« Nous avons assisté à la fin de l’efficacité de l’artillerie tractée ». C’est en ces termes que le Général James Rainey, chef du Commandement des contrats à terme de l’armée américaine, s’est exprimé lors du symposium Global Force de l’Association of the US Army.
Selon le général américain, en dépit de l’abandon récemment annoncé du super-canon du programme Extended Range Cannon Artillery (ERCA), l’US Army se prépare à des transformations majeures en matière d’artillerie, mais se détourne désormais de l’artillerie tractée, jugée, non sans raisons objectives, trop vulnérable.
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La guerre en Ukraine a remis l’artillerie au centre du combat aéroterrestre
Comme ce fut le cas des chars et de l’infanterie mécanisée, l’artillerie a été négligée par de nombreuses armées, en particulier en occident, ces 30 dernières années. Ainsi, la majorité des armées de l’OTAN, y compris l’US Army, utilisent aujourd’hui encore, des systèmes d’artillerie conçus durant la guerre froide, comme le M109 américain, l’AS 90 britannique, ou les 2S3 et 2S19 soviétiques en Europe de l’Est.
Engagées sur des théâtres dissymétriques, face à des adversaires ne disposant que de peu d’artillerie et d’aucune aviation, ces armées ont évolué d’un appui feu procuré par l’artillerie, vers celui apporté par l’aviation ou les hélicoptères de combat. Même sur des théâtres relativement intenses, comme en Irak ou en Syrie, la suprématie aérienne occidentale, tout comme russe en Syrie, n’a jamais été remise en question.
La guerre en Ukraine a profondément bouleversé ces paradigmes. Bien que disposant d’une force aérienne très inférieure en nombre, Kyiv est, en effet, parvenu à contenir, pendant plus de deux ans, la puissance aérienne russe et son millier d’avions de combat et d’attaque, à l’aide d’un réseau de défense aérienne dense et efficace.
Il en fut de même, d’ailleurs, concernant les forces aériennes ukrainiennes par la DCA russe. Les deux forces aériennes ont été contraintes, par ces défenses antiaériennes, d’opérer à distance de la ligne d’engagement, qu’il s’agisse des avions de combat ou des hélicoptères d’attaque, rendant beaucoup plus difficile le support aérien rapproché.
Cette fonction revint alors pleinement à l’artillerie, comme le veut, d’ailleurs, la doctrine soviétique. Elle devint, très vite, le pivot du rapport de force dans la guerre en Ukraine, avec comme mètre étalon, le nombre de tubes disponibles, ainsi que les stocks d’obus de 152 et de 155 mm.
L’artillerie tractée trop vulnérable face à la contrebatterie et aux drones
Si l’artillerie a retrouvé son rôle décisif sur le champ de bataille en Ukraine, elle a également payé un lourd tribut à son utilisation intensive depuis deux ans. Ainsi, selon le site Oryx, 350 systèmes d’artillerie tractés, 700 systèmes automoteurs et plus de 360 lance-roquettes multiples russes auraient été détruits, endommagés ou abandonnés depuis février 2022, soit la moitié de l’inventaire théorique des armées de Moscou, en début de conflit.
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