Les autoritรฉs militaires chinoises ont annoncรฉ l’entrรฉe en service d’une nouvelle version du chasseur bombardier JH-7, le JH-7AII, prรฉsentรฉ comme ayant des performances et une puissance de feu supรฉrieure ร celle du JH-7A, sans pour autant donner plus de dรฉtails sur les amรฉliorations apportรฉes. Il pourrait s’agit de l’appareil identifiรฉ jusqu’ici comme JH-7B, dotรฉ de moteur chinois WS9 plus puissants, de capacitรฉs d’emport plus รฉtendues notamment pour mettre en oeuvre des armes de prรฉcision et le missile supersonique anti-navire YJ-12, ainsi que d’une perche de ravitaillement en vol. Dans ces conditions, pourquoi en parler ? Cette non-information est en fait interessante ร plus d’un titre.
En premier lieux, beaucoup d’observateurs de l’industrie de Dรฉfense chinoise attendent, depuis plusieurs mois, la prรฉsentation du successeur du JH-7, identifiรฉ pour l’heure comme le JH-XX. Il s’agirait d’un chasseur bombardier de 5รจme gรฉnรฉration, ร la furtivitรฉ renforcรฉe, affichant un potentiel offensif bien supรฉrieur ร celui du Jh-7A, fut-il AII, dont les premiers vols auraient รฉtรฉ constatรฉs par diffรฉrents spotters chinois. L’existence de ce programme avait d’ailleurs รฉtรฉ confirmรฉe par les renseignements amรฉricains, dans leur rapport annuel sur la puissance chinoise de 2018.
Ce nouvel appareil devait donc, logiquement, entamer prochainement le remplacement du JH-7, dont les 270 exemplaires en service ont รฉtรฉ construit entre 1991 et 2017, et qui arrivent en limite d’รขge. L’annonce de cette nouvelle version du JH-7, dont la construction a semble-t-il dรฉbutรฉe lorsque les livraisons de JH-7A prirent fins, ouvre le champs ร plusieurs hypothรจses :
- La mise en service du JH-XX serait retardรฉe, soit en raison de problรจmes techniques, soit en raison de contraintes opรฉrationnelles. Rappelons que si l’industrie chinoise dispose officiellement de 2 appareils de 5รจme gรฉnรฉration, le J-20 et le FC-31, les armรฉes chinoises ne disposent effectivement aujourd’hui que d’une vingtaine de J20. La production de l’appareil est ralentie, sans que l’on sache si il s’agit d’une dรฉcision pour permettre aux nouvelles structures de l’APL d’atteindre un certain degrรฉ de maturitรฉ sur des appareils plus rustiques, comme le J10 ou le J11/16 ; ou si il s’agit de contraintes technologiques qui empรชchent une production de sรฉrie.
- La mise en service du JH-XX serait ยซย confidentielleย ยป, ร l’instar du F117 ร la fin des annรฉes 80 dans l’US Air Force, pour disposer d’un atout opรฉrationnel insoupรงonnรฉ si le pays devait entamer une conflit de haute intensitรฉ, comme la prise de Taiwan par exemple. Dans cette hypothรจse, le JH-XX agirait comme un multiplicateur de force, disponible en faible quantitรฉ, pour soutenir l’action des appareils de ligne de gรฉnรฉration prรฉcรฉdente, en l’occurence le JH-7, ainsi que les J10C et J16 polyvalents.
- Le programme JH-XX n’aurait รฉtรฉ qu’un leurre, destinรฉ ร mettre la pression sur les Etats-Unis et leurs alliรฉs. Sans pouvoir รชtre รฉcartรฉe, cette hypothรจse paraรฎt peu probable, car les USA ayant dรฉjร le F22 et le F35, l’existence du JH-XX n’aurait pas amenรฉ de changements profonds dans les postures et plans de l’adversaire.
La rรฉponse la plus probable serait ร la croisรฉe des deux premiรจres hypothรจses, sachant que pour l’heure, les forces chinoises sont engagรฉes dans un plan trรจs mรฉthodique de montรฉe en puissance, dans lequel des appareils de 5รจme gรฉnรฉration n’auraient que peu de valeur ajoutรฉe ร court terme. En revanche, disposer d’un ou deux escadrons d’รฉlite รฉquipรฉs de ces appareils, ร l’instar de ceux employant le J-20, ouvrirait des options tactiques ร ne pas nรฉgliger, tout en laissant planer un doute sur l’existence ou non de tels appareils.
Cette stratรฉgie serait d’ailleurs ร rapprocher de celle visรฉe par la Russie avec le Su-57, l’appareil devant entrer trรจs progressivement en service ร compter de 2022, ร raison de 10 appareils par an, sans pour autant suspendre la livraison d’appareils de 4eme gรฉnรฉration modernisรฉs, comme le Su35s, et la modernisation des appareils existants, comme le Su30SM et le Su34. A l’inverse des occidents, la Chine comme le Russie construisent leur puissance aรฉrienne sur la complรฉmentaritรฉ d’appareils spรฉcialisรฉs, et non sur la polyvalence d’un unique appareil affectรฉ ร l’ensemble des taches. Connaissant les problรจmes de disponibilitรฉ que rencontrent le F22 et le F35 aujourd’hui, on est en droit de se demander si l’approche sino-russe n’est pas, en fait, plus efficace dans l’absolue …
