La Corée du Nord a testé un nouveau SLBM, et cela change beaucoup de choses…
Le 2 octobre, les forces stratégiques nord-coréennes ont procédé au lancement d’un missile balistique de moyenne portée à partir d’une plate-forme navale, selon l’agence officielle nord-coréenne NKCA. Le missile aurait vu sa trajectoire modifiée afin « de ne pas menacer les pays de la zone » selon ce même communiqué. Ce test est intervenu à quelques jours de la rencontre entre les autorités américaines et nord coréennes, prévue pour le 5 octobre, et qui doit permettre la reprise du protocole de négociation au sujet d’un désarmement potentiel des capacités nucléaires offensives du pays.
Les autorités japonaises, qui ont vu un élément de ce missile tomber dans leur zone économique exclusive, ont déclaré avoir suivi le test du missile, qui a atteint une apogée à 900 km d’altitude, et estiment que le missile pourrait atteindre une portée maximum de 2500 km, mettant l’ensemble du territoire japonais, mais également l’Ile de Guam, à portée d’une attaque nord-coréenne. En revanche, si elles ont confirmé que le missile avait bien été lancé à partir d’une plate-forme navale, elles ne peuvent déterminer si le tir à eu lieu à partir d’un sous-marin, ou d’une plate-forme d’essais. La communauté internationale a vivement condamné ce test, qui vient en violation des résolutions du conseil de sécurité des Nations Unis. Mais, pour l’heure, ni le département d’Etat, ni le président Trump ne sont exprimés sur le sujet, ni n’ont indiqué si cet essais remettait en question la rencontre bilatérale du 5 octobre.
La Corée du Nord a procédé à plusieurs lancements de missiles balistiques depuis 2 mois, sans que l’on ne sache vraiment quels objectifs politiques étaient visés par l’homme fort de Pyongyang. Selon les informations transmises par NKCA, et le cliché du tir qui les accompagnaient, il semble bien que le missile, identifié comme un Pukkuksong-3, ait été tiré à partir d’un lanceur sous-marin. Il constitue, dès lors, un important bon capacitaire vis-à-vis du Pukkuksong-1 ou NK-11, le précédent missile balistique lancé de sous-marin (SLBM) de Corée du nord, dont le dernier test remonte à 2017, et dont la portée projetée ne dépassait pas les 1300 km. En outre, le Pukkuksong-1 avait enregistré de nombreux échecs lors de sa campagne d’essais de 12 lancements d’octobre 2014 à février 2015.
Avec ce nouvel essai, et ce nouveau missile, Kim Jong Un se met, dès lors, en position de force face aux Etats-Unis, ainsi que face à la Corée du Sud au Japon, dans les négociations qui doivent avoir lieux. Il n’y a, aujourd’hui, que 7 pays disposant de la capacité de mettre en oeuvre des SLBM, dont les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unis, l’Inde et la Corée du Nord. Même si les sous-marins nords coréens sont réputés obsolètes et très bruyants, le fait de disposer d’une telle capacité fait peser une menace de riposte très importantes sur un agresseur éventuel, fut-il légitime, en rendant plus improbable le succès de stratégies de frappes préventives destinées à décapiter l’Etat et les moyens de ripostes du pays.
De fait, entre les essais de missiles à trajectoire semi-balistiques de ces derniers mois, et celui du missile Pukkuksong-3, Kim Jong Un a clairement positionné les capacités nucléaires nord-coréennes, tant dans l’esprit des négociateurs américaines que des opinions publiques. A voir, désormais, comment il compte « valoriser » cela, au travers d’une négociation très ambitieuse, ou au travers d’une opposition militaire, comme ces 70 dernières années.
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