L’Ukraine mène-t-elle une Maskirovka pour pousser la Russie à l’offensive en 2024 ?

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Une maskirovka, ou stratégie de désinformation, est-elle à l’œuvre ces dernières semaines autour du conflit en Ukraine ? On peut raisonnablement se poser la question, en constatant le changement de ton radical de la communication ukrainienne et alliée, quant au potentiel militaire des armées de Kyiv.

Dans le même temps, le Kremlin, comme son chef, Vladimir Poutine, se montrent plus confiant qu’ils ne l’ont été depuis le 25 février 2022, quant au succès des armées russes pour atteindre « les objectifs stratégiques de l’opération militaire spéciale ».

Cependant, une analyse attentive de la situation, pourrait laisser entrevoir un scénario bien différent, avec une Ukraine qui tenterait de pousser la Russie dans une offensive se voulant décisive et majeure, et tenter de reproduire la situation de mars 2022, pour rétablir l’équilibre stratégique, et éventuellement inciter Moscou à la négociation sur des bases favorables.

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Une accumulation de révélations alarmantes concernant la résistance des armées ukrainiennes

Il est vrai que le flot de révélation de ces dernières semaines, au sujet du potentiel militaire ukrainien présent et à venir, a de quoi inquiéter. Entre le manque de munitions qui amènerait l’artillerie ukrainienne à tirer beaucoup moins d’obus que leurs adversaires, les ravages que feraient les drones Lancet russes dans la zone d’engagement, des unités ukrainiennes éreintées, et le manque de volontaire pour reconstituer les réserves, le tableau pourrait-être difficilement plus sombre pour Kyiv.

Caesar en Ukraine
L’Ukraine manquerait gravement de munitions, et notamment de munitions d’artillerie, pour résister à une probable offensive russe à venir.

Pourtant, il l’est ! Car dans le même temps, américains et européens clament qu’ils sont dans l’incapacité d’aider davantage les armées ukrainiennes, que les stocks d’armement transférables se sont taris, et que l’industrie occidentale ne parvient pas à livrer les obus d’artillerie et les munitions de précision à Kyiv au rythme requis.

Ainsi, ces dernières semaines, les forces ukrainiennes n’ont pas mené ces spectaculaires opérations dans la profondeur du dispositif russe, auxquelles elles nous avaient habitué jusqu’ici en frappant le pont de Kerch, la base navale de Sevastopol, ou des bases aériennes et centres de commandement en Russie et dans le Donbass.

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De fait, se dégage, depuis quelques jours, un sentiment palpable d’inquiétude concernant un possible effondrement prochain des défenses ukrainiennes, si la Russie venait à passer à l’offensive en mobilisant les réserves qu’elle a pu régénérer avec l’aide d’une industrie de défense remobilisée et d’un pays ayant fait le choix d’une réelle économie de guerre.

La Russie et le Kremlin en pleine confiance depuis quelques semaines

Le message est, semble-t-il, parfaitement passé à Moscou. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter Vladimir Poutine ces derniers jours sur le sujet. Loin du ton sévère qui était le sien depuis avril 2022 et l’échec de l’offensive initiale, celui-ci se montre affable, confiant, et prompt à réaffirmer sa confiance dans les armées russes, et dans l’atteinte prochaine des objectifs qu’il avait lui-même fixés pour l’opération militaire spéciale, à savoir la de-nazification du pays, la neutralisation de ses armées et sa finlandisation.

evacuation blessé russe ukraine
Malgré les pertes très importantes de l’Armée russe, l’opinion publique russe demeure docile et sous le contrôle du Kremlin et de sa propagande.

Objectivement, le Kremlin a des raisons de retrouver le sourire. Les efforts produits depuis l’été 2022 ont, en effet, permis de considérablement remobiliser la base industrielle défense russe, qui fabrique désormais davantage de blindés, d’avions et de munitions, que n’en ont perdus ou consommés en Ukraine.

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5 Commentaires

  1. Bonjour,
    Cet article est très intéressant et tranche sur le ton auxquels on est habitué ces derniers temps. Toutefois, je trouve dommage que vous ne teniez pas compte des élections américains dont vous aviez justement bien traité dans des articles sur le sujet. Même si durant une potentielle future offensive russe les pertes sont favorables aux ukrainiens dans un rapport d’1 pour 5, le pays peut-il se le permettre ? Si comme pour Bakhmut, Zelensky intervient dans les affaires militaires pour demander une défense acharnée du terrain, cela pourrait avoir des effets désastreux.
    En résumé, je ne suis pas sûr que les ukrainiens aient tant à gagner avec une telle maskirovka, surtout sur la question du maintien du soutien occidental.
    Cordialement

    • De mon point de vue, les deux sujets n’ont pas la même temporalité. Les élections US sont en novembre 2024, avec prise d’effet en janvier 2025. L’offensive russe interviendrait entre janvier et mars 2024, précisément pour profiter de la faiblesse perçue des Ukrainiens, mais aussi pour répondre à l’échéance de l’élection russe en mars. Voilà pourquoi les élections US, bien qu’importantes, n’apparaissent pas ici.

  2. Bonjour,

    D’autant que les institutions US sont vraiment particulières et brident enormément le président.

    Du coup vraiment pas sur qu’elles influencent vraiment la suite des opérations américaines. Sans oublier que l’américains est pragmatique et vu le pognon que le redemarrage des usines génère chez eux, ils sont pas prêt d’arrêter ( démocarte ou pas ).

    Un dernier point plus que contestable sur le sujet par ailleurs excellent, beaucoup de sources concordantes ne relatent pas l’extrême positivisme dont vous faites preuve au sujet de l’économie de guerre russe. Beaucoup de chars comptabilisés en production ne sont que des remises en etat de très vieux ( effet militaire a démontrer vu leur faible résistance sur du 30 mm américains ) sans upgrade.

    Un dernier point pour moi primordial, et venant de l’aéronavale vous êtes plutot concerné :), c’est l’appui aérien qui pour l’instant est inexistant pour l’Ukraine qui va profiter d’une grosse accélération.
    Et sans appui aérien on voit que mener une guerre est vraiment compliquée. Imaginez l’armée francaise sans les mirage 2000 et les rafales en Afrique. On aurait eu un sacré paquet de mort.

    • Au sujet des chars russes, il est très intéressant de constater que le nombre de chars T-72B3, T-80BV en version obr.2022, et de T-90M, rapporté comme détruits mensuellement, a sensiblement baissé depuis septembre octobre par rapport à mai-aout. On peut naturellement penser qu’il s’agit d’un problème de production. Mais de mon point de vue, et en relation avec ce qui est écrit, c’est avant tout lié avec la reconstitution d’un corps de manœuvre russe. Il faut garder à l’esprit que l’OSINT ne voit que ce qui est « open source », et que les analyses sont souvent biaisées selon ce que le veut avancer. Ainsi, on pourrait aussi avancer que les chars modernes ayant une portée de tir plus longue, ils sont moins sensibles à la destruction adverse que les chars plus anciens, qui du coup enregistreraient plus de pertes. Surtout, étant détruits plus prêts de la ligne d’engagement, leur destruction est plus aisément documentée… Je ne dis pas que c’est cela. Je dis juste qu’il faut espérer le mieux, mais anticiper le pire. Et de mon point de vue, rien ne permet aujourd’hui de se montrer optimiste face à l’effort industriel russe.

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