samedi, septembre 6, 2025

Peut-on restructurer SCAF et GCAP dans un super-programme E-SCAF/E-FCAS, pour répondre au défi de la puissance aérienne européenne ?

Aujourd’hui, les programmes d’avions de combat de 6ᵉ génération, SCAF et GCAP, portent, chacun de son côté, la réponse européenne aux défis en matière de puissance aérienne, pour les décennies à venir.

Pour autant, l’un comme l’autre, a été conçu et matérialisé dans un contexte géopolitique très différent de celui qui se dessine, à présent, avec le rapprochement apparent de Washington et de Moscou, sous l’égide de Donald Trump, et avec l’annonce, de plus en plus probable et proche, d’un retrait des forces américaines d’Europe, y compris de l’US Air Force.

Ce bouleversement, aussi rapide que brutal, du contexte sécuritaire européen, redessine les rapports de forces, en particulier face à la Russie. La puissance aérienne européenne représentera, à ce moment-là, le pivot dissuasif du bloc occidental, alors que la plupart des forces aériennes en Europe a entamé sa bascule vers le F-35 américain, à la disponibilité incertaine en cas de conflit russo-européen.

Pourquoi la puissance aérienne représente-t-elle un enjeu stratégique et urgent pour l’Europe ? Quelles sont les menaces qui peuvent en affaiblir l’efficacité et le caractère dissuasif face à la Russie ? Et comment, un super-programme E-SCAF/E-FCAS rassemblant et étendant SCAF et GCAP, permettrait-il de lever de nombreuses objections et inquiétudes, pour en améliorer l’adhésion des européens ?

La puissance aérienne, le fondement de la puissance de feu de l’OTAN

Dès 1949, puis sur la base des enseignements de la guerre de Corée, l’OTAN, menée par les États-Unis, a fait de la puissance aérienne le pivot de sa force militaire, s’appuyant sur des appareils de combat et de support, ainsi que des munitions, souvent plus performants que leurs homologues soviétiques et chinois, et sur une formation des équipages plus poussée.

F-100 Super Sabre Mirage III
En 1958, la France acheta 100 chasseurs américains F-100 Super-Sabre. Il s’agit du dernier chasseur américain acquis par la France pour son Armée de l’Air

Ainsi, si les forces terrestres soviétiques et du Pacte de Varsovie, déployées en Europe, surpassaient les troupes de l’OTAN dans un rapport de 1 à 8 dans les années 50 et 60, les forces aériennes cumulées des membres de l’OTAN n’étaient que moitié moindre de celles de l’adversaire désigné, tout en disposant, à partir des années 60, d’un nombre beaucoup plus élevé d’appareils de soutien valant multiplicateurs de force, comme les ravitailleurs en vol, puis les avions d’alerte aérienne avancée.

Ce rapport de forces aérien, favorable pour l’OTAN, n’avait d’ailleurs pas échappé aux planificateurs soviétiques, qui firent du développement d’une très puissante défense anti-aérienne, l’une des priorités de l’évolution de leurs capacités militaires, dès le milieu des années 50.

Cette situation s’est encore accrue, après l’effondrement du bloc soviétique, alors que l’aviation de combat russe perdait plus de 90% de ses moyens, contre 50% à 65 % pour l’OTAN et les européens. Aujourd’hui, les forces aériennes russes n’alignent « que » 1200 avions de combat (contre 12,000 en 1990), dont « seulement » 400 appareils modernes : Su-30, Su-34, Su-35 et une poignée de Su-57.

Face à elles, les européens alignent plus de 1500 appareils, dont près de 150 F-35, et 600 avions de 4ᵉ génération avancée (Rafale, Eurofighter, Typhoon et Gripen C/D/E/F). Ils alignent, également, une vingtaine d’avions d’alerte aérienne avancée (E-3 Sentry, E-2 Hawkeye, GlobalEye…), ainsi que de 90 avions ravitailleurs KC-130, KC-135 et A330 MRTT, là où les forces aériennes russes alignent, au mieux, une douzaine de Beriev A-50 d’alerte aérienne avancée et une vingtaine de ravitailleurs Il-78.

Rafale armée de l'air Typhoon Royal Air Force
Rafale, Typhoon et Mirage 2000 sont les seuls modèles d’avions de combat indépendant des Etats-Unis, aujourd’hui en service en Europe.

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20 Commentaires

  1. Tout ça c’est bien joli mais ma priorité c’est le développement dans le planning prévu du rafale f5 et de ses drones. Ils seront certainement très efficaces et ne demanderont l’autorisation à personne d’autre que la hiérarchie militaire pour décoller. Tout le reste est une belle histoire qu’on raconte aux enfants pour les endormir. L’histoire nous apprend par expérience que ces constructions sont vouées à l’échec. Donc gardons notre savoir faire et proposons nos meilleures réalisations à ceux qui les voudrons. Pour les autres, le bouton contact restera à Washington.

  2. bonjour Mr wolf , vous dites dans l’article que le F100 fut le dernier chasseur acheté par la france aux américains, mais il est vrai que vous précisez « armée de l’air  » . la marine acheta le crusader pour l’aéronavale et l’utilisa jusqu’à l’arrivée du rafale embarqué. avion « moche » mais très efficace et qui équipa tous les PA. cela ne nous rajeunit pas, hein

    • La liste ITAR est dynamique, et peut être modifiée sans préavis. C’est de cette manière que le composant de navigation GPS qui était embarqué à bord du SCALP fut précipitamment ajouté à la liste en 2019 (sous trump), pour faire échouer la seconde commande égyptienne de Rafale, qui prévoyait la livraison de SCALP justement. Dans les faits, ITAR-free ne garantit rien du tout, tant que ce n’est pas « US-free ». Après, on voit dans les composants des drones russes Geran et autres, frappant l’Ukraine, qu’il n’est pas si difficile que cela de trouver des composants US, même sous embargo. L’appât du gain …

  3. Cela vaut la peine de se poser la question des matériels US dont nous disposons, et de leur possible remplacement par une solution non-US:
    – les E-3F – A priori, remplaçables par des solutions basées sur l’Erieye. OK.
    – les E-2D – Non substituables facilement, nous n’avons pas de cellule navalisable adaptée à l’emport d’un radar.
    – les catapultes de nos porte-avions – Pas de solution de remplacement ni pour les C-13 actuelles ni pour les EMALS du PANG.
    – Les C-130H, C-130J et KC-130J. On doit pouvoir s’en passer maintenant par le haut maintenant que l’A400M fait à peu près tout ce qu’on veut (peut être n’est pas une bonne idée de passer de 50 à 35 A-400M …) et par la bas avec des avions type CN-235. En attendant un projet d’A-200 à plus long terme. A défaut, à court terme, il doit pas être très difficile de produire des pièces de rechange en Europe.
    – Les Reaper. Sans doute pas critiques pour une guerre de haute intensité. Potentiellement remplaçables par l’Aarok.
    – Missiles Hellfire pour les Tigres. Il y avait pas un projet d’Akeron LP avec le Tigre Mk3?

    Au delà des matériels, il y a la question de la formation des pilotes de l’aéronautique navale : il nous manque à la fois ls installations au sol, les avions d’entrainement (un équivalent du T-45) et le temps de disponibilité du CDG.

    Bref, dans tous les cas, si on se retrouve comme cela est malheureusement possible dans une situation où les Etats-Unis sont hostiles à l’Europe, cela va nous coûter très cher pour continuer de faire ce qu’on faisait avec eux au niveau où on le faisait.

  4. L’idée est intéressante. Les défis sont nombreux: il faut surmonter la lourdeur d’un projet aussi vaste, les inimités industrielles et politiques de longue date, les différences de culture stratégique. Mais nous n’avons plus le choix, nous sommes le dos au mur.

    Je serais curieux d’en savoir plus sur vos idées sur la manière de coordonner la défense européenne en cas de retrait américain de jure ou de fait de l’OTAN. Il me semble qu’une possible solution serait (1) de rester dans le cadre otanien, qui est utile pour son effort de normalisation, et pour les structures d’état major opérationnelles mises en place, (2) tout en assurant l’effort intensif et coordonné aux niveaux nationaux sur les multiplicateurs de forces (ravitailleurs, AWACS, C3I, cyber), avec (3) un cadre de sécurité renforcé entre états volontaires, permettant par exemple une intervention automatique en cas d’agression (l’art. 5 du traité de l’Atlantique Nord restant optionnel …) ainsi qu’un accord préalable pour assurer l’unité de commandement (dans le cas où les structures OTAN ne seraient plus disponibles).

  5. oui tout à fait d’accord sur le blocage des f35, mais quid des autres matériels du genre himars, chars abrams et autres . s’il bloque l’utilisation de tous ses matériels en cas de conflit europe/ russie je pense qu’ils y en a pas mal qui vont être mal. je serai concerné j’essayerai de trouver un moyen juridique de casser les contrats non livrés

    • Le F35 est directement lié via ALIS/THOR, a l’autorisation d’emploi donnée par Washington. Ce n’est pas le cas des autres équipements, comme le F-16, l’HIMARS, le Patriot ou le M1A2. Cependant, les États-Unis suspendant immédiatement et systématiquement le soutien, en matière de pièces de rechange et de munitions, vers les deux belligérants en cas de conflits entre alliés.

  6. La vision est relativement réaliste, mais pour l export un super-rafale est indispensable, vu le prix prévisible du NGF, on ne pourra pas avoir 100% de la flotte équipée par ce modèle. Mais la notion de la flotte de F35 bloquée au sol par la main mise des américains sur leur logiciel Alis, est tres envisageable!

  7. oui super idée, mais déjà on a du mal avec les allemands (depuis 7 ans maintenant) alors essyer de convaincre 15 ou plus cela va être coton. de plus que vont faire les pays possesseurs de f35 (qui leur ont couter une blinde) de leurs appareils s’ils sont frappé d’obsolescense en cas de conflit contre la russie, qui ne peut être que le seul pays qui risque de se confronter à nous ? je suis content d’être français, en fait, même si on croule sous les dettes. au moins nous n’allons pas nous retrouver avec nos avions cloués au sol . il y en a plusieurs qui doivent déjà se mordre les doigts, de leur connerie, mais bon on les avait prévenus.

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