Entre ambition et déception : la nouvelle Loi de programmation Militaire française sous contraintes

Après plusieurs mois de déclarations officielles, de fuites plus ou moins voulues et de spéculations, la nouvelle Loi de Programmation Militaire française a été dévoilée hier. Celle-ci encadrera l’effort de défense français entre 2024 et 2030, qu’il s’agisse du budget consacré par l’Etat à la mission, mais également des objectifs de format et des programmes industriels en cours ou à venir. En dépit d’un budget en forte hausse avec 400 Md€ de crédits d’état et 13 Md€ de recettes exceptionnelles sur les 7 années à venir, soit 35% de plus que la LPM précédente, celle-ci ne permettra pas la reconstruction des forces Armées françaises pour répondre aux enjeux sécuritaires globaux présents et à venir, du fait des très nombreuses contraintes qui s’y appliquent, comme les engagements de dépenses déjà planifiées, les besoins exceptionnels de recapitalisation des stocks notamment en terme de munitions, et les effets de l’inflation.

Ainsi, le format des armées françaises n’évoluera que très peu dans les 7 années à venir, qu’il s’agisse des ressources humaines qui verront surtout les effectifs de la réserve opérationnelle doublés mais dont le personnel d’active restera sensiblement le même, qu’en matière de dotation, les armées passant par un point bas situé entre 2028 et 2030 dans ce domaine. Comme lors de la LPM précédente, la progression budgétaire s’effectuera en deux étapes. Entre 2024 et 2027, soit la fin du quinquennat en cours, le budget progressera de 3 Md€ par an, puis de 4,3 Md€ par an sur les 3 années restantes. Il s’agit, comme nous l’avions déjà abordé, d’un découpage identique à celui mis en oeuvre lors de la LPM 2019-2025, qui prévoyait une hausse de 1,7 Md€ par an entre 2019 et 2022, puis de 3 Md€ par an jusqu’en 2025, divisé par l’échéance électorale. On peut donc relativement être certain de l’application de la LPM jusqu’en 2027, mais guère au delà. En outre, cette progression budgétaire n’intègre pas les 13 Md€ de recettes exceptionnelles, sans que l’on sache précisément à quel moment ceux-ci seront effectivement réalisés.

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Seuls 200 des 300 EBRC Jaguar seront livrés d’ici 2030, une partie des AMX-10RC modernisés devant jouer les prolongations

Si certains programmes ont été sanctuarisés, notamment ceux liés à la dissuasion ou à forte connotation politique comme SCAF et MGCS, la plupart des autres grands programmes a subi une cure d’amaigrissement sur la LPM, la plupart de temps avec un étalement de la production et un rattrapage au delà de 2030. Dans ce domaine, les 3 armées ont été également touchées. Ainsi, l’Armée de terre ne disposera que 200 des 300 EBRC Jaguar, 1345 des 1808 Griffon et 1405 des 2038 Serval du programme Scorpion, alors que seuls 160 des 200 Leclerc seront modernisés à cette date. Elle disposera bien, en revanche, des 109 canons CAESAR NG prévus, ainsi que de 24 Serval Mistral de défense anti-aérienne rapprochée et de 12 Serval LAD de lutte anti-drones, et de la totalité des 17 systèmes de Drones terrestres Patroller planifiés. Elle recevra, enfin, au moins la moitié des 26 systèmes d’artillerie à longue portée prévus à terme, le système HIMARS américain étant souvent cité dans ce domaine, même si d’autres alternatives, notamment une production nationale ou européenne, ne sont pas exclues.


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5 Commentaires

  1. […] De fait, si la France vise effectivement à developper son propre système, ce qui offrirait des plus-values opérationnelles loin d’être négligeables dans ce domaine, il sera probablement nécessaire de se tourner vers d’autres partenaires, au delà de la sphère européenne, pour espérer obtenir quelques succès à l’exportation. Ce qui est certain, en revanche, c’est que les annonces allemandes jouent aujourd’hui de manière défavorable vis-à-vis de l’émergence d’un système lance-roquette de conception française, alors que les considérations budgétaires sont critiques dans le cadre de la LPM 2024-2030. […]

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