mardi, décembre 2, 2025
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Le couple Sino-Russe l’emporterait sur les forces occidentales selon les simulations du Pentagone

La sentence est sans appel : lors des simulations menées par le Pentagone en début d’année 2019, se basant sur un conflit majeur opposant l’occident aux forces chinoises et russes coalisées, les forces occidentales se feraient systématiquement balayer et seule l’utilisation du feu stratégique serait en mesure d’éviter la débâcle ; ce qui, on le sait, est loin d’être une solution acceptable. Ces simulations évaluèrent également d’autres scénarios, et montrèrent par exemple que les forces US seraient dans l’incapacité d’empêcher la prise de Taiwan par les forces chinoises, et que tout engagement à « proximité » des eaux chinoises (comprendre moins de 1000 miles), tournerait à l’avantage de Pekin.

Les raisons de ce retournement de situation aussi majeur que soudain, sont à chercher aussi bien du coté des occidentaux que des dirigeants russes et chinois. Coté occidental, les autorités ont tardé à prendre conscience des bouleversements géostratégiques en cours, obnubilées qu’elles étaient par les questions de politique intérieure, et voulant se persuader que les conflits à venir ne dépasseraient pas l’intensité des interventions en Afghanistan ou en Irak. En conséquence, les forces armées européennes et américaines perdirent en volume comme en capacité de faire face à des engagements intenses. A titre d’exemple, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas, qui constituaient le coeur de la force européenne en 1980 et 70% des forces de l’OTAN en Europe, ne sont pas capables aujourd’hui d’aligner plus de 1000 chars de combat en parc, et ne pourraient en déployer que 200 dans un délais de 3 semaines, là ou la Russie a montré qu’elle pouvait, lors d’exercices, mobiliser plus de 1000 chars de combat.

Le T72B3M est aujourdhui le principal char de combat moderne utilise par les forces russes Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
La Russie est aujourd’hui en mesure de mobiliser plus d’un millier de T72, T80 et T90 dans des délais très courts, là ou les européens ne pourraient en mobiliser que 250 à 300.

Dans le Pacifique, la Chine a développé sa Marine de guerre et son aviation avec l’objectif d’interdire à l’US Navy la proximité de ses cotes. Pour cela, elle constitua une flotte de destroyers, frégates, porte-avions et sous-marins nucléaires d’attaque en croissance constante, ainsi qu’un nombre très important de corvettes, de patrouilleurs lance-missiles, et de sous-marins d’attaque à propulsion conventionnelle , capables de mener des attaques saturantes que l’US Navy serait incapable de contrer, tout en créant un maillage ce point dense qu’il en devient opaque aux forces US, y compris pour ses sous-marines nucléaires d’attaque.

La personnalité des dirigeants chinois et russes, comme leurs ambitions, jouent également un rôle déterminant dans ce nouveau paysage géostratégique. Ni Vladimir Poutine, ni Xi Jinping, n’était en effet disposé à accepter la tutelle économique et politique de Washington, et tous deux n’ont jamais fait secret des ambitions qu’ils avaient pour leur pays sur la scène internationale. En outre, ils sont déterminés à garder le pouvoir dans leur pays, et, pour cela, usent des tensions internationales pour garder la population dans une forme de soumission volontaire au contrôle de l’Etat, avec un certain gout pour le culte de la personnalité.

Chinese Navy Type 022 Missile Boat Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
La Marine chinoise dispose de plus de 120 patrouilleurs lance-missiles dont 83 trimarans Type 22 emportant chacun 8 missiles anti-navires lourds C80x supersoniques.

On peut épiloguer sans fin sur les probabilités qui entourent ces hypothèses, et sur la fiabilité des simulations, mais la situation actuelle n’en est pas moins préoccupante, que ce soit en Asie, comme en Europe. En outre, il ne faut pas obérer que les forces russes comme chinoises sont en pleine mutation, et qu’elles n’atteindront leur pleine efficacité opérationnelle planifiée qu’en 2030-2035. Or, hormis les Etats-Unis, et dans une moindre mesure, la Grande-Bretagne et les pays de la zone pacifique (Australie, Corée du Sud, Japon, Nouvelle-Zélande), la majorité des pays occidentaux restent dans une planification Défense héritée de la période précédente, qui considérait l’action humanitaire et anti-insurectionelle comme les principales missions de leurs forces armées. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’équipement des nouvelles frégates F125 allemandes, et même des FDI françaises qui, avec seulement 16 silos verticaux, manquent singulièrement de puissance de feu.

Il n’en demeure pas moins qu’avec la montée en puissance de la Chine, la puissance militaire US semble désormais incapable de protéger simultanément le Pacifique et l’Europe. Cette dernière doit, dès lors, trouver en elle-même les ressources pour assurer cette mission. L’ensemble des pays européens, qui aujourd’hui se rangent sous l’aile protectrice des Etats-Unis pour garantir leur sécurité, font donc un bien mauvais calcul…

Les premiers Su-30SMD russes entreront en service en 2021

Bien que principalement développé avant l’effondrement de l’Union Soviétique, le Su30 est généralement considéré comme le premier chasseur Russe de la période post-soviétique. Cet appareil, version biplace multi-missions du Su-27, a largement été employé par les forces aériennes russes depuis son entrée en service en 1996. Il a par ailleurs été sélectionné par l’Inde pour constituer la colonne vertébrale de l’IAF, avec plus de 250 appareils Su30MKI commandés, ainsi que par la Chine (150 appareils), l’Algérie (58 appareils) ou encore le Venezuela (30 appareils). Au total, 12 pays ont acheté le Su30 à la Russie, construit aujourd’hui a plus de 550 exemplaires.

L’appareil russe , dans son standard SM, atteint cependant ses limites aujourd’hui, que ce soit en matière de performances aéronautiques comme d’équipements embarqués. Les autorités russes ont donc décidé, en 2018, d’étudier un nouveau standard permettant au quelques 120 Su-30SM qui seront en service dans les forces aériennes et navales du pays de rester un appareil de première ligne, tout en rationalisant la maintenance du parc, puisqu’aujourd’hui, les forces aériennes russes emploient pas moins de 10 modèles d’appareils différents, allant du Su-25 au Mig31, en passant par le Su-24 et le Su-35.

No35 Irbis Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
On prend conscience de la taille du radar No35 Irbis sur cette photo lors d’un salon

La nouveau standard de l’avion, qui entrera en service à partir de 2021, appelé jusqu’ici Su-30SMD (D pour Digital), verra l’avion équipé des réacteur AL41F du Su-35 en lieu et place des AL31 actuellement employés. Les nouveaux réacteurs offrent une poussée supérieure (+1 tonne à sec, +2 tonnes avec PC par réacteur) , tout en réduisant la consommation de 15 à 20%, et conservent des dimensions très proches de celles du AL31, permettant une adaptation sans modification profonde de la cellule des appareils. En outre, ils recevront le radar No35 Irbis du Su35, considéré aujourd’hui comme le meilleur radar PESA du moment, et offrant des performances jugées comparables à celles de nombreux radars AESA occidentaux. D’autres modifications, comme la mise au standard des cockpits avec écrans multifonctions, du HUD, ou de la suite de guerre électronique, feront du Su30SMD un avion techniquement très proche du Su35s en service.

Cette nouvelle version permettra également, comme le souligne le blog RedSamovar dans son dossier consacré à cette évolution, de proposer à l’Inde une évolution pour les Su30MKI, de sorte à conserver le rôle prédominant de l’appareil alors que le Rafale entrera bientôt en service.

Quoiqu’il en soit, le Su30SMD va probablement resté encore de nombreuses années en ligne dans les inventaires de plusieurs grandes forces aériennes mondiales. Avec cette évolution, il se rapproche dès standards des évolutions du F15 Strike Eagle, un appareil lourd pouvant à la fois jouer le rôle de camion à bombe, et de gestionnaire du champ de bataille grâce à son puissant radar, son grand rayon d’action, et son équipage double.

Chine : des ambitions stratégiques au-delà des nouvelles routes de la soie ?

Après avoir installé une base militaire à Djibouti en 2017, la Chine semble vouloir accentuer sa présence au-delà de la mer de Chine et en-dehors des routes commerciales stratégiques dites de la soie. Selon le Wall Street Journal [efn_note]The Wall Street Journal, 22 juillet 2019 : « Deal for Naval Outpost in Cambodia Furthers China’s Quest for Military Network »[/efn_note], un accord secret entre la Chine et le Cambodge permettrait à Pékin de prendre le contrôle de la base navale de Ream et d’y installer des navires de guerre pour les 30 prochaines années. Or, le Cambodge ne présente pas, dans le cadre des nouvelles routes de la soie, d’intérêt stratégique.

Les nouvelles routes de la soie s‘articulent autour de six corridors dont l’un d’entre eux pénètre la péninsule indochinoise. A ce titre, l’axe Kunming-Singapore permet d’accéder à l’Océan Indien par voie terrestre. Ce qui constitue un atout majeur car il permet d’acheminer des marchandises en évitant la mer de Chine méridionale, instable et très disputée. Cet axe est situé à l’ouest du territoire cambodgien sans jamais le pénétrer. 

Et, le port de Sihanoukville, quant à lui, ne présente pas d’intérêt pour les nouvelles routes de la soie. Les navires de commerce et les pétroliers peuvent naturellement traverser le détroit de Malacca sans besoin de caboter aux abords des côtes cambodgiennes ou encore de transiter par l’un de ses ports.

Cartecambodge Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis

La constitution cambodgienne[efn_note]Article 53 de la constitution : « Le royaume du Cambodge ne permet pas l’installation de bases militaires étrangères sur son territoire »[/efn_note] interdisant l’installation de forces étrangères sur son sol, son gouvernement a démenti ces affirmations. Pourtant, l’économie cambodgienne sous perfusion chinoise, n’aurait pas les moyens de refuser une telle requête : selon un rapport de la Banque Mondiale[efn_note]World Bank Group, Mai 2019 : « Cambodia Economic Update »[/efn_note] les entrées de capitaux sous forme d’investissements directs étrangers proviennent pour grande part de la Chine. Et, le pays dont l’économie dépend entre autre du tourisme, accueille essentiellement des chinois.

Malgré la publication récente du livre blanc sur la défense chinoise[efn_note]Dixième livre blanc, 2019 : « La défense nationale de la Chine à l’ère nouvelle »[/efn_note] qui rappelle que la Chine « ne cherchera jamais l’hégémonie, l’expansion ou les sphères d’influence », on peut donc se demander pourquoi la Chine projetterait-elle sa marine dans une zone qui ne passe pas par un axe commercial stratégique ?

Sa présence dans le Golfe de Thaïlande lui permettrait d’être plus forte dans le cadre des ses plans hégémoniques en mer de Chine méridionale, de mieux sécuriser ses ressources halieutiques ou encore permettre aux compagnies chinoises d’exploiter les hydrocarbures présents dans la région. Elle constituerait également une autre ligne de front en cas de conflit avec le Vietnam.

WeiFengheNgoXuanLich Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
Le général Wei Fenghe (à gauche) et son homologue vietnamien, le général Ngo Xuan Lich discutent les enjeux en mer de Chine méridionale à Hanoï en mai

A noter que le livre blanc de la défense chinoise 2019 insiste davantage sur la défense des intérêts chinois à l’étranger que celui de 2015. Et, bien qu’il y soit question de coopération internationale et de multilatéralisme, le rapport mentionne que « pour combler les lacunes dans les opérations à l’étranger et leur soutien, la Chine développe des installations logistiques à l’étranger ».

La formule est employée au pluriel : la présence à Djibouti ne serait donc que le premier pion d’un plan de projection plus vaste, parfois même en-dehors d’une logique de protection des routes commerciales. De manière certaine, la Chine projettera sa marine militaire toujours plus puissante en s’appuyant sur la stratégie du collier de perle[efn_note]La stratégie du collier de perles (en anglais : String of Pearls) est une expression désignant l’installation par la marine de guerre chinoise de points d’appui (les « perles ») le long de ses principales voies d’approvisionnement maritimes[/efn_note] et parfois même au-delà, comme l’illustre le cas cambodgien.


David Furcajg – Spécialiste  les nouvelles routes de la soie, et l’influence géostratégique de la Chine

Les drones MALE seraient-ils devenus trop vulnérables ?

Des clichés en provenance de Libye montrent un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) Wing Loong d’origine chinoise détruit par la Défense anti-aérienne gouvernementale. Cette annonce ne fait qu’étendre la liste des drones MALE interceptés ces derniers mois, comme le MQ-9 Reaper américain abattu le 15 juin par les rebelles Houthis au Yemen, le RQ4 Global Hawk détruit par La Défense anti-aérienne iranienne le 21 juin, ou le Sarraj d’origine turc détruit par la DCA du général Hafta en Libye le 15 mars. Précédemment, un Shaeed 129 iranien avait été abattu par un F15E américain dans le ciel Syrie en aout 2017, alors qu’un autre MQ9 Repear US avait été abattu dans le ciel du Yemen en octobre 2017.

Il semble que dès lors qu’un conflit dépasse le cadre de la lutte anti-insurrectionnelle, les drones MALE, comme le Reaper, le Global Hawk, le Wing Loong ou le Predator, se retrouvent rapidement très vulnérables aux défenses anti-aériennes de l’adversaire. Et pour cause… S’ils volent haut, entre 10.000 et 15.000 mètres d’altitude, les drones MALE sont en général lents, avec des vitesses de croisière allant de 350 à 700 km/h, et peu manoeuvrant, en comparaison d’un avion de combat. En outre, ils n’emportent pas, en règle général, l’arsenal défensif des avions de combat, comme des systèmes d’alerte, de brouillage, ou des leurres, ni ne sont particulièrement furtifs. De fait, dès qu’ils entrent dans l’enveloppe de tir d’un système anti-aérien, fut-il ancien comme le S200, le drone est à la merci de la décision de tir des forces anti-aériennes.

Shoot down MQ9 Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
Un drone MQ9 Reaper abattu dans le ciel du Yemen

A ces vulnérabilités s’ajoutent un nombre très important de crashs ayant des origines diverses, allant de la panne mécanique à l’erreur de pilotage. Depuis 2015, les forces américaines ont ainsi perdu 20 MQ 9 Repears par accidents et erreurs humaines, 17 Predators et 3 R/MQ4 Triton/Global Hawk. Avec 196 drones MQ9 en parc, cela représente donc une attrition de prés de 10% en 4 ans, chiffre auquel il convient d’ajouter les 3 Reapers abattus. Rappelons qu’un drone MQ9 Reapers est vendu entre 18 et 20 m$ par appareil, en mode « Fly Away condition », c’est à dire sans maintenance, systèmes d’arme, ou station de contrôle.

Si les drones MALE jouent incontestablement un rôle crucial pour la surveillance des espaces non contestés, les chances de devoir faire face à des engagements de type anti-insurrectionnel comme en Afghanistan, en Irak ou au Mali, vont aller diminuant avec la radicalisation des tensions entre le camp occidental et le couple sino-russe, chaque camp cherchant bien évidemment à équiper les adversaires potentiels de l’autre camp, notamment en systèmes anti-aériens.

La drone de combat Neuron lors dun vol dessais avec un Rafale Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
Le format NEURON pourrait représenter une alternative à haute survivabilité aux drones MALE actuels dans les environnements contestés.

De fait, dans un futur relativement proche, l’utilisation des drones MALE sera limitée aux missions de surveillance en zone non contestée, ou des vastes étendues navales, avec des appareils probablement plus lourds et bimoteurs, de sorte à réduire le taux d’attrition par défaillance mécanique. En ce sens, les choix qui président à la conception de l’Eurodrone semblent bien pertinents, même si l’appareil coutera probablement plus cher à l’achat qu’un Reaper, mais ce dernieri aura une chance sur 4 de finir en morceaux en 20 année d’utilisation.

En revanche, les précieuses informations en temps réels qu’apportent aujourd’hui les drones MALE ne pourront plus être transmises, à moins de developper une nouvelle génération de drones, capables d’évoluer en sécurité au dessus d’un espace aerien contesté, que ce soit par son altitude, sa vitesse, sa furtivité, ou une combinaison de ces paramètres. Peut-être est-ce sur ce marché que les européens devraient concentrer leurs efforts, plutôt que de tenter de s’aligner sur les technologies actuelles des Etats-Unis et de la Chine sur un marché destiné à diminuer rapidement…

Les gardiens de la Révolution iraniens auraient saisi un nouveau Tanker

Selon l’Agence Reuters, citant l’agence de presse de l’Etat iranien, les gardiens de la Révolution auraient capturé un nouveau tanker dans les eaux iraniennes, en coordination avec les autorités judiciaires du pays, accusant le navire transportant 700.000 litres de pétrole, de participer à un trafic d’hydrocarbures. Les 7 membres d’équipage, de nationalités diverses, ont été mis en détention.

On ne connait pas encore l’identification du bâtiment ni son pavillon, mais au regard de la quantité d’hydrocarbures transportée, il s’agit d’un navire de petite dimension, appartenant probablement à un armateur local. On ignore également comment celui-ci a pu se retrouver dans les eaux iraniennes, connaissant les tensions actuelles dans la zone. Certains rapports pointaient la possible utilisation par les autorités iraniens de systèmes de « spoofing » comparables à ceux employés par les forces russes, de sorte à faire dériver le signal GPS vers des coordonnées étonnées. Cette explication a notamment été avancée pour expliquer la destruction du drone RQ-4 Globalhawk américain par La Défense anti-aérienne iranienne, alors que celui-ci venait de pénétrer l’espace aérien iranien.

Cette nouvelle interception va probablement accroitre encore d’un cran le niveau de tension dans la zone. Déjà, les navires de commerce occidentaux ont adopté une route sud dans le golfe Persique, afin d’éviter de se rapprocher des eaux iraniennes. En outre, suite à l’arraisonnement du pétrolier britannique Stena Impero, la Royal Navy escorte désormais les navires britanniques, et a initié une initiative européenne pour constituer une Task force destinée à protéger l’ensemble du trafic commercial dans la zone. Si plusieurs pays, dont la France, ont répondu favorablement à l’appel de Londres, aucune information sur la mise en oeuvre de cette force n’a pour l’heure été diffusée, l’initiative ayant été lancée par Jeremy Hunt, alors ministre des affaires étrangères, et qui quitta le gouvernement britannique lors de la nomination de Boris Johnson au poste de Premier Ministre.

Le drone de combat Su-70 Okhotnik russe a effectué son premier vol

Les autorités russes ont annoncé en ce début du moins d’aout que le drone de combat lourd Su-70 Okhotnik de la firme Sukhoi a effectué son premier vol d’une durée de 20 minutes , conformément au planning de developpement.

Contrairement aux occidentaux, la Russie a pris le parti de developper un drone de combat en intégrant majoritairement des briques technologiques existantes, sans passer par des programmes de démonstrateurs. En outre, l’Okhotnik a été conçu et dimensionné pour s’adapter directement aux besoins et spécificités des forces aériennes russes, avec un rayon d’action dépassant les 3000 km, et une importante capacité d’emport en matière de munitions et d’équipements de reconnaissance, lui permettant d’intégrer les dispositifs aériens russes existants. Le Su-70 étant conçu pour évoluer de concert avec les Su-57 et PAK DA en cours de developpement, il est probable que son entrée en service n’interviendra pas avant la seconde moitié de la décennie à venir.

Il apparait de plus en plus que les paradigmes retenus par la Russie pour la conception de l’Okhotnik sont aux antipodes de ceux qui sont actuellement retenus par les Etats-Unis et les Européens pour les drones de combat. L’Okhotnik est un drone très imposant, avec une masse au décollage atteignant 20 tonnes, soit 3 tonnes de plus que celle d’un F16 block 70, une masse très inférieure de celles prévues pour les Loyal Wingman américains, ou les Remote carrier du programme SCAF. Mais là ou la mission prioritaire des UCAV occidentaux sera l’élimination des systèmes de défense anti-aérienne adverses, avec un risque d’attrition élevé, celui de l’Okhotnik sera probablement, eu égard à son format, de mener des frappes en profondeur sur le dispositif de l’ennemie, y compris son dispositif naval.

Su57 dedie au drone de combat Okhotnik Su70 Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
Comme l’indique le marquage sur la queue de ce prototype PAK FA du Su-57, l’Okhotnik est conçu pour évoluer de concert avec le nouveau chasseur russe

En outre, on constate que la Russie a définitivement tourné le dos aux développements d’équipements de Défense « en miroir » de l’occident, et plus particulièrement des Etats-Unis, comme ce fut le cas durant la guerre froide. Au contraire, la Russie, et dans une moindre mesure, la Chine, développent désormais des systèmes apportant des avantages dissymétriques marqués, de sorte à compenser la puissance économique et numérique américaine et occidentale. Ainsi, les T14, Su-57, S500, les missiles hypersoniques Kinjhal et Tzirkon, ou les torpilles stratégiques Stratus-6 Poseidon, sont tous conçus pour neutraliser la puissance US, ou exploiter ses faiblesses, dans une stratégie du faible au fort. Si les performances de ces nouveaux systèmes sont conformes aux attentes des autorités militaires russes, le pays pourrait bien réussir son pari de pouvoir tenir tête aux Etats-Unis, un pays pourtant deux fois plus peuplé, et 11 fois plus riche.

Des soldats chinois participent à un exercice anti-émeute à Hong Kong

L’Armée populaire de libération (APL) a publié une vidéo montrant des soldats chinois participant à un exercice anti-émeute à Hong Kong. Cette publication coïncide avec la déclaration du général Chen Daoxiang, commandant de la garnison de l’APL à Hong Kong, qui a qualifié les manifestations d’« absolument intolérables ». 

Pour rappel, Hong Kong traverse l’une des plus graves crises politiques de son histoire avec huit week-ends consécutifs de manifestations massives. Initialement ces manifestations avaient pour but de s’opposer à l’amendement de la loi d’extradition par le gouvernement de Hong Kong, maintenant, les revendications vont jusqu’à l’appel à la démission de la cheffe de l’exécutif de Hong-Kong, Carrie Lam, et plus largement à volonté de préserver la démocratie.

A noter que cette annonce intervient une semaine après que le 74e groupe d’armées de l’APL révèle sur son compte Weibo que plusieurs brigades sous son commandement ont commencé des entraînements à Zhanjiang, une ville située à 320 km au sud-ouest de la côte du Guangdong, la province du sud de la Chine limitrophe de Hong Kong.

Le gouvernement central envoie donc un signal clair aux manifestants : « Toutes les conséquences sont à vos risques et périls » (后果自负) – pour reprendre les mots des militaires s’entraînant à l’exercice anti-émeute – mais une question se pose : la République populaire de Chine peut-elle envoyer l’APL pour mettre fin à ces manifestations ?

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Symbole fort : l’emblème national du bureau de liaison de Pékin à Hong Kong a été dégradé par des manifestants lors des rassemblements du 28 juillet.

Point légal : l’article 14 de la la loi fondamentale de la région administrative spéciale de Hong Kong – véritable constitution locale – dispose que le gouvernement de Hong Kong peut demander au gouvernement central l’aide de la garnison de Hong Kong de l’APL pour le maintien de l’ordre public et les secours en cas de catastrophe. Carrie Lam pourrait donc légalement demander à la garnison de l’APL d’intervenir au motif du maintien de l’ordre public.

Cependant, Hu Xijin, rédacteur en chef du journal d’État Global Times, analyse que Pékin ne serait pas en mesure de diriger efficacement la ville, même si l’APL n’aurait aucun mal à isoler les manifestants les plus véhéments. De plus, il alerte que le PCC n’a pas la même emprise sur l’ancienne colonie britannique que sur ses autres régions : « Devrions-nous établir une branche du parti dans chaque district et communauté de Hong Kong [après une prise de pouvoir hypothétique de l’APL] ? » écrit-il sur son compte Weibo. Une telle intervention alimenterait les revendications de l’opposition qui aurait tous les moyens de résister et de semer le trouble.

Par ailleurs, la critique des nations occidentales serait vive à l’encontre de Pékin : d’une part, pour avoir détruit son « Un pays, deux systèmes », d’autre part, pour l’aspect répressif de cette intervention. Rappelons que depuis la répression des manifestations de la place Tian’anmen, la Communauté européenne a mis en place un embargo sur les armes contre la Chine, embargo soutenu par les États-Unis et le Japon.

En définitive, la grande incertitude et le coût politique d’une intervention de l’APL à Hong Kong seraient conséquents. Les potentielles conséquences d’une intervention constitueraient un risque à la stabilité du pays non négligeable pour le gouvernement central de Xi Jinping.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

Quel serait le format nécessaire et suffisant de la Marine Nationale ?

Il n’est pas difficile de pointer du doigt des déficits opérationnels, et de demander plus de moyens. Toutefois, une approche raisonnée permet, de façon objective, de déterminer la nature de ces déficits, ainsi que d’évaluer les montants nécessaires pour un format des armées cohérent avec leur emploi opérationnel et les menaces auxquelles elles devront faire face, afin d’en évaluer la soutenabilité pour le budget de l’Etat. C’est l’objectif de cet article.

La Marine nationale est aujourd’hui en plein renouveau, avec l’entrée en service des frégates FREMM, la construction de 2 frégates anti-aériennes de la classe Alsace, le developpement des FDI, des Pétrolier Ravitailleurs Volcano, et le lancement du Suffren, premier représentant de la classe éponyme de 6 sous-marins nucléaires d’attaque de nouvelle génération. En 2030, conformément aux objectifs du Livre Blanc sur la Sécurité et La Défense Nationale de 2013, la Marine Nationale disposera de 4 SNLE, 6 SNA de dernière génération, 1 Porte-avions nucléaire, 3 LHD Mistral, 15 frégates de 1er rang, 6 frégates de surveillance outre-mer, et 4 pétroliers ravitailleurs, pour ne parler que des moyens hauturiers. Ce format est-il suffisant pour assurer les missions confiées à la Royale, eu égard aux évolutions des menaces et des tensions qui touchent, et toucheront, le domaine naval ?

L’Articulation des zones navales

Aujourd’hui, la Marine Nationale assure la protection et la surveillance des deux façades maritimes du pays, Atlantique/Manche d’un coté, Méditerranée de l’autre, ainsi que de 6 zones outre mer, à savoir la zone Caraïbe, la zone Guyane, la zone Polynésienne, la zone Nouvelle-Calédonie, la zone Réunionnaise et la zone de Saint-Pierre et Miquelon, auxquelles s’ajoutent les missions antarctiques, et les déploiements en zone arabe-Persique, notamment aux Emirats Arabes Unis. En outre, elle assure la protection et l’appui de ses 4 « Capital ships », à savoir le PAN Charles de Gaulle et les 3 Porte-Hélicoptères d’Assaut Mistral, Tonnerre et Dixmude. Elle doit également fournir des moyens aux actions coalisées de l’OTAN, de l’Union européenne, et des missions multilatérales, et participer à des missions de représentation et des exercices avec les forces alliées à travers le monde, tout en assurant la sécurité et l’efficacité de la posture stratégique de la composante sous-marine de la dissuasion française.

L’évolution de la Menace

Durant la période post Guerre Froide, la notion de risque à l’encontre des forces navales avait presque disparu, avec la baisse sensible du nombre de bâtiments armés modernes et de sous-marins en état de combattre, et l’apaisement global des relations entre états. Mais depuis une dizaine d’années, ce risque est non seulement réapparu, mais il s’est amplifié au delà de ce qu’il était dans les années 80.

Ainsi, la Russie a reconstitué une force sous-marine importante, composée de sous-marins nucléaires et conventionnels discrets, capables d’agir de façon coordonnée avec les moyens navals et aériens du pays. Dans le Pacifique, la Chine dispose désormais de plus de 60 sous-marins d’attaque, dont une vingtaine de sous-marins disposant d’une propulsion AIP équipés de torpilles et de missiles anti-navires à changement de milieux. Ainsi, en zone Pacifique, le nombre de sous-marins opérationnels a plus que doublé en 25 ans. Plusieurs pays, dont la Chine, ont ainsi considérablement augmenté leur puissance navale et aéronavale, en s’équipant de nombreux bâtiments, de moyens aériens et de missiles anti-navires à longue portée. En outre, ces missiles ont également été massivement exportés, créant une menace permanente pour tout bâtiment s’approchant à moins de 200 km d’une cote potentiellement hostile, et pouvant être localisé par des drones, des navires légers, ou de simples flottes de pêcheurs.

ssk type 039 chine Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
La Marine Chinoise dispose d’une vingtaine de sous-marins à propulsion anaérobies Type 039

La conjonction de ces menaces engendre un besoin accru de moyens de protection pour les bâtiments eux-mêmes, et pour les Capital Ships qu’ils doivent escorter. En outre, la multiplication des moyens disponibles sur la planète réduit le délais d’intervention nécessaire pour s’opposer à une action navale ou aéronavale adverse. En 2030, la Marine Chinoise disposera de plus de 15 navires d’assaut majeurs Type 071 et Type 075, capables de mener des actions amphibies de grande envergure. Ces flottes de navires d’assaut, escortées de frégates et destroyers équipés de systèmes de déni d’accès, et de sous-marins emportant des missiles de croisière, obligent à repenser la disposition et la nature des forces navales déployées pour assurer la protection du territoire nationale dans son intégralité.

Le format « nécessaire » de la Marine Nationale

Dans cette approche, nous nous limiterons à évaluer les besoins à horizon 2035/2040 pour la Marine Nationale sur la base du format actuel des unités majeures, et des besoins relatifs à la protection des cotes et voies navigables du pays et de ses territoires ultra-marins.

L’escorte des Capital Ships et la flotte métropole

Aujourd’hui, un déploiement du Charles de Gaulle ou d’un BPC en mission de combat s’effectue avec un dispositif de protection comprenant 1 frégate anti-aérienne, une frégate anti-sous-marine, un SNA et un Pétrolier ravitailleur. Ce format est cependant trop restreint pour faire face à la multiplicité et au renforcement des menaces à venir. Il sera nécessaire d’y adjoindre un troisième escorteur, capable de renforcer La Défense anti-aérienne si nécessaire, et de traiter une nouvelle menace sous-marine le cas échéant, ce qui correspond parfaitement aux capacités de la FDI. Un dispositif classique comporterait, dès lors, une frégate anti-aérienne, une FREMM ASM par ailleurs équipées de missiles MdCN, une FDI, un pétrolier ravitailleurs et un SNA Suffren, également capable de mettre en oeuvre les missiles MdCN.

Chaque façade maritime devra disposer, quand à elle, d’une force d’action navale similaire, pouvant renforcer ponctuellement les besoins d’escorte et de puissance de feu des Capital Ships, et participer aux missions coalisées sans altérer les capacités d’escorte des capital ships. Le besoin global « métropole » s’établit donc à 6 frégates Anti-Aériennes, 6 frégates ASM FREMM, 6 FDI, 6 pétroliers ravitailleurs et 6 SNA, ce qui n’est pas très éloigné des 15 frégates de rang, 4 pétroliers et 6 SNA du plan « Mercator » de l’Amiral Prazuck et du LBDSN2013.

FREMM Aquitaine Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
Les frégates FREMM Aquitaine sont des unités majeures du dispositif anti-sous-marin de l’escorte des capital ships

A cela, il convient cependant d’ajouter les unités de protection rapprochée et de renforcement des côtes françaises, soit 4 Corvettes ASM et 2 sous-marins d’attaque à propulsion conventionnelle anaérobies AIP par façade maritime. Ces bâtiments sont destinés à alléger la pression opérationnelle sur la flotte hauturière, afin d’en maintenir et étendre le potentiel opérationnel et la disponibilité permanente. Car, en effet, aujourd’hui, la Marine Nationale n’a tout simplement aucune réserve, et comme l’Armée de l’Air, si une crise devait intervenir, elle aurait toutes les peines du monde à rassembler une force navale significative dans des délais courts. Les 8 Corvettes ASm et les 4 SSK permettraient à juste titre d’absorber cette pression, et de maintenir une posture opérationnelle active nécessaire et suffisante pour faire face aux enjeux en devenir, tout en réduisant les jours de mer par an des frégates, et donc d’améliorer la vie de famille et l’entraînement des personnels qui aujourd’hui dépassent parfois les 220 jours découchés en une seule année.

Les flottilles outre-mer

Aujourd’hui, la présence de la Marine nationale en zone outre-mer tient davantage des missions de Gardes Cotes que de celles d’une Marine de guerre, avec une unique Frégate de Surveillance ne disposant que de moyens miltaires très limités par zone, et des bâtiments d’action de l’Etat à la mer, sans potentiel militaire. L’augmentation des moyens des Marines et armées de l’Air de nombreux pays, et des tensions internationales nécessiteront de mettre en place des moyens bien plus significatifs pour assurer la protection de ces zones, et des ressortissants français qui y résident. Pour cela nous considérerons ici un découpage en 5 zones navales outre-mer : la zone Caraïbe et Guyane, la zone stratégique Polynésienne, la zone stratégique de Nouvelle-Calédonie, la zone stratégique de la Réunion et des mers australes, et la zone arctique de Saint-Pierre et Miquelon. Chaque zone doit disposer de moyens adaptés aux menaces potentielles auxquelles elles peuvent faire face. Pour cela, il serait avisé de disposer de 4 types de bâtiments différents, et non d’un seul comme aujourd’hui :

  • Les frégates polyvalentes outre-mer, dérivées des FDI, disposant comme les Belh@rra grecques d’un Sylver 70 supplémentaire pour 8 missiles MdCN et d’une configuration semblable aux FDI.
  • Les corvettes ASM outre mer, sont équivalentes aux corvettes de métropole, si ce n’est par de possibles aménagements de confort.
  • Les sous-marins d’attaque AIP sont similaires aux 4 SSK de métropole
  • Les bâtiments d’Intervention et de protection, seraient des LHD de dimensions réduites, jaugeant 10.000 tonnes, capables d’emporter et mettre en oeuvre 6 hélicoptères moyens ou de manoeuvre, et de projeter un SGTIA et son matériel.

Dans cette approche, les zone Caraïbe/Guyane et Saint-Pierre/Arctique disposeraient d’une frégate et de deux corvettes chacune, les zones Réunion, Calédonienne et Polynésienne d’une frégate, deux corvettes, un SSK et un BIP chacune. Ce format permettra de conserver une unité de surface combattante à la mer par zone en permanence, de capacités ASM et Anti-aériennes avancées, ainsi que d’une capacité de projection de forces importante et significative avec une escorte cohérente. Notez que ces bâtiments permettraient également de sensiblement renforcer les moyens d’action de la France en cas de catastrophe naturelle ou climatique, avec des délais bien plus courts qu’aujourd’hui.

Vue dartiste du demonstrateur SMX31 de Naval Group Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
Disposer d’une flotte de sous-marins à propulsion anaérobies permettrait à la Marine Nationale de libérer du potentiel pour leurs SNA

De fait, l’armement des zones outre-mer nécessiterait 5 frégates polyvalentes (1 par zone dont 1 arctique), 10 corvettes (2 par zone dont 3 spécialisées arctiques), 3 SSK et 3 BIP (1 SSK et 1 BIP par zone stratégique), auquel il conviendra d’ajouter une frégate, un SSK et un BIP pour assurer la disponibilité lors des phases de maintenance programmée.

Quel format pour la Marine nationale ?

Au terme de cette approche, nous avons donc défini le format requis pour la Marine nationale comme suit :

  • 4 Capital Ships : 1 PAN et 3 BPC
  • 4 SNLE (la dissuasion n’a pas été traitée dans cet article)
  • 6 SNA et 8 SSK, ou un panachage différent, selon le nombre d’équipages « nucléaires » disponibles
  • 6 frégates anti-aériennes
  • 6 frégates ASM FREMM
  • 6 frégates de Défense et d’Intervention
  • 6 frégates polyvalentes Outre-mer
  • 18 corvettes ASM
  • 3 Bâtiments d’Intervention et de Protection
  • 6 pétroliers ravitailleurs

Soit une différence de seulement 3 frégates avec le format de 15 frégates de 1er rang et 6 Frégates de surveillance, mais avec l’ajout de 18 corvettes, 8 SSK, 3 BIP et de 2 pétroliers. La différence représente 2 frégates Anti-aérienne (1 Md€ pièce), 1 FDI + remplacement des 6 FS (500 m€ unitaire), 8 SSK (800 m€ unitaire), 18 corvettes (250 m€) , 3 BIP (400 m€) et 2 PR (300 m€), soit un total de 18 Md€ d’investissements, auxquels il convient d’ajouter la R&D (2 Md€), et les investissements en cours sur la période 2020-2040, soit 12 Md€ pour les classes Alsace (2ex), FDI (5 ex) et Suffren (5 ex). Au total, la flotte de surface nécessaire et suffisante couterait donc 30 Md€ sur 20 ans, soit 1,5 Md€ par an. L’augmentation de la flotte aéronavale nécessaire se limiterait à une quarantaine d’hélicoptères, et à l’extension et le remplacement des moyens de surveillance (drones, Surmar) et de patrouille maritime, notamment outre-mer, soit un cout de 500 m€ par an sur 20 ans en tenant compte des commandes existantes de HIL, portant l’investissement requis total à 2 Md€ par an.

Illustration de la corvette Gowind 2500 de Naval Group acquise par lEgypte et les EAU Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
Une flotille de corvettes anti-sous-marines étendrait sensiblement les moyens d’action de la Marine Nationale

Extensions de la flotte

Chose interessante, l’augmentation du nombre de Capital Ships, pour atteindre non pas 1, mais 2 porte-avions, et 4 BPC au lieu de 3, ne nécessiterait pas d’augmenter le nombre d’escorteurs, et donc ne nécessiterait pas d’investissements complémentaires en dehors des moyens aériens. En effet, avec 18 frégates de 1er rang, 6 SNA et 6 PR, la Marine nationale disposerait des capacités de montée en puissance pour escorter tous ses bâtiments le cas échéant en charge maximale, ceci grâce aux deux flottilles de protection présentes sur chacune des façades maritimes. Avec une rotation des navires en entretien, la Marine disposerait alors en permanence d’une capacité à mobiliser un porte-avions et 2 BPC dans des délais courts. Dès lors, en ajoutant la construction d’un porte-avions, soit 5 Md€, et d’un BPC, soit 1 Md€, le total ne serait que de 36 Md€ à financer sur 20 ans, passant donc de 2 à 2,3 Md€ d’investissements par an. En ajoutant les besoins d’extension de la flotte embarquée, une quarantaine d’avions de combat et 3 AEW Hawkeye, soit 5 Md€, l’investissement global ne dépasserait pas les 2,5 Md€ par an pour l’ensemble des investissements navals de 1er rang. En tenant compte des bâtiments de guerre des mines, de servitude, de soutien et d’action de l’Etat à la Mer (hors SNLE), le cout annuel d’équipement de la Marine Nationale serait inférieur à 3 Md€, soit 0,2% du PIB national. A titre de comparaison, la Marine Russe bénéficie d’un investissement de 5 Md$ par an soit 0,3% du PIB, et l’US Navy de 90 Md$ soit 0,75% du PIB américain. Cela reste donc parfaitement raisonnable pour la deuxième Zone Economique Mondiale, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unis, et 3ème puissance nucléaire mondiale en matière de têtes nucléaires …

Conclusion

Comme cela a déjà été démontré à de multiples reprises, le financement de ce besoin par l’Etat générerait un retour budgétaire égal ou supérieur aux sommes investies, de sorte que le solde de l’opération pour le budget de l’Etat serait neutre ou positif. En outre, l’emploi par la Marine nationale de frégates, corvettes, SSK et BIP agirait comme un important facteur pour soutenir les exportations de ces types de materiel par les industriels français, permettant d’augmenter sensiblement l’efficacité budgétaire de l’investissement consenti. Au final, en articulant les investissements et les opérations de vente de façon pertinente, le surcout pour le budget de l’Etat de l’augmentation du format de la Marine nationale, équipages compris, pourrait être entièrement neutralisé par les recettes sociales et fiscales consécutives à ces investissements, ainsi que par les économies sociales réalisées par les emplois ainsi créés.

Le Maroc continue son rapprochement militaire avec les Etats-Unis

La décision marocaine de préférer les F16 américains aux Rafale français en 2006 n’aura été que l’entame d’un mouvement de fond, Rabat se tournant toujours davantage vers Washington plutot que Paris pour ses contrats d’armement majeurs. Ainsi, les autorités marocaines seraient sur le point de valider une commande 24 hélicoptères de combat AH-64 pour 1,5 Md$, quelques semaines après avoir validé la commande de 25 F16 C/D Block 72 supplémentaires, pour un montant de 3,8 Md$, auprés de Lockheed-Martin, ainsi que la modernisation de ses 23 F16 C/D Block 52+ à ce standard, pour 985 m$. En outre, le pays pourrait commander, simultanément, 160 chars de combat M1A1 et 300 systèmes TOW avec 1800 missiles, et montre un grand intérêt pour le système Patriot PAC-3 et le système HIMARS. Au total, le Maroc, dont le PIB dépasse légèrement les 110 Md$, pourrait commander pour plus de 10 Md$ d’équipements militaires à Washington en quelques années seulement.

Alors que, jusqu’il y a peu, le Maroc répartissait soigneusement ses commandes d’équipements militaires entre les Etats-Unis et la France, il semble que désormais, il ne reste plus que quelques contrats pour Paris, comme la commande de missiles Mistral passée récemment, ou l’acquisition de la frégate FREMM Mohamed V, l’essentiel des investissements étant fait outre-atlantique.

Et pour comprendre les raisons de désamour, inutile de chercher bien loin. Comme c’est actuellement le cas avec l’Egypte qui couta plusieurs corvettes Gowind 2500 à Naval Group, et qui font trainer en longueur les négociations avec Athènes au sujet des 2 Belh@rra, les causes sont à chercher auprés de l’incapacité de la France de prendre en compte le retour budgétaire des exportations de Défense dans l’évaluation de l’encours financier des clients de l’industrie de Défense française et de proposer des solutions de financement adaptées aux attentes des clients, et au marché international… Pour au final se retrouver avec des couts très supérieurs pour le budget de l’Etat, donc le contribuable.

https://youtu.be/5V37GPMyXQA
Ce sujet de Special Investigation ne brille pas par sa maitrise des questions de Défense, mais explique en parti les causes du changement d’attitude de Rabat vis à vis de la France, pourtant son premier partenaire commercial et politique.

La Chine développe une nouvelle approche pour l’alimentation énergétique des navires de combat

Le professeur Wang Dong, de l’Université d’ingénierie navale de la province de Hubei, s’est vu décerné la citation de première classe à l’ordre de Mérite, la plus haute récompense scientifique du pays, pour ses travaux sur la propulsion électrique intégrale des navires de combat. Selon le scientifique, cette approche, basée sur l’utilisation de courants continus distribués à l’ensemble des systèmes du bâtiment, propulsion y compris, permet d’augmenter très sensiblement l’énergie électrique disponible à chaque instant à bord, une avancée cruciale lorsque l’on anticipe l’arrivée de systèmes d’armes à énergie dirigée sur les bâtiments de combat.

Selon le professeur Wang Dong, la construction traditionnelle des bâtiments de combat repose sur des approches compartimentées, la propulsion d’un coté, la production électrique de l’autre. Or, bien souvent, les bâtiments n’utilisent pas simultanément l’ensemble des systèmes à leur puissance maximum, ce qui créé un déperdition énergétique importante. La technologie développée à l’Université d’Ingénierie Navale permet de produire l’énergie nécessaire à la propulsion comme aux systèmes du bord, de sorte à pouvoir bénéficier d’une optimisation énergétique optimum, et d’une réserve de puissance supérieure pour les systèmes comme les armes à énergie dirigée, que celle produite par des générateurs dédiés. En outre, cela simplifierait la maintenance et améliorerait la fiabilité des bâtiments, bien que la conception soit, elle, plus complexe.

Cette approche, développée depuis 2003 par Wang Dong et son équipe, est très probablement au coeur de la propulsion qui équipera les nouvelles frégates Type 054B, dont la construction a débuté, et qui entreront en service à partir de 2021 dans la Marine Chinoise.

Vue dartiste dun laser equipant une fregate type 26 Alliances militaires | Analyses Défense | Etats-Unis
Les futures frégates type 26 britanniques emploieront une propulsion hybride diesel électrique pour permettre l’intégration de systèmes laser embarqués

Les chantiers navals occidentaux, notamment européens, ne sont pas en reste vis-à-vis de ce type de propulsion, mais privilégient les approches hybrides, de sorte à maintenir une propulsion directe lorsque nécessaire. C’est notamment le cas des frégates britanniques Type 23 et destroyers Type 45, et malgré quelques dysfonctionnements en eaux chaudes, cette approche hybride est également employée pour les frégates Type 26 actuellement en construction. En revanche, la France semble privilégier les systèmes plus classiques, comme la propulsion CODAD basée sur 4 moteurs diesels de 8/10 Mw des frégates FDI. Mais il est vrais que, pour l’heure, la Marine nationale ne travaille sur aucun système d’armes à énergie dirigée, laser ou Rail Gun, contrairement à la Royal Navy, l’US Navy ou la Marine Chinoise…