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6 groupes chinois dans les 15 entreprises de Défense les plus importantes

Le classement annuel des entreprises de Défense réalisé par le site américain DefenseNews.com en coopération avec le Think tank International Institute of Strategic Studies britannique a été publié, et, pour la première fois, fait apparaitre les entreprises chinoises. Le résultat est, on s’en doute, très spectaculaire, puisque 6 groupes chinois se classent dans les 15 plus importantes entreprises de Défense en terme de Chiffre d’affaire au monde, pour seulement 3 Européens (BAe, Airbus et Leonardo), 1 russe (Almaz Antei) et 5 américains trustant les 6 premières places avec le chinois China North Industries Group Corporation Limite. A noter l’absence du russe OAK de ce classement, le groupe détenant entre autre MIG, Soukhoi et Tupolev, n’ayant pas souhaité y apparaitre, mais qui n’aurait probablement pas intégré une des 15 premières places, son CA annuel devant s’établir en 2018 autour de 6,5 Md$..

Quoiqu’il en soit, il apparait que les entreprises chinoises produisent chaque année pour presque 100 Md$ d’équipements de Défense, soit autant que l’ensemble des pays européens, alors que contrairement à ces derniers, l’immense majorité des équipements sont destinés au marché intérieur, et non à l’exportation. Il ne faut pas oublier, non plus, que les équipements chinois sont sensiblement moins chers que les équipements occidentaux, alors que l’écart qualitatif se réduit chaque année. Ainsi, une frégate anti-sous-marine Type 054A est proposée à l’export entre 150 et 170 m$, soit un prix inférieur à celui d’une corvette européenne, moins imposante, et très nettement moins armée. De même, le chasseur léger J10C est proposé à l’exportation à moins de 30m$, soit la moitié du prix d’un F16V, alors que les appareils ont des performances et des équipements sensiblement comparables.

L’étude montre également qu’aujourd’hui, à l’exception notable des Etats-Unis et de la Chine, l’ensemble des entreprises mondiales sont très exposées aux risques liés à l’exportation, celle-ci représentant souvent entre 30 et 50% de leur chiffre d’affaire. Or, l’augmentation des acteurs mondiaux, et la multiplication des BITD, tendent à réduire le marché export accessible, même si les menaces de sanctions américaines CAATSA semblent limiter pour l’heure l’accès aux marchés exports pour les entreprises chinoises. Toutefois, l’efficacité de ce mécanisme tend à s’étioler au fur et à mesure que la Chine et la Russie proposent des mécanismes pour contourner le recours au dollar ainsi qu’au système bancaire mondial sous contrôle US.

Type 054A fregate Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
La frégate anti-sous-marine Type 054A est proposée à l’export entre 150 et 170 m$

Notons enfin que les 15 plus importantes entreprises de Défense ont vu leur chiffre d’affaire progresser en 2018 de plus de 7% vis-à-vis de 2017, montrant que l’augmentation des investissements d’équipements de Défense dans le monde a retrouvé, désormais, des rythmes comparables à ceux qui avaient courts durant la guerre froide.

En dehors de Airbus classée 9ème avec un chiffre d’affaire Défense de 13 Md$(+17%), les autres entreprises françaises dans ce classement sont Thales 16ème avec 9,5 Md$(+7%), Naval Group 28ème avec 4,2 Md$(+2%), Dassault Aviation 38ème avec 2,9 Md$ (+38%), KNDS 45ème avec 2,6 Md$(-13%), et Safran 56ème avec 1,6 Md$(+8%), soit un total de 34 Md$, dont on peut estimer 17 Md$ effectivement produits en France, ce qui consolide bien les 20 Md€ de production france pour la BITD française chaque année.

Le prix du programme de véhicule de combat d’Infanterie Puma de la Bundeswehr à presque doublé

Voilà qui ne sera pas de nature à rassurer les Français au sujet du programme MGCS[efn_note]Main Ground Combat System[/efn_note], dont la maitrise d’ouvrage doit être assurée par l’Allemagne. Le programme, attribué à la société Krauss Maffei Wegman, visant à produire 350 véhicules blindés de combat d’infanterie modernes Puma à destination des forces allemandes, a vu son prix s’accroitre de 2,9 Md€, doublant presque le cout total de celui-ci. Et le prix unitaire de ce VCI chenillé de 32 tonnes atteint désormais les 7 millions d’Euro, deux fois le prix d’un VCI de même catégorie comme le Boxer ou le VBCI.

Selon le ministère de La Défense allemand, cette augmentation avait été anticipée, et résulte de l’augmentation des équipements, notamment informatique et de communication, embarqués par le blindé. Il n’empêche que, ramené au nombre d’unités commandées, les 2,9 Md€ représentent une élévation des couts de plus de 8 millions d’euro, et un prix unitaire atteignant les 15 millions d’euro, soit le prix d’un char lourd moderne comme le Leopard 2 A7. Rappelons que, dans le même temps, le chars lourds T90MS russe ou le T99 chinois sont proposés à l’export à moins de 3 m$ pièce, et que le T14 russe est considéré comme « trop cher » par l’Etat-Major russe car son prix dépasse les 3,5 m$..

T14 Armata lors des tests Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
1 VCI Puma coute le prix de 2 T14 Armata russes

Cette dérive des couts n’est pas sans rappeler d’autres exemples, comme l’EuroMale européen dont la maitrise d’oeuvre est également assurée par l’Allemagne, et interpelle nécessairement en France, ou la BITD a su s’adapter pour proposer des équipements à des couts très compétitifs, comme le VBCI Lourd équipé de la tourelle CT40 à moins de 5 m$, le VBMR griffon à moins d’un million d’euro, et même le programme Suffren à 9 Md€ pour 6 sous-marins nucléaires d’attaque, soit un prix comparable à celui de 6 sous-marins Type 212 NG allemands, plus petits, moins puissants, et dépourvus de propulsion nucléaire.

Espérons que, dans les différents programmes franco-allemands en cours, comme le SCAF et le MGCS, les allemands sauront s’inspirer des approches françaises pour maintenir des prix cohérents et interdire les dérives de programmes comme celle-ci.

La Royal Navy envoie un SNA Astute dans le Golfe Persique

Selon le site d’information britannique Express.co.uk, la Royal Navy aurait envoyé un des 6 sous-marin nucléaire d’attaque de la classe Astute en service, dans la région du Golfe Persique, afin d’améliorer et d’étendre la protection des navires croisant dans la région. Toujours selon ce site, l’objectif prioritaire du SNA sera d’effectuer des missions d’écoute électronique et de détection, de sorte à mieux coordonner les actions des bâtiments militaires présents sur la zone.

L’envoi d’un SNA sur une zone de conflit n’est, en général, pas un sujet qui sort dans la presse. Au contraire, les missions d’un sous-marin reposant avant toute chose sur sa discrétion, les ordres de mission de ces bâtiments sont, la plupart du temps, très confidentiels. Le fait que ce déploiement paraisse dans la presse est, en soit, révélateur du manque de solutions dont disposerait la Royal Navy pour répondre aux provocations iraniens. En effet, aujourd’hui, la marine de sa majesté n’est pas en mesure de déployer un bâtiment de surface majeur supplémentaire dans la zone, au delà du destroyer Type 45 récemment envoyé en urgence pour prêter main-forte au HMS Montrose, une frégate Type 23 déjà sur place.

HMS Duncan Type 45 1 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
La Royal Navy a envoyé le destroer Type 45 HMS Duncan dans le Golfe persique il y a 6 jours

Or, l’arraisonnement du tanker britannique Stena Impero par les gardiens de la Révolution iraniens a déclenché un grand nombre de questionnements et d’interrogations dans la presse britannique, mettant en cause l’efficacité de la Royal Navy. Il était dès lors indispensable d’envoyer un bâtiment significatif pour renforcer le dispositif, améliorer la protection des navires de commerce britanniques transitant dans la zone, et signifier aux Iraniens que la Grande-Bretagne était prête si besoin à l’escalade. En l’absence de frégates et destroyers disponibles, et le porte-avions Queen Elizabeth étant à nouveau à quai pour des fuites constatées dans la coque (et n’étant de toute pas façon pas qualifié pour mettre en oeuvre des avions de combat F35B en mission opérationnelle), il ne restait guère que l’envoie d’un SNA comme alternative à la Royal Navy, avec l’obligation de rendre ce déploiement publique, eu égard aux spécificités du contexte politique international comme intérieur, même si un tel bâtiment ne disposerait pas de nombreuses options pour stopper les vedettes rapides légères utilisées par les Gardiens de la Révolution.

On peut toutefois s’étonner de l’absence de réaction des Européens dans cette crise, et notamment de la France, au delà des annonces purement politiques. Rappelons que les britanniques sont très souvent venus en soutien des opérations françaises, notamment au Mali et dans la zone sub-saharienne, que ce soit lors des déploiements avec un soutien logistique très significatif par avions C17 et C130, puis du point de vu opérationnel, avec notamment l’envoi d’hélicoptères lourds CH47 pour les déplacement de la force Barkhane. Eu égard aux actions iraniennes, et sachant que l’arraisonnement du pétrolier iranien Grace 1 répondait à un embargo européen, on pourrait penser que la France, mais également l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, auraient envoyé des navires supplémentaires pour accentuer la protection des navires transitant par le Détroit D’Ormuz, quelques soient leur pavillon, et signifier par là même à Londres, comme à la planète, la valeur de la solidarité Européenne.

Le FSB subit la plus importante fuite de données de son histoire


Le 13 juillet 2019, un groupe de pirates informatiques connu sous le nom « 0v1ru$ », serait parvenu à pirater SyTech, l’un des plus importants fournisseurs du Federal’naya sluzhba bezopasnosti Rossiyskoy Federatsii : le FSB. L’entreprise, dirigée par Denis Krayushkin, aurait travaillé sur près d’une vingtaine de projets, dont une majorité commanditée par l’unité n°71330 du renseignement militaire russe.

Selon Jeffrey Care[1] (analyse corroborée par l’International Center for Defense and Security de Tallinn), cette unité ferait partie du Centre pour la surveillance électronique des communications (FSB TSRRSS) la 16e direction du FSB. Celle-ci serait responsable de l’interception, du décryptage et de l’analyse des communications électroniques et ce, sous la responsabilité directe du directeur du FSB. Cette unité a déjà fait parler d’elle par le passé notamment dans le cadre d’une vaste opération de phishing visant des agents du renseignement ukrainien en 2015.

Cette fuite de données est d’une dimension inédite. Le groupe de hackers serait parvenu à s’emparer de l’équivalent de 7,5 téraoctets de données (près de 7 500 Go). Une fois ces données en possession du groupe 0v1ru$, celui-ci les aurait ensuite transmises au groupe DigitalRevolution , le même groupe qui fut à l’origine de l’intrusion dans les serveurs d’un autre fournisseur du FSB – Quantum – en 2018.

Loubianka 05 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
La Loubianka, le siège du FSB, était le siège du KGB durant l’époque soviétique

Les données dérobées auraient finalement été remises au média BBCRussia qui s’est attaché à leur analyse. Les chercheurs en cybersécurité ont par exemple identifié quelque 25 serveurs malveillants, dont 18 localisés en Russie ainsi qu’un certain nombre de programmes :

  • Nautilus : Suivi de l’activité des utilisateurs sur les principales plateformes de réseaux sociaux (Facebook, MySpace et LinkedIn) ;
  • Nautilus-S : Désanonymisation du réseau Tor. Lancé en 2012, ce programme s’appuierait sur un réseau de nœuds perverti. D’ailleurs, en janvier 2014, une étude des chercheurs de l’Université de Karlstad en Suède a découvert qu’une entité russe non spécifiée était en train d’espionner les nœuds à la périphérie du réseau Tor ;
  • Reward : Infiltration clandestine des réseaux P2P ;
  • Mentor : Espionnage des communications par courriel géré par des entreprises russes ;
  • Hope/Nadezhda : Analyse de l’ensemble de l’Internet russe et de ses connexions au World Wide Web ;
  • Tax-3 : Suppression manuelle des systèmes d’informations, de toutes les données FTS des individus sous protection de l’État.

Si la nature même de certains de ces programmes n’est pas sans rappeler celles de ceux dévoilés par Edward Snowden (XKeyscore, PRISM, ECHELON ou encore Carnivore), d’autres dénotent d’une volonté renouvelée de Moscou d’être en mesure de déconnecter le Runet (l’Internet russe) de l’Internet mondial avec notamment l’adoption par la Douma du « Digital Economy National Program » au début de l’année 2019 pour une entrée en vigueur en novembre 2019.

Cette nouvelle législation vise à garantir que le trafic de données en ligne entre les particuliers, les entreprises et les organisations russes s’effectue à l’intérieur des frontières du pays et que ces données ne soient plus acheminées par l’étranger. En outre, la Russie développe actuellement sa propre alternative au système DNS (Domain Name System) devant en théorie permettre au Runet de fonctionner même dans le cas où les liaisons avec les serveurs basés à l’étranger devaient être interrompues, délibérément ou non.

Jean Lebougre
Spécialiste Cyberwarfare


[1] Jeffrey Carr, Inside Cyber Warfare – Mapping the Cyber Underworld, O’Reilly Media, Second Edition, 2012, pp. 230-231.

Peut-on sortir les investissements d’équipements de Défense du décompte du déficit public en Europe ?

Dans un article du 21 juillet 2019, le blog opex360.com fait le lien entre l’investissement nécessaire de la Bulgarie pour acquérir 8 F16V afin de remplacer ses Mig29 pour un montant de 1,256 Md$, et le creusement du déficit public du pays, qui passera en 2019 de 0,5% à 2,1% du fait de cet investissement. Or, depuis plusieurs décennies, de nombreux hommes politiques français ont milité à Bruxelles pour sortir les investissements en matière d’équipements de Défense du décompte du déficit public. Pourquoi cette mesure n’a jamais eu l’oreille de la commission européenne ? et serait-il possible de proposer un mécanisme pour justifier un telle démarche ?

Si depuis le premier choc pétrolier, la France s’est habituée à évoluer avec des dépenses publiques supérieures aux recettes, ce n’est pas le cas de nombreux autres pays européens, pour qui l’équilibre budgétaire est une doctrine valant postulat. C’est le cas, par exemple, de l’Allemagne, des Pays-Bas, des pays Scandinaves et, étonnement, de nombreux pays d’Europe de l’Est, qui appliquent une rigueur budgétaire marquée depuis leur entrée dans l’UE. Ce positionnement, qui d’ailleurs n’aura pas empêché des dérives et un endettement croissant de nombreux états, notamment l’Allemagne, explique en partie le refus de considérer la proposition française. Il est vrais que, dans une monnaie unique comme l’Euro, le déficit public des uns se répercute sur la stabilité de la monnaie, donc sur la stabilité économique de l’ensemble des pays de la zone Euro. Le cas de la Grèce, puis des craintes sur la solvabilité de l’Espagne et de l’Italie, montrent à quel point ce paradigme est justifié.

Batterie de M104 Patriot de larmee allemande Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Plusieurs pays européens ont récemment acquis le système Patriot PAC-3 américain au détriment du SAMP/T Mamba franco-Italien

En outre, les propositions françaises eurent lieux alors que tous les pays européens étaient engagés dans une réduction massive des formats et des moyens de leurs forces armées, sur l’autel des « bénéfices de la Paix ». La position française, qui elle aussi n’échappa pas à l’élan général, était perçue comme un anachronisme par de nombreuses capitales, même si la France les justifiait par la nécessité d’interventions et d’opérations exterieures, que ce soit en Cotes d’Ivoires, au Rwanda, au Tchad et au Liban, des théâtres considérés comme très lointains par les dirigeants européens.

Depuis le début de la décennie actuelle, avec l’intervention russe en Georgie en 2008, les printemps arabes et l’intervention en Libye, et surtout l’annexion de la Crimée et le soutien aux indépendantistes russophones dans le Donbass par la Russie, les pays européens prirent peu à peu conscience de la nécessité de reconstruire leur arsenal militaire. Depuis, les investissement en matière de programme d’équipements se sont multipliés, avec, fait notable, un recours très important aux équipements américains, même lorsque des solutions européennes existaient. Or, pour de nombreux pays, comme c’est le cas de la Bulgarie, de la Grèce, et même de la France et l’Allemagne, cet effort est limité par la nécessité de respecter les critères de convergences de la zone euro, et notamment un déficit public maximum de 3%. (La Bulgarie ne fait pas partie de la zone euro mais doit y adhérer dans les années à venir).

L’opposition des nécessités économiques et sécuritaires n’ayant pas permis de sortir du statu quo actuel, Il serait salvateur d’imaginer une approche alternative qui permettraient de libérer cet investissement, de sorte à répondre aux enjeux de défense qui se profilent aujourd’hui avec des délais parfois très courts.

VBMR griffon gros plan 1 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Les contrats d’équipements de défense en Europe sont largement contraint par les objectifs de maitrise des déficits publics des états membres

Rappelons en premier lieu que, comme nous l’avons à plusieurs reprise établit dans la doctrine « Défense à valorisation Positive », le retour budgétaire de l’investissement dans l’economie de Défense en France est aujourd’hui égal à 145% des montants investis par l’Etat. Des études parallèles établissent que ce taux de retour budgétaire était supérieur à 100% dans la majorité des pays européens disposant d’un base industrielle et technologique défense. Dès lors, l’investissement réalisé par un pays européen pour acquérir des équipements dont la chaine de valeur est produite en Europe va créer un retour budgétaire positif dans le pays produisant l’équipement, ce qui, du point de vue de la zone euro, neutralise cet investissement, si tant est que effets positifs dans le pays fabriquant soient, eux aussi, neutralisés.

Ce paradigme permet donc de proposer trois approches permettant aux pays européens de neutraliser leurs investissements en matière d’équipements de Défense dans le calcul du déficit public, dès lors que l’équipement est effectivement produit en Europe :

  • Il est possible de passer par une double écriture, l’une pour neutraliser la dépense du pays acquéreur, l’autre pour reporter cet investissement au déficit « de calcul » du pays fabriquant l’équipement, sur la quote part de la valeur de l’équipement effectivement produite sur son sol.
  • Il serait également possible pour l’Etat fabriquant l’équipement de procéder à un abondement direct sur le prix des équipements acquis, correspondant à une partie des recettes et économies budgétaires générées par cet investissement, au bénéfice du pays acquéreur. ( C’est ainsi que procèdent les Etats-Unis, et que la facture Bulgare est passée de 1,7 Md$ à 1,25 Md$)
  • Il est enfin possible de procéder à un mélange de ces deux approches, en procédant à un abondement par exemple de 35% sur le prix de vente, et une compensation budgétaire de 65% des montants investis.

Il faut noter que cette approche, équilibrée du point de vue de la politique monétaire de la zone Euro, favoriserait aussi grandement les industriels européens en Europe. En outre, elle peut également s’appliquer sur les acquisitions « domestiques », à savoir les acquisitions d’équipements de Défense passées à sa propre BITD. Elle permettrait, ainsi, de libérer les investissements de l’ensemble des pays européens pour accélérer la modernisation des forces de défense du continent.

A noter également que, si la compensation budgétaire ne peut être employée pour la vente d’équipements de Défense hors d’Europe, l’abondement partiel peut représenter un moyen très efficace pour contrer les politiques de prix très agressives de pays comme la Chine, la Russie, les Etats-Unis et même la Corée du Sud ou la Turquie, pour capter des marchés. Elle permettrait simplement de neutraliser le surcout des équipements européens lié à la pression fiscale plus importante dans nos pays.

Le Général Didier Tisseyre prendra le commandement du COMCYBER à la rentrée


La parution du Journal Officiel de ce 18 juillet 2019 a vu la nomination du général de Division aérienne du corps des officiers mécaniciens de l’air Didier Tisseyre, actuel adjoint du général Olivier Bonnet de Paillerets, au poste d’officier général « commandant de la cyberdéfense ».

Ce dernier, successeur du premier officier général du COMCYBER, le vice-amiral Arnaud Coustillière, se voit élevé au rang de général de Division par décret.

L’occasion pour nous de revenir sur ce commandement à part au sein du ministère des Armées.

L’officier général « commandant de la cyberdéfense » voit ses attributions précisées par le Code de la Défense. Celles-ci, sont directement déléguées par le chef d’état-major des armées : « Dans le domaine de la conduite de la défense des systèmes d’information du ministère de la défense […] le chef d’état-major des armées est responsable de la surveillance de ces systèmes d’information et de la mise en œuvre des mesures de défense les concernant. Il coordonne son action avec l’autorité nationale de défense des systèmes d’information ».

C’est l’officier général commandant de la cyberdéfense qui peut mettre en œuvre les dispositions de neutralisation et de riposte prévues par le code de la Défense, dans les conditions fixées par le Premier ministre. À ce titre, il est responsable de la conception, de la planification et de la conduite des opérations militaires de cyberdéfense sous l’autorité du sous-chef d’état-major « opérations ».

Dans le cadre de l’exercice de sa fonction, l’officier général commandant de la cyberdéfense « s’appuie sur des unités spécialisées en cyberdéfense appartenant aux armées et aux organismes interarmées sur lesquelles il exerce une autorité fonctionnelle ».

Crée par le décret du 4 mai 2017, le COMCYBER poursuit une courbe ascendante en termes de moyens humains. Sur l’exercice de la Loi de Programmation Militaire 2014-2019, les effectifs ont doublé pour atteindre 3 200 de personnes; avec la nouvelle LPM 2019-2025, c’est près de 1500 nouveaux « combattants cyber » qui seront affecté au COMCYBER, portant ce nombre à plus de 4000 dans le cadre du programme « Ambition 2030 ».

Dans un contexte où les bélligérances se font de plus en plus pressante, nul doute que le général Tisseyre aura fort à faire dans le cadre de ses nouvelles fonctions.


Jean Lebougre
Spécialiste Cyberwarfare

Les 10 programmes de Défense développés dans le monde qui font défaut en France

Avec la signature de la première tranche du programme SCAF, l’entrée en service de la 6eme FREMM Normadie, le lancement du Suffren ou la livraison des premiers Griffon, il est aisé de se complaire dans une forme d’auto-satisfaction concernant les performances de l’industrie de Défense et des armées nationales. Ce serait toutefois oublier que ces programmes ne représentent qu’une partie des outils nécessaires pour assurer La Défense du pays, et surtout, que d’autres nations dans le monde, développent des programmes susceptibles de faire perdre l’avantage technologique sur lequel toute la stratégie de Défense française est construite.

Dans cet article, nous étudierons les 10 programmes les plus emblématiques de ce possible décrochage technologique français à venir, car n’étant, pour l’heure, pas ou peu développés par l’industrie de défense française, et même européenne.

1- Le missile hypersonique 3M22 Tzirkon russe

Le missile 3M22 Tzirkon, en cours de developpement en Russie, est un missile anti-navire hypersonique atteignant une vitesse de Mach 8/9, et une portée de 500 km à plus de 1000 km selon les sources. Il équipera la majorité des bâtiments de surface et les sous-marins de la Marine Russe pouvant être équipés du missile de croisière Kalibr, ainsi que les aéronefs et les batteries côtières. Le missile est présenté comme pouvant maintenir un plan de vol tendu ou semi-balistique. Il emporte une charge militaire de 300 kg d’explosifs ou une tête nucléaire tactique de 100 à 200 kt. Le missile en cours de test aujourd’hui, et doit entrer en service en 2021.

Tzirkon missile Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Vue d’artiste (non validée) du missile 3M22 Tzirkon telle que présentée par les médias russes

Ou en est la France ?

La France développe avec la Grande-Bretagne le missile FMC/FMAN dont certains échos laissent entendre qu’il pourrait atteindre des vitesses hypersoniques, lors de son entrée en service, à la fin de la décennie 2020. D’autres, en revanche, indiquent que le premier missile hypersonique français sera l’AS3G, le remplaçant du missile nucléaire ASMPA, qui n’entrera pas en service avant 2030/2035, et qui ne sera destiné qu’à la dissuasion

Pourquoi ce programme est-il important ?

Le vol hypersonique rend un missile très résistant à toute forme d’interception par les moyens existants modernes, comme les missiles surface-air, et les CIWS. En outre, il réduit considérablement le temps de réaction disponible pour la cible et son escorte, pour tenter de mettre en oeuvre des systèmes de brouillage ou des leurres, le rendant doublement redoutable une fois opérationnel. Pour l’heure, les espoirs occidentaux reposaient sur les difficultés que pourraient rencontrer russes et chinois pour developper un autodirecteur efficace, sachant qu’à de telles vitesses, dans les couches basses de l’atmosphère, le dégagement de chaleur et la ionisation qui en résulte autour du missile nécessite des matériaux opaques aux ondes radars. Mais la Russie comme la Chine ont annoncé avoir développé des Méta-Matériaux répondant à cette problématique.

2- Le Programme de Rail Gun chinois

La Chine est le premier pays à avoir effectivement testé la technologie du canon électrique, ou Rail Gun, à partir d’un navire, en l’occurence un LST spécialement modifié à cet effet. Le Rail Gun chinois, donné pour être en mesure d’atteindre des cibles à plus de 100 km dans sa version actuelle, de 200 km d’ici son entrée en service en 2025, et de 400 km dans des phases ultérieures de developpement, équipera le premier bâtiment de combat de la marine chinoise dès 2025, très probablement un croiseur Type 055.

Le Rail Gun teste par la Marine chinoise sur un navire dassaut LST 1 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le Rail Gun chinois testé sur un transport de chars adaptés aux besoins spécifiques de cette technologie

Ou en est la France ?

La France et l’Allemagne financent un programme destiné à étudier les solutions de Rail Gun à l’ISL de Saint-Louis dans le Haut-Rhin. Mais ce programme, extrêmement peu doté, n’a pas vocation à produire un système d’armes opérationnel. Pour l’heure, le Rail Gun n’est pas une priorité de la DGA, de la Marine Nationale ni de l’Armée de terre.

Pourquoi ce programme est-il important ?

Le Rail Gun, notamment dans le domaine naval, sera de nature à profondément bouleverser les stratégies de combat, en redonnant une puissance de feu très importante aux unités d’artillerie, avec une portée et une précision comparable à celle d’un missile, pour un prix d’utilisation infiniment plus faible, et une capacité de feu décuplée. C’est en outre un système d’armes capable d’anéantir les systèmes de déni d’accès de l’adversaire, avant même que celui-ci ne puisse s’en servir, avec très peu d’options pour la cible. En toute état de cause, le Rail Gun pourrait avoir le même effet sur la hiérarchisation des puissances navales, que celui les missiles anti-navires lors de leur entrée en service, domaine dans lequel, grâce au MM38 Exocet, la France garda une position dominante pendant plusieurs décennies.

3– Le programme Futur Vertical Lift américain

Le programme FVL a pour objet de concevoir une nouvelle génération d’hélicoptères pour remplacer l’ensemble des voilures tournantes de l’US Army. Il se décompose en 5 catégories, disposant chacune de leur propre environnement et de leurs propres exigences, allant du Joint Multi-Role Light devant remplacer les appareils légers de la catégories de OH58 Kiowa, au JLR-Ultra, visant à developper un appareil super-lourd pouvant transporter une charge équivalente à celle d’un avion de transport comme le C130J, soit 20 tonnes comme une soixantaine de militaires équipés, ou un véhicule de transport de troupe blindé tel le Stryker. Le FVL a donné l’occasion de developper des appareils proposant des technologies et des performances très élevées, comme le V280 Valor ou le S-97 Raider.

S97 Raider de Sikorsky 2 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le S97 Raider de Sikorsky lors de ses essais en vol

Ou en est la France ?

Les armées françaises n’ont aucun programme similaire au FVL. Pour l’heure, elles attendent la livraison des NH90 restant, ainsi que des premiers H160M Guépard, qui est certes un hélicoptère très évolué, mais dont les performances en terme de vitesse, de capacité de charge, et de rayon d’action, n’ont rien en commun avec ceux visés par le FVL.

Pourquoi ce programme est-il important ?

Avec le programme FVL, les forces américaines, comme les industriels du pays, vont définir de nouveaux standards en matière d’aérocombat, avec des performances très supérieures à celles des UH60 Black Hawk, AH64 Apache ou CH47 Chinook, qui définissent encore aujourd’hui le standard dans ce domaine. Airbus Hélicoptères a bien présenté le démonstrateur Racer, mais aucun programme militaire s’appuyant sur cette technologie n’a été lancé.

4- Le croiseur Type 055 chinois

Avec ses 180 m et ses 12.000 tonnes, le croiseur Type 055 chinois, identifié par Pekin comme un destroyer lourd, est un bâtiment de guerre préfigurant une tendance qui s’accentuera dans les années à venir. Le navire est très bien armé, emportant 112 silos verticaux longs pour des missiles anti-aériens à longue portée, des missiles anti-navires et des missiles de croisière, un système d’autodéfense à courte-portée de 24 missiles, 1 systèmes CIWS et un canon de 130 mm, il peut tenir tête aux navires les plus puissants de son théâtre d’opération, comme les croiseurs Ticonderoga américain, ou les destroyers lourds Kongo japonais. Mais c’est par son évolutivité que le Type 055 se caractérise. Avec ses 4 turbines à gaz et ses 6 moteurs diesels qui développent, ensembles, plus de 130 MW, il est conçu pour emporter les futures armes à énergie dirigée, comme les laser à haute énergie, les armes à micro-ondes, et surtout le Rail Gun actuellement testé par l’APL, et qui devrait équiper les Type 055 dès 2025.

Type 055 croiseur 1 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le Nanchang, première unité de type 055 en service dans la Marine chinoise

Ou en est la France ?

La France, et la Marine Nationale, n’ont pour l’heure aucun projet visant à developper un bâtiment de combat de surface lourd. Les projets dans les 15 prochaines années recouvrent le programme FDI Belharra de frégates de tailles intermédiaires, le remplacement des frégates de surveillance, et un programme en coopération avec l’Italie pour concevoir une Corvette polyvalente européenne.

Pourquoi ce programme est-il important ?

Les bâtiments de surface lourds sont appelés à devenir des pièces maitresses des dispositifs navals miltaires, raison pour laquelle la Chine, mais également les Etats-Unis (remplacement des Ticonderoga, 20.000 tonnes), et la Russie (programme Lider, 14.000 tonnes) y travaillent activement. En effet, par leur capacité à emporter un nombre très important de missiles et des armes à énergie, ces croiseurs vont représenter des unités essentielles pour supprimer les défenses adverses et dispositifs de déni d’accès, pour la projection de puissance à terre, et pour le contrôle naval, remplaçant, en partie, des missions aujourd’hui confiées à l’aviation embarquée ou à terre.

5- Le véhicule de combat d’infanterie Kurganets 25 russe

Le Kurganets 25 est un véhicule blindé chenillé de 25 tonnes de nouvelle génération, destiné à remplacer les BMD et la majorité des blindés chenillés moyens des forces russes. Il est en cours d’évaluation et devrait entrer en service à partir de 2020, dans sa forme transport de troupe, véhicule de combat d’infanterie, et de mortier mobile automatique. De nombreuses autres versions sont en cours de conception, allant du chasseur de char équipé d’un canon de 125mm au VCI lourds avec la tourelle automatisée Bumerang équipée d’un canon de 30mm, d’une mitrailleuse 7,62mm et de 2 tourelles équipées de 2 missiles Kornet-ER, ainsi que d’une version emportant le canon de 57mm qui équipera le T15. Le Kurganet 25 est équipé d’un moteur diesel de 800 cv offrant un excellent rapport puissance/poids de 32 cv par tonne, garantissant une très grande mobilité tout-terrain et une vitesse de 80km/h sur terrain plat. Il dispose d’un blindage renforcé, d’un système de protection hard-kill et soft-kill, et d’un système de combat compatible avec le Ratnik russe.

Kurganets 25 VCI Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le Kurganets 25 en version combat d’infanterie avec sa tourelle Bumerang

Ou en est-on en France ?

Les forces françaises ne prévoient pas de s’équiper d’un blindé de combat chenillé pour l’heure. Les acquisitions restent concentrées sur les blindés à roues Jaguar, Griffon et Serval, très mobiles sur de nombreux terrains, mais peu adaptés pour le théâtre européen. En outre, aucun de ces blindés, pas plus que le VBCI, ne sont dotés de systèmes de protection Hard Kill, et leur armement est souvent beaucoup plus léger que celui de leurs homologues russes ou chinois.

Pourquoi ce programme est-il important ?

Le Kurganets 25, comme la majorité des programmes de blindés russes, chinois, ou américains aujourd’hui, se concentrent sur des performances compatibles avec des engagements de haute intensité. Ce n’est pas le cas des programmes français, qui restent très imprégnés des retours d’expériences des conflits afghans et maliens. Un programme de blindés lourds chenillés redonnerait aux forces françaises une plate-forme pour reconstruire les capacités haute intensité : VCI, APS, Artillerie, Défense anti-aérienne, chasseur de chars …

6- Le programme de drones de combat S70 Okhotnik

Conçu simultanément au programme PAK FA dont il empreinte de nombreuses technologies, le programme de drones de combat S70 Okhotnik (chasseur) est développé par les bureaux d’études Sukhoï, sur la base du programme de drone Skat initialement développé par MIG. Le drone, qui a effectué ses premiers vols en Mai 2019, impressionne par ses performances attendues, l’appareil devant pouvoir emporter 2000 kg de munitions dans 2 baies imposantes à plus de 3000 km, comme par ses dimensions (20m d’une aile à l’autre) et sa masse de 20 tonnes. Bien que la Russie apparaissait comme à la traine dans le domaine des drones de combat, face aux UCLAV américains et autre Neuron européen il y a quelques années, le pays pourrait bien, désormais, être le premier à utiliser ce type d’appareils de façon opérationnelle.

LUCAV Su70 Okhotnik lors des essais au sol Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le S70 Okhotnik lors de ses essais de roulage en novembre 2018

Ou en est la France ?

Avec le programme Neuron issu du programme franco-britannique FCAS, la France devait disposer d’un drone de combat à horizon 2030. Mais le retrait britannique et l’intégration du FCAS au programme SCAF, semble mettre fin à cette volonté et ce calendrier. Pour l’heure, il n’est plus question de developper un drone de combat, mais des « Remote Carrier », opérateurs déportés légers des systèmes d’armes du futur avion de combat du SCAF.

Pourquoi ce programme est-il important ?

Comme l’a souligné le Chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air (et de l’Espace), la France ne dispose aujourd’hui d’aucun système permettant de supprimer les défenses anti-aériennes adverses, ce qui correspond à l’une des missions du drone de combat S70. En outre, par son rayon d’action et sa vitesse, l’Okhotnik est conçu pour agir comme un multiplicateur de force du Su57, notamment lors des missions d’attaque navale par exemple. Enfin, la plate-forme S70 offre des dimensions et des performances permettant de nombreuses versions spécialisées, comme une version de guerre électronique, une version de détection aérienne avancée, une version destinée à diriger les missiles hypersoniques ….Autant de domaines faisant défauts aux forces aériennes nationales.

7- Le programme Extended Range Cannon Artillery de l’US Army

Parmi les programmes jugés hautement prioritaires par l’US Army, le programme ERCA est un des plus urgents. Il est parti du constat que les canons automoteurs américains M109 Paladin avaient des performances très inférieures à celles de leurs homologues russes et européens. En effet, le Paladin parvient difficilement à atteindre une cible au delà de 20 km, et ne peut dépasser aujourd’hui les 24 km avec des obus classiques, là ou le Caesar français atteint les 42 km et une précision redoutable avec les obus ERFB. Le programme se divise en deux phases. La première, à très court terme, repose sur l’utilisation de l’obus XM1113 à guidage GPS et propulsion additionnelle, amenant la portée du M109 à 40 km, la seconde sur l’allongement du tube des canons, qui en passant de 20 à 29 pieds (8,8 mètres contre 8,2 m pour Caesar) permettra d’étendre la portée des XM1113 à 70 km, et celle des obus classiques à 40km.

m109 paladin Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Les performances du M109 Paladin de l’US Army sont aujourd’hui très en deçà de celles des systèmes russes ou européens

Ou en est la France ?

Nexter, le spécialise français des systèmes et des munitions d’artillerie, concepteur du CAESAR, dispose d’un grand savoir faire dans le domaine, et le CAESAR est aujourd’hui parmi les meilleurs systèmes d’artillerie mondiaux, si ce n’est le meilleur. Elle développe également l’obus Katana, un obus à propulsion additionnelle et guidage GPS permettant d’atteindre une portée de 60 km.

Pourquoi ce programme est-il important ?

Le programme ERCA n’apportera pas, dans un premier temps, d’avantages technologiques décisifs aux forces et industries US, mais il marque une prise de conscience de la part du Pentagone du rôle crucial que représentera l’artillerie dans les engagements de haute intensité à venir. Or, la France a aujourd’hui un parc de systèmes d’artillerie très réduit, avec moins de 80 Caesar, pour 120 tubes automoteurs au total, un chiffre n’égalant même pas la dotation d’une division blindée dans les années 80, ni même d’une division russe aujourd’hui. Le programme ERCA repose sur des technologies existantes, intégrées avec pertinence, pour obtenir un excellent rapport gains de performances/prix et de conserver un nombre important d’effecteurs. C’est, à ce titre, une approche très similaire à celle employée par la Russie pour ses chars de combat (T72B3M etc..), et ses forces en générale, expliquant en grande partie l’avantage opérationnelle qu’elle détient sur les pays européens aujourd’hui.

8- Le programme TF-X turc

En 2010, le gouvernement turc décida de lancer le programme TF-X, la conception et la production d’un avion de combat de 5eme génération qui devra effectuer son premier val avant 2023, et dont l’entrée en service est prévue dès 2026, pour remplacer les quelques 250 F16 en service dans le pays. Le programme, conçu en partenariat avec British Aerospace et Rolls-Royce, et qui sera le premier avion de combat réalisé par la BITD turque, repose sur un appareil déclinable en gamme, allant du monomoteur léger au bimoteur lourd, et intégrera des technologies de 5ème génération, comme une furtivité avancée, la super-croisière, la fusion des données, tout en ne reposant que sur des technologies aujourd’hui matures.

TF X au Bourget Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
La maquette du T-FX turc de TAI industry présentée lors du salon du Bourget 2019

Ou en est la France ?

La France ne prévoit pas de developper de programme d’avions de 5ème génération. Elle a entrepris avec l’Allemagne et l’Espagne le developpement du programme SCAF de 6ème génération prévu pour entrer en service à horizon 2040, et de continuer à moderniser ses Rafales pour y intégrer des technologies de 5ème génération, comme la fusion de données.

Pourquoi ce programme est important ?

La France dispose aujourd’hui de toutes les technologies nécessaires pour developper rapidement et avec une prise de risque technologique très mesurée, un avion comparable au TF-X, donc au F35, dans une enveloppe budgétaire maitrisée, et des délais courts. Un tel appareil pourrait remplacer les mirage 2000 de l’Armée de l’Air lorsqu’ils arriveront en limite de vie en 2030, de sorte à maintenir un format supérieur aux 180 appareils visé par le Livre Blanc, et jugé très insuffisant par l’Etat-Major de l’Armée de l’Air. Il permettrait également de tuiler le developpement technologique du SCAF, donc d’en réduire les risques, tout en apportant un appareil pouvant répondre à une demande significative à l’export, notamment en Europe.

9- Le système Pantsir-SM

Le système de défense anti-aérienne à courte portée Pantsir-SM est la dernière version du Pantsir (‘carapace’ en russe), entré en service en 2012 dans les forces russes. Ce système repose sur un radar permettant de détecter avions, hélicoptères, missiles de croisière et drones jusqu’à 70 km, de missiles permettant d’intercepter les cibles jusqu’à 40 km, et de deux canons de 30 mm à grande cadence de tir pour les cibles à moins de 3km. La Pantsir-SM, qui entrera en service en 2021, bénéficie des retours d’expériences des Pantsir S2 déployés en Syrie, qui montrèrent des performances médiocres face aux drones adverses.

Pantsir SM Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Le Pantsir SM entrera en service dès 2021 dans les forces russes

Ou en est la France ?

La France, comme l’ensemble des pays européens, n’a pas de programme pour developper un système de défense rapprochée ou SHORAD, destiné à assurer la protection des forces engagées, ou des infrastructures critiques. Elle fait reposer cette défense sur l’assurance d’avoir la supériorité aérienne, les systèmes anti-aériens à longue portée comme le SAMP/T Mamba, et les systèmes d’infanterie à guidage infrarouge, comme le missile Mistral.

Pourquoi ce programme est-il important ?

Le besoin de protection rapprochée est devenu indispensable dans le contexte technologique moderne, ou les drones, missiles de croisière, avions et hélicoptères peuvent investir le champs de bataille, quelque soit l’intensité de celui-ci. C’est la raison pour laquelle l’US Army a lancé en urgence le programme IM-SHORAD, visant à produire à court terme 144 blindés assurant une mission comparable à celle du Pantsir. Toutefois, le système russe est à la fois plus performant, pouvant notamment engager des appareils 5 fois plus loin que l’américain, et plus mature, bénéficiant de nombreux retours d’expériences et de doctrines très abouties. L’Allemagne a également noté ce besoin, et envisage d’entamer un developpement européen pour un tel système.

10- Le programme APS Afghanit russe

Le système de protection active (APS) Afghanit est un système hard-kill, soft-kill équipant les chars de combat T-14 et les véhicules de combat d’infanterie T-15 qui entreront en service durant la prochaine décennie dans les forces russes. Le système a pour objectif de détecter, leurrer et, le cas échéant, intercepter les missiles et roquettes antichars qui viseraient le blindé. Le système, entièrement automatisé, repose sur un système de détection intégrant des plaques radars AESA, des détecteurs de visée laser, et des détecteurs infrarouges, des systèmes de masquage en spectre visible et infrarouge reposant sur des fumigènes de différents types, et sur des effecteurs actifs pouvant intercepter les missiles et roquettes qui seraient trop proches. Des systèmes comparables équiperont les Kurganet 25 et Bumerang, alors que les versions modernisées des chars actuellement en dotation, comme le T72B3M ou le T80BVM, sont également dotés de dispositif similaires.

Gros plan APS Afghanit Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Gros plan sur les éléments du système APS Afghanit du T14 russe

Ou en est la France ?

Aucun des blindés actuellement en service dans les forces françaises ne bénéficie de systèmes de protection comparables à ceux en service en Russie. Les blindés de nouvelle génération, comme l’EBRC Jaguar, et le VBMR griffon, seront équipés de systèmes de détection de menace et de protection Soft-kill, mais pas de systèmes hard-kill, de même pour les VBCI ou les chars Leclerc Modernisés.

Pourquoi ce programme est-il important ?

Les expériences acquises par la Russie sur les théâtres de moyenne intensité, en Syrie ou dans le Donbass, ont montré la vulnérabilité des blindés aux systèmes antichars modernes, tout en confirmant leur rôle indispensable sur le champs de bataille. Les systèmes Soft-Kill et Hard-Kill sont dés lors nécessaires à la survivabilité des blindés face à l’adversaire par l’état-major russe, de sorte à pouvoir effectuer leur missions en apportant la puissance de feu et la force d’impact qui les caractérisent. Israël, qui a également une importante experience de l’emploi des blindés en environnement contesté, a, comme la Russie, développé des systèmes de protection avancés pour ses chars Merkava et ses transports de troupe. Les Etats-Unis ont intégré des dispositifs similaires sur leurs Abrams modernisés et leurs Bradley, mais ont fait face à une impasse technologique pour protéger leurs blindés légers Stryker, trop légers pour supporter l’ajout de tels systèmes.

Conclusion

Une liste comme celle-ci est naturellement arbitraire, et de nombreux autres programmes mériteraient d’y figurer, comme celui d’un corvette pour remplacer les avisos de la Marine Nationale, celui d’un hélicoptère lourd européen, ou celui d’un système missile Sol-Sol à capacité nucléaire de portée intermédiaire. Il en ressort toutefois que, si la France a su maintenir des savoir-faire stratégiques tant du point de vue industriel qu’opérationnel, ses armées, et leurs équipements ne sont plus dimensionnés pour l’éventualité d’un conflit face à une puissance technologique. Or ce scénario a pris beaucoup de substance ces dernières années, et d’autres pays, comme la Russie, la Chine, la Turquie, le Pakistan et les Etats-Unis, s’y préparent activement.

Il est de fait plus que temps de cesser de développer les forces armées pour le seul scénario des interventions Opex, telles qu’elles eurent lieux ces 30 dernières années, et de prendre conscience que, du point de vue de la géopolitique mondiale, les 30 années à venir, entre 2020 et 2050, ressembleront bien davantage à la période 1960-1990 qu’à la période 1990-2020 !

Le président de Thales milite pour un rapprochement du SCAF et du Tempest

Dans une interview donnée à « L’Usine Nouvelle », Patrick Caine, le président du groupe d’électronique français Thales, juge que les programmes franco-allemands SCAF et le programme britannique Tempest bénéficieraient d’un rapprochement, pour éviter de recréer une situation comparable à celle ayant donné naissance au Rafale et au Typhoon il y a 30 ans.

Cette interview, qui sonne comme un appel à la raison à l’attention des dirigeants européens, fait suite à l’annonce du partenariat entre Thales et le britannique Aeralis pour le developpement du système d’entrainement et de simulation rattaché au programme Tempest britannique. Surtout, Thales, dont l’ADN tend davantage vers la Grande-Bretagne que vers l’Allemagne, apparait souvent comme le grand perdant français du programme SCAF, sur l’autel du partage industriel au bénéfice d’Airbus DS.

Cependant, l’appel à la rationalisation des programmes européens, s’il peut éventuellement privilégier Thales dans certains domaines, risquerait de créer encore davantage de problème d’exclusion que le SCAF. En effet, là ou le programme franco-allemand (et espagnol) assure la pérennité des savoir-faire de Dassault aviation et de Safran, un programme intégrant la Grande-Bretagne et la Suède obligerait à un partage difficile à accepter pour Dassault dans le domaine de la conception des appareils avec BAe et Saab, également très performants dans ce domaine, et Safran dans le domaine des moteurs avec Rolls-Royce, son concurrent de toujours.

F 35 with Tempest Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Côte à côte, la maquette du Tempest le F-35 Lightning II et un Typhoon

En effet, à périmètre constant, le rapprochement des programmes européens risquerait, au contraire, d’affaiblir les BITD de chaque pays participants, en s’obligeant à trop de coopération. Le SCAF/Tempest étant le seul programme envisagé pour plusieurs décennies en Europe, il sera impossible pour ces entreprises de maintenir des savoir-faire chèrement acquis si tant est qu’elle n’est pas été sélectionnée pour piloter ce domaine dans le programme.

De fait, et comme cela a déjà été évoqué, le seul et unique moyen qui permettrait un rapprochement européen autour d’un programme d’avions de combat, serait de passer à un niveau supérieur de developpement et de planification : le Programme de programmes. Les pays européens s’engageraient, dans ce modèle, à developper non pas un système de combat, mais plusieurs systèmes créant une gamme de systèmes répondant à l’ensemble des besoins européens, avec un planning plus adapté à la réalité géostratégique, augmentant les opportunités commerciales tout en respectant un cadre financier ne dépassant pas celui de deux programmes européens concurrents.

Plus simplement, il s’agirait de developper une gamme d’appareils, un monomoteur léger sur le segment mirage2000/F16/Gripen, un bimoteur polyvalent sur la gamme Rafale/F18/Typhoon, et un appareil lourd, potentiellement hypersonique, sur le créneau F22/Su57/J20, dans une approche de progressivité technologique permettant un tuilage des développements. Pour être efficace, il serait pertinent d’intégrer les drones et autre effecteurs déportés dans ce programme de programmes, avec des approches plus globales, et des plannings dédiés.

Maquette JHXX Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Maquette du remplaçant de 5ème génération du JH-7 chinois. Plusieurs observations semblent attester que l’appareil serait déjà en phase des essais en vol

Cette approche permettrait de developper une véritable gamme d’appareils permettant de sortir de la doctrine de l’appareil « super-polyvalent », et créerait un roulement technologique comparable à ceux planifiés par les super-puissances technologiques, les Etats-Unis (qui travaillent déjà au remplaçant du F22 et du Super Hornet), et la Chine, qui devrait présenter très prochainement son 3ème avion de 5ème génération, destiné à remplacer les avions d’attaque JH-7. En multipliant les programmes dans un programme global, dans une vision globale à long terme au niveau européen, il sera également possible de favoriser la consolidation industrielle européenne dans une approche raisonnée et bénéfique tant pour l’emploi que pour l’efficacité del investissement de Défense.

Si Thales veut effectivement inciter les décideurs politiques à une vision plus efficace et européenne des programmes SCAF et Tempest, il serait préférable de proposer un modèle argumenté reposant sur cette approche, d’autant que, comme dit précédemment, le developpement d’une gamme d’appareils et de drones dans un unique programme européen ne dépasserait pas, du point de vu des finances publiques, la somme des enveloppes consacrées au SCAF et au Tempest.

Nul doute que Thales serait la mieux placée pour soutenir et porter un tel projet !

La tension monte d’un cran dans le Detroit d’Ormuz avec la saisi d’un pétrolier britannique par l’Iran

C’est ce qu’on appelle, un scénario d’escalade… Vendredi 19 juillet, autour de 16:00 heure de Londres, le pétrolier suédois Stena Impero, battant pavillon britannique, a été intercepté par des unités navales iraniennes appartenant aux Gardiens de la Révolution, avec l’aide, semble-t-il d’un hélicoptère. La bâtiment est officiellement accusé par Téhéran d’avoir percuté un bateau de pêche, et a été arraisonné pour la durée de « l’enquête », son équipage étant maintenu à bord, selon le communiqué de l’agence iranienne Isna, qui ne peut, toutefois, s’empêcher de féliciter les autorités iraniennes d’avoir tenu la promesse faite de capturer des bâtiments britannique suite à l’arraisonnement du super-pétrolier Grace 1 par les autorités de Gibraltar.

Un second navire, le MV Mesdar, appartenant au britannique Norbulk Shipping UK, a également été arraisonné par les unités iraniennes pour non respect des règles anti-pollution, mais le bâtiment a rapidement été autorisé à suivre sa route.

Bien évidemment, Londres n’a guère apprécié la manoeuvre iranienne, le porte-parole du gouvernement britannique ayant annoncé être prêt à répondre avec fermeté si les conditions de navigation dans le détroit d’Ormuz ne revenait pas rapidement à la normale. Le ministre des affaires étrangères et candidat au poste de premier ministre Jeremy Hunt a toutefois ajouté que, pour l’heure, Londres n’étudiait pas de recours à la force militaire, et privilégiait les voies diplomatiques. Paris et Berlin se sont joints à la déclaration du Royaume-Unis en exigeant la libération sans délais du Stena Impero, et le retour de l’Iran à la table des négociations pour solutionner ce différent avant que la situation n’aille trop loin.

HMS Duncan Type 45 Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Londres a envoyé dans le Detroit d’Ormuz le destroyer Type 45 pour renforcer son dispositif défensif sur place

Cette action est intervenue à peine quelques heures après que l’USS Boxer, un navire d’assaut porte-hélicoptères croisant dans la zone, ait annoncé avoir abattu un drone iranien qui s’approchait de trop prés, par l’utilisation de moyens de guerre électronique. Téhéran à cependant démenti avoir perdu un drone ni même en avoir déployé un dans la zone. Elle intervient également alors que les premières troupes US arrivent en Arabie saoudite, une première depuis 2003, déploiement faisant suite à l’annonce du renforcement de la présence américaine dans la zone par le président D.Trump.

La libération rapide du MV Mesdar, comme la tentative d’enrober l’arraisonnement du Stena Impero dans un cadre juridique plausible (bien que démenti par l’armateur), montrent que Téhéran essaie de garder le contrôle de la situation sous le seuil de conflictualité. Les appels lancés par les capitales européennes, mais également par Moscou (dont des ressortissants appartiennent à l’équipage du Stena Impero), sont de nature à amener les autorités iraniennes à plus de modération. Reste à voir si ces tentatives d’apaisement porteront leurs fruits ….

Les chantiers turcs Anadolu pourraient remporter le contrat des bâtiments de soutien de la Marine Indienne

Hindustan Shipyard Limited (HSL), le chantier naval situé sur la côte Est de l’Inde (à Visakhapatnam), pourrait signer avec la marine nationale indienne un contrat portant sur des navires de soutien de flotte (FSS – fleet solid support) de 45 000 tonnes, au deuxième trimestre 2020. Sarat Babu, président du chantier, a annoncé que le chantier naval turc Anadolu Shipyard (qui fait partie du consortium TAIS), allait être associé à la construction des cinq futurs navires. Ce dernier a ainsi supplanté ses concurrents allemand (TKMS), italien (Fincantieri), espagnol (Navantia) et russe (Rosboronexports). L’analyse technique et l’évaluation financière du futur contrat sont encore en cours d’étude. 

Si les négociations aboutissent, ce sera la première fois qu’un chantier naval turc participe à la construction de navires de guerres pour la marine indienne. Ce dernier devrait fournir à la Défense indienne la conception des navires, des équipements clés ainsi qu’une assistance technique. Par ailleurs, la politique de construction nationale sera entièrement respectée : tous les composants, y compris l’acier, seront indiens.

Du 9 au 12 juillet dernier, le vice-président d’Anadolu Shipyard, Sualp Omer Urkmez, avait conduit en personne une délégation turque sur le site d’Hindustan Shipyard Limited. A cette occasion, la possibilité de construire les navires à échéance de quatre ans a été abordée. 

HSL shipyards Actualités Défense | Budgets des armées et effort de Défense | Exportations d'armes
Les chantiers navals de Hindustan Shipyard Limited

Ce rapprochement indo-turc dans le domaine naval pourrait symboliser une nouvelle dynamique pour les deux pays dans la région de l’océan indien. La Turquie, qui a obtenu le statut de « Partenaire de Dialogue » au sein de l’Association des États riverains de l’Océan Indien (IORA), en 2018, cherche en effet à accroitre son influence dans la région. En 2016, Ankara avait notamment tenté de convaincre le gouvernement somalien de lui accorder l’autorisation de construire une base navale sur ses côtes, afin d’accroitre la présence turque dans la corne de l’Afrique. 

L’Inde, à travers son premier ministre, Narendra Modi, semble quant à elle prendre ses distances avec l’Iran : son rapprochement avec l’Arabie Saoudite, mais aussi avec Israël, pourrait en être la cause ; de même que les récentes nouvelles sanctions américaines à l’encontre de Téhéran. A l’inverse, un rapprochement avec la Turquie pourrait constituer une alliance intéressante pour l’Inde, notamment en Afrique : les deux pays cherchent à renforcer leur influence sur le continent et s’y implantent durablement. Face à une Chine qui accentue sa présence à la fois dans l’océan indien et sur le continent africain, une coopération indo-turque pourrait donc être amenée à voir le jour. 

Les intérêts convergents entre les deux pays sont tels que Sanjay Bhattacharyya, ambassadeur d’Inde à Ankara, était allé jusqu’à déclarer, en mai dernier : « La Turquie et l’Inde seront les alliés naturels du 21ème siècle ». 

Robin Terrasse – Spécialiste naval Inde