mardi, décembre 2, 2025
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La Chine améliore la résistance à la fatigue de ses rotors d’hélicoptère

La China Aviation Industry Corporation (AVIC) a récemment maîtrisé une nouvelle technologie de résistance à la fatigue pour ses rotors d’hélicoptères. Cette avancée pourrait considérablement accroître la capacité et la durée de service des hélicoptères chinois.

Ce développement intervient après l’annonce de la China Aviation News – Journal du groupe AVIC – qu’un rotor constitué d’un alliage de titane n’ait pas réussi des tests de fatigue. Ce même communiqué annonçant également, avec la collaboration des équipes de recherche de l’Université polytechnique du Nord-ouest et de l’Institut russe des matériaux d’aviation, la mise au point d’une nouvelle technique qui permet de réduire l’usure des composants et de doubler leur temps de service.

Cette avancée russo-chinoise est assez importante pour de multiples raisons. Premièrement, la fatigue d’un rotor n’est pas toujours perceptible, les risques imprévus demeurent certes toujours présents mais seront dorénavant moins probables. Deuxièmement, un rotor résistant à la fatigue pourrait également permettre à un hélicoptère de travailler sous un stress plus élevé, à des vitesses élevées pendant de longues périodes ou soulever des charges plus lourdes sur de longues distances.

Harbon Z9 chinois 1 Actualités Défense | Construction d'Hélicoptères Militaires | Hélicoptères de combat
La Chine a construit ses savoir-faire en matière d’hélicoptères militaires avec le concours d’Airbus Helicopters et de la France. Ici un Z9, version chinoise du Panther.

Naturellement, cette avancée devrait nourrir le programme chinois « Advanced Heavy Lifter », projet d’hélicoptère de transport lourd, mais également de futurs programmes. La Chine peut maintenant utiliser l’alliage de titane précédemment mentionné et profiter de ses propriétés : léger, forte résistance à la corrosion et aux températures extrêmes. Ainsi, Pékin pourrait augmenter la fiabilité de sa flotte dans des conditions environnementales difficiles, comme en mer ou dans le désert.

La valeur stratégique de cette avancée est assez importante : la Chine qui se focalisent depuis quelques années sur sa flotte de haute mer, dont l’un des objectifs est de sécuriser les nouvelles routes de la soie, a besoin d’une flotte aérienne robuste, ainsi la probable utilisation de nouveaux rotors viendrait augmenter la fiabilité de celle-ci en mer. Nous pouvons également émettre l’hypothèse que la version embarquée du Z-20 récemment observée sur une frégate possède une technologie similaire, dans le cas contraire, celle-ci devrait rapidement être déployée sur ces nouveaux engins.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

L’annonce de la Red Team : la Science-Fiction en vigile

L’Agence Innovation Défense a officialisé la création d’une équipe singulière par le Document de l’orientation de l’innovation de la Défense : la Red Team. Cette entité se composera de cinq membres au parcours atypique. Il s’agit de réunir des professeurs de sciences mais également des auteurs de science-fiction afin d’anticiper les révolutions technologiques. Les membres de la Red Team seront des futurologues devant établir des  scénarii aboutissant à des « capacités disruptives ou à s’en prémunir ».

Absurde ? Loin de là. La science-fiction a depuis longtemps prouvé sa capacité d’anticipation sur les technologies. Isaac Asimov (1920-1992) reste une figure fondamentale en matière d’Intelligence Artificielle. Lors de son célèbre cycle des robots, cet auteur a posé les trois lois fondamentales de la robotique, donc des IA. D’abord, un robot ne peut pas agir de manière contraire à l’intégrité de l’homme. Ensuite, il doit obéir aux ordres donnés par l’humain sauf si ceux-ci sont contraires à à la première loi. Enfin, un robot protège son intégrité sauf si cela est contraire à l’une des deux premières lois. 

Les développeurs d’IA ayant majoritairement grandi avec ces références, ces trois lois restent intemporelles pour le moment.  Par exemple, la résistance aux SALA tire son origine de cette référence culturelle. De même, les lignes directrices en matière d’éthique pour une IA de confiance rédigées par le groupe d’experts indépendants de haut niveau sur l’IA mandaté par la Commission européenne s’inscrit dans l’héritage des lois d’Asimov. 

Trente ans après la publication du cycle d’Asimov, la réflexion de l’auteur reste prégnante et perspicace. 

Toutefois, l’AID ne fait pas figure d’exception en créant la Red Team. L’Australie a émis le 15 juillet 2019  un appel d’offres afin de recevoir le maximum de scénarii d’anticipation possibles afin de renforcer ses armées. De même, il a été reconnu que la DARPA a impliqué I.Asimov afin d’optimiser les processus de création dans les années 1950. In fine, La course à la maîtrise de l’IA est entamée depuis plusieurs années et ne cesse de se renforcer. Il est donc essentiel pour chaque acteur souhaitant être une puissance en matière d’IA d’anticiper les futurs impacts et utilisations de cette technologie. Il ne faut cependant pas négliger l’impact des différences culturelles dans cette littérature. La Russie semble moins sensible à l’interdiction de l’armement des SALA comme en témoigne son prochain drone kamikaze ZALA AERO destiné à voler en essaim grâce à l’IA.

Sans surprise, les travaux de la Red Team resteront confidentiels afin de ne pas avantager de « potentiels adversaires », aussi bien étatiques que non-étatiques. En effet, la Red Team devra proposer des usages innovants des technologies actuelles, tel que l’implication de l’IA dans les systèmes d’armements. Les travaux de cette entité seront amenés à être communiqués aux autres services armés afin de diffuser cette capacité d’anticipation. La conséquence probable est de pouvoir enrichir les travaux déjà élaborés par l’apport des réflexions des autres services. 

Romain Hénaff – Spécialiste IA

La coopération entre les materiels pilotés et les drones s’impose à toutes les forces US

En quelques semaines à peine, les 3 grandes armées américaines, l’US Army, l’US Navy et l’US Air Force, ont annoncé des avancées majeures dans les programmes des materiels qui équiperont les forces US dans la prochaine décennie. Et toutes mettent l’accent sur la coopération entre des materiels pilotés avec équipage, et des materiels autonomes, agissant en soutien.

C’est l’US Air Force qui semble être la plus avancée dans ce domaine, avec notamment le programme XQ58 Valkyrie, un drone autonome pouvant être armé construit par la société Kratos, spécialisée dans les drones cibles. Le Valkyrie semble à ce point répondre aux attentes de l’Air Force que le programme est actuellement accéléré, et que le directeur des acquisition de l’US Air Force, Will Roper, veut puiser dans les fonds d’urgence pour commander les 100 premières unités, de sorte à étudier l’interopérabilité de ces drones de seulement 2 million de $ pièce, avec les avions pilotés, l’appareil pouvant atteindre des vitesses supersoniques, ayant un rayon d’action de 1000 km et pouvant emporter des capteurs et des armes guidées. L’entrée en service des Valkyrie pourrait intervenir entre 2023 et 2025.

Le drone Skybord de Boeing dans le programme loyal wingman Actualités Défense | Construction d'Hélicoptères Militaires | Hélicoptères de combat
Le XQ58 Valkyrie de Kratos apporte une réponse attractive aux besoins de l’US Air Force à courts termes

L’US Navy travaille depuis plusieurs années sur le domaine, avec le programme Unmanned Surface Vehicle, qui se décompose en 3 modèles : Le Large ou LUSV, le Medium ou MUSV et l’eXtra-Large Unmanned Undersae Véhicule ou XLUUV , qui lui est sous-marin. Le programme MUSV vient de faire l’objet d’un appel d’offres (RFP) auprés des industriels. Ces programmes sont la prolongation du programme de recherche de la DARPA ASW Continuous Trail Unmanned Vessel (ACTUV) entamé en 2011, et qui donna naissance au Sea Hunter, servant de démonstrateur au MUSV. Ces drones navals devront avoir une structure modulaire permettant d’emporter, selon les besoins, divers équipements. Ils agiront en coopération avec les forces navales pour étendre les capacités de détection et d’engagement des unités. L’entrée en service des premièrs exemplaires interviendra dans la deuxième moitié de la décennie à venir.

Drone sea hunter Actualités Défense | Construction d'Hélicoptères Militaires | Hélicoptères de combat
Le démonstrateur de drone de lutte ASM Sea Hunter de la DARPA

L’US Army, enfin, a intégré cette notion au coeur du programme Manned-Unmanned Fighting Vehicle qui doit remplacer le M2/3 Bradley à partir de 2024. Comme pour la Navy, le programme prévoit le developpement de 3 drones de combat terrestres, identifié comme Robot Combat Vehicle ou RCV, d’une masse et de missions différentes : Le RCV Light de 7 tonnes sera avant tout un drone de reconnaissance et d’identification des cibles, de sorte à pouvoir les prendre en compte par les systèmes d’armes adaptés ; le RCV-Medium de 10 tonnes sera doté d’un canon de calibre moyen (50mm) et de missiles anti-char, à l’instar des véhicules de combat d’infanterie ; le RCV-Heavy, de 20 tonnes, sera lui doté d’une puissance de feu comparable à celle d’un char de combat, avec des missions similaires. L’ensemble de ces drones terrestres apporteront une capacité d’engagement très supérieure à celle d’aujourd’hui, et agira comme un démultiplicateur de force dans l’ensemble de haut spectre d’engagement.

RCV Heavy du programme MUCFV Actualités Défense | Construction d'Hélicoptères Militaires | Hélicoptères de combat
Vue d’artiste du Heavy-RCV de l’US Army. On remarquera le canon de gros calibre et la présence de systèmes de protection hard kill et soft kill sur le drone

Les forces américaines ont donc d’ores et déjà entamé leur mutation vers l’âge robotique du combat. Contrairement aux autres expérimentations en cours, comme les drones Uran russes, ou la dronisation de véhicules existants, les programmes US montrent une réelle détermination à faire du drone l’extension naturelle de la force combattante, et ce dans tous les domaines, y compris les plus sensibles. On constate également une forte détermination à aller vite pour le Pentagone, avec très certainement en ligne de mire, la volonté de pouvoir contre-balancer la puissance démographique potentielle chinoise, qui dispose d’un réservoir de jeunes hommes mobilisables très supérieurs à celui des Etats-Unis et de ses alliés, d’autant que Washington peine de plus en plus à recruter et conserver les profils indispensables pour ses forces armées.

L’U.S. Navy abat un drone iranien dans le détroit d’Ormuz

Le drone iranien se serait trouvé à une « distance menaçante » du navire d’assaut amphibie américain USS Boxer qui traversait les eaux internationales aux environs de 10 heures, heure locale le 18 juillet 2019. Celui-ci aurait été « immédiatement détruit » selon le Président des États-Unis, Donald Trump.

Cette affirmation a néanmoins été nuancée par des responsables du Pentagone. Il apparaît qu’en plus de son armement conventionnel (lanceurs antiaériens RIM-116 et RM-7, tourelles de défense rapprochée CIWS Phalanx etc.), l’USS Boxer est également équipé de moyens de brouillage électronique et plus particulièrement du Light Marine Air Defense Integrated System (LMADIS).

À l’origine composé de deux véhicules tout-terrain MRZR  (l’un chargé de la détection et l’autre du commandement), le LMADIS peut – selon un officier de la 11th Marine Expeditionary Unit – détecter, suivre et abattre des drones par attaque électronique. Même si cette technologie devait voir son déploiement au Moyen-Orient s’achever à la fin du mois de mai, différents observateurs ont néanmoins noté sa présence sur le pont de l’USS Boxer sur des photos publiées plus tôt dans la journée.

L’incident a eu lieu 28 jours seulement après que l’Iran eut abattu un Global Hawk RQ-4 de l’U.S. Navy dans la même zone. Cette étroite étendue d’eau bordant l’Iran sur près de 162 km de long pour une largeur comprise entre 96 et 39 km, se retrouve de nouveau au cœur des tensions dans la région.

Le détroit d’Ormuz qui voit le passage de près d’un tiers du flux total de gaz liquéfié et 20% de la consommation mondiale de pétrole est une zone hautement stratégique pour le commerce international qui a déjà été sujette à de nombreuses crises par le passé.

Les différents acteurs craignent un embrasement généralisé de la région sur fond de crise diplomatique après le retrait des États-Unis du JCPOA – l’accord sur le nucléaire iranien – le 8 mai 2018.

Jean Lebougre
Spécialiste Cyberwarfare

GALILEO : Le système européen de navigation par satellite ne répond plus

Ambitionnant un rééquilibrage du partenariat avec les Etats-Unis avec pour objectif de rendre l’Europe indépendante du système GPS américain d’ici 2020 – du moins d’en proposer une alternative – le système satellitaire Galileo est à l’arrêt depuis le 11 juillet. Cet incident soulève de réelles inquiétudes quant à la capacité des Européens à garantir l’intégrité de leur système satellitaire et de leur propre autonomie dans la prise de décision militaire.

D’après le communiqué de l’Agence européenne des systèmes de navigation par satellite (GSA) en date du 15 juillet 2019, le système de positionnement par satellite européen Galileo « est actuellement affecté par un incident technique lié à son infrastructure au sol » ayant provoqué « une interruption temporaire des services initiaux de navigation et de synchronisation ». Bien que la panne soit désormais connue, la Commission européenne – seule habilitée à se prononcer sur le sujet – s’est voulue rassurante en soulignant que c’est l’objet même de la phase pilote que de tester la robustesse du système. A noter qu’aucun élément sur la nature ou la cause de l’incident n’ont été communiqués. Dans les faits, l’incident est grave et masque difficilement l’embarras d’une Europe qui cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis des systèmes étrangers.

En effet, Galileo est l’illustration parfaite du système satellitaire qui offre une forte capacité de décision aux autorités et ce, de manière souveraine. Bien que conçu dans une finalité exclusivement civile, il propose un service sécurisé et réservé aux usages gouvernementaux car un tel système se révèle tout simplement indispensable pour les besoins militaires. À titre d’exemple, le guidage des missiles dits « intelligents » ne peut se faire aujourd’hui que par l’usage du système GPS. Les forces françaises ont ainsi passé un accord avec les Etats-Unis pour bénéficier des signaux de leur système GPS, mais à tout moment les Américains se réservent le droit de les dégrader. C’est pour pallier à cette dépendance que le système européen Galileo est censé apporter une réelle plus-value, un élément clé dans l’autonomie de la prise de décision.

Bien que l’imagerie spatiale soit devenue un outil indispensable aux décisions politico-militaires de niveau stratégique mais aussi de plus bas niveau opérationnel, il ne faut pas oublier que le véritable centre de gravité d’un dispositif se situe au sol. Dans le cas présent, c’est bien la station de Fucino qui constitue l’épicentre de la panne et cet incident vient nous rappeler un élément qui semble encore bien peu compris du politique : les stations au sol mais aussi l’ outil industriel qui produit les infrastructures nécessaires au lancement de plateformes orbitales sont autant de cibles potentielles et vulnérables. Ainsi, dans une logique de confrontation spatiale de plus en plus affirmée, il existe une impérieuse nécessité à protéger les infrastructures spatiales au sol.

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Le centre de contrôle de Galileo basé à Fucino, Italie.

Cet incident vient nous rappeler la fragilité d’un lieu qui est indispensable à notre quotidien et à la bonne santé de nos économies mais qui s’arsenalise depuis maintenant plusieurs années. La dépendance de nos sociétés à l’Espace paraît gigantesque et pourtant, les menaces et les vulnérabilités n’y ont jamais été aussi prégnantes. Ce constat en appelle à une nécessaire évolution de notre doctrine d’emploi de l’Espace car assurer l’ordre dans l’Espace, c’est garantir la sécurité sur terre. À cet égard, le basculement de la France vers une doctrine spatiale « offensive » va dans le bon sens mais cette initiative devra nécessairement s’accompagner d’une stratégie spatiale d’envergure doublée d’un effort budgétaire à la hauteur de nos ambitions.

NB: depuis la rédaction de cet article, le signal des satellites Galileo est revenu à la normal. Pour l’heure, on ignore toujours les raisons de ce dysfonctionnement majeur.

Axel Trinquier – Spécialiste des questions de défense européenne

La Russie se dit prête à livrer des Su-35 à la Turquie

Ça n’aura pas trainé … A peine la Turquie est-elle officiellement éliminée du programme F35, ne pouvant acheter d’appareil, et ne participant au programme du coté industriel d’ici début 2020, que, selon l’agence Tass, la Russie se positionne, en l’occurrence par la voix de Sergei Chemezov, le dirigeant du géant industriel russe Rostec, qui détient, entre autre, le constructeur Sukhoi, en proposant son Su-35.

Mais proposer le Su-35 risque de ne pas vraiment intéresser Ankara. En effet, si l’avion russe est performant, il n’apporte pas la progression technologique que proposait le F35 aux forces turques. Surtout, il n’apporterait pas d’avantages décisifs que ce soit face à la Grèce et ses F16 block70+ et mirage 2000, face aux européens notamment aux forces françaises et britanniques, équipées de Rafale et de Typhoon, dans le dossier chypriote, ou face à Israel, et ses F15/16/35.

Pour l’heure, les autorités turques ont été « assurées » tant par les Etats-Unis que par les instances dirigeantes de l’Alliance Atlantique que le pays restait un allié majeur au sein de l’OTAN, et visiblement les Etats-Unis font preuve d’une réserve importante pour conserver le statu-quo. En outre, la magnanimité apparente de ces derniers ont pour effet de ne pas mettre à mal le partenariat entre la Turquie et l’industrie aéronautique britannique au sujet du TF-X. Ankara aurait, dans ces conditions, beaucoup à perdre de ne pas jouer l’apaisement, tout en percevant ses S400, et de fait bénéficier d’un statut particulier dans l’OTAN.

Reste l’hypothèse d’un contrat liant acquisition du Su35 et participation au programme Su57 qui pourrait, politiquement, représenter une alternative interessante si tant est que l’exécutif turc prévoit, dans tous les cas, de quitter l’OTAN. De fait, la réponse qui sera faite, ou pas, par les autorités turques à la proposition russe donnera une indication très significative sur les objectifs du président Erdogan pour l’avenir de son pays.

L’US Army Futur Command doit il inspirer les armées françaises (et européennes) ?

Un an après sa création, l’US Army Futur Command arrivera, dans les prochaines semaines, à sa pleine capacité opérationnelle, pour prendre en charge le devenir technologique et opérationnelle de l’US Army. Créé par le général Mattis il y a tout juste un an, et confié au général de corps d’armée Mike Murray, l’AFC a pour objectif de redonner rapidement aux forces américaines un avantage technologique sensiblement entamé ces dernières décennies par des programmes d’équipements en errance, alors que les adversaires du pays, la Russie et la Chine pour ne pas les nommer, ont fait preuve d’une méthode et d’une détermination remarquables pour combler leurs retards, et même parfois dépasser la puissance US.

Et de programmes, il ne manquera pas, comme le Future Long-Range Assault Aircraft (FLRAA) destiné à remplacer les UH60 Black Hawk, le Extended Range Canon Artillery (ERCA) pour étendre la portée des M109 Paladin, ou encore le M-SHORAD pour combler le déficit de systèmes de Défense à courte portée de l’US Army contre aéronefs, hélicoptères et missiles de croisière. A cela s’ajoutent des programmes d’armes hypersoniques, de missiles tactiques, de vision nocturne, d’entrainement et simulation, et bien évidemment, le programme Optionnaly Manned Fighting Vehicle destiné à remplacer les M2 Bradley.

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Le M-SHORAD doit assurer la protection anti-aérienne à courte portée des unités US

Un des objectifs prioritaires du général Murray et de son équipe resserrée, est de tenir la bride serrée à l’ensemble des acteurs de ces programmes, que ce soit en terme de budget, comme en terme de délais, et même de tenter de réduire ces deniers autant que possible. Ainsi, le programme FARA, pour Futur Attack Reconnaissance Aircraft, qui doit remplacer les hélicoptères OH56 Kiowa retirés du service en 2014, est attendu pour 2028 dans les forces, mais l’AFC veut tenter de réduire cette durée de plusieurs années, le besoin étant jugé critique et urgent.

Outre la recapitalisation technologique des armées, la seconde mission de l’AFC sera d’empêcher qu’une situation similaire à celle qui perdure aujourd’hui ne se reproduise, et gardant un permanence en ligne de mire les développements technologiques des autres nations, et en limitant les programmes en durée et, parfois, en ambitions, pour maintenir une puissance militaire optimum à chaque instant, et non « dans quelques années ».

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L’Heliplane de Skyborg participera à la compétition pour le programme FARA

La logique qui sous-tend l’Army Futur Command est interessante à plus d’un titre. Mais c’est avant tout ce dernier point qui est remarquable, et qui devrait inspirer les européens en général, les français en particulier. En effet, si la France ne s’est pas « perdue » comme les Etats-Unis dans des programmes aux ambitions mal maitrisées, comme les destroyers Zumwalt, ou le F35, elle n’en a pas moins laissé s’installer une dérive devenue très inquiétante du vieillissement technologique des forces. Et comme les Etats-Unis, la France est aujourd’hui très exposée en matière d’engagements de haute-intensité, ne disposant ni des blindés, ni des systèmes d’artillerie, ni des systèmes anti-aériens ou du franchissement nécessaires à cette mission.

La force principale de l’AFC est de donner un pouvoir d’expression et de porter jugement à un officier général issu des forces combattantes, dont c’est la mission principale, et qui, de fait, n’hésitera pas à le faire, quitte à froisser les opinions des autorités politiques de tutelles, ou des industriels. En ce sens, l’AFC est une « machine à gagner » les guerres à venir, quelque soit l’adversaire, quelque soit le terrain, quelque soit le tempo. Pour cela, elle devrait être étudiée avec attention par les autorités militaires françaises et européennes.

Les armées britanniques investissent dans les technologies hypersoniques

Le ministère de La Défense britannique vient d’attribuer à Rolls Royce, BAE Systems et Reaction Engines un contrat de 10 m£ pour developper un moteur d’aéronef évoluant dans un régime supersonique élevé, c’est à dire entre Mach 4 et Mach 5, soit la limite communément admise de régime hypersonique. L’objectif est, selon le chef d’état-major de la Royal Air Force, de pouvoir disposer rapidement de cette technologie pour pouvoir l’intégrer dans son arsenal, prenant soin de préciser qu’il ne fallait cependant pas s’attendre à voir un Typhoon hypersonique émerger dans les années à venir.

En effet, ce programme, de même que d’autres lancés récemment, est destiné à fournir une brique technologique pour le programme Tempest, de sorte à donner aux concepteurs aéronautiques et aux états-majors la plus grande gamme de technologies disponibles et fiables pour concevoir le, ou les aéronefs du programme, qu’ils soient pilotés ou autonomes. Cette approche n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle vers laquelle les britanniques ont fait basculer le programme FCAS de drones de combat franco-britannique, ce qui fut interprété comme une reculade de Londres par Paris.

En réalité, les britanniques ont pris, pour le Tempest, un paradigme radicalement opposé à celui choisit par la France, l’Allemagne et l’Espagne pour le SCAF, reposant sur le developpement de briques technologiques d’un coté, et l’intégration de ce briques pour concevoir l’aéronef(s) de l’autre. Coté SCAF, le paradigme repose sur le developpement d’un système intégré, incluant ses propres étapes technologiques. C’est la méthode qui fut employé pour le Rafale, mais avec un gap technologique plus limité que celui qui attend le SCAF.

F35B et Typhoon RAF 1 Actualités Défense | Construction d'Hélicoptères Militaires | Hélicoptères de combat
Il ne faut pas s’attendre à des Typhoon hypersoniques, précise le Chef d’Etat-Major de la Royal Air Force

La méthode britannique est également, paradoxalement, l’application directe des recommandations faites par le GIFAS, et son Président E.Trappier, en 2016, lors de la campagne présidentielle, et qui recommandait précisément de séparer la partie recherche technologique dans des programmes de démonstrateurs, de la partie système d’arme dans les programmes majeurs. Procéder de cette manière offre, en effet, de nombreux avantages, comme une adaptabilité et une réactivité plus grande aux nouvelles technologies qui ne manqueront pas d’apparaitre d’ici 2040, la réduction des risques d’impasses technologiques ralentissant le programme et faisant exploser ses couts, et surtout, la possibilité de pouvoir simultanément intégrer les mêmes briques technologiques dans plusieurs sous-programmes, en fonction de leur degré de maturité.

Or, Rolls-Royce, BAe comme toute l’industrie aeronautique de Défense britannique, ont pu observer par le menu les dérives d’une approche intégrée dans le programme F35, auquel la BITD britannique contribue à hauteur de 14%. Il n’est donc pas étonnant de constater des approches antagonistes entre le programme Tempest et le programme américain.

Quoiqu’il en soit, par ce programme, la RAF ouvre une porte vers des performances haute vitesse du Tempest, sans y précipiter le programme. Une chose est certaine, le programme Tempest mobilise beaucoup au Royaume-unis…

L’Iran annonce avoir « saisi » un pétrolier étranger et ses 12 membres d’équipage

La ficelle était un peu grosse … Ce week-end, les autorités iraniennes avaient annoncé avoir porté assistance à un pétrolier effectuant des liaisons régulières vers Abu Dhabi, le MT Riah, un bâtiment de 65 mètres navigant sous pavillon panaméen. Le pétrolier avait cessé d’émettre sa position et ne répondait plus aux appels radios, lorsque l’agence de presse iranienne annonça qu’une mission d’assistance avait été lancé suite à un appel de détresse du navire. Appel de détresse qu’étonnement, personne d’autre à par les autorités portuaires iraniennes n’avait reçu.

Aujourd’hui, la télévision d’Etat iranienne a annoncé qu’un pétrolier étranger et ses 12 membres d’équipage avait été intercepté par les forces navales des gardiens de la révolution, alors que celui-ci « passait en contrebande du pétrole par les eaux territoriales iraniennes ». Le lien avec le MT Riah est évidemment trivial.

Cette annonce fait suite aux menaces de rétribution faites par les autorités iraniennes à l’encontre des bâtiments de commerce britanniques transitant par le détroit d’Ormuz, après que les Royal Marines aient intercepté le super-pétrolier iranien « Grace 1 » au comportement très suspect alors qu’il passait le détroit de Gibraltar. La frégate HMS Montrose présente à proximité du Detroit d’Ormuz avait déjà dû intervenir il y a quelques jours pour tenir à distance des patrouilleurs armés appartenant aux gardiens de la révolution qui tentaient d’accoster le pétrolier British Heritage dans le même détroit. La Grande-Bretagne a, en retour, décidé de renforcer son dispositif naval sur place en envoyant sur place le destroyer Type 45 HMS Duncan.

Intercepter un petit pétrolier local apparait comme un moyen pour les autorités iraniennes de tenter de maintenir un rapport de force dans la zone, sans franchir le seuil du casus belli que constituerait une attaque sur un navire britannique, américain ou européen. Cela peut toutefois inciter les membres de l’Alliance Sunnite à renforcer leur dispositif naval, ce qui augmenterait, sans le moindre doute, les risques d’affrontements et d’escalade. Ensemble, les marines saoudiennes, des Emirats Arabes Unis et d’Oman alignent 7 frégates et une vingtaine de corvettes modernes, soit une force comparable en nombre mais plus moderne que la flotte iranienne qui, en revanche, dispose de sous-marins dont 3 Kilo russes.

L’US Air Force veut rendre les munitions GPS résistantes au brouillage

L’US Air force vient d’annoncer l’attribution d’un contrat de 10 m$ à Lockheed-Martin pour developper un nouvel autodirecteur GPS pour son missile JASSM, pour Joint Air-to-surface Standoff Missile, un missile de croisière aéroporté subsonique d’une portée de 400 à 1000 km selon les versions. Cette commande fait suite aux différentes observations de l’efficacité des systèmes de brouillage et de « spoofing », consistant à faire dériver le signal GPS pour fausser la précision du guidage, employés par les adversaires potentiels que pourraient avoir à affronter les armées américaines.

La vulnérabilité du signal GPS, et ses conséquences, est devenu la priorité des états-majors américains, qui ont lancé simultanément plusieurs programmes pour en palier les effets, tant pour les munitions très exposées, qu’elles soient d’artillerie, navales ou aériennes, ou pour les forces elles-mêmes. Ainsi, L’US Army a commencé la distribution de nouveaux récepteurs GPS résistants au spoofing, notamment à ses forces déployées en Europe.

krasukha 4 GPS jamming russia Actualités Défense | Construction d'Hélicoptères Militaires | Hélicoptères de combat
La Russie a développé un imposant arsenal de brouillage, notamment du signal GPS. Ici, un systeme Krasukha-4

La Russie a développé une importante capacité de brouillage, notamment du signal GPS, et ne se prive pas de l’utiliser, que ce soit lors d’exercices et d’événements se tenant à proximité des frontières avec les pays européens, en Ukraine ou en Syrie. On peut toutefois s’interroger sur les moyens dont elle disposerait, et qui, eux, resteraient confinés pour une utilisation en cas de conflit. Il est en effet peu probable que les unités de brouillage russes utilisent l’ensemble des systèmes mis à leur disposition lors d’exercices se tenant à quelques encablures de tous les systèmes de détection de l’OTAN.

La difficulté pour les industriels occidentaux en charge de palier ce problème, sera non seulement de contrer les systèmes connus, mais d’anticiper les progrès réalisés par la Russie ou la Chine dans ce domaine, et qui resteraient confidentiels. En particulier, le risque de brouillage s’accompagne d’un risque cyber avéré, aux conséquences pouvant être tout aussi handicapante. Quand aux Etats-Majors, ils savent désormais que leurs forces doivent être en mesure d’évoluer et d’effectuer leurs missions en environnement ou les services de communication et de localisation sont totalement ou partiellement inaccessibles. La Carte, la boussole et la HF ont encore de beaux jours devant eux.