Chars, Avions de combat : l’industrie de défense française sait-elle encore faire ? Et saura-t-elle faire demain ?

Si l’évolution des tensions internationales, et les risques de guerre, génèrent une anxiété sensible au sein de la population, l’industrie de Défense française, elle, y voit la fin de 30 années de budgets faméliques et d’engagements non-tenus par l’état, ayant menacé jusqu’à sa pérennité, il y a encore quelques années.

De fait, après 1992, la principale préoccupation des Dassault, Nexter, DCNS et autres Thomson, a été de maintenir leurs compétences de conception et leur outil industriel, sans avoir les budgets d’états pour y parvenir, alors que même le marché export, lui aussi, reculait sévèrement.

Conséquence directe de cette PLS des industries de défense française, celles-ci ont beaucoup moins innové, de 1990 à aujourd’hui, en comparaison des 30 années précédentes. Ainsi, alors que Dassault avait développé 5 avions de combat tactiques (Mirage V, Mirage F1, Jaguar, Mirage 2000 et Super-Étendard) de 1960 à 1990, et trois grands programmes de démonstrateurs (Gerfaut, Mirage G et Rafale), l’entreprise n’aura conçu que le Rafale et le démonstrateur Neuron, sur les trente années qui suivirent, de 1990 à 2020.

De fait, aujourd’hui, les grands succès de l’industrie de défense française, repose encore, et avant tout, sur des équipements conçus, le plus souvent, à la fin des années 80 et durant les années 90, comme l’avion Rafale, le canon Caesar ou le sous-marin Scorpene. La question se pose, alors : l’industrie de défense française est-elle encore capable d’innover et de produire de nouveaux équipements majeurs, comme le char de bataille ou l’avion de combat, après 30 années de stase industrielle ? Et sera-t-elle capable de le faire, à l’issu des programmes SCAF et MGCS ?

Polyvalence et évolutivité : les armées et l’industrie de défense françaises sont engagées dans un développement à pas générationnel à la fin de la guerre froide

Depuis le milieu des années 60, les industries de défense françaises produisaient de nouveaux équipements sur un rythme plus ou moins décennal. Ainsi, tous les dix ans, parfois moins, un nouvel avion de combat, une nouvelle frégate, un nouvel hélicoptère et un nouveau sous-marin, entraient en service dans les armées françaises.

Armée de l'air et de l'Espace Rafale Mirage 2000D
Moins de 8 ans ont séparé le premier vol du Mirage 2000, en 1978, de celui du démonstrateur Rafale, en 1986. 12 ans plus tôt, volait pour la première fois le Mirage F1, en 1966, et encore dix ans avant cela, en 1956, celui du Mirage III. Dans les trente ans qui suivirent le premier vol du Rafale, Dassault n’a fait volé aucun nouvel avion de combat.

L’arrivée des technologies numériques, d’une part, et la recherche constante de performances accrues, de l’autre, entrainant une hausse rapide et considérable des couts de développement et de possession de ces équipements, deux notions apparurent dans les années 80.

D’abord, la polyvalence, rendue possible par l’arrivée du numérique, permettant de rompre avec la spécialisation des équipements comme les avions de combat ou les frégates, de sorte à maintenir une capacité constante, avec un format plus réduit. Ainsi, pour remplacer les quelque 600 Mirage IIIE, Mirage V, Mirage F1, Jaguar, Mirage 2000, Super-Étendard et Crusader, en service au sein des forces aériennes et aéronavales françaises, en 1990, celui-ci ne prévoyait que d’acquérir que 286 avions Rafale, précisément du fait de sa grande polyvalence.

L’évolutivité, ensuite, devait permettre d’accroitre la durée de vie opérationnelle efficace de ces équipements, là encore, grâce à la souplesse apportée par l’électronique numérique, bien plus évolutive, du point de vue logiciel, que la précédente génération, à base d’électronique analogique.

Ainsi, là où les Mirage III, V ou F1 de 3ᵉ génération (analogique), eurent une durée de vie opérationnelle de l’ordre de 20 à 25 ans, plus tard étendue pour des raisons budgétaires, en dehors des considérations opérationnelles, le Rafale, lui, devait rester en service plus de 30 années, tout en conservant son ascendant technologique, au travers des standard Fx.

Les attraits du développement à pas générationnel des équipements de défense

De fait, là où plusieurs équipements spécialisés étaient développés par les industriels, sur un unique pas générationnel, c’est-à-dire la période de temps représentant un changement de génération (30 ans entre la 3ᵉ et la 4ᵉ génération des avions de combat), un unique équipement était conçu et fabriqué, sur l’ensemble du pas générationnel suivant.

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5 Commentaires

  1. Le concept de projet europeen n a pas jusqu’à présent rencontrer un grand succes commercial, on peut parier qu un Super-rafale s’exportera plus et plus facilement qu un NGF, a fortiori la concept du SCAF qu on a mal a imaginer comme exportable.De plus la gestion en état opérationnel au milieu d une guerre a haute intensité, ne serait pas évidente avec un projet international version puzzle. Il est urgent de prendre une décision concernant un démonstrateur super-rafale peut etre meme en remplacement du F5. Il y a encore le projet évoqué par Eric Trappier ,d un intercepteur de l’espace.

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