vendredi, novembre 28, 2025

[Analyse] Rafale MRFA : Dassault répond aux offensives du Su-57e en Inde

La proposition française du Dassault Rafale dans le cadre du MRFA, le programme d’avion de combat multirôle (Multi‑Role Fighter Aircraft), vise à passer d’une logique d’achat standard à un co‑développement d’un Rafale taillé pour le théâtre indo‑himalayen. L’Indian Air Force, IAF, attend une montée en puissance locale avec la transformation des sites de Hindustan Aeronautics Limited à Nashik et de Dassault Reliance Aerospace Limited à Nagpur en pôles d’assemblage vers 2030. L’objectif porte sur 114 appareils produits en Inde au titre de Make in India, afin de restaurer une masse critique d’escadrons face à la modernisation accélérée des flottes chinoises et pakistanaises après l’opération Sindoor.

L’offre ne se limite pas au matériel. Elle inclut une trajectoire d’industrialisation, des adaptations techniques F4.1 puis F5 et un débat sensible sur l’accès au code source des calculateurs de mission. Ce point focalise des intérêts concurrentiels entre souveraineté logicielle de New Delhi et protection de la propriété intellectuelle française, avec une solution de transfert échelonné évoquée entre 2027 et 2035. L’enjeu se jouera dans le calendrier et dans les discussions bilatérales Horizon 2047, puisque chaque jalon conditionnera la disponibilité opérationnelle de l’IAF aussi bien que la protection des briques technologiques européennes.

MRFA: industrialiser Rafale en Inde pour reconstituer la masse critique

Le programme MRFA, pour Multi‑Role Fighter Aircraft, se structure autour d’une cible de 114 Rafale produits localement afin de reconstituer la masse critique de l’Indian Air Force. La feuille de route prévoit la conversion de HAL Nashik et du site DRAL à Nagpur en centres d’excellence vers 2030 au sein d’un schéma Make in India combinant assemblage final, montée en intégration et soutien. Selon Defence.in, cette trajectoire ancre l’appareil dans l’économie indienne tout en sécurisant une cadence compatible avec l’urgence capacitaire, condition indispensable pour restaurer des escadrons fortement érodés par les retraits.

L’opération Sindoor a joué un rôle de révélateur doctrinal, puisque l’IAF remet en cause le format historique et revendique désormais 56 escadrons de chasse, bien au‑delà du seuil de 42 qui faisait référence. Cette inflexion répond à une pression simultanée à l’ouest et à l’est, tandis que les adversaires modernisent capteurs, missiles et plateformes. Elle s’inscrit aussi dans une bataille informationnelle post‑Sindoor, que la Commission consultative du Congrès américain sur la Chine a attribuée à une campagne hostile, comme l’indique un article de Defence.in, afin de dégrader la position du Rafale et de valoriser des appareils concurrents.

Rafale indian air force
[Analyse] Rafale MRFA : Dassault répond aux offensives du Su-57e en Inde 11

Sur le plan technique, l’offre française s’appuie sur un standard Rafale F4.1 évolutif vers F5 avec des améliorations dédiées au contexte indien. Le radar à antenne active RBE2 serait optimisé, la suite de guerre électronique SPECTRA adaptée aux menaces régionales et la coopération homme‑machine, dite MUM‑T, préparée avec des drones de combat locaux. L’objectif consiste à livrer une évolution collaborative plutôt qu’un duplicata, afin d’exploiter les points forts déjà éprouvés en opérations, tout en intégrant plus rapidement des briques nationales dans la boucle de mission.

La production locale est pensée comme un pivot industriel à double détente. Elle consolide une filière d’assemblage et de sous‑ensembles autour de la Team Rafale en Inde et sert de levier politique pour un ancrage de long terme. L’implantation d’une filière Rafale locale rassemblant Dassault, Thales, Safran et des partenaires comme Tata ouvre la voie à une plateforme fédératrice qui dépasse l’achat d’avions pour construire une souveraineté aéronautique partagée, capable d’entraîner derrière elle l’écosystème national. 

La souveraineté logicielle au cœur de la demande d’accès au code source

La négociation bute sur l’accès aux codes sources des ordinateurs de mission. L’Indian Air Force demande un accès indépendant au Mission Management and Display Computer, MMDC, c’est‑à‑dire l’ordinateur de gestion de mission et d’affichage, ainsi qu’au Fire Control Computer, FCC, l’ordinateur de conduite de tir. La maîtrise de ces cœurs logiciels conditionne l’intégration autonome d’armements nationaux et de capteurs tiers, sans dépendance à des équipes étrangères pour chaque évolution, ce qui alourdit les délais comme les coûts d’exploitation sur toute la durée de vie de la flotte.

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4 Commentaires

    • Je ne pense pas qu’il faille le voir ainsi. AMCA c’est un 5G. NGF est 6G. En revanche, cela libère d’importantes marges de négociation pour Dassault pour ses transferts de technologie vers New Delhi, et effectivement, le TB 12 tonnes de l’AMCA correspond aux besoins du NGF ce qui constitue une économie potentielle considérable sur le programme.

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