L’annonce par l’Indian Air Force de sa volonté d’élargir massivement sa flotte de Rafale dépasse de loin la simple logique d’acquisition. Derrière le chiffre de 114 appareils à produire localement se dessine en réalité un basculement stratégique : l’Inde ne cherche plus seulement à combler le retrait des MiG-21 ou des Jaguar, mais à devenir co-pilote industriel et technologique d’un programme appelé à structurer son autonomie aéronautique.
Ce choix s’explique par la convergence de deux dynamiques : la validation opérationnelle du Rafale lors d’engagements de haute intensité comme Sindoor, et la consolidation d’un partenariat industriel franco-indien qui, depuis trois décennies, prépare le terrain à une telle coproduction. En conséquence, l’Inde offre à Dassault et à la Team Rafale un marché de long terme, une profondeur industrielle et un relais diplomatique que la seule commande nationale française ne pouvait garantir.
Dès lors, l’enjeu dépasse la comparaison avec d’éventuels concurrents : il s’agit de mesurer comment cette décision pourrait transformer le Rafale en pivot fédérateur, à la manière du Mirage III en son temps, non seulement pour l’exportation mais pour l’avenir même de la base industrielle et technologique de défense aéronautique française.
Sommaire
L’Indian Air Force très satisfaite de ses Rafale lors de l’opération Sindoor
L’Indian Air Force (IAF) est restée jusqu’ici étonnamment discrète au sujet de l’opération Sindoor. Ses communiqués officiels se sont limités à rappeler que les objectifs avaient été atteints et que l’ensemble des équipages engagés étaient rentrés sains et saufs. Cette prudence de façade a immédiatement nourri les spéculations, Islamabad affirmant dans un premier temps avoir repoussé l’aviation indienne, avec l’appui discret de moyens chinois déployés au Pakistan.
Pourtant, les analyses indépendantes issues de l’OSINT sont venues progressivement dissiper ces narratifs. De fait, contrairement aux affirmations initiales de l’ISPR pakistanais, la victoire tactique de ces quatre jours d’affrontements aériens — les plus intenses depuis la fin de la guerre du Vietnam — revient bel et bien à New Delhi et à l’IAF. Comme l’a noté l’International Centre for Counter-Terrorism, Sindoor a marqué « un tournant dans la manière dont l’Inde conçoit l’usage de la puissance aérienne pour contraindre ses adversaires, au-delà du simple cadre du Cachemire ».
Dans ce contexte, les révélations publiées par la presse indienne ces dernières semaines prennent une importance particulière. Selon le Times of India, le système de guerre électronique SPECTRA du Rafale a démontré sa capacité à neutraliser les menaces posées par le missile air-air chinois PL-15. Jusqu’alors, une partie des observateurs attribuait ce succès au leurre tracté israélien emporté par l’IAF. Mais il apparaît désormais que c’est bien la suite de guerre électronique française qui a tenu tête à l’un des missiles les plus avancés de Pékin, conçu précisément pour contester la supériorité aérienne occidentale.
Ce détail, en apparence technique, est en réalité lourd de conséquences. D’une part, il conforte la crédibilité du Rafale face aux menaces sino-pakistanaises, démontrant que l’avion n’est pas seulement compétitif sur le papier, mais qu’il a su prouver son efficacité en combat réel. D’autre part, il met en lumière la pertinence du choix indien de se doter d’un appareil capable de survivre et de dominer dans l’environnement le plus contesté d’Asie.
Dès lors, la meilleure preuve de la confiance de l’IAF dans ses Rafale ne réside pas dans ses communiqués officiels, volontairement laconiques, mais bien dans la recommandation formulée au gouvernement indien : acquérir 114 Rafale supplémentaires, produits localement dans le cadre du programme « Make in India », pour répondre à ses besoins à court et moyen termes.
Le renversement narratif autour de l’opération Sindoor
Au-delà des communiqués laconiques de l’Indian Air Force, l’opération Sindoor est devenue en quelques mois un véritable champ de bataille informationnel. Immédiatement après les quatre jours d’affrontements, la presse pakistanaise et les médias d’État chinois s’étaient empressés d’affirmer que les forces sino-pakistanaises avaient tenu tête, voire infligé des revers significatifs à l’aviation indienne. Des tribunes publiées dans le Global Times insistaient ainsi sur la supposée vulnérabilité du Rafale face au missile air-air chinois PL-15, laissant entendre que la protection des avions indiens aurait reposé exclusivement sur des leurres israéliens, et non sur les systèmes embarqués français.
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On voit Ă©galement beaucoup sur les rĂ©seau sociaux indiens des partisans de l’achat de SU57, avec pour unique raison qu’il serait de « cinquième gĂ©nĂ©ration » et donc bien plus pertinent que le Rafale…
Beaucoup essayent Ă©galement de dĂ©nigrer le Rafale en prĂ©textant que Dassault refuse de livrer les fameux « code source » qui permettraient d’intĂ©grer de l’armement produit localement.
Trolls russes ou pakistanais …idem sur beaucoup de site en Fr..
Le SU 57..?
Par contre la BITD a un problème de « système fermé », au mini dans la perception et probablement dans la pratique.C’est une offre comlètement ITAR free d’un cotĂ© donc une cohĂ©rence ,mais aussi une absence de concurrence technique et economique, ou simplement de source unique., Ă capacitĂ© indiustrielle limitĂ©e pour le moment.Voir au PB , ou les accords avec Kongsberg. La marque France ou Dassault peut elle Ă©muler Apple?
C’est de plus en plus un problème d’interface informatique
La percĂ©e des Israeliens est le resultat d’offres « gĂ©nĂ©rique » (Patriot , radar, missile. ».plug and play  » avec des OEM US ou Russes
Concernant les codes sources je n’en sait rien, et ne sais pas trop ce que ce terme dĂ©signe exactement, mais le Rafale est connu pour intĂ©grer des Ă©quipements exogènes, comme la nacelle de dĂ©signation Lightning (fabriquant israĂ©lien Rafael), le viseur de casque TARGO II de l’Israelien ELBIT, le missile air-air indien Astra et il est prĂ©vu d’intĂ©grer les missiles indiens air-surface/sol Brahmos NG et NASM-MR.
Concernant le SU 57, l’Inde faisait partie du programme de dĂ©veloppement et c’est donc en connaissance de cause qu’elle a dĂ©cidĂ© de s’en retirer.
En Inde comme dans beaucoup de pays important beaucoup de technologies de dĂ©fense, vous avez toujours des factions bruyantes qui soutiennent leur propre cheval. C’est ainsi. Cela, dit, faire beaucoup de bruit ne signifie pas du tout ĂŞtre reprĂ©sentatif. En l’occurrence, l’IAF n’exclu pas de se doter de deux escadrons « furtifs » de F-35 ou de Su-57, comme solution intĂ©rimaire jusqu’en 2035/2040 et l’arrivĂ©e des AMCA. Mais Ă ma connaissance, aucune consultation n’a Ă©tĂ© lancĂ©e par l’IAF ou par New Dlehi a ce sujet. La prioritĂ© semble vraiment ĂŞtre donnĂ©e aux 114 Rafale pour remplacer les 2000 et les Mig-21 et surtout les Jaguar, pour les missions de frappe. Le Su-57 est un appareil de superioritĂ© aĂ©rienne, il n’est pas conçu pour la frappe distante.
Si l’Inde achète des avions, elle gagne 5 ans. Si elle co-développe le système (RC, MDF, EW, cloud, munitions) avec la France, elle gagne 20 ans.
C’est cette trajectoire qui transforme une commande en capacité souveraine et en pôle d’export Indo-français.
Si l’Inde co-développe (et n’achète pas “sec”), FR-IN devient l’alternative crédible au modèle US : plus souveraine, prévisible, et exportable.
L’UCAV issue du nEUROn sera t il dans la corbeille de mariage, sera t il aussi construit en Inde? Cet UCAV est l’Ă©lĂ©ment qui rajoute a gros degrĂ© de furtivitĂ© au couple F5-Ucav?
sincèrement, je ne vois pas comment il pourrait en ĂŞtre autrement. A moins que l’indĂ©terminĂ©e souhaite intĂ©grer son propre UCAV, ce qui n’est pas exclu.
Il me semblait que seul les Rafale au dela du standard F4.1 pourrait évoluer vers le standard F5.
c’Ă©tait ce qui avait Ă©tĂ© dit au debut, en raison du bus numĂ©rique et du câblage en F/0. Mais Dassault a dĂ©clarĂ© il ya quelques mois que l’Ă©volution F4 -> F5 serait possible
Pour les cellules natives <= F4.3 -> dans une version « bridĂ©e » du F5 (mais capable d’emporter les armes, le nouveau radar, le nouveau spectra, c’est la fusion de donnĂ©e qui sera limitĂ©e)
Les 4.3, en revanche, seront deja pretes pour accueillir le nouveau BUS et le câblage F/O, donc ils pourront basculer en F5 « natifs »
S’agit il d’un lot de 114 Rafale F4 oĂą pourrait-il y avoir des F5 pour les dernières livraisons ?
ce n’est pas prĂ©cisĂ©, mais je vois mal pourquoi il s’agirait de F4. le temps de mettre la ligne de prod en action, le F5 sera disponible, et l’IAF n’a aucun interet a prendre du 4.1 ou 4.2. au pire prendrons t ils des les debut du 4.3 cablĂ© F/O pour pouvoir evoluer nativement vers le F5 s’il n’est pas immĂ©diatement disponible.
bonjour,
malgrĂ© tout il faut attendre la commande…
Je me pose une autre question:
Est ce que ce développement exceptionnel ne pourrait pas donner au team rafale la possibilité de réaliser le SCAF seul?
Qu’en pensez vous M. WOLF?
M. VALLEE
Merci pour cet article.
Un point sur lequel j’aurais aimĂ© vous entendre, c’est la possibilitĂ© que l’Inde et son industrie puisse ĂŞtre un alliĂ© de repli pour la France en cas d’Ă©chec du SCAF.
Pensez-vous probable que si cette commande ait lieu, le partenariat en dĂ©coulant s’Ă©tende au-delĂ du Rafale, AMCA et TEDBF pour aller vers un avion de 6ᵉ gĂ©nĂ©ration ?
Voir, si on se projette très loin, au-delà du simple spectre aéronautique, vers les systèmes terriens et maritimes ?
Il est sĂ»r que la fusion des projets SCAF et AMCA, permettrait une relance du programme si les allemands dĂ©cident de l’arreter