Pour de nombreux pays occidentaux, en Europe comme en Asie, atteindre un effort de défense égal à 2% de son Produit Intérieur Brut constitue un objectif suffisant pour garantir sa sécurité, et même un objectif très ambitieux pour certains comme la Belgique qui peinent à atteindre un effort de défense de 1,5% du PIB. La perception est très différente dans d’autres pays, en fonction de la menace perçue ou des ambitions de ses dirigeants. Ainsi, les Etats-Unis consacrent 3,7% de leur production annuelle de richesse à leurs armées, et la Russie consacrera, en 2023, plus de 5% de son PIB à cet effort. La Corée du Sud, sous la menace de Pyongyang depuis plus de 70 ans, dépense pour sa part presque 2,8% de son PIB à cet effort, là ou Taiwan y consacre 2,5%. Certains pays, enfin, peuvent s’appuyer sur un PIB très important pour financer leurs armées de manière efficace sans y consacrer une part importante de leurs PIB, comme la Chine avec un effort de 1,7% pour un PIB de 17,800 Md$, ou le Japon avec 1% de son PIB de 5.000 Md$. Mais très rares sont les pays qui consacrent à leurs défense plus de 15% de leur PIB. C’est pourtant le cas de la Corée du Nord.
Avec une population de presque 26 millions d’habitants pour un PIB de seulement 18 Md$, la Corée du Nord est un des pays les plus pauvres de la planètes, avec un PIB par habitant de moins de 700$ par an, soit à peine 1,5% du PIB par habitant d’un pays comme la France. Même en prenant la conversion en parité de pouvoir d’achat, amenant le PIB nord-coréen à 40 Md$ et le PIB par habitant à 1300 $, celui-ci reste 206ème sur 230 dans le classement des pays de la planète. Ces données macroéconomiques catastrophiques n’empêchent pourtant pas le pays de disposer d’une très puissante armée, alignant plus de 5.000 chars de combat, autant de véhicules de combat d’infanterie et de transport de troupe blindés, ainsi que prés de 10.000 pièces d’artillerie. Surtout, il dispose aujourd’hui d’un stock nucléaire estimé à une cinquantaine de têtes, et de plusieurs centaines de missiles balistiques et de croisière de courte, moyenne et longue portée, en faisant une menace très importante pour ses voisins, et pour la Corée du Sud en particulier.
Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. En effet, pour soutenir les déclarations faites par le président Kim Jung-un il y a quelques semaines, promettant une croissance « exponentielle » des capacités de frappe nucléaire du pays, le parlement de Pyongyang a validé une hausse de 1,7% des dépenses de défense du pays pour 2023, amenant celles-ci à 15,9% de son PIB, soit autour de 4 Md$ selon les données macroéconomiques effectivement disponibles. Depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un en décembre 2011, le budget annuel nord-coréen consacré à la défense a été multiplié par 5, et l’effort de défense par prés de 2,5, ceci ayant permis les avancées spectaculaires constatées ces dernières années des moyens à disposition des armées nord-coréennes, en particulier dans le domaine des missiles, qu’ils soient balistiques, de croisière, anti-aériens ou anti-navires, mais également dans le domaine naval avec l’arrivée de nouveaux navires et sous-marins, et dans le domaine des armements terrestres avec de nouveaux blindés et systèmes d’artillerie. De toute évidence, aujourd’hui, l’ensemble du pays, et de son économie, s’est tourné vers le développement de ses capacités militaires.
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