[Actu] Obusiers autopropulsés: l’Espagne frappe fort avec 6,7 Md€ et un préfinancement industriel record
L’annonce madrilène change l’échelle des ambitions dans l’appui feu. Le ministère de la Défense d’Espagne engage 6,736 milliards d’euros pour 214 obusiers autopropulsés répartis entre 128 chenillés et 86 sur roues, confiés à une union temporaire d’entreprises Indra EM&E, avec un préfinancement industriel de 3,152 milliards.
La décision ouvre une négociation qui doit aboutir avant la fin de l’année et laisse la sélection finale des plateformes ouverte. L’enjeu est d’évaluer comment l’objectif de nationalisation via transfert de technologie s’articule avec la contrainte budgétaire, et quelles conditions opérationnelles en munitions, drones et ravitaillement permettront de délivrer la capacité tactique annoncée d’ici 2034.
Sommaire
En Espagne, un préfinancement industriel record pour 214 obusiers autopropulsés
La trajectoire budgétaire est d’emblée structurante puisqu’elle porte sur 6,736 milliards d’euros pour 214 obusiers autopropulsés, dont 128 sur chenilles et 86 sur roues, avec une exécution courant jusqu’à fin 2034. Cette volumétrie, qui comprend l’armée de Terre espagnole et l’Infanterie de Marine, est confirmée par InfoDefensa et fixe le cadre des arbitrages à venir. Pour un observateur français, le format équivaut à une quinzaine de groupes d’artillerie et signale une volonté de masse, avec un équilibre entre mobilité stratégique sur roues et endurance des plateformes chenillées pour les engagements durs.
La mécanique financière retient l’attention puisqu’elle intègre un préfinancement industriel à taux nul de 3,152 milliards d’euros au bénéfice d’Indra EM&E. La répartition annoncée distingue environ 1,181 milliard pour le volet sur roues et 1,821 milliard pour le chenillé, ce qui traduit un effort d’industrialisation amont important. Un tel levier favorise la nationalisation de la chaîne de valeur, mais il accroît aussi l’exposition de l’État espagnol aux aléas de calendrier. Vu de France, l’intérêt est clair pour l’autonomie, tout comme le besoin de garde‑fous contractuels solides.
Le processus n’en est qu’à la phase de négociation formelle, avec une signature visée avant la fin de l’année, et la plateforme finale reste à confirmer de part et d’autre. Cette fenêtre impose de verrouiller les modalités de transfert de technologie, de préciser la gouvernance industrielle et de définir des jalons de performance vérifiables. L’exigence opérationnelle officielle est explicite et met l’accent sur des temps très réduits d’entrée et de sortie de position afin d’accroître la survivabilité des batteries.
Indra vise l’obtention d’un transfert de technologie substantiel et même l’autorité de conception, condition nécessaire pour atteindre un taux élevé de nationalisation. Ce point est décisif pour la montée en compétences locale et pour la maintenance en service sur plusieurs décennies. L’enjeu, pour Madrid, rejoint les préoccupations françaises en matière de souveraineté, puisque l’autorité de conception conditionne les marges d’évolution ultérieures, la maîtrise des configurations et la capacité à intégrer des capteurs et munitions nouvelles sans dépendances excessives.
Des options économiques demeurent pertinentes pour certaines unités. Ainsi, le CAESAR de Nexter, CAmion Équipé d’un Système d’ARtillerie, a montré une excellente adéquation aux besoins de mobilité, de mise en batterie rapide et d’emport en opérations déployées, tout en affichant un coût d’acquisition contenu. Pour des formations légères ou amphibies, la logique capacité coût milite pour une solution sur roues plus légère, quitte à réserver les chenillés lourds aux brigades mécanisées.
Sélection des plateformes: l’équilibre coût-capacité et la place d’Indra EM&E dans la procédure espagnole
La contrainte budgétaire unitaire, avec des enveloppes qui convergent vers un ordre de grandeur d’une quinzaine de millions d’euros par chenillé et légèrement moins pour le sur roues, oriente mécaniquement les choix. Les versions les plus haut de gamme de l’artillerie automotrice, à l’image des configurations les plus coûteuses, risquent de limiter les volumes. À l’inverse, des architectures au meilleur ratio performance prix permettront de préserver le format tout en maîtrisant le coût de possession. Vu de France, c’est souvent ce compromis qui conditionne l’utilisabilité réelle au quotidien.
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