Malgré un essai réussi, l’avenir du missile hypersonique AGM-183A ARRW américain n’est pas garanti
En pleine campagne électorale pour sa réélection au Kremlin, Vladimir Poutine stupéfia le monde de la défense le 1er mars 2018, lorsqu’il annonça, lors d’une interview télévisée, que le missile hypersonique aéroporté Kinzhal était entré en service quelques mois plus tôt au sein des forces aériennes russes. D’une portée de 2000 km, le missile russe, qui peut être mis à oeuvre à partir de l’intercepteur lourd Mig-31K ou du bombardier à long rayon d’action Tu-22M3, suit une trajectoire semi-balistique avec d’importantes capacités d’évolution et une vitesse supérieure à Mach 5, le rendant particulièrement difficile à détecter et intercepter pour les systèmes antibalistiques traditionnels comme le Patriot PAC 3, le THAAD ou l’Aster Block 1. En outre, sa vitesse très élevée réduit considérablement le temps de réaction alors que les capacités de manoeuvres diminuent les chances de déterminer la cible visée. Capable d’emporter une charge conventionnelle de 500 kg ou une charge nucléaire de 100 kt, le Kinzhal constituait dès lors une arme parfaitement adaptée aux frappes préventives ou de décapitations face à l’OTAN, sans même que le vecteur porteur n’ait besoin de quitter l’espace aérien russe.
Au delà de la menace que représentait le nouveau missile russe, qui entraina le lancement de plusieurs programmes y compris en Europe pour détecter et intercepter de telles vecteurs, l’annonce de Vladimir Poutine constituait également une profonde humiliation pour les armées américaines, qui avaient perdu, depuis 30 ans, l’habitude de voir un autre pays disposer de systèmes d’armes dont elles-même étaient privées. Et comme ce fut le cas en 1961 lors de l’annonce du programme Apollo suite aux succès russes dans le domaine spatial, en 1967 lorsque la découverte du MIG-25 soviétique entraina la conception du F-15, et en 1980 lorsque l’entrée en service du croiseur Kirov amena l’US Navy à moderniser et rappeler au service 4 cuirassés de la classe Iowa, les Etats-Unis répondirent avec orgueil et célérité à cette provocation russe, en lançant presque simultanément pas moins de 7 programmes de missiles hypersoniques, selon qu’ils soient à moteur fusée ou à moteur aérobie, lancé d’une plate-forme terrestre, navale ou aérienne, ou développés par l’US Army, l’US Air Force et l’US Navy.
Le programme AGM-183A ARRW pour Air-Launched Rapid Response Weapon, fut l’un d’eux, et comme son nom l’indique, il s’agit d’un missile hypersonique aéroporté composé d’un moteur fusée pour la phase de lancement, de prise d’altitude et de vitesse, ainsi que d’un planeur hypersonique pour la phase de descente et de frappe. Le programme fut lancé en aout 2018, 5 mois seulement après l’annonce de Vladimir Poutine, et vise précisément à concevoir une réponse au Kinzhal russe, dont il partage les performances en terme de vitesse et de portée, et les contraintes de mise en oeuvre, à bord des bombardiers lourds B-52, B-1B et B-2 ou du chasseur lourd F-15E. Il n’aura fallu qu’à peine plus de 4 ans à Lokcheed-Martin et l’US Air Force, pour enregistrer le premier tir intégral réussi ce 9 décembre à partir d’un B-52H du 412ème escadron de Test de la base aérienne d’Edwards en Californie.
Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !
Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)
Droits d'auteur : La reproduction, même partielle, de cet article, est interdite, en dehors du titre et des parties de l'article rédigées en italique, sauf dans le cadre des accords de protection des droits d'auteur confiés au CFC, et sauf accord explicite donné par Meta-defense.fr. Meta-defense.fr se réserve la possibilité de recourir à toutes les options à sa disposition pour faire valoir ses droits.
Les commentaires sont fermés.
[…] Alors que ces 25 dernières années, une majorité de programmes américains de défense fut marquée par des échecs cuisants (remplacement des Bradley, hélicoptère RAH-66 Comanche ..), par des programmes aux coûts exorbitants (F-35, sous-marins Seawolf) et par des impasses technologies (destroyers Zumwalt, corvettes LCS), tous engendrant des surcouts monumentaux sans permettre aux armées d’entreprendre efficacement leur modernisation, il aura fallut à peine plus de 5 ans pour donner corps à plusieurs de ces programmes hypersoniques, comme le missile hypersonique aéroporté aérobie HAWC (Hypersonic Air-Breathing Weapon Concept) développé par la DARPA pour l’US Air Force, qui enregistra plusieurs essais réussis en 2022, ou comme le programme AGM-183A ARRW pour Air-launched Rapidement Respons Weapon developpé par l’Air force et Lockheed-Martin qui, après plusieurs échecs, est parvenu en décembre 2022 a effectué une séquence de vol hypersonique complète. […]
[…] […]