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L’Italie dévoile ses ambitions navales à horizon 2035

La Marine Italienne a publié la nouvelle version de son plan stratégique couvrant la période 2019-2034, et présentant les grandes ambitions du pays en matière de marine de guerre. En effet, si la Marine Italienne avait depuis les années 50 toujours été proche en matière de format de la Marine Nationale, elle va, dans les prochaines années, largement dépasser cette dernière, et ceux dans quasiment tous les domaines.

Ainsi, si le porte-avions Cavour restera l’unité majeure des forces navales italiennes, celui-ci sera épaulé par 4 navires amphibies dont le LHD Trieste, capable lui aussi de mettre en oeuvre des appareils à voilure fixe F35B. En plus des deux destroyers de type Horizon, deux nouveaux destroyers d’une nouvelle classe DDX viendront renforcer ses capacités de défense anti-aériennes. Les 10 frégates FREMM seront elles rejointes par 7 frégates PPA en cours de construction, et 8 corvettes du programme European Patrol Corvettes.

La flotte sous-marine se composera des 4 sous-marins Type 212A déjà en service, et de 4 nouvelles unités modernisées Type 212NFS acquises récemment, et dont la construction démarrera prochainement dans les chantiers navals italiens. En outre, elle disposera de 3 pétroliers ravitailleurs Volcano, de 12 chasseurs de mines de 8 de nouvelle génération, et deux navires de renseignement électronique dont une nouvelle unité.

Lancement pPa fincantieri Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
Lancement de la première PPA de Fincantieri

Du coté des forces aéronavales, les 15 F35B en cours de construction seront épaulés par 30 hélicoptères lourds AW-101 Merlin et de nouvelle génération à rotors basculants, de 56 hélicoptères moyens ASM dont 46 S90 et 10 NH90, et de 12 hélicoptères légers. La patrouille maritime sera forte de 9 appareils (probablement des P8 Poseidon), et de 16 drones de surveillance navals.

Ces ambitions dévoilées appellent deux constatations préoccupantes :

  • La Marine Italienne, dont la zone d’action effective se situe en Méditerranée, et qui doit protéger une ZEE de 500.000 km2, aura des moyens sensiblement supérieurs, et plus modernes, que la Marine Nationale, présente sur 2 fronts (Méditerranée, Atlantique), devant protéger 11 millions de km2 de ZEE, et chargée de garantir l’efficacité de la seule force de dissuasion de l’Union européenne.
    • 2 bâtiments (peut-être 5) pouvant mettre en oeuvre des F35B contre le PAN Charles de Gaulle
    • 4 destroyers anti-aériens contre 2 Horizons + 2 FREMM AA aux performances limitées (radar Herakles, 32 VLS)
    • 10 FREMM contre 6
    • 7 PPA contre 5 FDI Belharra soit 21 bâtiments de 1er rang pour l’Italie et 15 pour la Marine Nationale
    • 8 Corvettes planifiées, aucune en France.
    • 8 Sous-marins d’attaque AIP contre 6 SNA français, certes plus performants
    • 12 chasseurs de mines dont 8 nouvelle génération, 8 Tripartites en France, pas de plan arrêté pour la prochaine génération.
  • Les chantiers navals italiens vont avoir un plan de charge particulièrement fourni dans les 15 années à venir, avec 3 Navires Amphibies, 2 nouveaux destroyers, 5 PPA, 8 corvettes, 4 sous-marins et 8 chasseurs de mines à construire. Sur la Même période, les chantiers navals français vont construire 5 FDI, 4,5 SNA, entameront la construction du prochain SNLE et probablement 6 corvettes pour remplacer les 6 Frégates de Surveillance. Soit, approximativement, 120.000 tonnes à construire coté italien, dont 105.000 de bâtiments de surface, contre 70.000 tonnes coté français, avec dont seulement 40.000 tonnes de bâtiment de surface.

En outre, avec un plan de charge sur 15 années, la Marine Italienne dispose désormais d’une visibilité dont la Marine Nationale se satisferait bien.

F35B Italie Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
La marine Italienne disposera de 15 F35B pouvant être embarqués sur le Cavour et le Trieste. Elle disposera donc d’une permanence aéronavale, comme la Grande-Bretagne.

On comprend mieux, à la vue de ces chiffres, l’immense écart qui existe entre les besoins effectifs de la Marine Nationale aujourd’hui, et les moyens qui lui sont effectivement alloués. La perte de souveraineté française se jouera, d’abord et avant tout, sur les mers, et dans ses territoires ultra-marins, ne disposant d’aucune capacité de protection effective face à des marines de mieux en mieux équipées et entrainées au service de nations de plus en plus revendicatives…

Signe des temps, l’US Army ressort le disperseur de mines terrestres Volcano en Pologne

Si les Etats-Unis n’avaient pas signé, comme la France et l’Allemagne, la convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines anti-personnelles de 1997, Ils n’en avaient pas moins remisé leurs équipements de dispersion de mines Volcano M126 et M139 en 2001, face à l’absence de besoin opérationnel. Et de fait, aucune mine n’a été utilisée par les forces coalisées en Afghanistan et eu Irak ces 20 dernières années. Mais le retour de la menace haute intensité a finalement eu raison de ces bonnes intentions.

Ainsi, la semaine dernière, les forces américaines présentent en Pologne (signataire de la convention d’interdiction des mines anti-personnelles) ont fait la démonstration de l’utilisation du M126 Volcano monté sur camion, permettant de miner avec une densité d’une mine par mètre carré, une zone de de 1100 mètres sur 120 mètres entre 4 et 12 minutes selon la configuration du terrain. La version aéroportée M139, montée sur hélicoptère UH-60, et également en service dans l’US Army, peut miner la même surface en moins d’une minute.

M139 sur UH60 Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
M139 Volcano monté sur un hélicoptère UH-60

L’utilisation de champs de mines permet d’interdire certaines manoeuvres à l’adversaire, ou à protéger ses flancs. C’est avant tout une arme défensive, et son retour dans l’inventaire américaine est signe que la menace russe aux frontières européennes est de plus en plus prise sérieusement par l’Etat-Major américain comme par celui de l’OTAN.

A noter que si 131 pays ont effectivement signé la convention interdisant l’utilisation de mines anti-personnelles, la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan ou encore les deux Corées, comme les Etats-Unis, s’en sont préservés, et disposent aujourd’hui de plusieurs dizaines de millions de mines de tout type prêtes à l’emploi. A l’instar de la convention de Dublin sur l’interdiction des armes à sous-munitions, elle aussi ignorée par ces états, on peut se demander de la valeur d’une convention ou d’un traité limitant l’utilisation d’un type d’armement alors que les nations les plus puissantes militairement s’en défient ?

Accélérations et simplifications des procédures d’acquisition d’armement en Inde

Le marché de l’armement en Inde, s’il est aujourd’hui le plus important au monde, en est également le plus compliqué, et nombres d’entreprises de Défense se sont brisées les os dans le dédale administratif et politique indien. Mais depuis les élections législatives de ce printemps, et la grande victoire du premier ministre Modi dont le parti a obtenu la majorité absolue au parlement, le nouveau ministre de La Défense, Rajnath Singh, a entrepris de rapidement simplifier, renforcer et accélérer, les procédures d’acquisition d’équipements de Défense, notamment à l’importation. Car en effet, malgré un budget conséquent, les armées indiennes peinent à se moderniser, alors que ses voisins, comme le Pakistan et la Chine, se modernisent à grands pas, créant un gradient de puissance très problématique pour New Delhi.

C’est la raison pour laquelle, depuis quelques semaines, les annonces de passation de contrats et de modification de procédures, se succèdent. Ainsi, la semaine dernière, le gouvernement indien a, ni plus ni moins que supprimé les taxes d’importation sur les équipements de Défense. Une mesure de bon sens, puisque ces taxes étaient payées par l’Etat pour les finances publiques, engendrant une couche administrative supplémentaire sans plus-value. Un exemple qui pourrait inspirer le législateur européen qui continue d’estimer que les acquisitions d’armements doivent être sujet à la TVA. Cette simple mesure va libérer des moyens supplémentaires auprés du ministère de La Défense, sans pour autant impacter la ventilation budgétaire pour l’Etat Indien.

Rajnath Singh ministre defense inde Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
Le nouveau ministre indien de La Défense Rajnath Singh veut moderniser en profondeur les armées indiennes

Et de fait, les annonces concernant des programmes d’acquisition s’intensifient depuis. Ce week-end, c’est ainsi le programme d’acquisition de 56 avions de transport européens C295 d’Airbus DS, pour un montant dépassant les 1,5 Md€, qui a été validé et passé en traitement administratif. La commande de missiles antichars israéliens Spike a également été validée, concomitamment à l’ouverture d’un programme visant à l’acquisition d’obus de précision à portée étendue Excalibur de 155mm auprés de Raytheon et BAe, pour les nouveaux obusiers M-777 acquis cette année par l’Armée de terre indienne. Du coté naval, ce ne sont pas moins que 6 programmes pour plus de 30 bâtiments qui ont été lancés en une semaine, couvrant du patrouilleur armé à la frégate polyvalente.

De nombreuses entreprises françaises et européennes de la BITD étant impliquées dans le marché de Défense indien, cette modification de paradigme engendrera un regain d’activité, et d’annonces, à son sujet.

Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne : une chance pour l’Europe de la Défense ?

Désignée pour remplacer le luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission, la ministre fédérale allemande de la défense est une européenne convaincue. Femme de poigne[efn_note]Anja MAIER, « Ursula von der Leyen, une combattante à la tête de l’Union européenne » in Die Tageszeitung, 3 juillet 2019[/efn_note], elle n’a pas hésité à se positionner en faveur d’une défense européenne – parfois à contre-courant de ses pairs au gouvernement – notamment en impliquant davantage l’Allemagne dans des coopérations industrielles militaires, à l’instar du SCAF et du MGCS. Dans un contexte où l’Allemagne semble envoyer des signaux contraires, cet évènement pourrait être emblématique d’une nouvelle impulsion donnée à l’Europe de la Défense. 

Francophone et europhile convaincue, Ursula von der Leyen défend une vision fédéraliste de l’Europe et sa désignation constitue un signal fort envoyé à l’étranger : elle a ardemment défendu le principe d’autonomie stratégique de l’Union européenne malgré un soutien affiché à l’Alliance atlantique[efn_note]Ursula VON DER LEYEN, « The World Still Needs NATO » inThe New York Times, january 18, 2019[/efn_note]. A ses yeux, l’idée d’une défense européenne plus autonome n’est pas antinomique avec l’OTAN, plaidant ainsi pour plus de coopération sur les enjeux de défense entre les pays occidentaux. En neutralisant ce faux-débat, elle ne fait que souligner un élément qui sauve l’OTAN, non pas en raison de la volonté de surévaluer un lien transatlantique fragilisé que de sauver la cause européenne. Renforcer l’OTAN, c’est renforcer notre propre sécurité collective tout en consolidant, progressivement, l’idéal tant convoité de l’autonomie stratégique européenne. Si le cadre otanien n’existe pas, il n’y a rien en Europe : pas de standardisation, pas d’opérations conjointes, pas d’état-majors. 

  Bien qu’issue d’un gouvernement entretenant la tradition allemande de retenue en matière de défense, elle est partisane d’une ligne plus ferme en matière de politique étrangère pour l’Allemagne et à cet égard, elle a su démontrer son indépendance de la politique allemande et des idées trop précautionneuses qui la dominent. Elle fut à l’origine de l’envoi d’armes aux forces armées kurdes et irakiennes[efn_note]Derek CHOLLET, « Meet Europe’s Rising Defense Stars » in Defenseone.com, march 25, 2015[/efn_note], rompant la tradition allemande de ne pas exporter de matériel militaire vers une zone de conflit. 

   De plus, en sa qualité de Ministre fédérale allemande de la défense, elle s’est rapidement engagée dans la maîtrise du budget pour le matériel militaire, or l’Allemagne a besoin de garanties fortes en matière financière avant de s’investir un peu plus profondément dans des coopérations industrielles. Ainsi, elle a ouvertement critiqué Airbuspour les échecs répétés du contrôle des fournisseurs, des coûts et des délais de livraisons[efn_note] « Germany seeks further 12.7 mln euros from Airbus for A400M delays » in Reuters, august 2, 2016[/efn_note]. Dans les programmes « dimensionnants » que sont le SCAF et le MGCS, il existe une impérieuse nécessité à ne pas reproduire les dysfonctionnements des programmes  antérieurs que furent ceux de l’Eurofighter Typhoon et de l’A400M.À cet égard, Ursula von der Leyen pourrait bien incarner cette garantie et ainsi ériger un pont entre les aspirations françaises en termes de défense européenne et la puissance financière allemande. 

A400M de la Luftwaffe Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
A400M de la LuftWaffe. U. von der Leyen avait vivement critiqué le pilotage du projet

 Néanmoins, une certaine tension reste palpable entre Français et Allemands sur la coopération industrielle liée au SCAF,  les restrictions à l’exportation irritant Paris[efn_note]Laurent LAGNEAU, « Pour le Président Macron, l’Allemagne fait preuve de ‘’démagogie’’ au sujet des ventes d’armes à l’Arabie Saoudite » in Opex360.com, 27 octobre 2018[/efn_note]. Pourtant au cours d’une tournée européenne, Angela Merkel et von der Leyen avaient émis des promesses confirmant une montée en puissance des engagements de l’Allemagne en termes de défense. Mais ce discours a été mis à mal par les actes, à savoir la restriction à l’export et le délabrement significatif des forces allemandes qui sont obligées de se vampiriser pour maintenir leur engagement dans la force d’intervention européenne rapide[efn_note]Laurent LAGNEAU, « Actuellement, l’armée allemande ne peut pas tenir sa place à la tête de la force de réaction très rapide de l’OTAN » in Opex360.com, 19 février 2018[/efn_note]. 

  Avoir une telle personnalité à la tête de la Commission constitue indéniablement un signal positif envoyé aux partisans d’une Europe de la défense. Toutefois, si sa force de conviction peut s’avérer motrice dans des coopérations industrielles, elle peut être perçue comme risquée dans un contexte de montée des populismes et de contestations croissantes de la supranationalité de l’Union européenne. Il s’agira de trouver un équilibre dans le cheminement vers une intégration militaire approfondie, tout en se gardant de tomber dans un fédéralisme radical à outrance, susceptible d’irriter un peu plus les eurosceptiques et leurs bases électorales qui ne cessent de progresser. Seul l’avenir nous dira si le mandat d’Ursula von der Leyen correspondra – ou non – à une phase d’impulsion et de maturation de l’Europe de la défense. 

Axel Trinquier

Spécialiste des questions européennes de Défense

Un SNA chinois transite en surface dans la détroit de Taïwan

La Marine chinoise a, une nouvelle fois, joué avec les nerfs des autorités militaires taïwanaises, en faisant transiter une sous-marin nucléaire d’attaque Type 093G dans le détroit séparant l’île indépendante et le continent. La fréquence de ces démonstrations de force s’accélère sensiblement ces dernières années, alors que la Marine Chinoise croit en nombre comme en performances.

Le fait de faire transiter un sous-marin nucléaire d’attaque Type 093G est, à lui seul, le signe de la grande confiance qui anime désormais l’Etat-Major et les équipages de la marine chinoise. Jusqu’à présent, les sous-marins type 093, seconde génération de SNA de conception chinoise, étaient préservés des regards au maximum. Qui plus est, la version G, identifie également comme la classe Shang, est l’ultime version du type 093, grandement améliorée au niveau de ses moyens de détection, de sa discrétion, et emportant des silos verticaux pouvant recevoir le missile anti-navire supersonique YJ-82 ainsi que le missile de croisière CJ-12. Du point de vue acoustique, cette version, plus discrète que le Type 093, est dite comparable aux Akula russes.

Type 095 SNA chine Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
Une vision d’artiste du nouveau SNA Type 095 chinois et des armements emportés. Remarquez les silos verticaux à l’avant,

Les sous-marins chinois continuent à être perçu comme inférieurs à leurs homologues occidentaux, alors que, dans les faits, d’immenses progrès ont été réalisés ces dernières années. Ainsi, le sous-marin nucléaire d’attaque Type 095, dont on estime qu’un à deux bâtiments sont d’ores et déjà en test, disposent d’un revêtement anéchoique, d’un carénage d’hélice et d’une structure anti-vibration le rendant, selon plusieurs sources, aussi discret que les dernières versions du Los Angeles américain grâce notamment à sa propulsion électrique et son nouveau réacteur haute-pression.

Dans le même registre, les dernière versions de sous-marins à propulsion conventionnelle Yuan, identifiée comme Type 039B, seraient aussi discrets que les Improved Kilo russes, tout en bénéficiant d’une propulsion AIP à batteries Lithium-ions, augmentant très sensiblement son autonomie en plongée. Ces submersibles, utilisés avant tout en posture défensive, représentent aujourd’hui une réelle menace pour les sous-marins occidentaux, même les versions les plus performantes, comme les Virginia américains, ou les Soryu japonais.

La Marine chinoise reçoit chaque année entre 2 et 3 nouveaux sous-marins de tous type, du SNLE Type 094 au SNA Type 095, en passant par le sous-marin AIP Type 039B (parfois identifié comme Type 041), lui permettant de moderniser rapidement son parc tout en l’étendant.

La FREMM italienne contrainte de prendre du poids pour le contrat FFG/X

Selon un article du site Defensenews.com, très au fait des questions de défense, notamment aux Etats-Unis, le groupe Italien Fincantieri aurait été contraint de modifier sensiblement le design de sa FREMM proposée dans le cadre du programme FFG/X, de sorte à satisfaire aux exigences de survabilité de l’US Navy. En effet, cette dernière aurait estimé que le blindage et le compartimentage du bâtiment était trop léger pour répondre aux standards de la Marine Américaine, ce qui aurait contraint Fincantieri à ajouter 300 tonnes d’aciers à son navire, ainsi que de revoir en profondeur l’agencement intérieur du bâtiment.

Cela ne remet pas en question les chances de la FREMM dans cette compétition, qui maintient un rapport performances/prix très positif face à ses concurrentes, notamment du fait de son importante évolutivité, qui avait fait l’objet de soins particuliers en Italie. Toutefois, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la capacité des FREMM Italiennes comme françaises à encaisser des dégâts, et à y survivre, et de se rappeler comment la frégate norvégienne Helge Ingstad, construite par l’espagnol Navantia, avait coulé suite à une collision dans le fjord de Bergen avec le pétrolier maltais Sola TS le 8 Novembre 2018.

Reste que les exigences américaines sous-tendent que l’US Navy, comme l’US Army et l’Air Force, se préparent activement à un retour du risque d’engagements de haute intensité, face à des adversaires susceptibles de porter des coups effectifs contre sa flotte.

La Roumanie commande 5 F16 supplémentaires auprés du Portugal

Les autorités roumaines ont annoncé qu’elles avaient inscrit le financement au budget de l’Etat pour commander 5 F16 block 15+ d’occasion auprés du Portugal, en sus des 12 déjà acquis en 2013 auprés de ce même pays. Une provision de 638 m€ a été faite pour financer cette acquisition, destinée à remplacer les Mig21 toujours en service dans les forces aériennes roumaines. Ces mêmes autorités ont également annoncé vouloir acquérir 36 F16 d’occasion supplémentaires dans les prochaines années, en provenance des Etats-Unis et des pays européens, pour porter sa flotte à plus de 50 avions de combat. En outre, Bucarest, avec Athènes et Varsovie, a rejoint l’initiative américaine pour acquérir, dans les années à venir, des avions F35A de 5eme génération.

De part sa position stratégique sur la Mer Noire, et ses frontières avec la Moldavie et l’Ukraine, la Roumanie fait l’objet désormais d’une grande attention de la part des stratèges de l’OTAN, qui y ont déployé des appareils de combat supplémentaires pour assurer la protection du flanc sud de l’Alliance Atlantique. Le pays a, par ailleurs, engagé de nombreux programmes de modernisation de ses forces armées, avec l’acquisition du systeme américain Patriot PAC3 de défense anti-aérienne, des lances-roquettes HIMARS, et la semaine dernière, 4 corvettes Gowind 2500 et la modernisation de ses 2 frégates Type 22 auprés du français Naval Group.

A l’autre bout du continent, on peut s’interroger sur l’avenir de la force aérienne portugaise, qui aura cédé 40% de ses F16 en service, et qui n’a pas, pour l’heure, annoncé de programme de modernisation de son parc aérien.

Mig21 roumanie Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
Les forces aériennes Roumaines disposent encore de 2 escadrons de MIG21 soviétiques (24 appareils)

Pour des pays ayant le PIB de la Roumanie (190 Md€) ou du Portugal (200 Md€), il est inconcevable de pouvoir constituer une force aérienne d’appareils comme le F35 ou le Typhoon, dont les couts d’exploitation dépassent largement les budgets disponibles. Or, en dehors du Gripen suédois, l’Europe n’a aucune solution à proposer à ces pays, devant se tourner vers des appareils de seconde main, ou le sempiternel F16 modifié évolué et encore modifié.

Il n’y a, en Europe, que 5 pays dont le PIB dépasse les 1000 Md€ (Allemagne, France, Grande Bretagne, Italie et Espagne) capables de s’équiper effectivement de ces appareils, 11 pays ayant un PIB entre 200 et 1000 Md€ (Autriche, Belgique, Danemark, Grèce, Ireland, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Rep.Tcheque, Roumanie, Suède) qui doivent réduire, parfois très sensiblement, leur parc pour pouvoir s’équiper de F35, Typhoon ou Rafale, 6 pays au PIB entre 50 et 200 Md€ (Bulgarie, Croatie, Finlande, Hongrie, Lituanie, Slovaquie) pour qui cela devient très difficile de financer une force aérienne moderne suffisante, et 5 ayant un PIB inférieur à 50 Md€ (Chypre, Estonie, Lettonie, Slovaquie et Malte) pour qui l’acquisition d’avions de combat est très problématique. La construction de l’Europe de La Défense ne pourra se faire sans que les pays en pointe de la BITD Européenne, ne se concentrent que sur leurs propres besoins, au risque de voir ces pays privilégier les solutions, et moyens de financement, en provenance d’outre-Atlantique, comme c’est le cas aujourd’hui.

N’oublions pas que, très souvent, les Etats-Unis accompagnent leurs propositions d’acquisition d’une aide directe prélevée sur des fonds dédiés au financement de la présence américaine en Europe. Ainsi, lorsque la Grèce commanda la modernisation de 80 de F16 au standard Block70+ pour 1,6 Md$, les autorités américaines ont accompagné l’offre d’une aide de 600 m$ qui, évidemment, a permis de précipiter la prise de décision. Nul doute que l’offre concernant les F35 en Pologne, Grèce et Roumanie, s’accompagne d’une aide comparable. Car les autorités américaines savent pertinemment que, sur une commande de 1 Md$ passée par un pays européen à sa BITD, les finances publiques vont récupérer 500 m$ de taxes et impôts, alors que ce marché garanti un marché de 100 m$ par an, lui même générant 50 m$ de recettes. En 10 ans, les finances publiques américaines auront donc récupéré 1 Md$ de recettes budgétaires sur l’application de ce contrat. Ils peuvent, dés lors, s’autoriser un financement de 375 m$ pour sécuriser ce contrat, les emplois qui vont avec, et l’influence politique qu’il engendre.

Un calcul que nous, français, serions bien inspirés de reproduire pour reprendre la main sur le marché européen…

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A très Bientôt

Fabrice Wolf
Rédacteur en Chef

Un rétrofit pour l’obusier de Type 66 chinois

La Chine a revitalisé le Type 66, un vieil obusier de l’arsenal de l’Armée populaire de libération (APL) en l’équipant d’équipements adaptés aux nouveaux besoins de la guerre moderne mais également en adaptant ses munitions.

Le Type 66 152mm a été introduit au sein de l’armée chinoise au cours des années 1960. Comme de nombreux équipements des premières heures du régime communiste chinois il s’agit d’une copie d’un système d’armes soviétique : le D-20, introduit lui dix ans plus tôt. Le Type 66 fournit une puissance de feu fiable, mortelle, à longue portée, directe ou indirecte. Par ailleurs, Norinco, entreprise publique chinoise, avait également développé une version automotrice de l’artillerie : le Type 83.

Sa réintroduction au sein des divisions et brigades d’artillerie et des régiments d’artillerie de division d’infanterie peut surprendre, d’autant plus que la Chine possède également un obusier automoteur entré en service en 2008, le PLZ-05. Cependant, le Type 66 présente des avantages non-négligeables, il n’est pas sensible au brouillage électromagnétique et reste moins coûteux à produire que le PLZ-05. Néanmoins le Type 66 ne demeure pas parfait, sa cadence de tir se trouve plus lente que pour les obusiers dits automatiques et s’ajoute à cela la nécessité d’un camion pour le transporter.

?u=https%3A%2F%2Fupload.wikimedia.org%2Fwikipedia%2Fcommons%2Fthumb%2Ff%2Ff3%2FPLZ 05 self propelled gun.jpg%2F1200px PLZ 05 self propelled gun Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
Le PLZ-05 exposé en 2007 lors d’une exposition au Musée militaire de la révolution populaire chinoise.

Actuellement, les obusiers revitalisés sont capables de tirer des obus explosifs normaux, à guidage laser avancé, de brouillage électromagnétique et des fusées éclairantes. A noter que ce système d’armes est accompagné par des drones de reconnaissance et des radars d’aide à la visée.

Paradoxalement, dans la course technologique la Chine populaire semble faire marche arrière mais il n’en est rien. Ce choix stratégique reflète la volonté chinoise de séparer les composants sensibles électromagnétiquement (drones de reconnaissance et radars d’aide à la visée) des composants purement offensifs d’un système d’armes. Ainsi l’APL, même privée d’un sous-système, garderait un potentiel offensif ou défensif important.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

La Suède serait sur le point d’annoncer sa participation au programme TEMPEST britannique

Selon le quotidien britannique « The Telegraph », les autorités suédoises seraient sur le point de rendre publique leur décision de rejoindre le programme britannique de chasseur de nouvelle génération Tempest. De nombreuses ouvertures avaient été faites par Londres vis-à-vis de Stockholm, qui avait lancé son propre programme d’étude pour un remplaçant au Gripen à horizon 2035.

Si l’information s’avérait fondée, et il y a toutes les chances qu’elle le soit, cela constituerait un coup dur, mais ô combien prévisible, pour le programme SCAF porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, qui jusque là se positionnait comme « LE » programme européen de nouvelle génération. En outre, l’entrée de Saab dans le programme britannique renforce considérablement ce dernier, jusqu’ici considéré par beaucoup comme une simple manoeuvre d’outre-manche pour pouvoir rejoindre le programme continental.

Le choix des suédois de rejoindre ce programme fait, ceci dit, beaucoup de sens. D’une part, les britanniques sont en mesure d’apporter les technologies qui manquent à la BITD suédoise pour construire un appareil, notamment concernant sa motorisation. En outre, les deux pays entretiennent des relations particulièrement étroites avec l’industrie de Défense US. Enfin, et surtout, dans sa structure actuelle, le SCAF ne peut pas intégrer de nouveaux partenaires industriels, car cela irait au détriment du partage industriel établi entre les 3 acteurs. Or, ce partage est déjà étiré à son maximum pour permettre aux industries des 3 pays de maintenir leurs savoir-faire et leurs compétences industrielles. Il n’y avait, dès lors, plus de place, ni pour la Grande-Bretagne, ni pour la Suède, et pas davantage pour l’Italie, la Pologne ou la Grèce, 3 pays qui ont également une base industrielle aéronautique à faire vivre.

Gripen JAS39 Saab Air Independant Propulsion AIP | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense
En développant le Gripen, la Suède a maintenant un haut niveau de compétences aéronautiques

Comme ce fut le cas avec les Eurocanards, les européens vont donc réussir l’exploit de developper, à nouveau, deux systèmes de combat aérien similaires, sur le même planning, répondant aux mêmes besoins, et donc s’affrontant de fait sur toutes les compétitions à l’exportation, sans pour autant être en mesure de proposer une solution d’équipements pour la moitié des pays européens incapables de financer un appareil lourd. De même, plutôt que d’avoir la possibilité de proposer des appareils complémentaires dans leurs missions, les Européens vont à nouveau s’accrocher à la polyvalence ultime, une approche dont semble de plus en plus s’éloigner les pays qui privilégient l’aspect opérationnel, comme la Russie, la Chine, et même les Etats-Unis qui, rappelons le, développent actuellement 2 programmes en plus du F35, l’un pour remplacer les F22 et les F15 de l’US Air Force, l’autre pour remplacer les F18 Super Hornet de l’US Navy.

Dans ce dossier, ce n’est certainement les suédois qui sont à blâmer …