OTAN. Ce nouveau missile tactique, d’une portée volontairement limitée à 490 km pour respecter les clauses du traité INF, utilisait une nouvelle trajectoire de vol, dite quasi-balistique, plus tendue que celles des traditionnels missiles balistiques à courte et moyenne portée. En outre, l’essentiel du vol s’effectue à une altitude de 60 km, se positionnant parfaitement entre le plafond du Patriot à 60 km et le planché du THAAD, qui lui est à 70 km. Le missile est également capable de manoeuvrer en vol, et ce de façon difficilement prévisible. De fait, l’interception de ce missile devint rapidement problématique pour la défense anti-missile US. Mais les relations avec Moscou étant bonnes en 1995, il n’était pas question de s’alarmer pour autant.

La seconde alerte, beaucoup plus sérieuse cette fois, intervint lorsque le président Poutine présenta les nouveaux vecteurs stratégiques développés par la Russie lors de la campagne présidentielle russe, en mars 2018. Un nouveau missile, le Kh57M2 Kinzhal, balaya toutes les certitudes américaines en matière d’efficacité du bouclier anti-missile. Aéroporté, le missile était à la fois hypersonique, manoeuvrant, et évoluait dans la frange d’altitude de l’Iskander, dont il est dérivé. En outre, sa portée, dépassant les 2000 km selon Moscou, lui permettrait de frapper toutes les cibles importantes de l’OTAN à l’est d’un axe Londres Paris, sans que le Mig-31 qui l’emporte n’ait à quitter l’espace aérien russe. En d’autres termes, ni le Patriot PaC-3 acheté récemment à grand renfort de milliards d’euro par 4 pays européens, ni le THAAD, ni même les missiles des systèmes Aegis installés sur les frégates anti-aériennes de plusieurs marines de l’OTAN, ne sont en mesure de stopper ce missile. Même le très prometteur Aster 30 Block1NT semblerait en être incapable, en tout cas en l’état des spécifications.

kinjal Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Le missile Kinjhal est aérotransporté par un avion Mig31 spécialement modifié

Parallèlement, la Russie a développé une nouvelle génération de systèmes anti-missiles, le S500 qui, couplée avec les systèmes anti-aériens S400, S350, Buk, Tor, Sosna et Pantsir, seraient en mesure d’assurer une protection très efficace contre les frappes de l’OTAN contre les installations stratégiques et les forces russes, que ce soit par missiles de croisière, ou attaques aériennes. Pour la première fois depuis 3 décennies, l’OTAN perdait l’assurance de disposer de la supériorité aérienne contre son adversaire, comme celle de pouvoir protéger son dispositif dans la profondeur contre des frappes ciblées.

Depuis, l’US Army comme l’US Air force ont lancé plusieurs programmes visant à developper des missiles hypersoniques capables, eux aussi, de défier la défense anti-aérienne russe, l’abandon du traité INF ayant levé les contraintes qui pouvaient encore exister contre ces systèmes d’armes. En outre, de nombreux programmes de défense anti-missiles ont vu le jour, notamment à base de systèmes laser, pour tenter de faire face à cette menace, qui touche aussi bien les forces terrestres et navales, la Russie développant le missile hypersonique anti-navire Tzirkhon 3M22, qui doit entrer en service en 2021.

missile balistique a portee intermediaire DF 26 des forces strategiques chinoises Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
La Chine a développé un nombre important de missiles balistiques dont certains sont dédiés à la lutte anti-navire, comme le DF-26

Par ailleurs, la faille révélée par l’Iskander et le Kinjhal a fait de nombreux émules, en Chine évidemment, mais également en Iran, et plus récemment, en Corée du nord, dont les derniers tirs de missile n’avaient pour seul objet que de montrer qu’elle aussi, disposait de missiles capables de défier le bouclier anti-missile américain déployé à Guam, en Japon et en Corée du Sud.

Une chose est certaine, en seulement quelques années, le missile balistique de courte et moyenne portée, est bien rené de ses cendres, pour s’imposer à nouveau comme un des systèmes d’arme stratégique dans les arsenaux militaires. Outre les Etats-Unis, la Chine et la Russie, l’Inde, la Corée du nord, la Corée du Sud, le Pakistan, l’Iran, l’Ukraine, la Turquie et l’Arabie saoudite ont annoncé developper des systèmes de ce type. Si ça n’est pas une course aux armements, cela y ressemble tout de même beaucoup. En revanche, aucun programme européen visant à developper ce type de système d’armes n’est aujourd’hui en cours.

La Turquie menace de lancer une nouvelle opération dans le nord de la Syrie

Le 4 aout 2019, le président turc R.T Erdogan annonça, en amont d’une rencontre avec une délégation américaine, qu’il envisageait une nouvelle opération militaire menée contre le YPG kurde dans le nord de la Syrie, provoquant une vague d’inquiétude dans les forces coalisées présentes dans la zone, notamment américaines. En effet, une telle offensive nuirait considérablement aux efforts visant à éliminer les derniers bastions de l’Etat Islamiste encore présents dans le pays, et pourrait provoquer la libération de plus de 10.000 prisonniers capturés par les forces kurdes, qui rejoindraient très probablement le mouvement terroriste à peine libérés.

La décision turque s’appuie sur les liens forts entre les Peshmergas syriens du YPG et le mouvement PKK indépendantiste kurde, considéré comme terroriste par Ankara comme par la majorité des capitales occidentales. Les autorités turques avaient accepté de déléguer à Washington la solution du problème par la création d’une zone ‘tampon », mais face au manque de résultat après prés de six mois de négociations, elles menacent désormais d’intervenir directement pour « assurer la sécurité de la frontière avec la Syrie ».

Dans le même temps, le 18eme rapport de l’inspection général du Pentagone sur l’opération Inherent Resolve, présente une situation très loin d’être stabilisée en Syrie comme en Irak, destabilisation accentuée, selon le rapport, par le retrait des forces US. Ainsi, l’Etat Islamique, loin d’être éliminé, a évolué vers des tactiques de guérilla, multipliant les enlèvements, les rackets et les assassinats, pour maintenir ses moyens. Un afflux de combattants en provenance des prisons kurdes pourrait rapidement créer un regain de puissance suffisant pour renverser la tendance actuelle. En outre, le rapport met l’accent sur l’accentuation des tensions entre les différents acteurs du conflit, jusqu’ici plus ou moins alliés, et qui désormais se retrouvent impliqués dans des antagonismes croissants. Le rôle de l’Iran est particulièrement pointé, ses forces agissant de plus en plus ouvertement vis-à-vis d’objectifs et d’un agenda qui leurs sont propres, parfois au détriment de leurs « alliés ».

islamic state fighter Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
La libération de 10.000 combattants de l’Etat islamique des prisons Kurdes pourrait agir comme un détonateur dans la région

Le rapport pointe particulièrement le fait que l’Etat Islamique réapparaissait très rapidement dès lors que le soutien américain aux forces irakiennes et syriennes libres diminuait. Il resterait en effet aujourd’hui entre 15.000 et 18.000 membres de l’Etat islamique en liberté en Irak et en Syrie, dont de nombreux combattants, en position de guérilla, prêt à exploiter les faiblesses constatées de leurs adversaires. Parallèlement le retrait US de certaines régions irakiennes semble s’accompagner d’une rapide défaillance des services publiques de base, que ce soit pour l’obtention de papiers d’identité, ou pour les missions de police.

Dans ces conditions, une offensive turque pourrait agir comme un détonateur pour embraser une fois encore la région, avec les conséquences que l’on connait, notamment sur le terrorisme international, mais également sur les mouvements de réfugiés vers l’Europe. Ankara en est évidemment parfaitement conscient, et la menace d’une intervention dans le nord de la Syrie pourrait bien être avant tout un argument destiné à engager une certaine forme de normalisation des relations du pays avec les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne, après les tensions qui ont entouré l’acquisition de S400 et celles autour de l’exploitation des réserves gazières chypriotes. Il ne serait pas surprenant de voir, dans les prochaines semaines, un retournement de situation concernant l’embargo sur la vente de F35 aux forces aériennes turques, ou la négociation d’un mémorandum entourant l’exploitation gazière en Méditerranée orientale, contre une retenue des initiatives militaires dans le nord de la Syrie.

Les limites de la coopération européenne de Défense se révèlent dans le Détroit d’Ormuz

Les autorités britanniques ont annoncé qu’elles rejoignaient la coalition américaine, qui jusqu’ici ne comprenait que la Corée du Sud, dans l’optique de sécuriser le trafic commercial dans le Golfe persique et le Détroit d’Ormuz, face aux actions de l’Iran. En effet, Londres a du admettre que son appel à une Task Force européenne dans le but d’effectuer cette mission, n’a guère suscité l’enthousiasme, seule la France ayant effectivement annoncé qu’elle s’y joindrait, sans toutefois envoyer de bâtiment dédié à cette mission dans la zone jusqu’ici. La Grande-Bretagne, qui soutient de plan de 2015 concernant le nucléaire iranien, se refusait jusqu’ici à le faire, pour ne pas s’associer aux positions très fermes de Washington dans ce dossier.

On ne peut obérer que la frilosité des européens ait un rapport avec la récente nomination de Boris Johnson au poste de premier Ministre, ce dernier ayant des positions très antagonistes vis-à-vis de l’UE concernant le Brexit. Il est d’ailleurs probable que si un autre premier ministre eut été nommé, et si Jeremy Hunt avait gardé son poste de ministre des affaires étrangères, la réponse européenne aurait put être différente. Toutefois, il s’agit d’un important revers pour les tenants d’une ligne diplomatique internationale alternative portée par les européennes.

En fait, la situation à laquelle font face les britanniques n’est pas sans rappeler celle à laquelle dut faire face la France en 2013 lors de l’intervention au Mali pour l’opération Serval, puis en Centre-Afrique. La France décida unilatéralement d’envoyer des forces pour empêcher le Mali de tomber aux mains des milices islamistes, et de devenir ainsi une base arrière pour la logistique de ces mouvements. Elle se tourna naturellement vers ses partenaires européens pour tenter de créer une coalition, mais seule la Belgique répondit favorablement, en envoyant un détachement d’hélicoptères de recherche et sauvetage à Bamako.

RAF C17 Bamako Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Les C17 de la Royal Air Force lors de l’Opération Serval au Mali

La Grande-Bretagne fournît à la France d’importants moyens logistiques avec ses C-17, mais ne pouvait y consacrer des forces, eut égard aux engagements en Afghanistan et en Irak. L’Allemagne attribua également des C-130 au soutien logistique de la mission, sans déploiement de forces. Les autres pays européens, dont certains pourtant très concernés comme l’Espagne et l’Italie, ne prirent nullement part à l’opération. La France dû, comme le font aujourd’hui les britanniques, solliciter l’assistance américaine pour un complément logistique et de renseignement, ce qui créa une réserve naturelle de nombreux militaires et politiques vis-à-vis de la solidarité européenne le cas échéant. Et comme ce fut le cas en France, l’épisode d’aujourd’hui marquera les Etats-Majors britanniques, avec le sentiment déjà implanté qu’à part les Etats-Unis, et la France, personne en Europe n’est prêt à s’investir dans une mission militaire aux delà du périmètre purement européen de façon active.

Mais se pourrait-il que le problème soit plus profond qu’il n’y parait ? En effet, l’ensemble des forces navales européennes ont aujourd’hui un format hérité de la période précédente, perçue comme une période de tensions faibles. Avec la baisse des effectifs et des crédits de maintenance, la disponibilité des bâtiments, pourtant déjà moitié moins nombreux qu’il y a 30 ans, a encore diminuée. Des marines jusque là importantes, comme la marine allemande, peine désormais à remplir leur contrat opérationnel, avec un nombre très élevé de bâtiment à quai pour panne ou maintenance programmée. Dès lors, on ne peut exclure que l’absence de volonté des européens ne soit, en fait, que le révélateur d’une absence criante de moyens, et de l’incapacité des marines européennes à déléguer un navire majeur en zone outre-mer, pour une longue durée.

En d’autres termes, les marines européennes manqueraient, aujourd’hui, de profondeur stratégique, et de réserves, au point qu’une simple mission d’escorte de navires commerciaux en zone sous tension sorte du périmètre des actions envisageables pour nombre d’entre elles. On comprend, dès lors, pourquoi le Pentagone estime que si les Marines Européennes devaient se passer de la protection et de la coopération intensive de l’US Navy, elles devraient consentir à un sur-investissement de plus de 110 Md$, uniquement pour les équipements manquants.

La crise des effectifs dans les armées est-elle inéluctable ?

Dès lors que l’on traite d’une variation envisagée du format des armées, les difficultés de recrutement apparaissent comme une barrière infranchissable, condamnant toute initiative en ce sens. Il est, dès lors, nécessaire d’analyser les causes de ce problème qui touche de nombreuses armées occidentales, afin d’en déterminer de possibles solutions.

Que ce soit aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, ou en France, toutes les armées occidentales déclarent aujourd’hui avoir de grandes difficultés pour atteindre leurs objectifs en matière de ressources humaines. D’une part, le nombre de candidats ayant le profil et les compétences recherchés ne cesse de diminuer, hormis à l’occasion d’événements exceptionnels comme les attentats de 2015 en France. D’autre part, le taux de non-renouvellement en fin de contrat d’engagement reste très élevé, et ce quelque soit les armées. Alors qu’il apparait de plus en plus indispensable d’augmenter les effectifs à moyen terme pour être en mesure de répondre aux enjeux sécuritaires qui se profilent, l’exercice semble extrêmement contraint par les difficultés que rencontrent aujourd’hui les armées pour maintenir les effectifs du moment pourtant numériquement dépréciés. Comment expliquer cette situation, et est-il possible d’y remédier, en France tout du moins ?

Des causes systémiques et conjoncturelles

Bien souvent, lorsque l’on aborde le problème du maintien ou de l’extension des effectifs dans les armées, un coupable est rapidement désigné : le jeune d’aujourd’hui. Non seulement est-il présenté comme peu intéressé par les questions de Défense et de souveraineté, mais il est également affublé de nombreuses tares, allant du manque de détermination au manque d’engagement. Cependant, en étudiant de plus prêt les chiffres, il apparait que les armées françaises ont aujourd’hui des effectifs professionnels assez proches de ceux des armées en 1989, alors que la conscription représentait 55% des 560.000 hommes des forces armées.

En revanche, le niveau scolaire des personnels lors de l’engagement a, lui, largement évolué. En 1989, la majorité des officiers sous-contrat avait un niveau Bac à Bac+2, alors qu’ils ont aujourd’hui entre bac+3 et bac+5. Les recrutements en amont du Baccalauréat sont devenus très minoritaires, avec l’augmentation de la technicité des forces et des missions. Ceci entraine un vieillissement moyen des effectifs ayant plusieurs conséquences, la première étant la diminution de la période de célibat sur la durée de l’engagement. Entre 23 et 26 ans, les chances qu’un ou une candidat(e) soit en couple, et donc moins enclin à des mutations diagonales, sont plus importantes que pour un candidat de 18 à 20 ans. Or, les contraintes de la vie militaire, surtout lorsque la pression opérationnelle est importante, se confrontent souvent à celles de la vie de famille. Dans ce cas, c’est l’augmentation des critères de recrutement, et non la qualité des candidats, qui agit comme facteur limitant.

campagne de recrutement 1999 2001 Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Depuis une vingtaine d’année, les armées françaises ont fait preuve de créativité et d’inspiration dans leurs campagnes de recrutement

A ce facteur systémique s’ajoute un facteur sociétal et conjoncturel, lié à la profession du conjoint. Dans les années 80, le conjoint d’un militaire engagé, soit acceptait de se consacrer exclusivement à sa famille, soit se spécialisait dans des emplois sous forte tensions, permettant de rapidement trouver un emploi après une mutation. Mais en 2020, ces options ne peuvent plus s’appliquer majoritairement, provoquant des tensions dans le couple, ou des tensions avec la hiérarchie.

Par ailleurs, la formation technique des militaires a pris une grande valeur sur le marché de l’emploi civil, d’autant que les domaines caractéristiques des forces armées, comme l’aéronautique, l’entretien mécanique et naval, l’électronique embarquée, sont des secteurs professionnels en tension, les entreprises étant prêtes à proposer des salaires et conditions attractives aux militaires qui les rejoindraient.

Enfin, il ne faut pas négliger une sensation avérée de démoralisation dans les armées, qui était très sensible jusqu’il y a encore peu. Les militaires voyaient les moyens qui leurs étaient alloués se réduire comme glace au soleil, alors que la pression opérationnelle, elle, ne diminuait pas. Ceci entrainait, et entraine toujours, une sur-consommation des moyens techniques et humains, entamant gravement le moral des personnels et de leurs encadrants. Le respect, jusqu’à présent, de la trajectoire de la LPM, semble palier, du moins partiellement, ce dernier problème. Rappelons tout de même que pendant de nombreuses années, le budget de La Défense était élaboré en intégrant des notions de « Recettes exceptionnelles », c’est à dire en liant l’exécution budgétaire à des recettes programmées issues de ventes d’actifs de l’Etat, ventes qui bien souvent, rapportaient bien moins que ce qui était planifié, entrainant reports et annulations de programmes d’infrastructure et d’équipements, ce qui altérait directement le moral des effectifs.

La création d’un cercle vicieux

Il apparait dés lors que les armées faisaient face à une problématique majeure, avec d’un coté des besoins en terme de formation de plus en plus importants, de l’autre de grandes difficultés pour maintenir les effectifs une fois formés. La décision fut donc prise d’augmenter les critères de recrutement, de sorte à diminuer l’effort de formation interne, ainsi que le risque y attenant, afin de profiter d’une période d’activité plus étendue lors de l’engagement. Ce faisant, cela augmentait mécaniquement l’âge moyen des candidats, avec les conséquences abordées précédemment, auxquelles s’ajoutent des aspirations professionnelles bien naturelles pour un candidat qui, avec un Bac+3 ou Bac+5, n’a pas pour ambition d’être sous-officier ou officier marinier au delà de quelques années.

La fregate 22Languedoc22 une des 6 fregates de 1er Rang FREMM Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Les frégates FREMM ont un équipage presque réduit de moitié vis-à-vis des frégates F70 Georges Leygues qu’elles remplacent

Parallèlement, les tensions sur les effectifs incitèrent militaires et industriels à privilégier les approches très économes dans ce domaine. C’est ainsi que, par exemple, les frégates FREMM furent conçues pour un équipage de 104 marins, plus tard ramené à 130, alors que les frégates F70 en embarquent plus de 230. Or, cette réduction drastique des effectifs embarqués se fait au prix de l’augmentation de la technicité des postes et de la pression opérationnelle, ce qui, là encore, créé un pré-requis plus-élevé sur le profil à l’entrée dans la Marine Nationale, et affecte le moral des engagés du fait de l’épuisement. Conjointement, ces facteurs ont créé le cercle vicieux qui aujourd’hui touche la majorité des armées occidentales.

Peut-on briser le cercle vicieux et créer un cercle RH vertueux ?

Une fois le problème posé dans sa complexité, il apparait que ses points d’actions existent pour les armées, comme l’augmentation de l’effort de formation interne pour diminuer l’âge moyen de recrutement, ou l’augmentation de l’effort d’équipement et de modernisation des infrastructures pour réduire les effets sur le moral, ainsi que la prise en compte de l’attachement local des personnels. Avant toute chose, il conviendrait surtout de changer de paradigmes conceptuels, pour concevoir différemment le modèle de construction RH des armées, voir d’imaginer des trajectoires personnelles dans les armées différentes de celles que nous avons connu depuis des dizaines années, en basant, par exemple, l’essentiel de l’effort sur des carrières courtes de 5 à 8 ans, même pour les postes hautement techniques. Ainsi, la problématique évoluerait vers d’une part l’extension de l’assiette de recrutement initiale, d’autre part vers le renouvellement des contrats selon les objectifs d’encadrement, sans systématisme aucun.

Dans ce domaine, le modèle stratégique global « Socle Défense » apporte une approche innovante basée sur la doctrine économique « Défense à valorisation Positive ». Grace au financement de bourses d’étude attractives, comparables à celles qui financent aujourd’hui les frais de scolarité des élèves de corniche (classes préparatoires préparant aux concours des grandes écoles militaires en internat sous encadrement militaire), et compensées par une durée d’engagement avec un ratio de 1 an de bourse = 2 ans de service, il devient possible de maintenir le haut niveau de recrutement tout en étendant largement son assiette. En outre, une partie des crédits consacrés aux infrastructures dans le modèle serait dédiée à la construction de « zone vie », à l’image des zones vies jouxtant les bases américaines, et offrant des logements de qualité à loyers modérés aux militaires et leur famille.

L’ensemble est intégré dans un cycle global, basé sur les retours budgétaires sociaux et fiscaux de l’investissement de Défense, permettant d’augmenter les moyens d’équipements et de fonctionnement des armées, sans impacter le déficit public du budget de l’état de façon négative, au contraire. Ainsi, pour une assiette de dépense modélisée de 15 Md€ dans l’industrie de Défense chaque année, le modèle permet de financer le financement de 5800 bourses de 3 ans par an pour les profils Bac+1/+5, ce qui sécurise le recrutement d’autant de personnels pour un contrat minimum de 6 ans, tout en construisant chaque année 2000 logements pour les militaires. Le Schéma ci-dessous présente les grandes lignes du modèle, qui donnera lieu à des articles dédiés.

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Modèle de flux budgétaires du Socle Défense sur l’Hypothèse d’un budget équipement de +15 Md€.

Quoiqu’il en soit, pour la problématique RH comme pour celles liées au financement des équipements ou de la maintenance, la solution ne pourra venir qu’au travers d’une évolution conceptuelle majeure de la planification RH et de la trajectoire militaire, de sorte à amener la carrière militaire dans un cadre compatible avec les contraintes auxquels font face les jeunes français aujourd’hui.

Le complexe militaro-industriel russe est-il menacé par sa dette exorbitante ?

À l’occasion de la réunion de la commission de « coopération militaro-technique entre la Russie et ses partenaires internationaux » le 24 juillet 2019, Vladimir Poutine a évoqué les résultats positifs de l’export des armements russes. Ainsi, d’après le chef de l’État les bénéfices en devises ont « augmenté de 45% » et les exportations, en croissance constante ces quatre dernières années, « avoisinent les $16 milliards », alors même que le carnet de commandes est d’environ $54 milliards[efn_note]МедведевГригорий, Путин сообщил о росте выручки от российского военного экспорта,  consulté le 4 août 2019. [/efn_note].

Pourtant, le rapport du SIPRI paru cette année présente une situation plus nuancée[efn_note]Global arms trade: USA increases dominance; arms flows to the Middle East surge, says SIPRI | SIPRI,  consulté le 4 août 2019. [/efn_note]. En effet, sur la période 2009-2018 la Russie conserve la seconde position dans le classement mondial des principaux exportateurs de systèmes d’armes majeurs, néanmoins sa part d’exportations sur le marché mondial a décliné de 17% entre 2009-2013 et 2013-2018. Cette mauvaise performance est en partie expliquée par le recul des ventes à des importateurs traditionnels d’armements russes tels que l’Inde ou encore le Venezuela. Entre 2013-2018 ces derniers ont réduit leurs importations respectivement de 42% et 96% par rapport à la période 2009-2013, la croissance de 19% des ventes vers le Moyen-Orient n’ayant pu enrayer cette tendance.

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Ces signes de faiblesses mises au jour par le Think-Tank suédois, par ailleurs contestées par Rostec[efn_note]BrokešFilip, « Russia’s declining arms exports | | Central European Financial Observer ».[/efn_note], viennent s’additionner à une réalité quant à elle incontestable tant son ampleur est devenue préoccupante. Malgré des résultats globalement bons à l’export et le réarmement massif de l’armée russe les principaux industriels du secteur de la défense croulent sous les dettes, les médias russes évoquant le chiffre de 2,3 trillions de roubles, soit environ 35-36 milliards de dollars. De plus, les commandes annuelles internes de matériels militaires, s’élevant actuellement à 1,5 trillion de roubles ($23 milliards), diminuent [efn_note]Долгиоборонныхпредприятийсольютвспецбанк, consulté le 4 août 2019. [/efn_note], précarisant de facto la position des industriels[efn_note]Долгироссийской«оборонки» покредитамдостиглиастрономическихвеличин— URA.RU, consulté le 4 août 2019. [/efn_note]. Pour rappel, en 2018 la Russie a dépensé pour sa défense entre 46 et 61,4 milliards de dollars (en fonction des sources et des estimations)[efn_note]NATO Members Drive Fastest Increase in Global Defence Spending for a Decade, Jane’s by IHS Markit Reveals | IHS Markit Online Newsroom, consulté le 6 août 2019. [/efn_note][efn_note]ВоенныйбюджетРоссиив2018 годусоставит$46 млрд, consulté le 6 août 2019. [/efn_note], la nécessité d’éponger une partie de cette dette va donc peser lourdement sur ses futurs budgets de défense. Les citoyens russes ont déjà été mis à contribution en 2016 lorsque le gouvernement a décidé de prendre en charge une partie des obligations des industriels surendettés en versant 11 milliards de dollars, entraînant ainsi une hausse du budget de la défense de 7,2%[efn_note] TianN, FleurantA, KuimovaA, WezemanP et WezemanS, « Trends in world military expenditure, 2018 », coll. « SIPRI Fact Sheet », p. 12.[/efn_note]. Or, depuis le début de l’année, des signaux annoncent une nouvelle restructuration du passif des industriels, le vice-premier ministre Yuri Borisov évoquant la nécessité d’alléger la charge qui pèse sur le secteur de la défense en rachetant 700 trillions de roubles de dettes aux banques privées ($10-11 milliards). 

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Cette nouvelle opération de sauvetage n’est cependant pas du goût du ministère des Finances et d’une partie de l’opinion qui ne comprend pas comment une telle situation est possible alors que les médias et le gouvernement mettent sans cesse en avant les performances du complexe militaro-industriel russe. Les spécialistes du secteur de la finance et de l’industrie expliquent que ce surendettement est autant le résultat de problèmes systémiques que conjoncturels. 

L’origine des difficultés actuelles date de la fin des années 1990 lorsque les banques prêtaient à des taux annuels avoisinant les 22-23%. Le manque d’alternative de sources de financement obligeait les industriels à prendre de tels crédits dont l’accumulation au fil des années a fini par produire une impasse. Le piège dans lequel se trouvent les principales entreprises du secteur étant d’autant plus sournois qu’à l’heure actuelle la quasi totalité des bénéfices doit être consacrée au remboursement des seuls intérêts.

À ce désagrément est venue se greffer la problématique dite de la formation des prix, les experts affirmant qu’il n’y a plus à l’heure actuelle en Russie de mécanisme adéquat de formation des prix des équipements militaires, ce qui provoque un conflit constant entre le ministère de la Défense (l’acquéreur) et les fournisseurs (l’industrie). En effet, aujourd’hui les prix des matériels militaires sont fixés par des organismes étatiques tels que le Service fédéral de lutte contre les monopoles ou encore Roskosmos et Rosatom. Le problème étant, selon les sources de Novaiya Gazeta[efn_note]Вседляфронта, всеподпроценты, consulté le 4 août 2019. [/efn_note], que le personnel spécialisé dans ce domaine, travaillant auparavant pour le Service fédéral des tarifs dissout en 2015, n’a pas été réemployé au sein des nouveaux organismes compétents. Par ailleurs, le ministère de la Défense est également connu pour être assez avare en matière d’avance de fonds pour le développement de prototypes. Ainsi, même lorsque la commande émane du ministère lui-même, les entreprises chargées de réaliser les études ne sont souvent payées qu’une fois les travaux réalisés. 

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De plus, en 2012 une révision de la loi portant sur les achats étatiques en matière de défense a rigidifié la gestion des finances des producteurs d’armes créant de cette façon des contraintes totalement artificielles. Cette loi avait pour objectif de s’assurer que les fonds de la défense ne pouvaient être alloués qu’à ce secteur, ce qui permit de remettre de l’ordre et de limiter les abus. Cependant, un des effets connexes de cette mesure est l’impossibilité pour les industriels de la défense d’utiliser les moyens de ces comptes aussi librement qu’ils le souhaitent, alors même qu’elles en ont besoin, les poussant ainsi à contracter de nouveaux crédits. Le résultat est une situation assez curieuse où des entreprises disposant de milliards de roubles sont obligées d’emprunter à des taux élevés afin de subvenir aux besoins de la production [efn_note] Названыпричинызакредитованностироссийскойоборонки, consulté le 4 août 2019.[/efn_note].

Le manque de compétences des gestionnaires est également mis en avant comme une des sources de l’endettement, certains d’entre eux étant accusés de détournements de fonds ou d’abus de pouvoir. Le ministère de la Défense est conscient de cette réalité et a demandé au Service fédéral de lutte contre les monopoles de mener des enquêtes, ce dernier ayant procédé à 46 vérifications au printemps 2019[efn_note]ОборонкаРоссиитонетвдолгах, consulté le 4 août 2019. [/efn_note]. De plus, un informateur travaillant au sein de l’industrie de la défense russe affirme que le manque de cadres qualifiés entraîne une inefficacité dans le fonctionnement global des holdings du secteur de la défense. En guise d’exemple il cite Rostec, qui malgré les milliards de roubles investis depuis sa création en 2007 ne serait pas parvenu à améliorer la santé économique des entreprises qui le composent. D’après l’expert, la création de cette corporation étatique a eu certains effets positifs, mais sur le long terme elle a contribué au développement d’une dépendance vis-à-vis du financement étatique.  

Enfin, les sanctions des États-Unis et de l’Union européenne obligent les industriels russes à consacrer d’importants moyens à la diversification de leurs approvisionnements et surtout à produire par eux même les matériels qu’ils achetaient jusqu’à là aux occidentaux, tout en ayant un accès réduit aux sources de financement étrangères. Le Président russe à par ailleurs fait de la substitution des importations dans le secteur de la défense une priorité pour l’industrie de son pays.

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L’Inde a commandé 21 Mig29 supplémentaires à la Russie en 2019

Face à ces obstacles, le gouvernement a entrepris de transférer les dettes du complexe militaro-industriel vers une banque étatique dont l’objectif principal serait justement de financer ce secteur. Cette approche a été entérinée en 2018 lorsque le Président russe a ordonné la transformation de la banque « Promsvizbank », nationalisée en 2017, en banque publique de financement des industries de défense. À terme la totalité des crédits doit être transférée vers cette institution, ce qui permettra non seulement de refinancer les entreprises surendettées, mais également de protéger le secteur bancaire russe des sanctions américaines, ces dernières visant particulièrement l’industrie de la défense russe. Le vice-président et ancien ministre de finances Anton Silouanov a également évoqué la possibilité d’annuler une partie des dettes lors du transfert des crédits vers Promsvizbank. Pour autant ce processus n’est visiblement pas amené à se réaliser dans un avenir proche puisque selon Piotr Fradkov, directeur de Promsvizbank, à la date du juillet 2019 seulement 100 milliards de roubles de crédits du complexe militaro-industriel ont été transférés vers cette banque.

Ainsi, malgré les efforts de Moscou, la dette des principales entreprises du complexe militaro-industriel continuera à peser sur la santé de sa BITD tant que des réformes structurelles ne seront pas réalisées. De plus, la nécessité de refinancer ses industries va impacter lourdement le budget de la Russie, la prochaine augmentation substantielle des dépenses de défense sera ainsi probablement, tout comme en 2016, consommée par le remboursement des dettes des industries du secteur militaire.


Oleg Lypko – Analyste de l’industrie de Défense Russe et CEI

Le Pentagone veut augmenter le stock de missiles de croisière JASSM

La société Lockheed-Martin a lancé la construction d’une nouvelle usine de 20.000 m2 en Alabama destinée à accélérer la production du missile de croisière aéroporté AGM-158 Joint Air-to-Surface Standoff Missile, ou JASSM. Ce missile de croisière furtif, comparable au SCALP-EG franco-britannique, peut atteindre des cibles situées à 950 km pour la version B avec un profil de vol rasant pour la version, emploi une navigation inertielle couplée à un recadrage GPS résistant au brouillage. La version C en cours de developpement devra atteindre une portée de 1000 miles, soit 1850 km. Ainsi, la commande de l’US Air Force permettra de faire croitre le stock de JASSM 4900 unités à 7200 dans les quelques années à venir, avec des commandes supplémentaires à suivre.

En l’absence de missiles hypersoniques, et face à l’augmentation des performances de la défense anti-aérienne et anti-missile russe et chinoise, les attaques visant à éliminer les systèmes anti-aériens de défense de zone comme les S400, devront être menées par un grand nombre de missiles, de sorte à « saturer » les capacités d’engagements des systèmes adverses. En outre, L’US Air Force a fait, il y a quelques années, l’experience des difficultés pouvant être rencontrées pour obtenir un réassort dynamique des stocks de munitions, lorsque ses réserves de munitions tactiques air-sol étaient passées sous le seuil des 6 mois d’utilisation linéaire. La France elle aussi fit face à ce problème, et du acquérir en urgence des corps de bombe à ses partenaires européens. Dans le contexte actuel de tensions, l’augmentation rapide du stock de munitions apparait donc comme une décision parfaitement légitime et cohérente. Peut-être devrait-elle inspirer les autorités françaises, qui décidèrent de leur coté de réduire le nombre de SCALP à 100 exemplaires, à l’occasion de la modernisation du missile vers la version SCALP-EG.

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L’Armée de l’Air et la Marine nationale mettent en oeuvre le missile SCALP-EG comparable au JASSM.

Cette information montre également l’évolution de la posture opérationnelle de l’US Air Force, et de l’ensemble des forces armées US, qui désormais anticipent très sérieusement l’hypothèse d’un conflit majeur dans les années à venir, que ce soit contre la Chine, la Russie, la Corée du nord ou l’Iran. Pour s’y préparer, le Pentagone revient aux fondamentaux, abandonnant les programmes longs et très couteux qui marquèrent les années 2000, pour se concentrer sur des contrats courts, maitrisés, parfaitement encadrés, avec des ambitions réalistes. A titre d’exemple, l’US Army a ainsi abandonné prés d’une centaine de programmes divers pour concentrer ses investissements et son énergie sur les 6 programmes stratégiques qui l’occupe, allant de la protection anti-aérienne rapprochée au remplacement des Bradleys, en passant par le programme Futur Vertical Lift pour remplacer sa flotte d’hélicoptères.

Israël prépare la nouvelle génération de blindés lourds

De toutes les armées du monde, Tsahal est sans aucun doute une des plus expérimentées dans l’emploi des blindés et des chars de combat modernes, et ce dans de multiples environnements. Loin de considérer que le char de combat et les IFV sont destinés à être, à plus ou moins long terme, remplacés par des drones terrestres, l’Armée israélienne a entrepris de developper une nouvelle génération génération de blindés lourds, le projet CARMEL.

Lancé il y a 3 ans, le projet Camel vise, dans une premier temps, à identifier les briques technologiques qui seront intégrées aux nouveaux blindés israéliens. C’est ainsi que les 3 grandes entreprises de Défense du pays, Elbit System, Rafael et Israel Aerospace Industries (IAI), ont pu présenter leurs démonstrateurs technologiques dimanche 4 aout, sachant que, pour l’Etat-major de Tsahal, il s’agit avant tout d’identifier les briques technologiques qui intégreront le programme, et non de déterminer qui en sera maitre d’oeuvre.

Elbit system et Rafael présentèrent des systèmes de visualisation à 360° pour l’équipage, le premier par l’intermédiaire d’un casque de réalité virtuelle dérivé de celui du F35, le second via une série d’écrans tactiles entourant l’équipage, dans une approché présentée comme étant un « transparent cockpit ». IAI mis pour sa part l’accent sur l’automatisation, en intégrant des technologies issues de ses programmes de drones terrestres. Chacun des systèmes présenté intégre également les atouts de chaque société, comme une tourelle pour missiles Spike et le dispositif de protection active Trophy pour Rafael, des drones de reconnaissance autonome pour Elbit, et l’utilisation de l’intelligence artificielle pour IAI. A noter que le casque de vision virtuelle de Elbit sera également déployé sur la nouvelle version du char de combat Merkava Mk4.

Elbit helmet Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Le casque de réalité virtuelle de Elbit permet à l’équipage d’avoir une vision à 360° de son environnement.

On comprend, dés lors, que le Camel deviendra, à l’instar du SCAF franco-allemand, un système de système, marquant un rapprochement entre les fonctions des blindés lourds et des avions de combat. Alors que le char de combat avait, jusqu’a aujourd’hui, un statut hérité des grandes batailles de char de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide, il est probable qu’il évolue désormais vers une utilisation beaucoup plus proche de celle des avions de combat modernes. En effet, le MBT devient un concentré de technologies, avec de multiples systèmes de détection et de contre-détection, des systèmes de communication, de commandement et de coopération tactique, et plusieurs systèmes d’armes permettant d’engager différents objectifs. Dès lors, il est entré dans un processus d’évolution visant à déployer sa puissance tactique dans la coopération avec l’ensemble des forces du théâtre, dans un schéma beaucoup plus riche qu’auparavant.

Ce faisant, le char hérite également des « défauts » de l’aviation de combat : des couts d’acquisition et de maintenance beaucoup plus élevés, un entretien complexe donc une disponibilité plus faible, et une formation des équipages beaucoup plus longue, et chère. Dans les années 80, une majeure partie des équipages de chars de combat occidentaux était constituée de conscrits, formés en quelques mois seulement, les systèmes étant très conçus pour être simples et accessibles. En revanche, il sera impossible, dans le futur, de confier un CARMEL, T-14 Armata ou MGCS, à des équipages n’ayant pas suivi un cycle de formation long et rigoureux, se rapprochant davantage de celui des équipages d’aéronefs que de celui des AMX30 ou T72.

T14 Armata inside Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
Une des rares photos de l’interieur de la capsule équipage du T-14 Armata russe, offrant une excellente vue multi-spectrale de l’environnement du char.

L’efficacité de ces systèmes sera déterminée non pas leur richesse technologique, mais par le meilleur compromis entre ces paramètres, de sorte à prendre également en considération le critère du nombre, trop souvent négligé en Europe ces dernières décennies. Il est utile de garder en mémoire que si les chars lourds Tiger et Keonig Tiger allemands étaient incontestablement plus puissants, mieux armés et mieux conçus que les M4 Sherman et les T34 russes, c’est le nombre, et non la qualité absolue, qui fit la différence.

Le VT-5, char léger chinois, disposera d’un système de protection active

Le journal d’État Global Times annonce que le VT-5, char léger chinois, sera équipé d’un système de protection active. Ce système de protection active – probablement le « GL5 Active Protection System » de Norinco – détecte les projectiles hostiles entrants avant de tirer des roquettes d’interception dans le but de les neutraliser.

Le VT-5 est un char léger chinois relativement récent. Aperçu en 2010, son développement avait été maintenu secret et aucun commentaire officiel concernant ce char n’avait été fait. Il ne sera dévoilé au public qu’en novembre 2016 au Zhuhai AirShow China.

Initialement développé pour l’exportation par Norinco, d’où la nomenclature « VT-5 » – la désignation VT étant utilisée pour les véhicules d’export. La Chine annoncera finalement le 27 décembre 2018, à travers le porte-parole du ministère de la Défense nationale, Wu Qian, que le nouveau char léger VT-5 a été commandé par l’Armée populaire de libération sous la nomenclature officielle de l’APL : Type 15. Ces derniers succéderont donc aux chars légers de Type 62, actuellement utilisés par l’APL.

File:Type 62 tank at Jianchuan Museum.jpg - Wikimedia Commons
Un char léger de Type 62 exposé Musée Jianchuan.

Le VT-5 a un poids de 33 à 36 tonnes en fonction du blindage monté sur le char. Avec ce poids, ce char léger est capable d’opérer dans des endroits où les MBT normaux ne peuvent pas facilement se rendre, comme les forêts denses, les déserts, les rivières, les rizières ou les plateaux.

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Carte topographique de la Chine.

Du point de vue chinois, ce char léger s’adapterait sans problème à la géographie du sud du pays : zone principalement constitué de chaînes de montagnes, de collines, de rizières, de lacs et de nombreuses rivières.

Un expert militaire a déclaré au Global Times que « comparé à un MBT, un char léger comme le VT-5 porte un blindage plus léger, ce qui signifie une protection passive plus faible. Utiliser un système de protection active [APS] serait un excellent choix ». De plus, le VT-5 serait toujours équipé de plusieurs unités de blindage réactif explosif et d’un système de capteurs qui envoie un avertissement lorsque le char est visé par un faisceau laser.

L’APS est un système conçu pour empêcher les projectiles antichars guidés en visibilité directe d’acquérir et de détruire une cible. L’APS se distingue en deux catégories : 

  • les mesures soft kill, constituées des brouilleurs, des leurres et des écrans de fumée à la manière du système GALIX du char Leclerc ; 
  • et les mesures hard kill qui contre-attaquent physiquement la menace entrante et qui détruisent ou modifient sa charge utile de telle sorte que l’effet prévu sur la cible est gravement entravé, à l’instar du système Arena russe et son radar Doppler, ou encore du système Trophy israélien.
Démonstration du « GL5 Active Protection System ».

Le système de protection active chinois est le « GL5 Active Protection System », développé par Norinco et destiné aux chars de combat principaux et aux véhicules de combat d’infanterie. Ce système peut détecter les projectiles entrants tels que les missiles guidés antichars avec une portée de 100 mètres, à 360° et un angle de 20°. Dès qu’elles sont détectées, deux roquettes défensives sont tirées sur la menace qui arrive. Il est actuellement installé sur le VT-4, MBT chinois de troisième génération développé par également Norinco pour l’exportation. Il s’agirait du même système installé sur le VT-5.

Le Type 15 a probablement de nombreuses caractéristiques du VT-5. Cependant, le Type 15 sera-t-il équipé du système de protection active GL5 ? Actuellement, l’armée chinoise n’en a pas été équipée. Plusieurs éléments pourraient justifier ce choix : le coût de ce système à usage unique, le développement de blindage réactif électrique ou encore le fait que ce système puisse être perçu comme inutile pour l’APL du fait du nombre suffisant d’hélicoptères armés et de véhicules de combat d’infanterie pour protéger leurs tanks sur le champ de bataille. Cela pourrait même être nuisible à l’infanterie pouvant escorter le char disposant d’un tel système.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

Les forces US vont adopter un nouveau calibre pour leurs fusils d’assaut

Quiconque a utilisé le calibre OTAN 5,56 mm, celui du M-16, du M-4, du Famas et du Hk-416 récemment sélectionné par l’armée française, en connait les atouts, en particulier son faible recul permettant un tir automatique très précis à moyenne distance, contrairement au 7,62mm de l’AK-47 russe, du FAL britannique ou du G3 allemand, fusils d’assaut iconiques des années 60 et 70. De fait, la formation au tir a été largement simplifiée par ce calibre.

Mais le 5,56 OTAN a également des inconvénients, notamment une perte de précision au delà de 400 m, et un faible pouvoir d’arrêt. Avec la démocratisation des protections balistiques, il devenait urgent de passer à un calibre corrigeant ces défauts, surtout dans le cadre, une fois encore, des combats de haute intensité, ou les chances de faire face à des adversaires disposants de ces protections étaient désormais élevées. C’est ainsi qu’est né le calibre 6,8 mm Remington RPC, au début des années 2000, mais le projet fut étouffé dans l’oeuf, tant du fait de l’omniprésence du standard OTAN, que de la situation internationale laissant penser que l’hypothèse était peu probable.

Et c’est justement l’augmentation des probabilités qu’un tel affrontement ne survienne aujourd’hui qui a décidé l’US Army, et l’US Marines Corps, à exhumer le projet, avec une munition plus intelligente, la XM1186, dans le cadre du programme NGSW pour Next Generation Squad Weapons, décliné en deux versions, -R pour remplacer les M4, et -AR pour remplacer les M249 SAW. La nouvelle munition offre les avantages d’un calibre supérieur en terme de portée et de puissance d’arrêt, tout en préservant la simplicité d’emploi du 5,56, avec un recul très atténué, permettant de maintenir une précision comparable au M4 en tir en rafale. En outre, la nouvelle munition embarque des technologies modernes, comme des pointeurs traçants visibles uniquement en secteur arrière, permettant de ne pas révéler l’origine du tir, tout en profitant d’une excellente vision de la trajectoire balistique pour le tireur. Enfin, un NGSW-R muni d’un silencieux est plus silencieux que son ancêtre, le M4A1. D’autre part, une seconde munition, la XM1184, serait en developpement pour ce calibre, sans que l’on sache que l’on ne sache quelles seront les différences avec la XM1186 (portée accrue ? pouvoir de pénétration supérieur ?)

Elbit System Analyses Défense | Armes et missiles hypersoniques | Canon électrique Railgun
l’Israélien Elbit System avait déjà présenté la lunette de visée « intelligente » XACT en 2017, qui embarque des technologies d’identification et d’assistance au tir

Les nouveaux fusils d’assaut et armes d’appui américaines emporteront également un lot de nouvelles technologies, ajoutant des calculateurs de tir et de la réalité augmentée dans le viseur du tireur, pour identifier les cibles, et ajuster le tir. Reste à voir comment une arme aussi rustique et mal traitée qu’un fusil d’assaut cohabitera sur la longueur, avec ces nouvelles technologies qui feront, semble-t-il, appel à des technologies d’intelligence artificielle.

Les forces américaines comptent acquérir 100.000 NGSW dans un premier temps, mais la commande globale pourrait atteindre les 250.000 exemplaires comme l’avait signifié le Army Contracting Command. Reste à voir comment les pays membre de l’OTAN, qui ont tous adopté le 5,56mm pour fluidifier la logistique des munitions, vont réagir face à cette décision, surtout pour les pays qui, comme la France, viennent juste de passer commande d’un nouveau fusil d’assaut pour équiper leurs forces.