mardi, décembre 2, 2025
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La Marine russe va prochainement recevoir des drones poseurs de mines

Alors que les marines occidentales re-découvrent le besoin de disposer d’une flotte de chasseurs de mines, comme le montre l’ambitieux contrat des marines belges et néerlandaises pour 12 chasseurs de mines lourds, les forces russes développent, elles, des systèmes autonomes pour déployer des mines navales rapidement et efficacement.

Selon un communiqué de la société Tecmash, à l’occasion du salon Army-2019, les autorités russes auraient commandé, il y a 3 ans, la conception d’un drone de minage navale autonome déployé par camion tout terrain Kamaz, assurant également le rôle de poste de controle. Le drone serait en mesure de déployer des mines dans un rayon de 5 à 15 km, de cartographier la zone minée, et de transmettre ces informations aux centres de commandement.

Selon ce même communiqué, le dispositif aurait été commandé par la Marine russe ainsi que par « plusieurs clients à l’export », sans toutefois préciser de qui il s’agissait, ni le nombre de dispositifs acquis. L’ensemble des commandes représente, selon Tecmash, plusieurs milliards de roubles (1 € = 70 roubles).

Il faut noter que, puisque transporté par camion, ce dispositif semble être avant tout défensif. Mais rien n’obère le fait que des dispositifs similaires, controlés à partir de navires ou de submersibles, puissent être utilisés de façon plus offensive, pour miner un point de passage stratégique par exemple.

Et la Grande-Bretagne perd son industrie de construction de blindés

La Grande-Bretagne a été le premier pays à mettre en œuvre un char d’assaut au combat, le 15 septembre 1916, durant la bataille de la Somme. Le Mk1 n’était pas une réussite, et la majorité des blindés engagés furent détruits ou tombèrent en panne.

Mais ils ouvrirent la voie à ce qui allait devenir une arme majeure présente sur l’ensemble des champs de bataille depuis. Si les Matilda et les Cromwell ne brillèrent pas pendant la Seconde Guerre mondiale face à leurs homologues allemands, le Sherman Firefly, modifié par les Britanniques et doté d’un canon long de 76 mm, fut lui très apprécié pour sa capacité à percer les Panther et les Tigres teutons.

Le meilleur char produit par l’industrie outre-manche fut, sans conteste, le Centurion. Conçu à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, ce char de 51 tonnes était bien blindé, doté d’un canon puissant de 90 puis 105 mm, et était remarquablement fiable.

Il fut notamment le fer de lance des forces israéliennes qui utilisèrent des versions modifiées du Centurion face aux T55 et T62 arabes pendant la guerre des six jours et celle du Yom Kippour, avant d’être remplacé par les premiers Merkava de facture locale.

Centurion de larmee israelienne pendant la guerre des 6 jours Contrats et Appels d'offre Défense | Analyses Défense | Chars de combat MBT
Et la Grande-Bretagne perd son industrie de construction de blindés 2

Ce furent également les Britanniques qui inventèrent le blindage composite Chobham dans les années 60, qui équipa le char Challenger (1), en faisant un des chars les mieux protégés des années 80, avec le M1 Abrams américain, lui aussi équipé de ce type de blindage.

Le Chobham et ses dérivés, furent au cœur de la nouvelle génération de chars de combat occidentaux, comme le Leopard 2 allemand, ou le Leclerc Français, donnant ces formes anguleuses caractéristiques, car le blindage composite ne permettait pas de créer des formes complexes, ou courbes.

Les britanniques développèrent, eux, le char Challenger II, toujours équipé de ce blindage, mais dont les performances étaient (et son toujours), jugées inférieures à celles de ses concurrents européens et américains.

Malgré cette antériorité historique extraordinaire, la branche « véhicules blindés » du britannique BAe, vient d’intégrer une Joint-Venture créée avec l’Allemand Rheinmetall, le co-concepteur du Leopard II, avec une position minoritaire, faisant perdre à la Grande-Bretagne la main sur son industrie de construction de blindés.

Cette Joint-Venture est organisée autour de la commande de prés de 500 véhicules de combat d’infanterie Boxer du constructeur allemand par la British Army, elle même faisant suite à celle de 589 blindés Ajax de l’américain General Dynamics, également construit en partie par Rheinmetall, deux contrats passés au détriment des offres locales de BAe.

Ce naufrage industriel et historique est avant tout la conséquence d’un manque flagrant d’anticipation des autorités politiques britanniques qui, embourbées dans les conflits afghans et irakiens, ne parvinrent par à anticiper le besoin d’évolution de leur parc blindé, et donc de dégager les crédits nécessaires aux études amont, celles-là même qui permirent, 40 ans plus tôt, de concevoir le blindage Chobham et le Challenger 1, et de devoir se tourner vers des solutions étrangères, affaiblissant rapidement leur propre industrie.

Une leçon à tirer pour la France, dont les ambitions européennes idéalisées pourraient bien mener son industrie de Défense sur la même pente que l’industrie des blindées britanniques …

Plus d’informations sur le futur de la flotte d’assaut russe

Comme l’ensemble de la marine russe, la flotte de débarquement a largement souffert, ces 30 dernières années, des pertes de compétences des chantiers navals du pays, liées à l’absence de crédits dans une nation en pleine reconstruction. En outre, l’Union Soviétique faisait appel aux chantiers navals ukrainiens, et non russes, pour construire les unités de fort tonnage, comme les navires d’assaut. Après l’échec de l’acquisition des 2+2 Mistrals français, de nombreuses annonces, parfois fantaisistes, souvent contradictoires, furent faites concernant la construction d’un futur « Mistral russe », sans être suivies de fait. Car, en réalité, en 30 ans, la flotte d’assaut et de débarquement russe n’aura vu l’entrée en service que de 2 bâtiments de la classe Ivan Gren, aux performances par ailleurs limitées.

Mais depuis le début de la décennie, un vaste programme de modernisation des chantiers navals russes fut entrepris. Ce programme fut un temps freiné par l’annexion de la Crimée et la guerre du Donbass, les turbines à gaz qui équipent la majorité des bâtiments de la Marine Russe étant, depuis l’indépendance, importés d’Ukraine (nb : Les LST Ivan Gren sont équipés de moteurs diesels). Il fallut donc quelques années pour être en mesure de produire des groupe propulsifs alternatifs, pour reprendre une production nominale. Désormais, les chantiers navals russes ont retrouvé, semble-t-il, un niveau de performance et de savoir-faire compatible avec les exigences de la production de bâtiments militaires. Ainsi, alors qu’il fallut prés de 14 ans pour terminer la construction du bâtiment d’assaut Ivan Gren par les chantiers navals Yantar de Kaliningrad, la construction de son sister-ship, le Petr Morgunov, débitée en 2015, n’aura pris que 4 années, le bâtiment devant entrer en service cette année.

Deux autres unités de la classe Ivan Gren devaient être construits, mais à l’entame des travaux, il devint vite évident que les nouveaux bâtiments différaient de leurs ainés. Plus long, plus lourd, nous en savons désormais plus sur ces navires d’assaut, grâce à un article publié par le journal interne des chantiers Yantar, relayé par le site Naval News. Contrairement à ce qui fut précédemment avancé, les bâtiments ne seront pas dotés d’un pont droit, à l’image des LHD[efn_note]Landing Helicopters Dock[/efn_note] américains de la classe America, ou des Mistral Français, mais garderont la forme d’un LST[efn_note]Landing Ship Tank[/efn_note], comme l’Ivan Gren ou le Type 071 chinois. En revanche, les navires seront beaucoup plus imposants, atteignant un tonnage évalué à 9000 tonnes contre 6500 tonnes pour l’Ivan Gren, et seront dotés d’une super-structure et d’un pont aeronautique également largement plus dimensionnés que ceux de leurs ainés. Ainsi, le pont d’envol permettra à deux hélicoptères moyens, Ka29 ou Ka52, d’effectuer des manoeuvres aviations simultanément, mais restera limité à un seul hélicoptère lourd, de type Mi8 ou Mi17. La construction des deux nouveaux navires ayant été entamée cette année, leur entrée en service devrait intervenir en 2022 ou 2023, selon toute probabilité.

La construction du futur LHD russe reste, en revanche, très incertaine. Les bureaux d’étude Krylov ont présenté à plusieurs reprises leur modèle « Priboy », et plusieurs annonces ont été faites à ce sujet, notamment au sujet d’un début de construction devant intervenir en 2020 ou 2021 aux chantiers navals Severnaya Vert de Saint-Petersbourg. Mais aucune confirmation officielle de commande n’a pour l’heure été signifiée. La construction des deux Ivan Gren modifiés risque, on le comprend, de reporter encore cette construction, d’autant que les moyens alloués à la flotte de surface russe par la GPV 2020-2027 sont limités, et déjà largement entamés par la rénovation des croiseurs Kirov et du porte-avions Kuznetsov, et par la future classe de destroyers 22350M Super Gorshkov dont 8 unités doivent être commandées d’ici 2028. Il y a des limites à ce qu’il est possible de faire avec 18 Md$ de crédits d’équipements annuels par les armées russes.

70 officiers supérieurs chinois rétrogradés pour corruption

Plus de 70 officiers supérieurs actifs et retraités de l’Armée populaire de libération ont été rétrogradés pour des faits de corruption. 

Les officiers, dont au moins un général et deux lieutenants généraux, ont été punis pour leurs collusions avec Fang Fenghui, ancien chef d’état major. Fang avait été sous le coup d’une enquête pour corruption dès août 2017 et a été expulsé du Parti communiste chinois plus d’un an plus tard, en octobre 2018. Il sera finalement condamné à la prison à vie pour corruption le 20 février 2019.

Une chose intéressante est à soulever : la clémence des sanctions, aucun des officiers n’a été condamné à de la prison. Une manoeuvre pour ne pas nuire à l’image de l’armée populaire, qui avait déjà beaucoup souffert en 2017, mais aussi de ne pas nuire au moral selon les déclarations d’un officier de marine à la retraite interrogé par le South China Morning Post.

Xi Jinping continue donc sa croisade anti-corruption. Selon un rapport publié dans le journal officiel de l’armée chinoise, le PLA Daily, plus de 13 000 officiers ont été punis pour des faits de corruption entre 2012 et 2017. Le prince rouge en sanctionnant sévèrement les « tigres » mais en se montrant relativement clément avec les « mouches » maintient son cap et renforce son pouvoir en éliminant d’éventuels rivaux. 

Carte chine Contrats et Appels d'offre Défense | Analyses Défense | Chars de combat MBT
Les 5 régions militaires en Chine

Cependant, cette réorganisation de l’APL à travers la lutte contre la corruption ne se limite pas au renforcement du pouvoir personnel de Xi Jinping, il s’agit d’un événement qui rentre dans une logique chinoise de long terme : se préparer à la guerre moderne. Comme nous avons pu l’observer avec la refonte récente des théâtres de commandement et la création de nouvelles branches militaires : la force des fusées (PLARF)et la force du soutien stratégique (PLASSF).

Ces purges ne sont pas des exercices staliniens d’excès et d’illusions autoritaires mais résultent d’une volonté chinoise de se garantir une armée méritocratique et compétente capable de réaliser le rêve chinois.

Clément Guery
Spécialiste des questions de politiques étrangère et de sécurité de la République populaire de Chine.

Les 7 clés de la construction de l’Europe de La Défense

L’Europe de La Défense est un projet aussi ancien que celui de la coopération économique européenne, qui donnera la CECA, puis la Communauté Européenne, pour enfin devenir l’Union européenne aujourd’hui. Mais là ou les aspects économiques et réglementaires ont su être pris en charge au niveau supra-national, les aspects de Défense ont, eux, stagné sans jamais pouvoir dépasser le statut du projet de bonne volonté. Nous avons déjà abordé les limites de l’approche actuelle de l’Europe de La Défense, ainsi que les raisons pour lesquelles ce projet est désormais indispensable tant à la protection qu’à la pérennité européenne. Dans ce dernier article, nous aborderons donc la façon dont ces objectifs peuvent être atteints, en dépit des très nombreuses difficultés existantes entourant le sujet.

Cette approche repose en 7 points clés, qui vont définir le cadre dans lequel l’Europe de La Défense pourrait évoluer pour satisfaire aux atteintes des européens, comme aux exigences internationales.

1- L’ambition

Tout projet repose sur une ambition, et poser celle-ci comme un critère de succès de la construction de l’Europe de La Défense, peut paraitre, sinon dénué de sens, en tout cas, verbeux. Pourtant, c’est précisément cette ambition qui, aujourd’hui, fait principalement défaut. Non pas l’ambition de faire avancer le projet politiquement, nous avons vu que le président français comme la chancelière allemande ne manquaient pas une occasion pour dire leur détermination à le voir aboutir. Il s’agit là de l’ambition de répondre aux objectifs réels du projet, en premier lieu desquels celui d’être en mesure de protéger, de manière autonome, le continent européen, ses membres, et leurs intérêts, de toute agression extérieure.

Cette ambition est à la fois déterminante pour ce qui concerne le périmètre des actions à entreprendre, comme pour prendre conscience des moyens à y allouer. Elle est également indispensable pour fédérer l’adhésion des européens au projet, sans lesquels rien ne pourra se faire. Elle donne, enfin, une feuille de route claire et sans ambiguïté aux gouvernants, pour décider de la façon dont ils souhaitent se positionner. Plutôt que d’être le plus petit commun dénominateur européen, l’ambition qui porte l’Europe de La Défense doit être définie non pas par ce que l’on peut, ou croit pouvoir faire, mais par ce qu’il est nécessaire de faire.

2- La méthodologie

S’il est également un point défaillant aujourd’hui dans la construction de l’Europe de La Défense, c’est bien l’absence de méthode. Les communications et les ambitions de chacun s’entre-choquent sans logique, l’un prônant l’ouverture aux entreprises américaines, l’autre prônant la création d’une armée européenne, et tout le monde faisant le contraire de ce qu’il a dit. Comme pour l’ambition, la méthode employée pour construire et diriger l’Europe de La Défense se doit d’être lisible et claire pour les européens, de sorte à ce qu’ils puissent s’approprier le projet.

Et quelle ne serait pas la surprise, si, pour une fois, la méthodologie employée répondait à une structure efficace et normée, inspirée des normes ISO, reposant sur 4 étapes clés : Constat, Plan, Execution, Verification.

  • le Constat, c’est la cause ayant donné naissance au projet, ou à ses sous-projets. Dans le cas macro-politique de l’Europe de La Défense, il s’agirait de la résurgence des menaces exterieures, la possible défaillance américaine, et le besoin de protection des intérêts de l’Union
  • Le Plan, c’est la réponse qui doit être apportée au constat, pour être en mesure d’en traiter les conséquences. Il se décompose en deux parties, la première relevant la transcription du constat en objectifs, la seconde assurant la transformation des objectifs en expression de besoins.
  • L’Execution, c’est la réponse politique apportée au plan, par l’allocation de moyens, qui peuvent être financiers, humains, légaux etc…
  • La Vérification, comme dans tout processus normé, analyse conjointement le Plan et l’Execution, pour en évaluer l’application, mais également pour apporter des modifications nécessaires au processus lui-même.

Cette méthodologie, appliquée de manière incrémentale, permet non seulement d’avoir une lecture pertinente de l’ensemble du dispositif mis en place, mais contient ses propres mécanismes de régulation, de sorte à contenir les dérives possibles du système.

3- La gouvernance

La gouvernance de l’Europe de La Défense est, aujourd’hui, un des principaux points d’achoppement entre les différentes analyses portant sur le sujet. La Défense étant l’archétype du pouvoir régalien, elle ne doit pas se faire au détriment des prérogatives nationales de Défense, mais en parallèle, et en complément, de celles-ci. Et pour définir une structure de gouvernance adaptée à nos ambitions, comme à notre contexte, nous utiliserons la méthodologie présentée dans le point précédent.

Cette gouvernance se diviserait en effet en 5 acteurs agissant chacun à un niveau différent, de sorte à disposer d’une lisibilité optimum des processus mis en oeuvre :

  • Un collège d’experts serait en charge de l’analyse des menaces, risques et contraintes portant sur l’Europe en matière de Défense, de sorte à pouvoir définir, de façon indépendante, une Revue Stratégique, document de référence de la construction de l’Europe de la Défense
  • Un Etat-Major Européen, nommé par les pays membres, et composé de militaires, mais également d’universitaires, juristes, économistes … aura la charge de rédiger la première partie du Plan, à savoir l’expression de besoin, sous forme de Livre Blanc
  • L’exécutif européen, en l’occurence la commission européenne, ou un éventuel ministère européen de La Défense, serait en charge de transformer ce Livre Blanc en Loi de programmation Européenne, avant de le transmettre aux gouvernants des pays membres.
  • L‘exécutif national aura, alors, en charge la transformation de cette loi de programmation, tout du moins les parties le concernant, en programmation nationale, puis d’assurer le retour de cette LPE, éventuellement amendée, à l’exécutif européen.
  • Le Parlement européen aura, lui, la charge de vérifier l’exécution du processus, et d’y apporter les modifications nécessaires pour assurer son bon fonctionnement.

Il faut noter que ce mode de fonctionnement, s’il ressemble, par les termes employés, à la méthodologie française, en diffère en de nombreux points. Ainsi, les Revues Stratégiques et les Livres Blancs ne sont pas des expressions politiques d’une ambition de Défense, mais le résultat de travaux indépendants, de la part d’experts nommés dans ce but. De même, la Loi de Programmation n’attribue pas de moyen, mais réparti entre les pays membres la responsabilité de l’attribution de ces moyens, de sorte à disposer d’un tout cohérent, et indépendant, des ambitions nationales, qui peuvent diverger dans certains cas. Enfin, le parlement européen n’a pas de rôle autre que législatif dans ce processus, limité à la vérification de celui-ci, de sorte à ne pas ajouter aux débats nationaux qui auront lieu.

Il faut noter que cette approche de la gouvernance de l’Europe de La Défense est très progressive et adaptative, puisqu’elle peut, dans un premier temps, se concentrer sur les aspects capacitaires purs, pour évoluer, par l’extension de la mission du collège d’experts comme de l’Etat-Major, vers des considérations beaucoup plus étendues, et stratégiques, sans jamais capter de prérogatives aux états, aux gouvernants, et aux parlements nationaux. Il s’agit de faire plus, pas de faire autrement…

4- Une nature inclusive

De part sa nature, sa sensibilité, et son ambition, l’Europe de La Défense ne pourra, dans la forme présentée ici, fédérer l’ensemble des gouvernements européens ab initio. Il est même probable que le nombre d’Etats disposés à intégrer un tel processus soit très limité à son lancement. Dès lors, la nature même du projet se devra d’être structurellement inclusive, et souple, de sorte à permettre aux Etats de s’y intégrer progressivement, et même parfois partiellement.

Mais cela suppose également que les acteurs initiaux aient l’ambition et, d’une certaine manière, les moyens, de répondre aux ambitions de celui-ci. En effet, des pays comme les pays Baltes, les pays d’Europe de l’Est, et même la Grèce, ne seront pas disposés à intégrer le processus au risque de se brouiller avec les Etats-Unis, qui aujourd’hui agissent, selon eux, comme leur assurance-vie face à la Russie, ou face à la Turquie. Car, ne nous leurrons pas, une telle initiative, si elle ne se fera pas contre l’OTAN, se fera en revanche au détriment du contrôle qu’exercent les Etats-Unis sur ces pays. Dès lors, pour être crédible, il sera indispensable que les pays du « premier cercle », soient en mesure de proposer des capacités d’intervention et de dissuasion comparables à celles que pourraient effectivement fournir les Etats-Unis, le cas échéant.

Il convient, sans se bercer de faux espoirs, de prendre conscience que l’Europe de La Défense ne pourra prendre son envol sans un renforcement important des moyens de défense, notamment conventionnels, de la France et de l’Allemagne, ses deux plus fervents supporters. Et ce ne sera que lorsque ces deux pays seront, ensemble, capables de déployer dans des délais courts, une force militaire suffisante pour constituer un obstacle crédible à tout aventurisme militaire, que les autres pays européens s’ouvriront à cette initiative.

5- Le volet industriel

L’industrie de Défense reste, dans cette approche, un enjeu majeur pour l’autonomie stratégique de l’Europe de La Défense. Mais le pilotage de ce volet devra, lui, être transformé pour répondre à la méthodologie globale. Et cette transformation sera importante …

En premier lieu, le volet industriel n’aura plus pour objectif de financer des programmes indépendants et limités dans le temps, mais de répondre à une stratégie globale d’équipements et de developpement technologiques, basées sur les documents de référence, la Revue Stratégique, et le Livre Blanc. En outre, ces développements devront satisfaire non pas quelques besoins isolés, à mi-chemin du lobbying industriel, mais de répondre aux besoins de l’ensemble des Etats, et de tous les théâtres. Ainsi, à titre d’exemple, le programme en charge des systèmes de combat aérien, ne pourra pas se limiter à un système financièrement accessible à une poignet d’états européens les plus riches, mais devra intégrer une gamme d’aéronefs répondant à l’ensemble des besoins, et des moyens, des européens.

Ce fonctionnement par gamme de produit, suppose également une planification à long terme, comparable à celle ayant cours en Russie, en Chine, ou aux Etats-Unis. Les Etats resteront évidemment maitre de leurs acquisitions, mais pourront, en privilégiant les équipements européens, bénéficier de mécanismes de contre-partie des recettes budgétaires perçues par les Etats produisant ces équipements. Ce mécanisme, basé sur la doctrine Défense à Valorisation Positive, permettra aux Etats européens choisissant des équipements d’origine européenne, et membres de l’initiative européenne de Défense, d’obtenir des remboursements pouvant atteindre 65% du montant total de la commande. Ce mécanisme permettra également d’éviter la surmultiplication arbitraire des acteurs de l’industrie de Défense, tout en étendant sensiblement les capacités d’équipements de tous les membres. A noter que rien n’empêche d’ajouter, à ce montant restitué, un abondement européen prélevé sur les fonds de l’UE, notamment pour les pays les plus en tension. Des mécanismes similaires pourraient être mis en place au niveau des programmes de défense européens, pour équilibrer les retours budgétaires et les dépenses effectives des états participants.

Cette approche, à long terme, favoriserait également la concentration des acteurs européens, en dehors de tout calcul national, de sorte à voir émerger des champions européens ayant la taille critique pour s’imposer face aux géants américains et chinois, sur la scène internationale. D’autres mécanismes, comme le fonctionnement en « programme de programmes » et la conception modulaire des programmes, permettraient de simplifier les processus d’exportation, tout en respectant les impératifs politiques nationaux.

Enfin, les flux financiers ainsi générés, permettaient, par l’instauration d’une taxe européenne, d’alimenter un fond dédié à l’Innovation et au developpement des technologies de rupture de Défense, abondé par les Etats Membres et l’Union européenne, de sorte à pouvoir disposer des moyens suffisants pour developper l’innovation disruptive de Défense sur le continent.

6- La Garde Européenne

Le point le plus polémique, aujourd’hui, concernant le projet d’Europe de La Défense, est sans conteste celui de la création d’une armée européenne, abordé par le Président Macron cet hivers, et par la Chancelière Merkel quelques jours plus tard. La création d’une armée à l’échelle européenne poserait, évidemment, de très nombreux problèmes, notamment de gouvernance, d’attribution des moyens, de captation des effectifs. La crainte de la majorité de ses détracteurs, en grande partie justifiée aujourd’hui, serait que ce projet se fasse au détriment des armées nationales, et finisse par amputer encore davantage les déjà trop faibles moyens dont disposent les armées nationales.

D’un autre coté, la position soutenue par ses promoteurs, est tout aussi justifiée. Selon eux, l’Europe de La Défense ne pourra prendre forme que le jour ou une armée européenne en assumera la représentation physique. Il est vrais que l’armée est, du point de vu sociétal, le catalyseur d’une nation, ou d’un groupe de nation. Ainsi, ce fut l’armée de libération populaire qui donna naissance à la Chine moderne, comme ce fut l’armée rouge qui fit naitre l’Union Soviétique. Et si la Russie retrouve son essence nationale, c’est avant tout autour de son armée. On peut même étendre la réflexion en disant que l’Europe ne deviendra l’Europe que le jour ou elle aura sa propre armée.

Le dialogue de sourds entre les pro et les anti armées européennes, ne prend compte, à aucun moment, de la nature exacte du besoin existant. Dans ce domaine également, l’application de la méthode définie ici même apporte une vision constructive du problème.

En effet, l’anticipation des résultats du constat fait par la Revue Stratégique, permet d’identifier que l’Europe manque cruellement de moyens mécanisés lourds susceptibles de s’opposer à une agression massive de haute intensité. Cette menace se caractérise par une probabilité faible, mais un enjeux très important, puisque la seule alternative pour y faire face, aujourd’hui, reposerait sur l’emploi d’armes nucléaires. Et la réponse à cette problématique précise est, traditionnellement, le recours à la conscription, peu envisageable à l’échelon européen, ou à des forces de réserves, sous la forme d’une Garde Européenne.

La Garde Européenne répondrait aux exigences des opposants au projet, puisque ne se construisant pas au détriment des armées nationales, qui garderaient leurs prérogatives. Son encadrement, matriciel, incorporerait une dimension nationale pour les aspects opérationnels, et une dimension européenne pour les aspects organiques, à l’image de la Garde Nationale américaine. En outre, ses missions seraient strictement encadrées, et limitées à La Défense du territoire européen. Son financement serait assuré par le ministère européen de La Défense, sur un fond en provenance de l’Union européenne, ne se déduisant pas, comptablement, des allocations faites aux armées nationales.

7- La dissuasion

Dernier point clé de la construction de l’Europe de La Défense, la Dissuasion est aujourd’hui une prérogative purement française dans l’Union européenne. Tous les pays européens ayant signé le traité de non prolifération, aucun n’est en mesure de developper, légalement, une arme nucléaire aujourd’hui, à l’exception de la France qui dispose, pour les mettre en oeuvre, de 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’Engins, de deux escadrons de l’armée de l’air, et du porte-avions Charles de Gaulle.

Or, aujourd’hui, la dissuasion est une composante indispensable à la protection efficace du territoire européen. C’est d’ailleurs par cette même dissuasion, et notamment avec la bombe B61, que les Etats-Unis s’assurent de la fidélité des nations européennes depuis cinquante ans. Elle représente l’unique moyen de répondre à un chantage nucléaire, à l’image de celui que firent les Etats-Unis au Japon après le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki, pour obtenir la réédition du pays.

Dès lors, la construction de l’Europe de La Défense ne pourra se faire en faisant l’économie d’une extension de la dissuasion française à l’échelon européen. Mais il s’agit là tout autant d’un formidable atout pour la France, que d’un risque d’engrenage dangereux pour la nation. Là encore, les pro et les anti se déchirent depuis des mois, sans être en mesure d’apporter une solution.

Comme précédemment, la méthodologie est en mesure de débloquer le débat, puisque le besoin effectif, une fois les forces conventionnelles équilibrées grâce à la garde nationale, se limiterait à une posture visant à neutraliser ce chantage nucléaire préalablement cité. De fait, le risque d’engrenage, dans une posture purement défensive, serait beaucoup plus facilement contenu, notamment par un système de double-clé, comparable à celui employé pour les bombes B61 de l’OTAN. En outre, les pays membres accéderaient au statut d’acteur de la dissuasion européenne, sans délester la France de celui de décideur ultime.

Conclusion

Nous voilà donc au terme de cette série d’articles consacrée à la construction de l’Europe de La Défense. Son objectif n’était pas de définir un projet, mais de montrer que, par un changement de paradigmes, et par une approche méthodique, il était possible d’envisager une approche ambitieuse répondant aux enjeux de la sécurité de l’Europe du 21eme siècle.

Reste que ce projet, indispensable, ne pourra voir le jour que si la France et l’Allemagne parviennent à mettre de coté les postures politiques et les calculs à court terme, et s’ils s’entendent pour donner l’impulsion, l’ambition, et la structure requise pour atteindre un tel objectif. La France ne pourra pas fédérer seule autour d’elle sur ce projet, pas plus que l’Allemagne, et seul le couple franco-allemand aura cette force.

Le Prix du F35 créé des remous politiques en Norvège

La semaine dernière, le quotidien norvégien Bergen Tidende, a publié un article sur les surcouts du programme F35 qui semble faire grand bruit à Oslo. En effet, selon cet article, le prix du programme est passé de 81,6 milliard de couronnes (8,16 Md€) à plus de 97,6 Md aujourd’hui (9,76 Md€), soit une progression de presque 20% de 16 Md de couronnes, 1,6 Md€, en seulement 7 ans. Ce surcout serait basé sur les variations du taux de change du dollar ainsi que sur les couts de maintenance et d’évolution des appareils, dont la Norvège a commandé 52 exemplaires, et reçu 9.

Dans un pays comme la Norvège, ou l’opinion publique a un pouvoir très important, cette information n’est pas restée sans conséquence. Ainsi, le gouvernement du pays a mandaté un groupe d’experts de 10 personnes, épaulés par 30 spécialistes, pour réaliser une étude complète des couts du F35, et de l’impact de surcouts éventuels sur le budget du pays. Cette étude représenterait prés de 10.000 heures de travail selon un spécialiste du sujet, interrogé par un média local.

Atterrissage premier F35 norvegien Contrats et Appels d'offre Défense | Analyses Défense | Chars de combat MBT
Le premier F35 Norvégien a l’atterrissage de nuit

Il est plus que surprenant qu’une telle initiative n’ai pas déjà été prise par d’autres clients du chasseur américain. Si les prix d’acquisition du F35 continuent de baisser, en tout cas pour la version classique A, le prix de l’heure de vol reste dramatiquement élevé. L’US Air force l’évalue aujourd’hui à 35.000 $ , alors que le DoD et le Pentagone estiment que ce cout ne pourra descendre sous la barre des 25.000 $ dans les 5 ans à venir. En outre, les évolutions de versions des F35 déjà livrés ajoutent des surcouts importants à la facture finale des Etats, sachant que le constructeur américain a pris le parti de livrer des appareils en standard incomplet aux clients, en attendant l’émergence des solutions technologiques requises, de sorte à ne pas ralentir la chaine de production. Dès lors, les appareils qui sortent aujourd’hui des chaines d’assemblage devront, prochainement, subir des mises à jours onéreuses de plusieurs millions de $ pour disposer de l’ensemble des fonctionnalités prévues.

En fonction du résultat de l’étude norvégienne, les constructeurs européens, Airbus, Dassault et Saab, seraient dès lors en droit de porter en justice les décisions des gouvernants européens en faveur du F35, en faisant valoir une compétition biaisée par le constructeur américain, par la dissimulation des couts réels de son appareils. Cette étude intéressera également très probablement les gouvernements Suisses et Finlandais, qui se sont vus proposer le F35A dans les compétitions visant à moderniser leurs flottes de chasse respectives.

Il faudra bien, à un moment, que la vérité des couts de possession et d’utilisation de l’avion américain, soit publié au grand jour, et que les européens soient informés des dépenses faites pour cet avion, dont les performances sont toujours sujettes à caution.

L’US Navy veut augmenter la taille de ses silos verticaux pour préparer l’avenir

A l’occasion de la conférence des ingénieurs navals, le vice-amiral Thomas Moore, en charge du commandement des systèmes navals, a donné quelques indications que les axes retenus par l’US Navy pour les années et avenir à venir, en matière de missiles, comme de silos de lancement verticaux. En premier lieu, celui a insisté sur le besoin d’accroitre la taille de ces silos, de sorte à pouvoir embarquer les futurs missiles hypersoniques qu’attend avec impatience l’US Navy, afin de pouvoir faire face aux systèmes russes et chinois. Or, ces missiles seront très probablement trop imposant pour se satisfaire d’un lanceur Mk41, conçu pour recevoir des missiles de la taille de l’BGM-109 Tomahawk, du missile SM2 ou de la roquette ASROC. Selon l’amiral Moore, l’augmentation de la taille de ces silos s’accompagnera de la systématisation des pack de missiles par silos, quad-pack ou octo-pack, lorsque le silo ne recevra pas le missile hypersonique.

Cela entrainera également l’augmentation de la taille des bâtiments, selon lui. L’US Navy a lancé l’étude du programme visant à remplacer les croiseurs de la classe Ticonderoga, comme les destroyers Arleigh Burkes de première génération. Ce bâtiment sera, selon toute probabilité , plus imposant que ses ainés, de sorte à pouvoir emporter un nombre suffisant de missiles de tout type, de sorte à pouvoir saturer les défenses adverses, tout en étant en mesure de résister à une attaque massive. Un sujet que nous avions déjà abordé ici même, dans l’article « faut-il construire à nouveau des croiseurs pour la Marine Nationale« .

La France a développé son propre système de lancement vertical, le système Sylver, dont les cellules ont des dimensions sont sensiblement comparables à celles du Mk41 standard américain, avec des cellules de 60 cm. Les mêmes causes entrainant les mêmes conséquences, il est possible que le besoin d’un nouveau standard Sylver s’impose également au système français.

L’Allemagne va commander 91 missiles anti-radar AGM-88E à l’américain Raytheon

S’il est un domaine dans lequel les forces aériennes, et plus particulièrement européenne, ont perdu en capacité, c’est bel et bien dans la suppression des radars adverses. En France, les dernières unités de l’armée de l’air disposant de missiles antiradar MARTEL sur mirage IIIE et Jaguar, perdirent cette capacité en 1999, sans qu’aucun programme de remplacement n’ai été lancé. La Luftwaffe, équipée de Tornado, conserva ce savoir-faire, en s’équipant de missile HARM AGM-88, missions qu’ils continuent d’assurer aujourd’hui. Jusqu’ici équipés de AGM-88B Block IIIB, les avions allemands, dont on ignore s’il s’agira de Tornado, de Typhoon, ou de F/A 18 Super Hornet, pourront désormais emporter la dernière version de ce missile entrée en service initialement en 1985, l’AGM-88E, disposant d’un autodirecteur intégrant un radar millimétrique capable d’identifier les materiels à leur forme, avec la capacité de hiérarchiser les cibles.

Dans la compétition qui oppose désormais le Typhoon d’Eurofighter et Airbus DS, et le F/A18 Super Hornet de Boeing, pour le remplacement des Tornados allemands, la mission de suppression des radars adverses est largement soulignée, laissant même penser qu’une version guerre électronique de l’appareil, quelqu’il soit, pourrait être envisagé. Une approche qui n’est pas sans rappeler celle faite dans cet article, qui présentait une analyse sur le besoin d’un avion de guerre électronique et anti-radar pour les forces aériennes françaises, ainsi que la façon de le financer. Car cette capacité fait cruellement défaut aux appareils français, même si les armes comme la bombe guidée A2SM permettent, théoriquement, de détruire des systèmes radars lorsqu’elles sont alimentées par le SPECTRA du Rafale.

Peut-être une nouvelle commande de Su35 pour la Chine

La semaine dernière, à l’occasion du salon Army2019 qui s’est tenu prés de Moscou, les autorités russes ont officiellement proposé à la Chine de commander un nouveau lot de chasseurs Su35, pour compléter la flotte de 24 appareils déjà acquis en 2015, et tous livrés aujourd’hui. La démarche peut paraitre étonnante, la Chine n’ayant, à ce jour, pas fait de demande dans ce sens, et poursuivant par ailleurs son effort pour produire ses propres avions de combat. Mais, dans les faits, elle se justifie.

En effet, Moscou sait parfaitement qu’une partie des aéronefs vendus à Pékin servent au developpement des nouvelles technologies chinoises. En particulier, le moteur Saturn 117S du Su35 est une source d’information importante pour les ingénieurs chinois en charge du developpement du moteur WS19 à poussée vectorielle par exemple, devant équiper les J16, J20, FC31 et peut-être la prochaine version du J10. Il s’agit donc, pour les autorités russes, de fermer les yeux sur la rétro-ingénierie chinoise, à condition d’obtenir une nouvelle commande de Su35. D’autre part, si les appareils chinois ont fait de remarquables progrès technologiques ces 20 dernières années, ils n’atteignent pas encore le niveau de performances de leurs homologues russes. Or, avec les tensions qui s’amplifient en mer de Chine, et autour de Taiwan, un appareil comme le Su35, disposant d’un excellent rayon d’action, et parfaitement taillé pour tenir tête aux appareils américains, peut s’avérer un atout précieux. Les autorités militaires chinoises ne s’y sont d’ailleurs pas trompées, puisque les Su35 chinois ont été affectés à cette mission dès leur entrée en service. Enfin, l’augmentation du parc de Su35 permettrait de rationaliser la maintenance des appareils, en dépassant le seuil de la micro-flotte auquel elle est astreinte aujourd’hui.

Reste que, pour l’heure, les autorités chinoises n’ont pas donné de réponse, positive ou négative, à la proposition de Moscou. D’une part, si les forces aériennes chinoises doivent encore remplacer plus de 500 J7 et J8 aujourd’hui dépassés, elle ne peut le faire sur la base d’appareils importés, beaucoup plus chers que les productions locales. D’autre part, malgré l’apport incontestable du Su35 aux capacités opérationnelles chinoises, la précédente commande était présentée comme la dernière commande d’un appareil de combat non chinois, l’industrie chinoise devant, dès lors, prendre le relais qualitativement et quantitativement. Mais Pékin sait également que cette commande serait importante pour l’industrie de Défense russe, car permettant de maintenir l’outil productif en attendant le lancement de la production du Su57, par ailleurs également proposé par Moscou à son voisin.

Il est de fait parfaitement possible que cette offre soit acceptée par la Chine, lui permettant à la fois d’augmenter plus rapidement sa puissance aérienne tout en soutenant son allié. Ce serait, enfin, un certain pied de nez aux menaces américaines de représailles économiques via la législation CAATSA, de sorte à montrer que celle-ci n’a aucune influence sur les décisions du géant asiatique.

Fin de l’exercice surprise pour 150.000 militaires russes

L’exercice surprise qui a démarré le 24 juin, et qui mobilisa prés de 150.000 militaires, 20.000 systèmes d’armes, 500 aéronefs et 35 bâtiments de combat russes, dans un périmètre s’étendant de la Sibérie occidentale à la Volga et la mer Caspienne , a pris fin le 28 juin. Il s’agissait, pour le chef d’Etat-Major des armées, de vérifier l’état de préparation et la réactivité de ses forces, dans des délais courts, et à une échelle jusque là inédite pour ce type d’exercice improvisé.

Selon le communiqué de presse publié par le ministère des armées, l’ensemble des forces engagées ont rejoint dans les délais prévus les 50 zones d’exercice attribuées, pour y mener, pendant 4 jours, des exercices tactiques coopératifs inter-armées. Depuis 2012, et l’arrivé au ministère de La Défense de Sergeï Chouigou et du général Gerasimov à la tête de l’Etat-Major russe, ce type d’exercice et d’inspection surprise se sont multipliés, et entendus, passant de quelques bataillons en 2013, à plusieurs corps d’armées aujourd’hui. Non seulement permettent-ils de vérifier et maintenir la préparation opérationnelle des forces, mais ils envoient également un message de puissance au niveau international, très peu de nations étant capables de mobiliser de telles forces dans des délais aussi courts.

Le choix des unités participants à cette exercice n’est pas, lui non plus, anodin. Il permet de transmettre un message sans faire croitre les tensions aux frontières européennes ou caucasiennes, sachant pertinemment que les 250.000 hommes des unités déployées le long de ces frontières ont également une très grande réactivité, et un haut degré de préparation opérationnelle. De fait, la Russie serait en mesure de mobiliser, dans des délais de quelques jours, une force militaire de prés de 400.000 hommes, là ou les nations européennes ne pourraient, au mieux, en aligner que 50.000, dans ce délais. Un rapport de force qui, évidemment, donne-t-à réfléchir …