Depuis plusieurs mois, les déclarations hostiles se multiplient des deux côtés du Rhin, réduisant chaque jour un peu plus les chances de voir émerger une position commune acceptable par Paris, Berlin et Madrid sur le SCAF. Officiellement, le discours reste mesuré, mais dans les faits, les lignes de fracture sont devenues béantes : la France exige un leadership clair de Dassault sur le pilier NGF, tandis que l’Allemagne refuse de se contenter d’un rôle secondaire. Dans ce contexte, l’impasse paraît désormais consommée.
En France, l’hypothèse d’un SCAF conduit seul n’est plus taboue. Elle alimente les tribunes, les prises de position industrielles et les débats stratégiques, comme si chacun préparait déjà le terrain d’un plan B. Mais pour transformer cette hypothèse en projet viable, encore faut-il examiner les conditions nécessaires.
Car l’équation a changé : la France affronte une instabilité politique sans précédent, des marges de manœuvre budgétaires limitées, et un environnement international bouleversé par une accélération technologique fulgurante et par l’intensification de la concurrence sur le marché mondial des avions de combat.
Dès lors, une question centrale se pose : peut-on encore appliquer les recettes qui ont permis, depuis le Mirage III jusqu’au Rafale, de préserver une autonomie aéronautique nationale et d’imposer l’industrie française à l’export ? Ou faut-il repenser en profondeur les paradigmes industriels, technologiques et budgétaires liant l’État et la BITD, afin de conserver une position dominante dans les airs et sur le marché mondial des avions de combat au cours des décennies à venir ?
Sommaire
Nouvelles déclarations, tensions accrues : l’avenir du programme SCAF de plus en plus menacé
Il ne reste aujourd’hui que très peu de voix pour défendre réellement la perspective du SCAF — et du MGCS — des deux côtés du Rhin. Si le discours officiel demeure mesuré, les coulisses laissent transparaître un constat partagé : les chances de voir ces programmes aboutir dans leur forme actuelle sont désormais quasi nulles.
Sur la scène publique, seules quelques initiatives isolées, souvent marginales et à faible audience, continuent de plaider en faveur de ces coopérations. En réalité, la messe semble dite. Côté français, le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, multiplie depuis plusieurs mois les interventions médiatiques pour torpiller l’initiative de 2017. Il affiche désormais sans ambiguïté une hostilité de principe au programme tel qu’il a été conçu, dans une posture de rejet assumé vis-à-vis d’un projet qui, à ses yeux, ne répond plus ni aux besoins français ni aux intérêts de l’industrie nationale.
En Allemagne, ce sont surtout des personnalités de second plan de la CDU et du ministère de la Défense qui occupent le terrain médiatique, en s’attaquant frontalement au partenariat franco-allemand. Volker Mayer-Lay, membre de la commission de la défense au Bundestag et rapporteur du groupe CDU/CSU pour la Luftwaffe, a ainsi affirmé publiquement qu’aucune évolution du SCAF ne saurait être acceptable sans un co-pilotage du NGF par l’Allemagne.
L’impasse est dès lors flagrante : Berlin refuse d’accorder à Dassault Aviation le leadership du pilier NGF, tandis que Paris a désormais prévenu qu’il n’était plus question de poursuivre le programme sans une reconnaissance explicite et définitive de ce leadership. Pour la France, il en va du respect du calendrier, qui prévoit la mise en service d’un premier escadron de frappe stratégique de l’Armée de l’Air et de l’Espace à l’horizon 2045.
Cette échéance, devenue le point de cristallisation du désaccord, illustre en réalité une rupture plus ancienne. Dès 2018, il apparaissait évident que les attentes opérationnelles et industrielles des deux pays divergeaient profondément. Aucun des gouvernements n’ayant voulu assumer ouvertement une rupture sur un programme aussi fortement chargé symboliquement, le SCAF a poursuivi sa route par inertie, sans qu’aucun des problèmes de fond ne soit réglé.
Aujourd’hui, chacun élabore son plan B. Dassault Aviation met en avant son expérience historique, partagée avec l’ensemble de la base industrielle et technologique de défense (BITD) aéronautique française, héritée des années 1950. Depuis le Mirage III jusqu’au Rafale, en passant par le Mirage IV, le F1, le Super-Étendard ou encore le Mirage 2000, la France a conçu et produit une succession d’appareils emblématiques, exportant sur cette période près de 2 500 avions de combat — soit en moyenne 15 appareils par an.
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Est-ce que le super-Rafale pourra emporter les missiles stratus et ASN-4G en soute et pourra t-il faire de la supercroisière en configuration air-sol/air-mer ? Et est-ce que le Super Rafale pourra emporter de la protection active (micro-missiles anti-missiles et canons laser) dans toutes les configurations ?
Si c’est non, quel intérêt par rapport aux Rafales F5 ?
Les missiles à longue portée, comme le Stratus demain, le SCLAP ou l’Exocet aujourd’hui, ne peuvent pas être emportés dans une soute. Mais leur portée rend cela inutile.
Cela dit, on ne peut pas faire du CAS avec du Stratus. Au mieux, on en aura 500 ou 700. Si on devait employer ces munitions pour exercer la puissance aérienne attendue par l’AT ou la MN, en deux jours, on aurait plus de munitions. C’est pour cela que sont faits les Hammer et les futurs Smart-Cruiser. Eux, ne portent qu’à un peu plus de 100 km. C’est précisément là que tout se joue
Sans furtivité, s’approcher d’une cible à 100 km pour lancer une Hammer à une altitude suffisante pour franchir la distance, face à une defense aérienne combinée efficace, c’est presque du suicide. C’est bien pour cela qu’on fait le Neuron. Lui pourra emporter la Hammer en soute, permettant au Rafale de controle de se tenir plus loin, et surtout plus bas, hors de portée de la DCA adverse. Mais cela ne vaut que pour la menace sol-air. Pour l’air-air, se cacher sous la rotondité de la terre ne fonctionne pas. Donc il faut que l’avion d’accompagnement soit lui aussi furtif, sinon, il sera très exposé, ou cela l’obligera a évoluer de beaucoup plus loin, hors de portée de ses armes air-sol.
En cela, l’utilisation faite des F-35i Adler par l’IAF en Iran, pour éclaircir le terrain pour les F-15 et F-16 israéliens qui portaient l’essentiel de la puissance de feu, a été parfaitement démonstratif.
Quid du booster sur les Hammers? Pourquoi ne pas continuer à déporter l’avion avec plus de portée sur la bombe. Pb de connectivité? Il me semble que Thales étudiait la piste… Il y a peut-être 2 pistes possibles en dehors de la furtivité: la baisse des coûts des armes (production à la chaîne) et la multiplication des leurres. Cela pourrait coûter en réactivité (faible proximité du porteur), mais ça peut apporter certaines réponses en dehors des défenses AA ou du moins d’une réponse fulgurante de leur part permettant une dissimulation des avions.
Une autre voie en partie explorée est la multiplication des lances roquettes sol-sol. Si la puissance de feu d’un lance roquette équivaut à 1 A10, ce n’est peut-être pas aussi souple d’emplois (faible mobilité du porteur) mais ça répartit mieux la puissance de feu avec l’armée de terre. Et si les bases aériennes sont ciblées…
Si le lance roquette est 40 fois moins cher, là encore, ça mérite de la planification et de la réflexion, mais quand même. Ça coûte aussi moins cher quand c’est détruit, la compétence pour l’opérateur au sol est plus facile à acquérir que celle d’un pilote et potentiellement, ça cogne extrêmement fort sur un point donné, à 50 ou 100 km de profondeur, ce qui reste la porté des mission de CAS, non?
Bon, je ne suis pas celui qui fait tourner la moulinette de simulation. Bon courage à eux et j’espère qu’ils sont moins approximatifs que moi.
Je reste dans l’idée qu’il faut pouvoir durer et que ce qui dure doit être facile à maintenir et à remplacer. Bref, plutôt efficace et pas cher. Personne ne veut se trouver à la place des Japonais en 1943, avec de beaux avion et plus de pilotes, ou dans la situation des Allemands en 1944, avec d’excellents chars, en faibles nombres, difficiles à produire et peu fiables, ou dans celles de la Royal Navy en 1940, avec des commandants obnubilés par la bonne tenue dans les ports de leurs beaux cuirassés, dont les équipages ne savaient plus combattre sur ces navires. La guerre ne serait peut-être la même chose que les affrontements lors de crises. Bref, je reste à ma place, mais ma compréhension du Scaf est que l’on veut avant tout la frappe nucléaire et accessoirement le reste.
non, c’est d’ailleurs prévu avec les Hammer_XB qui porteront à 120/130 km. Mais on entre dans une kill web qui atteindra rapidement 250/300 km, et à partir de 2030/35, 500 km et plus.
C’est tout le sujet du moment, et la raison pour laquelle tout le monde, meme Dassault, travail à présent sur le furtif : ce sera non pas un atout, mais un standard d’ici 10 ans, 15 max, au moins pour une partie de la flotte de chasse, destinée à opérer dans la seconde moitié de l’espace aérien de combat.
Les roquettes, c’est comme les missiles de croisière : c’est indispensable, mais ce n’est pas suffisant. pour defendre une ligne, on doit deployer un dispostif défensif, pour la couvrir, car on ne sait pas ou l’attaque se produira : seule la force aérienne a la versatilité suffisante pour apporter en temps utile, la puissance de feu necessaire, dans un espace aussi mobile. C’est vrai pour le terrestre, ca l’est aussi pour le naval et l’aérien. les avions se repositionnent beaucoup plus vite que les avions et les bateaux, et donc, peuvent combler les breches et soulager les défaillances du dispostif, le temps qu’il soit réorganisé.
Je sais qu’en France, on a été très imprégné du discours porté par Dassault et l’AAE sur la furtivité : mais c’était un discours plus commercial pour contrer le F-35 qu’opérationnel. En outre, les progrès des radars annoncés pour 2020/2030, pour détecter les furtifs, ne se sont pas réalisés. Et pour cause : ce n’est pas thales qui a annoncé cela, ce sont des opérationnels. Les spécialistes du radar, eux, étaient toujours très circonspects face à ces affirmations.
Après, la furtivité n’est pas la seule réponse envisageable : la vitesse, l’altitude, le brouillage actif sont autant de pistes pour vaincre cette nouvelle kill web. Mais force est de constater que le Rafale ne vole pas à Mach 3 ou à 25,000 m, et qu’il n’est pas spécialement bardé d’antennes de brouillage, ni de dispose de la puissance électrique pour faire la mission d’un Growler.
Surtout, il faut garder à l’esprit que l’adversaire se battra en exploitant non faiblesses. S’il dispose de furtifs, et pas nous, il aura un net avantage pour éliminer des défenses antiaériennes, des dépots de carburant et de munitions, pour frapper les lignes de ravitaillement et les capacités d’appuie, dont les LRM.
Ok mais donc si le super Rafale ou le NGF ne peut pas emporter les missiles stratus en soute et l’ASN-4G, ils perd complètement son intérêt par rapport au Rafale F5. Autant donc se contenter du rafale actuel F5 avec un raid combiné avec les drones Neuron pour saturer/éliminer le plus rapidement possible les défenses aériennes ennemis de la façon suivante:
Tir coordonnées sur les défenses anti-aériennes et les bases aériennes ennemis de missiles Stratus par les Rafales F5 à distance de sécurité et des missiles Smart Cruiser par les drones Neuron le plus proche des cibles possible afin que tous les missiles atteignent et frappent leur cibles simultanément (pour saturer les défenses aériennes ennemis). Une fois les défense anti-aériennes et les bases aériennes ennemis complètement détruites, les Rafales avec les drones Neuron peuvent opérer en tout impunité pour éliminer toute cible ennemis dans une zone définie.
Plutôt que de développer des avions furtifs incapable d’emporter plus d’armements que le drone Neuron ou des armes lourde comme les missiles Stratus et ASN-4G, autant développer un bombardier furtif dérivé du Neuron avec une capacité d’emport maximale et un drone Hypersonique comme envisagé par l’ONERA. Ces deux vecteurs utiliseraient le SNA et l’armements du Rafale F5. Ce bombardier furtif et le drone hypersonique pourraient parfaitement compléter le drone Neuron.
Relisez ma précède réponse, et vous comprendrez pourquoi vous êtes dans l’erreur
Bonjour à tous, et en particulier à Fabrice Wolf.
Dans un autre fil que je n’ai pas retrouvé, Fabrice pointait le fait que notre pays ne réussissait pas à construire de réelles participations industrielles avec d’autre nations, à l’opposé des autres partenaires européens, et s’inquiétait de cette incapacité, pointant les exemples suivants : échec de la coopération avec l’Italie sur les FREM, échec de la coopération avec le RU sur le porte-avions, échec probable du programme MGCS (blindés) avec l’Allemagne; échec avec l’Espagne (?)
C’est pourquoi s’agissant du SCAF Fabrice espère que ce programme aboutira ce qui constituerait un démenti de ce fait. S’interrogeant sur notre incapacité à conclure des accords de coopération bénéfique, notre ami suggérait que celle-ci était peut-être la conséquence d’un comportement gaullien d’indépendance et de souveraineté nationale.
Je partage assez volontiers cette analyse, mais je note que s’agissant des autres nations européennes, les programmes de coopération militaire qui ont réussi sont assez peu nombreux et que les matériels qui en ont été issus ne sont pas les plus performants (ex. le Typhoon germano-britannique).
La problématique soulevée par Fabrice est fondamentale. Faut-il tout faire pour faire émerger des programmes collaboratifs, ou faut-il prendre acte que finalement, en matière de défense et de souveraineté, seule la voie nationale permet d’obtenir des résultats satisfaisants ? Si si on répond par l’affirmative à la 2ème option, est-on certain de disposer suffisamment de moyens pour maintenir cette option ?
Mon opinion est que la voie collaborative n’est pas moins couteuse que la voie nationale et que la difficulté réside surtout dans les capacités financières du pays. L’Allemagne vient d’ailleurs de confirmer ce fait. C’est sans état d’âme qu’elle a décidé de prendre en charge sa remilitarisation directe, sans passer par la collaboration sauf si celle-ci lui permet d’accéder à des technologies qu’elle ne possède pas encore et donc de gagner du temps. La GB donne d’ailleurs un exemple inverse concret de la lourdeur et des échecs de la collaboration inter-étatique, avec les difficultés qu’elle rencontre à faire fonctionner ses missiles Trident, de fabrication américaine, qui équipent ses SNLE.
La fabrication, la mise en service et le MCO d’armements de nature stratégique et de haute technicité ne me paraissent pas pouvoir être partagés, même avec des pays dont nous sommes culturellement proches et dont les intérêts sont quasiment identiques aux nôtres (la GB est un cas parfait). Si nous souhaitons en disposer, il faut donc admettre que nous devons y parvenir seuls. C’est pourquoi, par exemple, l’éventualité de construire un deuxième porte-avion nucléaire avec l’Espagne ou l’Italie me paraît être une mauvaise pioche.
La France, ayant fait le chois de la souveraineté -et c’est un bon choix me semble-t-il, voir la situation de dépendance de l(Allemagne, de la GB et des autres grandes nations européennes- nous sommes condamnés à poursuive dans cette voie, et les harangues d’Eric Trappier me paraissent parfaitement fondées. Une telle voie nécessite « simplement » (?) que nous disposions de la volonté politique de l’assumer et d’y consacrer les moyens financiers nécessaires. C’est donc un choix de partage de la richesse nationale. Et c’est bien là que réside toute la difficulté. Espérons que l’élection de 2027 permettra de poser ce problème et que le candidat qui sera élu le sera sur un discours clair de ce chef.
je pense que vous faites référence à cet article : https://meta-defense.fr/2025/04/24/cooperation-europeenne-france-difficile/
A savoir que cet article a reçu un excellent accueil de la part de personnes très impliquées dans ce type de projet, notamment au sein de la DGA.
Merci pour cet article.
Pensez-vous que la France puisse développer, seuls et avec ses moyens limités son propre SCAF en jouant sur les leviers que vous abordez dans vos différents articles ?
Une réduction des ambitions technologiques, en priorisant les fonctionnalités essentielles, et en reportant celles plus coûteuses sur des développements futurs.
Un pilotage industriel plus efficace, avec Dassault comme maître d’oeuvre et la logique du « best athlet » permettant de réduire les coûts.
S’associer à d’autres pays, dont les ambitions aéronautiques correspondent à leurs capacités industrielles réelles, afin d’éviter les déséquilibres et les tensions observés dans le partenariat actuel.
C’est ce que je disais a Laurent Seel : sans refonder le pacte etat-industrie dans ce domaine, on sera contraint de bricoler, ce qui ne pourra se faire qu’au détriment de l’évolutivité et des performances du NGF. Quant à s’associer a d’autres, c’est loin d’être simple. On a tendance en france à faire porter la responsabilité des échecs des programmes de coopération sur nos partenaires : les britanniques changent d’avis (FCAS, Porte-avions, Horizon..), les italiens essaient de nous flouer (navires..), les espagnols de nous piquer nos technologies (Scorpene..), les allemands un peut tout à la fois… Mais quant on commence à échouer systèmatiquement là ou les autres parviennent à s’entendre, c’est que le probleme ne vient pas des autres, mais de nous. Changer d’interlocuteurs ne changera pas les difficultés : la France a l’habitude de faire seule, industriellement parlant, du fait de son héritage gaullien basé sur l’autonomie stratégique. Donc bien souvent, on veut bien que les autres participent, qu’ils paient, mais surtout, qu’ils nous laissent faire.
Aller chercher l’Inde ou les Emirats, plutot que l’Allemagne et l’Espagne, ne changera rien. D’ailleurs, on n’a toujours rien officialisé avec Abu Dhabi au sujet du developpement du F5. Donc a moins de traiter de sujets de moindre valeur stratégiques, comme les MBT ou les frégates, la coopération industrielle franco-X sera toujours difficile, pour ne pas dire presque impossible, tant l’écart entre la perception politique idéalisée et la réalité industrielle et opérationnelle, sera grand.
Je suis toujours aussi sceptique sur la possibilité de développer dans des conditions raisonnables un Rafale furtif. Cela demande de dessiner une cellule optimisée nouvelle avec une soute interne, donc un nouvel appareil même si on y intègre les technologies actuelles. Avez-vous des sources chez les industriels pour crédibiliser la faisabilité de cette option?
On pourrait peut-être faire plus simple en s’appuyant :
– sur un SCAF limité à la dimension « réseaux et cloud » et pourquoi pas un bombardier furtif capable d’emporter une douzaine de missiles de croisière sous leadership airbus
– le Rafale F5 pour 2030, avion d’arme polyvalent et abordable destiné à transporter des charges lourdes sous ses ailes et à diriger des drones, avec l’appui du club Rafale
– un financement pérenne de R&D pour développer les technologies
– un drone de combat furtif pour 2030 (club Neuron)
– un chasseur léger furtif spécialisé dans la défense aérienne pour 2030, à développer avec Saab qui pourrait conserver le leadership
– un chasseur furtif embarqué lourd sous leadership airbus pour 2035-2038 (pour 200 appareils, à 15 appareils par an le dernier pourrait sortir des chaînes de montage en 2050, cela nous emmène déjà bien loin.
Il y a de quoi coopérer efficacement, produire une gamme d’appareils répondant aux divers besoins opérationnels y compris pour l’export, maintenir une excellence technologique, faire tourner les chaînes de production avec un rythme raisonnable.
à quoi sert de reparler de coopération avec airbus, cela ne marchera jamais à partir du principe ou ils veulent tout !
La cellule, même furtive, n’est pas le plus difficile a concevoir, et c’est loin d’être le sujet le plus bloquant pour Dassault et la Team Rafale. Porter le M88 à 9 tonnes sans changer ses dimensions, reformatter le bus numérique pour profiter du câblage FO, adapter les besoins de puissance électrique et de transfert thermique aux besoins des systèmes de calculs et d’IA, sont des sujets beaucoup plus sérieux, chers, et longs a developper. Ce d’autant que DA a fait le plein de briques technologiques avec le programme Neuron, dans ce domaine (furtivité, soute etc..) et que CATIa a considérablement progressé depuis 2010.
sincèrement, je ne vois pas en quoi ce serait un obstacle. Cela obligerait cependant à assumer une divergence nette, entre les Rafale Fx d’une coté, et les Super_rafale de l’autre, ce qui pourrait ne pas être dans la droite ligne stratégique de Dassault, qui pourrait craindre que le SR entraine le report ou l’étalement du NGF.
S’il est un obstacle a surmonté, c’est bien celui ci selon moi : DA n’a aucune confiance dans la parole de l’exécutif français. Il est allé jusqu’à sacrifier le Mirage 2000-10, qui pourtant aurait largement sa place aujourd’hui encore, face aux F-16V et Gripen E//F, pour éviter que Fillion/Morin n’annule Rafale pour se tourner vers ce modèle plus économique.
C’est pour cela que je n’envisage cette hypothèse que dans une refonte profonde du contrat cadre Etat-BITD avec une nouvelle trajectoire générationelle et des engagements fermes de l’Etat, contractualisés, pas de simple promesses législatives.
Surtout, on ne peut pas espérer aller en zone de très haute intensité sans NGF au delà de 2040/2045. l’extension annoncé de la Kill-web va neutraliser, au fil de la décennie 2030, le bénéfice qu’apportera le drone de combat furtif, pour exposer directement le Rafale de controle, non furtif. Sans avion de combat furtif, capable de suivre à 100 km sans être détecté, ce sera tout en pan des capacités opérationnelles de l’AAE et de la MN qui disparaitra.
Aujourd’hui, la Kill zone efficace c’est, gross modo, 100 à 200 km. Avec des SCALP, on peut éliminer certains piliers de cette Kill zone, de sorte à permettre aux Rafale d’y opérer pour lancer leurs Hammer. Dans 5 ans/10 ans, elle sera à 400/500 km. Il faudra dont que les Rafale s’appuient sur l’UCAV pour y pénétrer et mettre en oeuvre des munitions à prix abordable et production rapide (Hammer-XR, Smart-cruiser) et atteindre le meme objectif.
Au delà, elle sera de plus de 500 km sur beaucoup de théâtre, et de 800-1000 km, peut être meme davantage, pour les compétiteurs stratégiques chinois, et dans une moindre mesure, russes.
Dans avion furtif en service à cette échéance, c’est à dire 2035-2040, ce sera tout cet aspect qui sera neutraliser. On pourra certes employer les Stratus, mais on ne peut pas faire du CAS avec des missiles à 5 ou 6 m€ d’euros pièces, que l’on produit à max 20 exemplaires par mois.
L’autre possibilité, c’est accélérer SCAF : mais accélérer SCAF, cela revient à s’appuyer sur les technologies Rafale dans de nombreux domaines, qui nécessitent des délais plus longs, notamment les moteurs. Ce serait donc se mettre d’immenses contraintes de conception sur le programme, pour assurer une transition de quelques années, avec tous les surcouts que cela entraine.
J’ajoute deux points : je ne parle jamais de chasseurs légers, mais de chasseurs monomoteurs. Le F-16 ou le 2000 n’ont jamais été considérés comme des chasseurs légers, avec une masse au combat dépassant les 15 ou 16 tonnes. Un chasseur léger, c’est le JF-17 (13 tonnes), le Tejas (13,5 tonnes) ou le FA-50 (10,5 t), avec le Gripen et ses 14 tonnes en position charnière entre les deux catégories.
En outre, mais j’imagine qu’il s’agit d’une simple étourderie, je ne vois pas du tout pourquoi Aribus serait en charge du chasseur naval français. Il n’a aucune expérience dans le domaine.
oups, évidemment le chasseur embarqué furtif lourd à horizon 2035-38 serait sous leadership Dassault. Livrés en ligne avec le besoin, sachant que le léger et les drones feraient l’interim.
Si Dassault peut développer un chasseur furtif lourd pour 2030-32, évidemment qu’il le fasse, mais c’est un NGF V1, pas une évolution du Rafale. On pourra toujours développer un V2 pour 2045.
Je classe léger (monomoteur), moyen (« rafale »), lourd (furtif à long rayon d’action), ne chipotons pas sur la terminologie. Comme nous en avons convenu il faut développer des appareils sur des bases maîtrisées et ne pas compter sur un long développement risqué. Quitte à relancer un projet de nouvel appareil dès 2038 pour viser une mise en ligne en 2050. D’où l’importance d’une R&D pérenne.
Nous avons aussi convenu je crois qu’il fallait être pragmatique dans les coopérations. Quant à l’élargissement de la kill zone, à part des bombardiers furtifs à long rayon d’action avec un stock suffisant de missiles en soute, je ne vois pas ce qui pourrait y projeter des effets significatifs.
Il faut repenser les coopérations de manière réaliste et identifier un deal pragmatique gagnant-gagnant, pas les supprimer.
Je peux comprendre que vous testiez des solutions diverses et variées pour aiguiser la réflexion, mais cela donne toujours autant l’impression que vos convictions et préconisations varient au fil des événements. Et si ce sont juste des « ballons d’essai » pour susciter la réflexion je ne comprends pas pourquoi vous les défendez avec tant d’énergie.
parce qu’on se moque de ce que je pense. Le but est précisément d’étudier en profondeur toutes les options, de sorte que chacun puisse passer au delà des raccourcis cognitifs qui pullulent.
De mon point de vue, si vous voulez savoir, abandonner SCAF serait une erreur, car cela affaiblirait la position de la France sur la scène européenne : de pivot technologique central, auquel se rattache meme l’Allemagne, on deviendrait le marginal qui ne pense qu’à lui. Cela affaiblirait aussi l’Alliance européenne, face à la Russie, mais aussi, face aux Etat-Unis.
Cela dit, effectivement, continuer comme maintenant est impensable. Donc, de mon point de vue, la conversion du SCAF en programme de programmes européens étendus, me semble de loin la meilleure option.
Cela dit, cela n’empêche pas le besoin d’une refonte du contrat Etat-BITD, et l’intérêt qu’aurait la France à voir un super champion émerger, autour de Dassault Aviation.
Mais il faut aussi admettre que, sous certaines conditions, la France peut également faire seule. Mais appliquer les méthodes passées serait un désastre. C’est le sens de l’article. On ne peut pas refaire le Rafale, ou le mirage 2000. Car l’ensemble des parametres se sont transformés, du point de vue intérieur comme international.
E d’autres termes, non, la coopération européenne n’est pas la seule alternative envisageable, contrairement a ce qu’a martelé l’exécutif depuis 2017. Toutefois, une coopération rationnelle produirait des résultats bien meilleurs, pour la France, sa BITD et pour la sécurité européenne, que si nous devions faire seuls.
Je ne vois aucune contradiction dans tous cela.
Le point sur la relation Etat-BITD est très pertinent et le restera quelles que soient les choix des prochaines années.
un avion furtif en 2040 n’aura plus aucun interêt a cause de l’évolution des radars.
Le furtif restera une technique de l’époque 2010/2030
C’st d’ailleurs pou cela que tous les avions de combat et tous les drones de combat conçus aujourd’hui pour combattre au delà de 2035, sont tous furtifs. Parce que cela ne sert à rien, en raison des progrès des radars…. Pas beaucoup, même pas la plupart. Tous : F-47, F/A-XX, NGF, Tempest, Kaan, KF-21 Block 2, J-35/A, J-36, J-50, B-21, H-20, PAK DA…sans parler de la fourlittude de drones de combat, au premier rang desquels le Neuron français.
Oui c’est bien ce que je dis ils sont tous conçu en ce moment avec le paradigme du moment.
En plus la seule vrai gamme furtive prouvée en service c’est l’américaine. Les autres c’est au mieux des powerpoints au pire de la propagande.
En cherchant un peu sur la toile, on retrouve facilement des témoignages qui relatent la facilité d’un radar transhorizon comme nostradamus a flaguer les B2 spirit….
Pour terminer sur tous les autres que vous cité ( russe chinois et autres ), j’ai plus la sensation que ce sont des modèles qui arrivent en mode miroir pour laisser penser qu’ils savent les construire (et je le répète on a rien vu de combat prooven dans tout ca )
Pour l’exemple du Neuron, il vient tout simplement conforter tout ca puisqu il a déjà quelques années derrière lui et aucune suite opérationnelle.
Le jour ou vous pourrez extraire une solution de tir sur un radar transhorizon, on en reparlera. Le principe des transhorizon est connu depuis plusieurs décennies. mais tous en connaissent aussi les deux principales limites : un manque flagrant de précision, et des infrastructures nécessairement monstrueuses, en faisant des cibles de première frappe évidente. Construire une doctrine de défense sur cela, serait du suicide.
Et contrairement a ce que vous semblez penser, la furtivité est une technologie qui évolue. la technologie qui sera appliquée sur les 6G, avec des appareils comme le F-47, le J-50 ou le NGF, sera très différente de celle que l’on retrouve sur les 5G. C’est dynamique. C’est pour ca que le F-47 et le J-50 ont beaucoup plus en commun entre eux, qu’avec le NGF et le Tempest, beaucoup plus proches des F-22 et J-20 actuels dans leurs paradigmes. Et ce n’est pas sans raison : ni la France, ni la GB n’a conçu de 5G. il n’y a pas de secret, on apprend a marcher avant d’apprendre à courir.
Quant à sous-estimer ses adversaires potentiels, je me contenterais de citer Lao Tzu « il n’y a pas de plus grand danger que de sous-estimer ses adversaires ».
ok je vous suis sur le raisonnement.
Après j’ai toujours pas capter la plus value de la 5eme
Une allonge degueulasse, une soute qui limite l’armement
…….
Tout ca pour un prix de folie a l’heure de vol
Cb de F35i sont rentré en Iran ?
Bref l’efficacité de la société civile se substituerai à la versatilité du monde politique et à l’immobilisme de l’administration…ça fait rêver!!!
bonjour fabrice, bel article encore, vous avez du faire de la surchauffe ! vous etes sur de ne pas vouloir du poste de ministre de la défense, il est libre ? vos idées vont dans le bon sens , il me semble, et mériteraient que l’on y réfléchisse ? je suis d’accord avec vous que Mr Trappier s’afirme , devant l’inertie de nos décideurs et qu’il défend son précarré. si vous pouviez avoir raison devant tous nos pauvres décideurs , qui ne décident rien !
En effet , forte de sa supériorité financière, l’Allemagne semble vouloir prendre le leadership sur toutes les composantes de la BITD européenne.
Il est impératif que la France s’affirme à minima sur la composante aéronautique et même si possible la composante spatiale . C’est fondamental pour la crédibilité de la dissuasion française . Cela ne veut pas dire qu’il faut évincer l’Allemagne, il lui resterait suffisamment d’os à ronger!
Il est également évident et important de s’appuyer sur le”club Rafale” mais aussi de construire notamment avec la Suède un pilier européen solide et crédible.
Si la partie est bien jouée, il y aura de la place pour tout le monde!