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L’U.S. Army lance le chantier de l’amélioration de ses capacités cyber


Avec l’appel d’offres publié le 19 juillet dernier, l’U.S. Army déclenche le développement de nouvelles technologies en matière de cyberdéfense et de sécurité de la conduite des opérations dans le cadre de la numérisation croissante du champ de bataille.

Cette publication nous apprend que sous l’égide de l’United States Army Futures Command (AFC), la branche Cybersecurity Defense Operations and Research (CDOR) du C5ISR – le centre de recherches et développements de l’U.S. Army pour les sujets cyber – entend développer de nouvelles capacités dans les quatre domaines suivants :

  • Compréhension de l’espace de combat. Fournir une meilleure information pour la prise de décision. Il peut s’agir de combiner les renseignements relatifs aux menaces, aux forces ennemies, à la technologie et à l’environnement ;
  • Zone d’opération sécurisée. Sécuriser la dimension cyber des opérations, renforcer l’évaluation du risque opérationnel par le commandement, établir des mesures proactives de cybersécurité ;
  • Commandement et contrôle (C2). Améliorer la posture cyber des forces au sol afin de leur permettre de contrer les menaces, de gérer le risque opérationnel et d’atteindre les objectifs dans les meilleures conditions ;
  • Protection. Renforcer les contre-mesures visant les tentatives de l’adversaire de perturber les opérations dans le cyberespace en mettant en place des moyens de refus d’accès pour limiter sa marge d’action.

Le CDOR cherche à répondre aux enjeux des menaces rencontrées par les forces de l’U.S. Army dans le cyberespace. Il développe et conçoit des capacités de cyberdéfense qui doivent permettre d’améliorer la protection des forces et des réseaux ainsi que la réactivité et la coordination du commandement .

Profitons de cette opportunité pour revenir sur l’organisation R&D interne à l’U.S. Army.

Sous l’égide de l’AFC, les différents centres de recherche de l’Armée de terre américaine sont regroupés sous le Combat Capabilities Development Command (CCDC) dont l’objectif est de « fournir l’expertise en matière de recherche, l’ingénierie et d’analyse qui permettra [à l’U.S. Army] de dissuader et, au besoin, de vaincre de façon décisive tout adversaire maintenant et à l’avenir ».

Engagé dans l’évaluation et l’intégration des composantes de l’environnement opérationnel, le CCDC a pour mission l’appréciation des menaces émergeantes et des analyses d’écarts pour le développement et la livraison des solutions de modernisation à destination de l’U.S. Army.

Le CCDC est composé de 8 pôles R&D spécialisés :

  • CCDC Armaments Center (ARDEC) : systèmes d’armes et des munitions ;
  • CCDC Aviation & Missile Center (AMRDEC) : domaine Air ;
  • CCDC Army Research Laboratory (ARL) : laboratoire de recherche de l’U.S. Army ;
  • CCDC Chemical Biological Center (ECBC) : chimie et biologie non-médical ;
  • CCDC C5ISR : en charge du Commandement, du Contrôle, des Communications, de l’Informatique, des Renseignement, de la Surveillance et de la Reconnaissance ;
  • CCDC Data Analysis Center (AMSAA) : systèmes et analyse techniques à l’appui des décisions ;
  • CCDC Ground Vehicules System Center (GVSC anciennement TARDEC) : domaine Terre ;
  • CCDC Soldier Research, Develoment and Engineering Center Center (NSRDEC ou Natick): infanterie.

Le Combat Capabilities Development Command – anciennement RDECOM – est aujourd’hui le fer de lance de la R&D pour l’U.S. Army en termes de développement de technologies cyber dans un cadre opérationnel multi-domaines.


Jean Lebougre
Spécialiste Cyberwarfare

Selon la ministre de La Défense britannique, l’Europe a les moyens de financer le SCAF et le Tempest

Dans une déclaration devant le parlement britannique, la ministre de La Défense Penny Mordaunt a estimé que les pays européens avaient les moyens de financer simultanément deux programmes d’avions de combat, en l’occurence le Tempest et le SCAF. Elle a également insisté sur la cooperation entre les deux programmes de sorte à obtenir une interopérabilité optimum, indiquant qu’elle était en contact avec son homologue française pour le garantir.

Difficile de trouver une explication cohérente dans ce que sous-tend cette déclaration. En effet, si les programmes sont en contact et en recherche d’une Interopérabilité optimisée, on pourrait penser qu’il ne manquerait plus grand chose avant d’avoir une illumination, et décider de concevoir deux appareils, voir trois, sur des segments et des plannings différents dans une enveloppe budgétaire égale à celle des deux programmes mis bout-à-bout. (Pour plus de détail sur le modèle SCAF étendu, consultez cet article, celui-ci et celui-ci). Pourtant, alors que la solution apparait évidente, il semble que des forces invisibles soient à l’oeuvre pour conserver cette double trajectoire parallèle. Et en effet, de telles forces existent, et ont déjà été à l’oeuvre depuis plusieurs décennies. Il s’agit, en fait, de l’action conjointe de plusieurs facteurs.

Rafale Typhoon Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Rafale et Typhoon préfigurent-ils le futur du SCAF et du Tempest ?

En premier lieu, les armées de l’air, qu’elles soient britanniques, françaises, allemandes ou espagnoles, ont besoin d’un chasseur lourd à horizon 2035/2040. En effet, un tel appareil offre des performances élevées, une grande polyvalence, et une évolutivité optimisée. Dans l’hypothèse de travail qui fait paradigme aujourd’hui, à savoir que ces armées de l’air ne disposeront que de cet unique programme de nouvelle génération pendant plusieurs décennies, il est naturel de rechercher l’appareil offrant les meilleures capacités dans un maximum de domaine, quitte à ce que le prix ne s’envole concomitamment de la masse du système.

En second lieu, militaires comme industrielles craignent, depuis les années 80, l’opportunisme politique, et les changements radicaux de position suite à des changements de majorité ou à des crises économiques. C’est la raison pour laquelle Dassault Aviation cessa de maintenir son offre de mirage-2000. L’appareil avait encore de façon évidente un potentiel avéré sur les marchés exports, et le succès du F16V aujourd’hui est là pour le confirmer. Mais l’industriel comme l’Armée de l’Air craignaient plus que tout un arbitrage politique ayant mené à la diminution du nombre de Rafale commandés au profit d’une commande de mirage2000 supplémentaire, le chasseur léger étant, évidemment, moins cher à l’achat et à l’utilisation que le Rafale. Finalement, cet arbitrage eu lieu, puisque le nombre de Rafale a été ramené à 225 dont 180 pour l’Armée de l’Air, alors qu’aucun mirage 2000 neuf n’est venu renforcer le format des forces aériennes françaises.

Enfin, en troisième lieu, il y a la crainte de voir un nouvel échec de la coopération européenne étendue. Là encore, les exemples ne manquent pas, de programmes avancés et finalement abandonnés sur l’autel d’une nouvelle majorité ou d’arbitrages budgétaires défavorables, que ce soit le programme de drone de combat FCAS, le porte-avions franco-britannique, ou le programme initial qui donna naissance au Rafale et au Typhoon. En particulier, les deux BITD majeures européennes, françaises et britanniques, sont souvent suspicieuses l’une envers l’autres, leur taux de recouvrement étant très important. Elles tentent, naturellement, de conserver la main mise sur les secteur clés de la construction aéronautique de Défense, comme la propulsion ou la conception générale de l’appareil.

Atelier Rafale 1 Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Dassault préféra sacrifier le mirage 2000 au profit du Rafale pour éliminer le risque d’un arbitrage en faveur du chasseur léger par un nouveau gouvernement

Dès lors, le conservatisme qui dirige la décision politique et industrielle au sujet des programmes SCAF et Tempest, n’est que la résultante du vieux proverbe « Mieux vaut un tu l’as, que deux tu l’auras« …
Ce phénomène est d’autant plus marqué que la seule alternative proposée à l’existence des deux programmes aujourd’hui repose sur la fusion en un unique programme, ce qui menacerait singulièrement la pérennité de pans entiers des deux BITD.

Il n’en demeure pas moins vrais que le SCAF et le Tempest sont deux programmes absurdes en l’état, car entrainant un immense gâchis financier sur des dépenses de R&D qui pourraient être non pas superposés, mais connexes, de sorte à procurer à la BITD européenne une chance de tenir son rang dans les décennies à venir. En outre, ils vont reproduire les situations connues avec le Rafale et le Typhoon : réduction du marché export accessible, guerre des prix, volume plus réduit entrainant des couts de production et de maintenance élevés, et des appareils inaccessibles à la moitié des pays européens. Conséquences qui entraineront, en retour, Les peurs qui sclérosent aujourd’hui la décision politique, industrielle et militaire, pourraient bien être à l’origine du déclassement à venir de l’Europe sur la Scène internationale.

Le président Bulgare pose son veto sur l’acquisition de 8 F16V

Les Mig29 bulgares pourraient bien devoir jouer les prolongations dans les années à venir. En effet, le président bulgare, Rumen Radev, a posé un véto présidentiel sur le contrat portant sur l’acquisition de 8 avions F16V pour un montant de 1,26 Md$. Selon M Radev, ancien pilote de chasse devenu chef d’Etat-major des forces aériennes bulgare avant d’être élu président en novembre 2016, ce contrat, qui représente le plus important investissement de Défense consenti par le pays depuis la sortie du Pacte de Varsovie, n’a pas suscité une adhésion suffisante pour pouvoir être exécuté. Il faut rappeler que la Bulgarie n’a qu’un PIB de 57 Md$ par an, le contrat représente donc 2,2% du PIB national, en une seule commande à payer en une seule traite.

Ce veto ne remet pas définitivement en cause. Le Parlement bulgare peut, s’il vote en majorité absolue, passer au delà du veto présidentiel. Mais l’objectif présentiez par cette décision était d’augmenter le débat, tant dans la classe politique que dans la population, au sujet de cet investissement très important. En outre, il considère que de nombreux aspects contractuels, liés à la maintenance, aux obligations bulgares vis-à-vis des Etats-Unis et aux évolutions futures, n’ont pas été détaillés dans le présent contrat.

Rappelons qu’il y a, en europe, 10 pays dont le PIB est inférieur à 200 Md$, pour qui l’acquisition et l’entretien d’une force aérienne de combat, même limitée, est un exercice budgétaire très difficile, même lorsque le budget de La Défense dépasse les fameux « 2% » exigés par l’OTAN. Or, ces pays disposent, par ailleurs, des moyens humains pour mettre en oeuvre une telle force. Dès lors, l’Europe ne devrait-elle pas mettre, en son sein, des mécanismes permettant à ces pays de s’équiper, tant pour leur propre sécurité que pour la sécurité collective, avec des aides conditionnées à l’acquisition de matériels européens ?

Maj : Malgré le veto présidentiel, le parlement bulgare a officialisé la commande le 27 juillet 2019

La coopération militaire sino-russe qui s’intensifie menace-t-elle l’occident ?

Le nouveau Livre Blanc de La Défense chinois publié aujourd’hui par Pékin considère la coopération militaire avec la Russie comme stratégique et appelle à intensifier les relations avec Moscou, au travers de nombreux exercices conjoints, de planifications opérationnelles partagées, et de coopérations technologiques étendues.

Cette annonce n’est guère surprenante au regard des annonces et actions de ces derniers mois, comme la participation d’une brigade chinoise à l‘exercice Vostok 2018, le déploiement croisé de stations sols pour l’amélioration et la consolidation des services de localisation GLONASS et BEIDOU dans les deux pays, des positions internationales souvent alignées à l’ONU, et des rencontres bilatérales nombreuses aux plus hauts niveaux de l’Etat et des armées. A cela s’ajoute l’action conjointe de 2 H-6 chinois et de 2 Tu95MS Bear accompagnés d’un A50 Mainstay venus à proximité de l’espace aérien sud-coréen, le Mainstay y pénétrant même par deux fois, montrant un haut degré de préparation opérationnelle et de coopération des forces stratégiques des deux pays.

Ce rapprochement est perçu avec inquiétude à Washington. Ainsi, l’amiral Philipp Davidson, commandant le théâtre pacifique pour l’US Navy, estime que la Chine était désormais en situation de contester la puissance américaine dans le Pacifique occidental, et que d’ici 2030, les forces navales chinoises seront en capacité de contester la puissance navale américaine sur l’ensemble du Théâtre indo-pacifique. Il pointe en particulier l’utilisation du projet de Route de la Soie par Pekin pour soumettre économiquement des pays, afin d’obtenir des bases stratégiques qui permettront de créer un tissus aéronaval sur l’ensemble de la zone.

Le Porte avions Liaoning avec des J15 et un Z8 sur le pont Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
La puissance navale chinoise est désormais suffisante pour contester à l’US Navy certaines parties du Pacifique occidental

Ce renforcement rapide de la puissance militaire chinoise, associé à celui de la Russie (essentiellement en matière de forces terrestres), font craindre au Pentagone l’apparition d’un « double front », qui obligerait les Etats-Unis à partager leurs forces entre l’Europe et le Pacifique, alors que l’ensemble de ses forces seraient requis pour être en mesure de contenir la puissance chinoise. C’est d’ailleurs cette même crainte d’un double front qui amena les plus hautes autorités militaires américaines à modérer la tentation présidentielle d’une intervention contre l’Iran, un tel conflit présentant des risques d’enlisement, et donc de fixation d’une part importante des forces US potentiellement indispensables sur les deux fronts principaux.

Qu’on le veuille ou non, la trajectoire géopolitique mondiale semble s’orienter vers une nouvelle bipolarisation, avec un bloc organisé autour du couple sino-russe, et un bloc organisé autour des Etats-Unis, de l’Europe et des alliés pacifiques (Japon, Australie, Corée du Sud). La création de nouveaux mécanismes bancaires et de change entre Russie, Chine et leurs alliés, marque, à ce titre, un pas important vers cette scission. Mais là ou les échanges économiques entre les deux blocs étaient limités pendant la Guerre Froide, ils sont désormais très importants et stratégiques. Ainsi, l’Europe dépend en grande partie de la Russie pour ses importations de gaz, cette dernière dépendant de ces exportations qui représentent une part importante du budget de l’Etat. De même, la Chine détient une part importante des dettes des états occidentaux, dont celles des Etats-Unis, mais dépend dans me même temps de ses exportations vers l’Europe et les Etats-Unis pour maintenir son économie.

Le monde qui se dessine aujourd’hui ne sera donc probablement pas une redite de la Guerre Froide, mais une nouvelle période qui définira ses propres codes, avec une probable forte dichotomie entre les discours et actions sur la scène internationale, et les échanges commerciaux entre ces pays qui continueront, voir s’intensifieront.

Le President Xi Jinping lors de sa rencontre avec les forces armees Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
L’augmentation de la production de richesses en Chine a permis au pays d’augmenter sensiblement sa puissance militaire

Pour autant, les risques de conflits ne seront pas amoindris, les sanctions économiques pouvant désormais apparaitre comme un casus belli justifiant un retour aux armes. On le voit en Chine, l’émergence d’une classe moyenne et l’augmentation des échanges n’ont pas « adouci » les positions des forces dirigeantes du pays. Au contraire, elles permirent d’augmenter rapidement les moyens et les bases scientifiques et technologiques disponibles pour constituer une force militaire de premier plan, désormais capable de contester la puissance occidentale.

Cette constatation indubitable apparait comme une sentence d’échec pour la doctrine des « Bénéfices de la Paix », qui créait une relation entre l’enrichissement des citoyens et des classes moyennes, et l’apaisement des tensions sur la situation internationale. Le developpement de la puissance militaire de la Chine, Russie, Turquie, Pakistan et Inde montrent qu’il n’en est rien, et qu’au contraire, l’augmentation des richesses produites conduit à l’augmentation sensible des moyens consacrés à La Défense, et de fait, au retour des tensions entre Etats.

La France et l’Allemagne répondent présent à la force européenne de protection voulue par Londres

Homme de peu de foi que je suis ! Il n’aura en effet pas fallut une journée entre l’article d’hier sur le renforcement de la présence britannique dans le Golfe avec l’envoi d’un SNA Astute, et l’annonce de la création d’une force européenne de protection destinée à protéger le Traffic commercial dans ces eaux tourmentées.

En effet, Jeremy Hunt, le très dynamique ministre des affaires étrangères britannique, et candidat malheureux au poste de premier ministre, a évoqué hier la possible création d’une telle force, faisant appel à la coopération et la solidarité européenne. Et la France y participera, comme l’a confirmé la ministre des Armées Florence Parly à son homologue britannique Penny Mordaunt, précisant que le France et la Grande-Bretagne étaient « pleinement solidaire » dans ce dossier crucial. Berlin, ainsi qu’Oslo et Copenhague ont été sollicitées par Londres.

Et, fait marquant, l’initiative se veut pleinement, et uniquement européenne, au sens continental du terme. En effet, Washington n’a pas été sollicité par Jeremy Hunt, même si celui-ci reconnait que l’initiative devra collaborer étroitement avec les forces américaines présentent dans le Golfe, comme avec les forces des autres Etats bordant la zone sensible.

Le fait que Londres se soit prioritairement et immédiatement tourné vers une approche européenne est, on ne peut le nier, très satisfaisant (ainsi que la marque incontestable de Jeremy Hunt). Et que les européens répondirent présent l’est tout autant, alors que Boris Johnson vient d’être nommé premier ministre, avec cependant une très courte majorité législative. Cela permet de montrer en effet aux britanniques, comme à tous les européens, que l’Europe peut être autre chose qu’un cadre législatif contraignant, dans un contexte, on le sait, très contestataire.

Tir dun missile Aster 15 a partir de la FREMM Bretagne de la Marine Nationale Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Le risque d’escalade ne pouvant être négligé dans la région, les bâtiments participant à la mission européenne devront disposer d’une protection anti-missile efficace.

Reste à voir quels moyens la France peut allouer à cette mission. Le risque d’embrasement étant réel, il ne sera probablement pas question d’envoyer une Frégate Légère Furtive ou une T70, toutes deux très exposées si elles devaient faire face à plusieurs missiles antinavires. Il ne reste donc que les 5 FREMM en service (la 6ème FREMM, la Normandie, est en test), ou une Frégate de défense aérienne, équivalente au destroyer Type 45 Duncan envoyé sur place par la Royal Navy, sachant que l’une est en maintenance, et l’autre revient d’un long déploiement, et vient juste de changer de Pacha.

A suivre donc, en espérant que cette mobilisation européenne tendra à apaiser les esprits, et permettra de trouver une sortie de crise.

La Royal Air Force développe un prototype de ‘Remote Carrier’… pour 2022

Le programme SCAF fit forte impression cette année au salon du Bourget, en présentant la maquette du futur avion de combat appartenant au système, et en introduisant au public les « Remote Carrier », des drones légers étendant les moyens de détection et d’action de l’aéronef. Il semble que l’idée été, en fait, depuis plusieurs années sur les tables à dessin des bureaux d’étude britanniques.

En effet, La Royal Air Force vient de confier à l’agence Defense Science and Technology Laboratory l’étude et la conception du prototype du programme LANCA, pour Lightweigth Affordable Novel Combat Aircraft, qui n’est rien d’autre qu’un Remote Carrier destiné à équiper les F35 et les Typhoon de l’aviation de sa majesté.

Le prototype, appelé « Mosquito », devra faire la synthèse des technologies existantes actuellement, pour une intégration rapide et à moindre cout, selon un paradigme qui semble guider l’ensemble du programme Tempest. A ce titre, une grande partie des technologies qui seront utilisées proviendront des technologies développées par le programme franco-britannique FCAS, renommé FCAS TI pour Future Combat Air System Technology Initiative, révélant, une fois encore, la méthodologie britannique à base de briques technologiques.

Il est, à ce titre, interessant de constater que la Royal Air Force maintient ses objectifs de disposer d’un UCAV à horizon 2030, conformément aux objectifs du programme FCAS, là ou la France semble, avec l’Allemagne, se satisfaire d’un objectif à horizon 2040 avec le SCAF.

Une chose est certaine, qu’ils soient seuls ou qu’ils parviennent à fédérer autour du projet Tempest, les britanniques ne montrent aucun signe de fébrilité dans la gestion ni les négociations qui entourent ce programme.

Incident de frontière : la version sud-coréenne


Drôle de cirque dans le ciel de Corée.

Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap News, le ciel au-dessus de la Corée a été le théâtre d’un étrange manège ce 23 juillet 2019. Les faits sont suffisamment graves – et rares – pour que la chasse sud-coréenne ait fait usage de tirs de sommations après qu’un appareil russe eut violé la zone d’identification de la défense aérienne (KADIZ) et même l’espace aérien de la République de Corée.

Pour rappel, une zone d’identification de la défense aérienne est une zone du ciel déclarée par un État pour l’identification et la localisation précoces d’avions étrangers approchant de son espace aérien territorial afin d’en empêcher l’infiltration ainsi que les heurts accidentels. Elle n’est définie dans aucun traité ou droit international.

Selon Yonhap News et des officiers du JCS, l’état-major sud-coréen, tout commence dans la matinée.

Vers 6 h 44 du matin, deux avions de combat de la République Populaire de Chine ont pénétré la KADIZ au-dessus de la mer Orientale et seraient restés sur zone pendant une demi-heure. Environ 36 minutes plus tard, ils réitèrent pendant une trentaine de minutes pour finalement quitter la zone autour de 8 h 20 du matin.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les deux avions chinois auraient ensuite rejoint deux Beriev A-50 russe pour se diriger, en formation vers le sud, de nouveau par la mer de l’Est. Les quatre appareils ont, ensemble, pénétré la KADIZ vers 8 h 40 du matin pour un vol de 25 minutes.

De manière distincte, à 9 h 09 du matin, un Beriev A-50 russe suivant le même trajet que ses homologues serait allé encore plus loin. Après avoir dépassé la KADIZ, l’appareil aurait ensuite violé l’espace aérien coréen. Cette fois la chasse sud-coréenne est entrée en action en déployant plusieurs avions de chasse, dont des F-15K et des F-16K pour interception.

Après des tentatives infructueuses de prises de contact par radio, les pilotes ont fait usage de fusées de contre-mesures avant d’en venir aux tirs canons de sommation. Le A-50 aurait alors obtempéré et quitté l’espace aérien coréen après trois minutes et la KADIZ aux environs de 9 h 15.

Pour mieux revenir ! À 9 h 33, le même appareil aurait réitéré sont intrusion et la violation de l’espace aérien de la Corée du Sud pour quatre minutes supplémentaires, entraînant de nouveau l’engagement de la RKAF pour quitter définitivement la zone vers 9 h 56.

En réaction, la Maison Bleu (청와대 ou Cheong Wa Dae) ainsi que le bureau du Président sud-coréen Moon Jae-In ont déposé le même jour, 23 juillet 2019 une plainte officielle auprès des autorités russes. Le directeur de la sécurité nationale de la Maison Bleu, a transmis à Nikolai Patruschev – secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie  – le message que la Corée du Sud prenait l’incident très au sérieux et que si de tels évènements devaient se reproduire, son gouvernement prendrait des mesures nettement plus fermes à l’endroit des appareils violant l’espace aérien coréen.

Cette série inédite d’évènements pose plusieurs questions. Quel était l’effet final recherché par Moscou et Pékin de ce vol commun d’avions russes et chinois ? Les intentions à l’origine de cette série de violation de la KADIZ et de l’espace aérien sud-coréen ne sont, pour l’heure, pas claires.

Le précédent le plus récent impliquant la force aérienne de la Fédération de Russie remonte au 20 juin dernier, dans un format relativement similaire : deux appareils, une demi-heure sur zone.

Affaire à suivre.


Jean Lebougre
Spécialiste Cyberwarfare

La Corée du Sud lance le developpement de 2 porté-aéronefs d’assaut de 30.000 tonnes

La Marine sud-coréenne ne semble pas vouloir se limiter à sa flotte de surface déjà en pleine expansion. En effet, le chef d’Etat-Major des armées du pays a annoncé que le pays allait developper et construire deux nouveaux bâtiments d’assaut porte-aéronefs de 30.000 tonnes capables d’emporter 16 F35B d’ici la fin de la décennie. Les nouveaux bâtiments, identifiés comme « Landing Platform Helicopter » par les les autorités de Séoul, viendront renforcer les deux LHD de la classe Dodko de 14.000 tonnes déjà en service, et qui, eux aussi, devront pouvoir mettre en oeuvre des F35B, bien qu’en quantité plus limitée.

A la différence des Dodko, ces LHD seront très certainement dotés d’un sky jump, à l’image du porte-aéronef Queen Elizabeth britannique, de sorte à optimiser l’emploi des F35B en configuration STOL(découpage court), donc de leur permettre de décoller avec une charge supérieure de carburant et de munition.

Cette annonce, comme celles précédentes au sujet des nouvelles frégates, destroyer et sous-marins sud Coréens, montre que le pays se prépare activement à devoir défendre sa souveraineté face à la montée en puissance chinoise dans la région. Avec 4 porte-aéronefs capables de mettre en oeuvre des avions à voilure fixe, la Marine Sud-Coréenne deviendra une des plus importantes forces aéronavales dans le Pacifique, ne cédant qu’aux Etats-Unis et à la Chine, mais surpassant l’Inde, la Russie et l’éternel rival nippon, qui ne disposera « que » des deux destroyers porte-aéronefs de 27.000 tonnes Izumo, eux aussi capables d’emporter des F35B. Outre les avions, la nouvelle classe sur-coréenne permettra de transporter 3000 marines et 2à0 véhicules blindés, des volumes très supérieurs aux 700 hommes et 10 véhicules de la classe Dodko.

Le porte avions chinois Type 001 Liaoning Actualités Défense | Aviation de chasse | Budgets des armées et effort de Défense
Le developpement de la nouvelle classe de porte-aéronefs sud-coréens est largement conditionné par l’augmentation des moyens aéronavals de la Marine Chinoise.

Le pays envisage de commander 20 F35B supplémentaires, s’ajoutant aux 40 F35A déjà commandés, pour équiper son aéronaval. Toutefois, le chef d’état-major a indiqué que des études étaient menées pour évaluer la possibilité de remplacer les 40 F35A initiaux par des F35B. La problématique posée est, à ce titre, assez similaire à celle des britanniques, qui n’arrivent pas à statuer sur le besoin de disposer de F35A en complément d’une flotte de F35B pouvant embarquer sur leurs 2 porté-aéronefs, ou d’une unique flotte de F35B plus importante.

Bien que tous s’en défendent, de la Chine à la Russie en passant par les Etats-Unis ou l’Inde, les annonces qui se succèdent, révèlent une accélération des programmes d’équipements de Défense, et donc, la reprise d’une course aux armements. Alors qu’en 2010 la région ne comptait qu’un unique porte-avion appartenant à la marine indienne, elle comptera en 2030 5 porte-avions chinois, 2 porté-aéronefs japonais, 4 porte-aéronefs sud-Coréens et toujours un porte-avions indien (si tout va bien ..). Là ou les PAN et LHD américains représentaient 85% des forces aéronavales embarquées dans le Pacifique, ils ne représenteront plus, en 2030, que 35% de cette même force…

Annonce d’un nouveau livre blanc chinois sur la défense nationale

La République populaire de Chine vient d’annoncer un nouveau livre blanc sur la défense nationale, ce dernier sera publié mercredi 24 juillet 2019. Il s’agit ici du premier livre blanc sur la défense nationale depuis le 19e congrès national du Parti communiste chinois qui s’était ouvert le 18 octobre 2017.

Le dernier livre blanc chinois sur la défense nationale avait été publié en mai 2015 et intitulé « China’s Military Strategy ». La Chine avait annoncé dans ce dernier la mise en place de la doctrine de la « défense active » et promettait une coopération plus étroite en matière de sécurité internationale. Également quatre « domaines de sécurité critiques » avaient été soulignés : l’océan, l’espace, le cyberespace et la force nucléaire. Le développement de marine de l’APL et l’évolution de sa stratégie constituait aussi un axe prioritaire, le Type 055 destroyer étant le parfait avatar de cette métamorphose.

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Un Type 055 lors du 70e anniversaire de la fondation de la Marine de l’Armée populaire de libération à Qingdao.

La Chine n’a pas publié de livre blanc depuis le début de la dernière réforme militaire ayant été amorcée en novembre 2015, ainsi, un développement de celle-ci est attendu dans ce nouveau document officiel. Pour rappel, la réforme militaire a notamment remplacé les sept commandements militaires par cinq commandements de théâtre, mais a aussi créé deux nouvelles branches : la Force des fusées et la Force de soutien stratégique.

Selon le site d’État Global Times, les experts chinois affirment que depuis que la Chine a publié son premier livre blanc sur la défense nationale en 1998, le contenu des livres blancs sur l’armée chinoise est devenu plus ouvert et plus transparent et témoigne de la crédibilité du pays.

Le Bureau de l’information du Conseil des affaires de l’État, l’un des bureaux de l’organe administratif principal de gouvernement, tiendra une conférence de presse après la publication de ce nouveau livre blanc.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

Important incident de frontière entre la Russie et la Corée du Sud

Ce matin, 23 juillet, deux bombardiers Tu95MS appartenant aux forces stratégiques russes ont été interceptés par des F15K et F16K alors qu’ils pénétraient dans la zone d’identification aérienne sud-coréenne par la façade est du pays, à proximité de la presqu’ile de Dokdo. Les appareils russes refusant de changer de trajectoire, les appareils sud-coréens lancèrent des leurres infra-rouges, avant de tirer 360 coups de semonces vers les bombardiers.

La version de Moscou de l’incident diffère beaucoup de la coréenne, puisque la Russie affirme ne pas avoir franchit la limite de l’espace aerien sud-coréen, ni avoir fait l’objet de tirs de semonces.

Il n’en demeure pas moins que l’incident reste très exceptionnel, et qu’il est très rare d’en arriver à de telles extrémités dans une rencontre aérienne ou un incident de frontière. C’est révélateur des tensions importantes qui règnent dans la région, ainsi que des risques attenants à la stratégie de provocation utilisée de plus en plus souvent par la Russie. Si visiblement les deux camps ont su garder leur sang froid et tentent désormais de normaliser l’incident, il est clair que cette stratégie aurait pu mener à un incident encore plus grave, avec des risques d’escalades dans une région déjà sous pression.