vendredi, novembre 28, 2025

[Analyse] Sous-marins A26 : la Pologne parie sur Saab Kockums pour dominer la Mer Baltique

La Pologne a arrêté son choix retenant une solution suédoise pour trois sous‑marins A26 dans le cadre du programme Orka. Selon l’annonce officielle, Stockholm propose un montage articulant des délais resserrés, une coopération technologique et une « capacité pont » permettant de former les équipages dès 2026, avant l’arrivée d’un bâtiment de transition en 2027, avec une première unité A26 attendue à l’horizon 2030. La valeur évoquée dépasse 10 milliards de zlotys. L’ensemble inscrit la montée en puissance de la Marine polonaise dans une logique graduelle, en combinant apprentissage accéléré, présence en mer et livraison de bâtiments neufs sur la décennie.

Un basculement industriel s’esquisse dans le même temps, puisque la conception, la construction et le maintien en condition opérationnelle sont recentrés sur un pôle européen. Cette orientation modifie les chaînes logistiques, consolide les compétences en propulsion conventionnelle et favorise la résilience des approvisionnements au sein de l’Union européenne. Elle s’accompagne d’opportunités pour la souveraineté industrielle et de contraintes de calendrier. La question est désormais de mesurer ce que cette sélection suédoise apporte, sur la scène opérationnelle baltique comme sur les plans industriel et politique, tout en identifiant les risques de production, d’interopérabilité et d’exécution d’ici 2030.

Les sous-marins A26 de Saab Kockums et la souveraineté industrielle européenne confortées par le choix polonais

La décision de Varsovie consacre un rééquilibrage européen. Elle consolide un pôle de conception et de construction de sous‑marins conventionnels sur le continent, et elle limite de fait la dépendance à des fournisseurs extra‑européens. Dit autrement, cette victoire suédoise rétablit un équilibre industriel européen en préservant le savoir‑faire et la base technologique de la Suède, dans une logique de souveraineté industrielle. Pour la Pologne, l’arbitrage s’inscrit dans une approche de cohérence stratégique, en cherchant à sécuriser les chaînes d’approvisionnement et la montée en puissance de long terme d’Orka au sein d’un écosystème européen.

Par ailleurs, Saab Kockums arrive avec une base industrielle opérationnelle et visible. L’outil de Karlskrona, structuré autour d’une filière qui a réinvesti dans la recherche et développement, soutient un portefeuille en cours et une dynamique d’emploi qui crédibilisent la capacité à livrer, à transférer des compétences et à maintenir les navires en service. Plusieurs éléments techniques et de calendrier présentés ces derniers mois confirment que l’industriel dispose d’une chaîne robuste, en particulier pour l’A26, ce qui légitime l’espoir d’un transfert de savoir‑faire progressif utile à Orka, avec une chaîne industrielle éprouvée à Karlskrona.

Dans le même esprit, le choix suédois s’inscrit dans un rapprochement logistique européen. Il réduit la dépendance aux flux extra‑européens, sécurise l’accès aux pièces et services de maintien en condition opérationnelle, et favorise une formation accélérée des équipages. Comme l’indique Defence24, l’offre inclut une capacité pont, des formations dès 2026 et des achats d’armements en Pologne. Une telle configuration diminue l’exposition aux ruptures d’approvisionnement en cas de tensions régionales et ancre les opérations dans un cadre européen cohérent avec les priorités de l’OTAN et de l’Union européenne.

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Enfin, pour Kockums, décrocher Orka est un tournant commercial après des années d’incertitudes. Au‑delà du seul carnet de commandes, la décision polonaise renforce la position de la Suède comme acteur majeur européen du segment conventionnel. Elle ancre l’A26 dans une trajectoire export crédible, tout en irriguant un écosystème de sous‑traitants. L’effet de démonstration est réel, puisqu’il consacre la valeur d’un design pensé pour la Baltique, compatible avec les exigences polonaises, et il encourage des coopérations industrielles sur le long terme. Cela confère une profondeur stratégique au partenariat, intégrant l’outil industriel à la logique opérationnelle d’Orka. 

Un calendrier resserré vers l’A26, avec une transition maîtrisée mais exposée

Le calendrier public prévoit un démarrage des formations en 2026 et l’arrivée d’un navire de transition en 2027, présenté prudemment comme probablement de la famille A19, ce qui doit rester une hypothèse éclairée et non un fait établi. La première livraison d’A26 est visée pour 2030, sur la base d’un accord de gouvernement à gouvernement qui pourrait être signé avant la fin de l’année et d’un contrat exécutoire au plus tard mi‑2026. La valeur globale dépasse 10 milliards de zlotys. « C’est un grand jour pour l’État polonais, un grand jour pour la Marine militaire. » affirmait Władysław Kosiniak‑Kamysz, le vice‑premier et ministre de la Défense polonais.

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2 Commentaires

  1. Bonsoir à tous,

    sauf erreur de ma part, l’appel d’offres polonais comprenait la mise à disposition d’un sous-marin « d’occasion » en vue de former/maintenir les capacités de ses sous-mariniers le temps que les sous-marins commandés soient livrés.
    Et sauf nouvelle erreur de ma part, ni Naval Group ni la France n’ont sous la main un tel sous-marin d’occasion (alors qu’un vieil Agosta avait pu être fourni à la Malaisie dans le cadre de la vente de deux Scorpene à ce pays au début des années 2000).
    Naval Group ne pouvait donc répondre à cette condition qui a pu jouer un rôle important dans la décision, plus visiblement que la possibilité de tirer des missiles de croisière depuis le sous-marin.
    Dans ce contexte, Naval Group n’est-elle partie dans cette compétition avec un gros handicap dès le départ ?
    Toute info plus détaillée sur ce sujet pourrait être intéressante…

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