Les premières conséquences de la sortie du traité INF se révèlent

A peine la décision, par ailleurs fort attendue, du président Trump de retirer les Etats-Unis du traité INF prise, et la réponse, tout aussi immédiate, de Moscou pour en faire de même, que les premières déclarations et annonces sont faites, montrant que cette conclusion était tout, sauf une surprise.

D’un coté, il y a le traditionnel échange de politesses entre les deux camps, chacun accablant l’autre pour cet échec. Coté américain, on continu de blâmer la Russie au sujet du système Novator, mais également à porter des accusations ou des suspicions sur d’autres systèmes, jugés potentiellement en violation avec le traité, comme le système Iskander. Coté russe, on n’est pas en reste, en accusant les Etats-Unis d’être également en violation du traité depuis 20 ans, et de déjà développer des systèmes d’armes dépassant la limite de portée de 500 km, proscrite par le traité.

Mais c’est surtout les annonces de développements de nouveaux systèmes d’armes qui montrent que tout cela était largement anticipé. Coté russe, outre le Novator, le résident Poutine a autoriser le Ministre de la Défense à développer des systèmes balistiques de portée intermédiaire (1000 à 5000 km) hypersoniques. La chose est loin d’être hors de portée des ingénieurs russes, le missile balistique aéroportée hypersonique Kinjal, largué à partir de Mig-31, étant dérivé des système Iskander sol-sol. Il ne faudra donc que très peu de temps à l’industrie russe pour concevoir et produire de tels systèmes, susceptibles de frapper toute l’Europe.

En outre, ce retrait attribué aux américains sonne, coté russe, comme la confirmation des intentions hostiles des Etats-Unis, et de l’OTAN, vis-à-vis du pays, et un nouveau départ à une course aux armements par ailleurs déjà entamée depuis 10 ans.

Ainsi, lors de la même réunion retransmise par les chaines russes, entre le Président Poutine, le Ministre des affaires étrangères Lavrov et de la Défense Choïgou, ce dernier a confirmé au président que le système de torpille drone stratégique Poséidon(aussi connue sous le code Stratus-6), avait terminé ses essais.

L’alignement inconditionnel de l’OTAN derrière l’allié américain, s’il n’est pas surprenant, est cependant problématique. En effet, cela positionne dè facto les pays européens sur une ligne identique à celle des Etats-Unis, sans en avoir les moyens technologiques. En effet, aucun pays européen ne développe aujourd’hui de programme de missile balistique courte et moyenne portée, tout en invitant la Russie à officialiser le développement et déploiement de ses propres systèmes. Alors que l’Europe tente d’évoluer vers une prise en compte accrue de sa propre défense, cette annonce de l’OTAN va, dans les faits, accroitre la dépendance des pays européens à la protection et à la technologie US. Une position plus nuancée de l’Alliance, ou des membres européens de celle-ci, aurait permis de déplacer le problème des missiles balistiques de ce type vers les théâtres au niveau desquels ils sont déjà problématiques, comme au Moyen-Orient, et en Asie.

Sans faire preuve de complaisance ou de myopie vis-à-vis de la position russe, et de la menace réelle qu’elle fait peser sur le flanc oriental de l’UE, l’Europe serait bien inspirée de se désolidariser de toute initiative de déploiement de ce type de missile par les forces américaines sur son territoire, tout en ouvrant un canal de négociation Europe-Russie, pour un traité INF-Europe basé sur le théâtre Européen, en s’appuyant, par exemple, sur les capacités de dissuasion françaises, voir britanniques.

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