La situation se dégrade rapidement depuis quelques heures entre la Grande-Bretagne et l’Iran, suite à l’arraisonnement et la saisie du pétrolier de 300.000 tonnes Grace1, battant pavillon iranien, et soupçonné de vouloir livrer du pétrole brut vers une raffinerie Syrienne sous embargo de l’Union européenne. Immédiatement, l’ambassadeur britannique à Téhéran a été convoqué par les autorités iraniennes, lui intimant l’ordre de libérer le bâtiment, faute de quoi le pays procéderait à des mesures de riposte contre les batiments britanniques croisants à proximité de ses côtes.
Selon les autorités de Gibraltar ayant procédé à l’arraisonnement, le navire iranien ne transporterait probablement de pétrole brut, mais des produits distillés, prêts à l’emplois, ceci expliquant la ligne de flottaison particulièrement basse du bâtiment, les produits distillés étant plus lourd que le pétrole brut. Dès lors, il pourrait d’agir d’alimenter en carburant les forces syriennes et iraniennes présentent sur le territoire syrien, et toujours impliquées dans la guerre civile qui agite le pays, par transfert au large vers des bâtiments plus petit, chargés de ramener le carburant vers les ports du pays.
Quoiqu’il en soit, si des pétroliers britanniques venaient à être interceptés par des navires iraniens en réponse de l’application d’un embargo européen, l’Union européenne serait contrainte de durcir ses positions contre Téhéran, alors que jusqu’ici, Bruxelles, Paris, Berlin et Londres, agissent davantage comme des éléments modérateurs dans ce dossier. Car si certains grandes nations européennes venaient à s’aligner sur les positions de Washington, nul doute que les risques de confrontation croitraient rapidement …
Selon plusieurs sources concordantes, tant russes que turques, la livraison du premier lot de S400 russes livrés à la Turquie devrait arriver sur le sol ottoman ce dimanche, soit plusieurs moins avant la date initialement prévue. Il semble que tant les autorités turques que russes ont voulu précipiter cette livraison, de sorte à mettre fin au statu quo en cours face aux Etats-Unis.
Si le président turc, R.T Erdogan, est resté ferme sur cette livraison, malgré les menaces de Washington, il a voulu également se montrer confiant, assurant à plusieurs reprises qu’il ne pensait pas que les Etats-Unis appliqueraient des sanctions à son pays. De même, il a maintenu que l’Armée de l’Air d’Ankara attendait la livraison des 100 F35A commandés, et qu’il ne doutait pas que celle-ci serait exécutée, tout en faisant valoir le respect stricte par les industries turques comme par ses armées, de leurs engagements vis-à-vis du programme F35 comme vis-à-vis de l’OTAN.
Le Système S400 acquis par la Turquie
En maintenant une telle position, le président turc fait ainsi reposer toute la responsabilité des tensions probables à venir avec Washington sur les seules autorités américaines, lui dégageant de nombreux obstacles pour se positionner en victime, et donc justifier toutes les décisions qu’il sera amener à prendre le cas échéant. Cette posture est également dictée par la perte de notoriété dont il fait l’objet, notamment suite à la perte de la mairie d’Istanbul le 24 juin par son parti. Nul doute que la radicalisation de certaines positions exprimées, et la crainte d’une guerre économique avec les Etats-Unis, ont joué en sa défaveur dans ce dossier, et explique, dès lors, cet apaisement de façade.
Car si le statu quo a été maintenu face au public, de nombreuses informations ont montré que les autorités turques se sont préparées, durant cette période, à pouvoir faire face à un embargo technologique, militaire et économique, des Etats-Unis, et potentiellement de certains de ses alliés. Ainsi, le rapprochement avec Moscou s’est accéléré, avec l’annonce de la participation de la Turquie au programme S500, la commande d’hélicoptères Kamov pour la sécurité civile, et surtout l’ouverture de discussions au sujet du Su57 et d’un soutien technologique au programme T-FX de chasseur de nouvelle génération devant remplacer, dès 2026, les F16 de son armée de l’air, dans le cas ou les partenaires britanniques du programme, BAe et Rolls-Royce, devaient eux aussi se retirer. D’autres contacts auraient été pris, avec Pékin cette fois, au sujet du FC-31, dont les caractéristiques se rapprochent beaucoup du programme du constructeur TAI.
La Turquie envisage le Su57 russe comme une alternative au F35A
L’absence de réaction aux récentes déclarations turques laissent penser que Washington se prépare à faire face à cette livraison, tant vis-à-vis de son parlement, que de ses alliés. Quoiqu’il en soit, le dénouement de cette affaire est désormais proche.
Dans ces rapports, le Think tank dresse un bilan sans concession sur les faiblesses en matière de guerre cyber qui caractérises l’utilisation des systèmes de communication et de localisation par satellite qui, bien souvent, ont des vocations mixtes civiles et militaires, alors qu’aujourd’hui, la majorité des munitions tactiques employées par les membres de l’OTAN reposent sur la disponibilité de ces systèmes. Les récents exemples de Spoofing sur signal GPS par les forces russes, particulièrement difficile à détecter, vont effectivement dans ce sens. Mais le rapport va plus loin, estimant que la majorité des satellites employés ne disposent pas d’une resilience suffisante pour faire face aux capacités de services adverses modernes et bien équipés, comme les chinois ou les russes.
En outre, l’interconnexion massive des systèmes dans les programmes modernes augmenterait les risques de vulnérabilité de ces systèmes à terme. En effet, même lorsqu’ils sont conçus avec précaution, il est très difficile de protéger un système de systèmes contre une opération cyber d’envergure, menée notamment lors de sa conception, de sorte à garantir une porte dérobée le moment venu aux adversaires potentiels. Une fois encore, l’exemple du virus Stuxnet, conçu dans le but de détruire les centrifugeuses Siemens du programme nucléaire iranien, et pourtant protégé dans une tour d’ivoire déconnectée du réseau extérieur, est donné comme exemple de la vulnérabilité que représente un programme majeur aujourd’hui.
Les forces de l’OTAN ont une très forte dépendance aux transmissions satellites
Il est nécessaire de garder à l’esprit, désormais, que la stratégie appliquée par la Russie repose sur deux axes : priver l’adversaire de ses points forts, et le dépasser dans ses points faibles. En privant l’OTAN de ses systèmes de communication et de localisation par satellite, la Russie, comme la Chine, entamerait considérablement la capacité de l’alliance à réagir de façon coordonnée, et à utiliser ses systèmes d’armes les plus avancés. En couplant cela aux systèmes de déni d’accès et de défense anti-aériens, l’OTAN se verrait alors privée de ses deux atouts majeurs, sa Marine de guerre, et sa force aérienne, laissant les forces terrestres face à un adversaire très lourdement équipé, surpassant dans de nombreux domaine les capacités occidentales.
Résilience et Rusticité devraient, dès lors, devenir à nouveau deux maitres-mots dans la conception des programmes de Défense et des stratégies occidentales. Mais est-ce le cas ?
Parmi les nombreux programmes de recherche et développement pris en compte par le nouveau commandement du futur (Futurs Command), dirigé par le général Mike Murray, les biotechnologies sont appelées à devenir de plus en plus critiques dans la performance des forces armées engagées sur les théâtres d’opération. Il ne s’agit pas, comme on pourrait le penser, de modifier les performances des soldats eux-mêmes, mais d’utiliser ce que la nature fait depuis des millions d’années bien mieux que les technologies humaines jusqu’ici, gérer l’énergie.
Un des principaux axes de recherche dans ce domaine vise à concevoir des équipements permettant aux soldats de se rendre invisible sur le champs de bataille, notamment aux équipements détectant la signature infrarouge des hommes et des véhicules. Car si les technologies permettant de modifier le rayonnement d’un tissu existent, elles consomment beaucoup trop d’énergie pour représenter une alternative performante pour les fantassins. Dans ce domaine, entre autre, les biotechnologies peuvent apporter des solutions étonnantes, performantes, et durables.
Le programme PL-01 Polonais développé un char capable de masquer son image thermique
D’autres axes, visant la production d’énergie, la régulation thermique, le traitement des blessures sont encours aux Etats-Unis et vont prochainement se concrétiser en équipements opérationnels. Dans le domaine naval, la capacité de certains micro-organismes à détecter les variations infimes de leur environnement est aujourd’hui étudiée pour en faire des unités autonomes de surveillance sous-marine.
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à investir ce domaine de recherche. La Russie a entrepris des programmes en ce sens, notamment dans son nouveau centre de recherche de Défense sur la Mer d’Azov. La Chine, de son coté, dépose aujourd’hui plus de brevets en matière de biotechnologie que les Etats-Unis chaque année. En outre, les entreprises chinoises investissement massivement dans les Startup occidentales, ce qui fait craindre aux autorités américaines, une perte importante de souveraineté technologique dans ce domaine.
En effet, aux Etats-Unis comme en Europe, l’ouverture de l’accès au capital des Startups comme des entreprises de recherche aux nations étrangères pose un problème critique pour le maintien dans la course technologique qui s’est engagée dans le monde. En France, le fond Definvest, piloté par BPI au profit du Ministère des Armées, et doté de 50 m€ chaque année, a été conçu dans ce sens, alors que l’Agence d’Innovation de La Défense apporte, elle, une supervision des investissements dans la R&D de Défense au niveau national. Il n’empêche que, malgré ces dispositifs, un nombre significatifs de projets français reste capté par des nations étrangères, parfois antagonistes à la France, du fait du manque de flexibilité des dispositifs mis en oeuvre.
Le Flyboard de Franky Zapata intéresse désormais les forces spéciales françaises
En ce sens, il pourrait être utile de prévoir une ligne de crédits consacrée aux programmes atypiques présentés à l’AID, certainement plus risqués, mais au potentiel opérationnel avéré. Ce n’est pas une fois que les images de son Flybaord ont fait le tour de monde et intéressés des dizaines d’investisseurs sur la Planète que ce projet de Franky Zapatta, aurait du être détecté et accompagné par les services du Ministère des Armées. Des exemples comme celui-ci, il y en a beaucoup, qui n’apparaissent malheureusement qu’une fois que le porteur a été capté par un service ou un investissement étranger, que ce soit dans le domaine technologique, ou dans d’autres domaines, plus stratégiques.
Voilà qui fera certainement grincer beaucoup de dents chez Naval Group. Selon le site navyrecognition.com, le constructeur naval espagnol Navantia envisagerait d’intégrer le programme P75(i) pour proposer son sous-marin S80, allongeant encore la déjà longue liste de constructeurs européens à venir proposer leurs services dans ce contrat stratégique.
Rappelons que l’Inde a lancé, il y a peu, l’appel à projet concernant son programme P75(i), visant à la construction de 6 nouveaux sous-marins disposant d’une propulsion AIP[efn_note]Air Independant Propulsion[/efn_note], permettant aux submersibles d’augmenter très sensiblement leur autonomie en plongée. En plus des offres russes, japonaises et sud-coréennes, 3 constructeurs européens se sont déjà signalé, l’Allemand TKMS, le suédois Saab, et le français Naval Group, qui avait déjà obtenu l’attribution du contrat P75 en 2005 pour la construction de 6 sous-marins Scorpene, en cours d’exécution.
Mais la concurrence espagnole a de quoi irriter coté français. En effet, le sous-marin à propulsion conventionnel Scorpène avait initialement été conçu dans un partenariat entre DCNS et l’espagnol Navantia, ce dernier n’ayant aucune experience de la construction de submersible, mais ayant un marché national, alors que le français, très expérimenté, savait que la Marine Nationale n’envisagerait pas d’acquérir autre chose que des sous-marins à propulsion nucléaire. En 2008, DCNS décida de mettre fin au partenariat, après avoir constaté que l’espagnol avait « pillé » une grande partie des savoirs et savoir-faire français, dans le but de proposer son propre submersible, le S80.
INS Kalvary, premier Scorpene du programme P75 indien
Reste que, malgré un programme ayant officiellement débuté en 2005, et l’accès à des données technologiques françaises, la mise au point du S80 continue de poser problème, le premier exemplaire n’étant pas attendu par la Marine Espagnol avant 2022, soit 17 ans après l’entame du projet, des délais que l’on ne voit, d’habitude, que dans les chantiers russes. En 2013, les ingénieurs espagnols s’aperçurent, ainsi, qu’une erreur de calcul dans la flottabilité du bâtiment menaçait gravement sa capacité à se maintenir à flot, et ce dernier du être rallongé pour régler ce problème. Pendant ce temps, le Scorpène, lui, était exporté dans 4 pays : 2 au Chili, 2 en Malaisie, 6 en Inde et 4 au Brésil. Une prouesse pour un navire qui n’est pas en fonction dans la Marine du pays producteur.
Le 20 Mai 2015, les autorités sud-coréenne retinrent l’offre de Airbus Hélicoptères pour concevoir, avec le contributeur local KAI, un hélicoptère léger d’attaque et de reconnaissance, basé sur le H155 dauphin, et destiné à remplacer les MD500 Defender et AH1 Cobra vieillissants des forces armées du pays. Un peu plus de 4 années plus tard, le 4 juillet 2019, ce nouvel appareil, désigné LAH, pour Light Attack Helicopter, effectuait avec son premier vol de 20 minutes sur le site de production de Sacheon de la société coréenne.
Extérieurement, l’appareil reprend beaucoup de son ainé, le dauphin, dont il garde l’allure général et le fameux fénestron. Mais l’appareil est bien un appareil moderne, intégrant notamment deux moteurs Arriel 2L2 conçu par Safran, et délivrant une puissance de 1024 cv chacun au niveau de la mer, 250 de plus que les Arriel 1 MN équipant les Dauphins. Ce regain de puissance permet d’augmenter l’équipement de bord, notamment par l’adjonction d’un canon de 20mm sur tourelle sous le nez de l’appareil, et de 2 points d’emport pour missiles et paniers de roquettes sur chacun des deux moignons de l’aéronef. L’avionique à également été modernisée, ainsi que les équipements de détection de menace infra-rouge, radar et laser. Il est probable que des éléments de blindage ont également été ajoutés, de sorte à augmenter la survivabilité de LAH appelé à opérer à proximité des défenses adverses.
Pour garantir ce contrat de 214 appareils, Airbus Hélicoptères a du consentir à d’importants transferts de technologie, et a transféré à KAI la licence de fabrication Monde du H155, devenant, en l’espèce , le LUH [efn_note]Light Utility Helicopter[/efn_note] par sa version civile. Mais dans la mesure ou Airbus développe le H160 et sa version militaire le Guépard, un appareil de la même gamme de poids mais beaucoup plus moderne que le Dauphin, cette licence n’obère pas le devenir du groupe.
Le Harbin Z9 chinois, produit sous licence du H155 dauphin
Exporté dans plus de 35 pays, le Dauphin et ses différentes versions, ont été construits à plus de 1000 exemplaires. Il est toujours produit sous licence en Chine qui, avec le Z9, en a fait la colonne vertébrale de sa force aéromobile depuis 15 ans, avec plus de 250 exemplaires construits. La Marine Nationale, qui continue de l’utiliser sur ses frégates, envisage d’en louer encore d’avantage dans l’attente de l’entrée en service du HIL Guépard. On ne peut que souhaiter à son successeur, le H160, le même parcours !
A l’occasion d’une cérémonie organisée sur le site de Satory, en présence de la Ministre des Armées Florence Parly, le Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre, le général Bosser, s’est vu symboliquement remettre la plaque d’immatriculation du premier Véhicule Blindé Multi-Rôle Griffon des forces françaises. 91 autres exemplaires suivront cette année, pour commencer à équiper les régiments français, et remplacer le vénérable VAB. Au total, 936 des 1722 Griffons commandés devront être livrés d’ici 2025 sur l’exécution de la LPM en cours.
L’entrée en service du Griffon, construit par Arquus, Nexter et Thales, représente une évolution majeure pour les forces françaises. Il remplacera le VAB, entré en service en 1974 et produit à plus de 5000 exemplaires, dont 4000 pour les armées françaises, qui malgré ses qualités, marquent désormais le poids des années, et a atteint ses limites en matière d’évolutivité. Si un VAB en 1976 ne pesait que 13 tonnes en masse de combat, il dépasse aujourd’hui les 17 tonnes, une fois paré des systèmes de blindages, de détection, de communication et d’engagement ajoutés au fil des années, ce qui entrave sa mobilité, augmente sa consommation, et finit par réduire l’efficacité au combat.
Le Griffon avec ses mats sortis. On voit le système de protection Galix projetant des fumigènes masquant le véhicule sur le spectre visible et infra-rouge.
Le VBMR est conçu pour assumer ces évolutions, grâce à une masse de 26 tonnes, et un moteur de 400 cv propulsant ce 6×6 sur tous les terrains, tout en assurant une production électrique suffisante pour l’ensemble des systèmes embarqués. Car au delà de sa tourelle téléopérée abritant une mitrailleuse de 7,62mm, ou son système de protection GALIX, ce sont avant ces systèmes qui donne au Griffon sa valeur tactique. En effet, le nouveau blindé emporte une panoplie de systèmes de détection, comme une alerte laser, une alerte de départ de missiles, et une caméra situationelle, ainsi que les équipements d’info-valorisation du champs de bataille et de communication du système FELIN. Ainsi, le VBMR peut garder le contact et échanger avec les 8 fantassins débarqués, ainsi qu’avec les autres véhicules du SGTIA[efn_note]Sous Groupement Tactique Inter Arme[/efn_note] et les échelons supérieurs, pour coordonner les appuis et les actions au combat. Ce système FELIN équipera non seulement le VBMR Griffon et les VBMR Leger Serval, mais également les VBCI, les ERBC Jaguar et les chars Leclerc, permettant à l’ensemble de l’échelon tactique de partager les informations et coordonner ses actions. Dès lors, le VBMR ne diffère d’un Véhicule de Combat d’Infanterie que par son armement, sachant pertinemment que celui-ci pourra être renforcer si besoin, du fait du gabarit du blindé.
Le second atout du Griffon est son prix. En effet, le contrat cadre prévoit que le prix d’acquisition du véhicule ne devra pas dépasser le million d’Euro, un prix relativement raisonnable pour un transport de troupe blindé, mais très attractif pour un véhicule ayant un tel potentiel d’évolutivité. Rappelons que le VAB, son ainé, avait connu plus de 50 versions différentes, allant du transport de troupe au chasseur de char, en passant par la version mortier et ambulance, et même une version pour nettoyer les pistes d’atterrissage. Avec une puissance supérieure, notamment électrique, des dimensions plus importantes offrant un volume intérieur supérieur de 3 m3 au VAB, et sa conception modulaire en matière de système d’information, soyons assurés que les versions spécialisées du VBMR ne tarderont pas à arriver.
Enfin, dernier point, et non des moindre, le Griffon a été conçu dans une démarche de programme de programmes, en partageant 70% de ses équipements avec l’EBRC Jaguar et le Serval, de sorte à en réduire l’empreinte logistique, et améliorer sa disponibilité opérationnelle. L’ensemble de ces points ont su convaincre les forces Belges, qui ont passé commande de 382 VBMR et de 60 EBRC, de sorte à disposer d’une Interopérabilité optimum avec les forces françaises.
Le véhicule de transport de troupe blindé Stryker Dragoon doté d’une tourelle de 30 mm pour les théâtres de haute intensité.
Reste que, si le Griffon est aujourd’hui parfaitement taillé pour les théâtres de faible à moyenne intensité, son armement, comme ses systèmes de protection, sont sous-dimensionnés en cas de combat de haute intensité. Certaines forces armées, comme les britanniques, ont fait le choix de ne s’équiper que de véhicules de combat d’infanterie, plus lourds et mieux armés, mais moins adaptés au long deplacement. Les Etats-Unis ont remplacé les véhicules de transport de troupe M113 chenillés, par le Stryker, 8×8, plus léger que le Griffon avec 16,5 tonnes. Mais rapidement, ils sont arrivés à la conclusion que ces véhicules devaient disposer d’une puissance de feu et d’une protection supérieure pour être en mesure de participer efficacement à un combat de haute intensité, comme en Europe. Ainsi, prés de 1000 Stryker sur les 4500 en service, vont être portés au standard « Dragoon », équipés d’une tourelle armée d’un canon de 30mm Mk44 Bushmaster II et d’une coque en V pour résister aux mines et IED. Un raisonnement probablement à ne pas négliger alors que les tensions internationales rendent chaque jour plus probable un conflit face à des nations technologiques, ou face à leurs proxy …
L’Agence Spatiale de Défense du Pentagone, est à peine créée qu’elle fait déjà valoir ses objectifs, et ses ambitions, pour le futur de la stratégie spatiale américaine. Et d’ambitions, elle ne manque pas ! En effet, la SDA a émis une demande d’informations vis-à-vis des industriels du secteur, pour étudier les technologies et offres existantes pour un programme de très grande ampleur, basé sur une constellation de mini-satellites formant un maillage en 8 couches :
La couche « Transport » pour assurer la communication H24 et 7/7 pour toutes les forces américaines
La couche « Poursuite » qui permet de suivre et cibles les objectifs, ainsi que les alertes stratégiques (départ de missiles..)
La couche « Surveillance« , pour assurer la surveillance des sites sensibles
La couche « Couverture« , qui assure la détection et la protection des satellites notamment face aux débris spatiaux
La couche « Navigation« , fournissant une alternative aux signal GPS lorsque celui est inaccessible
La couche « Gestion de l’engagement » apportant un réseau de commandement, controle et communication disposant de ses propres systèmes AI pour analyser et prioriser les informations
Et la couche « Soutien« , pour proposer des services de communication aux forces au sol
Pour developper ces différentes couches, la SDA compte s’appuyer sur le programme BlackJack de la Darpa, qui prévoit de mettre en service une constellation de 20 mini-satellites répondant à un cahier des charges très précis, en terme de dimensions, poids, consommation électrique, capacité d’emport, de sorte à ne pas dépasser le prix de mise en service de 6 m$ par unité (conception, fabrication, lancement). Ce programme a été confié à l’industriel européen Airbus DS.
Le recours à un maillage de mini et de micro satellites répond à l’augmentation des besoins de communication et d’échange en temps réels pour les unités combattantes, ainsi qu’à l’augmentation des dispositifs visant à empêcher cette communication par l’adversaire (systèmes anti-satellites, brouillage …). En réduisant le cout d’une mise à disposition d’un satellite, le Pentagone s’autorise donc à disposer d’une grande réactivité si, à l’entame d’un conflit, une partie de ses satellites venaient à être détruits ou mis hors service.
Plusieurs entreprises françaises ont développé des solutions très performantes dans ce domaine, et Dassault Aviation travaille d’ailleurs à une solution de lancement à partir de son avion Rafale.
Traditionnellement, les armées occidentales, notamment celles de l’OTAN, ont toujours fait reposer en grande partie la protection anti-aérienne de ses unités terrestres sur l’assurance de disposer de la supériorité aérienne sur le champ de bataille.
Et aujourd’hui encore, sur le théâtre européen par exemple, les forces de l’OTAN/UE renforcées d’une partie des forces américaines, seraient en mesure d’aligner 2500 avions de chasse, dont 900 modernes (Rafale, Typhoon, F22 …), alors que la Russie et ses alliés ne pourraient en aligner que 1300, dont 450 modernes (Su30/34/35).
De fait, le besoin d’une défense anti-aérienne rapprochée n’apparaissait pas comme critique, et les systèmes SHORAD ont peu-a-peu été éliminés des inventaires, en arrivant au bout de leur vie opérationnelle. Ce fut le cas, par exemple, du ROLAND franco-allemand, ou du Chaparal américain.
En outre, l’entrée en service de missiles MANPADS, comme le Stinger, le Blowpipe ou le Mistral, était jugée très largement suffisant face à une menace aérienne de plus en plus inexistante, avec la disparition du pacte de Varsovie.
Depuis 2017, l’US Army avec l’US Marines Corps, ont changé radicalement de paradigme, et ont lancé plusieurs programmes visant à récupérer dans les délais les plus brefs, une capacité d’auto-protection anti-aérienne. Cette initiative, qui tend parfois à la précipitation fébrile, repose sur plusieurs facteurs concomitants :
L’entrée en service des nouveaux systèmes de déni d’accès russes et chinois, comme le S-400 et le HQ-16, dont la portée est suffisante pour interdire l’exercice de la supériorité aérienne occidentale aux dessus de ses forces
L’entrée en service de nouveaux missiles, comme les missiles de croisière furtifs, dont la trajectoire et la très faible surface radar les rendent invisibles aux systèmes de protection de zone, comme le Patriot ou le SAMP/T Mamba
L’entrée en service des drones et drones kamikaze, eux aussi impossibles à détecter et détruire par les systèmes traditionnels, alors qu’ils permettent de récolter des informations tactiques capitales sur l’adversaire.
Le systeme de protection rapproché C-RAM sur remorque
Et de fait, en deux ans, l’US Army a lancé pas moins de 4 programmes visant à étendre et renforcer ses capacités dans le domaine de l’auto-défense anti-aérienne :
La modernisation des missiles Stingers, avec un nouvel autodirecteur plus sensible, et la possibilité de doter le missile d’une fusée de proximité pour détruire les drones ne pouvant être directement impactés par le missile, car trop petits.
Le redéploiement des systèmes Avengers, un lanceur octuple de missiles Stingers monté sur un véhicule Humvee, et relié aux systèmes de commandement de l’unité.
Le renforcement des systèmes C-RAM, dérivé du système CIWS Phalanx qui constitue l’ultime protection de très nombreux navires militaires, avec la possible adjonction du système Iron Dome Israélien dont 2 batteries ont été acquises, pour protéger les sites à haute valeur tactique (Poste de commandement, base logistique etc..)
Et enfin, le programme IM-SHORAD de 144 blindés Stryker montés d’une tourelle anti-aérienne de l’italien Leonardo pourvue de missiles Stingers, Hellfire et d’un canon de 30mm.
Toutefois, on ne peut s’empêcher de remarquer le chaos constitué par tous ces programmes, lancés dans une évidente précipitation, et qui mélangent des technologies différentes, des systèmes différents, à charge aux militaires d’en faire quelque chose.
On ne peut, non plus, s’empêcher de comparer ces 4 programmes avec le programme russe Pantsir ou le Tunguska avant lui, concentrant en un seul système toutes les problématiques traitées par les 4 SHORAD américains.
Certes, le Pantsir S1/2 n’a pas connu que des succès en Syrie, et il a notamment montré des faiblesses face aux drones. Mais la cohérence du dispositif, et l‘entrée en service du Pantsir SM en 2021, apportera un avantage évident aux russes dans ce domaine.
Des soldats chinois s’entraînent actuellement sur la frégate Binzhou – de Type 054A (ou Jiangkai II en code OTAN) – avec une nouvelle version embarquée du Harbin Z-20, hélicoptère biturbine de transport moyen et d’attaque.
Le Z-20 est un hélicoptère utilitaire de nouvelle génération développé depuis la fin des années 1990 par la holding d’état chinoise AVIC. Mis en retrait pendant quelques années pour le développement de l’hélicoptère d’attaque Z-10, il a finalement réalisé son premier vol en 2013 et serait entré en service d’essai en 2017, où un modèle arborant la cocarde des forces aériennes de l’APL a pu être observé. Souvent considéré comme une copie du UH-60, nous pouvons relever quelques différences : un rotor à cinq pales (contre quatre pour l’original), mais également le fait que le rotor, les moteurs et d’autres composants proviendraient de l’hélicoptère d’attaque Z-10.
L’hélicoptère utilitaire dans sa version marine bénéficierait de pales de rotor pliables, de capacités anticorrosion supplémentaires et d’un train d’atterrissage plus robuste dans le but de lui donner la capacité de voler sur des destroyers, des quais d’atterrissage amphibies, des navires d’assaut amphibies et des porte-avions.
Les points de comparaison entre le Z-20 (en-haut) et l’UH-60 américain (en-bas)
Dans l’hypothèse où l’appareil semble dorénavant opérationnel et que la phase d’entraînement est déjà en cours, la marine de l’APL aura la capacité de mener des opérations massives de débarquement amphibie et ajoutera une nouvelle corde à son arc offensif. Wang Yunfei, un expert naval basé à Pékin et ancien officier de marine de l’APL, disait en avril 2018 que pour résoudre la question de Taïwan sur le plan militaire, la Chine allait devoir augmenter sa capacité de projection, voilà qui semble bientôt réalisé.
La modernisation des armées à l’échelle mondiale se fait de plus en plus ressentir. Cependant, le coût de ces modernisations est également sans précédent, la Chine cherche à compenser ce problème en recyclant des pièces de son hélicoptère d’attaque Z-10 pour le Z-20. Nous retrouvons également le cas français, qui pour réduire les coûts de maintenance mais également pour s’assurer d’une disponibilité suffisante, lance son programme d’hélicoptère interarmées léger visant à remplacer les hélicoptères Fennec, Gazelle, Panther, Alouette III et Dauphin. Une chose est sûre la nécessité de réaliser des programmes communs interarmées est proportionnelle au degré de modernisation de l’armée.
Clément Guery, spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.