mercredi, septembre 24, 2025

SAMP/T NG : MBDA et Eurosam face à une opportunité historique en Europe

Les révélations du magazine américain The Atlantic sur une instruction du Pentagone demandant à RTX et Lockheed Martin de suspendre certaines livraisons export de missiles Patriot pour reconstituer en priorité les stocks américains ont immédiatement semé l’inquiétude en Europe.

À Berlin, Varsovie ou Stockholm, la nouvelle a été perçue comme un avertissement brutal : dans un contexte où la défense antiaérienne et antimissile est devenue un marqueur stratégique du rapport de force avec Moscou, la perspective d’un gel des livraisons américaines touche au cœur de la crédibilité dissuasive européenne.

Mais au-delà du vent de panique qui souffle dans les capitales, cette annonce ouvre aussi une fenêtre d’opportunité unique pour l’industrie européenne. Le SAMP/T NG d’Eurosam, et son missile Aster 30 B1NT, récemment victorieux au Danemark face au Patriot américain, apparaissent désormais comme une alternative crédible pour densifier la défense des couches hautes de l’atmosphère.

Dans une Europe où les besoins explosent et où les priorités américaines ne garantissent plus un flux de réassort stable, la solution franco-italienne pourrait s’imposer comme le pilier complémentaire, voire substitutif, du dispositif de l’OTAN.

Reste une question centrale : quelles conditions industrielles, politiques et opérationnelles MBDA et Eurosam devront-ils réunir pour que le SAMP/T NG ne soit pas un simple choix ponctuel, mais une véritable option stratégique capable de se substituer partiellement au Patriot dans l’architecture européenne de défense aérienne et antimissile ?

Pourquoi les systèmes Patriot sont-ils devenus critiques en Europe ?

Dans le domaine de la défense antiaérienne et antimissile, seules trois familles de systèmes longue portée sont aujourd’hui disponibles pour les armées européennes : le Patriot américain, le David’s Sling israélien, et le SAMP/T NG franco-italien. En pratique, les deux premiers dépendent directement de technologies, de composants et d’arbitrages politiques américains. Quant au SAMP/T NG, il demeure encore très minoritaire en nombre, même si ses performances en interception et son potentiel d’évolution sont reconnus. Cette réalité fait du Patriot, par son implantation déjà large et par sa place dans les architectures OTAN, le pilier de la défense antimissile européenne.

batterie Patriot Pologne
Batterie Patriot polonaise.

Ce rôle prend d’autant plus d’importance que la menace russe s’est accrue et industrialisée. Moscou aligne aujourd’hui une production annuelle estimée à près de 1 800 missiles balistiques et de croisière, qu’il s’agisse de SRBM de type Iskander-M, de vecteurs balistiques aéroportés comme le Kinzhal, d’hypersoniques navals tels que le Tsirkon, ou de missiles de croisière stratégiques Kh-101.

La guerre en Ukraine a confirmé combien la disponibilité et le volume de ces munitions déterminent l’efficacité d’une posture de défense. Tant que Kyiv disposait d’un stock important de S-300 hérités de l’époque soviétique, le taux d’interception des frappes russes avoisinait 80 à 85 %, limitant considérablement l’efficacité stratégique des campagnes de bombardement.

Mais à mesure que ces stocks s’épuisaient et que les livraisons occidentales peinaient à suivre, le taux de neutralisation est tombé à 25 ou 30 %, ouvrant la voie à des destructions massives d’infrastructures énergétiques et industrielles. Ce basculement illustre l’enjeu central : au-delà de la performance technologique des systèmes, c’est la capacité à garantir des stocks suffisants et un flux de réassort continu qui conditionne la crédibilité de la défense aérienne et antimissile.

Dans ce contexte, la question de l’accès aux missiles Patriot dépasse de loin la seule logique capacitaire. Parce qu’il est au cœur des architectures de défense aérienne européenne, et parce qu’il représente la principale source de réassort possible pour nombre de pays, toute décision affectant ses livraisons à l’export a des répercussions immédiates sur l’équation dissuasive entre l’Europe et la Russie. C’est précisément sur ce point que la décision américaine de préempter la production de Patriot au profit de ses propres forces constitue un tournant stratégique.

Le “choc Patriot” : ce que cela signifie réellement pour l’Europe

Les révélations de The Atlantic sont sans ambiguïté : « Les Etats-Unis ne disposent que de 25% des stocks de missiles intercepteurs nécessaires pour répondre aux besoins des plans du Pentagone». Autrement dit, l’armée américaine reconnaît ne pas disposer aujourd’hui des volumes de missiles nécessaires pour ses propres scénarios opérationnels. L’instruction donnée à RTX et Lockheed Martin de prioriser la reconstitution des stocks nationaux, quitte à retarder certaines livraisons à l’export, ne constitue donc pas une péripétie industrielle, mais la traduction directe d’un déficit capacitaire majeur.

Batterie patriot
Batterie Patriot OTAN.

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