samedi, septembre 6, 2025

Les prix des armements occidentaux ont augmenté 5 fois plus vite que l’inflation depuis 1970

100 m$ pour un avion de combat, 25 m$ pour un char, 1 Md$ pour une frégate… Les armements occidentaux ont atteint, ces dernières années, des prix pharaoniques, obligeant les armées à réduire leurs formats et leurs flottes, pour en être dotées.

Mais qu’en est-il, vraiment, de ce constat empirique ? Les prix des armements, aujourd’hui, sont-ils réellement plus élevés qu’ils ne l’étaient, il y a quelques décennies de cela, une fois le paramètre de l’inflation intégré ? Et cette hausse du prix des armements s’applique-t-elle uniformément aux différents équipements, et aux différents pays ?

Pour répondre à ces questions, ainsi que pour en identifier les causes, et les conséquences sur les capacités opérationnelles des armées, une analyse méthodique s’impose. Et, qui sait, peut-être fera-t-elle émerger des constats inattendus ?

La loi d’Augustine et les augmentations inexorables des couts des équipements de défense

En 1978, Norman R. Augustine, ancien sous-secrétaire d’État pour l’US Army de 1975 à 1977, et qui sera président de Lockheed Martin à la fin des années 1990, fit une prédiction devenue célèbre sous le nom de Loi d’Augustine.

F-22 Raptor USAF
Avec un prix unitaire de 150 m$, hors R&D, le F-22 Raptor aura couté 60 fois plus cher, en 2010, que le F-4 Phantom II en 1970

« Si les méthodes du Pentagone et l’évolution des coûts ne changent pas, le budget du Pentagone autour de 2050 servira à acheter un seul avion tactique. Celui-ci sera confié trois jours par semaine à l’US Air Force, trois jours à l’US Navy et un jour à l’US Marines Corps. » 

Fort heureusement, cette prédiction ne se vérifiera pas. Enfin, pas tout à fait. En effet, dans le même temps, le budget du Pentagone, quant à lui, a été multiplié par 11, passant de 83 Md$ en 1970, en pleine guerre du Vietnam, à 877 Md$ en 2022, soit davantage que les 810 % d’inflations qu’ont connues les États-Unis de 1970 à cette date.

Pourtant, selon le Secrétaire à l’Air Force actuel, Frank Kendall, le nouveau chasseur de l’US Air Force, issu du programme NGAD, coutera plusieurs centaines de millions de dollars l’exemplaire, soit le prix d’une centaine de F4 Phantom II, en 1970, le chasseur lourd de référence de l’US Air Force jusqu’au milieu des années 70, et l’arrivée des premiers F-15.

Mais cette course aux performances technologiques, qui a entrainé ces hausses de prix incontrôlées, semble avoir atteint, aujourd’hui, son seuil de soutenabilité. Ainsi, l’US Air Force a mis le programme NGAD en état de stase, le temps, selon le discours officiel, d’évaluer la pertinence des paradigmes employés jusque-là pour la conception de ces avions de combat de 6ᵉ génération, alors que la concurrence chinoise semble dérouler un programme industriel militaire bien mieux maitrisé, et très efficace.

Il serait donc intéressant, dans ce dossier, d’étudier précisément l’évolution des prix des différents équipements de défense, en se basant sur les prix des familles d’équipements phares des trois grands exportateurs d’armement mondiaux, pour en comprendre les causes, et, peut-être, en atténuer les conséquences néfastes.

De 1970 à 2020, le prix des armements a été multiplié par 5 en Occident

Pour cela, il convient de lister les prix de certains des équipements américains, français et russes, phares de cette période, et d’en déterminer le prix compensé de l’inflation en 2020, pour en déterminer la hausse réelle, hors des évolutions macroéconomiques de leurs pays d’origine.


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6 Commentaires

  1. Article très intéressant, n’est-il pas bon de se demander si ce biais technologique des pays occidentaux n’est pas aussi une excuse des industriels pour gonfler artificiellement les prix en profitant des gros programmes sur plusieurs décénies et avec des budgets variant régulièrement ? C’est peut-être un peu « complotiste » mais je pose cette question.

  2. bjr, belle démonstration, à nouveau, vos articles sont édifiants et interrogent… un point sur nos avions rafale et scaf. si le rafale 5 est apte à gérer des drones legers ou lourds, dès 2030, quel est l’intérêt de partir sur un avion hyperlourd (scaf), hypercher surement qui sera peut être inutile en 2040/45 au vu de la vitesse de l’obsolessence des matériels.
    hum hum …

      • Le Scaf est sorti de l’ornière, c’est certain, mais la cible technologique reste plus ou moins clairement définie. Il semble que le Rafale F5, hors l’évolution de la plateforme, aura développé toutes les technologies que l’on attend du Scaf en terme de connectivité. Donc le coût du Scaf lui même pourrait être moindre.
        Par ailleurs, personne ne sait comment va évoluer la politique d’acquisition d’armement Chinoise. Ils surfent toujours sur une vague de croissance très forte, mais ils vont être confrontés aux mêmes problèmes de vieillissement que nous pouvant entraîner la même aversion au risque. À voir.

        • C’est bien tout le problème. Personne n’est aujourd’hui en mesure d’anticiper l’avenir opérationnel et technologique au-delà d’une dizaine d’années tant le sujet évolue rapidement. Ce d’autant que l’on risque, sans que cela soit garanti, de voir la Chine prendre l’ascendant et, prochainement, que ce soit elle, non plus les États-Unis, qui définissent le Tempo dans les années à venir.
          Dans ce contexte, les programmes qui s’étalent sur 15 ou 20 ans, comme SCAF ou MGCS, ont de grandes chances de tomber à côté, et de devoir, comme NGAD aujourd’hui, en passer par une phase de redéfinition complète, ce qui engendrera retards et surcouts.
          C’est précisément en raison de cette incertitude, et pas tellement du déséquilibre franco-allemand qui dépend surtout de questions de point de vue, que je suis aujourd’hui très dubitatif sur ces deux programmes.

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