mardi, décembre 2, 2025
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Disponibilité Technique : l’Oeuf ou la Poule ?

Vous connaissez le Paradoxe de Simpson ?

(il serait d’ailleurs plus correct de parler « des Paradoxes de Simpson »)
Il se produit en particulier quand l’on omet de prendre en considération un facteur d’influence ou que l’on regroupe plusieurs facteurs différenciés en un seul.
Cette omission peut conduire à des conclusions erronées, parfois même contraires aux faits :

400px Simpsons paradox animation Analyses Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Exportations d'armes

Si les nouveaux contrats #MCO sont en cours de signature, leurs effets ne se verront que d’ici 2 à 3 ans, soit pas avant le bilan de l’année 2022…

Théoriquement parlant, pour mesurer les effets d’une mesure, il faut « inhiber » les autres facteurs d’influence. A défaut, des méthodes de Plan d’Expériences (ou méthode Taguchi) sont possibles, mais supposent de pouvoir réaliser certains « jeux d’essais » avec des valeurs particulières, ce qui est souvent incompatible de données réelles, plus encore s’agissant de bilans synthétiques tels que sont les actuelles moyennes sur des exercices annuels.

Mais avant d’aller plus loin, quels sont ces possibles facteurs d’influence clés de la Disponibilité Technique ?

Rappelons avant toute chose que la Disponibilité Technique est le nombre d’appareils en situation de réaliser une mission [sous 6 heures] comparé à la taille de la flotte.

Naturellement, on aurait tendance à définir 5 facteurs d’influence :

  • En premier lieu : la taille de la flotte
  • Le besoin d’emploi, qui crée de l’usure
  • Point de crispation, la non-fiabilité des équipements
  • Et donc, de là, la non-fiabilité de la logistique de rechange & réparation
  • Les phases de maintenance hors ligne (Visite Périodiques, Grandes Visites)
  • Et les chantiers de Retrofit

Pour « simplifier l’équation », je vais regrouper ces facteurs en 4 :

  • La Capacité : la taille de la flotte
  • La Charge d’Emploi : donc le besoin opérationnel
  • La Charge MCO Tactique ou Continue : toutes défaillances de fiabilité et aussi les inéluctables Visites Périodiques et les Travaux Supplémentaires [non systématiques] issus en bonne partie de conditions d’emploi difficiles telles que les Opex.
  • La Charge MCO Stratégique ou Occasionnelle : les programmes de Retrofit, mais aussi les GV (ou plus exactement l’impact d’une GV par rapport à une VP).

Nous avons donc :
Une Capacité qui est continuellement consommée par la Charge d’Emploi (variable) et la Charge MCO Continue (qui est une partie de la Capacité amputée et dont l’intensité va dépendre de celle de la Charge d’Emploi) et avec des pics occasionnels liés à la Charge MCO Occasionnelle (que l’on peut [abusivement] considérer comme indépendant de la Charge d’Emploi et donc uniquement fonction d’un calage dans le temps [générant ces pics])

L’équation opérationnelle est simple :
Capacité > Charge d’Emploi + MCO Continu + MCO Occasionnel
Y > X + f(X) + g(T)
Y > X + (Y*Z)*X + g(T)

En termes de Disponibilité Technique, la formule ne considère pas la Charge d’Emploi. On a :
DT = [ Capacité – ( MCO Continu + MCO Occasionnel) ] / Capacité
DT = [ Y – ( Y*Z*X + g(T) ) ] / Y

Présentés sous cette forme, nous identifions clairement les facteurs. Et en particulier celui ciblé par la réforme MCO : « Z », ce « gaspillage » continu.

… Mais influez sur un seul des autres facteurs et votre DT évoluera.

2022…

Un effet d’inertie (ou de backlog) fait qu’il faudra au moins 1 an 1/2, voire 2 ans, pour passer de la situation actuelle à la cible de la Réforme MCO.
Cela va nous porter vers mi-2021… Si les opérationnels pourront percevoir certains effets avant, et plus encore sur la 2e partie de l’année 2021, les synthèses annuelles ne remonteront une réelle évolution qu’à l’issue de la première année en « roulement continu », donc 2022.

34w1ts Analyses Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Exportations d'armes

Or, à cet horizon où nous sommes censé pouvoir constater, évaluer et mesurer les effets des réformes MCO, bon nombre de facteurs auront pu évoluer :

  • Serons-nous toujours engagés, et avec autant d’intensité, dans les Opex actuelles ?
    La France est supposée peu à peu sortir de ces opérations et passer le relais aux forces locales et onusiennnes.
  • Dans 3 ans, la situation de plusieurs programmes de Retrofit aura évoluée.
    Ainsi 2019 doit marquer la fin des Retrofit Cougar et Caracal (cf. rapport sénatorial).
  • Par ailleurs, toujours à cet horizon, il y a des risques de flottes en GV.
    Ainsi, des Caracal ont été livrés en 2011-2012 et devront donc rentrer en GV vers 2022 (et pas nécessairement au même nombre de chantiers simultanés que les Retrofit … l’analogie n’est donc pas possible).

Quelles conséquences ?

Ces évolutions font tout d’abord qu’il ne sera pas aisé d’isoler la variable « Z » et donc d’en déterminer le gain.
En d’autres termes : les évolutions (gains et/ou pertes) des MCO seront-elles le seul fait de la réforme du MCO ou également des changements de paradigmes ?
Mais dans ce cas, quel apport sera concrètement dû à la réforme MCO ?
Le rapport Gain de Dispo / Coût Nouvel MCO sera-t-il bénéfique ?

Pire :
En supposant le probable désengagement (au moins partiel mais notable) des Opex actuelles, les besoins Opérationnels vont considérablement baisser, ce qui aura certainement pour effet de ne plus mettre la disponibilité en tension et ne plus faire de la disponibilité le chemin critique de la satisfaction opérationnelle.
De pire en pire :
Selon les contrats signés, cela pourrait s’avérer contre-productif : entrainant des coûts pour une réserve de disponibilité non requise, superflue.
En termes d’Excellence Industrielle et de Just-In-Time, cela s’appelle du « Gaspillage ».

En définitive, est-ce que la Réforme MCO sera la source d’un nouveau cercle vertueux, soulageant de fait les autres facteurs sous tension (besoin Opex et conduite de programmes) ?
Ou est-ce que ce sera le relâchement de tension sur ces autres facteurs qui viendra sortir la disponibilité de son actuel cercle vicieux et masquer ainsi les défaillances du MCO (comme cela a été par le passé) ?

Préparer 2026-2030 !

Il convient en fait surtout de préparer 2026-2030 :

  • A cette date, de nombreux matériels vieillissants verront leurs disponibilités chuter malgré une envolée des coûts. Leur maintien en condition, hors besoins avérés et non remplaçables, sera à mettre en doute :
    • Puma
    • Alouette III
    • Gazelle
    • Cougar (remplacement : 2030)
  • 2026 sera aussi marqué par de grands programmes de Retrofit (au moins côté hélicoptères) :
    • Caracal mi-vie
    • Tigre Mk III
    • Retrofit des Caiman Std1 en Std2 ?

Pour conclure

Le mode de mesure actuel (calculs de la Disponibilité Technique et de la Disponibilité Technique Opérationnelle) est inadapté au process, ne permettant que de tirer une synthèse trop générique, sans en mesurer ni la juste réponse au besoin (JIT), ni la criticité des différentes causes, et donc les responsabilités et leviers d’actions.

Surtout, la situation actuelle, cumulant des Opex intenses avec simultanément des grands programmes de Retrofit, et des flottes vieillissantes tandis que les renouvellements ont été retardés et/ou reportés et/ou réduits, a conduit à mettre la disponibilité du système en tension et même en rupture sur certaines flottes.
Il est à prévoir que d’ici 2022, les 3 grands facteurs que sont le Besoin d’Emploi, le MCO continu (au travers de la réforme) et la fin de programmes de Retrofit, vont évolués tous 3 dans le même sens et concourir au regain de disponibilité.

Il n’empêche, cette situation était prévisible au regard des signaux plus ou moins faibles et est pour une bonne part la conséquence d’une mauvaise gestion de flotte (cf. « LPM : de la mauvaise gestion du Programme Tigre« ) telle que le maintien de programmes de Retrofit malgré Opex, soit par un entêtement contractuel négligeant, soit par un système MCO manquant d’agilité.

Pour ne pas répéter la situation et créer à nouveau un effet de résonance, les acteurs (étatiques & industriels) devront, dès 2022-2023, s’attacher à préparer la gestion de flotte 2026-2030.

Julien Maire.

La Russie quitte officiellement le traité INF

Avant même la fin de l’ultimatum posé par les Etats-Unis, le président Vladimir Poutine a promulgué la loi actant la sortie de la Fédération de Russie du traité INF pour Intermediate-range Nuclear Treaty, qui interdisait aux Etats-Unis comme à l’Union Soviétique, puis à la Russie, de developper ou de déployer des armes stratégiques ayant une portée allant de 500 à 5000 km. La loi a été votée le 18 juin à la Douma (chambre basse), et le 26 juin au Conseil Fédéral (chambre haute), et a donc été promulguée ce jour par le président Poutine.

Les chances de voir un retour en arrière concernant ce dossier, de la part de la Russie comme des Etats-Unis, étaient pour ainsi dire inexistantes. Les deux pays avaient d’ailleurs, dès la décision de suspendre le traité prise, annoncé developper des systèmes d’armes couverts par le traité. En outre, aucun des deux acteurs n’avait d’intérêt à conserver ce traité, très contraignant sur la scène internationale. En effet, le traité INF, signé à la sortie de la crise des Euromissiles au plus haut de la guerre froide, n’engageait que les deux pays, mêmes si les européens, et notamment la France, l’ont également respecté. Ce qui ne fut pas le cas d’autres pays, comme la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et l’Iran, pour ne citer que les principaux. Pour les Etats-Unis, il s’agissait donc de pouvoir rétablir l’équilibre, notamment vis-à-vis de la Chine, en étant en mesure de déployer des systèmes de portée intermédiaire à partir de ses bases du Pacifique, notamment sur l’Ile de Guam. Pour la Russie, c’est l’occasion de creuser encore le gradient de puissance face à l’OTAN, et les européens, qui ne disposent pas de ce type de systèmes dont la conception prendrait, le cas échéant, plusieurs années, voir une décennie, alors qu’elle même n’a jamais perdu la compétence grâce aux systèmes Iskander.

Les seuls vrais perdants, dans ce dossier, restent les européens. Non seulement n’ont ils leur mot à dire sur la question, mais en s’en remettant, comme toujours, à la protection US, les voilà désormais contraints d’accentuer cette dépendance pour tenter de rééquilibrer le rapport de force avec la Russie. En outre, seule la France, au sein de l’Union européenne, est aujourd’hui légitime au regard du droit international, pour developper des systèmes de portée intermédiaire, et aucune déclaration en ce sens n’a, pour l’heure, été faite. Peut-être serait-il temps d’admettre que les 2000 avions de combat européens ne seront plus suffisants longtemps pour dissuader le voisin oriental, ayant, lui, l’avantage dans tous les autres domaines…

La Marine Indienne lance une compétition pour 6 frégates légères lance-missiles rapides

Le Ministère de La Défense indienne a lancé une nouvelle compétition destinée à équiper à moderniser la Marine Indienne. Ce programme, dont la désignation n’a pas été publiée, vise à acquérir 6 bâtiments de surface lance-missiles, dans une enveloppe globale de 13.000 Crore, soit 1,65 Md€. Les navires devront mettre en oeuvre le missile de croisière Brahmos, et disposer de 8 missiles anti-navires, d’un système d’autodéfense anti-aérien, et d’un canon principal. Il n’est pas fait état de capacités anti-sous-marines, ni d’hélicoptère.

En outre, les 6 frégates légères, car pour mettre en oeuvre des armements, il devra s’agir d’une frégate légère, devront être furtive sur l’ensemble du spectre (EM, IR, Sonar), atteindre la vitesse de 35 noeuds et disposer d’une autonomie à la mer de 10 jours.

Les spécifications avancées semblent taillées pour les frégates légères de la classe Gremyashchiy du projet 20385 russe, sachant que la Marine indienne a traditionnellement une forte appétence pour les bâtiments russes, et que l’industrie navale russe a une grande habitude de la collaboration avec les chantiers navals indiens. Reste que ces spécifications pourraient également voir une conjonction de besoins avec le projet de frégates légères de la Joint-Venture de Fincantieri et de Naval Group. Aucun des deux groupes n’ayant de bâtiments répondant aujourd’hui à ce besoin spécifique, la collaboration en vue de répondre à la demande indienne aurait certainement beaucoup de sens.

Une entente entre Nations Sunnites et Israël contre l’Iran est possible selon le Mossad

Le très discret directeur du Mossad, les services secrets israéliens, Yosef Cohen, a déclaré lors de la conférence Herzliya consacrée aux questions de sécurité au Moyen-Orient, que ses services avaient noué des relations étroites avec la plupart des nations sunnites, afin d’échanger et de se coordonner face à l’Iran, comme face au developpement du Hezbollah en Syrie.

Selon lui, le Moyen-Orient serait dans un situation unique dans son histoire, pouvant voir l’émergence d’une entente entre l’Etat Heureux et les pays de l’Alliance Sunnite, formée autour de l’Arabie saoudite et de l’Egypte. Cette ‘opportunité’ serait d’autant plus notable, que tant les Etats-Unis que la Russie partagent les préoccupations des israéliens et des monarchies du Golfe, au sujet d’un possible programme nucléaire militaire iranien.

Si Israël a aujourd’hui des relations diplomatiques et militaires avec la Jordanie et l’Egypte, ce n’est pas le cas concernant les autres nations sunnites du Golfe. Mais des efforts substantiels auraient été faits pour nouer des contacts constructifs avec les monarchies, avec des résultats concrets, comme la visite officielle du premier ministre Netanyahu à Oman en Octobre 2018, ou celle du ministre des affaires étrangères Katz à Abu Dhabi cette semaine à l’occasion du sommet des Nations Unies sur le changement climatique, durant laquelle il a pu tenir des rencontres bilatérales avec ses homologues arabes.

F35A Israelien Analyses Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Exportations d'armes
F35 israélien arborant leur livrée désertique

Bien que Téhéran s’en défende, Israel comme les Etats-Unis estiment que l’Iran n’aurai pas respecté ses engagements en matière d’enrichissement d’Uranium, et disposerait désormais de suffisamment de matériaux fissibles pour entamer la construction d’une arme nucléaire. Cette hypothèse serait innacceptable pour Jerusalem qui pourrait bien, comme ils le firent le 7 juin 1981 en détruisant la centrale irakienne d’Osirak par un raid aérien, intervenir de façon préventive. Mais contrairement à ce qui suivit à cette époque, les forces iraniennes disposent aujourd’hui d’une capacité de riposte importante, notamment en matière de missiles balistiques, et pourraient viser non seulement l’Etat Hébreux, mais les capitales arabes, en représailles. Dès lors, l’entente souhaitée par les Israéliens prendrait tout son sens, en permettant de mener une action coordonnée de toutes les forces aériennes appartenant à l’alliance sunnite ainsi qu’aux forces aériennes israéliennes, soit plus de 1350 avions de combat modernes, pour éliminer simultanément l’ensemble des sites de missiles balistiques et de missiles anti-aériens iraniens. Une action qui serait, évidemment, hors de portée de la seule aviation israélienne.

Ce scénario aurait également la « vertu » de ne pas nécessiter d’interventions directes américaines, hormis pour assurer un soutien en matière de renseignement et éventuellement de guerre électronique, et donc d’éviter de déclencher un cycle néfaste dans la région. Reste à savoir si, effectivement, les nations sunnites sont prêtes à participer à une telle initiative, et, d’autre part, quel serait la réaction de l’opinion publique de ces pays, peu encline à une alliance, même de fait, avec l’Etat Hébreux.

Alliance Sunnite : Arabie saoudite, Bahreïn, EAU, Oman, Koweit, Egypte, Jordanie, Maroc.

La disponibilité des hélicoptères des armées françaises toujours problématique

Le député de la Haute-Marnes, François Cornut-Gentille, qui fut par ailleurs maire de la ville de Saint-Dizier accueillant la BA113 et ses 3 escadrons de Rafale de l’Armée de l’Air, est depuis de nombreuses années, un des rares députés au fait des questions de défense. Rapporteur du budget des armées à la commission des finances, il a interrogé la ministre des armées, Florence Parly, sur l’évolution de la disponibilité et le maintien en condition opérationnelle des quelques 448 hélicoptères en service dans les armées françaises.

Depuis sa prise de fonction, cette dernière mène une action visant à améliorer cette disponibilité, que l’on sait très insuffisante depuis plusieurs années. Malheureusement, en 2018, la situation, si elle s’est légèrement améliorée, est toujours très loin d’être satisfaisante, comme le montre le tableau ci dessous, transmis en retour de la requête de M. Cornut Gentille.

TypeNb
d’appareils
au 31/12/17
Nb
d’appareils
au 21/12/18
Dispo (%)
en 2017
Dispo (%)
en 2018
Age
moyen
au
31/12/2018
Cout de
l’entretien
de la flotte
(m€)

Alouette III

19

18

39,7

44,7

45,1

14,3

Gazelle

99

89

49,2

46,2

33,1

37,2

Fennec

58

58

40,1

38,65

26,7

24,1

Tigre HAP

38

37

23

28,1

9,4

90,1
(+HAD)

Tigre HAD

24

29

34

30,2

3,1

Cougar

26

26

23,6

27

28,2

43,1

Puma et Super Puma

88

76

32,9

31,6

43,4

81,0

EC 725 Caracal

18

18

26,5

40

12,9

72,8

Dauphin

11

11

51,9

43,5

31,6

26,8
(+ Panther)

Panther

16

16

39,6

39,9

23,4

Lynx

18

15

18,8

15,5

38,2

17,7

NH90 NFH

19

22

34,2

35,5

4,6

81,2

NH90 TTH

25

33

36,1

30,4

3,2
74,0

Il est remarquable de constater que les hélicoptères modernes, comme le Tigre HAP/HAD, et le NH90 NFH/TTH, ont une disponibilité moyenne inférieure à 1 hélicoptère sur 3 en parc. Les Chefs d’Etat-Major de l’Armée de terre comme de la Marine ont, à ce titre, fait connaitre leur exaspération, que ce soit au sujet du manque de maturité du NH90 qui nécessite 30 heures de travail par heure de vol, ou du Tigre, dont la chaine logistique reste très défaillante. A noter que cette défaillance avait été également remarqué par l’Australie, seul client à l’exportation de l’appareil européen, qui envisagèrent un retrait prématuré de la flotte du fait du manque de réactivité des industriels en matière de pièces détachées.

La Marine Nationale met en oeuvre des helicopteres NH90 equipes du sonar Flash pour la lutte anti sous marine Analyses Défense | Contrats et Appels d'offre Défense | Exportations d'armes
La Marine Nationale ne dispose en fait que de 7,5 NH90 pour gréer ses frégates de lutte anti-sous-marine

Au delà des aspects technologiques, et financiers, cette faible disponibilité pose évidemment d’importants problèmes opérationnels, car seuls 160 appareils sont effectivement disponibles sur les 448 en parc. Ainsi, la Marine Nationale ne dispose en moyenne que de 7,5 NH90 et 3 Lynx, soit 10,5 hélicoptères aptes à mener des missions de lutte anti-sous-marine. Déduis des appareils indispensables à l’entraînement et la formation, elle ne dispose donc pas de suffisamment d’hélicoptères pour gréer ses frégates de lutte anti-sous-marine, qui effectuent chacune plus de 160 jours de mer chaque année. Pour l’Armée de terre, les 80 hélicoptères disponibles, dont 30 gazelles aujourd’hui très vulnérables, ne permettent de gréer, que 2 Régiments d’hélicoptères de Combat sur les 3 existants, en sollicitant la totalité des voilures tournantes disponibles.

Notons enfin que l’indicateur choisi, à savoir la disponibilité moyenne annuelle des appareils, est bien peu efficace, puisqu’une baisse de l’activité opérationnelle, lors de la fin d’une OPEX, par exemple, suffirait à le faire croitre, sans pour autant résoudre la problématique de l’impact de la maintenance par heure de vol de l’aéronef. Un nouvel indicateur, prenant en considération non seulement la disponibilité, mais l’activité effective des voilures tournantes, serait, à ce titre, beaucoup plus efficace, et éclairant sur les actions à mener.

L’US Army veut commander 500 chars légers à partir de 2025

L’US Army a lancé, dans le cadre du programme Next-Generation Combat Vehicles, un programme visant à concevoir et fabriquer 500 chars légers qui devront équiper les forces américaines à hauteur de 14 unités par brigade d’infanterie. Ce blindé aura pour mission d’apporter un soutien de puissance de feu au plus prés des unités d’infanterie débarquées, notamment contre les bunkers et blindés adverses.

Le char léger, dont la masse ne devra pas excéder 40 tonnes et dont les dimensions devront permettre d’en transporter 2 par avion C-17, sera équipé d’un canon de 105 mm, et d’une mitrailleuse de 7,62mm. Il n’est pas, pour l’heure, question d’un ajout de missiles anti-char en tourelle, bien que cette option semble indispensable pour faire face aux blindés les plus lourds, comme les chars de combat. Il n’est pas non plus, par ailleurs, précisé si le blindé sera sur roues ou chenillé, mais étant donné la masse du char, et les objectifs définis par l’armée américaine, la solution chenillée semble privilégiée.

L’US Army a déjà sélectionné 2 industriels qui ont reçu une enveloppe de 376 m$ pour developper et construire 12 prototypes chacun. Comme pour l’ensemble du programme visant à remplacer les blindés américains, les délais sont particulièrement courts, puisque la production de série est attendue pour 2022, et l’entrée en service en 2025.

Les forces américaines avait renoncé à l’utilisation de char léger depuis 1996, avec le retrait du M551 Sheridan. Ce programme est justifié, selon les autorités américaines, par le besoin accrue de puissance de feu pour les unités débarquées, pour être en mesure de faire face à des forces retranchées et appuyées par des blindés, comme les forces russes. Il est vrais que ces dernières n’ont jamais renoncé à l’utilisation de chars légers, ni à armer plus lourdement leurs véhicules de combat d’infanterie ou de transport de troupe, qu’ils soient sur roues ou chenillés. Rappelons également que la Russie dispose d’un ratio blindés / soldats 3 fois supérieur à celui des forces occidentales. Cette différence monte à plus de 10 dés lors qu’il s’agit de comparer la densité des chars de combat ou des systèmes d’artillerie.

Nouvel Accident mortel à bord d’un sous-marin nucléaire russe

Selon une dépêche de Reuters, confirmée par un article de l’agence Tass, un sous-marin russe de « recherche » aurait subit, le 1er juillet, un incendie qui aurait couté la vie à 14 des marins à son bord, intoxiqués par les fumées de combustion. L’équipage serait parvenu à maitriser le sinistre, et le submersible aurait été remorqué à sa base d’opération de Severomorsk, en mer de Barentz, vers laquelle le ministre de La Défense Sergei Shoigou se serait rendu pour diligenter l’enquête. Les survivants ont été hospitalisés.

Bien que non confirmé par Moscou, le sous-marin en question serait le Losharik, un sous-marin de recherche de 1600 tonnes équipé d’un réacteur nucléaire E17, et armé par 25 membres d’équipage issus des services de renseignement militaires russes, le GRU. Le sous-marin, lancé en 1988, permettrait d’effectuer des plongées en eaux profondes, et serait utilisé pour des missions de renseignement. Il pourrait également être utilisé contre les câbles de communication océaniques.

Une question subsiste, quand à savoir si l’accident s’est tenu dans les eaux norvégiennes, comme le soutiennent certains médias, ou dans les eaux territoriales russes à l’occasion d’une plongée bathymétrique, selon la version officielle de Moscou.

La flotte de sous-marins nucléaires russes a connu de nombreux incidents et accidents ces 20 dernières années :

  • 12 aout 2000 : explosion dans le compartiment torpille du Koursk entrainant la perte du sous-marin et des 118 membres d’équipage
  • 6 septembre 2006 : le Daniil Moskovsky, un sous-marin nucléaire d’attaque de type Victor III, était victime d’un incendie de bord tuant deux membres d’équipage
  • 8 Novembre 2008 : le K-152 Nerpa, un sous-marin nucléaire d’attaque de type Akula, est victime d’un incendie tuant 20 membres d’équipage et en blessant 41. Ce même bâtiment, devenu le INS Charkra de la marine indienne, sera victime d’une collision en entrant dans le port indien de Visakhapatnam, détruisant l’avant du navire, ainsi que son sonar.
  • 29 Décembre 2011, in incendie se déclare à bord du sous-marin nucléaire lanceur d’engin K-84 Ekaterinburg alors qu’il était à cale humide, coulant partiellement le navire, sans faire de victime.

La Roumanie choisit Naval Group pour construire ses 4 corvettes

Selon le toujours très bien informé Michel Cabirol de LaTribune.fr, les autorités roumaines ont confirmé avoir sélectionné l’offre de Naval Group pour construire les 4 corvettes qui vont remplacer les corvettes de la classe Admiral Petre Bărbuneanu ou Tetal. Elle constitueront la colonne vertébrale de la marine roumaine dans les années à venir aux cotés des 2 frégates Type 22 acquises auprés des britanniques en 2003.

Il s’agit d’un nouveau succès pour Naval Group en Europe, après avoir été sélectionné avec le belge ECA pour concevoir et construire les 12 bâtiments de guerre des Mines de la Marine belge et néerlandaise. C’est également un nouveau succès pour la corvette Gowind2500, qui tend à devenir le modèle le plus vendu dans l’histoire du groupe français, avec les 4 exemplaires commandées par l’Egypte, les 6 exemplaires de la Marine Malaysienne, et les 2 unités commandées par les Emirats Arabes Unis. Avec 16 exemplaires en commande ou livrés, la Gowind2500 n’est plus qu’à une unité de la classe d’aviso A69 Estienne D’Orves, à ceci prêt qu’aucune Gowind n’a été commandée par la Marine Nationale.

Naval Group était donné challenger dans cette compétition (en Belgique/pays-bas aussi, du reste), faisant face à Fincantieri et surtout à Damen, partenaire de longue date de la Roumanie en matière de construction navale. Mais le Groupe français est parvenu à s’imposer grâce à une offre financiere très agressive de 1,2 Md€, contre 1,25 Md€ pour Damen, et 1,34 MD€ pour Fincantieri. Le groupe italien avait d’ailleurs tenté de porter l’affaire en justice il y a quelques jours, jugeant l’offre française « favorisée ». Par cette décision, le gouvernement roumain met fin à cet épisode qui laissera probablement des marques dans la coopération entre le groupe Italien et français.

Jaugeant 2400 tonnes pour une longueur de 107 mètres, la corvette Gowind 2500 présente un excellent rapport qualité/prix, emportant 16 missiles anti-aérien MICA-VL et 8 missiles anti-navires MM40 Block III, de tubes lance-torpilles pour torpilles Mu90, ainsi qu’un canon de 76mm et 2 de 20mm. Elle dispose d’un hangar et d’une plate-forme pour une hélicoptère de 10 tonnes, et peut être équipée d’un sonar à profondeur variable CAPTAS-2 pour la lutte anti-sous-marine, en complément du Sonar Kingklip de coque. Le bâtiment est parfaitement adapté pour un théâtre comme la mer noire, et taillé pour se frotter aux sous-marins de la flotte de la mer noire russe (636.3 improved Kilo). La Gowind2500 est armée par une équipage de 65 hommes, et à une autonomie de 3700 nautiques à 15 noeuds.

Plus de détails sur le système Pantsir-SM de défense rapprochée russe

Dans l’univers des systèmes de défense anti-aériens à courte distance, connu sous l’acronyme anglais SHORAD, le Pantsir S1 est original, non par sa conception, mais par sa fonction.

En effet, le système russe, dont le nom signifie carapace, a été conçu comme un système de protection rapprochée automatique, à l’instar des CIWS qui équipent désormais de nombreux bâtiments de combat, comme le très réputé Phalanx américain.

Le Pantsir S1/2, un CIWS terrestre russe pour protéger les infrastructures

En effet, la fonction première du Pantsir est d’intercepter et de détruire les menaces ayant réussi à passer au travers du rideau défensif anti-aérien, cette menace pouvant être un aéronef ou un hélicoptère, mais également un drone, un missile, une bombe, une roquette ou un obus d’artillerie.

C’est la raison pour laquelle, dans les dispositifs défensifs russes, le Pantsir n’intervient qu’en dernier recours, lorsque les S400/300, les BUK et les systèmes TOR M1/2 ne sont pas parvenus à neutraliser la menace. C’est également pourquoi les Pantsir sont en général positionnés très prêts des cibles à haute valeur tactique, potentiellement ciblées par les attaques de l’adversaire.

Massivement employé en Syrie, tant par les forces russes employant des versions S2, que par les forces syriennes disposant de près de 70 systèmes S1, le système s’est montré efficace contre les missiles et les attaques à la roquette, mais a montré des défaillances face aux attaques par drone.

En outre, sa portée limitée (S1 20 km), en a fait une cible privilégiée des attaques employant des systèmes stand off, notamment pour l’aviation israélienne.

Pantsir S1/2
Les Pantsir S1/2 déployés en protection des installations en Syrie n’ont pas répondu aux attentes des militaires russes face aux attaques par drone.

C’est la raison pour laquelle les autorités russes ont, comme elles l’ont fait avec de nombreux équipements, tirés les leçons des engagements syriens pour concevoir une version améliorée du système, le Pantsir SM.

Le nouveau Pantsir SM arrive dans les unités russes

Le nouveau Pantsir, qui devrait entrer en service à partir de 2021 dans les forces russes, dispose d’un nouveau radar de veille AESA portant la capacité de détection de 40 à 75 km à 360°, et se montre beaucoup plus efficace contre les cibles furtives et/ou lentes.

Le système dispose également d’un nouveau missile d’interception, le missile 57E6M-E, ayant une portée d’engagement de 40 km, le double de celle du 57E6E qui équipe les Pantsir S1, limitée à 18 km. Les 12 tubes lance-missiles du SM offre un panachage de ces deux missiles, le 57E6M ayant une portée minimum d’engagement de 1200 m là où le 57E6E peut engager à partir de 15 m une cible.

Ces missiles, dépourvus d’autodirecteur, utilise un guidage CLOS (Command to line-of-sight) comparable à celui utilisé par le système CROTALE NG français, très résistant aux contre-mesures.

Pour le guidage, le Pantsir dispose à la fois des informations fournies par le radar de poursuite AESA capable de suivre 20 cibles et de guider quatre missiles simultanément, et celles en provenance de la caméra thermique (limitée à une cible), l’équipage pouvant privilégier un système en fonction de la cible et de l’environnement.

Une bulle de défense canon de 4 km

En dernier recours, le Pantsir SM dispose, comme le S1/2 avant lui, de deux canons de 30 mm 2A38M alimentés de 700 obus de différents types (explosif, fragmentation, charge creuse), l’équipage pouvant sélectionner la munition la plus adaptée à la cible.

Chaque canon a une cadence de tir pouvant atteindre 2500 coups par minute, une portée horizontale de 4 km et verticale de 3 km. Ainsi paré, le SM offre donc une zone de couverture intégrale allant de 15 métrés à 40 km en ligne de visée, pour une altitude maximale de 8 km.

Les Pantsir SM peuvent agir selon 4 modes :
– le mode autonome
– le mode coopératif avec un système maitre et des systèmes esclaves
– le mode centralisé, recevant les attributions de cibles d’un poste de commandement alimenté en informations par tout ou parti des Pantsir
– le mode centralisé connecté, le poste de commandement étant dans ce cas connecté à un radar d’alerte et fusionnant les données avec celles fournies par les Pantsir le cas échéant.

Reste à voir si le nouveau Pantsir SM saura répondre aux attentes opérationnelles des militaires russes.

Le missile balistique hypersonique Avangard entrera bien en service cette année

Le vice-premier ministre Yuri Borisov a confirmé à l’agence TASS que la construction du nouveau missile hypersonique Avangard respectait bien le planning, et que les premiers exemplaires rejoindraient bien la division de missiles Dombarovski dans la region d’Orenbourg cette année. Cette déclaration a été faite suite à un reportage diffusé par la chaine américaine CBNC, selon lequel les sanctions imposées à la Russie empêchaient le bon déroulement du programme.

Le missile balistique intercontinental Avangard fait parti des programmes stratégiques annoncés par Vladimir Poutine en mars 2018 lors de la campagne présidentielle pour sa réélection. Il est doté d’un planeur de rentré atmosphérique qui conserve une vitesse hypersonique même lorsqu’il atteint les couches basses de l’atmosphère, tout en conservant une capacité de manoeuvre jusqu’à l’impact ou la détonation atmosphérique. De fait, contrairement aux MIRV, l’Avangard est aujourd’hui impossible à intercepter par les systèmes anti-missiles existant, comme le THAAD américain.

Si l’information est avérée, car on ne peut exclure à ce niveau une dénégation purement politique, la Russie disposera dès lors d’un atout technologique majeur pour la composante terrestre de sa force de dissuasion, d’autant que, dans le même temps, la production de série du système anti-missiles et anti-aérien S500 aurait elle aussi débuté, les premières unités devant être opérationnelles dès 2020.

Avec le missile aéroporté Kh57M, l’Avangard sera alors le deuxième système d’arme hypersonique en service dans les forces russes, et dans le monde. Les Etats-Unis développent conjointement deux programmes hypersoniques, mais n’envisagent pas d’entrée en service avant 2025. La Chine a elle aussi un programme de missiles hypersoniques, avec notamment le planeur hypersonique WU-14, qui reste cependant en phase de test. La France a lancé, en 2019, le programme V-MAX, dirigé par la DGA, avec pour objectif de disposer d’un prototype de planeur hypersonique en 2021, mais n’envisage pas de pouvoir l’intégrer à un système d’armes avant 2030-2040.

Dans le domaine des armes hypersoniques, la Russie dispose, de fait, d’une confortable avance technologique.