mardi, décembre 2, 2025
Accueil Blog Page 352

Le Portugal commande 5 Embraer KC-390 au Brésil

L’Armée de l’air portugaise vient d’annoncer avoir commandé 5 avions de transport tactique KC-390 du constructeur Embraer, pour un montant total de de 932 m$, incluant un simulateur de vol et des pièces détachées. C’est le premier succès à l’exportation pour l’avion brésilien, qui peine à trouver sa place entre les offres de Lockheed et de Airbus. A noter que le Portugal fournit déjà une partie des éléments du KC390 par l’usine aéronautique Embraer d’Évora. Les appareils devront être livrés entre 2023 et 2027.

Issu d’un partenariat entre Boeing et Embraer, le KC-390 a des arguments pour séduire. Il peut, ainsi, transporter 25 tonnes de fret sur 2600 km à Mach 0,8, faisant de l’appareil une alternative au C-130 Hercule de Lockheed, qui n’atteint que Mach 0,5, mais sur une distance de 15% supérieure à chargement équivalent. Surtout, le KC-390 affiche un tarif attractif, avec un prix annoncé de 50 m$ en condition de vol, là ou un C-130 dépasse les 60 m$, et ou un A400M atteint les 135 m$, mais évolue dans une toute autre catégorie.

C’est la raison pour laquelle, en Avril 2013, six pays s’engagèrent pour une commande de 60 appareils auprés d’Embraer : Le Brésil (28), le Portugal (6), l’Argentine (6), la Colombie (12), le Chili (6) la République Tchèque (2). Mais suite à de nombreux retards et incidents lors des tests, seul le Brésil avait validé sa commande avant que le Portugal ne le rejoigne, avec seulement 5 appareils, et non 6 comme prévu. La France était prête à en acquérir entre 10 et 15 exemplaires pour remplacer une partie de ses C160 Transall si le Brésil choisissait le Rafale, comme ce fut le cas avec les Embraer 121 commandés par la France en compensation d’un contrat pour l’acquisition d’hélicoptères Puma par le Brésil. Depuis 25 ans, tous les pilotes de transport et de patrouille maritime de l’Armée de l’Air et de la Marine font leurs armes sur le petit bimoteurs brésilien. Mais une fois le Gripen choisi par le président Lula, l’Armée de l’Air choisit de s’équiper en C-295 d’Airbus.

EMbraer EMB121 Xingu Actualités Défense | Aviation de Transport | Brésil
Un Emb121 Xingu de la Marine Nationale, utilisé pour les liaisons et pour la formation des pilotes de Patrouille Maritime

On note, toutefois, que le prix global du contrat annoncé par le Portugal, peut faire douter du prix unitaire annoncé par Embraer, même en tenant compte d’un important stock de pièces détachées, du simulateur, et d’une formation technique. Si des écarts importants peuvent apparaitre dans les contrats d’aéronefs militaires, ceux ci reposent souvent sur des livraisons de systèmes complémentaires, comme des munitions, et l’adaptation de l’appareil aux systèmes du client. C’est beaucoup moins sensible dans le cas d’un appareil de transport. Dès lors, si le prix de l’appareil dépasse celui annoncé, on peut comprendre le manque d’empressement des partenaires initiaux qui, contrairement au Portugal, ne sont pas acteur industriel du programme.

Les premiers systèmes S400 ont été livrés à la Turquie

Selon l’agence de presse turque Anadolu, les premiers systèmes S400 commandés par la Turquie ont été livrés comme prévu cette semaine par 2 avions An-124-100 sur la base aérienne d’Akinci, et seraient d’ores-et-déjà sur la base aérienne de Murted prés d’Ankara. Un second lot serait en cours de chargement pour une livraison qui devrait avoir lieu ce week-end ou en début de semaine prochaine.

Pour l’heure, Washington n’a pas officiellement réagi à cette annonce, et Ankara reste sur les positions martelées depuis plusieurs semaines, à savoir qu’il n’y aurait aucune raison pour les Etats-Unis de s’émouvoir de cette livraison, et de prendre des sanctions contre le pays.

Il est toutefois peu probable que le statu quo ne perdure longtemps, alors que Donald Trump est en campagne électorale, et que ses positions semblent plus radicales que jamais sur les sujets internationaux. La réponse de Washington ne tardera donc pas à arriver.

Avec la classe Suffren, la France préserve son rang international

A moins de vivre en Corée du Nord ou sur Jupiter, vous n’avez pas pu rater la cérémonie portant sur le (non) lancement du nouveau Sous-marin Nucléaire d’Attaque de la Marine Nationale, le Suffren , première unité de sa classe éponyme qui en comptera 6.

Ce lancement, qui fait grand bruit médiatiquement, est en effet un moment déterminant, pour la Marine Nationale qui doit remplacer ses SNA Rubis, pour Naval Group et la BITD française qui montre son excellence technologique, et pour le pays, qui reste dans le club très fermé des nations capables de concevoir et construire des sous-marins nucléaires, qui plus est de dernière génération, et qui se limite aux 5 membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU.

FREMM MdCN Actualités Défense | Aviation de Transport | Brésil
Comme les frégates FREMM, les SNA Suffren pourront lancer des missiles de croisières MdCN d’un portée de plus de 1000 km

Le Suffren est, avant tout, une merveille de technologies, intégrant toute l’experience que Naval Group, Thales, MBDA et l’ensemble de l’écosystème technologique ayant participé à sa fabrication, a acquis au fil des décennies, et des différents programmes allant de la Daphnée au Triomphant en passant par les Agosta, les Rubis, les Redoutable et les Scorpène. C’est également une arme de haute précision pour les équipages de la Marine Nationale, qui vont pouvoir faire jeu égal, et même surpasser, les Astute britanniques, les Virginia américains.

C’est enfin un outil politique, par sa capacité à rester plusieurs mois en immersion, avec une discrétion acoustique sans égale même a vitesse de croisière, des systèmes sonar et de communication de nouvelle génération, et la capacité de tirer des missiles de croisière MdCN, donc de frapper en toute discrétion n’importe quelle cible se trouvant à moins de 1000 km d’un océan ou d’une mer ouverte.

Conseil de securite ONU Actualités Défense | Aviation de Transport | Brésil
Avec le Suffren, la France justifie son siège de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, avec le droit de Veto qui en dépend.

Mais avant tout, le lancement du Suffren marque, au niveau national, européen et international, le statut particulier de la France, et symbolise les efforts de reconstruction des forces militaires du pays, trop longtemps délaissées. En ce sens, il intervient à un moment critique, alors que l’Europe de La Défense peine à se trouver un modèle, et que des voix en Allemagne estiment que la France devrait transférer à l’Union européenne son siège de Membre Permanent au conseil de Sécurité. Car ce ne sont pas les efforts conjugués de de Gaulle et de Churchill pour imposer la France dans le camps des vainqueurs de la seconde guerre mondiale qui justifient cette position, mais bien les 4 SNLE Triomphant, les 2 escadrons Rafale de la composante aérienne de la dissuasion, le PAN Charle de Gaulle, seul porte-avions nucléaire non américain navigant sur les mers du globe, la FOT capable de projeter une brigade en quelques jours pour pacifier le Mali, et le Suffren et ses 5 sister-ships , qui justifient la position française dans ce club fermé. Ni l’Allemagne, ni aucun pays de l’UE (hormis les britanniques et la France), ni même l’UE n’ont aujourd’hui aucune de ces capacités.

La reconstruction de la puissance militaire française a besoin de symboles, pour envoyer des messages claires, au Monde comme à la Nation. Et le lancement du Suffren est un magnifique symbole.

Le Missile israélien Spike refusé par l’Inde en raison d’échecs répétés lors des tests

Depuis son entrée en service à la fin des années 90, le missile antichar Spike de l’israélien Rafael a remporté un immense succès commercial, avec aujourd’hui 23 pays équipés, dont 13 appartenant à l’OTAN, très souvent au détriment du Milan français qui n’a pas su évoluer dans les temps. Aux jours d’aujourd’hui, prés de 30.000 unités de ce missile d’infanterie ont déjà été livrés.

Après l’engagement entre l’aviation pakistanaise et indienne du mois d’avril 2019, les autorités indiennes décidèrent d’accélérer la procédure d’acquisition pour une livraison en urgence de 240 missiles et 12 postes de tirs, dans l’attente de la validation de la commande principale, portant sur 8356 missiles, 321 postes de tir et 15 simulateurs, pour un montant de 1 Md$ divisé en 2 lots. Malheureusement, cette commande vient d’être annulée par New Delhi suite à des échecs répétés lors de tests en conditions réelles du missile s’étant tenus l’année dernière, l’auto-directeur infra-rouge n’étant pas parvenu à détecter ses cibles.

En outre, l’Inde vient d’admettre au service le nouveau missile anti-char Nag (cobra), un missile de nouvelle génération lourd de facture locale, et du chasseur de char Namica qui emporte 12 de ces missiles portant à 5 km dont 8 prêt à faire feu. De fait, la DRDO (Defense Research and Development Organisation) estime qu’un transfert de technologie n’est plus nécessaire pour developper un missile anti-char d’infanterie, d’autant que le Nag et le Namica ont réussi les tests auxquels le Spike a, lui échoué.

L’annulation de ce contrat ouvre également la voie à la Joint-Venture entre MBDA et l’indien Larsen & Toubro lancée en 2017 pour co-developper un missile anti-char de 5eme génération sur la base du missile MMP, avec donc une offre de transfert de technologie plus attrayante pour la DRDO que le SPIKE israélien, et ce malgré l’écart de prix entre les deux systèmes.

Possible montée en puissance des belligérants en Ukraine

Alors que les yeux sont braqués sur le détroit d’Ormuz et sur les cours du pétrole, les belligérants présents en Ukraine semblent bien se préparer à en découdre à nouveau, dans un avenir proche.

Coté ukrainien, c’est avant tout l’aide des Etats-Unis qui change la donne. Non seulement ceux-ci ont alloué une aide de 300 m$ pour l’acquisition rapide de différents systèmes de communication, de brouillage, de visés ainsi que des missiles d’infanterie et des fusils de précision, ils ont également annoncé vouloir déployer des unités américaines dans les ports ukrainiens. Or, c’est en partie sur le fondement d’une rumeur du même ordre que les autorités russes avaient déclenché l’opération militaire visant à se saisir de la Crimée, craignant que les forces politiques du pays ne mettent fin au droit d’utiliser le port de Sevastopol pour la flotte de la mer noire, et d’y voir s’y déployer des bâtiments de l’OTAN, plus particulièrement des navires de guerre américains. En outre, l’armée ukrainienne a très sensiblement renforcé ses moyens ces derniers mois en percevant de nouveaux blindés modernisés, de nouveaux drones, ainsi que des systèmes d’artillerie, de défense anti-aérienne et côtière. Avec le soutien de formateurs de l’OTAN depuis 4 ans, l’armée ukrainienne aujourd’hui n’a plus grand chose de comparable avec celle qu’elle était en 2014.

Coté russe, des rapports indiquent de vastes déplacements de materiels et de munitions, dont des chars de combat, des lance-roquettes multiples et divers systèmes sur blindés, depuis quelques semaines. Selon des rapports ukrainiens, ce sont plus de 600 tonnes de materiels, munitions et carburants qui auraient été acheminés par voie ferrée vers Luhansk et Donetsk.

TOS 1 LRM Donbass Actualités Défense | Aviation de Transport | Brésil
Des systèmes lance-roquettes multiples TOS-1 en service uniquement dans les armées russes ont été repérés à plusieurs reprises par les drones de l’OSCE dans le Donbass

Les rapports journaliers de l’OSCE continuent de recenser un nombre important de déplacements de systèmes lourds dans la zone de conflit entre les deux oblats sécessionnistes et le territoire ukrainien. En quelques jours, plusieurs dizaines de T72 et T64 ont ainsi pu être observés par les drones de l’organisation européenne coté ukrainien, alors que le coté russe mobilise de plus en plus de systèmes d’artillerie ainsi que des systèmes anti-aériens. Chaque camp se livre à des déplacements quotidiens de sorte à ne pas apparaitre comme violant les accords Minsk II, que tous savent désespérément caduques.

Il est probable qu’en l’absence d’un déploiement d’une force d’interposition européenne entre les belligérants, et de la prise en compte raisonnée et équilibrée par ces mêmes européens des positions des différents acteurs et effecteurs de ce conflit latent, la dérive guerrière est quasiment inéluctable à plus ou moins court terme. Les Etats-Unis voyant d’un bon oeil la possibilité d’un conflit par proxy avec la Russie, celle-ci ne pouvant tolérer la présence permanente de bâtiments américains en mer noire et considérant le sud de l’Ukraine jusqu’à Odessa comme un territoire avant tout russophone, et l’Ukraine voulant recouvrer son intégrité territoriale, les trois acteurs de ce conflit pointent tous dans la même direction funeste.

Economie de La Défense : prenons les bonnes valeurs de référence !

Dans un article de « La Croix » sur le rôle stratégique de La Défense dans l’économie du pays, deux intervenants, Yannick Quéau et Paul Sarfati, sont pris en référence pour poser des « vérités » qui n’en sont pas, mais qui pourtant marqueront les esprits.

Le premier soutient que l’industrie de Défense, la BITD, n’emploierait que « 120.000 » emplois directs et indirects en France, un chiffre hautement fantaisiste. En effet, la BITD développe annuellement un chiffre d’affaire moyen de 20 Md€, ventilé en 7 Md€ pour les programmes à effets majeurs, 8 Md€ à l’exportation, et 5 Md€ entre la R&D et le MCO. Si les emplois directs ne représentaient que 100.000 emplois en France, cela mettrait la productivité de l’industrie de Défense deux fois et demi plus importante que celle dans l’industrie française, y compris l’industrie aeronautique. En effet, l’industrie française déploie une productivité de 85.000 € par an, alors que dans le cas cité, elle serait de 200.000 € par an ….

En outre, le rapport emplois directs / emplois indirects est également très largement sous-estimé. En effet, la masse salariale représente environ 50% des dépenses de la BITD, avec 10 emplois par m€ investi. Les 500 m€ restant servant à financer les taxes, les dividendes, et surtout la sous-traitance, pour 350.000 €. Cette sous-traitance génère donc, sur la base du cout salarié moyen en France, 5 emplois directs, puis 2,5 emplois de sous-traintance secondaire, et 1,5 emplois de sous-traitance tertiaire etc. Ce sont donc 9 emplois indirects qui sont créés par million d’euro investi dans la BITD. Etonnement, ce chiffre correspond aux constations faites par plusieurs études terrain dans les bassins d’emploi de Bourges, Lorient-Brest et Toulon. Enfin, les emplois créés, qu’ils soient directs et indirects, créés des emplois induits, liés à la consommation, représentant, sur la base des constations terrain, 8 emplois pour les 19 emplois industriels générés. Cette valeur est également cohérente avec l’injection dans l’économie locale de 30% de la masse salariale distribuée, en tenant compte d’un effet de seuil à 50%. A ces 27 emplois générés par l’investissement d’état, s’ajoute les emplois liés aux exportations, soit 15 emplois supplémentaires sur la base de 8Md€ export pour 12 Md€ local, dont 6 dans la la BITD, 5 emplois de sous-traitance , et 4 emplois induits, pour un total de 42 emplois par m€ investis constatés.

Le second point porte sur une comparaison toute aussi hasardeuse entre « 1 euro investi dans l’éducation et 1 euro investi dans l’armement ». Les conclusions selon lesquelles 1 euro investi dans l’éducation générerait plus d’emploi que dans l’industrie de Défense sont hautement contestable. Non pas qu’elle soit fausse d’ailleurs. En effet, Avec un budget de 50 Md€, l’Education nationale emploie 1 million de personnes dont 837.000 enseignants, générants 400.000 emplois induits et 100.000 emplois induits de sous-traitance selon les même grilles de calcul. De fait, le ministère de l’Education nationale alimente un écosystème de 1,5 million d’emplois, pour 50 Md€, là ou le Ministère de La Défense généré alimente, lui, un écosystème de 850.000 emplois pour 35 Md€ ; soit 33 emplois par m€ dans l’éducation nationale, et 27 pour le ministère des armées.

Là ou la démonstration est largement critiquable est dans la mise en opposition de deux investissements. En effet, avec 27 emplois par m€ investi, le ministere de La Défense rapporte au budget de l’Etat, 1,1 m€ au budget de l’Etat en tenant compte des cotisations sociales versées par ces emplois dont 70% sont privés, et 1,45 m€ si l’on tient compte de l’économie réalisée sur la prestation chômage. Au contraire, les 33 emplois générés par l’éducation ne rapportent, avec seulement 35% d’emplois privés, que 700 k€ de recettes et charges (les cotisations et les taxes sont bien moindre dans l’éducation nationale que dans l’industrie de Défense), passant à 900k€ en tenant compte des effets sur le chômage.

De fait, là ou la comparaison par le nombre d’emplois créés veut montrer une pertinence supérieure de l’investissement dans l’éducation nationale que dans La Défense, l’extension de cette démonstration au budget de l’Etat inverse le processus, et montre même que l’investissement dans l’industrie de Défense génère beaucoup plus de recettes et économies budgétaires qu’il n’en coute, au point de pouvoir compenser, en grande partie, les couts de la masse salariale des militaires pour obtenir un budget global équilibrant recettes budgétaires et dépenses de l’Etat pour le ministère de La Défense, chose que le ministère de l’éducation nationale serait bien en mal de faire…

Mais c’est surtout la comparaison de ces deux postes budgétaires qui est ridicule. L’Education nationale est un poste budgétaire aussi indispensable que celui de La Défense pour assurer la pérennité de l’Etat. Opposer les deux dépenses revient donc à nier le besoin de l’un vis à vis de l’autre, ce qui, eu égard des réalités géopolitiques comme économiques modernes, serait non seulement dangereux, mais également contre-productif. En outre, dès lors que le budget des armées parvient à atteindre un niveau d’équilibre entre dépenses et recettes, à périmètre budgétaire constat pour l’Etat, il n’y a aucune raison de le baisser, ni même de ne pas l’augmenter proportionnellement aux besoins des armées, puisque l’effet d’éviction, à savoir la baisse des crédits de l’un pour alimenter celui de l’autre, est neutralisé.

En d’autres termes, ces comparaisons, et les valeurs annoncées, ne résultent pas d’une analyse objective, mais de travaux ayant pour objectif de soutenir un discours donné. Et ce n’est certainement pas ce dont le pays, ni l’Europe, ont besoin aujourd’hui !

La Qatar commande pour 2,2 Md$ de missiles à l’américain Raytheon

L’émirat du Qatar n’en fini pas de signer des chèques pour renforcer sa force militaire. Après avoir commandé, coup sur coup, 36 Rafale à la France, 24 Typhoon au Royaume-Uni, et 36 F15QA aux Etats-Unis, pour ne parler que du volet aérien, voilà qu’il vient de passer une commande de prés de 2,2 Md$ à l’américain Raytheon, pour acquérir un nombre non communiqué de missiles Air-Air AIM120 AMRAAM-ER, de systèmes de défense anti-aérien à moyenne portée NASAMS conçu en partenariat avec le norvégien Konsberg et utilisant ce même missile, ainsi que de nouvelles batteries de missiles Patriot.

Le missile AIM-120 AMRAAM est un missile air-air à moyenne portée à autodirecteur radar très utilisé par les forces occidentales. Il pourra équiper aussi bien les F15QA que les Typhoon Qatari, les Rafales utilisant eux des missiles MICA de conception françaises, ainsi que le Meteor européen.

Le NASAMS, pour Norwegian Advanced SAM System, est un système sol-air à moyenne portée employant le missile AIM120, et prochainement l’AIM9X sidewinder, pour assurer une défense dans un périmètre de 20 km autour de la batterie. Il utilise le radar AN/TPQ-36A tridimensionnel pour détecter et engager les cibles aeriennes. Ce système connait un important succès ces dernières années, car permettant de donner une seconde vie opérationnel aux missiles AMRAAM ayant consommé tout leur potentiel de vol. La France propose elle le système MICA-VL, pouvant équiper des batteries terrestres mobiles comme des navires de combat, dont la corvette Gowind2500 qui en emporte 16 pour assurer son autodéfense, et ayant une portée sensiblement égale à celle du NASAMS. Le système français est en service dans 5 forces armées dans le monde (EAU, Oman, Maroc, Georgie et Botswana), alors que le NASAMS en équipe 6 (Norvège, Lituanie, Oman, Espagne, Australie et donc, Qatar dans le futur)

NASAMS Kronberg Actualités Défense | Aviation de Transport | Brésil
Le Qatar est le quatrième pays à l’exportation à choisir le système de défense anti-aérienne NASAMS co-développé par Raytheon et le norvégien Konsberg

A noter qu’avec 88 avions de combat en parc, le Qatar deviendra le pays ayant la densité la plus importante au monde, avec 1 avion de combat pour 29.000 habitants, dépassant Singapour qui menait depuis longtemps le classement avec 1 avion de combat pour 50.000 habitants. A titre de comparaison en France cette densité est de 1 avion de combat pour 250.000 habitants, en Russie de 1 pour 110.000 habitants, aux Etats-Unis de 1 pour 135.000 habitants, et en Allemagne, de 1 pour 570.000 habitants.

La Bulgarie commande 8 F16V auprés de Lockheed-Martin

Le ministère de La Défense bulgare a annoncé avoir signé le contrat portant sur l’acquisition de 8 F16V pour remplacer ses Mig29 hérités du Pacte de Varsovie, pour un montant global de 1,26 Md$. Il semble donc que le constructeur américain ai su trouver les arguments pour convaincre Sofia, alors que le ministre de La Défense Krassimir Karakatchanov estimait il y a encore quelques semaines que les conditions tarifaires accordées à son pays étaient très en deçà de celles proposées à d’autres membres de l’OTAN, citant la Slovaquie qui a acquis 14 F16V pour 1,6 Md$.

Comme toujours, la décision ne s’est pas faite sur le prix des équipements, très largement surévalué puisque portant le prix du F16V et de ses équipements au prix d’une offre équivalente de Rafale et même de Typhoon, mais sur le montant de l’aide américaine accordée dans le cadre du programme ERIP destiné au soutien des pays européens pour remplacer leurs équipements issus de la période soviétique. Ce montant n’est pour l’heure pas communiqué, mais au vu du montant de la facture bulgare, il devrait s’établir entre 400 et 500 m$. Sachant pertinemment que ce contrat rapportera à l’Etat fédéral entre 900 et 1200 m$ sur les 10 premières années de son exécution, le gouvernement américain n’a aucune difficulté à accompagner ainsi ses offres, de sorte à se garantir de la main mise sur un nombre croissant de pays européens en matière de Défense.

Rappelons que chaque année, les pays de l’Union européenne importe pour plus de 60 Md$ qu’équipements de Défense en provenance des Etats-Unis, alors qu’elle n’en exporte que 7 à 8 Md$ en retour. De fait, les 7 Md$ qui alimentent le fond de soutien à La Défense de l’Europe, finançant en partie les déploiement, et en partie l’équipement des alliés, est très largement compensé par les quelques 45 Md$ de recettes budgétaires générés par le client…

Tant que les Européens en général, la France en particulier, ne se mettront pas à armes égales avec les Etats-Unis dans ce domaine, il ne faudra pas s’étonner de voir les contrats de défense européens tomber les uns après les autres dans l’escarcelle de Washington.

L’Iran aurait tenté d’arraisonner un pétrolier britannique dans le Détroit d’Ormuz

Finalement, Téhéran semble bien déterminer à mettre ses menaces à exécution, suite à l’arraisonnement du pétrolier Grace 1 lors de son passage par le détroit de Gibraltar par les forces britanniques. En effet, selon un communiqué du ministère des affaires étrangères outre-manche, trois vedettes appartenants à la branche Marine des gardiens de la Révolution, auraient donné la chasse au pétrolier British Heritage, avant d’être éloignées par la frégate de la Royal Navy HMS Montrose qui croisait à proximité dans le détroit d’Ormuz.

Peu d’indications sur l’opération n’ont été donné, mais par un communiqué de l’agence officielle Fars, les gardiens de la révolution ont nié avoir voulu s’en prendre à ce pétrolier, ni même avoir croisé la route du Montrose.

Que l’opération ait été ou non succès, elle fait toutefois peser une menace effective sur les bâtiments qui naviguent par ce détroit par lequel 30% du pétrole mondial transite chaque année. Depuis la mi-juin 2019, les cours du pétrole brut sont passés de 51$ à plus de 60%, une hausse de presque 20%, et ces annonces ne vont certainement pas entamer la tendance aussière en cours. Paradoxalement, un pétrole cher profite avant tout aux adversaires de l’Iran, en premier lieu desquels les pays de l’Alliance Sunnite, qui voient leurs recettes croitre rapidement. Les Etats-Unis ont également intérêt à voir un prix du pétrole au dessus de 60$ pour rentabiliser leurs investissements en matières de gaz de schiste, alors que la Russie a construit son budget à moyen terme sur l’hypothèse d’un pétrole à 65$. A l’inverse, la Chine, premier partenaire commerciale de l’Iran, n’a aucun intérêt à voir le prix du pétrole monté, pas plus que le Japon ou les pays Européens. Faire porter la pression sur les cours du brut apparait donc, en soit, comme globalement contre-productif pour l’Iran, qui cherche avant tout à pouvoir vendre à nouveau sa production sur le marché international, au sujet duquel elle n’a guère que la Chine et les Européens comme soutien.

On peut en déduire que l’objectif de cette opération était probablement avant tout intérieur, de sorte à montrer la détermination du gouvernement iranien et des instances religieuses pour faire face à ses adversaires, fussent-ils également leurs meilleurs alliés.

L’Australie renonce à ses hélicoptères de combat Tigre

Les forces armées australiennes, en passant commande de 22 hélicoptères de combat Tigre au standard ARH (Attack Reconnaissance Helicoptere) auprés d’Airbus Hélicoptères en 2001, furent les premiers, et les seuls, clients à l’exportation de l’appareil. Malgré ce statut privilégié, ces dernières rencontrèrent de grandes difficultés en matière de disponibilité comme pour l’approvisionnement des pièces détachées, ainsi qu’avec la qualification opérationnelle de l’aéronef qui n’interviendra que 6 ans après la livraison du premier exemplaire en 2016. De fait, rapidement, le ton monta entre les autorités australiennes et le constructeur européen, au point que les forces armées décidèrent, il y a deux ans, de se passer de leurs hélicoptères acquis peu de temps auparavant, pour s’équiper d’un appareil plus léger, et surtout affichant une meilleure disponibilité et un cout de maintien en condition opérationnelle inférieur.

C’est désormais chose faite avec le lancement du programme Land 4503, dans le cadre de l’importante modernisation des forces entreprises depuis 2014. Les autorités australiennes ont donc lancé une lettre de demande d’information (RFI) pour l’acquisition de 29 hélicoptères de combat auprés des constructeurs occidentaux. Le Bell AH-1Z Viper est souvent cité comme ayant la préférence de l’Etat-Major du pays, mais il est probable qu’Agusta-Westland proposera son AW129 Mangusta, et Hughes son AH64 Apache, bien que ce dernier dépasse sensiblement les exigences de la RFI. Airbus Hélicoptère, quand à lui, ne participera probablement pas à cette compétition.

Le Bell AH1Z Viper Actualités Défense | Aviation de Transport | Brésil
Le Bell AH-1Z Viper est donné favori dans la compétition à venir en Australie

Reste que cette annonce pourrait représenter une excellente opportunité pour l’ALAT afin de renforcer son parc de Tigre que l’on sait largement sous-dimensionné vis-à-vis des besoins opérationnels réels. L’acquisition des 22 appareils australiens d’occasion pourrait permettre d’augmenter le parc de prés de 35%, d’autant que l’appareil possède déjà la capacité à tirer des missiles Hellfire et des roquettes à guidage laser, comme le standard HAD. Ce serait également un bon moyen d’inverser la nature du message porté par ce renoncement, en montrant que la France accompagne ses clients jusqu’au bout malgré les problèmes, et que le pays considère le Tigre comme une plate-forme de premier plan. En outre, cela permettrait d’augmenter rapidement le parc d’hélicoptères modernes, donc de réduire celui de Gazelle qui n’ont plus rien à faire sur un champs de bataille, sans bouleverser le programme industriel de montée en puissance des livraisons de H160 Guepard.

Une option à certainement considérer rapidement avec attention…