Le Blacksword Barracuda français a séduit les parlementaires néerlandais

Le 15 mars 2024, les autorités néerlandaises ont confirmé la victoire du Français Naval Group et de son sous-marin Blacksword Barracuda, dans la procédure d’appel d’offres pour le remplacement des quatre sous-marins de la classe Walrus de la Marine Royale néerlandaise. Cette décision prit de court les deux autres industriels européens engagés dans la compétition.

Pour l’allemand TKMS, qui proposait une évolution de son Type 212CD, il s’agissait de reproduire le succès enregistré en 2019, en Norvège, et de mettre fin à plusieurs échecs commerciaux ces dernières années. Pour l’alliance formée par le Suédois Saab et le néerlandais Damen, l’objectif était de faire jouer la préférence nationale, et de remettre le constructeur suédois sur le marché, après une vingtaine d’années de vaches maigres.

C’est pourtant Naval Group qui fut retenu, avec une version, plus compact, du Shortfin Barracuda, choisi initialement par l’Australie, et dérivée des SNA de la classe Suffren, provoquant l’ire des suédois, néerlandais et allemands. Si ces derniers ont entrepris une procédure juridique, assez peu crédible, pour contester l’impartialité de la procédure, les premiers, quant à eux, promirent de porter leurs efforts sur la nécessaire procédure de validation parlementaire pour poursuivre la commande.

Une audition parlementaire décisive pour la poursuite du programme ORKA et des sous-marins Blacksword Barracuda

C’est le 3 juin après midi que membres du gouvernement (sortant), et parlementaires, ont débattu autour de ce contrat, qui se veut l’un des plus ambitieux jamais négocié par les armées néerlandaises, pour un montant estimé entre 5,5 et 6 Md€. Et de sujets d’interrogation et points de tension, les parlementaires ne manquaient pas…

SNA Tourville classe Suffren Naval Group Cherbourg
La famille barracuda de Naval Group est dérivée des SNA de la classe Suffren. Ici, le Tourville avant son lancement.

Rappelons, d’abord, que les dernières élections législatives néerlandaises, à l’automne dernier, ont vu la victoire du PVV, le parti nationaliste de Geert Wilders. Il fallut toutefois 7 mois aux acteurs politiques pour créer un gouvernement de coalition rassemblant le PVV, mais aussi le VVD de centre droit, du premier ministre sortant, Mark Rutte, le NSC de centre-droit, et le parti rural BBB.

Cette recomposition gouvernementale, qui avait laissé le soin de l’arbitrage initial, concernant le programme ORKA, au ministre de la Défense sortant Christophe Van der Maat, pouvait laisser craindre certaines tensions, en lien avec les accusations portées, par voie de presse, contre le partage industriel proposé par Naval Group avec l’industrie de défense navale néerlandaise, censé être très inférieur à ce qu’était proposé par Damen et Saab.

Autre sujet de tension, toujours apparu dans la presse néerlandaise, le refus supposé, de la part des États-Unis, d’armer les nouveaux sous-marins français de missiles de croisière BGM-109 Tomahawk. Selon cette thèse, par ailleurs peu étayée, mais largement commentée sur les réseaux sociaux néerlandais, Washington devait refuser de travailler avec les industriels français, à ce sujet.

Enfin, Damen comme TKMS, ont remis en question la probité de l’offre française, rien de moins. En effet, il est apparu que l’offre de Naval Group était 1,5 Md€ moins onéreuse que celles de ses concurrents, soit 20 à 25 % du prix du contrat.

Saab Damen sous-marin pays-bas
Selon un député de la nouvelle coalition de gouvernement néeralndais, si le modèle de Saab avait dû être retenu, le surcout aurait été tel que les armées auraient dû renoncer à acquerir de nouveaux équipements pendant 3 ou 4 ans.

Pour les industriels suédois, néerlandais et allemands, un tel écart de prix ne pouvait que résulter d’un périmètre de cotation différent entre les offres, d’un écart massif de performances, ou de subventions de l’État français, venant distordre la concurrence. Pour soutenir cette accusation, la presse néerlandaise s’était d’ailleurs faite l’écho d’un supposé refus des autorités françaises d’auditer la matérialité de l’offre transmise.

De fait, les inquiétudes étaient nombreuses, concernant l’avenir du programme ORKA, pour le français Naval Group, d’autant, qu’à son habitude, celui-ci n’a pas cherché à entrer dans le jeu des joutes par presse interposée, avec les industriels anglo-saxons. Et l’audition parlementaire de ce 3 juin, s’avérait ainsi décisive, pour l’avenir du programme.

Le ministre de la Défense sortant, Christophe Van der Maat, a répondu point par point aux objections parues dans la presse néerlandaise ces dernières semaines.


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4 Commentaires

  1. Bonjour M. Wolf,

    vous semblez présenter cette audition parlementaire comme étant la validation par le parlement néerlandais de l’attribution du contrat à Naval Group. D’autres médias comme Le Monde évoquent un vote (en session plénière ?) devant intervenir la semaine prochaine. Qu’en est-il exactement ?
    Bien à vous,
    Sébastien Manciaux

    • Il n’y a pas eu de vote. Mais les grands groupes politiques ont indiqué qu’ils soutenaient la proposition, ce qui n’a pas empêché le dépôt d’une motion de report. Dans tous les cas, rien ne sera validé avant que le volet juridique (le recours de TKMS), ne soit arbitré, c’est-à-dire, entre fin juin et mi-juillet. D’ici là, les avis peuvent encore évoluer. Mais le plus intéressant, depuis cette audience, c’est que Saab semble s’être tourné vers d’autres cieux (Canada notamment), et Damen est beaucoup moins véhément (peut-être ménage-t-il sa future coopération avec NG?). Cela indique que, pour eux, sauf événement exceptionnel, l’affaire est dite. En outre, plus personne ne remet en doute, sur la place publique, la sincérité de l’offre française. Il y a vraiement eu un avant, et un après, avec cette audience, en son centre.

  2. Pour celles et ceux que cette procédure intéresse, et comme l’annonçait déjà le titre de cet article, le parlement néerlandais a approuvé hier 11 juin par un vote le choix du Barracuda de Naval Group qui avait été fait par le gouvernement des Pays-Bas le 15 mars dernier.
    Ne reste plus donc que l’obstacle judiciaire qui devrait lui aussi être écarté selon les informations solides que l’on trouve sur ce site… Bravo M. Wolf pour votre clairvoyance.

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