Personne, en Europe, à l’exception de la France, n’avait sérieusement envisagé, jusqu’ici, un possible retrait de la protection offerte au vieux continent, par les États-Unis, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tant le lien transatlantique semblait immuable. En un peu de plus de 6 semaines, Donald Trump et son administration, sont pourtant parvenus à briser 80 ans de confiance indéfectible et absolue des Européens envers Washington.
Ainsi, alors que le très probable nouveau chancelier sorti des urnes il y a 10 jours, Friedrich Merz multiplie les annonces pour réarmer rapidement l’Allemagne, épaulé par le très populaire ministre allemand de la Defense Boris Pistorius, pourtant affilié au SPD sortant, l’ensemble des tabous qui ont entravé, ces dernières années, l’émergence d’une défense européenne soutenue par la France, sautent à présent un à un.
Vers quelle nouvelle réalité géostratégique, ces bouleversements, si rapides qu’il devient difficile de les suivre, entrainent-ils l’Europe et les européens ? Quels sont ces tabous remis en question par les chancelleries européennes ? Et quels seront les plus importants défis auxquels les européens devront-ils faire face, pour s’engager sur cette voie aussi délicate que pressante ?
Sommaire
La nouvelle coalition CDU-CSU/SPD et le binôme Merz-Pistorius donnent un coup de barre radical aux postulats de Défense en Allemagne.
Il est rare de vivre des moments de portée historique, tout en ayant conscience de les vivres. C’est pourtant probablement cette conscience qui s’impose dans toutes les chancelleries européennes, et dans l’esprit de tous les dirigeants qui se rassemblent, aujourd’hui, à Bruxelles, pour un des sommets qui pourrait, potentiellement, redessiner la réalité géopolitique régionale et mondiale, de demain.

Dans leurs malheurs, face à tant de bouleversements stratégiques en si peu de temps, les européens peuvent toutefois s’appuyer sur un coup de pouce du destin, la victoire électorale de la CDU-CSU lors des élections législatives anticipées du 23 février, et la très probable nomination de son leader, Friedrich Merz, au poste de chancelier.
En effet, alors même qu’il était en campagne, M. Merz avait ouvertement pris des positions pourtant très risquées, outre-Rhin, en évoquant notamment la possibilité, pour Berlin, d’ouvrir des discussions avec Londres et Paris, pour que les dissuasions françaises et britanniques soient étendues à l’Allemagne.
À peine sa victoire électorale, relative, mais suffisante pour créer une coalition majoritaire, fut-elle acquise, que M. Merz, à présent le très probable futur chancelier, répéta-t-il ses ambitions, tout en prenant des positions de plus en plus volontaires, autour des questions de défense, y compris sur le plan budgétaire.
Paradoxalement (pour un esprit français), Merz et la CDU-CSU, a trouvé dans les sociaux-démocrates du SPD, dont est issu Olaf Scholz, son probable allié de coalition, profitant en cela de l’appui de Boris Pistorius, le très populaire ministre de la Défense de la mandature en cours. Rappelons que M Pistorius a souvent exprimé des positions beaucoup plus volontaires qu’Olaf Scholz, sur les questions de défense, appelant notamment à une hausse sensible des crédits, une extension du format de Bundeswehr, ainsi qu’à un retour de la conscription, sur le modèle de conscription choisie scandinave.

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Le réveil de la population à l’esprit atrophié aura-t-il lieu ? « Burn Moscow Again » diraient quelques-uns d’entre eux….
Il est dommage de lire dans certains médias que Emmanuel Macron veuille « partager le bouton nucléaire » ce dont il n’est pas du tout question. Vous aviez abordé le sujet de quelle forme pourrait prendre une extension de la dissuasion française dans un précédent article, c’est comme si vous l’aviez prédit.
Bon article, au detail pres que le RN et LFI sont bien loin de la politique de l’offre, par contre Macron a essayé de la mettre en place avec un succes mitigé
Le bon terme serait « la stratégie de l’offre politique », mais je n’ai pas pensé, lors de la rédaction, à cette formulation, ni à la mauvaise interprétation que « politique de l’offre » pouvait engendrer.