L’opération Sindoor a constitué à la fois un succès militaire et un électrochoc stratégique pour l’Indian Air Force. Elle a démontré la capacité de la puissance aérienne indienne à résoudre un conflit en quelques jours, mais elle a aussi mis en lumière la fragilité du format actuel face à la modernisation rapide des flottes pakistanaises et chinoises.
Pour la première fois depuis quarante ans, l’IAF a ouvertement remis en cause le standard doctrinal de 42 escadrons hérité des années 1980. Désormais, elle revendique une ambition inédite : aligner 56 escadrons de chasse, soit environ un millier d’avions de combat, afin de contenir simultanément les menaces chinoise et pakistanaise.
Cette montée en puissance suppose de combler un déficit capacitaire estimé à 400 appareils et, surtout, de doter l’IAF d’une capacité furtive intérimaire en attendant l’entrée en service de l’AMCA à l’horizon 2035. Sur ce point, la force aérienne indienne défend clairement l’option d’une production locale de 114 Rafale, en partenariat avec Dassault et Tata, pour compléter les 36 appareils déjà en service.
Mais Moscou n’entend pas abandonner le plus important client historique de son industrie de défense. Rosoboronexport vient de transmettre une offre sans précédent : 126 Su-57E, dont 90 produits localement par HAL, proposés à un prix très compétitif et assortis d’un transfert de technologies intégral couvrant cellule, furtivité, capteurs et propulsion.
Dès lors, la question centrale est posée : comment concilier un besoin stratégique aussi pressant avec des options industrielles et politiques aussi limitées ? Et surtout, entre la continuité offerte par le Rafale et la rupture technologique promise par le Su-57E, quelle trajectoire permettra à l’Inde de sécuriser durablement sa supériorité aérienne ?
Sommaire
Après Sindoor, l’Indian Air Force veut passer à un format de 56 escadrons de combat face à l’évolution des menaces
L’engagement du 7 mai a montré que les J-10C chinois employés par la Pakistan Air Force et les F-16 Block 50+ pouvaient surclasser les Su-30MKI indiens en matière de détection et d’engagement BVR, réduisant l’avantage historique dont disposait l’IAF. Cette conclusion rejoint les analyses publiées par Janes après les affrontements de Balakot en 2019, selon lesquelles « les F-16 pakistanais, équipés de radars APG-68(V)9 et de missiles AMRAAM, disposent d’un avantage de portée et de précision qui limite la liberté d’action des Su-30MKI ».

L’arrivée des J-10C en 2022, confirmée par la PAF comme un « game changer » destiné à contrebalancer le Rafale indien, n’a fait que renforcer cette tendance (FlightGlobal). Surtout, New Delhi mesure désormais l’ampleur de la tenaille stratégique formée par Islamabad à l’ouest et par l’Armée populaire de libération à l’est. Si le J-10C constitue déjà une menace crédible, l’entrée en service des J-16, des J-20 et bientôt des J-35 représente une rupture capacitaire.
Selon le Military Balance 2024 de l’IISS, la Chine aligne déjà « plus de 200 J-20 opérationnels fin 2023, auxquels s’ajoutent environ 280 J-16 », soit un rythme de production supérieur à une centaine d’appareils modernes par an. Ce constat, relevé également par le SIPRI, montre que Pékin « a rattrapé son retard technologique sur l’Occident dans le domaine de l’aviation de combat », et qu’il creuse désormais l’écart avec la Russie, longtemps référence régionale pour New Delhi.
Dans ce contexte, l’IAF réexamine le format doctrinal de 42 escadrons fixé dans les années 1980, pensé pour un environnement où Islamabad et Pékin n’étaient pas alliés, et où la Chine dépendait encore massivement de technologies soviétiques. Aujourd’hui, la situation est radicalement différente : les deux capitales coopèrent étroitement, et Pékin affiche un niveau de maturité technologique qui, selon Carnegie India, « impose à New Delhi d’adapter sa planification de défense à une guerre sur deux fronts devenue plausible ».
C’est pour cette raison que l’IAF évoque désormais un objectif théorique de 56 escadrons, soit quatorze de plus que le format officiel, mais surtout vingt-et-un de plus que le nombre effectivement disponibles aujourd’hui. Les retraits successifs des MiG-21 et MiG-27, qui formaient encore une part significative de la flotte il y a dix ans, n’ont été que très partiellement compensés.
L’IAF n’a reçu que 36 Rafale et 31 Tejas Mk1, bien loin des besoins identifiés. La récente commande de 97 Tejas Mk1A, officialisée la semaine dernière par le ministère de la Défense, est présentée dans The Times of India comme « la plus importante jamais signée pour un appareil indigène », et devrait permettre à terme de constituer une douzaine d’escadrons.
Mais comme le souligne The Economic Times, « même avec cette commande, le déficit capacitaire restera massif », car le passage de 31 à 56 escadrons exige environ 400 nouveaux avions de combat, ce qui correspond exactement à l’écart identifié par Meta-Defense en octobre 2024 dans une analyse sur le sujet.
L’Indian Air Force reconnaît le besoin d’une capacité furtive de 5ème génération pour compléter sa flotte Rafale / Tejas / Su-30MKI dans l’attente de l’AMCA
Pour relever ce défi, l’IAF entend s’appuyer sur deux programmes nationaux. Le premier est le Tejas Mk1A, un chasseur léger monomoteur comparable au JF-17 sino-pakistanais, tant en performances qu’en capacité. La mise au point de l’appareil a été un parcours difficile pour HAL, marqué par des retards et des difficultés techniques.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)
ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.
Chérie, fait moi peur!
Le rafale n’a pas de concurent, ni en chine, ni en Russie, ni ailleurs.
Le présent et le futur de l’iaf est dans le rafale F4 et la suite. Que HAL et le lobbying russe fasse flèche de tout bois pour faire le buzz n’y changera rien.
Compte tenu des piètres performances démontrées par HAL dans l’élaboration de ses programmes aéronautiques, il serait peut être dans l’intérêt de l’Etat indien que Tata, soutenu par Dassault, prenne la main sur le programme AMCA.
Si la France devait élaborer un appareil de 6ème génération sans l’Allemagne et l’Espagne, le moteur du projet AMCA, pour le quel doivent collaborer Safran et le DRDO, pourrait il convenir. ?
La comparaison sera le Rafale F5+NeuroN versus le Su-54 qui n’a toujours pas son reacteur définitif, il y a aussi les limites sur certains composants que l’industrie russe n’a plus a sa disposition. Il y a la question de la capacité de l’industrie Russe a assurer la construction des 1er exemplaires dans le contexte de la guerre ukrenienne (l’etude des livraisons des su-57 algeriens pourraient donner un élémet de réponse), il reste que l’Inde a besoin d’un avion de 5eme generation, mais la proximité de la russie et de la Chine , intégre risque pour le moyen terme.
J’ai bien ri avec le transfert de techno du SU57. On est ni plus ni moins sur une opération de déception piloté par HAL pour foutre le bordel et insinué le doute.