La baisse d’efficacité des armes occidentales en Ukraine est-elle inéluctable ?

Depuis le début du conflit ukrainien, la livraison des armes occidentales, venues des États-Unis ou d’Europe, a souvent fait la une de la presse mondiale. Qu’il s’agisse des drones turcs Bayraktar, des systèmes d’artillerie longue portée HIMARS américains ou Leopard 2 allemands, tous ont été présentés, lors de leur arrivée en Ukraine, comme des armes susceptibles d’influencer le déroulement, non de la bataille, mais de la guerre elle-même.

Si certains de ces équipements, notamment les systèmes d’artillerie européens Caesar, Pzh2000 et Archer, ont conservé leur aura d’efficacité, et leur supériorité opérationnelle face aux matériels russes, même après deux années de combat, beaucoup ont, toutefois, rapidement atteint leur plafond d’efficacité relative. C’est en particulier le cas des blindés occidentaux, certes plus efficaces que les modèles russes, mais pas de manière suffisamment significative, pour influencer les combats eux-mêmes.

D’autres équipements, au contraire, ont connu une courbe d’efficacité dite « en cloche », avec des performances opérationnelles remarquables lors de leur mise en œuvre initiale, suivies, au bout de quelques semaines à quelques mois, d’une courbe descendante très sensible, à mesure que les russes apprenaient à s’en prémunir.

Alors que l’occident arrive au bout de ses jokers technologiques susceptibles d’être envoyés en Ukraine, pour contenir la montée en puissance russe, existe-t-il des solutions pour lutter contre cette efficacité transitoire, afin de maintenir un ascendant opérationnel qui, s’il ne sera jamais un game-changer, permettra, cependant, de rééquilibrer le rapport de force, en faveur de Kyiv ?

Le TB2 Bayraktar, de drone providentiel à système inutilisable en quelques mois seulement

Avec le missile antichar Javelin américain, le drone TB2 Bayraktar aura été, de manière incontournable, l’un des héros technologiques ukrainiens du début du conflit. Dès les premiers jours de l’offensive russe contre l’Ukraine, alors qu’une colonne mécanisée considérable faisait route de la Biélorussie vers la capitale ukrainienne, le petit drone MALE turc joua, en effet, un rôle déterminant, pour contenir cette offensive.

TB2 Bayraktar ukraine
Les images des frappes de TB2 Bayraktar au debut du conflit ont largement marqué les esprits. Pourtant, la fenètre d’efficacité de ce drone male leger a été particulièrement courte.

Livré quelques mois avant le début du conflit, les TB2 Ukrainiens, armés de munitions légères de précision MAM-C, harcelèrent, en effet, l’ensemble de la colonne russe, éliminant très efficacement ses défenses aériennes, et surtout ses véhicules logistiques, notamment les camions de ravitaillement en carburant.

Ceci fit peser une immense pression sur la mobilité de la colonne qui, incapable de déborder en raison de la nature du terrain, se trouvait à l’arrêt, et à portée des raids d’artillerie ou de commandos ukrainiens. Le drone turc joua aussi un rôle majeur dans l’élimination du croiseur Moskva, en focalisant l’attention de la défense aérienne du navire, qui n’a pas vu arriver les missiles Neptune qui le visaient.

Ces succès opérationnels des mois de février, mars et avril 2022, firent la réputation du Bayraktar, qui a été commandé, depuis cette date, par une quinzaine de nouvelles forces armées, y compris par la Pologne et la Roumanie.

Cependant, dès le mois de mai 2022, cette efficacité opérationnelle, qui avait largement profité des images spectaculaires relayées sur les réseaux sociaux par l’Ukraine, s’étiola aussi rapidement que la flotte de TB2 ukrainiens. Les russes, en effet, ont rapidement appris à se protéger de cette menace, en déployant, et surtout en déplaçant, différemment, ses systèmes de défense aérienne.

Au point qu’à l’été 2022, après seulement cinq mois de guerre, les quelques TB2 survivants ukrainiens, n’étaient presque plus employés pour des missions d’attaque, et volaient uniquement au-delà des capacités d’interception de la DCA russe, à des fins de renseignement, réduisant presque à néant son potentiel opérationnel.

Scalp, Himars… L’efficacité des armes occidentales s’érode rapidement en Ukraine, à mesure qu’ils sont employés

la trajectoire d’érosion de l’efficacité du drone turc, n’est pas exceptionnelle, en Ukraine, bien au contraire. Plusieurs des équipements les plus mis en avant, médiatiquement, lors de leur livraison à Kyiv, ont suivi un parcours relativement similaire.

SCALP-ER Zelensky
Les missiles SCALP-ER continuent d’être efficacement employés par les ukrainiens, mais le taux d’interception a sensiblement augmenté au fil des mois.

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