La hausse des prix des équipements de défense peut-elle être maitrisée ?

Dès qu’il est fait référence à la hausse des prix des équipements de défense, il est commun de citer la célèbre loi d’Augustine, qui anticipait, dès 1970, une hausse bien plus rapide des prix des équipements de défense, face à celle des budgets défense avec, à terme, une diminution sensible des formats des armées.

Force est de constater que les faits, ces 30 dernières années, semblent donner raison à Norman Augustine, qui était directeur de Lockheed Martin lorsqu’il formula cette théorie. Ainsi, alors que le budget des armées françaises a plus que doublé depuis 1994, le format des grandes capacités militaires françaises a, lui, été divisé par deux, parfois davantage, passant de 900 à 200 chars de combat, de 600 à 225 avions de combat, ou encore de 2 porte-avions et 30 escorteurs de haute mer, à un unique PA, et seulement quinze escorteurs.

Cette concentration est en grande partie liée à la hausse des couts des équipements de défense, à l’achat, comme à la possession, très supérieure à l’inflation seule et aux hausses des budgets militaires. Il est donc essentiel de comprendre les causes pouvant expliquer ces hausses et, éventuellement, identifier les approches susceptibles de les contenir et limiter, au profit de la masse, désormais indispensable, pour faire face à la menace.

Le prix des équipements de défense occidentaux a presque triplé en 30 ans

Le fait est, en de nombreux aspects, les prix des équipements des armées ont considérablement augmenté, depuis les années 90 et la fin de la guerre froide. Et ce, dans l’ensemble de la sphère occidentale, et concernant l’ensemble des catégories d’équipements.

Rafale C Mirage 200D
Le Rafale remplace à lui seul, 8 modèles d’avion de chasse, au sein des forces aériennes et aéronavales françaises. Toutefois, le nombre d’appareil total a été divisé par 3 depuis 1990, alors que le prix unitaire par appareil, lui, a été multiplié par 3.

Ainsi, en France, l’avion de chasse standard en 1995, le Mirage 2000C, coutait à peine plus que 25 m€, avec un cout à l’heure de vol, inférieur à 3 000 €. Aujourd’hui, le Rafale coute autour de 100 m€ par appareil, et un cout à l’heure de vol supérieur à 10 000 €. De même, les cinq frégates légères furtives, acquises par la Marine nationale, avaient été achetées pour moins de 1 Md€, conception incluse, contre 4 Md€ pour les 5 frégates de defense et d’intervention à venir.

Certes, les capacités opérationnelles des FDI, comme celles du Rafale, sont très supérieures à celles de la FLF ou du Mirage 2000C RDI. Pourtant, même lorsqu’il s’agit du même équipement, les prix ont considérablement, en seulement vingt ans. Par exemple, le missile américain FIM-96 Singer coutait moins de 30 000 $ l’exemplaire en 1995. Il est aujourd’hui facturé plus de 400 000 $ à l’US Army, et aux clients américains du FMS.

Le F-16 Block 15, des années 90, était vendu de 25 à 30 m$ l’appareil. Le Block 70 Viper approche, dorénavant, les 80 m$. Même le missile Aster 15, initialement acheté pour armer le Charles de Gaulle en 1998, était alors facturé presque 40 % moins cher, qu’il ne l’est aujourd’hui. De même, le Leopard 2 ou l’Abrams américain étaient proposés à moins de 3 m$ en 1995. Ils dépassent, aujourd’hui, les 15 m$.

On comprend, dans ces conditions, comment ces hausses de prix, sont venues considérablement grever les formats et les budgets des armées. Le sujet est d’autant plus préoccupant, que ces hausses ne sont pas mondialement homogènes.

Ainsi, le T-90A russe était acheté entre 1 et 1,5 m$ par l’Armée russe dans les années 90, alors qu’il reste sous la barre des 3 m$ aujourd’hui. Autrement dit, là où un Leopard 2 coutait le prix de deux T-90 en 1995, il coute, aujourd’hui, le prix de 5 T-90M, un char pourtant très capable.

Quelles sont les causes de ces augmentations de tarifs des équipements de défense en occident ?

Pour répondre aux besoins des armées, la solution la plus évidente, par ailleurs largement employée, y compris au niveau parlementaire, est de réclamer une hausse des investissements consacrés à l’acquisition de ces équipements.

equipements de défense frégate FREMM
en passant de 17 à 8 exemplaires commandés, le prix du contrat FREMM pour la Marine nationale est passé de 8 Md€, à 8 Md€ …

Pourtant, il pourrait être utile de se pencher sur les causes de ces hausses de prix, ceci pouvant, éventuellement, faire émerger certaines pistes, précisément pour augmenter le format des armées, sans devoir en passer par une hausse massive des crédits.


Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Tissu industriel Défense BITD | Analyses Défense | Budgets des armées et effort de Défense

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €.


Pour Aller plus loin

1 COMMENTAIRE

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles