Avec un budget de 90 Md€ en 2024, les armées allemandes se dirigent vers une position dominante en Europe

Depuis le réarmement allemand, autorisé par la signature des accords de Londres et de Paris, en mai 1955, la République Fédérale d’Allemagne et la France, ont toujours veillé à avoir des dépenses de défense équilibrées, de sorte à contenir la résurgence de la défiance entre les deux pays ayant conduit à plusieurs conflits au XIX et XXᵉ siècle.

Même après la réunification, et l’envol de l’économie allemande avec l’arrivée de 16 millions d’Allemands de l’Est, Berlin et Paris ont continué de respecter cette règle tacite, ce d’autant que les deux pays partageaient la même perception des bénéfices de la paix.

Cet équilibre a perduré jusqu’en 2019. Depuis, en dépit de la hausse des investissements en France, le budget des armées allemandes a connu une progression deux fois plus rapide que celui des armées françaises, au point d’atteindre, en 2024, un total d’investissements de 90,6 Md€, pensions comprises, contre 59,6 Md€ seulement, de l’autre côté du Rhin.

Ce déséquilibre sera-t-il conjoncturel, en lien avec le Zeitenwende d’Olaf Scholz, ou s’inscrira-t-il dans le temps, pour devenir structurel, et profondément redessiner les équilibres militaires en Europe, en particulier au détriment de la France ?

Le budget des armées allemandes a progressé de 55 % en deux ans

Si les armées françaises ont suivi une progression de relativement linéaire pour passer de 44,2 Md€ en 2019, à 59,6 Md€, en 2024, celle suivie par les armées allemandes, a été beaucoup plus chaotique.

Luftwaffe eurofighter Typhoon
La Luftwaffe va recevoir 20 Eurofighter Typhoon supplémentaires, commandés dans le cadre du Zeitenwende sur le budget 2024, et prépare l’acquisition d’une dizaine de F-35A de plus, en 2025.

Ainsi, en 2019, Berlin consacrait 46,9 Md€ aux financements de la Bundeswehr. Ce montant progressa de 5 Md€ en 2020, puis de seulement 1 Md€ en 2021, au plus fort des conséquences de la crise Covid, avant de progresser, à nouveau, de 4 Md€ en 2022.

Avec le début de la guerre en Ukraine, et le début de Zeitenwende d’Olaf Scholz, l’effort de défense allemand a connu une progression fulgurante, pour atteindre 67,8 Md€ en 2023 (+8,7 Md€), puis 90,6 Md€ en 2024 (+22,8 Md€), soit une hausse de 55,4 %, et 31,5 Md€, en deux ans seulement.

Rapportées au PIB nominal, les dépenses de défense allemandes sont passées, pensions comprises, de 1,35 % du PIB en 2019, à 2,12 % en 2024. Sur la même période, l’effort de défense français est passé de 1,81 % à 2,05 %, soit une hausse de + 0,25 % PIB pour la France, contre +0.77 % PIB pour l’Allemagne.

Une progression en trompe-l’œil du fait des 100 Md€ du Zeitenwende

L’écart qui s’est creusé entre les investissements français et allemands en matière de défense, concerne toutes les catégories d’investissements, que ce soit en matière de personnels, d’entraînement ou d’infrastructures. Toutefois, c’est incontestablement l’écart concernant les acquisitions des équipements qui s’avère le plus spectaculaire.

armées allemandes Bundeswehr
Face aux besoins d’extension de format, et à la crise des vocations au sein des armées, la Bundeswehr pourrait se tourner vers une conscription choisie inspirée du modèle scandinave.

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2 Commentaires

  1. Et pourquoi donc la France devrait faire le même effort que l’Allemagne ? Pour le cas ou l’Allemagne redeviendrait une menace ?

    C’est faire bien peu de cas de la différence fondamentale : la France dispose de l’arme Nucléaire.

    A part pour de stupides questions d’égo, je n’en vois pas l’interêt.

    L’Allemagne est une puissance continentale régionale et la France est une puissance avant tout maritime présente sur toute la surface du Globe.

    Les intérêts vitaux de la France ne sont certainement pas dans les pays baltes, en Pologne ou en Ukraine.

    Si l’Allemagne à besoin d’une armée de terre puissante capable de se déployer dans les plaines de l’est, la France a elle avant tout besoin d’une marine puissante capable d’assurer en toute sécurité la projection et le déploiement d’un corps expéditionnaires s’il venait à l’idée à un pays de s’en prendre à la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion, la Nouvelle Calédonie ou la Polynésie.

  2. Effectivement, l’Allemagne avec les alliés de l’OTAN doivent contrôler la Baltique, l’Atlantique nord et la mer noire en plus des plaines de l’est. Mais la France ne peut pas s’exonérer de participer à la défense terrestre de l’est, même à un degré moindre , a hauteur de ses budgets.
    Elle a une position en deuxième voire troisième rideau par rapport à l’Ukraine, mais ce conflit est le notre, sans aucun doute.
    Le caractère léger de beaucoup de nos unités doit être valorisé et utilisé sur les flancs ou sur des théâtres lointains qui ne manquerons (malheureusement) pas d’apparaitre ! De toute façon, nous n’avons pas de chars pour les équiper ..
    Il faut avoir à l’esprit que la solidarité est à deux sens , qui dit qu’un jour les problèmes ne viendrons pas à front renversé ! Seule une Europe victorieuse saura dissuader les compétiteurs futurs.
    C’est le retour de l’Histoire.

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