La première Stratégie industrielle de défense du Pentagone fait table-rase de la gestion en flux tendu
Très attendue depuis plusieurs mois, la première stratégie industrielle de défense du Pentagone, a été dévoilée cette semaine par la secrétaire adjointe à la Défense, Kathleen Hicks. Ce document a pour objet de donner un cadre efficace pour réorganiser, uniformiser et améliorer l’ensemble des processus d’acquisition industrielle du Pentagone, afin de dégager des marges de manœuvre pour faire face aux défis à venir, sans, nécessairement, venir augmenter les dépenses.
Sommaire
La transformation des processus d’acquisition industrielle des armées américaines après la guerre froide
Depuis la fin de la guerre froide et l’effacement d’un enjeu vital pour la sécurité des états, les doctrines employées pour l’acquisition des équipements de défense, comme les relations avec la sphère industrielle, ont donné lieu à de nombreuses évolutions, souvent plus dogmatiques que rationnelles, mais rarement concluantes.
Plusieurs de ces aspects se retournent désormais contre les Armées, qu’elles soient européennes et surtout américaines, incapables de relever, en l’état, le défi posé par la Chine ou, dans une moindre mesure, par la Russie, dont les processus industriels sont souvent bien plus efficaces.
C’est en particulier le cas outre-atlantique, alors que les armées américaines peinent à répondre aux différents enjeux opérationnels auxquels elles sont confrontées, en dépit d’un budget colossal de plus de 800 Md$, soit le PIB d’un pays comme la Pologne.
L’une de ces erreurs critiques eut lieu au début des années 90, lorsque le Président Clinton et son gouvernement entreprirent de restructurer les industries de défense américaines, passant de plus d’une cinquantaine d’acteurs industriels majeurs, à seulement cinq.
Une concentration industrielle dans la défense qui s’est retournée contre les armées aux États-Unis
L’objectif de ces concentrations était de créer des acteurs incontournables sur la scène internationale, oubliant au passage qu’ils le seraient tout autant sur la scène nationale, tout en étant, par ailleurs, bien souvent hégémoniques sur leurs marchés. Et ce qui devait arriver, arriva.
Devenus incontournables et omnipotents, ces grands groupes industriels américains, comme Lockheed-Martin, Northrop-Grumman, Boeing ou encore Raytheon, disposent aujourd’hui d’une telle puissance aussi bien industrielle que technologique et politique, qu’ils sont en mesure d’imposer des conditions particulièrement défavorables au Pentagone, lorsqu’ils négocient leurs contrats.
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