vendredi, septembre 5, 2025

La production de missiles sol-air en Europe doit être multipliée par 10, face à la menace russe

Ces derniers mois, il ne se passe plus une semaine sans que l’Ukraine subisse au moins une frappe massive russe, composée de plusieurs dizaines de missiles de croisière et balistiques, et une centaine, ou plus, de drones d’attaque.

Alors qu’il y a encore un an, certains pariaient sur l’épuisement des stocks de Moscou, dans ce domaine, il apparait, au contraire, qu’à présent, l’industrie russe est en mesure de produire de 130 à 150 missiles de croisière et balistiques, et autour de 500 drones d’attaque, chaque mois, lui permettant de maintenir une pression constante sur l’ensemble des infrastructures critiques ukrainiennes, tout en usant les réserves de missiles sol-air de Kyiv.

Si le sujet est déjà très difficile pour les européens, en soutien à l’Ukraine, il deviendra très rapidement critique, si le conflit devait prendre fin. En effet, Moscou se doterait alors très rapidement d’une capacité de frappes préventives, ainsi que de feu continu à visée stratégique, dépassant d’un facteur 10, les capacités de production actuelles de l’industrie européenne, en matière de missiles antiaériens et antibalistiques.

Quelle est, aujourd’hui, la capacité de production de l’industrie de défense russe, en matière de missiles balistiques tactiques, de missiles de croisière et de drones d’attaque ? Quels sont les moyens industriels européens actuels, et les moyens nécessaires pour relever ce défi ? Et, comment ce constat représente-t-il une faiblesse stratégique européenne, pouvant convaincre le Kremlin, dentamer une campagne militaire contre certains pays européens ?

Le changement de doctrine des armées russes en matière de frappes préventives

Lors du lancement de l’agression russe contre l’Ukraine, en février 2022, les armées russes ont appliqué une doctrine encore très fortement empreinte des acquis de l’armée rouge soviétique, avec des préparations d’artillerie visant à briser la résistance de la ligne de front, des forces aéroportées pour sauter les défenses adverses, et un puissant corps de manœuvre blindé, pour exploiter le chaos ainsi généré.

Offensive russe Kyiv 25 février 2022
Les forces russes ont mené des attaques préventives contre les infrastructures critiques ukrainiennes, au-debut du conflit en février 2022, mais de manière limitée.

Cette doctrine, typiquement soviétique, reposait, marginalement, sur des frappes de précision dans la profondeur ukrainienne, en dehors des principaux sites militaires régionaux, comme les bases aériennes.

Aidés par le renseignement américain et britannique, les Ukrainiens parvinrent à bloquer deux des trois grands axes offensifs russes, dont l’assaut sur Kyiv, notamment en empêchant la capture de l’aéroport d’Hostomel, au nord de la ville, par les forces aéroportées russes, tout en exploitant au mieux le terrain, afin de ralentir considérablement la progression des colonnes mécanisées russes.

Après la débâcle de l’offensive sur Kyiv, et l’échec de celle du Kharkiv, les russes se replièrent sur la ligne Surovikine, dans ce qui sera, sans le moindre doute, l’une des manœuvres les plus réussies des armées russes de cette guerre. L’état-major entreprit alors de modifier sa stratégie, écartant les ambitions de manœuvre, pour s’engager dans une guerre d’usure s’appuyant sur la mobilisation des russes et de l’industrie de défense du pays, que le Kremlin savait supérieure, mathématiquement, à celle de Kyiv, même soutenue par les occidentaux.

Ce retour à une guerre de position et d’attrition, contrainte et forcée par l’âpreté de la résistance ukrainienne, ne constitua qu’un des volets du profond changement de doctrine engagé par les armées russes, à partir de l’automne 2022. En effet, les stratèges russes comprirent le potentiel des frappes conventionnelles à visée stratégiques, contre les installations critiques, civiles et militaires, de l’adversaire, à l’aide de systèmes d’armes de moyenne et longue portée, dotés d’une grande précision.

lancement d'un Iskander-M russe
L’indsutrie russe produit, aujourd’hui, de 40 à 50 missiles balistiques Iskander-M chaque mois, soit autour de 500 nouveaux missiles chaque année.

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7 Commentaires

  1. Good article, but there are some issues. Some European countries like Romania have managed to secure a technological transfer for the interceptor (Skyceptor/Stunner) used by the David’s Sling Weapon System and the Patriot Configuration 3+ so Romanian Electromecanica Ploiesti will be manufacturing Skyceptor in Europe. Stunner/Skyceptor actually managed to intercept an Iranian MRBM in June 2025, something it was not designed to do but it was improved later by the Israelis and managed. Germany chose Arrow Weapon System for the ESSI iniciative due to the fact that there are no EU solutions capable of engaging SRBM/MRBM/IRBM threats using a kinetic kill vehicle above the Karman line. With utmost respect to the SAMPT/NG, has it been proven even in a test to intercept WMD capable warheads? For that you would need a hit to kill approach, not a 15kg specialized warhead Aster uses and Eurosam is not clear about HTK capabilities of Aster30B1NT. This is the reason why many EU countries opted for PAC3MSE even though it is sold at outrageous prices. Both PAC3MSE and Skyceptor use HTK to destroy warheads while the best EU solution does not have a proof that it is capable. I would support and endorse SAMPT/NG for Croatia if the manufacturer would demonstrate HTK against a SRBM/MRBM ballistic target like silver sparrow/blue sparrow etc… Also the production of Aster B1NT is very slow, again I would endorse it, if MBDA would be willing to open a factory in Croatia so that we can locally manufacture the Aster30 B1NT interceptor like US and Israel did in Romania for the Skyceptor. Otherwise, why support a EU solution if it is not up to par with the battle proven US and Israeli systems

    • Thanks for your comment
      First, if you want to know more about ASter 30B1NT exact capacity, read this : https://meta-defense.fr/2024/10/14/aster-15-b1nt-missile-antiaerien-europe/#2024-capacites-antibalistiques-et-marv-avec-l-aster-30-b-1-nt-pour-samp-t-ng
      This article has been wrote directly in contact with the people of MBDA managing the program. It is 100% accurate.
      Second, announcing that that stunner will be built in romania, is very probably an excessive statement. Yes, the stunner will be produce in romania, but the key technological component will still be provided by Rafael and RTX. It is need to remember that the david sling is not a 100% israelian system. Some key components comes form RTX, and they never make technological transfer. Never. So assuming the Stunner factory in Romania is an autonomous production facility is a mistake.
      Israel make the same statement in Greece about Barak-ER, but at the end, only half of the technologies boarded in the missile have been allowed to be transfered. Some key israléian components, and all indian’s were not concerned by the proposal.

  2. J’ai l’impression que la résilience n’est encore que très marginalement prise en compte par les politiciens /gestionnaires qui gouvernent les pays d’Europe. Il faut des usines, mais ce serait judicieux de les positionner à l’intérieur de l’enveloppe de défense antiaérienne de nos bases aériennes… Évidemment on ne pourra pas protéger toute l’économie qui reste très vulnérable et l’article est tristement pertinent. Je vous laisse aussi imaginer si la Chine mettait ses capacités industrielles au service de la Russie (missiles, blindés, navires….) comme la Russie pourrait approvisionner en gaz, pétrole et matières premières la Chine en cas de blocus imposé par l’occident…

  3. La production de missiles Iskander ou Kalibr continue, mais les experts ne s’accordent pas sur la question de savoir si la production est plus ou moins importante qu’avant guerre, tout en supposant inférieurs les niveaux de qualité des productions des missiliers, du fait des sanctions. L’industrie Russe reste encore tres freinée par l’inefficacité et de la corruption qui la ronge chroniquement, donc sans remettre en question les chiffres et les volumes annoncés, il faut être prudent sur les sources et conscient que ces annonces servent la propagande russe, même si les capacités de résilience de l’industrie d’armement russe n’ont pas fini de nous surprendre.Les importations de matériel électronique de l’Arménie en provenance des États-Unis et de l’UE ont augmenté respectivement de 500 % et 200 %, la plupart d’entre elles ont ensuite été réexpédiées en Russie , il faudrait ramener les importations de l’Arménie au volume d’avant guerre quelque osit les explications.(valable aussi pour le Kazakhstan),il faudrait également prévoir des sanctions pour les producteurs occidentaux de semi-conducteurs pour les forcer à contrôler leurs clients.

  4. entièrement d’accord avec vous, c’est de la pure connerie. on peut rajouter évidemment, histoire d’enfoncer le clou (du cercueil) les missiles des avions, hélicopteres et navals. comme cela la coupe est pleine. va t’il y avoir un sursaut des pays afin qu’ils se rendent enfin compte de l’entonnoir ou ils se fourrent et qu’ils arrêtent de commander à l’étranger (hors europe). mbda peut monter des usines dans les pays souhaitant commander leur matériel, cela leur ferait un retour investissement et résoudrait aussi les manques de MO nécessaire à cette montée en puissance qu’il va falloir faire illico. il va être aussi ncessaire que notre gouvernement relance rapidement le dévelloppement d’un missile en miroir de ceux des russes pour les dissuader de lancer leur oreshnik. il va falloir arrêter de parloter et se retrousser les manches rapidos !

  5. Avec en bonus le fait que les pays étrangers fournisseurs pourraient avoir besoin de leurs propres missiles…
    Et que les Russes pourraient bénéficier de composants ou de missiles fournis par leurs alliés.
    Le rapport n’est sans doute pas de 1 à 10, mais de 1 à 20. Et quand tout est cassé, c’est encore plus difficile d’augmenter la taille des usines…
    Il semble que MBDA ait proposé de dupliquer les usines de fabrication des SAMP-T. Voyons quel accueil sera réservé à cette énième proposition française de bon sens.
    Pour information, lors de la frappe Iranienne contre Israël, frappe limitée, Israël s’est retrouvée sans missiles du tout. Les USA ont dû amener en urgence une batterie Thaad, ce qui en dit long, très long, sur la réalité des capacités de réapprovisionnements de l’état hébreux.
    Lancer des usines de prod, c’est 18 mois à 2 ans. En 2027, il sera trop tard. Juste trop tard. Il n’y aura ni missiles, ni stocks, ni même possibilité de défendre nos centrales, nos stocks d’essence et le reste. Nous ne pourrons pas nous aider nous mêmes comme nous avons pu aider l’Ukraine à tenir.

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