mardi, décembre 2, 2025
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L’Irak veut collaborer avec l’Iran en matière de défense anti-aérienne

Visiblement, le succès enregistré par les systèmes de défense anti-aérien iranien contre le drone MALE américain il y a quelques jours, aura suscité de l’intérêt auprés de ses voisins. Ainsi, les autorités irakiennes ont fait savoir qu’elles souhaitaient collaborer avec l’Iran dans ce domaine, et donc d’acquérir auprés de son voisin les systèmes et les savoir-faire nécessaires.

Cette volonté de collaboration n’est cependant pas née il y a quelques jours. En effet, les forces armées irakiennes avaient envoyé il y a deux mois une délégation en Iran pour évaluer les performances des systèmes indigènes, ainsi que les possibilités de collaboration. Possibilités qui ne se résumeraient d’ailleurs pas à la seule défense anti-aérienne, puisque Bagdad discuterait avec Teheran dans les domaines de l’artillerie, des radars, des drones et de la guerre électronique.

Ce possible rapprochement est également un signal envoyé aux Etats-Unis, dont l’influence est de plus en plus contestée auprés des autorités irakiennes, surtout depuis la victoire électorale du nationaliste chiite Moqtada al Sadr lors des élections législatives de 2018.

Au delà des considérations purement politiques, cette annonce est également révélatrice des progrès avérés réalisés par les industries de Défense iraniennes, notamment en matière de défense anti-aérienne. Rappelons que si Téhéran s’est vue refuser la livraison de systèmes S400 par Moscou, ce n’est pas le cas de Bagdad, qui est dans les bonnes grâces des autorités russes. Il n’y a aucune raison de penser que la Russie s’opposerait à la vente de systèmes moyenne portée BUK à l’Irak. Dès lors, on peut raisonnablement penser que les systèmes iraniens sont, si pas équivalent aux systèmes russes, au moins suffisamment performants pour assurer une défense anti-aérienne efficace.

l’Arabie saoudite encore sous le feu des attaques par missiles et drones Houtis

L’aéroport international saoudien de Abha, à 300 km au nord de la capitale yéménite de Saana, a été la cible d’une attaque par drone dimanche 23 juin, ayant mortellement blessé un ressortissant Syrien, et blessé 21 autres personnes, 4 indiens, 2 égyptiens, 13 saoudiens et 2 Bangladeshis. L’attaque aurait été menée par les rebelles houtis utilisant un drone suicide chargé d’explosif. Les défenses anti-aériennes n’auraient pas été en mesure d’intercepter l’appareil, au sujet duquel très peu d’informations ont pu filtrer.

Cette attaque fait suite à celle du 12 juin, visant le même aéroport, à l’aide d’un missile de croisière, et ayant couté la vie à 2 passagers, et blessé 26 autres. Là encore, le système de défense Patriot n’aurait pas été en mesure d’intercepter la menace. En revanche, le 20 Mai, ils ont intercepté deux missiles balistiques houtis visant les villes de Jeddah et de Makkah.

En représailles de l’attaque de ce dimanche, les forces aériennes de la coalition menée par l’Arabie saoudite auraient mené une attaque contre ce qui est identifié comme un dépôt d’armes Houtis, fournissant notamment les équipements pour les attaques menées sur le territoire saoudien ces derniers jours.

Il semble évident que le Royaume saoudien sera encore exposé à ce type d’attaque, et que le Patriot n’est pas taillé pour y répondre. En revanche, le système Crotale de Thales, notamment avec le missile VT4, est parfaitement apte à remplir cette mission. Le système est en service dans les forces armées saoudiennes, mais n’a pas été mis à jour suite à l’échec des négociations entamées en 2012.

Les tensions US-Iran donnent lieu à une série d’attaques cyber

Si les risques d’engagements militaires entre l’Iran et les Etats-Unis semblent avec reculés ces derniers jours, après l’assaut américain ordonné puis annulé par le président Trump, c’est sur le théâtre cyber que les deux acteurs semblent s’affronter aujourd’hui.

Selon les agences de presse américaines Reuters et AP, ce week-end aurait été le théâtre d’attaques multiples menées tant par les iraniens que les américains contre les infrastructures cyber des deux pays. Coté américain, ce sont les batteries de missiles iraniennes, et notamment de missiles balistiques à moyenne portée comme le DF3 chinois, qui auraient été visées et rendues inopérantes pendant le week-end. Téhéran reconnait l’attaque, mais déclare que celles-ci ont été jugulées, et la disponibilité des missiles n’auraient pas été altérée.

Coté iraniens, se sont, comme souvent, les services gouvernementaux qui auraient fait l’objet d’attaques en déni d’accès, mais également en Spear-Phishing sur les messageries Outlook des utilisateurs de ces agences. Ces attaques auraient été identifiées et neutralisées par les services gouvernementaux, ainsi que les entreprises spécialisées dans la protection des systèmes, comme FireEye.

On peut toutefois noter que ces attaques étaient, très probablement, d’une portée limitée, voir symbolique. En effet, rien n’indique que des infrastructures très sensibles, comme les services de distribution d’énergie ou d’eau, n’aient été visées, ni d’un coté, ni de l’autre. En outre, il est réputé que dans le cas d’une offensive massive stratégique, des techniques d’ingénierie sociale seraient employées, bien plus efficaces que les attaques purement cyber.

Ces attaques cyber réciproques tiennent donc davantage de l’échange de civilité que d’actions offensives réelles.

L’Inde commande 10 avions P8 Poseidon de patrouille maritime supplémentaires

Le comité du ministère de La Défense indien a confirmé la commande de 10 avions de patrouille maritime P8 Poseidon, du constructeur Boeing, pour un montant de 3 Md$. Cette commande portera la flotte indienne de P8 à 22 appareils, après une première commande de 8 P8 signée en 2009, et dont les aéronefs sont d’ores et déjà en service, et une seconde de 4 avions, signée en 2016, avec une entrée en service prévue entre 2021 et 2022. Au total, les 22 P8 indiens auront couté la somme de 6,2 Md€.

Cette commande s’inscrit dans un programme global de modernisation de La Défense indienne. Les Etats-Unis ont ainsi déjà enregistré une commande de 24 hélicoptères navals MH60-R, ainsi qu’une de 6 hélicoptères AH64 Apache, et, via l’entreprise Raytheon, la commande de systèmes de défense anti-aérien NASAMS II en partenariat avec le norvégien Kronberg. Les Etats-Unis proposent par ailleurs leur F16V, dénommé pour l’occasion F21, pour la compétition visant au remplacement des mig21 indien, alors que Boeign propose le F/A 18 Super Hornet pour équiper les porte-avions de New-Delhi.

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à bénéficier de cette modernisation. La Russie, premier partenaire de l’Inde en matière d’équipements de Défense depuis des décennies, à récemment vendu 21 Mig29 supplémentaires aux forces aériennes indiennes, et a accorder les droits pour la construction de 14 Su30MKI construits sous licence sur place. Elle a également vendu 4 frégates légères Admiral Grigorovich, et propose son sous-marin Amur pour le programme P75(i). En outre, l’Inde à commandé 5 régiments de systèmes S400 auprés de la Russie.

Malgré cela, les Etats-Unis semblent avoir donné à New-Dehli des assurances concernant l’absence de poursuites du pays sous la législation CAATSA, qui menace actuellement la Turquie pour l’acquisition de ces mêmes S400 russes.

La France est également très impliquée dans les différentes compétitions en cours en Inde. Naval Group livre actuellement les 6 sous-marins de la classe Kalvari (type Scorpene), à la marine indienne, alors que Dassault a entamé la livraison des 36 Rafales commandés par le pays. Ces deux entreprises participent respectivement à la compétition du programme P75(i) pour 6 nouveaux sous-marins, à la compétition pour le remplacement des mig21/27 indiens (104 appareils) et pour équiper les portes-avions de la marine du pays (54 appareils) avec le Rafale.

La Chine déploie des chasseurs J-10C en mer de Chine

Des photos satellites, révélées par la chaine d’information CNN, ont montré la présence de chasseurs légers J10C sur une des bases avancées construites par les forces chinoises, de sorte à s’assurer le contrôle de la mer de Chine.

Ce déploiement a eu lieu sur la base aéronavale de Yongxing, dans l’archipel Xishas, un groupe d’iles au sud des Paracels, au sud de la mer de Chine, sur laquelle la Chine a construit une base navale et aérienne autour d’une piste de 2700 m capable d’accueillir la majorité des appareils de l’APL. C’est également une des bases les plus proches des trajets empruntés par les bâtiments de l’US Navy (entre autre), pour tenter de faire respecter le droit international dans la zone.

La base chinoise sur lile Yongxing Actualités Défense | Aviation de chasse | Fait accompli
Vue aérienne de l’iles de Yongxing et de sa piste de 2700 m

Le J10C est un chasseur léger aux performances similaires à celles du F16 et du JAS39 Gripen, équipé d’un radar AESA, d’une grande manoeuvrabilité, d’un rayon d’action supérieur à 1000 km, et d’une capacité d’emport de plus de 10 tonnes de carburant et d’armements, dont les missiles air-air à longue portée PL15, le missile anti-navire YJ9, et de nombreuses munitions air-sol guidées. La Chine dispose de plus de 600 J-10, sont au moins 200 J10C, et l’appareil est toujours en production.

En déployant ces appareils, la Chine aura désormais la possibilité de réagir rapidement pour intercepter les aéronefs entrant dans la zone d’identification aérienne de Défense imposée par la Chine, de sorte à « garantir l’inviolabilité de ses frontières aériennes comme navales », selon les déclarations d’un expert aéronautique chinois interrogé par le site d’Etat GlobalTimes. Selon plusieurs observations, la base de Yongxing est également équipée de batteries de missiles anti-navires YJ62, et d’un système HQ-9 antiaérien d’une portée de 200 km.

Les Paracels sont également revendiquées par Taïwan et par le Vietnam.

Le F35 se prépare à affronter le SCAF et le Tempest

A l’occasion du Salon du Bourget, Micheal Evans, directeur du programme F35 chez Lockheed-Martin, a dévoilé le futur du programme, et notamment comment il entend couper l’herbe sous le pied des programmes SCAF et Tempest européens en matière de « 6eme génération ». Il a notamment donné quelques précisions sur le futur standard « block 4 », qui devra entrer en service à partir de la moitié de la prochaine décennie.

Ainsi, ce standard prend largement en considération les reproches faits à l’appareil, notamment en matière d’endurance, avec l’adjonction de réservoirs conformes permettant d’étendre l’autonomie de 40%, ou un système de suivi de terrain pour permettre à l’appareil d’évoluer à basse altitude et à grande vitesse en sécurité quelque soit la météo. On ne peut s’empêcher de remarquer qu’avec ces modifications, le F35 tente de se rapprocher des profils de mission du Rafale, alors que, justement, sa furtivité était sensée lui permettre d’entrer en territoire hostile à haute altitude, de sorte à économiser le carburant, et minimiser les risques en matière de systèmes sol-air.

Mais surtout, le programme F35 va, selon Michael Evans, évoluer vers une architecture ouverte, permettant un interfaçage simplifié avec les systèmes exogènes, et devenir, dès lors, un « système de systèmes », soit la définition même de la « 6eme génération ». En outre, comme nous l’avions déjà évoqué, l’US Air Force a lancé un programme très dynamique visant à étendre les capacités des avions de combat par des effecteurs déportés, en l’occurence le programme Valkyrie. Selon Lockheed, le F35 est d’ores et déjà conçu pour permettre une évolution simplifiée de sorte à intégrer et contrôler ces appareils « consommables », dans le dispositif de combat.

Le drone Skybord de Boeing dans le programme loyal wingman Actualités Défense | Aviation de chasse | Fait accompli
Le drone XQ58 Valkyrie du constructeur Kratos correspond à la définition des Remote Carriers
du programme SCAF

Bien entendu, il ne s’agit là que de déclarations, et pour l’heure, le F35 reste un appareil aux performances questionnables, au prix d’utilisation exorbitant, et dont la fiabilité est remise en question. Mais les axes d’évolution détaillés par Lockheed montrent une réelle prise en considération des réalités opérationnelles auxquelles l’avion doit faire face. Surtout, son discours commercial, comme son planning technologique, semble conçu pour neutraliser le bon technologique ambitionné par les programmes européens qui, une fois encore, dont le planning semble de moins en moins pertinent.

US NAvy Next gen program Actualités Défense | Aviation de chasse | Fait accompli
Vue d’artiste du programme de chasseur de prochaine génération de l’US Navy prévu pour 2030+

Il ne faut pas, non plus, ignorer que l’US Air Force comme l’US Navy ont chacune un programme pour la conception d’un chasseur lourd de nouvelle génération à horizon 2040, pour remplacer respectivement les F15 et les F22 de l’Air Force, et les Super Hornet de la Navy. Ces programmes pourront s’appuyer sur les briques technologiques issus du programme F35, et donc concentrer les investissements vers des technologies plus disruptives comme la très haute vitesse ou le vol exorbitant-atmosphérique. De fait, les 3 programmes américains pourraient, en 2040, prendre en étau technologique les programmes européens, condamnant, cette fois définitivement, l’industrie aéronautique européenne.

Lancement officiel du nouveau programme de sous-marins de la marine indienne

Le Ministère de La Défense indien a publié ce 20 juin la lettre d’intérêt donnant le coup de départ à la compétition pour le programme P-75(i) visant à construire 6 nouveaux sous-marins d’attaque dans les chantiers navals indiens. Ce contrat fait suite au contrat P75, remporté par le français Naval Group en 2010, pour construire 6 sous-marins de la classe Kalvari (type Scorpène) par l’industrie navale indienne, dont un exemplaire est déjà en service, 3 en phase de tests, et dont la dernière des 6 unités entrera en service en 2022.

A la différence des P75, les sous-marins du programme P75(i) devront être dotées d’une propulsion de type AIP, pour Air Independant Propulsion, permettant au bâtiment d’augmenter très sensiblement son autonomie en plongée, au delà de 3 semaines.

Le Ministère indien attend entre 5 et 8 offres, à transmettre d’ici 2 mois, pour son programme, en provenance des chantiers européens Naval Group, TKMS, Saab et peut-être Navantia, russes avec la classe Amur, et asiatiques avec les sous-marins japonais et sud-Coréens. Le programme dispose d’un financement global de 45.000 Croores, soit 6,2 Md€.

Naval Group est naturellement en bonne position dans cette compétition, le Kalvari répondant parfaitement aux attentes de la Marine Indienne, et la gestion du programme P75 n’ayant pas été mis en cause dans les retards enregistrés. Mais la Russie l’est également, du fait du rapprochement récent entre New Dehli et Moscou sur de nombreux dossiers de Défense, en dépit de ses faiblesse en matière de maitrise de la technologie AIP. L’Allemagne et la Suède peuvent en revanche mettre en avant leur experience dans ce domaine, alors les coréens et les japonais ne manqueront pas de faire valoir la proximité de théâtre , et d’adversaire potentiel. En d’autres termes, il s’agit d’une compétition extrêmement ouverte, dans un pays que l’on sait être compliqué dans ce type de négociation.

La Grande-Bretagne et le Sénat américain mettent à leur tour les livraisons d’armes à l’Arabie saoudite sous embargo

Le gouvernement britannique a suspendu, ce jeudi 19 juin, et pour une durée indéterminée, les livraisons d’armes vers l’Arabie saoudite, après que les juges de la court d’appel de Londres aient décrété celles-ci comme illégales sur la base de l’utilisation probable des armes dans la guerre menée au Yemen par la coalition menée par Riyad. Par transitivité, cette suspension s’applique à l’ensemble des pays participant à cette intervention, y compris les Emirats Arabes Unis, et le Koweit, qui s’est porté acquéreur de 28 Typhoon auprés de Londres en 2016.

Parallèlement, le sénat américain, à majorité républicaine , s’est rangé aux demandes démocrates, en suspendant la vente du système anti-missiles THAAD à Riyad, alors que le président Trump estimait ce contrat de 8 Md$ comme « une urgence absolue ». Le même embargo que celui porté par le Royaume-Unis menace désormais les pays membres de la coalition interventionnismes au Yemen.

Si ce revirement à des bases légales et morales très compréhensibles, il risque de provoquer une réaction violente des dirigeants arabes, qui pourraient, alors, modifier leurs réseaux d’alliances, et notamment s’ouvrir encore davantage qu’ils ne l’ont fait aux offres russes et chinoises. La tentation de s’unir pour atteindre une certaine forme d’autonomie stratégique sera également bien plus pressante, avec des pays comme l’Egypte, ou la Turquie, tout à fait disposés à fournir la BITD nécessaire.

Ceci dit, les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran, et le risque de conflit qui en résulte, risquent de faire voler en éclat ces embargos à court termes, notamment face au besoin d’alliés fidèles et impliqués dans cette région stratégique. Il est donc probable que le président américain face usage de son droit de veto pour bloquer la décision sénatoriale.

Les défenses anti-aériennes iraniennes

Alors que, selon le New-York Times, le président Trump a ordonné, puis annulé, cette nuit, des frappes contre des installations radar et des batteries de missiles sol-air iraniens, il est intéressant de s’interroger sur les capacités de la république islamique en matière de défense Sol-Air.

Depuis l’arrivée au pouvoir du régime des Ayatollahs, la république islamique d’Iran a été isolée du marché de l’armement mondial, tant par les occidentaux que les Soviétiques, tous soutenant l’Irak dans la guerre qui l’opposent à l’Iran entre 1980 et 1988.

Après l’effondrement soviétique, le pays, qui avait soutenu plusieurs mouvements terroristes et le Hamas palestinien, continua d’être mis sous embargo, et dû donc trouver des solutions de défense autonome.

Pendant près de deux décennies, ces solutions se résumèrent au rétrofit des materiels subsistant du régime du Sha, de la guerre Iran-Irak, ainsi que de quelques équipements irakiens venus se mettre sous la protection de Téhéran lors de la seconde guerre du Golfe. Parallèlement, le régime entama des négociations avec la Chine, la Corée du Nord, et la Russie, en vue de moderniser ses forces, notamment ses forces anti-aériennes.

S200 Systme Actualités Défense | Aviation de chasse | Fait accompli
L’Iran dispose de plus de 400 lanceurs S200 (SA-5 Gammon)

En effet, alors que les tensions avec l’Arabie saoudite et Israël allaient croissantes, le besoin d’une défense anti-aérienne nombreuse et performante s’est imposée au régime iranien, qui entreprit de developper plusieurs programmes, de sorte à pouvoir proposer une palette de systèmes contre une éventuelle attaque des aviations de ces pays, épaulées ou non par les Etats-Unis. Il en résulte aujourd’hui un nombre très important de systèmes en service, d’origine et de performances très hétérogènes, mais qui, une fois intégrés, peuvent représenter un haut degré de résilience face à une attaque aérienne, fut-elle menée par les Etats-Unis.

En effet, l’Iran dispose aujourd’hui de plus de 2200 batteries de missiles sol-air, de 15 types différents, répartis sur l’ensemble de son territoire, renforcés par près de 5000 pièces anti-aériennes de différents calibres. Nous identifions d’abord, dans ces systèmes, ceux acquis auprès de nations étrangères :

  • 4 batteries de S300P et 4 de S300PMU2 livrées par la Russie entre 2011 et Aujourd’hui, qui sont probablement les systèmes les plus performants aujourd’hui en service à longue portée
  • 29 batteries TOR-M1 à courte portée, livrées par la Russie entre 2013 et 2015
  • 400 lanceurs S200 modernisés avec le missile local Ghareh
  • 50 lanceurs SA6 modernisés à moyenne portée
  • 30 systèmes Rapier britannique à courte portée
  • 200 lanceurs Hawk modernisés hérités des armées du Sha

À cela s’ajoutent les systèmes acquis ou codéveloppés avec la Chine et la Corée du Nord

  • 400 lanceurs Sayaad copie du HQ2 chinois, lui-même copie du SA2 soviétique
  • 200 systèmes Ya-Zahra-3, copie du HQ-7 chinois, lui-même copie non autorisée du système crotale français
  • 300 lanceurs Mersad, version améliorée du MIM-23 Hawk
RaadAntiAirMissileSystem Actualités Défense | Aviation de chasse | Fait accompli
Système antiaérien Raad à moyenne portée

Enfin, la République Islamique d’Iran a développé plusieurs programmes de défense anti-aérienne autonomes, majoritairement basés sur la rétro-ingénierie des systèmes déjà en service

  • 400 systèmes à moyennes portées de type Raad 1 et 2 , et Khordad-3, présentant de nombreuses similitudes avec les missiles SM1MR. Le drone RQ4 Global Hawk abattu le 19 juin l’aurait été par un système Khordad-3
  • 200 systèmes Herz-9, qui semble inspiré des technologies du Rapier
  • 200 systèmes Sayad 2/3, eux aussi proches du SM1MR, pour une portée de 120 à 150 km.
  • Au moins une douzaine de batteries Bavar 373 à longue portée, réponse iranienne au refus de la Russie de livrer de nouveaux S300 après 2015.

Du point de vue de la détection, l’Iran dispose d’un réseau dense de radars de différents types et de différentes fonctionnalités, dont des radars basse fréquence (BSR-1 en VHF), des radars passifs (Alim), et un radar OTH (Over the Horizon) Sepher, ainsi que de très nombreux de technologies et de fréquences différentes.

EA 18G at Whidbey April 2007 Actualités Défense | Aviation de chasse | Fait accompli
Tout efficace qu’il soit, le EA18G Growler ne peut brouiller qu’un certain nombre de systèmes à la fois

On le voit, les technologies employées par les défenses anti-aériennes iraniennes sont relativement classiques, et datées, et sont donc à la portée des systèmes occidentaux de brouillage et de contre-détection. Mais ce n’est pas tant leur technologie que leur nombre qui pourrait poser un problème. Un appareil comme le EA-18G Growler de l’US Navy ne peut brouiller simultanément qu’un certain nombre de radars, et la multiplicité des systèmes iraniens pourraient, dès lors, faire peser une menace de saturation de ces capacités de brouillage. Le F35 est évidemment taillé pour ce genre d’environnement, mais là encore, la multiplicité des systèmes, agissant en couches multiples, pourrait faire peser une menace avérée sur les appareils. Or, la perte de F35 au-dessus du sol iranien pourrait avoir de graves conséquences, comme l’acquisition technologique par d’autres pays, comme sur l’aura d’invulnérabilité dont Lockheed, le Pentagone et l’OTAN nappe l’appareil.

Enfin, il ne faut pas oublier les effets des systèmes anti-aériens complémentaires, comme les batteries d’artillerie, et l’aviation de chasse iranienne. Le pays dispose d’un grand nombre de pièces anti-aériennes de différents calibres, allant du 23 mm classique russe pour La Défense rapprochée, aux canons Sa’ir de 100 mm, atteignant une portée de plus de 20 km et une altitude de 16 000 m. Quant à sa force aérienne, elle dispose encore d’une vingtaine de F14 Tomcat, et de Mig 29, d’une cinquantaine de F4 Phantom et d’autant de chasseurs légers F5, F7 et Mirage F1, des appareils pouvant représenter une menace pour les appareils engagés au-dessus du sol iranien, surtout à courte distance.

L’Iran n’est donc pas un « adversaire facile », et elle dispose une importante capacité de résilience face à une attaque aérienne. Outre les conséquences politiques et géopolitiques d’une intervention aériennes contre le pays, déjà évoquées, ce paramètre doit minutieusement être évalué, avant de s’engager dans un aventurisme opérationnel, même limité.

Israël anticipe l’arrivée de S300/400 supplémentaires au Moyen-Orient

Selon le porte-parole de l’Arme de l’Air israélienne, celle-ci anticiperait, suite aux tensions croissantes entre l’Iran et les Etats-Unis, l’arrivée de nouveaux systèmes S-300 et S-400 au Moyen-Orient, que ce soit pour protéger l’espace aérien syrien à partir duquel les attaques du Hezbollah sont menées, ou directement sur le sol Iranien. Pour y faire face, les stratèges israéliens conçoivent désormais, à l’occasion de wargames, des opérations pour éliminer, sous forme de frappes préventives, les systèmes, qu’ils soient iraniens ou russes, en faisant usage de ses F35A, dont c’est une des missions principales. Ces wargames incluent, selon les déclarations, des simulations pour préparer les pilotes.

Jusqu’à présent, Moscou comme Pékin se sont toujours opposés à la livraison de systèmes anti-aériens très performants à Téhéran. Mais si une attaque venait à être lancée par les Etats-Unis ou ses alliés, les positions des pays seraient probablement appelées à changer, avec la livraison rapide aux forces iraniennes de systèmes sol-air, anti-navires et, éventuellement, d’avions, hélicoptères de combat et de blindés, les deux pays ayant des stocks importants d’équipements déclassés pouvant être remis en état de combattre. Il faut également rappeler que si l’Iran ne dispose que de 8 systèmes S300, elle détient également plus de 2200 systèmes anti-aériens allant du Hawk américain au systèmes Sayad 1/2/3 d’une portée supérieure à 100 km basés sur des systèmes chinois.

Le missile anti aerien Sayad 2 concu a partir du SM1MR americain Actualités Défense | Aviation de chasse | Fait accompli
Le missile équipant le système Sayad 2 iranien est copie modifiée du SM1MR américain
doté d’une portée atteignant les 120 km

Il semble que, pour l’heure, ce soit avant tout l’hostilité des européens vis-à-vis d’une intervention militaire contre l’Iran qui pondère les intentions américaines, qui n’envisage pas d’intervenir sans une large coalition.