En 1992, l’Arménie participait, aux côtés de six autres anciennes républiques soviétiques, dont la Russie, participa à la création de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, ou OTSC.
Peu de temps après, l’Azerbaïdjan rejoignit l’alliance qui suppose, comme l’OTAN, qu’une agression contre l’un de ses membres doit être considérée comme une agression contre chacun de ses membres, alors même que le pays était en conflit avec l’Arménie dans le Haut-Karabagh. Cette adhésion fut suivie, en 1993, par celle de la Géorgie.
Condensé historique de l’organisation du traité de sécurité collective, ou OTSC
Centrée autour de la Russie, l’OTSC constituait alors un organe de contrôle efficace pour Moscou afin de conserver les anciennes républiques soviétiques dans sa sphère d’influence, notamment au travers de déploiements de troupes russes dans ces différents pays.
L’édifice commença à s’effriter en 1999 avec la création du GUAM, une organisation de coopération économique et politique qui rassemble l’Ukraine, la Moldavie, ainsi que deux transfuges de l’OTSC, la Géorgie et l’Azerbaïdjan, mais dénué d’alliance militaire. L’Ouzbékistan, pour sa part, évolua entre ces deux organisations jusqu’en 2012, avant de suivre une trajectoire indépendante.
Il ne fallut que 5 jours aux armées russes pour arriver aux portes de Tbilissi, la capitale géorgienne, en aout 2008.
Moscou fit chèrement payer le refus de s’aligner de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Moldavie, et leur basculement vers l’Europe et l’OTAN. D’abord, en 1992, en soutenant militairement le mouvement séparatiste de Transnistrie contre la Moldavie, lors de la guerre du Dniestr, aboutissant au déploiement permanent de forces russes sur ce territoire sécessionniste suite au cessez-le-feu de 1992.
En 2008, les armées russes déclenchèrent une vaste opération militaire contre la Géorgie, après avoir, par de multiples provocations, amené Tbilissi à déclencher une opération de riposte en Ossétie du Sud.
Au terme d’une opération de 5 jours, la Géorgie se voyait contrainte d’accepter les conditions imposées par la Russie pour un cessez-le-feu, en acceptant de donner une indépendance élargie aux Oblasts d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie à majorité russophone.
Enfin, en 2014, les Armées russes déclenchèrent, en marge des événements de Maïdan ayant amené au départ du président pro-russe Ianoukovytch, une opération militaire amenant à la capture de la Crimée, puis, en 2015, au déclenchement de la guerre du Donbass qui dura jusqu’en février 2022, et le déclenchement de l’opération spéciale militaire russe contre l’ensemble de l’Ukraine.
Les guerres du Haut-Karabagh
L’Azerbaïdjan, qui est la seule, ancienne République soviétique appartenant au GUAM et non à l’OTSC, à ne pas avoir subi une agression russe, a déclenché une offensive en 2020 contre le haut-Karabagh, un territoire historique arménien capturé par Erevan lors de la première guerre du Haut-Karabagh de 1988 à 1994.
Les forces russes imposèrent un cessez-le-feu lors de la seconde guerre du Haut-Karabagh, qu’après que les armées azéries aient abattu un hélicoptère russe au-dessus du sol arménien.
La mollesse de la réponse russe comme de l’OTSC et de l’occident au conflit de 2020, mais aussi la pression opérationnelle exercée sur les armées russes par le conflit en Ukraine, ainsi que la réélection de l’allié R.T Erdogan au printemps dernier, ont convaincu l’azerbaïdjanais et son belliqueux président, Ilham Aliyev, de l’opportunité d’une nouvelle offensive cet été.
Il ne fallut que quelques jours aux armées azéris pour balayer les dernières défenses arméniennes dans le Haut-Karabagh, et s’emparer de l’ensemble de la province, provoquant l’exode de près de 90 000 arméniens vers Erevan.
Pas davantage qu’en 2020, la Russie, comme les autres républiques membres de l’OTSC, n’intervinrent pour protéger leur allié, qui aujourd’hui, de l’aveu même du Secrétaire d’Etats américain, Anthony Blinken, face aux parlementaires de la Chambre des Représentants, est directement menacé d’une intervention globale de la part des armées du président Aliyev.
Le Corridor de Zanguezour et le soutien français à l’Arménie
En effet, l’Azerbaïdjan souhaite désormais, très ouvertement, obtenir une jonction terrestre avec l’enclave du Nakhitchevan, un territoire azéri situé le long de la frontière iranienne, et entouré par l’Arménie. Ce corridor, appelé corridor de Zanguezour, permettrait à l’Azerbaïdjan d’unifier leur territoire, mais surtout à son président, d’une nouvelle fois apparaitre comme l’homme providentiel vis-à-vis de son opinion publique.
La France a vendu des missiles Mistral sol-air et des radars GM 200 à Erevan pour lui permettre de durcir ses défenses antiaériennes.
Ni le calendrier, pas davantage le montant et les détails de ces transactions n’ont été détaillées par les deux hommes politiques. La France est le premier pays ayant accueilli la diaspora arménienne après le génocide turc de 1915, avec plus de 100.000 arméniens vivant dans le pays.
Ce soutien affiché ouvertement par Paris à Erevan, n’a naturellement pas été du gout de Bakou, comme le soutien de la France à la Grèce ne l’avait pas été à celui d’Ankara auparavant. Ainsi, le président Aliyev a publiquement accusé la France de néocolonialisme, et de vouloir précipiter en guerre entre l’azerbaïdjanais et l’Arménie.
Ce à quoi Sébastien Lecornu a répondu « Bonne chance pour expliquer comment les armes (vendues par la France) ont une mission agressive. Ce sont des systèmes d’armes qui, par leur nature même, ne peuvent être déployés qu’en cas d’agression sur le territoire arménien ». Et d’ajouter « Personne ne peut blâmer un État souverain pour avoir protégé son ciel et la population vivant en dessous ».
Un soutien français indispensable pour l’Arménie et la paix dans le Caucase
Sans être déterminant, le soutien français à l’Arménie a été particulièrement bien accueilli par Erevan, qui manque d’alliés pour faire face à un pays trois fois plus peuplé, et quatre fois plus riche en raison de ses réserves d’hydrocarbures.
Fortes de plus de 130 000 hommes, les forces armées azerbaïdjanaises sont trois fois plus importantes que celles d’Erevan..
Il faudra cependant bien davantage que 3 radars, même si le Ground Master 200 est effectivement très performants, et des missiles mistral, pour contenir une éventuelle offensive azéri soutenue par une Turquie ayant annoncé une augmentation historique de ses dépenses militaires, contre l’Arménie, ou contre le corridor de Zanguezour.
La question est désormais de savoir à quel point la France, probablement le seul pays européen susceptible d’intervenir en soutien d’Erevan, sera prête à intervenir pour assurer la protection de l’Arménie ?
Dans le cas contraire, il ne faudra sûrement pas s’étonner, à l’avenir, si l’Azerbaïdjan, et son allié turc, développent un appétit de conquête territoriale, persuadés, comme Moscou l’était en 2022, de l’inaction des puissances occidentales et européennes.
L’appareil, construit à Marignane, avait été préféré à l’UH-60M Black Hawk de l’Américain Sikorsky, au terme d’une évaluation avancée pour répondre aux mieux aux attentes des Forces spéciales, et à la grande variété de mission et d’environnement dans lesquels elles peuvent être amenées à évoluer.
La commande pour 14 H225M Caracal pour les forces spéciales néerlandaises signée le 1ᵉʳ octobre
Selon le ministère de la Défense néerlandais, de nombreux critères ont été évalués, en matière de performances (vitesse, plafond, capacité de charge, rayon d’action), d’emploi opérationnel (taille de la cabine, capacité de reconfiguration, ravitaillement en vol…), de versatilité (utilisation en différents environnements y compris naval) et même de développement durable (utilisation de 30 % de biocarburant).
Le Caracal dispose d’une capacité de ravitaillement en vol en faisant un appareil particulièrement adapté aux missions des forces spéciales.
En outre, Airbus Helicopters s’est engagé à garantir la disponibilité de 9 des 14 appareils acquis pour les missions opérationnelles et d’entrainement. Il s’agit là d’un sujet particulièrement délicat, sur lequel l’avionneur européen doit désormais faire des efforts importants pour compenser la mauvaise image laissée dans ce domaine par le NH90.
Quoi qu’il en soit, la commande des 14 appareils a été signée le 1ᵉʳ octobre 2023, selon Airbus Helicopters, qui attend dorénavant le versement de l’acompte de 30 % pour enter en vigueur. Les livraisons interviendront en 2028, les appareils devant alors rejoindre la base aérienne de Gilze-Rijen, pour entrer en service dès 2030.
Il s’agit du 12ᵉ client du H225M Caracal, ultime évolution du Super Puma, entré en service en 2005. Les armées françaises en emploient 17 exemplaires également dédiés aux forces spéciales, dont 7 pour les missions de sauvetage au combat au sein de l’escadron EH/67 Pyrénées de l’Armée de l’Air et de l’Espace, et huit au sein du 4ᵉ Régiment d’hélicoptères de combat des Forces Spéciales de l’Armée de Terre.
Les performances du Caracal d’Airbus Helicopters
Long de presque 20 mètres, l’appareil dispose d’un rotor principal à 5 pales de 16,2 m de diamètre. Il affiche une masse à vide de 5,3 tonnes, et peut transporter 5,6 tonnes de charges utiles, en particulier grâce à une vaste cabine pouvant accueillir jusqu’à 29 soldats.
Le H225M est de plus un des rares hélicoptères à être qualifié pour le ravitaillement en vol, initialement à partir d’un H-130 Hercule, et plus récemment, avec un A400M converti en version ravitailleur.
Les forces spéciales françaises mettent en œuvre 17 hélicoptères Caracal
Cette capacité, associée à une vitesse de croisière élevée de 285 km/h, en font un appareil particulièrement adapté pour les raids à longue distance, raison pour lesquelles il est apprécié pour les missions de sauvetage en milieu hostile (SAR) et les assauts à longue distance.
Il est intéressant de constater que les Forces spéciales de plusieurs pays ont préféré le Caracal, un appareil relativement ancien bien qu’encore performant et parfaitement moderne, au NH90 européen, offrant pourtant des performances supérieures.
Le Caracal préféré au NH90 et à l’UH-60M Black Hawk lors de la compétition néerlandaise
Les raisons de cet arbitrage sont probablement à trouver dans les critères de sélection de la compétition néerlandaise, et en particulier, l’obligation faite à l’avionneur de garantir une disponibilité de près de 65 % (9 appareils sur 14).
En effet, que ce soit par son architecture technologique, mais également par sa structure industrielle multinationale, le NH90 semble, pour l’heure, incapable de garantir une telle disponibilité, même si des progrès ont été enregistrés dans de domaine ces dernières années.
Malgré ses performances élevées, le NH90 souffre désormais d’une image dégradée du fait de problèmes de disponibilité touchant plusieurs forces armées.
Le fait est, les échecs opérationnels répétés du NH90, en Australie, ainsi qu’en Norvège, en Suède et en Belgique, pèsent à présent sur l’image des hélicoptères moyens de Airbus Helicopters, même si l’avionneur européen n’est pas seul dans ce programme.
Dans ce contexte, l’arbitrage de La Haye, et des forces spéciales néerlandaises, au profit du H225M Caracal, constitue un message fort de soutien, en particulier face à l’UH-60M Black Hawk américain, qui a souvent été présenté comme l’alternative de choix au NH90.
Parfois vilipendés pour un supposé tropisme pro-américain excessif en matière d’équipements de défense, les Pays-Bas sont pourtant, aujourd’hui, l’un des plus importants clients de l’industrie de défense française en Europe, au travers du programme belgo-néerlandais MCM de guerre des mines (2 Md€ pour 2×6 navires), et de cette commande de 14 Caracal, estimée entre 1 et 2,5 Md€.
De quoi modérer les jugements souvent excessifs portés dans ce domaine, en particulier par la presse française spécialisée.
L’américain Lockheed-Martin vient d’annoncer qu’il se retirait de la compétition KC-Y et, par conséquent, qu’il mettait fin à sa collaboration avec l’européen Airbus dans le cadre de la compétition KC-Y, pour concentrer ses efforts et ses moyens sur le programme KC-Z et le programme NGAS.
Au début des années 2000, l’US Air Force lança une compétition majeure pour remplacer les appareils format sa flotte d’avion ravitailleur. Alors qu’il n’existait, outre Atlantique, qu’un unique avionneur capable de répondre à ses besoins, Boeing, le Pentagone décida d’ouvrir la compétition à des avionneurs étrangers, mais alliés.
Ce que n’avaient pas imaginé les décideurs américains, c’était que l’européen EADS, associé pour l’occasion à Northrop Grumman, serait en mesure de proposer un appareil sensiblement supérieur à celui de Boeing.
L’épopée du programme KC-X de l’US Air Force
C’est ainsi qu’en 2008, l’A330 MRTT, EADS fut déclaré vainqueur de la compétition KC-X, portant sur les 179 premiers appareils sur les quelque 450 à 500 que l’ Air Force doit acquérir pour moderniser sa flotte, écartant le KC-46A de Boeing.
Même si l’avionneur européen et son partenaire industriel américain, avaient donné toutes les garanties en termes d’emploi et de fabrication locale pour son avion, cette décision provoqua une onde de choc du Pentagone au Capitole, et jusqu’à la Maison-Blanche. Il n’était, en effet, pas question qu’un avionneur européen supplante le fleuron des avionneurs américains sur un de ses domaines de prédilection, encore moins pour l’USAF.
Vainqueur du programme KC-X, le KC-46A de Boeing a rencontré de nombreuses difficultés de mise au point
La décision fut donc rejetée, et une nouvelle compétition fut ordonnée, cette fois sans le soutien de Northrop Grumman pour l’avionneur européen, et des biais évidents pour privilégier le KC-46A de Boeing.
Notons qu’en soi, il n’y a rien de surprenant à privilégier ses propres productions nationales, plutôt qu’une solution importée. Ainsi, on n’imagine pas, en France, que l’Armée de l’Air ou la Marine décident de se tourner vers le F-35A ou le F-35C en lieu et place du Rafale.
Pour autant, Paris ne passe pas par des compétitions biaisées pour donner, dans ce cas, l’image d’une procédure ouverte, et être ainsi susceptible d’imposer les mêmes méthodes à ses partenaires.
Quoi qu’il en soit, l’exécution du programme KC-x fut très laborieuse pour Boeing, son KC-46A rencontrant de nombreuses difficultés à atteindre les performances promises. L’avionneur américain dut même, à plusieurs reprises, absorber des pertes colossales, pour rester dans la course.
Lockheed-Martin et Airbus s’appuient sur l’avion ravitailleur A330 MRTT pour le programme KC-Y
Le programme KC-y, second volet suivant le programme KC-X, er portant sur 150 appareils, fut lancé en 2021. Une nouvelle fois, le KC-46A Pegasus de Boeing se retrouve confronté à l’A330 MRTT d’Airbus, pour l’occasion associé à Lockheed-Martin au sein du programme LMXT.
Suite aux nombreuses difficultés rencontrées par l’avion de Boeing dans le cadre de KC-X, les choses ne se présentaient pas au mieux pour l’avionneur américain. D’autant que, dans le même temps, l’A330 MRTT européen se montrait très performant et très apprécié par les quelque 14 forces aériennes le mettant en œuvre.
Vue d’artiste du LMXT
Mais en mars 2023, coup de théâtre. L’USAF annonça qu’elle allait ramener KC-Y à seulement 75 appareils, et qu’elle privilégiait, dans cette optique, une négociation directe avec Boeing pour une nouvelle commande, plutôt que de passer par une compétition lourde, longue et couteuse.
Officiellement, cette décision doit permettre de concentrer les ressources du Pentagone, au profit du programme KC-z, dernier volet du super programme, qui doit, cette fois, porter sur un avion ravaleur de nouvelle génération, disposant de qualités lui permettant d’opérer en environnement contesté.
Bien évidemment, on ne peut s’empêcher de constater qu’en procédant ainsi, l’USAF évite de devoir, une nouvelle fois, confronter les avions de Boeing et d’Airbus, avec le risque de voir à nouveau l’appareil européen s’imposer.
Retrait de Lockheed-Martin pour se concentrer sur le programme KC-Z
Ce d’autant que rien n’indique, à ce jour, qu’un avionneur européen, Airbus, pas davantage qu’un autre, travaille sur un appareil susceptible de répondre au cahier des charges du programme KC-z, supposant un appareil aux formes et performances très différentes de celles des avions de transport civil militarisés que sont les KC-46A et les A330 MRTT.
Quoi qu’il en soit, Lockheed-Martin, le partenaire d’Airbus dans le cadre du programme KC-Y, vient d’annoncer qu’il s’en retirait. La plus importante entreprise de défense mondiale, précise qu’elle va, dorénavant, concentrer ses efforts et ses moyens sur le programme KC-Z et le Next génération Air Support, ou NGAS, autrement prometteurs, puisque portant sur plus de 200 appareils, et paradoxalement plus ouvert, puisqu’à priori, exclusivement ouverts aux avionneurs américains.
Vision de Lockheed-Martin pour le programme KC-Z et NGAS
En effet, au-delà de l’absence de projet similaire en développement en dehors des Etats-Unis, il est plus que probable que les technologies employées à bord du futur ravitailleur de l’USAF, notamment en matières de furtivité, interdisent des entreprises non américaines à concourir.
Interrogé par la presse spécialisée américaine sur l’avenir de la participation de l’avionneur européen au programme KC-Y, l’entreprise européenne a botté en touche, se contentant de dire qu’elle entendait proposer le meilleur produit à l’USAF. Mais, comme en 2012, l’absence de partenaire américain rendent les chances européennes infimes, alors même que tout indique que la compétition n’aura probablement pas lieu.
Quoi qu’il en soit, l’annonce de Lockheed Martin sonne sûrement le glas des espoirs d’Airbus de placer son A330 MRTT au sein de la plus flotte d’avion ravitailleur la plus massive de la planète, représentant, à elle seule, plus de 75 % de l’ensemble des appareils de ce type sur la planète.
Reste à voir, désormais, si l’avionneur européen suivra la trajectoire réclamée par le Pentagone, pour developper un nouvel appareil prenant ses distances avec les appareils civils convertis, si tant est que cela soit possible, alors que le marché adressable par Airbus est infiniment moins important que celui des avionneurs américains, du simple fait du dimensionnement de la flotte de l’USAF.
C’est en 2017 que le Pakistan rendit public le développement d’un nouveau missile balistique de moyenne portée, le missile Ababeel. D’une portée de 2200 km, ce missile n’atteignant pas les 2750 km du Shaheen-III développé depuis le début des années 2000, et dont le premier essai eu lieu en 2015.
Pourtant, l’Ababeel constitue une étape déterminante dans le développement de la triade nucléaire pakistanaise, comme c’est le cas du missile de croisière à changement de milieux Babur-3 qui est censé équiper les sous-marins Agosta-90B de la Marine Pakistanaise.
En effet, le missile porte avec lui une évolution capitale pour la dissuasion du pays, le mirvage. Sous ce barbarisme communément employé, se cache l’acronyme MIRV qui signifie Multiple Independently Targetable Reentry Vehicle, c’est-à-dire un véhicule indépendant de rentrée atmosphérique et de frappe.
Le missile ABABEEL, premier MRBM pakistanais équipé de MIRV
Concrètement, là où le Shaheen-III, ou le Babur-3, peuvent emporter une tête nucléaire de 5 à 40 kt, le Ababeel, lui, peut transporter trois véhicules transportant chacun une tête de même puissance et d’une masse de 500 kg, et capable chacun de frapper une cible différente.
Selon les autorités pakistanaises, le missile pourrait aussi transporter, au besoin, jusqu’à 10 MIRV d’une masse de 185 kg, armés cette fois d’une charge conventionnelle.
Avec une portée de 2 750 km, le MRBM Shaheen-III est le missile balistique ayant la plus grande portée au sein de l’arsenal pakistanais.
Si Islamabad avait effectué le premier test d’un système MIRV dès janvier 2017, l’essai réussi d’un tir du missile Ababeel , rapproche à grands pas l’entrée en service du missile MRBM (Médium Range Ballistic Missile, soit un missile balistique d’une portée de 1000 à 3000 km), et surtout du système mirvé au sein de la triade nucléaire pakistanaise.
En effet, les moyens actuellement en service au sein des armées pakistanaises, peuvent potentiellement être interceptés par le bouclier antiaérien et antimissile en cours de déploiement en Inde, composé de plusieurs couches allant du système antibalistique ERADS et ERSAM développé par le DRDO, au S-400 acquis auprès de la Russie.
Défier la défense antibalistique indienne
En effet, aiguillonné par la menace chinoise, les armées indiennes ont considérablement accru leurs capacités dans ce domaine, au point de représenter une menace pour l’équilibre stratégique entre les deux frères ennemis du continent asiatique.
Dans ce contexte, disposer d’un missile à capacité MIRV représente un moyen efficace pour le Pakistan afin de rétablir une certaine forme d’équilibre stratégique avec son voisin, qui dispose de moyens considérablement plus importants.
Le système ERDAS indien se dote progressivement d’intercepteurs capables de contrer les menaces de type MRBM et IRBM.
Les MIRV sont, en effet, plus difficiles à intercepter par les systèmes antibalistique, du simple fait qu’ils sont plus nombreux, et donc obligent les défenses adverses à suivre, engager et détruire simultanément plusieurs cibles, sachant que l’interception d’un unique missile avec un impacteur cinétique constitue déjà un défi technologique considérable.
Reste que ce rééquilibrage pourrait être de courte durée. En effet, si l’Ababeel est le premier missile balistique mirvé développé en dehors des 5 membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unis, New Delhi a, elle aussi, entrepris de developper un missile balistique similaire, le AGNI-VI (lire Agni-6).
La réponse indienne se prépare avec l’ICBM AGNI-VI
Développé depuis 2012 sur la base du missile balistique intercontinental Agni-V d’une portée évaluée entre 7 000 et 8000 km, et capable de transporter une unique tête nucléaire, le Agni-VI pourra emporter jusqu’à 10 MIRV à une distance pouvant atteindre 12 000 km.
Les essais dans ce domaine sont nimbés du sceau du secret en Inde, mais il semblerait que des avancées significatives dans le domaine de la technologie MIRV ont été enregistrées en début d’années par le DRDO, l’agence de l’armement indienne cumulant les prérogatives de la DGA française et de la DARPA américaine.
la technologie Multiple Independently Targetable Reentry Vehicle a été testée pour la première fois en 1968. Elle équipe désormais la presque totalité des missiles balistiques de l’arsenal nucléaire des cinq grandes nations nucléaires mondiales.
Reste que, pour l’heure, il est difficile de savoir quand ce missile sera effectivement opérationnel, tout comme il est impossible de savoir si le Arabeel pakistanais l’est effectivement, ou le sera bientôt.
En revanche, il ne fait aucun doute que se joue, aujourd’hui, sur le continent asiatique, une course aux armements qui n’est pas sans rappeler celle qui eu lieu en Europe antre les années 50 et 80, et qui, par deux fois, amena le monde au bord du cataclysme nucléaire.
Il ne reste plus qu’à espérer qu’en Inde comme au Pakistan, il existe des Petrov et Arkhipov, qui sauront, comme l’ont fait ces deux Russes, éviter le déclenchement du feu nucléaire par leur seul jugement personnel.
Les pilotes français et taïwanais ont ainsi pu former des équipes mixtes, pour confronter leurs expériences et acquis, au cours d’exercices qui se sont tenus dans l’espace aérien de l’ile autonome.
Mirage 2000 vs F-16 : le chasseur français s’impose lors d’exercices
À cette occasion, les Mirage 2000-5 ont été opposés aux F-16 Block 20 de la 17ᵉ escadrille de combat appartenant à la 5ᵉ escadre de chasse taïwanaise au cours de divers scénarios de défense aérienne.
Une nouvelle fois, le chasseur monomoteur à aile delta de Dassault aviation, s’est montré très efficace, en enregistrant la perte simulée d’un unique chasseur, contre la destruction de l’ensemble de l’escadrille adverse composée de F-16V.
Le Mirage 2000-5 est aujourd’hui encore l’un des appareils les plus performants pour la mission d’interception
Le fait est, bien que vieillissant, le Mirage 2000-5, et ses missiles MICA IR et EM, continuent de représenter le cœur de la défense aérienne taïwanaise, en particulier à haute altitude, là où les performances du chasseur bisonique français sont les plus élevées.
Il est intéressant de noter qu’en dépit de la pression de Pékin, l’Armée de l’Air française envoie toujours chaque année une délégation de pilote sur l’ile autonome, permettant aux deux forces aériennes d’échanger des expériences précieuses en ces temps de tension croissante.
Le mirage 2000-5 : un spécialiste de l’interception à haute altitude
Surtout, tout indique que le concept du Mirage 2000, un chasseur monomoteur à haute performance, spécialiste de l’interception à haute altitude, retrouve aujourd’hui les faveurs des forces aériennes qui, jusqu’il y a peu, ne juraient que par les appareils plus lourds, et surtout bien plus polyvalents.
En effet, la conception d’un chasseur capable d’atteindre et dépasser Mach 2, et d’évoluer efficacement au-delà de 15 000 mètres, requiert soit un appareil très lourd et très onéreux, comme le F-15 ou le Mig-31, soit un chasseur optimisé pour cette mission, comme l’est le Mirage 2000.
Cependant, après la chute du bloc soviétique, le besoin d’intercepteurs capables de défendre l’espace aérien diminua rapidement, au profit d’appareils aptes à mener des opérations d’appui aérien, des frappes dans la profondeur, ou encore des missions de patrouille de combat, ce d’autant que les performances et la portée des systèmes antiaériens ne cessaient de s’accroitre.
En 1996, un Mirage 2000 grec abattit un F-16D biplace turc, entrainant la mort d’un des pilotes.
De fait, en dépit de performances très élevées, et d’une polyvalence accrue avec la version -9, le Mirage 2000 vit son marché se restreindre rapidement à partir du milieu des années 90, au profit de chasseurs plus polyvalents, mais aussi plus lourds et souvent beaucoup plus onéreux.
Pour certains pays, cependant, le Mirage 2000, et en particulier le 2000-5, équipé du radar RDY de Thales, et des missiles Mica IM et ER de MBDA, continua de jouer un rôle clé jusqu’à aujourd’hui, car devant faire face à une menace aérienne pressante.
Les performances et qualités du Mirage 2000 démontrées en combat aérien
C’est aussi le cas de la Grèce, dont les forces aériennes doivent fréquemment se confronter aux F-16 et F-4 turcs qui on franchit la limite de l’espace aérien du pays, sous couvert de revendication divergente en mer Égée. Ces confrontations ont parfois tourné au combat aérien, et même à la destruction d’un F-16 turc en 1996, le seul F-16 perdu en combat aérien de l’histoire.
Les Phantom, tels qu’appelés à Taïwan, sont parfois déployés à partir de portion d’autoroute lors d’exercices.
En Inde, enfin, les Mirage 2000 se sont souvent confrontés aux F-16, Mirage 3 et JF-17 pakistanais. C’est ainsi que lors du raid pakistanais du 14 février 2019, les Mirage 2000i indiens auraient, selon la presse indienne, forcés une partie de l’escadre pakistanaise à rebrousser chemin, en obtenant des solutions de tir bien avant que les F-16 escortant les Mirage 5 pakistanais ne puissent accrocher leurs AIM-120, et même avant que les Su-30MKI indiens obtiennent des solutions de tir pour leurs R-77.
À chacune de ces occasions, les performances et la manœuvrabilité du Mirage 2000, associées aux capacités du radar RDY et des missiles MICA, se montrèrent décisives, comme le fut la spécialisation du chasseur pour une mission qui promet de s’intensifier dans les années à venir.
On peut se demander, dans ces conditions, si le développement d’un successeur au Mirage 2000, à savoir un chasseur monomoteur à très hautes performances, spécialisé dans l’interception, mais capables de mener des missions plus élargies, à l’image des Mirage 2000-9 émirati, ne représenterait pas une opportunité majeure pour l’industrie aéronautique française, à ce jour la seule à être parvenue à faire la synthèse de toutes ces exigences ?
Le Rafale en Arabie Saoudite, est-ce possible ? Une rumeur, relayée par des journalistes très bien informés comme Michel Cabirol de latribune.fr, circulait depuis plusieurs mois. Selon celle-ci, Ryad s’intéressait activement au chasseur français, avec une possible commande, à terme, de plus de 100 appareils.
Sommaire
Pour ces sources, les autorités saoudiennes souhaitaient avant tout un chasseur moderne pour remplacer les quelque 81 Tornado IDS et 62 F-15C encore en service, qui ne soit ni américain, et même ITAR-Free pour éviter toute interférence de Washington, et German-free, pour reprendre l’expression alors employée, pour ne plus subir les aléas du Bundestag.
Toutefois, jusqu’à présent, rien n’indiquait que des négociations officielles avaient été entamées entre Ryad et Paris à ce sujet. En outre, l’hypothèse n’était jamais évoquée, même en off, par Dassault Aviation, contrairement à d’autres prospects comme l’Inde (les 26 Rafale M de la Marine indienne), la Serbie, la Colombie ou le Qatar.
De fait, l’information relayée par le même Michel Cabirol ce week-end, selon laquelle Ryad aurait demandé à Dassault Aviation une offre formelle pour 54 Rafale, constitue évidemment un développement majeur dans ce dossier.
La frustration de l’Arabie Saoudite au sujet des Typhoon et F-35A
La demande saoudienne est avant tout une réponse à l’accumulation de frustration engendrée par les difficultés rencontrées ces dernières années pour acquérir de nouveaux avions de combat auprès de ses deux partenaires traditionnels américains et britanniques.
Les forces aériennes saoudiennes mettent en œuvre 72 Eurofighter Typhoon.
Rappelons, en effet, que les forces aériennes saoudiennes n’ont jamais mis en œuvre d’avion de combat français, et sont restées fidèles aux Etats-Unis depuis l’achat des premiers F-86 Sabre dans les années 50, jusqu’à la commande du très avancé F-15SA dans les années 2000.
De même, depuis l’achat de BAe Lightning britanniques dans les années 60, Ryad a été un fidèle client de l’industrie britannique en matière d’avions de combat, ayant même été le seul client export du Tornado ADV et IDS, et l’un des deux seuls du Lightning, et systématiquement le plus important client export de ses appareils.
En dépit de ces relations privilégiées avec Washington et Londres, Ryad ne parvient pas, ces dernières années, à moderniser ses forces ariennes, et en particulier, à remplacer les 81 Tornado IDS et les 61 F-15C encore en service, et marquant le poids des années.
Pas de F-22 ni de F-35A pour les forces aériennes saoudiennes
Les forces aériennes saoudiennes souhaitaient, en effet, acquérir le F-22 dès l’entrée en service du chasseur de supériorité aérienne de 5ᵉ Generation américain. Toutefois, comme dans le cas du Japon, Washington a refusé l’exportation de son chasseur le plus avancé, afin de protéger les technologies avancées qu’il embarque.
Faute de F-22, Ryad s’est alors tourné vers le F-35A qui, lui, pouvait être exporté vers les alliés proches des Etats-Unis. Là encore, et comme c’est le cas d’autres pays comme les EAU ou la Thaïlande, l’autorisation d’exportation du chasseur monomoteur présenté comme le successeur du F-16, leur fut refusé, au prétexte que le chasseur ne pouvait être vendu qu’aux alliés de l’OTAN et du premier cercle américain, comme le Japon, l’Australie ou la Corée du Sud.
Washington a refusé de vendre le F-35A comme le F-22 à Ryad.
Ce refus a d’ailleurs engendré des réactions parfois épidermiques, comme l’abandon des négociations autour d’un contrat d’armement de 20 Md$ pour les EAU, et l’entame de négociations avec la Chine pour la Thaïlande.
Ryad, de son côté, pouvait encore se tourner vers son partenaire britannique, auprès duquel il avait déjà acquis 72 Eurofighter Typhoon au début des années 2000. Le contrat saoudien prévoyait, en effet, une option pour 48 nouveaux chasseurs, ce qui permettrait aux forces aériennes saoudiennes de retirer du service les 81 Tornado IDS toujours en ligne.
Cependant, à la suite de l’intervention saoudienne au Yémen, et surtout à l’affaire Khashoggi, ce journaliste d’opposition saoudien assassiné par les services spéciaux du pays au consulat d’Istanbul en octobre 2018, le Bundestag allemand refusa de livrer les pièces fabriquées par l’industrie allemande à la Grande-Bretagne pour les appareils souhaités, bloquant de fait l’exécution de l’option.
En dépit des protestations britanniques et italiennes, et de l’engagement pris par Berlin de ne pas s’opposer à des exportations du Typhoon négociées par ses partenaires, le sujet est resté, depuis lors, figé, l’Allemagne refusant de faire marche arrière sur le sujet.
Pour ajouter à la frustration saoudienne, lorsque Ryad annonça être prêt à rejoindre le programme GCAP de chasseur de 6ᵉ génération emmené par Londres avec Rome set Tokyo, donc sans l’Allemagne, c’est le Japon qui s’opposa à l’arrivée de l’Arabie Saoudite dans le programme, probablement pour préserver son périmètre industriel et son poids dans le programme.
Une demande pour 54 Rafale formatée pour faire réagir Londres et Washington
De fait, aujourd’hui, les forces aériennes saoudiennes sont sans solution, en dehors de se tourner vers d’autres partenaires, pour moderniser sa flotte de chasse et remplacer ses Tornado et F-15C.
Les autorités saoudiennes ont demandé à Dassault aviation une offre pour 54 Rafale pour le 10 novembre.
C’est dans ce contexte qu’intervient la demande saoudienne auprès de la France, pour la livraison de 54 chasseurs Rafale. La requête saoudienne peut sembler aller de soi, en ‘l’absence de possibilité aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, et sans pouvoir se tourner vers Moscou ou Pékin, au risque de provoquer l’ire de Washington et de sa législation CAATSA.
En outre, le chasseur bimoteur français est aujourd’hui l’appareil de sa génération le plus exporté dans le monde, ne cédant qu’au F-35 sur l’ensemble du marché des avions de combat depuis plusieurs années.
Pour autant, le formatage de l’offre saoudienne, révèle l’intention sous-jacente de Ryad. En effet, si l’Arabie Saoudite avait pleinement l’intention de se tourner vers le chasseur français pour moderniser ses forces aériennes, la demande n’aurait pas porté sur 54 appareils, soit juste assez pour armer deux escadrons et consacrer six chasseurs à la formation et transformation des pilotes.
Alors que les autorités saoudiennes ne cessent de vouloir developper leur propre industrie de defense, la demande aurait très probablement porté sur un nombre plus important de chasseurs, plus de 100, soit un nombre suffisant pour justifier d’un important partenariat industriel et peut-être même d’un assemblage local.
Une telle négociation aurait évidemment pris bien plus de temps que les quelques semaines données par Ryad, qui veut une offre de Dassault Aviation d’ici au 10 novembre.
De fait, il s’agit, ici, de manière évidente, d’une contre-proposition destinée à faire pression sur Londres, et par transitivité, sur Berlin, pour permettre la levée de l’option, et donc l’acquisition de 48 Typhoon supplémentaires, mais aussi vers Washington.
Le Typhoon et le Rafale se sont confrontés lors de nombreuses compétitions.
En effet, si Ryad venait à se tourner vers le Rafale français, cela constituerait une menace directe pour les exportations à venir britanniques, en particulier pour le futur GCAP, dont l’Arabie Saoudite devait être un ceint export naturel pour Londres.
Alors, le Rafale n’est-il ici qu’un leurre pour faire réagir Londres et Washington ? C’est probable. Pour autant, il s’agit là d’une opportunité unique pour Dassault Aviation, qui dispose d’un canal de négociation ouvert avec Ryad pour faire valoir ses arguments. Et ceux-ci sont nombreux.
Des chances bien réelles pour le Rafale en Arabie Saoudite de Dassault Aviation
En effet, jamais dans l’histoire récente, l’industrie aéronautique de défense française, a-t-elle été en situation si favorable pour convaincre l’Arabie Saoudite de se tourner vers ses avions de combat, et peut-être de remplacer l’un des deux partenaires traditionnels du Royaume dans ce domaine.
Et l’enjeu est de taille, puisqu’avec plus de 400 avions de combat, tous importés, l’Arabie Saoudite est aujourd’hui le second marché export mondial, ne cédant qu’à l’Inde qui, par ailleurs, produit d’immenses efforts pour developper sa propre industrie aéronautique de défense.
Un chasseur bimoteur plébiscité au Moyen-Orient
En premier lieu, le Rafale est un chasseur bimoteur, et non un chasseur monomoteur comme l’étaient les Mirage qui l’ont précédé. Or, depuis le Lightning, les forces aériennes saoudiennes ont toujours préféré l’acquisition de chasseurs bimoteurs comme le F-15, le Tornado et le Typhoon. Elles sont, à ce titre, l’une des seules forces aériennes du Moyen-Orient ayant boudé le F-16 américain.
L’Égypte met en œuvre 24 Rafale commandés en 2015, et 30 appareils supplémentaires commandés en 2020 en cours de livraison.
De fait, avec le Rafale, et dehors de l’épisode Mirage 4000 qui n’avait pas été soutenu par Paris, c’est la première fois que Dassault dispose d’un avion de combat répondant aux exigences saoudiennes globales, avec des performances, un rayon d’action et des capacités d’emport exigés par les forces aériennes du royaume, ce d’autant que le Rafale est réputé plus performant que le Typhoon pour les missions d’attaque, ce qui précisément était la mission des Tornado IDS à remplacer. .
Par ailleurs, le chasseur français est non seulement l’appareil le plus exporté de sa génération, c’est aussi le chasseur le plus vendu ces dernières années au Moyen-Orient, surpassant même le F-16 sur ce théâtre depuis 10 ans. Ainsi, l’Égypte (54 Rafale), le Qatar (36 chasseurs) et les Émirats arabes unis (80 appareils), mettent en œuvre ou ont acquis le fleuron de Dassault Aviation.
Non seulement, ces commandes attestent de la qualité du chasseur français, mais elle ouvre, au Moyen-Orient, des opportunités de coopération opérationnelles et surtout industrielles, dont l’Arabie Saoudite pourrait être l’épicentre, si le Royaume venait à faire du chasseur français le successeur de ses Tornado et F-15C.
L’assemblage du Rafale assuré jusqu’en 2035 et au-delà
Le succès du Rafale, au Moyen-Orient et au-delà, permet également au chasseur français de se parer d’une vertu rare aujourd’hui. En effet, en dehors du F-35 américain, il est le seul chasseur occidental moderne, qui est aujourd’hui opérationnel, et dont l’assemblage est assuré jusqu’en 2035 par son carnet de commande, et probablement jusqu’en 2040, avec des commandes à venir.
Or, la pérennité de la ligne d’assemblage, et avec elle, celle de la chaine de sous-traitance, est un facteur clé dans la décision d’acquérir un avion de combat. Elle permet, en effet, au besoin, de commander des chasseurs supplémentaires, pour augmenter le format de la flotte au besoin, ou pour compenser une attrition, qu’elle soit ou non opérationnelle.
La ligne de production de Dassault Aviation à Mérignac produira des Rafale au moins jusqu’en 2035
En outre, et contrairement au Typhoon ou au F-15, la flotte du Rafale est globalement très jeune, puisque les premières livraisons à l’export sont intervenues en 2017, alors que les forces aériennes françaises prévoient d’acquérir le chasseur au moins jusqu’en 2035, et certainement au-delà, si le programme SCAF venait à glisser.
Enfin, le Rafale a un carnet de prospects relativement important, y compris, comme évoqué précédemment, vers certains opérateurs qui souhaitent accroitre leur flotte comme l’Égypte et le Qatar, mais aussi la Grèce et l’Inde.
Dès lors, le chasseur français est aujourd’hui, de manière certaine, l’appareil le moins risqué et le plus perenne du marché, y compris pour les forces aériennes saoudiennes, tout en étant simultanément ITAR et German free.
L’argument massue du Rafale F5
À ces deux atouts déjà significatifs, s’ajoute un argument que l’on peut qualifier de massue : l’arrivée du nouveau standard Rafale F5 en 2030. Détaillé à l’occasion des débats parlementaires pour la Loi de Programmation Militare 2024-2030, le standard Rafale F5 va constituer une étape clé dans l’évolution du chasseur français, en le dotant de capacités traditionnellement présentent sur les chasseurs de 5ᵉ et de 6ᵉ génération.
Le Rafale F5 et ses systèmes ayant déjà été détaillés dans plusieurs articles publiés sur ce site, nous nous contenterons ici d’en survoler les points clés, comme une évolution vers un système de système, l’arrivée de nouvelles munitions, et surtout la capacité à mettre en œuvre et contrôler des drones de combat.
Le Rafale F5 et son Loyal Wingman dérivé du Neuron, constituent un véritable reboot du programme de chasseur français pour 2030
Ces nouveaux appendices opérationnels permettront au Rafale F5 de faire jeu égal avec les chasseurs de 5ᵉ génération comme le F-35 pour les missions de frappe profonde et surtout pour l’élimination des defense antiaériennes adverses, profitant de la furtivité avancée de ses drones pour compenser sa discrétion moindre.
Le projet Rafale F5 dote également le chasseur programme d’une perspective à moyen terme, sur laquelle Dassault peut efficacement communiquer, et se mettre, dans ce domaine, sur un pied d’égalité des anglo-saxons traditionnellement mieux lotis dans ce domaine que la France.
La nouvelle doctrine française de partenariat industriel de défense
Enfin, les négociateurs de Dassault, peuvent désormais s’appuyer sur la nouvelle doctrine française en matière de partenariat industriel de défense, dévoilée à mot couvert il y a quelques mois, mais mise en œuvre de manière de plus en plus évidente depuis.
Ainsi, là où Paris se limitait, jusqu’ici, à ses voisins européens lorsqu’il était question de programme de defense commun dimensionnant, les récentes déceptions françaises dans ce domaine, que ce soit avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou l’Italie, ont amené la France à envisager de se tourner vers des partenaires plus distants, notamment auprès des plus importants clients internationaux de son industrie de défense.
Cette nouvelle doctrine permet dorénavant aux négociateurs français de répondre aux attentes saoudiennes pour developper l’industrie de défense du royaume, voire d’imaginer une coopération internationale étendue fédérant, autour du Rafale, l’Égypte, les Émirats arabes unis, voire, mais c’est peu probable, le Qatar.
La commande indienne de 26 Rafale M peut constituer la porte d’entrée pour une coopération approfondie entre la team Rafale et l’industrie aéronautique de défense indienne autour des programmes AMCA et TEDBF.
Ainsi, même si Ryad ne peut pas davantage rejoindre GCAP, du fait du veto japonais, que SCAF, avec le très probable veto allemand, Paris et l’industrie de defense aéronautique française, sont aujourd’hui en mesure de proposer une vision à moyen et long terme à Ryad et ses alliés proches.
Conclusion
On le voit, par son format de 54 chasseurs, et le délai donné à Dassault pour y répondre, il est très probable que la proposition demandée par l’Arabie Saoudite, vise très probablement à faire réagir les partenaires traditionnels du Royaume pour débloquer les obstacles qui entravent aujourd’hui l’acquisition de Typhoon, et peut-être de F-35, pour les forces aériennes saoudiennes.
Il est donc, de manière certaine, bien trop tôt pour sabler le champagne. D’ailleurs, personne ne le fait.
En revanche, il est aussi incontestable que cette demande officielle saoudienne permet à Dassault Aviation de construire non seulement une offre efficace qui viendra, de toute évidence, challenger le Typhoon britannique, mais surtout de déployer des arguments dont le chasseur européen, mais aussi les chasseurs américains potentiellement exportables vers Ryad comme le F-15EX, ne peuvent pas se parer.
De fait, la porte saoudienne est aujourd’hui légèrement entrebâillée pour laisser entrer le Rafale dans le pays. Mais avec de bons arguments, la détermination nécessaire, et un peu de chance, un entrebâillement parfois suffi à faire bouger les lignes. C’est tout ce que l’on peut souhaiter aux équipes commerciales de la team Rafale, qui vont certainement peu dormir dans les jours à venir.
Le CEO de Rosoboronexport, Alexander Mikheyev, a donné des indications sur la manière dont l’industrie de défense russe entendait se réorganiser afin de retrouver ses parts de marché à l’exportation d’ici à 2030, sans venir menacer la production à destination des armées russes. Pour cela, elle va massivement miser sur les partenariats internationaux.
Si en Europe, et en France en particulier, le terme Économie de guerre est souvent galvaudé, ce n’est pas le cas en Russie. En effet, depuis un an maintenant, et la prise de conscience par le Kremlin de la réalité de la guerre en Ukraine comme du soutien occidental à Kyiv, les autorités russes ont produit un effort sans précédant pour transformer l’économie russe pour soutenir les forces engagées en Ukraine.
La réorganisation de l’industrie de defense russe en 2022
Cette décision priva non seulement l’État russe de précieuses ressources et devises, alors même qu’il en avait le plus besoin après la fermeture du marché européen à ses exportations de gaz, mais elle dégrada aussi l’image de l’industrie de défense russe auprès de ses clients, y compris parmi les plus fidèles.
L’industrie de défense russe s’est considérablement transformée en quelques mois seulement, pour répondre aux contraintes de la guerre en Ukraine.
Ainsi, ces derniers mois, l’Inde, traditionnel client des industries de defense russes, semblait systématiquement vouloir éviter de se tourner vers ces matériels pour moderniser ses armées, amplifiant en cela son basculement lent, mais sensible, vers l’occident.
Il était donc indispensable pour Moscou et pour Rosoboronexport, la filiale du géant Rostec en charge des exportations de la plupart des équipements militaires russes, de trouver une solution rapide pour ne pas se couper davantage du marché international, alors que la guerre en Ukraine, et donc ses contraintes, sont appelées à durer.
Rosoboronexport mise sur les partenariats industriels pour relancer les exportations d’armement russe
Pour l’industriel russe, les partenariats technologiques, qui jusque-là étaient souvent exceptionnels et réservés à certains clients, devraient représenter 40 % des exportations russes en matière d’équipements de défense d’ici à 2030.
En procédant ainsi, la Russie pourrait recoller avec le marché export, sans venir dégrader les capacités de production nationales à destination des armées russes elles-mêmes.
Partenaire historique privilégié de l’Inde, l’industrie de défense russe ne semble plus avoir les faveurs de New Delhi ces derniers mois.
Il apparait, par ailleurs, que ce type de partenariat répond à une évolution sensible de la demande internationale, les clients souhaitant le plus souvent developper, à l’occasion de ces contrats, leurs propres tissus industriels défense.
Enfin, l’augmentation considérable de l’effort de defense russe, permet aux industriels du pays d’entamer de nombreux programmes de recherche et de développement, et donc de raccourcir le cycle générationnel des équipements produits.
Une stratégie adaptée à la demande et au nouveau contexte industriel russe
Moscou ne craint guère, aujourd’hui, de se couper de sa base client en autorisant des transferts de technologies clés, car dans le même temps, sa propre industrie de defense développe, le plus souvent, l’équipement de la génération suivante, avec un cycle de vie raccourcie.
De fait, à moins de disposer d’une base industrielle et scientifique particulièrement performante (comme c’est le cas de l’Inde), les risques de faire émerger un nouvel acteur du marché de la défense, en autorisant ces partenariats technologiques, est moindre, maintenant que les cycles générationnels sont raccourcis.
Loin d’être figée dans la production de matériels existants, l’industrie de défense russe se montre capable de réactivité et d’innovation ces derniers mois.
Quoi qu’il en soit, et contrairement à un sentiment répandu en Europe notamment, les déclarations de Rosoboronexport au sujet de l’avenir des exportations militaires russes, montrent que le kremlin, et l’industrie de défense du pays, s’organisent au contraire avec méthode et ambition, pour s’adapter aux contraintes imposées par la nouvelle réalité qui s’est dessinée depuis le 24 février 2022.
Par ailleurs, en dépit de son évidente perte de vitesse depuis le début du conflit, l’industrie de défense russe entend toujours jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale dans les années à venir, et a engagé les mutations nécessaires pour y parvenir.
Une étude de l’American Security Project, montre que 7 militaires américains sur 10 font face à des problèmes de surpoids ou d’obésité. Alors que le phénomène s’est considérablement accru ces dernières années, en particulier suite à la crise COVID, ce constat appelle les armées américaines à réagir, avant qu’il ne vienne menacer directement l’exécution de la mission défense.
» À cheval donné, on ne regarde pas les dents « . Ce dicton populaire a été en partie au cœur des nouvelles normes de recrutement des armées américaines ces dernières années.
Les difficultés des armées américaines pour maintenir leurs effectifs
En effet, face aux grandes difficultés qu’elles rencontrent pour recruter et maintenir leurs effectifs, celles-ci ont, au cours des années précédentes, dégradé, non seulement les critères de condition physique pour un réengagement, mais aussi les critères de surpoids lors du recrutement initial, en ayant ramené l’indice de masse corporel maximum de 24,9 à 27,5.
Il faut dire que le Pentagone n’a pas la tâche facile. D’une part, les derniers rapports de santé publique indiquent que 3 américains sur 4 en âge d’être appelés sous les drapeaux, ne satisferaient pas aux critères physiques pourtant déjà dégradés des armées US.
D’autre part, les militaires américains sont désormais courtisés jusqu’au sein des bases par le secteur privé, qu’il s’agisse des industriels de défense ou des compagnies aériennes, créant un important déficit de réengagement et une pression encore plus importante sur les armées pour tenter de maintenir leurs effectifs.
L’ensemble de ces facteurs concomitants a entrainé, au fil des années, une dégradation évidente de la condition physique d’une partie croissante des effectifs militaires américains.
Les militaires américains de plus en plus en surpoids ou obèses
Un récent rapport de l’American Security Project, une ONG américaine spécialisée dans les questions de défense nationale, affirme, en effet, qu’aujourd’hui, 68 % des militaires américains ont un IMC les classant en Surpoids ou au-delà, selon les critères du National Institutes of Health (NIH).
Pire encore, 21% d’entre eux seraient classés comme obèse, et donc exposés à des risques importants pour la santé, donc pour la sécurité du service. » La récurrence rapide et soutenue de l’obésité dans tous les services, grades et postes constitue maintenant une menace grave, en particulier pour les populations à risque et celles qui jouent des rôles de combat critiques » selon le rapport.
Ce phénomène aurait par ailleurs connu une accélération sensible depuis la crise COVID, qui a donné lieu à certaines adaptations de service et au niveau des exigences médicales, venant désormais menacer directement la mission défense elle-même.
Bien évidemment, le rapport américain ne se contente pas d’un simple constat, tout alarmant qu’il puisse être. Il fait aussi une série de recommandations pour tenter d’endiguer le phénomène toujours croissant, comme le remplacement de la politique de contournement des examens médicaux aujourd’hui pratiquée dans les unités pour les personnels en surpoids.
Au contraire, l’ASP recommande d’augmenter le suivi médical de ces personnels, de sorte à les accompagner pour tenter de revenir à une condition physique conforme aux exigences du service.
Et de conclure que » les augmentations de l’IMC chez les soldats de l’armée sont susceptibles de se poursuivre à moins qu’il n’y ait une intervention « , et donc de mettre fin, au sein des armées américaines, à la politique de l’autruche consécutives des graves difficultés RH qu’elles rencontrent.
Les armées européennes résistent mieux, mais sont exposées à la même tendance
Si la plupart, pour ne pas dire toutes, les armées occidentales fait face aux mêmes difficultés de recrutement, la dérive en matière de poids, semble avant tout toucher les armées américaines. Il est vrai que le taux de surpoids au sein de la population européenne, à 25 %, peut paraitre lui aussi alarmant. Il est toutefois bien meilleur que celui outre-atlantique, en particulier pour les populations de 18 à 35 ans.
En outre, les armées européennes semblent nettement moins permissives que leurs homologues américaines dans le domaine, et orientent volontiers les militaires menacés vers un accompagnement médical pour améliorer la condition physique.
Une étude publiée il y a quelques années sur le sujet, avait ainsi montré que l’IMC moyen au sein des armées françaises était de 25,2, soit 2,3 points sous la base de recrutement des armées US, pour des recrues qui, souvent, sont au meilleur de leur forme.
En revanche, la même tendance à l’augmentation du nombre de cas de surpoids et parfois d’obésité est constatée au sein des armées européennes, même si les chiffres sont très sensiblement inférieurs à ceux outre-atlantique.
Il est aussi intéressant de constater que chaque société porte des maux qui lui sont propres. Ainsi, si les armées chinoises sont bien moins exposées à des difficultés de recrutement en raison de problème de condition physique, il apparait qu’un tiers des jeunes Chinois est inapte au service, en raison de problèmes de myopie sévère.
Le canon automoteur sur roues RCH 155 de Krauss-Maffei Wegmann, semble avoir pris une longue d’avance significative sur son concurrent, le L52 Rad Haubitze de Rheinmetall, pour doter la Bundeswehr de 164 systèmes d’artillerie mobile sur roues d’ici à la fin de la décennie. Selon une campagne d’évaluation menée par l’armée allemande au premier semestre, le système d’artillerie de KMW s’est, en effet, montré parfaitement mature pour une acquisition à court terme, contrairement à son concurrent.
Depuis plusieurs années, Das Heer, l’armée de terre allemande, souhaite se doter, en plus de ses unités mécanisées lourdes, d’unités d’infanterie motorisées plus légères, et surtout plus mobiles, susceptibles de se déployer rapidement sur de grandes distances, avec un train logistique et des contraintes moindres.
Pour répondre à ce cahier des charges, les blindés sur roues s’avèrent sensiblement plus performants que leurs homologues chenillés. C’est pour cela que l’armée allemande a commandé, en 2006, 272 GTK Boxer 8×8 pour remplacer ses M113, suivis en 2015, d’une seconde commande pour 131 blindés.
Il était aussi nécessaire de doter ces unités d’un appui d’artillerie, et plus particulièrement d’artillerie mobile sur roues. Les deux géants allemands des systèmes blindés, Krauss-Maffeï Wegmann avec le RCH 155, et Rheinmetall avec le L52 Rad haubitze, tous deux participants à la construction du Pzh 2000, entreprirent alors de developper des solutions toutes allemandes, pour satisfaire aux attentes de l’armée allemande.
L’Armée allemande a jugé que le L52 RadHaubitze n’avait pas (encore) la maturité suffisante pour pouvoir donner lieu à un achat immédiat.
Les deux systèmes ont fait l’objet d’une évaluation et de tests de la part de la Bundeswehr lors du premier semestre 2023, et selon le site allemand soldat-und-technik.de, c’est celui de KMW qui serait sorti vainqueur, avec à la clé, une première commande de 1,3 Md€ qui se précise pour l’industriel munichois.
Le RCH 155 plus mature que le L52 Rad Haubitze
Sans grande surprise, l’armée allemande a jugé le RCH 155 « plus mature » que ne l’est, aujourd’hui en tout cas, le système de Rheinmetall, pour entreprendre un approvisionnement immédiat.
Il est vrai que le RCH 155 a déjà effectué plusieurs campagnes d’essais, et a même été déjà commandé à 20 exemplaires par l’Ukraine avec un financement de Berlin.
le L52 RadHaubitze de Rheinmetall, lui, n’a été présenté publiquement qu’en mai dernier, et semblait alors encore loin d’avoir atteint la maturité nécessaire pour une production rapide.
En outre, il bénéficie d’un atout de taille, puisqu’il s’appuie sur la même plateforme Boxer 8×8 que celle déjà en service au sein de la Bundeswehr, et plus particulièrement des unités d’infanterie mobile que le nouveau canon automoteur sur roues doit justement épauler.
Un Pzh 2000 sur roues pour la Bundeswehr
Il faut dire que le cahier des charges allemand, dans ce domaine, était relativement simple. Celle-ci exigeait, en effet, que le système retenu soit basé sur une plateforme sur roues déjà en service au sein de la Heer, et qu’il mette en œuvre le même canon que celui du Pzh 2000.
Le RCH-155 de KMW a une masse au combat proche de 40 tonnes, en lien avec les contraintes imposées par l’armée allemande pour son d’artillerie sur roues.
Il s’agissait donc, pour les industriels allemands, de concevoir rien de moins qu’un Pzh 2000 sur roues, un exercice toutefois plus difficile qu’il n’y parait, le canon automoteur chenillé allemand étant particulièrement bien équipé, doté de nombreuses avancées technologiques, et surtout, extraordinairement lourd.
Celui-ci atteint, en effet, 55 tonnes sur la balance, avec un châssis de Leopard 2. Tout le défi pour les industriels allemands, fut donc de parvenir à transposer ces caractéristiques sur un système à roues, sachant que la mobilité, donc l’efficacité de celui-ci, dépend de sa masse par essieux.
Comme on pouvait s’y attendre, les propositions des industriels allemands, pour répondre à ce besoin, sont lourdes, et même très lourdes. Ainsi, le RCH-155 atteint 39 tonnes au combat, pour une plate-forme à quatre essieux, soit presque 10 tonnes par essieux, très loin de huit tonnes max préconisés pour conserver une bonne mobilité en tout terrain.
La masse du L52 RadHaubitze (obusier sur roues, en français) de Rheinmetall n’a pas encore été dévoilée, mais à en juger par les clichés diffusés par l’industriel de Düsseldorf, et du châssis 10×10 requis pour le transporter, celle-ci doit très probablement s’approcher, voire dépasser les 55 tonnes.
Un système 3 à 4 fois plus onéreux que le CAESAR Mk2 français
Pour compenser cette mobilité moindre, les ingénieurs allemands ont doté leurs systèmes de caractéristiques très avancées. Ainsi, le RCH 155 a démontré qu’il était apte à tirer avec précision alors même qu’il était en mouvement, une caractéristique à ce jour unique pour les systèmes d’artillerie.
Le Caesar Mk2 de Nexter sera deux fois moins lourd, et 3 fois moins cher que le RCH-155 allemand, mais les deux systèmes n’entre pas vraiment en concurrence sur le marché international
Bien évidemment, cette débauche de masse et de technologies, a un prix, et même un prix très élevé. Ainsi, selon les informations de soldat-und-technik, les 1,3 à 1,4 Md€ que prévoit de dépenser Berlin dans les années à venir pour cela, ne permettront que d’acquérir quelques dizaines (on parle de 70 à 80) RCH-155.
De fait, déduction faite des couts de développement spécifiques, celui-ci devrait afficher un prix unitaire s’établissant entre 15 et 18 m€, soit un cout d’acquisition très proche des 19 m€ du Pzh 2000, déjà réputé très onéreux dans ce domaine face à la concurrence sud-coréenne avec un K9 à 12 m$.
C’est surtout trois fois plus cher que le futur Caesar Mk2 6×6 de Nexter, déjà choisi par la France, la Belgique et la Lituanie. De fait, les deux systèmes, inclus au catalogue de KNDS, ne se concurrence pas sur la scène internationale, le Caesar français se positionnant comme une alternative à l’artillerie tractée, le RCH 155 comme une alternative aux canons automoteurs chenillés, dont il reprend l’essentiel des caractéristiques.
Ces couts ne semblent d’ailleurs pas spécialement émouvoir outre-Rhin. Rappelons ainsi qu’il y a quelques semaines, au sujet du MGCS, le rapporteur de la commission défense du Bundestag, Andreas Schwarz, déclara préférer acheter une Audi à une Peugeot, en référence aux compétences de l’industrie germanique en matière de chars.
En mai 2022, a l’issue d’une âpre compétition l’ayant opposé à l’ATMOS israélien et au Yavus turc dont le système d’artillerie sur roues CAESAR du français Nexter, était sorti vainqueur, le Général Carlos Moreno, commandant en second des forces armées colombiennes, s’était rendu en France pour négocier l’acquisition d’au moins quatre unités auprès de Paris.
En décembre 2022, c’était au tour du ministre de la Défense colombien, d’annoncer la commande de systèmes CAESAR, concomitamment à l’échec des négociations autour de l’acquisition de 3 à 4 des Rafale que devait acquérir Bogotá, dans un contexte budgétaire et politique très particulier.
Comme ce fut le cas pour le Dassault au sujet du Rafale en Colombie, Nexter et les autorités du pays ne parvinrent pas à s’entendre sur la fenêtre de temps très réduite qui leur était offerte. En dépit de performances supérieures lors des essais, le CAESAR fut donc abandonné au profit de l’ATMOS de l’israélien Elbit, dont Bogotá annonça la commande de 18 exemplaires.
Les armements israéliens dans les armées colombiennes
Il est vrai que contrairement à l’industrie de défense française, dont la présence en Colombie demeurait relativement modeste, les équipements de défense israéliens étaient très présents au sein des armées colombiennes, dont les forces aériennes mettent en œuvre 24 avions de combat Kfir ainsi que l’ensemble des systèmes d’armes y attenant.
L’infanterie colombienne est équipée de fusil d’assaut Galil israéliens
Les forces terrestres colombiennes, quant à elle, emploient le fusil d’assaut Galil israélien, ainsi que le missile antichar SPIKE, et prévoyaient d’acquérir le système antiaérien Barak MX de IAI.
De fait, la récente brouille diplomatique sévère entre Bogotá et Jérusalem, sur fond d’intervention israélien à Gaza, et la décision israélienne de suspendre l’ensemble des contrats de défense avec la Colombie, est lourde de conséquences pour les armées colombiennes. En revanche, elle pourrait bien paver la voie pour un retour du CAESAR dans le pays.
L’ambassadeur israélien en Colombie, Gali Dagan (à gauche) et le président colombien Gustavo Petro (à droite)
Pressé par Gali Dagan de prendre position contre le Hamas, le président colombien répondit, en effet, sur X que le terrorisme tuait aussi des enfants innocents en Palestine, et que la bande de Gaza était désormais transformée en camps de concentration par Israël, engendrant une réponse sévère de Jérusalem.
Bien évidemment, la décision de suspendre les contrats de défense israéliens avec la Colombie, ira bien au-delà d’une simple suspension. Il semble évidemment impensable que le Président Pétrologies reviennent publiquement sur ses déclarations, condition probablement indispensable pour qu’Israël fasse marche-arrière.
De même, même si Israël venait à lever cette suspension, il est probable que Bogotá se montrera dorénavant des plus rétifs concernant l’acquisition de matériels de défense israéliens.
Cette brouille ne fait certainement pas l’affaire des industriels israéliens, d’autant que la position de Gustavo Petro, empreinte de l’héritage Bolivarien du continent, est relativement partagée en Amérique du Sud, et risque donc d’éloigner nombre de ces pays des offres de défense de l’État hébreux.
Un possible retour du canon CAESAR en Colombie
Elle peut, en revanche, paver la voie pour un retour rapide de la BITD française dans le pays, et notamment du CAESAR de Nexter. En effet, si le cadre très particulier des négociations de fin d’année dernière, ne permit pas aux industriels français de se positionner efficacement, la remise à plat en cours, permet aux négociateurs français de reprendre rapidement les discussions avec leurs homologues colombiens.
En outre, la réalité industrielle autour du CAESAR a considérablement évolué depuis décembre 2022. Ainsi, Nexter est aujourd’hui en capacité de produire 6 systèmes par mois, contre 4 auparavant, et surtout a réduit les délais de livraison de 30 à 15 mois.
En outre, l’élimination de l’option israélienne, que l’on sait particulièrement agressive du point de vue commercial et du prix, remet au premier plan les performances et le rapport qualité prix du CAESAR, sans réel concurrent aujourd’hui pour un besoin comme celui des armées colombiennes.
Vers l’accélération du remplacement des Kfir colombiens ?
Si la brouille israelo-colombienne remet en selle le CAESAR dans le pays, elle pourrait aussi sensiblement accélérer l’acquisition de chasseurs Rafale par Bogotá, avec un besoin compatible avec les contraintes de production et de négociation de Dassault Aviation et de la Team Rafale.
En effet, en l’absence du soutien de l’industrie israélienne de défense, les KFIR colombiens qui assurent la défense aérienne du pays, risquent forts de rapidement voir leur disponibilité s’effondrer, alors qu’elle était déjà peu satisfaisante, et très onéreuse, de l’avis même de l’armée de l’air.
Face à ce besoin, il est donc probable que Bogotá tente de remplacer rapidement cette flotte, en particulier en se tournant vers un partenaire susceptible de répondre rapidement à ses besoins immédiats.
Aujourd’hui, deux offres sont considérées comme en tête de cette compétition. D’une part, le F-16 américain, poussé par Washington qui tente de reprendre la main en Amérique du Sud, y compris en ayant récemment ajouté la Colombie à la liste de ses alliés majeurs non membre de l’OTAN.
Face à lui, le Rafale a la préférence des forces aériennes colombiennes, qui ont jugé l’avion français comme le plus à même de répondre à ses besoins dans les années à venir.
La décision se fera, dès lors, probablement sur la flexibilité en termes de livraison, dont pourront faire preuve l’un ou l’autre des écosystèmes, y compris, par exemple, en acceptant de livrer des appareils d’occasion, comme ce fut le cas en Grèce dans une situation relativement proche.
On le voit, la dispute diplomatique opposant Bogotá et Jérusalem, si elle ouvre des portes aux négociateurs français déjà présents dans le pays, n’assure en rien leur succès. En revanche, il est très probable qu’une nouvelle fenêtre de négociation s’ouvre désormais dans le pays, avec des contraintes importantes, mais différentes de celles qui virent l’échec de Nexter, et le décrochage de Dassault.