Lancé en 2015 pour succéder au F-22 Raptor, le programme NGAD de l’US Air Force a déjà connu deux revirements radicaux. Si, au départ, le programme visait à concevoir un chasseur à hautes performances et hautes technologies, au centre d’un techno-système de combat, celui évolua, sous la direction de Will Roper en 2019, vers un programme de programmes, intégrant plusieurs avions et drones de combat moins onéreux, plus spécialisés et dotés d’une durée de vie plus réduite.
À l’arrivée du Secrétaire à l’Air Force, Frank Kendall, après la victoire électorale de Joe Biden, NGAD retourna vers son ambition d’origine, promettant de concevoir un digne successeur au F-22. Ce faisant, le prix unitaire du chasseur, et de son système de systèmes, crurent également, l’appareil promettant de couter « plusieurs centaines de millions de $ », selon M. Kendall.
Ces dernières semaines, le programme NGAD a, une nouvelle fois, fait les gros titres de la presse spécialisée, lorsque, successivement, le chef d’état-major de l’USAF, le général Allvin, et Frank Kendall, ont annoncé que celui-ci pourrait être menacé, par des arbitrages budgétaires. Depuis, les annonces se sont succédé. Loin d’éclaircir le tableau, celui-ci est devenu de plus en plus opaque, même si les autorités promettent de prochaines décisions à ce sujet.
Sommaire
L’US Air Force face à des arbitrages budgétaires difficiles à venir
Ces dernières années, et même décennies, les Armées américaines se sont faites une spécialité d’annuler des programmes technologiquement trop ambitieux, après avoir dépensé plusieurs milliards ou dizaines de milliards de $. Ce n’est toutefois pas le cas, pour ce qui concerne les menaces qui planent sur le chasseur à hautes performances du programme NGAD.
En effet, cette décision, en suspens, est avant tout guidée par des impératifs budgétaires, l’US Air Force n’ayant tout simplement plus les moyens de mener conjointement l’ensemble des programmes de modernisation engagés ces dernières années, alors que, dans le même temps, le budget des armées US semble avoir atteint un plafond de verre qu’il sera difficile de franchir dans les années à venir, en raison de la dette souveraine américaine.
Or, ces derniers mois, plusieurs programmes stratégiques de l’USAF, ont été réévalués, en particulier dans le domaine budgétaire, avec, à la clé, une hausse sensible des besoins de financements dans les 10 à 20 années à venir.
C’est en particulier le cas du programme de missiles balistiques ICBM LGM-35A Sentinel, qui doit remplacer, à partir de 2029, les quelque 400 ICBM Minutemann III actuellement mis en œuvre par l’US Air Force, et constituer une des composantes clés de la triade nucléaire stratégique américaine.
Le programme, estimé alors à presque 78 Md$, a été confié à Northrop Grumman en 2020. Depuis, les alertes se sont multipliées, au constat que la trajectoire budgétaire établie amènerait le programme à un cout final de livraison, au-delà de 160 Md$, entrainant le lancement d’une procédure Nunn-McCurdy par le Congrès.
Reconnaissant la dérive budgétaire majeure et les menaces qu’elle représentait sur ce programme stratégique, le sous-secrétaire aux acquisitions de l’US Air Force, William LaPlante, a annoncé sa réorganisation profonde, ayant permis de ramener le budget prévisionnel à « seulement » 140,9 Md$, soit une hausse, tout de même, de 81 % par rapport au budget planifié en 2020. L’US Air Force n’a d’autres choix que de le financer sur son propre budget, dans les années à venir.
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