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La nouvelle politique française d’exportation des armements se révèle en Grèce.

La politique française d’exportation des armements a été modelée par plusieurs décennies de succès l’ayant amenée au pied du podium des exportations mondiales dès le milieu des années 60, en dépit du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale et de l’occupation allemande.

Celle-ci s’articulait alors autour de deux approches complémentaires. D’abord, des partenariats industriels de défense qui donneront naissance à de nombreux programmes de la guerre froide comme le chasseur bombardier Sepecat Jaguar, les avions de patrouille maritime Breguet Atlantic, les missiles antichars Milan et HOT ou encore les chasseurs de mines Tripartites.

Tous ces programmes en coopération ont été menés avec les voisins européens de la France : Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Belgique et Pays-Bas.

La politique française d’exportation des armements depuis 1945

En même temps, Paris multipliait les succès en matière d’exportation d’équipement, notamment vers les pays du Moyen-Orient (Israël puis Arabie Saoudite, Irak, Qatar et EAU), en Europe (Belgique, Grèce, Espagne), en Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Chili, Pérou), en Afrique (Maroc, Égypte, Afrique du Sud, Libye..) ainsi qu’en Asie-Pacifique (Pakistan, Inde, Australie, Taïwan..).

Exportation des armements n'a pas évolué politiquement entre 1945 et 2022
La politique française d’exportation des armements avait à peine évolué depuis la fin des années 50, et les premiers grands succès des industriels français de défense sur la scène internationale.

Cette division entre partenaires européens et clients mondiaux perdura jusqu’à l’arrivée du président Macron à l’Élysée en 2017, même s’il était de plus évident qu’elle ne répondait plus efficacement aux opportunités industrielles et technologiques françaises.

Durant son premier quinquennat, Emmanuel Macron, et la ministre des Armées, Florence Parly, reproduisirent et même accentuèrent ce modèle, en engageant de nombreuses initiatives européennes destinées à donner corps à l’ambition d’Europe de la Défense soutenue par le président nouvellement élu.

Celle-ci donna naissance au programme CaMo franco-belge et exhuma les accords de Lancaster House avec Londres. Les deux principaux volets de cette volonté présidentielle furent l’émergence d’un « Airbus Naval » en associant Naval Group avec l’Italien Fincantieri au sein d’une coentreprise désignée Naviris, et surtout le lancement de plusieurs grands programmes franco-allemands, dont les désormais bien connus SCAF et MGCS.

L’échec des ambitions européennes du président Macron

Malheureusement pour le président français, cette stratégie tourna court à de nombreuses reprises. Ainsi, après l’échec du rachat des Chantiers de l’Atlantique par Fincantieri, Naviris fut vidée de sa substance, pour devenir une structure limitée aux programmes de coopération bilatéraux, comme la modernisation des destroyers antiaériens de la classe Horizon.

P8 de la Marine Indienne e1686057650829 Coopération internationale technologique Défense | Analyses Défense | Constructions Navales militaires
La Commande de Boeing P8A Poseidon par la Luftwaffe a mis fin au programme MAWS franco-allemand

La coopération avec l’Allemagne s’est également dégradée, après l’abandon des programmes MAWS, CIFS et Tigre III par Berlin, alors que SCAF mais surtout MGCS rencontrent régulièrement des turbulences importantes venant menacer leur propre pérennité.

Cependant, c’est probablement l’apparition de divergences de plus en plus évidentes entre Paris et Berlin, qu’il s’agisse de l’acquisition de F-35A ou le lancement de l’initiative European Skyshield fédérant 15 pays européens, mais fermée à la France et l’Italie, qui amena les autorités françaises à envisager de faire évoluer cette stratégie d’exportation.

Vers une nouvelle politique française de partenariat et d’exportation des armements

Les prémices de cette évolution apparurent lors du vote de la Loi de Programmation Militaire 2024-2030 par le Parlement au printemps 2023. À cette occasion, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait, en effet, annoncé que la nouvelle version du Rafale, la F5, par ailleurs beaucoup plus ambitieuse qu’attendue, serait développée d’ici à 2030.

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Safran et Dassault Aviation pourrait rejoindre le développement du programme TEDBF, le futur chasseur embarqué indien.

Surtout, ce programme serait ouvert au « Club Rafale », à savoir les pays mettant en œuvre l’appareil, disposant d’une industrie aéronautique de défense, et souhaitant s’y investir. Il s’agissait de la première fois que la France ouvrait à des pays non européens une coopération industrielle de défense représentant un enjeu stratégique pour le pays.

Quelques semaines plus tard, à l’occasion de la visite officielle du PM indien Narendra Modi en France pour les célébrations du 14 juillet, plusieurs programmes franco-indiens auraient été abordés, en marge de la future acquisition de 26 Rafale M et de trois sous-marins Scorpene supplémentaires pour la Marine indienne.

C’est notamment le cas du turboréacteur qui équipera les chasseurs AMCA et TEDBF, qui pourraient être développés conjointement avec Safran, mais aussi des appareils eux-mêmes, Dassault aviation pouvant s’inviter dans leur conception.

Ces deux annonces, à quelques semaines d’écart, représentaient déjà une sérieuse indication d’un changement de stratégie en cours de la part de Paris en matière de coopération industrielle de défense.

Des corvettes Gowind 2800HN de Naval Group pour la Marine hellénique

La proposition envoyée il y a quelques jours par Naval Group a Athènes, concernant le programme de corvettes de la Marine Hellénique, montre, quant à elle, que c’est toute la stratégie d’exportation des équipements de défense français qui aurait entamé une profonde mutation.

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La corvette Gowind 2800HN est lourdement armée et polyvalente, complétant parfaitement les frégates FDI-HN en particulier dans le domaine de la lutte anti-sous-marine.

En effet, selon le site Defensereview.gr, à l’origine de l’information, cette offre se compose non seulement d’un important volet de partenariat à long terme entre les industries et les marines des deux pays, mais aussi de conditions commerciales et budgétaires d’État n’ayant rien à envier à celles du Foreign Military Sales américain.

Un puissant volet industriel

Ainsi, l’offre française prévoit la construction des quatre corvettes grecques en partenariat avec les chantiers navals de Skaramangas. Une part de la valeur produite, 35 % supérieure à celle proposée par l’offre de Fincantieri selon defensereview, serait produite en Grèce, et ce, dès le premier navire.

En outre, la France se serait engagée à maintenir la même activité industrielle grecque sur d’éventuelles options à venir concernant d’autres corvettes, mais également de faire participer cet écosystème industriel à la construction des six corvettes lourdes qui devront remplacer les Frégates de Surveillance d’ici à quelques années.

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L’industrie navale grecque pourrait participer au remplacement des six frégates de surveillance de la Marine nationale.

À ce titre, le site grec évoque la construction de 6 corvettes Gowind 2500 à cette fin pour la Marine nationale. Il s’agit probablement d’une mauvaise interprétation du journaliste, le programme European Patrol Corvette ayant jusqu’ici été présenté comme le choix préférentiel de Paris pour remplacer les frégates de surveillance de la classe Floréal.

Un package budgétaire et financier digne du FMS

Enfin, l’ensemble de l’offre française est intégrée à un package d’accompagnement financier et budgétaire à taux fixe, éliminant la plupart des incertitudes pouvant menacer les finances publiques helléniques, que l’on sait scrutées à la loupe par Bruxelles et Berlin.

De fait, l’offre faite à Athènes s’avère non seulement performante et innovante en matière de coopération industrielle, mais aussi concernant le package financier et de service, l’un des points faibles reconnus des offres françaises ces dernières années dans ce domaine, en particulier face au FMS américain.

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L’offre française à Athènes concernant la flotte de corvette hellénique, représente une profonde évolution de la politique française d’exportation des armements.

Quant à savoir si une telle offre peut menacer les budgets de défense ou les industriels français, une hypothèse très proche de celle finalement mise en œuvre par Naval Group et le ministère des Armées, avec l’aval de l’Élysée, avait été étudiée dans un article publié en janvier 2022, révélant précisément les opportunités qu’elle ouvrirait pour la Marine nationale et la BITD navale française.

Conclusion

Il faut, bien évidemment, se montrer prudent quant aux annonces de la presse spécialisée grecque, souvent prompt à un excès d’enthousiasme. Toutefois, la succession des annonces plus ou moins officielles de ces derniers mois autour de la politique d’exportation et de coopération française concernant l’exportation d’armement, montre qu’une réelle dynamique est en cours, probablement sous l’impulsion de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, et Emmanuel Chiva, le DGA, et qu’elle serait soutenue par le président Macron.

Il faudra attendre d’autres annonces comparables pour se faire une idée de son caractère systématique ou non, ainsi que de son périmètre. Toutefois, il s’agit incontestablement d’une trajectoire longtemps attendue par les industriels français, et qui, à la fin, fera certainement l’affaire des armées elles-mêmes.

L’Allemagne invite IBM pour l’intelligence artificielle du SCAF

L’infrastructure Cloud et Intelligence artificielle du programme SCAF a été confiée par Berlin au consortium HIS formé par l’allemand SSE et l’Américain IBM.

L’information est passée jusque-là plutôt inaperçue. Pourtant, elle a de quoi surprendre. En effet, dans un communiqué publié le 30 aout, le BAAINBw, comprendre, le bureau fédéral en charge du support de la Bundeswehr pour l’équipement, les technologies de l’information et les services, a présenté le consortium retenu pour développer les infrastructures d’intelligence artificielle du programme SCAF.

Le consortium HIS pour developper le backbone d’intelligence artificielle du SCAF

Ce consortium, baptisé HIS, rassemble Helsing and Schönhofer Sales and Engineering GmbH (SSE) appartenant au groupe Rohde & Schwarz, ainsi que, et là est la surprise, IBM Deutschland GmbH, filiale allemande du géant américain de l’informatique, basée à Fribourg.

Selon le communiqué de presse, le contrat portant sur la livraison de l’infrastructure d’IA par le consortium, a été signé le 7 aout. Celui-ci dépend du pilier Next Generation Weapon System (NGWS) du programme SCAF, piloté par l’Allemagne.

Au-delà des déclarations de circonstances, sur l’intérêt de l’intelligence artificielle pour un programme comme celui-ci, le communiqué permet aussi de savoir que l’architecture (backbone) produite dans le cadre de ce contrat, s’appuiera sur le Cloud sécurisé « VS-Cloud » américain, ainsi que sur les solutions produites par RedHat, filiale de l’entreprise américaine, et Secunet Security Networks AG, une entreprise de sécurité numérique basée à Essen.

Intelligence artificielle jouera un rôle central au sein du système de systèmes du programme SCAF, tant pour traiter les volumineuses informations produites par les senseurs du système, mais aussi pour permettre à l'équipage d'appréhender correctement son environnement, et diriger les systèmes déportés comme les drones Loyal Wingman et Remote Carrier.
L’Intelligence artificielle jouera un rôle central au sein du système de systèmes du programme SCAF, tant pour traiter les volumineuses informations produites par les senseurs du système, mais également pour permettre à l’équipage d’appréhender correctement son environnement, et diriger les systèmes déportés comme les drones Loyal Wingman et Remote Carrier.

Le choix de l’entreprise américaine par le BAAINBw comme architecte principal de la solution IA du SCAF, n’est pas sans conséquence. En effet, depuis le Cloud Act de 2018, les autorités fédérales américaines disposent de certaines prérogatives extraterritoriales sur l’ensemble des systèmes numériques conçus par des entreprises américains, ou en exploitant les technologies.

Ce choix est d’autant plus surprenant qu’il existe des acteurs industriels européens, y compris au sein du périmètre du programme européen, qui développent des solutions comparables. C’est notamment le cas du Français Thales qui multiplie les investissements tant dans le domaine de l’intelligence artificielle que du cloud souverain.

Des risques pour l’Independance stratégique

Il est probable, comme ce fut le cas au sujet de la motorisation du drone Eurodrone RPAS attribuée à un turbopropulseur de conception US plutôt que le modèle français en cours de certification, que les autorités allemandes ont obtenu de la part des Etats-unis, toutes les garanties nécessaires concernant l’absence d’ingérence de Washington dans ce dossier.

Cependant, et comme la France en a fait l’expérience en 2019, lorsque Donald Trump intégra à la liste ITAR un composant employé par le missile SCALP pour bloquer une vente de Rafale à l’Égypte, il est beaucoup plus facile et rapide de changer une législation, que de modifier l’architecture technologique d’un équipement de défense.

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En 2019, Donald Trump entrava la vente de Rafale à l’Égypte en intégrant à la liste ITAR un composant de navigation employé par le missile SCALP. Il fallut plusieurs années à MBDA pour remplacer ce composant américain coutant uniquement quelques dizaines de dollars.

Cela dit, selon des sources internes au programme, l’arbitrage annoncé ici, ne concernerait qu’un volet purement allemand du pilier en question, et ne pourra pas, de fait, venir interférer avec la flotte française, notamment les appareils qui mettront en œuvre la dissuasion dans les décennies à venir.

D’un point de vue purement allemand, le recours à un prestataire américain, fut-il aussi stratégique qu’IBM pour constituer le backbone du service d’intelligence artificielle du système, est, en effet, bien moins contraignant qu’il ne pourrait l’être pour la France traditionnellement plus autonome vis-à-vis des Etats-Unis que l’Allemagne, cette dernière ayant confié sa propre dissuasion à Washington.

Reste que le choix d’un partenaire américain, alors qu’il existe des alternatives européennes, est aussi révélateur des penchants allemands que contraire à la philosophie initiale du programme SCAF, qui devait permettre de développer l’autonomie stratégique européenne, notamment dans ces domaines particuliers.

Ps: maj le 2 septembre à 00:45, suite aux informations sur l’aspect purement national de l’arbitrage allemand.

Un 4ᵉ porte-hélicoptères amphibie Type 075 en construction pour la Marine chinoise ?

Depuis la livraison à la Marine chinoise du Anhui, troisième porte-hélicoptères amphibie Type 075, en octobre 2022, l’avenir de cette classe, représentant le plus important navire amphibie mondial non américain à ce jour, restait incertain.

Certaines rumeurs sur les réseaux sociaux chinois soutenaient, en effet, que d’autres navires de la classe seraient construits pour atteindre une flotte de 12 navires à parité avec les grands navires amphibies des classes Wasp et America de l’US Navy.

Nouveaux LHD Type 075 ou nouvelle classe de porte-drones Type 76 ?

D’autres, à l’inverse, soutenaient qu’une nouvelle classe de navire d’assaut, désignée Type 076 et spécialisés dans la mise en œuvre de drones, serait développée pour accroitre les moyens à disposition des forces amphibies de l’APL.

Jusqu’à présent, rien ne permettait d’arbitrer en faveur d’une ou de l’autre de ces hypothèses. Plus particulièrement, alors qu’ils poursuivent de manière intensive la construction de nouveaux destroyers et de nouvelles frégates, les chantiers navals chinois ne semblaient pas avoir entrepris la fabrication d’un nouveau grand bâtiment amphibie.

Le troisième LHD Type 075, le Anhui, a été réceptionné par la Marine chinoise le 1ᵉʳ octobre 2022
Le troisième Type 075, le Anhui, a été réceptionné par la Marine chinoise le 1ᵉʳ octobre 2022- Aujourd’hui, chacune des 3 flottes chinoises dispose d’un Type 075 ainsi que de 3 Type 071 constituant leur flottille amphibie.

C’est désormais chose faite, à en croire un cliché par ailleurs partiellement masqué diffusé sur les réseaux sociaux chinois et relayé sur X. Celui-ci montre, en effet, que la construction d’un nouveau grand navire amphibie serait bien avancée, et que plusieurs tranches du navire ont déjà été assemblées.

Pour l’heure, l’unique cliché disponible ne permet pas d’arbitrer entre un nouveau Type 075 et une nouvelle classe de navire, même si plusieurs spécialistes du sujet paraissent plutôt enclins à favoriser la première hypothèse.

Cette nouvelle construction indique en revanche qu’un nouveau cycle de construction de trois grands navires amphibies a démarré dans les chantiers navals chinois. Si l’on s’en réfère à l’avancée des travaux constatée sur le cliché, et sur les délais de production des Type 075 précédemment, le nouveau navire entrera probablement en service d’ici à 2025, après en lancement en 2024.

Cliché publié des tronçons d’un nouveau grand navire amphibie publié sur X après avoir été récupéré sur les réseaux sociaux chinois. Remarquez les bords floutés.

La puissance amphibie de la Marine chinoise en 2027

Les deux navires suivants le seront, selon toute probabilité, en 2026 et 2027. De fait, si Pékin ne décide pas, entre-temps, d’accroitre la cadence de production de ce type de navire, la Marine disposera, à l’échéance tant redoutée de 2027, de 6 grands porte-hélicoptères amphibies, épaules par les 9 LPD Type 071.

Ces deux flottes réunies lui permettront d’avoir une capacité de mise à terre en première intention de 12 000 hommes (800 Marines par navire), une puissance d’assaut globale considérable même si elle reste encore inférieure à celle de l’US Navy.

Reste que la confirmation de la construction de ce nouveau navire, va certainement accroitre l’anxiété, déjà parfaitement palpable outre atlantique, alors que l’hypothèse d’un conflit à cette échéance avec la Chine autour de Taïwan.

Les LHD Type 075 chinois seront épaulés par les 9 LPD Type 071 déjà en service. Ces navires n'ont toutefois pas la même intensité de mise à la terre que les Type 075.
Les LHD Type 075 chinois seront épaulés par les 9 LPD Type 071 déjà en service. Ces navires n’ont toutefois pas la même intensité de mise à la terre que les Type 075.

En effet, ces dernières semaines, il apparait que toutes les initiatives et décisions prises par le Pentagone, sont directement en lien avec celle-ci, relevant la menace russe, nord coréenne ou encore iranienne au second plan.

Il ne fait aucun doute que Washington avait déjà connaissance de la construction de ce navire. La question est ; de quoi d’autre ont-ils connaissance, pour justifier d’une telle fébrilité oubliée depuis la fin de la crise des euromissiles en 1986 ?

Quelles seraient les conséquences d’un échec du programme MGCS ?

Depuis l’échec de la rencontre entre Sébastien Lecornu et Boris Pistorius à Berlin en juillet dernier, pour tenter de remettre le programme MGCS pour Main Ground Combat System, la rumeur enfle que celui-ci serait désormais menacé.

Cette rumeur a pris de l’ampleur la semaine dernière, lorsque la France a fait savoir qu’elle entendait désormais imposer l’adhésion de l’Italie au programme. Pour la France, l’arrivée de l’Italie comme partenaire équipotentiel, remettrait à plat le partage industriel et le financement du programme, aujourd’hui déstructuré depuis l’arrivée de Rheinmetall en 2019.

Pour l’Allemagne, en revanche, elle représenterait une menace importante pour l’activité de ses deux industriels, Krauss-Maffei Wegmann et Rheinmetall, mais aussi sa position prépondérante au sein du programme lui-même, du fait même du rapport de force déséquilibré entre les deux acteurs allemands et le seul français Nexter.

Un climat dégradé au-delà de MGCS entre Paris et Berlin

Au-delà de ces tensions internes au programme, les relations entre Paris et Berlin se sont considérablement distendues ces derniers mois, sur fonds de divergences radicales sur de nombreux sujets dimensionnant, comme l’énergie et le nucléaire, la politique étrangère, notamment en Afrique et vis-à-vis de l’Ukraine, ou sur la politique industrielle, notamment dans le domaine automobile.

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Les sourires de Sébastien Lecornu et Boris Pistorius pour la photo à l’issue de la rencontre de juillet 2023 à Berlin, masque l’absence de solutions pour sortir le programme MGCS de l’ornière dans laquelle il se trouve depuis trois ans maintenant.

C’est dans ce contexte extrêmement tendu que Sébastien Lecornu et Boris Pistorius sont convenus de se rencontrer, à nouveau, au cours du mois de septembre, précisément pour arbitrer l’avenir du programme MGCS. Pour de nombreux observateurs, notamment européens, cette rencontre pourrait bien aboutir à la fin de cette coopération, celui-ci venant alors rejoindre MAWS, CIFS et Tigre III sur l’autel des projets franco-allemands de 2017 avortés.

Un tel échec entrainerait de nombreuses conséquences, au-delà d’une détérioration des relations entre Paris et Berlin. Plus précisement, trois sujets devront alors être rapidement arbitrés par la France et l’Allemagne : l’avenir des programmes de chars de combat de nouvelle génération des deux pays, celui du programme SCAF d’avions de combat de 6ᵉ génération, ainsi que le futur de la coentreprise KNDS.

Vers deux programmes européens de chars de combat de nouvelle génération ?

Si MGCS venait à échouer, le besoin d’un nouveau char de combat pour remplacer les blindés actuellement en service comme le Leopard 2, le Challenger 3, le Leclerc ou l’Ariete, demeurera. L’hypothèse la plus probable à ce jour serait que deux programmes européens viennent alors le remplacer.

Le successeur français de MGCS

Côté français, on peut aisément penser que Paris et Rome entreprendront conjointement de developper un nouveau char de combat. En effet, à l’inverse de l’Allemagne, ceux-ci partagent le même calendrier pour le remplacement des Leclerc français et Ariete italiens, d’ici à 2035.

MGCS devait permettre le remplacement des Leclerc français à partir de 2035
MGCS devait permettre le remplacement des Leclerc français à partir de 2035

En outre, les armées des deux pays tendent à exploiter des doctrines proches, privilégiant la manœuvre et la mobilité à la puissance de feu et au blindage. C’est la raison pour laquelle le Leclerc comme l’Ariete étaient sensiblement légers et mobiles que leurs homologues allemands, britanniques ou américains.

La Belgique serait, elle aussi, un partenaire potentiel majeur pour un nouveau char français en coopération, sur la base du programme CaMo ayant amené Bruxelles à commander VBMR, EBRC et Caesar Mk2 pour optimiser l’interopérabilité avec l’Armée de terre française. Notons cependant que les autorités belges n’ont pas indiqué qu’elles entendaient (re)doter leurs armées de chars de combat à ce jour.

D’autres pays européens pourraient rejoindre un éventuel programme de char de combat de nouvelle génération franco-italien. Ainsi, l’Espagne, qui investit massivement pour soutenir le développement de son industrie de défense, pourrait être tentée par l’aventure, pour obtenir une participation plus importante que dans le programme allemand.

La Grèce, elle aussi, pourrait y voir un intérêt, ce d’autant que Paris comme Rome entretiennent de très bonnes relations avec Athènes, notamment sur les questions de défense. De même, le Portugal, voire la Croatie ou la Serbie, y trouveraient certainement une réponse à leurs attentes.

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La tourelle EMBT présentée au salon Eurosatory 2022, pourrait constituer un point de départ pertinent pour un successeur eu Leclerc et à l’Ariete.

Paris pourrait aussi se tourner vers des partenaires extra-européens pour developper son programme, comme les Émirats arabes unis, l’Égypte, voire l’Arabie Saoudite au Moyen-Orient. C’est aussi le cas de l’Inde, que l’on sait vouloir developper un remplacé pour son imposante flotte de T-72, et qui, elle aussi, privilégie des blindés plus légers et plus mobiles.

En effet, les chars indiens doivent pouvoir évoluer sur les terrains difficiles et escarpés des plateaux himalayens face à la Chine, comme dans les steppes et vallées d’Asie centrale face au Pakistan. C’est la raison pour laquelle New Delhi impose une masse au combat inférieure à 60 tonnes dans son appel d’offre pour le remplacement des T-72.

De fait, Paris aurait, le cas échéant, plusieurs options différentes pour developper un nouveau programme de char lourd en coopération internationale, peut-être même plus adaptés aux attentes françaises tant du point de vue industriel que politique.

Le successeur allemand de MGCS

À l’instar de la France, l’Allemagne ne manquerait pas, elle non plus, de partenaires potentiels pour developper un successeur au Leopard 2. On pense notamment aux clients déclarés du Leopard 2A8 ou A7HU (Norvège, République tchèque, Hongrie et Italie), mais aussi à d’autres partenaires proches de Berlin, comme la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, La Suède, la Finlande, voire la Pologne.

Dans une telle hypothèse, le nouveau programme, emmené par Berlin, répondrait aux enjeux actuels de l’industrie allemande, ceux-là mêmes qui aujourd’hui ont créé les tensions intestines venues menacer la cooparation franco-allemande. En particulier, il est probable qu’il viserait un calendrier plus retardé, autour de 2045, voire 2050, de sorte à libérer les espaces commerciaux pour le Leopard 2A8, le KF51 Panther et le Leopard 2AX à venir.

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Le Leopard 2A8, et son futur successeur, le Leopard 2AX, pourront servir de solution intérimaire jusqu’à l’arrivée d’un remplaçant allemand au MGCS

En outre, ce programme, piloté par l’Allemagne, consacrerait la prévalence de l’industrie allemande dans la conception et l’équipement des nouveaux blindés, de sorte à éviter que les mêmes problèmes viennent entraver la poursuite de la coopération européenne.

Le, ou les blindés, quant à eux, seraient probablement plus lourds, plus technologiques et plus onéreux que leurs homologues français, et seraient également plus spécialisés pour un engagement en Europe de l’Est ou du nord, à l’image du Leopard 2 ou du Challenger 3 aujourd’hui.

Une seconde hypothèse n’est pas à exclure, celle d’un programme conjoint entre l’Allemagne et les Etats-Unis, de sorte à renforcer les liens entre les deux pays, après que le divorce d’avec la France soit consommé. Il s’agirait toutefois d’un pari risqué pour l’Allemagne, qui risquerait fort de rencontrer les mêmes tensions concernant le partage industriel entre Rheinmetall, KMW et GDLS.

Une menace directe pour l’avenir du programme SCAF

Comme nous l’avons déjà évoqué à plusieurs reprises, un échec du programme MGCS, viendrait immanquablement menacer le dernier des programmes franco-allemands de defense lancés en 2017, le SCAF ou Système de Combat Aérien du Futur. Les deux programmes ont été artificiellement liés lors de leur conception. Ainsi, l’échec de l’un viendrait nécessairement menacer le second.

SCAF et MGCS artificiellement liés à la conception

En effet, si les deux programmes furent conçus initialement sur un modèle de parité stricte, industrielle comme budgétaire, les exigences des parlementaires allemands comme des industriels, amenèrent les autorités à ventiler la responsabilité du pilotage de chacun.

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Les programmes SCAF et MGCS ont été artificiellement liés lors de leur conception initiale

À l’Allemagne le pilotage du char de combat (et du CIFS), à la France celui du chasseur de nouvelle génération (et de MAWS). Ce partage initial a souvent été brandi de part et d’autres pour amener le partenaire à accepter certains arbitrages.

Ce fut le cas lors de l’intégration de Rheinmetall à MGCS, mais aussi lorsqu’il fallut convaincre Airbus DS de laisser à Dassault Aviation le pilotage du premier pilier du programme SCAF, la conception du Next Generation Fighter, ou NGF.

La France en meilleure posture que l’Allemagne face à un possible échec de SCAF

De fait, si MGCS venait à péricliter, il est plus que probable que Berlin viendrait exiger un rééquilibrage en faveur d’Airbus DS au sein du programme SCAF. Or, sur la base des tensions passées, et des déclarations récentes de la part du PDG de Dassault Aviation, il est très improbable que l’avionneur français accepte une telle évolution du partage industriel et du pilotage du programme.

On notera, comme évoqué dans un précédent article, que si le programme venait à échouer par effet domino, la France serait en meilleure posture que l’Allemagne, depuis l’annonce du développement du Rafale F5 et d’un drone de combat basé sur le Neuron pour 2030. Cela donnerait à Paris le temps nécessaire pour reconstituer une nouvelle coopération pour developper un appareil de 6ᵉ génération pour 2040 ou 2045.

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Le Rafale F5 et son drone de combat, dérivé du Neuron offriraient une solution d’attente à l’industrie et aux forces aériennes françaises, dans l’attente du développement d’un successeur au SCAF si celui-ci venait à imploser.

À l’inverse, pour Berlin, les options seraient plus limitées. Ni la Grande-Bretagne, ni le Japon ne semblent particulièrement enclins à étendre l’assiette du programme GCAP, tout au moins rapidement. En outre, l’industrie allemande n’a pas l’expérience du développement d’un avion de combat par elle-même, et ne dispose pas des savoir-faires en matière de motorisation pour y parvenir.

De fait, face à ces perspectives, il est possible que Berlin décide de préserver SCAF, même si MGCS venait à péricliter, moyennant quelques adaptations cosmétiques du partage industriel pour atténuer l’ire des parlementaires du Bundestag.

Quel avenir pour KNDS ?

Créée en 2015, KNDS qui rassemble l’allemand Krauss-Maffei Wegmann, et le français Nexter, au sein d’une coentreprise à parité stricte, avait pour objet de consolider et de préserver les outils industriels des deux pays dans le domaine des blindés, sur un marché alors atone.

C’est naturellement vers cette coentreprise qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont tournés pour la conception du programme MGCS en 2017, ce d’autant que là encore, la parité stricte entre Paris et Berlin était au cœur de l’initiative.

Un contexte radicalement différent depuis la création de KNDS

Depuis, le contexte a considérablement évolué. Tout d’abord, Rheinmetall a été imposé de force dans le programme franco-allemand par le Bundestag, venant profondément perturber les équilibres industriels initiaux, ce d’autant que le géant de Düsseldorf n’a jamais caché qu’il jouait une gamme à part avec son KF51 Panther.

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L’échec de MGCS serait sans doute perçu comme une victoire par Rheinmetall et son KF51 Panther.

Ensuite, le marché européen et mondial des blindés, et notamment des blindés lourds, est reparti à la hausse à fin des années 2010, phénomène amplifié par la guerre en Ukraine depuis 2022. De fait, ce qui était initialement conçu pour protéger l’activité, s’est dissipé alors que KMW retrouvait son marché traditionnel, particulièrement depuis la présentation du Leopard 2A8.

Enfin, force est de constater que l’initiative KNDS n’est pas parvenu à altérer les comportements grégaires des armées et industriels de part et d’autre du Rhin. Ainsi, Berlin a préféré lancer une compétition entre KMW et Rheinmetall pour developper un canon porté, plutôt que de se tourner vers le CAESAR français.

Par conséquent, en dehors de MGCS, aucun programme de véhicule blindé franco-allemand n’a été lancé depuis 2015, alors même que plusieurs programmes, évoluant dans les mêmes gammes, ont été développés par les deux pays.

Quelle justification pour préserver KNDS sans MGCS ?

De fait, si MGCS venait à se terminer, nombreux sont ceux qui, de manière plus ou moins ouverte, préconisent la fin de KNDS, sur la base des trois constats précédents.

Force est de constater que, dans une telle hypothèse, la justification de KNDS serait difficile à trouver, alors même que les deux groupes seraient antagonistes sur le marché des chars de nouvelle génération.

Missile antichar Milan 2T developpe par MBDA Coopération internationale technologique Défense | Analyses Défense | Constructions Navales militaires
Le missilier européen MBDA est un exemple sur lequel KNDS pourrait être structuré, si MGCS venait à péricliter.

Pour autant, ce mode de fonctionnement est en grande partie celui qui articule MBDA, le missilier européen, qui, en dépit de sa stature européenne, développent souvent des munitions nationales concurrentes sur les mêmes marchés internationaux. C’est, par exemple, le cas de l’Exocet et de l’Otomat, du MICA VL et du CAAM, et de bien d’autres.

Dans le cas de MBDA, les équilibres ont été trouvés pour justifier de l’existence du groupe européen en respectant les attentes nationales, tout en fournissant une infrastructure adaptée aux collaborations européennes.

Reste à voir si, dans le cas de KNDS, de tels équilibres, et surtout les intérêts sous-jacents à conserver cette coopération, seront suffisants pour empêcher l’implosion de la coentreprise.

Conclusion

On le voit, les conséquences d’un éventuel arrêt du programme MGCS, sont nombreuses et dépassent de beaucoup le cadre de son seul périmètre. Mais au-delà des trois sujets développés précédemment, un quatrième aspect viendra probablement peser dans les arbitrages qui seront menés par Paris et Berlin.

En effet, la fin de MGCS représenterait un terrible échec pour le couple franco-allemand, et pour l’initiative lancée par Emmanuel Macron et Angela Merkel en 2017. Si cette dernière s’est retirée de la vie politique et que son successeur, Olaf Scholz, n’en est pas l’héritier, cet échec serait dur à porter pour le président français, d’autant qu’il a fait de cette coopération un pilier de sa politique internationale et européenne depuis son premier mandat.

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L’échec de MGCS serait aussi un terrible échec pour Emmanuel Macron, qui avait fait de ces programmes franco-allemands de defense les piliers de sa politique européenne pour l’émergence d’une autonomie stratégique européenne.

En outre, contrairement à SCAF avec le Rafale F5, aucune solution d’attente ou intérimaire à l’arrivée de MGCS en 2035, n’a été intégrée à la nouvelle Loi de Programmation Militaire 2024-2030, à peine votée.

C’est d’ailleurs cette dimension politique, bien davantage que les aspects industriels ou même opérationnels qui, ces dernières années, ont préservé MGCS de l’implosion, surtout depuis l’arrivée de Rheinmetall en 2019.

Reste à voir, désormais, quel sera l’effet de ce contrepoids face à l’accumulation de menaces sur le programme MGCS (et SCAF avec lui), et des divergences entre Paris et Berlin. La réponse sera donnée d’ici à quelques semaines, semble-t-il …

Les forces d’autodéfense japonaises voient leur budget croitre de 12 % pour encaisser le choc chinois

À l’instar de Washington et de Taipei, Tokyo a entrepris, ces dernières années, de transformer les forces d’autodéfense japonaises, pour se préparer à un possible conflit avec Pékin.

Ainsi, depuis 2019, la trajectoire donnée par les autorités du pays, et le premier ministre, Fumio Kishida, vise à moderniser et à étendre les moyens à dispositions de ses forces armées pour dissuader et, le cas échéant, résister à une attaque de l’Armée Populaire de Libération.

Pour cela, et après d’intenses tractations politiques ayant notamment permis de briser le plafond de verre d’un effort de defense limité à 1 % du PIB, Tokyo s’est engagé à amener ce même effort de defense à 2 % du PIB du pays, soit 100 Md$, d’ici à 2027.

Toutefois, les forces d’autodéfenses nippones font face à d’importantes difficultés de recrutement et de fidélisation de son personnel, de manière encore plus sensible que pour les autres armées occidentales, alors que la démographie japonaise se caractérise par un vieillissement rapide de la population, et même une décroissance démographique sensible dans les décennies à venir.

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L’Armée populaire de libération, et ses armes à longue portée balistiques ou hypersoniques, sont pris très au séreux par les autorités nippones.

7 700 Md yens en 2024 pour les forces d’autodéfense japonaises

C’est dans ce contexte marqué par une menace majeure, des délais relativement courts pour réagir, des ambitions élevées et des contraintes importantes, que les autorités du pays ont préparé le budget de la défense 2024, dans le cadre du plan quinquennal 2022-2027 prévoyant une allocation globale de 43 000 milliards de yens, soit 271 Md€.

Comme on pouvait s’y attendre, celui-ci se caractérise par une hausse importante des moyens, avec un budget total de 7 700 milliards de yens, soit 48,5 Md€ et une hausse de 12 % vis-à-vis du budget 2023 de 6 820 milliards de yens (42 Md€), déjà en forte hausse.

Selon les commentaires des autorités du pays, cette hausse permettra notamment de financer la construction d’un nouveau poste de commandement intégré rassemblant les trois forces armées du pays, à l’image du Pentagone américain, pour un montant de 10,5 milliards de yens.

Elle permettra surtout de financer plusieurs programmes annoncés récemment, comme la construction des deux destroyers lourds AEGIS qui remplaceront le dispositif AEGIS Ashore abandonné en 2021, pour protéger les iles japonaises d’attaque balistiques venues de Chine, de Corée du Nord ou de Russie.

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Visuel diffusé par le ministère de la Défense japonais concernant le programme ASEV de destroyer lourd AEGIS armé pour la protection antibalistique

Sur la seule année 2024, ce programme recevra 380 milliards de yens (2,4 Md€) pour financer les travaux de recherche et de conception des deux navires qui devront entrer en service d’ici à la fin de la décennie.

De nombreux programmes pour contrer l’armée populaire de libération chinoise

La protection antibalistique est également présente dans le programme récemment annoncé en partenariat avec les Etats-unis, visant à concevoir un missile intercepteur capable d’engager les armes hypersoniques, et plus particulièrement les planeurs hypersoniques dans leur phase de planer, et non dans leur phase balistique.

Cette nouvelle munition, à laquelle le budget alloue une enveloppe de 75 milliards de yens (470 m€) en 2024, armera notamment les deux super destroyers Aegis précédemment abordés.

À plus courts termes, et toujours pour tenir en respect Pékin, Pyongyang et Moscou, Tokyo financera, en 2024, les travaux de recherche pour étendre la portée de son missile antinavire Type 12 au-delà de 1 000 km, contre 200 km aujourd’hui.

D’autres programmes ont de plus été annoncés ou confirmés, comme la construction de deux frégates de nouvelle classe qui succèdera aux 12 FFM Mogami actuellement en livraison. Plus massive, avec un tonnage prévu de 4 800 tonnes contre 3 900 aujourd’hui, ces navires seront surtout mieux armés et équipés, précisément pour répondre à la montée en puissance de la Marine chinoise.

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Jugée désormais insuffisamment armée face à l’évolution de la menace, la classe FFM Mogami a été ramenée à 12 navires (contre 22 initialement prévus), alors qu’une nouvelle classe de frégates plus lourdes et mieux armées sera produite à l’avenir, elle aussi à 12 exemplaires.

Les deux porte-hélicoptères de la classe Izumo continueront, pour leur part, leur transformation pour devenir des porte-aéronefs légers capables de mettre en œuvre le chasseur F-35B à l’horizon de 2027.

407 Md yens pour renforcer le stock de munition

Enfin, le nouveau budget consacrera, 407 milliards de yens (2,6 Md€) pour renforcer ses stocks de munition, et 595 milliards de yens (3,75 Md€) pour améliorer et étendre les capacités de transport et la défense civile, pour être en mesure de résister, sur la durée, à un conflit avec la Chine.

On le voit, ce nouveau budget de la défense japonaise, est presque entièrement orienté vers l’hypothèse de plus en plus probable d’un futur conflit entre le bloc occidental et la Chine, ou tout au moins pour le prévenir en compensant les avancées de l’Armée Populaire de Libération.

Il contraste ainsi beaucoup avec les trajectoires annoncées en Europe, et plus particulièrement en Europe occidentale, qui, s’agissant de l’Allemagne comme de la France ou de l’Italie, continuent d’appliquer la politique de l’autruche en voulant ignorer la trajectoire de conflit avec la Chine qu’ils ne pourront éviter.

Les forces d'autodéfense japonaises vont consacrer 407 milliards de yens en 2024 pour renforcer leurs stocks de munition
Les Forces d’autodéfense japonaises vont consacrer 407 milliards de yens en 2024 pour renforcer leurs stocks de munition.

Ce contraste est d’autant plus marqué que, traditionnellement, le Japon a toujours limité ses investissements en matière de défense depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en cherchant, à l’instar des européens, à appliquer des solutions de soft Power en évitant autant que possible les bras de fer militaire.

La trajectoire nippone n’est d’ailleurs pas une exception régionale, bien au contraire. Plusieurs pays, dont les Philippines et l’Indonésie, se sont récemment à nouveau rapprochés des Etats-Unis, alors même qu’ils suivaient une politique neutre jusqu’à présent, précisément par la menace de conflit qui se dessine autour de Taïwan.

Dans ce contexte, au regard des orientations politiques tranchées des grandes démocraties du Pacifique, on peut raisonnablement se demander si la stratégie des grandes économies européennes vis-à-vis de Pékin, ne relève pas de la même politique de l’autruche que celle qui précéda le conflit en Ukraine vis-à-vis de la Russie ?

Le Leopard 2 s’avère efficace et résistant en Ukraine

Beaucoup de questions demeuraient sans réponse quant à l’efficacité réelle du char Leopard 2 au combat, notament aprés la pietre prestation des forces turques face aux combattants kurdes en 2019.

De fait, l’engagement du char allemand dans le conflit ukrainien, lui valait baptême du feu pour ce blindé longtemps présenté comme le meilleur char du monde. Les premiers résultats sont désormais disponibles, et révèlent que le Leopard 2 se soit montré à la hauteur de sa réputation sur le champ de bataille ukrainien.

En effet, sur les 71 chars Leopard 2 livrés aux forces ukrainiennes à ce jour, seuls cinq ont effectivement été détruits, et dix endommagés, alors même que le blindé est intensément employé par les armées de Kyiv sur plusieurs fronts difficiles.

Selon les informations recueillies par Forbes, il s’agit d’un excellent résultat, en comparaison d’autres chars lourds en service en Ukraine, bien qu’aucune donnée de comparaison factuelle ait été donnée à ce sujet.

Très bon taux de survie des équipages du Leopard 2

Ce qui l’est en revanche, c’est la très bonne capacité du char allemand pour protéger ses équipages. En effet, sur les 5 chars détruits, et les 10 endommagés, les armées ukrainiennes n’ont enregistré aucun mort parmi les membres d’équipage.

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Cette photo, datant du début de la contre-offensive ukrainienne, avait largement été distribué et commenté, notamment pour débattre de la qualité des matériels occidentaux livrés à l’Ukraine. Il semble désormais que la grande majorité des équipages de cette offensive, probablement mal planifiée, aient survécu, et que les blindés eux-mêmes aient pu être récupérés puis envoyés en réparation par les forces ukrainiennes.

Cela constitue un résultat remarquable, selon les commentaires du commandement de Kyiv, bien meilleur que les modèles d’origine soviétique ou russe format encore le gros du corps blindés ukrainien.

Ce constat ne vaut d’ailleurs pas uniquement pour les Leopard 2, mais pour beaucoup de blindés occidentaux. C’est notamment le cas des Bradley américains et des Marder allemands, qui présenteraient, eux aussi, des taux de survie des équipages et personnels transportés sensiblement supérieurs à ceux des BMP et BMD de conception soviétique.

La menace de la munition rôdeuse Lancet-3 russe

Fait intéressant, mais pas réellement flatteur pour le char allemand, deux des cinq chars détruits l’auraient été par des munitions rôdeuses Lancet russes. Il s’agirait, en l’occurrence, d’un Leopard 2A4 et d’un A6, alors que la munition rôdeuse Lancet-3 n’emporte une charge militaire que de trois kilos d’explosif, révélant une réelle faiblesse du char sur ses surfaces horizontales.

Ce fil Twitter liste les 5 chars Leopard 2 ukrainiens détruits au combat

Il est vrai que les Leopard 2, comme tous les blindés de sa génération, n’avaient pas été conçus pour résister à des frappes verticales (faiblement probables dans les années 80), ce qui explique les succès du Lancet-3 contre les autres chars lourds ukrainiens T-72, T-64 et T-80.

Les trois véhicules détruits restants l’ont été des suites d’explosion de mines ou de frappes d’artillerie. Aucun, en revanche, ne semble avoir cédé sous les coups de tirs directs, qu’il s’agisse de canon de chars ou de missiles et roquettes antichars.

Un RETEX capital pour les industriels occidentaux

Ce paramètre, qui mérite évidemment d’être consolidé, pourrait donner de précieuses indications quant aux besoins de protection supplémentaires des chars lourds occidentaux dans un avenir proche.

C’est en particulier le cas de ce qui concerne la protection des blindés aux menaces verticales comme l’artillerie et les drones, là où de nombreux efforts sont faits pour contrer les menaces horizontales, roquettes, missiles et tirs tendus.

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Le KF51 Panther de Rheinmetall intègre un dispositif hard kill désigné TAPS (TOP Attack Protection System), pour le protéger des menaces plongeantes comme les munitions rôdeuses, les missiles antichars pop-up, les obus d’artillerie et munitions aériennes de précision.

Quoi qu’il en soit, il semble bien que le Leopard 2 ait justifié son excellente réputation en matière de chars lourds, tout du moins sur la base de ces premiers retours distillés par les armées ukrainiennes.

Il est probable que ces résultats sauront être exploités par KMW et Rheinmetall, alors que la demande en matière de chars est repartie à la hausse, y compris en Europe, et que le nouveau Leopard 2A8 semble bien parti pour s’arroger la part du lion dans ce domaine.

La Royal Navy a tous ses sous-marins nucléaires d’attaque à quai

Avec la Marine Nationale française, la Royal Navy est la seule flotte européenne à disposer de sous-marin nucléaire d’attaque. Il s’agit, en l’occurrence, du dernier navire de la classe Trafalgar, le HMS Triumph, et des cinq SNA de la classe Astute, dans l’attente de la livraison de la 6ᵉ unité, le HMS Agamemnon, attendu pour 2024, puis du HMS Agincourt, en 2027.

Chose exceptionnelle, et pour le moins inattendue en ces temps de tension avec la Russie et sa puissante flotte sous-marine, il semble, d’après les relevés effectués par des observateurs indépendants, que les six navires sont en ce moment simultanément à quai sur les bases navales HMNB Davenport et HMNB Falslane.

Bien que surprenante, et incontestablement temporaire, cette situation était pourtant prévisible. En effet, la Royal Navy fait simultanément face à des retours de déploiement d’une durée exceptionnellement longue de certains de ses navires, ainsi qu’à une certaine saturation de ses infrastructures de maintenance.

Les 6 SNA de la Royal Navy a quai a Davenport et Falslane

Ainsi, Le HMS Audacious est revenu il y a peu à Davenport suite à un déploiement de 403 jours en Mer Méditerranée, quelques semaines seulement avant le retour du HMS Triumph, après une mission de plus de trois mois, probablement sur le même théâtre.

La Royal Navy a ses 5 Astute a quai
Les 5 Astute de la Royal Navy sont aujourd’hui à quai à Davenport et Falslane.

Or, les infrastructures de maintenance nécessaires pour remettre ces navires en état, sont déjà sollicitées par d’autres bâtiments, obligeant les deux sous-marins à patienter à quai dans l’attente qu’une place ne se libère.

La situation des 4 Astute basés à Falslane est plus confuse, mais tout aussi troublante. En effet, le HMS Astute est revenu d’une autre mission de très longue durée entre 2021 et 2022, le HMS Astute semble être resté à quai depuis plusieurs mois, à l’exception d’une brève sortie en juillet.

Les trois autres navires, quant à eux, semblent soit inactifs depuis plusieurs mois (HMS Ambush et HMS Artful), alors que le HMS Anson, le plus récent, n’est pas encore prêt à prendre la mer.

Selon le site navylookout.com, à l’origine de ces observations, il est probable qu’au moins l’un de ces navires, probablement le Arful ou le Anson, reprennent la mer prochainement, afin de participer au déploiement du Carrier Strike Group 2023 de la Royal Navy.

Le Project Resolution pour améliorer la disponibilité des sous-marins britanniques

Selon le site, la Royal Navy est parfaitement au fait des difficultés de disponibilité rencontrées par sa flotte sous-marine ces dernières années, et a lancé, en 2021, le Project Resolution, précisément pour y remédier.

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Le HMS Triumph est le dernier représentant de la classe Trafalgar en service au sein de la Royal Navy. Il sera remplacé par le HMS Agamemnon.

Ce programme prévoit notamment de moderniser un dock situé à Davenport, pour pouvoir réaliser les opérations de maintenance lourdes des SNA et SNLE de la Royal Navy, et ainsi soulager l’unique dock de Falslane capable aujourd’hui de telles maintenances.

Cette nouvelle infrastructure devrait permettre d’éliminer le goulet d’étranglement qui aujourd’hui handicape sévèrement la mise en œuvre de ses flottes de sous-marins, pourtant indispensables à sa dissuasion comme pour escorter ses capital ships.

Les flottes de sous-marin nucléaire d’attaque de l’OTAN sous tension

Reste que la situation arrive à un bien mauvais moment. En effet, alors que la guerre fait rage en Ukraine, plusieurs rapports venus de l’OTAN et de l’US Navy indiquent un regain d’activité de la Marine Russe, en particulier de la flotte sous-marine, précisément dans l’Atlantique Nord, là où les SNA de la Royal Navy doivent monter la garde.

Dans ce domaine, il n’existe, au sein de l’OTAN, que deux alternatives aux SNA britanniques, les sous-marins français et américains, seuls capables d’effectivement suivre les navires à propulsion nucléaire de la classe Boreï, Iassen, Anteï ou encore les Akula, tous très rapides et de plus en plus discrets.

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Le SNA Suffren est aujourd’hui le seul navire de cette classe opérationnel au sein de la Marine nationale, dans l’attente de l’arrivée du Duguay-Trouin au service actif, prévue pour 2024.

Or, la flotte française est, elle aussi, a effectif réduit par la transition engagée vers la nouvelle classe Suffren et des effets de l’incendie de la Perle, alors que l’US Navy doit aujourd’hui concentrer une grande partie de ses moyens dans le pacifique face à la Chine.

Il est donc probable que les SNA américains, français et britanniques, aptes à opérer, seront encore très sollicités dans les mois à venir, dans l’attente d’un retour à la normale de la disponibilité de la Royal Navy dans ce domaine.

L’Armée Populaire de Libération se prépare, d’ici à 4 ans, pour prendre l’avantage sur les Etats-Unis, selon l’amiral Aquilino

L’Armée Populaire de Libération pourra attaquer Taïwan d’ici à 2027 ! Cette phrase, prononcée par l’amiral Phil Davidson en mars 2021 lorsqu’il commandait l’US Indo-Pacific Command, le plus important commandement américain, fit l’effet d’une bombe au Pentagone, comma à la Maison-Blanche et au Congrès.

Selon l’officier général, la trajectoire suivie, à ce moment-là, par l’APL, mais aussi par l’industrie de défense chinoise, devait lui permettre de s’emparer de Taïwan et de résister à une éventuelle opération aéronavale US pour venir aider son allié, dans les années à venir. L’échéance de 2027 était présentée celle à partir de laquelle l’APL obtiendrait des chances de succès satisfaisantes pour une telle opération.

Depuis, plusieurs études, wargames et projections, sont venues modérer cette affirmation. Le Pentagone n’est pas, lui non plus, resté inactif sur le sujet, notamment en révisant la planification de l’US Navy pour venir à 12 porte-avions, 150 destroyers et frégates et 66 sous-marins d’attaque à horizon 2045.

En outre, la guerre en Ukraine a, pour un temps au moins, focalisé l’attention politique et médiatique, aux Etats-Unis comme en Europe, de sorte que la menace chinoise semblait, ces derniers mois, moins pressante. Tout au moins en apparence…

Le plan quinquennal de l’Armée Populaire de Libération

En effet, s’exprimant lors du symposium de la National Defense Industrial Association’s Emerging Technologies and Defense, l’amiral John Aquilino, successeur de l’Amiral Davidson à la tête de l’U.S. Indo-Pacific Command (INDOPACOM), a présenté un tableau des plus inquiétants.

Selon lui, le plan d’équipement quinquennal en cours en Chine, qui perdura encore pour les 4 années à venir, soit jusqu’en 2027, a été conçu pour permettre à l’APL de prendre l’ascendant sur les forces américaines dans l’hypothèse d’un conflit.

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La production navale chinoise aujourd’hui est comparable à celle qu’avait connue les Etats-Unis dans les années 80

Ce constat porte tout autant sur les forces conventionnelles, avec notamment un effort soutenu en matière de production de nouveaux navires militaires. Cet effort peut être comparé à celui qui fut produit aux Etats-Unis par le secrétaire à la Navy John Lehman dans les années 80, lorsque Washington entreprit de reconstruire la plus puissante marine de guerre mondiale.

C’est aussi le cas dans le domaine aérien, alors que le chasseur J-20 est désormais passé en production intensive, aux côtés des J-16 et J-10C, toujours en production, tandis que le J-35, nom toujours provisoire, devrait entrer en service prochainement. De même, les cadences de production des avions radar (YJ-500 et YJ-600), avions de transport lourds Y-20 et de ravitaillement en vol (Y-20U) sont, elles aussi, très soutenues.

Pékin produit concomitamment un effort sans précédant pour moderniser et étendre ses propres capacités de dissuasion, dépassant de beaucoup le format, et donc la mission, qui étaient ceux des forces nucléaires chinoises jusqu’à présent.

L’engagement coopératif comme moyen de dissuasion pour le Pentagone

Pour faire face à cet inquiétant constat, le commandement indo-pacifique américain, comme le Pentagone, parient sur l’expérience au combat de ses forces, ainsi que sur l’avance encore notable des armées américaines en matière d’engagement collaboratif et distribué.

Armée Populaire de Libération modernise rapidement ses forces de dissuasion, notamment avec l'arrivée du missile ICBM DF-41 à carburant solide.
L’Armée Populaire de Libération modernise rapidement ses forces de dissuasion, notamment avec l’arrivée du missile ICBM DF-41 à carburant solide.

Cette doctrine, dérivée du désormais célèbre Joint All-Domain Command and Control ou JADC2, est résumée par l’amiral Aquilino par la phrase « Aveugler, détecter et détruire ». Il s’agit ici de priver l’adversaire de ses moyens de détection tout en préservant les siens, et d’employer la force distribuée pour détruire ses propres moyens d’action, et ainsi, le priver de ses options militaires.

L’objectif, tel qu’il a été présenté par l’officier général, n’est d’ailleurs pas tant de pouvoir vaincre l’Armée Populaire de Libération dans un affrontement qui risquerait de glisser au-delà du seuil nucléaire, que de dissuader Pékin de mener des initiatives trop risquées, comme celle entreprise par Vladimir Poutine en Ukraine.

Toutefois, comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises sur ce site, le pari technologique et doctrinal des armées américaines est risqué, dans la mesure où la Chine a montré, ces dernières années, de nombreuses qualités dans les mêmes domaines qui ceux plébiscités par le Pentagone.

L’alliance AUKUS et le rapprochement Japon-Corée du Sud face à l’APL

Pour dissuader Pékin, les efforts déployés par Washington pour étendre l’alliance Aukus comme pour permettre un rapprochement entre la Corée du Sud et le Japon pouvant permettre l’émergence d’une alliance Indo-Pacifique étendue, sont plus prometteurs, et seront beaucoup plus difficiles à ignorer par les autorités chinoises, dans leurs calculs stratégiques.

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Les forces US parient sur la doctrine JADCC et sur l’engagement coopératif pour dissuader Pékin de passer à l’attaque.

Reste que, dans tous les cas, le discours donné par l’Amiral Aquilino cette semaine, est révélateur des inquiétudes qui croissent outre atlantique quant à l’éventualité, de moins en moins éventuelle, d’une confrontation militaire sino-américaine autour de Taïwan.

Il serait probablement temps que les européens, eux aussi, prennent conscience des risques liés à un tel conflit, tant dans le domaine de la contagion militaire qu’au niveau économique. Rappelons, à ce titre, que la Chine est, depuis 2020, le premier partenaire économique de l’Union européenne, avec plus de 16 % des échanges du vieux continent.

Avec le Rafale F5, la France a-t-elle encore besoin du SCAF ?

Le Rafale F5 a aujourd’hui la priorité sur le SCAF ! C’est en substance la déclaration faite par Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, lors de son passage sur la chaine d’information économique française BFM Business.

Pour le dirigeant, les moyens sont aujourd’hui concentrés sur l’objectif de faire émerger le nouveau standard du Rafale pour 2030, puis les drones qui l’accompagneront, alors que le programme SCAF, lui, vise un échéancier plus lointain.

De manière plus diplomatique qu’à l’accoutumée, Eric Trappier a également, lors de cette interview, renouvelé ses inquiétudes quant à l’avenir du programme d’avion de combat qui rassemble la France, l’Allemagne et l’Espagne.

Un avenir toujours flou pour le programme SCAF

En effet, si les taches et le partage industriel est relativement bien défini pour ce qui concerne la phase 1B d’étude précédant la conception du démonstrateur jusqu’en 2027, le flou demeure au-delà.

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Il fallut l’intervention conjointe des trois ministres de la Défense français, espagnole et allemand, pour sortir de programme SCAF de l’ornière dans laquelle il se trouvait depuis un an.

De toute évidence, Dassault Aviation craint un nouveau bras de fer avec Airbus DS autour du pilotage du NGF (Next Generation Fighter), le chasseur de combat et premier pilier du programme, déjà à l’origine des fortes tensions qui avaient amené le programme au bord de l’implosion il y a tout juste deux ans, jusqu’à la reprise en main par les ministres de tutelles des trois pays.

Le fait est, les inquiétudes d’Eric Trappier sont fondées. Non seulement, effectivement, rien n’est gravé dans le marbre au-delà de la phase 1B, mais un autre programme pourrait faire voler en éclat les fragiles équilibres autour du programme SCAF.

Les liens entre les programmes SCAF et MGCS

En effet, concomitamment, l’autre programme franco-allemand de defense, MGCS, fait l’objet aujourd’hui d’un important bras de fer entre Paris et Berlin, là encore au sujet des partages industriels.

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Les programmes MGCS et SCAF sont politiquement liés, et l’échec de l’un pourrait bien entrainer celui de l’autre.

Surtout, la France entend imposer, lors de la prochaine rencontre entre les ministres Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, à la fin du mois de septembre, l’arrivée de l’Italie dans le programme, de sorte à forcer à un rééquilibrage salutaire du programme. Cependant, cela semble n’être pas du gout de Berlin, et notamment de ses deux industriels.

Or, pour Berlin, ou plutôt pour le Bundestag, les deux programmes MGCS et SCAF sont liés, particulièrement pour ce qui concerne le partage des responsabilités et du pilotage industriel : À l’Allemagne le pilotage de MGCS, à la France celui du SCAF, même s’il est par ailleurs contesté par Airbus DS.

Bref, si MGCS venait à tomber dans les semaines ou mois qui viennent, les chances sont élevées que le programme SCAF fasse de même. Cela, Eric Trappier, comme Sébastien Lecornu, le savent parfaitement.

Les ambitions du Rafale F5 revues à la hausse par la nouvelle LPM

C’est précisément là qu’intervient le standard F5 du Rafale. En effet, sans être officiellement présenté comme une alternative au SCAF, ce nouveau standard s’est vu, à l’occasion de la nouvelle Loi de Programmation Militaire, paré de tels attributs, qu’il pourrait sans conteste se revendiquer comme tel.

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La version F4 du Rafale va bientôt commencer d’arriver dans les Armées françaises

Au point que l’on peut aujourd’hui, se demander si, dans le présent contexte, la France a toujours besoin du SCAF avec l’arrivée prochaine du Rafale F5 ?

Il faut dire que le Rafale F5 mouture LPM 2024-2030, n’a plus guère à voir avec ce qu’il était prévu qu’il soit quelques mois auparavant. Jusque-là, en effet, celui-ci devait avant permettre de moderniser la composante aérienne de la dissuasion française, avec l’arrivée du nouveau missile ASN4G, remplaçant de l’ASMPA actuel.

Pour cela, le Rafale F5 devait s’appuyer sur les évolutions apportées par le standard F4 en cours d’implémentation, et qui prévoit, entre autres choses, une électronique embarquée modernisée, notamment pour ce qui concerne le système d’autodéfense et de guerre électronique SPECTRA.

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Le Rafale F4 apporte de nombreuses améliorations notamment en matière de maintenance prédictive

En outre, il pourra mettre en œuvre de nouvelles munitions comme le missile air air MICA NG, la bombe de 1 000 kg Hammer, et la nouvelle nacelle RECO NG, le tout à horizon 2035.

L’ambition donnée à la version F5 a été considérablement revue à la hausse par la LPM 2024-2030. Non seulement l’appareil évoluera pour répondre à la mission stratégique préalablement visée, mais il sera doté de nombreux attributs qui, jusqu’ici, devaient être l’apanage du SCAF.

Neuron, Remote carrier, système de systèmes : vers un chasseur de 6ᵉ génération ?

C’est notamment le cas des drones de combat aéroportés Remote Carrier récemment détaillés par MBDA, ou des capacités avancées en matière de suppression des défenses antiaériennes adverses, ou SEAD, identifiées désormais comme un enjeu majeur de cette nouvelle version sur les enseignements de la guerre en Ukraine.

Mieux, le Rafale F5 se verra épauler par un drone de type Loyal Wingman dérivé du Neuron, et bénéficiera, pour cela, d’une architecture de type système de systèmes, et d’un cloud de combat, indispensable au contrôle de ces différents drones au combat.

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L’arrivée des drones de combat, comme les Remote Carrier Expendable de MBDA, va profondément modifier la manière dont le Rafale F5 mènera ses opérations de guerre aérienne.

En d’autres termes, le nouvel appareil qui doit arriver dès le début de la prochaine décennie, portera avec lui certaines des qualités majeures recherchées au travers du programme SCAF, au point de potentiellement lui permettre de sauter une génération et demi.

Il pourra alors venir explicitement flirter avec la nouvelle 6ᵉ génération d’avion de combat, précisément caractérisée par le combat collaboratif, l’architecture en système de systèmes et le cloud de combat, au point que les avancées constituant la 5ᵉ génération, la furtivité ou la super croisière, s’avèreront probablement secondaires dans la guerre aérienne menée demain par ces appareils.

L’écart technologique et capacitaire entre F5 et SCAF se resserre

Or, ce sont précisément ces caractéristiques secondaires qui, aujourd’hui, représentent la plus importante différence opérationnelle entre le Rafale F5 comme système de systèmes, et le SCAF.

Certes, le NGF sera plus puissant, et capable d’emporter plus de carburant et de munition que le Rafale F5. Il sera aussi plus discret, et disposera d’une super-croisière optimisée grâce à ses turboréacteurs de nouvelle génération.

Le Rafale F5 va-t-il tuer le SCAF ?
L’allonge et les performances accrues du NGF vont-elles compenser la prise de poids et le prix du SCAF face au Rafale F5 ?

En outre, étant nativement conçu pour la 6ᵉ génération, on peut supposer que son système de systèmes, son cloud, mais aussi certaines caractéristiques, telles la production électrique et la répartition des senseurs sur la cellule, seront plus performants que sur le Rafale F5.

Toutefois, l’appareil sera aussi, sans le moindre doute, beaucoup plus lourd, et incomparablement plus cher que le Rafale F5, d’autant qu’il arrivera, dans le meilleur des cas, dix ans plus tard.

Là encore, ces atouts, confrontés à leurs conséquences, ont probablement perdu de leur superbe face aux enseignements de la guerre aérienne en Ukraine, qui a démontré qu’il était surtout indispensable de durer, et donc de disposer d’équipements performants, mais abordables, et donc disponibles en plus grand nombre, pour s’imposer dans le ciel et face aux défenses anti-aériennes adverses.

En d’autres termes, dans le futur, on peut penser que l’avion de chasse qui coordonne la puissance aérienne, aura un rôle très différent de celui qu’il tient encore aujourd’hui, et que la plus-value reposera avant tout sur les drones d’accompagnement, et sur la capacité de l’appareil et les mettre en œuvre les coordonnées efficacement.

Le Rafale F5 est-il le Plan B de la France vis-à-vis du SCAF ?

Dans ce contexte, le Rafale F5, que l’on sait par expérience un appareil particulièrement bien né, peut effectivement représenter une alternative de choix, et par ailleurs considérablement plus économique, pour les forces aériennes françaises, dans les 20 ou 30 prochaines années, pour peu qu’un effort important soit consenti pour le faire accompagner de drones de combat performants et complémentaires.

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Les opérateurs du Rafale seront, sans le moindre doute, intéressés par les nouvelles performances et capacités offertes par la version F5.

Enfin, du point de vue industriel et vis-à-vis des exportations, il semble bien, comme l’a précisé Eric Trappier lors de son interview télévisée, que la dynamique Rafale soit encore loin de se tarir.

Les lignes de production sont déjà alimentées jusqu’en 2032 sur la base des commandes existantes, alors que plusieurs autres négociations sont en cours, certaines particulièrement dimensionnantes.

Dans ce contexte, l’arrivée du Rafale F5, à horizon 2030, devrait encore accroitre ce phénomène, d’autant qu’il sera accompagné de drones lourds dérivés du Neuron faisant office de chasseurs légers.

Il ne fait aucun doute que de nombreux pays, utilisateurs ou non Rafale, seront intéressés par ces nouvelles capacités, ce d’autant que le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé qu’il entendait leur ouvrir des portes industrielles et technologiques autour de ce programme.

Au point que l’on peut penser que le Rafale F5 pourra alors représenter une menace directe vis-à-vis du marché adressable à l’exportation du SCAF, ce d’autant que le Rafale comme ses drones seront alors 100 % français, donc libres de toute interférence commerciale et technologique.

D’un certain point de vue, le Rafale F5 constitue aujourd’hui une réponse au marché des avions de combat, comparable à celles portées par les KF-51 Panther et Leopard 2A8 allemands dans le domaine des chars de combat vis-à-vis du programme MGCS.

Conclusion

On le comprend, les ambitions données à la nouvelle version du chasseur de Dassault par la Loi de Programmation militaire, s’apparentent bien davantage à une porte de sortie face à un possible échec ou report du programme SCAF, qu’aux évolutions itératives qu’il a connu par le passé.

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À l’instar du Leopard 2A8 et du KF51 Panther vis-à-vis du programme MGCS, le Rafale F5 pourrait, lui aussi, lourdement handicaper le marché export adressable du SCAF dans les années à venir.

C’est probablement en ce sens qu’il convient d’interpréter les récentes déclarations d’Eric Trappier face aux journalistes de BFMTV business, et c’est aussi un facteur clé pour appréhender le possible changement de ton constaté de la part de Sébastien Lecornu concernant le MGCS qui, qu’on le veuille ou non, joue lui aussi un rôle majeur pour l’avenir du programme européen d’avion de combat de 6ᵉ génération.

Kim Jong Un veut renforcer et moderniser la Marine nord-coréenne face aux risques de guerre nucléaire

Le leader nord-coréen, Kim Jong Un, a annoncé qu’un important effort sera produit pour la modernisation de la Marine nord-coréenne, afin de faire face aux risques de guerre nucléaire, selon ses termes, liés aux manœuvres conjointes sud-coréennes, américaines et japonaises à proximité de son pays.

Si, par leur puissante artillerie et l’impressionnante masse d’hommes mobilisables, les armées nord-coréennes représentent un adversaire des plus sérieux pour la Corée du Sud et leurs alliés américains, la Marine nord-coréenne, en revanche, sont loin de représenter une menace pour l’US Navy et la Marine de Séoul.

Kim Jong Un reconnait les faiblesses de la Marine nord-coréenne

Non seulement celle-ci n’aligne aujourd’hui qu’une dizaine de navires de surface combattant de plus de 500 tonnes, mais l’ensemble des navires en service, y compris les quelque 70 sous-marins de poche, reposent pour l’essentiel sur des modèles soviétiques datant des années 50. Enfin, ces navires sont mal équipés, tant du point de vue des senseurs que de l’armement.

Face aux destroyers, frégates et sous-marins sud-coréens, à la fois nombreux, modernes et parfaitement équipés, la Marine nord-coréenne ne fait donc pas le poids. C’est la raison pour laquelle Séoul n’a pas hésité à se doter d’une puissante flotte amphibie alors qu’elle n’a aucune ambition de projection de puissance distante, de sorte à pouvoir, au besoin, ouvrir des options opérationnelles face à une attaque venue du nord.

Ce constat n’a visiblement pas échappé à Kim Jong Un, qui dirige la Corée du Nord depuis la mort de son père en 2011. Celui-ci vient, en effet, d’annoncer qu’un effort majeur serait produit pour moderniser et étendre la Marine nord-coréenne, afin de faire face à la menace croissante de conflit nucléaire, selon ses propres mots.

Kim Jong Un supervise la plupart des essais d'armes stratégiques
En 2021, la Marine nord-coréenne a procédé au premier tir d’un missile à changement de milieu de type SLBM.

Cette annonce intervient alors que la coopération entre la Corée du Sud, le Japon et les Etats-unis s’est intensifiée ces derniers mois, et que les flottes sud-coréennes et de l’US Navy ont entamé des exercices conjoints.

Des ressources technologiques et budgétaires limitées

Du fait des ressources réduites du pays, financières comme technologiques, mais aussi de l’embargo international strict concernant la livraison d’armes vers le pays, les conséquences de l’annonce faite par Kim Jong Un seront probablement négligeables.

La Corée du Nord n’a, en effet, pas les compétences ni le savoir-faire pour concevoir et fabriquer des navires militaires sensiblement plus performants que ceux qui entrent en service aujourd’hui, et qui, à l’instar du char M2020, sont avant tout conçu pour sembler équivalents aux navires occidentaux, sans jamais l’être dans les faits.

C’est notamment le cas de la nouvelle corvette Amnok, présentée la semaine dernière comme le fleuron de la flotte nord-coréenne. Si elle ressemble, en effet, à une corvette moderne, elle est en fait conçue sur la base d’une coque de Krivak III soviétique et abandonnée en 1995 par la Russie, pour être cédé en 2003 en l’état à Pyongyang.

Il aura fallu 20 ans aux chantiers navals coréens pour livrer le navire. Celui-ci est avant tout conçu pour apporter et mettre en œuvre 8 missiles de croisière Hwasal-2 d’une portée de 2 000 km.

La corvette Amnok de la Marine nord-coréenne a été conçue pour mettre en œuvre le missile de croisière Hwasal-2 d'une portée de 2 000 km.
La corvette Amnok de la Marine nord-coréenne a été conçue pour mettre en œuvre le missile de croisière Hwasal-2 d’une portée de 2 000 km.

Au-delà de ces munitions, le navire dispose uniquement de ses pièces d’artillerie, d’un lance-missiles sextuple pour mettre en œuvre autant de missiles antiaériens à très courte portée Igla et de lance-grenades anti-sous-marines RBU.

L’hypothèse d’une aide russe

L’annonce de Kim Jong Un peut aussi s’appuyer sur d’autres facteurs que ceux ouvertement présentés, notamment un possible changement de posture de la part de Moscou concernant d’éventuels transferts d’armement et de technologies de défense ers Pyongyang, maintenant que la Corée du Nord soutient activement la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, y compris en livrant des munitions.

Dans une telle hypothèse, rien n’exclut que Moscou livre à Pyongyang des équipements navals et aériens en cours de retrait dans les armées russes, comme des sous-marins Kilo ou des frégates Krivak, des navires certes dépassés, mais considérablement plus performants que ceux en ligne au sein de la Marine nord-coréenne.

Reste à voir, désormais, si l’annonce du leader nord-coréen n’est qu’une nouvelle bravade dénuée de matière, ou si d’autres paramètres, plus discrets, mais ô combien plus inquiétants le cas échéant, sont ici à l’œuvre. L’avenir nous le dira…