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Accélération des programmes M-SHORAD Laser de l’US Army

A l’instar de l’US Air Force et de l’US Navy, l’US Army investi massivement dans les systèmes de défense anti-aérienne et anti-missile à courte portée employant des armes laser. Après le Stryker MEHEL, déjà déployé en Europe, mais qui ne dispose que d’un laser de 10 KW de puissance limitant son utilisation à la lutte contre les drones légers, l’US Army vient d’attribuer à Northrop Grumman et à Raytheon un contrat de 203 m$ et pouvant atteindre 490 m$, pour la construction de 4 prototypes SHORAD laser d’une puissance de 50 KW monté sur un blindé Stryker, destinés à compléter les systèmes IM-SHORAD en cours de fabrication, pour protéger les unités tactiques contre les drones, missiles, Obus, roquettes et hélicoptères menaçant les forces. Le nouveau prototype doit être présenté en 2022 pour entamer les tests.

Parallèlement, l’US Army développe, avec la société Dynetics et Lockheed Martin, le programme High Energy Laser Tactical Vehicle Demonstrator, avec pour objectif de disposer d’un système d’une puissance de 100 KW à court terme. Le rapprochement avec les programmes similaires de l’US Navy et de l’Air Force permettront, selon Rapid Capabilities and Critical Technologies Office (RCCTO) en charge de ces développements, de disposer en 2024 de prototypes d’une puissance de 250 à 300 KW, capables d’assurer une protection efficace contre l’ensemble des attaques visant un site.

ac130 laser 1200 Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
L’US Army s’est rapprochée des programmes laser de l’Air Force et de la Navy pour accélérer le developpement et augmenter la puissance de ses systèmes

Plus un laser est puissant, plus il est capable de délivrer une puissance calorique susceptible de créer des dégâts suffisant sur une cible pour la neutraliser dans un délais court. Si un laser de 10 Kw nécessite 6 à 8 secondes pour neutraliser un drone commercial, un laser de 100 Kw ramènerait ce temps sous la seconde. L’US Navy a, à ce titre, estimé qu’une protection antimissile efficace nécessiterait un laser d’une puissance de 500 à 1000 Kw, pour être en mesure de faire face aux missiles anti-navires modernes. Dans le cas des missiles et roquettes menaçant les forces terrestres, un laser de 300 KW semble en effet adapté pour protéger des sites sensibles menacés par des missiles de croisières ou balistiques, alors qu’un laser de 100/150 Kw semble suffisant pour accompagner les forces combattantes, qui font face à des drones, des obus, des roquettes et des missiles tactiques plus légers.

Quoiqu’il en soit, les Etats-Unis semblent clairement décidés d’intégrer les armes laser au plus vite dans leur arsenal défensif, et se sont donnés les moyens de leurs ambitions.

Avec la fin du traité INF, l’Europe peut-elle prendre l’initiative des négociations avec la Russie ?

Le traité INF n’est plus. Par un communiqué publié en début de matinée, les autorités russes ont officialisé leur retrait du traité qui interdisait aux Etats-Unis et à l’Union Soviétique, et par la suite la Russie, le developpement et le déploiement d’armes stratégiques d’une portée allant de 500 à 5000 km. Pour Washington, le caractère bilatérale de ce traité apparaissait de plus en plus handicapant face à la Chine et la Corée du Nord, qui disposent de ce type d’armes, ou de pays comme l’Iran, qui disposent des vecteurs, et menacent de se doter de têtes nucléaires. Pour Moscou, la sortie du traité est l’occasion de mettre à profit le nombre important de têtes nucléaires dont dispose son armée, et les compétences en matière de missiles balistiques à moyenne portée, qu’ils soient hypersoniques ou non, de sorte à renforcer sa position sur la scène internationale.

En d’autres termes, le traité INF n’intéressait aucun de ses deux protagonistes. Mais sa principale victime, à savoir l’Europe, n’en faisait pas partie, et n’a guère eu son mot à dire. Or, à peine le traité eut-il été menacé que les Etats-Unis comme la Russie annoncèrent le developpement de missiles balistiques et de croisière ayant ces caractéristiques, missiles qui seront, avant tout, déployés en Europe ou à ses frontières. Nous assistons donc, depuis quelques mois, au retour d’une situation comparable à celle que connut l’Europe dans les années 80, le continent étant le théâtre d’un affrontement stratégique entre les Etats-Unis, et la Russie. Les menaces qui pèsent d’ailleurs aujourd’hui sur le traité de limitation des armes stratégiques START ne font que renforcer cette situation.

Si les dirigeants européens, d’Angela Merkel à Nico Salvini, sont régulièrement en contact avec Vladimir Poutine pour tenter d’atténuer les effets de ces tensions, leur poids est malheureusement très restreint face à celui de l’opposition entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Et la rencontre le 19 aout, à Bregançon, entre les présidents Russe et Français, sera probablement limitée par le même contexte.

Macron Poutine Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se rencontreront le 19 aout au fort de Brégançon

Pourtant, les Européens disposent d’arguments à faire valoir pour amener la Russie, et son président, à des positions moins belliqueuses en Europe. Ainsi, la période 2005-2012 fut, pour la Russie, celle d’un redressement économique très important, et ce grâce à de nombreux investissements venant d’Europe, qui reste aujourd’hui encore le premier investisseur privé du pays, très largement devant la Chine, pourtant présentée comme le partenaire stratégique et économique majeur du pays. Alors que Moscou peine à sortir le pays des effets de la crise de 2015, consécutives aux sanctions internationales liées à la crise ukrainienne, mais également (et surtout) à la baisse très importante des revenus pétroliers pour le pays, et qui entraina une période de récession économique et une forte dévaluation de la valeur du rouble, l’Europe pourrait aisément trouver un terrain de négociation favorable pour non seulement améliorer les relations bilatérales des deux zones, mais également pour atténuer les effets du basculement asiatique entamé par le Kremlin qui, à terme, pourrait représenter une menace majeur pour les pays européens.

Mais cette approche ne pourra voir le jour que si l’Europe parvenait à réduire sensiblement sa dépendance stratégique à la protection américaine, véritable obsession des autorités russes, et de Vladimir Poutine en particulier. En effet, le Kremlin ne craint pas tant une Europe militairement forte, qu’une Europe aliénée à Washington. De fait, et de façon contre-intuitive, un important renforcement militaire européen s’accompagnant d’une réelle autonomie stratégique, serait de nature à ouvrir des opportunités de négociation très importantes avec Moscou, tout en déplaçant la zone de tension en Asie, et non en Europe.

Soldats europeens Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
Une Europe militairement forte et indépendante serait de nature à ouvrir de nouvelles options de négociation avec Moscou

En outre, si ce renforcement stratégique s’accompagnait de mesures visant à relancer l’économie Russe, Bruxelles pourrait de façon très efficace négocier la fin de la crise Ukrainienne, et, progressivement, des tensions aux frontières baltes, finlandaises, ou sur le flan sud. Par ailleurs, en procédant ainsi, les pays Européens ne feraient que respecter les attentes de l’OTAN, et, de façon paradoxale, du locataire de la Maison Blanche.

Une telle approche n’est d’ailleurs que l’application stricte de la théorie mathématique de la négociation issue de la théorie des jeux, face à un cercle vicieux. Elle préconise le double positif comme moyen de briser ce cercle, en l’occurence ici, l’indépendance stratégique européenne associée à une promesse de coopération économique renforcée. En procédant ainsi, l’Europe pourrait neutraliser la principale menace à ses frontières, sans crise, et sans affaiblir sa position internationale, bien au contraire. Et ce faisant, elle pourrait même devenir un partenaire stratégique plus interessant que la Chine pour Moscou, qui, rappelons le, sait pertinemment que Pekin aura tôt ou tard besoin de la Sibérie Orientale pour absorber sa croissance démographique et économique.

Il manque 110 avions de combat à l’Armée de l’Air aujourd’hui

Le rapport d’activité 2018 de l’Armée de l’Air nous apprend que les avions de combat de l’Armée de l’Air ont effectué en 2018 plus de 10.000 heures de vol en opérations exterieures (en progression de 20% vis-à-vis de 2017), au cours de presque 2800 missions de combat. Ces valeurs expliquent, à elles seules et en grande partie, les tensions qui touchent la disponibilité de appareils de l’Armée de l’Air, aujourd’hui clairement sous-dimensionnée vis-à-vis de la pression opérationnelle à laquelle elle doit faire face.

En effet, le format actuel de l’armée de l’Air se compose de 102 Rafale B et C, 71 Mirage 2000D, 40 Mirage 2000-5 et C, et de 7 Mirage 2000B d’entrainement, soit 220 appareils en 2019. Sur la LPM2019-2025, elle devra recevoir 28 Rafale supplémentaires, et verra 65 de ses Mirage 2000D modernisés, alors que les Mirage 2000-C seront retirés du service, pour disposer, en 2025, de 131 Rafale, 66 Mirage 2000-D, 25 Mirage 2000-5 et peut-être 3 ou 4 Mirage 2000B, soit 225 appareils. A terme, ce format doit être ramené à 185 avions de combat, comme prévu par le Livre Blanc sur La Sécurité et La Défense Nationale de 2013.

Le format de 185 avions de combat est conçu afin de permettre à l’Armée de l’Air de projeter en permanence l’équivalent de 15 appareils sur les théâtres extérieurs, en Opex ou en en missions interalliées, tout en assurant les missions intérieures et la formation des équipages. Dans ce modèle, 5 appareils sont dédiés à la transformation opérationnelle et à la formation technique et 30 appareils (Rafales) équipent les 2 escadrons de la force aérienne stratégique. Il reste dont 185-(5+15+30) = 135 appareils dans le parc. Chaque appareil passe, en moyenne, 4 mois en maintenance par an, soit 62 appareils sur les 185 du parc. Les 73 appareils restants assurent quand à eux la Permanence opérationnelle, la participation aux exercices, la réserve tactique servant de tampon vis à vis des avions projetés, et la formation des pilotes. Autant dire que ce format ne dispose d’aucune réserve face à une quelconque cause d’activité.

Un A330 MRTT de lArmee de lAir accompagne dun Rafale B dun mirage 2000 5 et dun mirage 2000D Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
Les mirage 2000 assurent encore aujourd’hui un nombre très important de missions pour l’Armée de l’Air

Or, considérant qu’un avion de combat effectue en moyenne 250 heures de vol par an, les 10.000 heures de vol en Opex de 2018 ne représentent pas 15 appareils, mais l’équivalent de 40 appareils projetés en permanence en utilisation normale, soit à 250 heures de col par an pour 4 mois de maintenance. Si l’Armée de l’air ne projette pas à chaque instant autant d’appareils, car en moyenne le nombre d’appareils projetés s’établit entre 15 et 20, la pression opérationnelle sur ces aéronefs est beaucoup plus importante, réduisant leur durée de présence potentielle , et donc consommant beaucoup plus de potentiels d’appareils sur l’année.

En remontant la démonstration précédente de façon proportionnelle, nous arrivons donc à un besoin de 40 appareils pour les missions Opex, 5 pour la formation, 30 pour les FSA, 40 appareils pour la reserve stratégique, 15 appareils assurant la PO, et 100 appareils pour l’entraînement, la formation des pilotes, et les exercices interalliées. À ces 230 aéronefs en parc disponibles, nous devons ajouter les effets de la maintenance, soit 115 unités, pour un total de 335 appareils.

Une fois ramené aux 225 avions en parc en 2025, il y a donc un déficit constaté de 110 avions de combat pour l’Armée de l’Air, ou de 35% vis-à-vis de son parc théorique de calcul de 335 aéronefs. Il est inutile d’étendre la comparaison avec les 185 avions du LBDSN2013, ou de la RS2017, l’écart étant encore plus flagrant.

Le Rafale F3R Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
Le Rafale F3R dispose de capacité d’emport remarquables et d’un rayon d’action très étendu

Comment, dans ces conditions, l’Armée de l’Air parvient-elle à assurer un tel déploiement de force ?
Comme l’ensemble des armées françaises depuis 20 ans, l’Armée de l’Air sur-consomme aujourd’hui son potentiel militaire, de sorte à tenir le rythme imposé par la demande politique. De fait, les pilotes sont moins formés, les avions sont moins disponibles. Et si, un jour, des tensions internationales intervenaient et que la France devait mobiliser ses forces, l’Armée de l’air ne parviendrait à aligner guère plus d’une cinquantaine d’appareils de combat et d’équipages avec le potentiel et l’entrainement suffisant pour participer à des opérations majeures de guerre …

Pour pallier ce problème, il serait nécessaire de dédier une ligne de production Rafale (14 appareils par an) aux armées françaises de 2020 à 2040, soit 280 appareils, permettant de porter le parc de l’Armée de l’Air à 340 aéronefs, et celui de l’Aéronavale à 80. Cela représenterait un cout annuel de 1,5 Md€ pour le budget des Armées, mais générerait plus de 40.000 emplois en France, dont 15.000 directs, eux mêmes produisant 1,2 Md€ de recettes sociales et fiscales chaque année, et une économie sociale de 400 à plus de 800 m€. Le changement d’échelle de la flotte Rafale, qui passerait alors de 150 à 400 appareils, permettrait de diminuer les couts de maintient en condition opérationnelle, d’optimiser la chaine logistique et la disponibilité, et d’augmenter l’évolutivité des appareils. En outre, un programme national ambitieux ouvrirait des opportunités commerciales importantes en permettant de proposer à certains clients potentiels de rejoindre le programme Rafale dans une forme de co-production, à l’image de ce que font les Etats-Unis avec le F35 et le F16, pour devenir un partenaire industriel et stratégique dans la durée, avec un intérêt économique et technologique beaucoup plus marqué.

Les F35 israéliens auraient mené des raids contre les installations logistiques iraniennes en Irak

Selon le quotidien britannique en langue arabe Al-Sharq Al-Awsat, les forces aériennes israéliennes auraient, par deux fois, mené des raids contre des entrepôts utilisés par les forces iraniennes déployées en Irak, servant, selon Jerusalem, à entreposer des missiles balistiques et des roquettes en provenance de Teheran.

La première attaque aurait été menée par un F35 le 19 juillet, seconde le 31, et aurait visé des installations du camp Ashraf, dans le province de Salah-Din, au nord-est de Bagdad. Les attaques auraient tué plusieurs gardiens de la révolution iraniens, ainsi que plusieurs membres du Hezbollah libanais, selon la chaine d’information Al-Arabia.

Les forces aériennes israéliennes sont de plus en plus actives face aux déploiements de forces iraniens à ses frontières et aux attaques répétées qu’elles mènent sur son sol. Mais jusqu’ici, ses frappes s’étaient limitées aux bases iraniennes et celles du Hezbollah en Syrie et au Liban. Les frappes en Irak représentent donc une évolution dans les tensions entourant cette zone, et met également en évidence l’utilisation de l’Irak par l’Iran comme plate-forme logistique pour soutenir ses forces en Syrie, et au Liban. Les attaques israéliennes ont évidemment été menées avec l’assentiment de Washington, dont les forces assurent toujours le contrôle du ciel Irakien.

Bien que cela n’ait été que peu traité par les médias, les F15, F16 et F35 israéliens ont mené, en 2018, pas moins de 200 frappes en Syrie, contre des cibles iraniennes ou affiliées au Hezbollah, mais également, parfois, contre des cibles du régime, sans jamais déclencher de riposte de la part de la Russie. Il faut admettre qu’avec des déploiements de forces iraniennes aux frontières nord en Syrie, aux frontières sud au Liban, et à l’Est en Irak, l’Etat hébreu commence à identifier un schéma potentiellement très problématique, et dangereux.

Car ces concentrations de effectifs, souvent équipées de missiles balistiques à courte portée d’origine iranienne et de roquettes, pourraient servir de force de riposte à l’Iran si Jerusalem menait une opération aérienne visant à détruire les installations nucléaires iraniennes, mission pour laquelle l’IAF semble s’entrainer activement.

La Marine Allemande choisit le NH90 pour remplacer ses Lynx

La Marine Allemande a annoncé avoir sélectionné l’hélicoptère NH90 NFH pour remplacer les hélicoptères de lutte anti-sous-marine Lynx Mk88A à bord de ses frégates. Cette décision logique, puisque le NH90 avait déjà été sélectionné pour remplacer les Sea King pour les missions de recherche et de sauvetage en mer, porte la commande de NH90 NFH (Nato Frigate Helicopter) à 18 unités, qui seront livrés à partir de 2025.

Selon les autorités allemandes, les nouveaux hélicoptères seront « très proches » des NH90 Caiman Marine en service dans la Marine Nationale. On peut donc supposer qu’ils emporteront le très performant sonar FLASH de Thales, et la torpille Mu90, qui équipent les hélicoptères français. Cette décision permettra une meilleure Interopérabilité entre les deux marines, notamment en mission ASM, que ce soit entre les hélicoptères eux-mêmes, mais aussi avec les frégates et les avions de patrouille maritime, au sujet desquels, rappelons le, la France et l’Allemagne ont entrepris le developpement d’un nouvel appareil commun destiné à remplacer les Atlantique 2 français et les P3 Orion allemands. Par ce choix, donc, la Marine Allemande confirme sa volonté d’atteindre une Interopérabilité maximum avec son allié français, l’ensemble des systèmes sonars étant conçu pour collaborer ensemble.

NH90 marine nationale Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
Le NH90 ASM allemands auront une configuration comparable à celle des Caiman français

La lutte anti-sous-marine fut pendant longtemps, suite à la chute du bloc soviétique, négligée par nombre de Marines occidentales, au premier rang desquels l’US Navy. Mais la montée en puissance des flottes sous-marines russes et chinoises a inversé le problème depuis quelques années, et nombreuses sont les marines qui cherchent, aujourd’hui, à retrouver des compétences dans le domaine. Ainsi, la commission parlementaire Défense britannique avait estimé, cet hivers, que pour être en mesure de faire face à la puissance sous-marine russe en mer du nord, en Baltique et dans l’Atlantique nord oriental, il serait nécessaire d’augmenter de 50% la flotte de P8 Poseidon commandés auprés des Etats-Unis, et de doubler, à minima, le nombre de frégates légères Type 31, tout en renforçant sensiblement leurs capacités ASM.

Dans le format défini par la LPM actuel, la Marine Nationale disposera, en 2028, de 11 frégates spécialisées dans la mission ASM, les 6 FREMM et les 5 FDI, chacune disposant d’un sonar de coque et d’un sonar tracté à profondeur variable CAPTAS (respectivement 4 et 2), et d’un hélicoptère ASM, permettant de mener des opérations de lutte anti-sous-marine aussi bien en zone côtière que par grands fonds. Elle disposera également de 18 avions de patrouille maritime Atlantique 2 en cours de modernisation, et d’un immense savoir-faire dans le domaine.

Les exportations britanniques d’équipements de Défense ont explosé en 2018

Selon le rapport publié par le Département of International Trade, les exportations d’équipements de Défense britanniques ont connu une très forte croissance de 5 Md£ en 2018 vis-à-vis de 2019, pour atteindre un total de 14 Md£, soit 15 Md€. La Grande-Bretagne se classe ainsi 2nde au classement des exportateurs mondiaux, devant la Russie à 15 Md$, et la France, à 10 Md$.

Ces excellents chiffres sont liés au contrat portant sur la vente de 24 Typhoon au Qatar, ainsi qu’à la montée en puissance de la production et de la maintenance du F35 dans le monde, les entreprises britanniques comme BAe et Rolls-Royce étant particulièrement bien placées dans le programme, assurant entre 12 et 15% de la production de valeur de l’appareil. En revanche, les contrats liés à la vente de frégates Type 26 à l’Australie et au Canada n’ont pas encore généré de revenus notables, et devraient commencer à produire dans ce solde à partir de cette année.

Les années à venir sont également prometteuses pour la Royaume-Unis. Le secteur aéronautique continuera de bénéficier des contrats liés au F35, et le Typhoon est proposé aujourd’hui dans plusieurs compétitions internationales, en Suisse, Finlande, l’Inde, Allemagne et Canada. A ce titre, la récente commande de 60 A220, fabriqués par le canadien Bombardier, par Air France pour 7 Md€, pèsera probablement dans la balance en faveur du Typhoon co-construit par Airbus. Les deux très importants contrats portant sur la construction des nouvelles frégates Australiennes et Canadiennes vont également débuter prochainement. Enfin, les équipementiers britanniques, comme MBDA ou Thales UK, sont impliqués dans de très nombreux programmes dans le monde.

Ajax scout IFV Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
L’armée britannique a commandé 245 véhicules de combat d’infanterie Ajax et 300 versions spécialisées en 2017 à l’américain General Dynamics

Reste que, parallèlement à la croissance des exportations, la Grande-Bretagne a également connu une importante croissance de ses importations d’équipements de Défense, avec notamment l’acquisition d’avions F35, P8 et des IFV Scouts aux Etats-Unis, ou la commande de Boxer en Allemagne. Les données ne sont pas communiquées par le gouvernement britannique, mais une estimation rapide montre qu’elles ont dû croitre de l’ordre de 2,5 à 3,5 Md£ en 2018 vis-à-vis de 2017, ce qui, évidemment, modère les chiffres annoncés.

Brutus : n’est pas CAESAR qui veut

Le prototype du canon automoteur BRUTUS de 155mm a fait une nouvelle apparition, celle fois lors de l’exercice Northern Strike 2019 de l’US Army. Ce système d’artillerie se compose d’un obusier léger M777 de 155mm monté sur un camion 6×6 FMTV, et sa structure, comme son nom, en font un possible concurrent du CAESAR de Nexter, qui impressionna beaucoup lors de son déploiement dans la Task Force Wagram en Irak contre l’Etat Islamique.

Mais, si Brutus assassina son père, il est peu probable que le canon américain représente une menace pour le système français, car hormis le nom, et le calibre des obus, les systèmes ont bien peu de choses en commun. En premier lieu, la puissance de feu du Caesar est très supérieure à celle du M777, grâce à un canon de 52 calibres contre 39 pour l’obusier américain, permettant d’atteindre des cibles à plus de 40 km avec des obus classiques, là ou l’américain peine à dépasser les 23 km. En outre, le CAESAR est une merveille de précision et de rapidité. Il ne faut que quelques dizaines de secondes aux servants du système français pour mettre en batterie le système, et entamer le tir à un rythme de 6 à 9 coups par minutes, alors que la dispersion et la précision des coups sont d’une remarquable efficacité, grâce au système de positionnement et de visé balistique automatique intégré. Ceci permet au CAESAR de mener des missions de « raid » d’artillerie, consistant à pénétrer à grande vitesse en territoire ennemie, se mettre en batterie, faire feu, et disparaitre avant même qu’une quelconque riposte puisse être menée.

Le CAESAR lourd de Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
Le CAESAR lourd de Nexter, commandé par la France et le Danemark

Si le nom du canon américain n’a certainement pas été choisi au hasard, il est, en l’état, très peu probable qu’il représente donc un concurrent sérieux pour le système français. D’autant que Nexter a développé une nouvelle version « lourde », montée sur un camion 8×8, emportant davantage de munitions, et protégeant les équipages contre les armes légères et les shrapnels si besoin. Le Danemark a déjà commandé ce nouveau canon automoteur destiné aux théâtres de plus haute intensité que le CAESAR. D’ailleurs, on peut admettre qu’aujourd’hui, le seul défaut du CAESAR, est son faible nombre dans les armées françaises. Avec seulement 77 unités en service, et 32 systèmes systèmes en commande pour remplacer les AUF1, l’Armée de terre disposera de moins de systèmes d’artillerie automoteurs qu’une division blindée russe.

8 éléments clefs du nouveau livre blanc sur la défense chinoise

Publié le mercredi 24 juillet 2019, le dixième livre blanc sur la défense chinoise s’intitule : « La défense nationale de la Chine à l’ère nouvelle ». Successeur de « La stratégie militaire de la Chine » datant de 2015, ce livre blanc de 2019 (LB2019) arrive dans un contexte politique particulier : du retour de l’unilatéralisme américain ; à l’arrivée au pouvoir de la Coalition pan-verte à Taïwan, alliance politique qui tend à favoriser l’indépendance de Taïwan. Également, il s’agit aussi du premier livre blanc sur la défense chinoise depuis le 19e congrès national du Parti communiste chinois qui s’était ouvert en octobre 2017.

Dans cet article, nous aborderons les 8 éléments clefs du nouveau livre blanc sur la défense chinoise, nouveau document officiel du gouvernement chinois à l’intention des puissances étrangères.

1. « Ne jamais chercher l’hégémonie, l’expansion ou les sphères d’influence »

Présentée comme une caractéristique distinctive de la défense nationale de la Chine à l’ère nouvelle, cette volonté de ne jamais chercher l’hégémonie, l’expansion ou les sphères d’influence est un moyen de rassurer la communauté internationale. Pour Pékin, cette stratégie a pour objectif de se distinguer des grandes puissances hégémoniques précédentes.

Nous pouvons également y voir un rappel des Cinq principes de coexistence pacifique de 1954, énoncés initialement par la Chine, l’Inde et le Myanmar :

  • respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ;
  • non-agression mutuelle ;
  • non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures ;
  • égalité et avantages réciproques ;
  • coexistence pacifique.

Cependant, malgré ces principes, les pratiques chinoises dans le cadre des nouvelles routes de la soie demeurent assez inquiétantes, certains dénonçant une « diplomatie du piège de la dette ». Des États, à l’instar de la Grèce et du Pirée ou du Vietnam et trois points côtiers stratégiques, abandonnent le contrôle de pans entiers de leurs infrastructures ou cèdent des parties stratégiques de leur territoire sous forme de Zone économique spécial (SEZ) pour 99 ans.

2. La République populaire de Chine, parangon du multilatéralisme et de la coopération 

Dans ce LB2019, la Chine démontre une volonté de s’imposer comme une figure du multilatéralisme en regrettant un système et un ordre de la sécurité internationale minés par « la croissance des hégémonies, la politisation des rapports de force, l’unilatéralisme et les conflits régionaux constants ». La Chine, en endossant l’étendard de la coopération, dépeint un monde où les questions de sécurité internationale et régionale sont de plus en plus nombreuses, qu’il s’agisse de la non-prolifération des armes de destruction massive ou du terrorisme : « aucun pays ne peut y répondre seul ou se tenir à l’écart ».

De plus, la Chine se félicite des progrès effectués au niveau du continent Asiatique et de sa relative stabilité actuelle. Notamment à travers l’Organisation de coopération de Shanghai qui a pour but de forger un partenariat constructif de non-alliance et de non-confrontation qui ne cible aucune tierce partie. Mais également des réunions informelles des ministres de la défense de la Chine et de l’ANASE et des ministres de la défense de l’ANASE Plus (ADMM-Plus) qui jouent un rôle positif en permettant notamment la promotion de la confiance mutuelle par le biais du dialogue et de la transparence accrus.

Dans les dernières pages du LB2019 sont également annexés : une liste des principaux dialogues sur la sécurité régionale et plateformes de coopération rejoints par l’APL et la PAP (Police armée du peuple) ; les principaux traités multilatéraux sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération des armes nucléaires signé et ratifié par la Chine ; les principaux traités multilatéraux de lutte contre le terrorisme signé et ratifié par la Chine et les principales opérations de maintien de la paix de l’ONU auxquelles l’APL a participées. Une chose est sûre, la coopération et le multilatéralisme sont des éléments majeurs de la rhétorique chinoise et serviront à se distinguer des puissances mondiales actuelles et passées.

3. La mécanisation et la modernisation de l’APL : Une priorité pour Pékin

De grands progrès ont été réalisés dans la Révolution des affaires militaires (RMA) du côté de l’APL. Cependant, l’APL n’a pas encore achevé sa tâche de mécanisation et a un besoin urgent d’améliorer son informatisation. La Chine fait preuve d’une certaine lucidité en annonçant que :

« Des efforts accrus doivent être déployés pour moderniser les forces armées afin de répondre aux exigences de la sécurité nationale. L’APL est encore loin derrière les principales armées du monde ».

Certes, la Chine diminue son retard technologique sur les nations occidentales, ou même le Japon, mais ce retard demeure conséquent, qu’il s’agisse de ses équipements, de l’entraînement de son armée ou de son interopérabilité. Le LB2019 rejoint le rapport de Xi Jinping qui annonçait au 19e congrès national du PCC vouloir mécaniser l’essentiel de l’APL d’ici 2020, la moderniser d’ici 2035 et en faire une armée de premier ordre vers le milieu du siècle.

Les anciens équipements sont d’ailleurs en cours d’élimination progressive. De nouveaux systèmes d’armes de haute technologie ont été mis en service, à l’instar des chars de Type 15, des destroyers de Type 052D, des chasseurs J-20 et des missiles balistiques à moyenne et longue portée DF-26.

4. Éclaircissement sur la réforme militaire amorcée en novembre 2015

Est mentionnée mais surtout précisée dans ce LB2019, la restructuration de la chaîne de commandement au sein de l’APL : L’ancien siège de l’état-major général, le Département politique général, le Département logistique général et le Département général de l’armement ont été réorganisés en quinze organes sous la direction centralisée du CMC. 

L’APL initialement composée de trois branches (l’armée de Terre, la Marine et la Force aérienne), rejoint en 2015 par deux nouvelles branches (la Force des fusées et la Force de soutien stratégique), se voit adjoindre une nouvelle force : la Force de soutien logistique interarmées.

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Globalement, cette restructuration démontre un approfondissement de la centralisation de l’APL autour du CMC, et donc du pouvoir politique chinois. Le remplacement des sept régions militaires par cinq commandements de théâtre en est également l’un des prolongements. 

D’après Pékin, cette centralisation permet également d’optimiser la structure fonctionnelle et institutionnelle des organes du CMC : les chaînes de commandement, de développement, de gestion et de supervision sont plus rationalisées et les responsabilités en matière de prise de décision, de planification, d’exécution et d’évaluation sont mieux déléguées.

5. Passer d’une doctrine militaire quantitative à une doctrine qualitative

La Chine, un des principaux foyers de peuplement et véritable bassin civilisationnel de la planète, possède naturellement une armée conséquente. D’après ce LB2019, l’APL va effectuer un basculement vers une doctrine militaire qualitative, Pékin estimant qu’il s’agit d’une étape cruciale de l’optimisation de la structure organisationnelle militaire et de l’établissement d’une structure de forces militaires modernes.

Les responsabilités de nombreux postes d’officier sont transférées aux sous-officiers et aux personnels civils, alors que les effectifs des principaux organes sont réduits à tous les niveaux, et que les institutions et les auxiliaires (personnel des arts, des sports, de la presse, des publications, du soutien logistique, des installations médicales, des dépôts et des instituts de recherche et de formation) se retrouvent rationalisés.

L’objectif annoncé est de maintenir la force active totale à 2 millions d’hommes (et femmes). Déjà 25% des effectifs liés aux organes de commandement au niveau des régiments et supérieurs ont été supprimés, ce qui rejoint la dynamique de transférer des postes d’officiers citée plus haut. Dans ce modèle, l’armée de Terre va considérablement réduire son effectif actif, alors que les Forces aériennes resteront stables et qu’une augmentation modérée des forces actives est annoncé pour la Marine et la Force des fusées – comme la Russie, la Chine a une armée dédiée à la force de dissuasion et de protection anti-missile.

6. Pékin relativise son budget militaire

La volonté de ce livre blanc est assez claire : il s’agit avant tout de rassurer le monde quant aux intentions chinoises sur la scène internationale. Cet effort pédagogique à propos de son propre budget militaire en est le parfait exemple. L’objectif est de montrer que ce budget est raisonnable et approprié, et qu’il ne constitue pas le début d’une course aux armements, que ce soit avec une puissance de son rang ou non.

Dans l’ensemble, les dépenses de défense ont augmenté parallèlement à la croissance de l’économie nationale et des dépenses publiques. Ces dépenses en pourcentage du PIB sont passées d’un niveau record de 5,43% en 1979 à 1,26% en 2017. De plus, elles sont restées inférieures à 2% au cours des trois dernières décennies.

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Dans cette optique de montrer que la Chine n’est pas une menace et que craindre sa montée en puissance ne serait pas légitime, cette dernière va arguer que parmi les pays se classant en tête des dépenses de défense en 2017, la part du budget chinois par rapport à son PIB est l’un des plus bas.

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La Chine est devenue la deuxième économie mondiale. Le fait que les dépenses de défense de la Chine se classent au deuxième rang mondial serait légitimé par les exigences de sa défense nationale, la taille de son économie et la nature défensive de sa politique de défense nationale. En termes de volumes financiers, les dépenses de défense de la Chine en 2017 représentaient moins d’un quart de celles des États-Unis.

Néanmoins, l’approche chinoise est trompeuse, puisque d’une part la monnaie chinoise est, et ce depuis longtemps, artificiellement sous-évaluée par l’intervention répétée de la banque centrale du pays et que les coûts de production et d’exploitation en Chine n’ont que peu de rapport avec ceux ayant court aux États-Unis ou en Europe. Rappelons à ce titre qu’une Frégate Type 054A, un bâtiment de 4500 tonnes spécialisé dans la lutte anti-sous-marine, est proposé sur le marché international à 160 M$, là ou l’équivalent européen ne peut passer sous les 650 M$, et l’équivalent US sous les 800 M$.

7. Critique ardente des États-Unis et de la politique « séparatiste » de Taïwan

La Chine, en déclarant ne pas s’engager dans la voie de l’hégémonie et favorisant le multilatéralisme, embrasse la possibilité d’être assez sévère envers l’actuelle politique internationale américaine. C’est également une façon pour la Chine de renforcer la légitimité de son discours. Sa critique demeure ardente en déclarant que les États-Unis en renforçant ses alliances militaires dans la région Asie-Pacifique, mais aussi en se déployant et intervenant militairement dans cette même région, rendent la sécurité régionale encore plus complexe. Un exemple récent vient appuyer de cette analyse : le déploiement sur le territoire sud-coréen d’une batterie complète du système anti-missiles américain THAAD (Terminal High-Altitude Area Defense), achevé en septembre 2017. Pour Pékin, les États-Unis ont gravement compromis l’équilibre stratégique régional et les intérêts stratégiques sécuritaires des pays de la région.

Le très récent épisode de la vente d’armes américaines à Taïwan a pu nous rappeler les tensions persistantes entre la Chine, les États-Unis et Taïwan. De plus, l’arrivée au pouvoir en 2016 d’une membre du Parti démocrate progressiste (PDP), Tsai Ing-wen, s’opposant au principe de la Chine unique et au consensus de 1992 n’a pas favorisé la normalisation des relations entre les deux Chine. Dans le LB2019, la Chine maintient son discours véhément sur Taïwan et sa volonté indépendantiste en déclarant que leurs actions demeurent la menace immédiate et la plus grave pour la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan et le principal obstacle à la réunification pacifique du pays. Cette rhétorique devrait se maintenir, si ce n’est s’accentuer, puisqu’une nouvelle élection présidentielle aura lieu en 2020 et que Tsai Ing-wen, présidente de la République de Chine, se présentera pour un second mandat.

8. Dissuasion nucléaire : la Chine poursuit une stratégie nucléaire d’autodéfense

La Chine maintient sa doctrine du non recours en premier aux armes nucléaires, mais également de ne pas utiliser ou menacer d’utiliser des armes nucléaires contre des États non dotés d’armes nucléaires ou des zones exemptes d’armes nucléaires.

Par ailleurs, Pékin se réaffirme en faveur de l’interdiction complète et définitive et la destruction des armes nucléaires. Certes, l’ensemble des puissances nucléaires – y compris la Chine – n’avait pas signé le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) et il semble peu probable de voir la Chine adhérer à un tel traité. Cependant, cette dernière est toujours restée proche des États signataires, une façon pour elle de se distinguer une nouvelle fois des États-Unis et de leur recherche d’une « sécurité absolue ». En effet, avec sa démographie dépassant le milliard d’individus et son économie qui aura d’ici une ou deux décennies rattrapée celle des États-Unis ; la Chine disposera d’un vivier de forces conventionnelles très supérieur à celui de ses adversaires potentiels, États-Unis et Russie y compris. Or, pour ces derniers, l’arme nucléaire est justement un moyen d’équilibrer les forces et de se prémunir contre un adversaire disposant de forces bien supérieures.

Cette rhétorique sert sa posture de parangon du multilatéralisme, cependant la Chine modernise ses systèmes d’armes dissuasifs. Nous retrouvons ainsi le futur SNLE de la flotte sous-marine chinoise prévu pour la décennie à venir, le Type 096, accompagné d’un nouveau missile mer-sol balistique stratégique avec une portée théorique de 11 900 km : le JL-3. Également un bombardier stratégique furtif, le Xian H-20, successeur du Xian H-6 qui devrait entrer en service en 2025. Puis, le 3 août 2018, a été testé par la Chine un engin hypersonique, pouvant emporter une charge nucléaire. Ce système d’armes est, en raison de sa vitesse, capable d’échapper aux systèmes de défense antimissiles actuels.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

Modéliser le facteur humain dans les simulations militaires

La simulation des engagements militaires, ou wargame, est devenue un outil privilégié de la formation de l’esprit technique et tactique des personnels militaires, et plus particulièrement des officiers. Or, si la précision technique et l’immersion de ces simulations se sont considérablement accrues ces dernières années, grâce aux outils informatiques de plus en plus puissants, le facteur humain, pourtant central dans la conduite des opérations militaires, est singulièrement sous-représenté. Dans cet article, nous étudierons comment il serait possible d’introduire ce facteur, pour rapprocher au mieux l’experience utilisateur lors des simulations de celles qu’il rencontrera sur le terrain des opérations.

Modéliser les effets du facteur humain dans les engagements militaires

Aujourd’hui, la majorité des simulations de combat utilisées pour former les personnels repose sur une modélisation des performances des équipements mis en oeuvre, dans une approche linéaire des capacités et performances des unités constituées sur la base des équipements disponibles, et, généralement, du flux logistique soutenant la puissance délivrée. Or, cette approche souffre de très nombreux contre-exemples opérationnels, ou des unités équipées de materiels performants, et disposant d’un flux logistique établi, eurent des performances très inférieures à celles auxquelles on pouvait s’atteindre.

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Léopard 2A4 turc détruit lors de l’opération Rameau d’Olivier en février 2018

Ainsi, en février 2018, aux premiers jours de l’opération Rameau d’Olivier dans le nord de la Syrie, les forces turques, pourtant équipées du très performant char Leopard 2A4, furent mises en déroute par des unités aguerries de Peshmergas ne disposant que d’armes légères et de roquettes antichars de type RPG. Plusieurs Leopard et M60 furent détruits ou abandonnés par leurs équipages, à la suite d’un engagement intense mais court. Dans le même ordre d’idées, plusieurs unités de chars lourds T72 irakiennes, pourtant retranchées et supérieures en nombre et en puissance de feu, furent également mises en déroute, puis détruites, par des unités de Bradley de l’US Army lors de la première guerre du Golfe. Dans les deux cas, les unités eurent une efficacité largement compromise par le manque d’experience de ses personnels.

A contrario, les forces tchétchènes, lors de la première guerre de Tchétchénie, en 1992, décimèrent les forces blindées russes pourtant équipées de T80 et le BMP-2. Si les forces russes ne se sont pas débattus, les forces tchétchènes, composées essentiellement d’anciens combattants ayant participé à l’intervention soviétique en Afghanistan, étaient très aguerries, et utilisèrent au mieux les caractéristiques du terrain, en l’occurence la ville de Grozny, pour éliminer les forces blindées russes. De même, les forces expéditionnaires britanniques prirent l’ascendant sur leurs adversaires argentins durant la guerre des Malouines, non pas du fait d’un equipment plus performant, mais de l’engagement de forces professionnelles face à des forces composées principalement de conscrits.

Dans ces exemples, le facteur clé semble être l’aguerrissement des forces, une agrégation entre l’expérience du combat et l’entrainement qu’elles eurent avant l’engagement. Mais le seul aguerrissement ne suffit pas à modéliser l’intégralité des effets liés au facteur humain lors des engagements.

Centurion israelien Kippour Actualités Défense | Armes Laser et énergie dirigée | Contrats et Appels d'offre Défense
Les forces blindées israéliennes équipées de Centurion britanniques parvinrent à stopper les unités de T55 et T64 égyptiens pourtant très bien entrainées, notamment grâce à une combativité exacerbée.

Ainsi, durant la seconde guerre d’Irak, en 2002, les unités de la garde républicaine de Saddam Hussein ne firent preuve dans la première phase du conflit que d’une combativité très limitée, sans rapport avec celle dont elles firent preuve dix ans auparavant. Pourtant, les forces n’avaient pas perdue en aguerrissement, en tout cas pas de manière uniforme et de façon aussi massive comme l’on pourrait le déduire à l’observation des affrontements. A l’inverse, durant la guerre du Kippour en 1972, les forces Israéliennes, qui faisaient face à des forces égyptiennes toutes aussi aguerries qu’elles ne l’étaient, prirent le dessus grâce à une combattivité extraordinaire, que beaucoup expliquèrent à posteriori par la réminiscence de la Shoa dans les esprits de combattants. De fait, bien qu’inférieures en nombre, et parfois en technologies, la combattivité et la volonté de vaincre israélienne finit par faire la décision dans ce conflit.

Il est possible de modéliser ce comportement sous la forme d’un facteur moral, agrégeant la volonté combattive des forces, qui s’appliquerait à l’ensemble des unités de la simulation.

La modélisation des effets exogènes sur le facteur humain

Le facteur humain pourrait donc se modéliser par l’intermédiaire de deux paramètres. L’aguerrissement serait propre à chaque unité de la simulation, et serait fixe sur l’ensemble de la durée de l’exercice, alors que le moral s’appliquerait uniformément à toutes les unités alliées engagées, et pourrait évoluer durant l’exercice, sous l’effet de facteurs exogènes, comme le décès d’un leader, ou endogènes, comme des pertes élevées ou une progression rapide.

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Même pour les unités aguerries, l’experience d’un barrage d’artillerie peut induire des modifications dans la réponse aux ordres, ou dans la précision de l’action militaire menée

Mais le facteur humain est également conditionné par des éléments extérieurs s’appliquant aux personnels et unités. Ainsi, une unité faiblement aguerrie pourra tenir une position tant qu’elle n’est pas sous le feu adverse, mais rompra dès que les pertes s’accumuleront. Mais même les unités les plus aguerries atteindront leur point de rupture sous un feu long et très nourri. De fait, il conviendra d’ajouter un paramètre de tension dans l’évaluation des effets du facteur humain, pour disposer d’une modélisation pertinente. Ce paramètre agirait comme un modificateur lors de l’évaluation des effets de l’aguerrissement ou du moral dans la simulation, pour en étendre ou diminuer les effets. Ces marqueurs de tension auraient une durée limitée conditionnée par les causes qui lui ont donné naissance, et seraient cumulatifs entre eux. Plus le score de tension serait élevé, plus les effets négatifs sur l’évaluation de l’aguerrissement et du moral seront exacerbés. A l’inverse, plus le score de tension sera bas, voir négatif dans certains cas particuliers, plus les effets positifs seront importants.

Le modèle non pondéré de simulation du facteur humain

Le modèle présenté repose donc sur 3 paramètres, l’aguerrissement, le moral, et le modificateur de tension, agissant à différents moments de la simulation, pour rendre au mieux le facteur humain dans la conduite des opérations.

Evaluation des effets du moral

Le Moral étant une donnée globale agissant au niveau stratégique, ses effets seront évalués selon un cycle défini pour l’ensemble des unités (toutes les heures, à chaque ‘tour’..). Ces effets seront déterminés par un jet aléatoire de faible amplitude, avec des effets corrigés des modificateurs de tension appliquées à l’unité sur la durée du cycle. Cette approche permet de ne pas créer d’effets immédiats du moral, mais une altération de sa résistance globale lors des engagements, ainsi que de sa capacité à suivre les ordres et à agir avec méthode et précision.

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Le tableau ci dessous montre la pondération possible des effets du test de moral sur les unités

Evaluation des effets de l’aguerrissement

L’aguerrissement intervient au niveau des engagements des unités, pour en déterminer les conséquences variables. Lorsque l’unité subit le feu adverse, l’évaluation de l’aguerrissement permet de modérer les effets sur les pertes, mais également les variations sur le modificateur de tension, qui intervient là comme un critère récursif : Une effet, la vérification de l’aguerrissement s’évalue compensée des modificateurs de tension, et peu résulter sur de nouveaux modificateurs. Mais contrairement au évaluation de moral, l’évaluation de l’aguerrissement peu engendrer également des modificateurs de puissance de feu, positifs ou négatifs, modélisant la combattivité des forces ; des « échecs de moral » engendrant une perte totale de combattivité (l’unité se rend), le replie ou la fuite de l’unité ; des modificateurs de pertes pour modéliser l’experience des forces face au feu.

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Un exemple de pondération des effets du test d’aguerrissement, évalué lorsqu’une unité subit le feu ennemie

Lorsque l’unité subit le feu adverse, le test d’aguerrissement modifié de la tension agit également comme une modélisation du facteur humain, en intégrant des erreurs humaines dans le suivi des ordres, dans la conduite des tirs de soutien, dans son positionnement, et dans le maintien des communication. Bien évidemment, les grilles de pondération dépendent des équipements des unités, et de l’environnement dans lequel elles évoluent. Une unité disposant d’un GPS aura moins de chance de se perdre ou de donner de mauvaises coordonnées tactiques que si elle évolue dans un environnement ou le signal GPS et les communications sont brouillées.

La pondération du modèle

La pondération des effets de ce modèle dépend avant tout de la nature de la simulation, et de ses paramètres constitutifs. L’objectif ici est de proposer un modèle implémentable facilement dans des simulations existantes, et donc dépendant des paramètres utilisés par ces simulations. En outre, selon l’échelle de la simulation, ou son objet, les effets ne pourront être modélisés de la même manière : on ne détermine pas les effets de variation du facteur humain à l’échelle du groupe de combat comme à l’échelle du SGTIA, ou comme à l’échelle d’un navire de combat ou d’unités aériennes, qui pourtant y sont, eux aussi, exposés, bien que différemment.

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Les simulations tactiques prennent rarement en compte le facteur humain – ici l’excellent TacOps 4, pourtant une référence dans le domaine.

Conclusion

La modélisation du facteur humain dans les wargames et simulations de formation militaire peut être abordée d’une manière simple et pragmatique, pour en étendre sensiblement la précision, avec un recours limité à l’aléatoire, trop souvent utilisé exagérément dès lors que l’on souhaite s’attaquer au problème. Par l’intermédiaire de 2 critères pondérés, le moral stratégique et l’aguerrissement, par ailleurs assez simplement pondérables lors de la création des simulations, d’un paramètre sous forme de pile représentant les modificateurs de tension actifs sur l’unité, et de quelques grilles d’effets conçues pour répondre à la réalité opérationnelle constatée ou anticipée et agissant sur les paramètres constitutifs de la simulation, le facteur humain peut même devenir un axe de simulation voir une approche tactique et stratégique à lui seul, ouvrant des possibilités exploratoires très interessantes pour la formation des officiers.

La création de la Cellule de Coordination de l’Intelligence Artificielle de la Défense : la consolidation de la stratégie du ministère des Armées sur l’IA

Le ministère des armées a officialisé la Cellule de Coordination de l’Intelligence Artificielle de la Défense (CCIAD). Celle-ci est rattachée au sein de l’Agence Innovation Défense (AID). Le professeur Michaël Krajecki, spécialisé en IA, est nommé à la tête de cette entité. La CCIAD sera composée d’une vingtaine de spécialistes pluridisciplinaires d’ici 2020. De plus, cette équipe aura le soutien des « 200 experts et spécialistes en IA que le ministère recrutera d’ici 2023 ». La CCIAD est donc une avant-garde dela stratégie française en matière d’IA.

Il n’est pas étonnant de constater que cette organisation est dirigée par un professeur universitaire. Comme le souligne l’AID, la stratégie du ministère en IA ne peut s’effectuer que par une synergie totale entre le monde militaire et le monde académique. Ainsi, le ministère des Armées est amené à développer, en partenariat avec l’Agence nationale de Recherche, les Instituts interdisciplinaires de l’IA (3IA) axés sur les problématiques de la Défense.

La mission principale de la CCIAD est de structurer les projets du ministère dans le domaine de l’IA. A cette fin, il est fort probable que le document d’orientation de l’innovation de défense 2019 de l’AID serve de ligne rouge. En effet, ce dernier a explicitement considéré l’IA comme un « axe d’effort transverse » à approfondir. A fortiori, si la CCIAD suit les pistes du document de l’AID, les principaux champs de réflexion seront :

  • la robustesse
  • l’embarquabilité
  • la simplification des processus d’apprentissage
  • l’adaptabilité à des situations nouvelles
  • les interfaces homme / IA.
  • l’augmentation des performances par des approches hybrides combinant approches statistiques et par règles.

Un comité éthique ministériel sur le thème de l’IA, s’implantant dans la stratégie du ministère des Armées sur l’IA, a également été annoncé pour fin 2019. Sa mission sera de partager ses réflexions sur les interrogations que suscitent « les technologies émergentes comme l’intelligence artificielle et leur emploi par l’homme dans le domaine de la défense ». Par la même, le ministère des Armées semble suivre la volonté de l’Union Européenne. En effet, celle-ci souhaite se positionner en championne de l’éthique appliquée à l’IA comme le démontre la publication de ses récentes « lignes directrices en matière d’éthique pour une IA de confiance ».

A l’heure où la DARPA annonce considérer une interface connectant le cerveau à une machine pour améliorer l’interface homme/IA, il est certain que ces deux entités vont avoir des rôles primordiaux dans la stratégie du ministère. Ce qui est confirmé par le souhait du ministère de consacrer plus de 100 millions d’euros par an à ces nouveaux défis.

Par la création et l’imbrication de telles entités spécialisées en IA, la stratégie du ministère des Armées sur ce domaine semble se bâtir sur des fondations solides.

Romain Hénaff -Spécialiste IA