[Analyse] Et si MBDA montrait la voie à SCAF avec le programme Stratus ?
Le ministère britannique de la Défense a tranché et l’a confirmé publiquement, la frégate de classe Type 26 City recevra le Stratus LO, variante subsonique et à faible observabilité développée au sein du programme franco‑britannique Futur missile anti‑navire/Futur missile de croisière, abrégé FMAN/FMC. Cette décision ne tombe pas du ciel puisqu’elle s’inscrit dans une trajectoire d’évaluation désormais achevée et un calendrier d’entrée en service au début des années 2030. Elle matérialise surtout une démarche de coopération qui assume la divergence doctrinale initiale entre partenaires.
L’existence de deux vecteurs, Stratus LO et Stratus RS, validée par les industriels et les autorités, répond à des besoins opérationnels opposés, l’un privilégiant la discrétion, l’autre la vitesse. Ce choix éclaire utilement les débats européens actuels autour du Système de combat aérien du futur, abrégé SCAF, ainsi que du programme terrestre Main Ground Combat System, abrégé MGCS. La question centrale est de savoir comment convertir une divergence en avantage opérationnel, en misant sur un socle technologique commun et une interopérabilité crédible entre forces.
Sommaire
Sur les Type 26, le Stratus LO impose la furtivité et la frappe dans la profondeur
Le signal politique est désormais explicite, puisque le Royaume‑Uni équipera ses frégates Type 26 du Stratus LO. Le site américain The War Zonedétaille l’information et précise que la Royal Navy, dans le cadre de son besoin Future Offensive Surface Weapon, a retenu la variante subsonique à faible observabilité. Ce choix privilégie la survivabilité par la discrétion et par des trajectoires de pénétration complexes. Il s’inscrit dans la continuité technologique d’armes comme Storm Shadow, tout en franchissant un cap en matière de signature et de navigation, avec une maturité affichée par les essais de capteurs, de charge militaire et de systèmes de mise à feu.
Le Stratus LO, qui partage l’héritage d’un missile de croisière moderne, combine une portée d’environ mille kilomètres depuis un navire et une vitesse subsonique élevée. Sa signature électromagnétique et infrarouge réduite, et l’optimisation de son vol en altitudes et profils variables, visent à déjouer les couches de détection adverses. La combinaison d’une grande portée et d’une faible observabilité offre une aptitude crédible aux frappes dans la profondeur, contre des cibles terrestres et de surface. Elle permet, en outre, d’opérer depuis les espaces maritimes tout en restant hors de portée de nombreuses défenses, ce qui renforce la valeur stratégique de la Type 26.
L’intégration navale est facilitée par l’emport en système de lancement vertical, ou VLS, Mk 41 à vingt‑quatre cellules des Type 26, qui autorise une adaptation sans refonte lourde des plateformes. Cette compatibilité simplifie la transition depuis les capacités intérimaires, et permet de combiner demain des arsenaux hétérogènes, avec, par exemple, des Tomahawk depuis les mêmes cellules. Elle crée une logique de portefeuille d’armes modulable selon mission et théâtre. La Royal Navy bénéficie ainsi d’une montée en puissance pragmatique, sans exposer ses unités à une indisponibilité induite par des travaux structurels.
La famille Stratus comprend une seconde variante, le RS, pour Rapid Strike, qui privilégie la vitesse et les profils manœuvrants. Avec une portée d’environ cinq cents kilomètres depuis un navire et une vitesse autour de Mach 3,5, il est pensé pour la suppression des défenses aériennes ennemies, SEAD pour Suppression of Enemy Air Defenses, et leur destruction, DEAD. Sa vélocité réduit les temps de réaction adverses, ce qui complète la logique de pénétration discrète du LO. Les deux approches, associées dans des modes d’attaque coordonnés, couvrent un spectre étendu de menaces et de scénarios opérationnels.
Dans FMAN/FMC, la divergence franco-britannique devient atout entre furtivité et vitesse
Le programme a été initié politiquement dans le cadre des accords de Lancaster House, ce qui a révélé très tôt des divergences majeures. La France privilégiait un missile supersonique visant à prendre de vitesse la défense adverse, là où Londres misait sur la discrétion, un profil subsonique évoluant bas sur des trajectoires complexes. Cette opposition n’a pas été niée, elle a été assumée comme postulat d’architecture. Elle a, un temps, nourri le risque d’impasse, tant les cahiers des charges apparaissaient difficilement conciliables au sein d’un unique vecteur.
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